Citations de Sénèque (960)
Les gens ne tolèrent pas qu'on occupe leurs terres et au moindre litige sur le tracé des limites, ils s'en remettent aux pierres et aux armes ; et pourtant ils laissent les autres empiéter sur leur propre vie.
Se livrer à une douleur sans fin, pour la perte de ses proches, est une faiblesse puérile ; n'en ressentir aucune, serait une dureté inhumaine. La meilleure manière de tempérer la tendresse par la raison, c'est d'éprouver des regrets et de les étouffer.
(...)
Ne vous réglez pas sur quelques femmes, dont la tristesse n'a fini qu'avec la vie.
(Consolations à ma mère Helvia)
Plura sunt, Lucili, quae nos terrent quam quae premunt, et saepius opinione quam re laboramus...Illud tibi praecipio ne sis miser ante tempus, cum illa, quae velut imminentia expavisti, fortasse numquam ventura sint, certe non venerint.
Plus nombreuses sont, Lucilius, les choses qui nous épouvantent que celles qui nous terrassent...Voici mon conseil: ne sois pas malheureux avant le temps, alors que ces maux dont tu redoutes la menace, comme si elle était proche, ne viendront peut-être jamais, et du moins ne sont pas encore arrivés.
II, 13.
Ainsi donc, tu peux professer hardiment que le souverain bien, c’est la tranquillité de I'âme ; car les vertus sont là ou se trouvent entente et unité. Les dissensions, elles, relèvent des vices.
IL FAUT ALTERNER TEMPS FORTS ET TEMPS FAIBLES
Il faut souvent aussi se recueillir; la fréquentation de personnes très différentes de nous détruit notre calme, elle réveille nos passions, elle exaspère tout ce qu'il y a dans notre âme de faible et de mal guéri encore. Solitude et société doivent se composer et se succéder. La solitude nous donnera le désir de fréquenter les hommes, la société, celui de nous fréquenter nous-mêmes, et chacune sera l'antidote de l'autre, la solitude nous guérissant de l'horreur de la foule, et la foule, de l'ennui de la solitude.
Il faut donner du relâche à l'esprit : il reprend des forces et de l'ardeur par le repos. Aux champs fertiles on n'impose pas le tribu d'une récolte, parce que leur fécondité, toujours mise à contribution, finirait par s'épuiser ; ainsi, un travail trop assidu éteint l'ardeur des esprits. Le repos et la distraction leur redonnent des forces. De la trop grande continuité de travaux naissent l'épuisement et la langueur.
Ce n'est pas que nous disposions de très peu de temps,
c'est plutôt que nous en perdons beaucoup.
dans le journal "Le Soir" du 18 août 2023.
“Toute vertu est fondée sur la mesure. ”
Des mors en or ne rendent pas le cheval meilleur.
C'est en cherchant à éviter leur destinée
que beaucoup l'ont rencontrée.
Les êtres divins ne demandent pas d'aide et ne peuvent subir de dommage ; or le sage, qui est voisin des dieux, se trouve, sauf la mortalité, semblable à Dieu.
NDL : mon cher Sénèque, n'y a-t-il pas un peu d'orgueil, là-dedans ?
On essayera de faire du tort au sage, mais le tort ne parviendra pas jusqu'à lui. Il s'est retiré à un trop grand intervalle du contact des choses basses, pour que nulle force nuisible ne porte sa violence jusqu'à lui.
[Le sage] n'aime pas les richesses, mais il les préfère ; il ne leur ouvre pas son coeur, mais sa maison ; il ne rejette pas celles qu'il possède, mais il en modère l'usage, et les accepte comme un moyen de plus fourni à sa vertu.
Car le plus honteux reproche est celui qu’on nous fait d’avoir une philosophie de paroles, non d’actions.
Ne permettez rien à la colère. Pourquoi ? parce qu’elle veut tout se permettre.
Luttez contre vous-même. Qui ne peut la vaincre est à demi vaincu par elle. Si elle fermente au fond de l’âme, si elle ne se fait pas jour encore, étouffez ses premiers symptômes ; tenez-la, autant qu’il se peut, renfermée, et qu’elle échappe à tous les yeux.
Quelle nécessité y a-t-il (...) à faire venir les maux, à anticiper ceux qu'on doit souffrir assez tôt quand ils sont arrivés, et à perdre le présent par peur de l'avenir ?
MÉDÉE : Qui profite du crime le commet !
(MEDEA : Cui prodest scelus is fecit.)
Acte III.
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Ménageons nos forces intellectuelles et donnons-leur par intervalles un repos qui soit pour elles un aliment réparateur. La promenade dans les lieux découverts, sous un ciel libre et au grand air, récrée et retrempe nos facultés. Souvent un voyage en litière, un simple changement de contrée, donnent au moral une vigueur nouvelle, comme ferait encore un repas d'amis, un peu plus de vin que de coutume.
Parfois même on peut aller jusqu'à l'ivresse, non pour s'y plonger, mais pour y noyer ses ennuis. Car elle les enlève, elle remue l'âme dans ses profondeurs, et entre autres affections chasse la mélancolie.
On appelle Liber l'inventeur du vin, non parce qu'il provoque la licence des paroles, mais parce qu’il délivre l'âme des soucis qui la tyrannisent, parce qu'il lui donne plus d'assurance, de vigueur et d'audace à tout entreprendre. Mais le vin, comme la liberté, n'est salutaire que pris avec mesure.
On croit que Solon et Arcésilaüs aimaient à boire ; on a reproché à Caton l'ivrognerie : on arriverait plutôt à rendre ce reproche honorable qu'à ravaler Caton. Mais que le remède ne soit pas trop fréquent : il pourrait tourner en habitude dangereuse ; seulement, à certains jours, convions notre âme à une gaieté franche et libre, et faisons quelque trêve à l'austère sobriété.
En toutes choses, le plaisir croît à raison du péril qui devrait nous en écarter.
Vivre c'est être utile aux autres. Vivre c'est être utile à soi.