Sophocle

AMOUR, tu es vainqueur du combat : tu fais peur à toutes choses ;
Tu te couches doucement la nuit sur les joues d'une fille ;
Tu franchis les limites de la mer et les replis des champs ;
A toi l'immortel, à toi l'éphémère cède ;
tu rends fous ceux qui te possèdent ; tu détournes
les âmes des justes, pour les opprimer, hors de leur chemin ;
Tu as allumé parmi nous l'orgueil et la querelle des parents ;
Tu es seigneur, par les yeux d'une épouse, et la lumière d'amour qui s'y trouve ;
Tu as le droit d'assesseur ; son royaume est à toi,
Qui joue avec une puissance invincible, Aphrodite divine.

Le grand tragique déblaie toutes choses autour du soleil noir de la malédiction.

Sophocle -Oedipe Roi
Introduction

ŒDIPE – Ah ! Tout serait donc accompli, point par point. Ô lumière, pour la dernière fois puissé-je aujourd'hui élever vers toi mes regards, moi dont il s'est révélé que je suis né de ceux dont c'était un crime de naître, que je vis avec celle que c'était un crime d'approcher, que j'ai tué celui que c'était un crime de tuer !

— SOPHOCLE, Œdipe-Roi, (traduit du grec ancien par Victor-Henri Debidour)

ANTIGONE. Que tardes-tu donc ? De toutes tes paroles, aucune qui me soit agréable ni puisse jamais l'être, et les miennes aussi sont de nature à te déplaire. Pouvais-je obtenir gloire plus glorieuse que de donner à mon frère une sépulture ? Tous ceux-ci en conviendraient si la crainte ne fermait leur bouche. Mais la tyrannie a cette chance entre autres de faire et de dire ce qu'elle veut.

Il n'est pas de fléau plus pernicieux que l'imprudence.

Entêtement se condamne à maladresse.

Tout le monde est sujet à se tromper, et l'on n'est point pour autant un insensé ni un malheureux, pourvu qu'on ne s'obstine pas dans sa faute.

On voit chaque jour les profits malhonnêtes ruiner plus de gens qu'ils n'en tirent d'affaire.

J'ai conscience que le salut de la patrie est le salut de chacun et qu'il n'y a pas d'amitié qui tienne dans une patrie en détresse.

Jamais je ne souffrirais que les scélérats usurpent les honneurs qu'on doit aux gens de bien.

Et quiconque préfère à sa patrie un être cher est pour moi comme s'il n'était pas.

Quoi qu'il m'en faille souffrir, je serais morte glorieusement.

C'est folie d'entreprendre plus qu'on ne peut.

Lorsqu'un homme se trompe, il est sage, il est heureux s'il remédie au mal qui l'a surpris, et s'il ne demeure point inébranlable. La présomption nous condamne à l'ignorance.

Mais voici qu'en revanche quand tu vois ce pays, ainsi que tout son peuple, admettre mon séjour chez lui avec bonté, tu cherches à me tirer dans un tout autre sens et viens en termes doucereux me prodiguer des duretés.
Quel plaisir pourtant est-ce là, que d'aimer les gens malgré eux?

Du moins j'ai conscience de plaire à ceux surtout que je dois satisfaire.

Ton âme est bien ardente où il faudrait du sang-froid.

Toi, si tu le veux, méprise ce que les dieux honorent.

Il ne faut pas oublier que nous sommes femmes et ne pouvons lutter contre des hommes.

Créon: Est-ce donc une erreur que défendre son pouvoir?
Hémon: Ce n'est pas le défendre que fouler aux pieds les doits sacrés des Dieux.
Créon: O coeur lâche et esclave d'une femme.
Hémon: Tu ne me verras pas du moins esclave de l'injustice.