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Critiques de Xénophon (37)
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Oeuvres complètes

Un commentaire sur le banquet et pour attirer également l'attention sur une édition en or des oeuvres complètes de Xénophon

Vous connaissez le texte de Platon du même nom . Xénophon , fut aussi l'auteur d'un texte qui porte sur ce fameux banquet (de fiction ou réel ?) auquel Socrate participa .

Le texte de Xénophon possède un charme fou . Il nous entraine dans un véritable banquet grec où les participants sont parfaitement caractérisés malgré leur fonction archétypale .

Le récit est très circonstancié et vivant . Cela le rend très agréable à lire. Celui de Platon est très accessible aussi mais le fond est plus prééminent et l'effort nécessaire pour se l'approprier est beaucoup plus soutenu .

C'est donc un témoignage éloquent sur le monde hellénique , que ce texte de Xénophon . le but de ce récit est de contribuer à définir l'amour . Ces pages permettent accessoirement de mesurer la valeur positive qui auréole l'ivresse dans cette civilisation . Elle est quasiment un véhicule pour l'âme .

Socrate mène évidement la danse des propositions et des arguments . Il interpelle et questionne les participants sur des thématiques en rapport avec , l'ego , le plaisir , la beauté , l'éducation et l'apprentissage … Il le fait bien entendu conformément à sa maïeutique.

C'est un texte très scénarisé où la vie prend le pas sur la forme et sur le fond , car la forme y est absolument subordonnée à la volonté de l'auteur de porter un regard sur des réalités qui s'enracinent d'abord dans la vie , avant d'être des concepts et des enseignements théoriques.

Ce banquet est un texte édifiant plus que un texte philosophique . Accessoirement la mise en scène du récit confine brillamment au meilleur du genre romanesque.

Le texte de Xénophon est donc diffèrent du banquet de Platon , mais il n'est pas inferieur et surtout , il n'est pas moins riche ni moins évocateur .

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Anabase : Livres I et II



la bibliographie de Xenophon n’est pas négligeable , surtout si on veut explorer la vision de l’économie que la Grèce se faisait , la gestion de domaine , l’idée du prince qui aura des conséquences ultérieures retentissantes . Le prince , quasiment le futur princeps , et il préfigure de ce point de vue Aristote qui fondera toutes les théories ultérieures et pour des siècles , du prince et de l’idée de justice . Mais aussi l’éducation aristocratique , les civilités et une foule de sujets annexes sur lesquels l’auteur met le doigt , car pour notre plus grand plaisir , il a le gout du détail .



Ses textes sont rédigés de manières agréables et soignées . Il fut aussi comme Platon , le témoin de Socrate ....

Il existe chez Flammarion , une édition épuisée des œuvres complètes de Xénophon , en trois tomes et en poche , on doit la trouver d'occasion . Si vous appréciez l’histoire grecque classique , vous devez découvrir Xénophon , ce ne fait pas l’ombre d’un doute .



L’Anabase tisse pour le lecteur contemporain un contact direct et intime avec la Grèce antique . C’est un véritable voyage dans le temps . En lisant l’Anabase vous marcherez avec les fantassins grecs , une longue marche dans l’empire perse et vous ferez une belle balade en Asie antérieure , vous suivrez les éclaireurs à cheval et au-devant des fantassins , vous découvrirez leurs tactiques , leurs stratégies , leurs contingences diverses , leur démarche élaborée de collecte de renseignement et leurs visions du négoces et de la négociation .



Vous découvrirez aussi les préoccupations intimes des hommes , celles de leurs concubines ,celles de leurs esclaves , celles de leurs concubins , leur gout pour les présages et pour les discours éloquents et bien tournés . Vous remarquerez sans doutes que l’officier grec de l’époque classique , doit convaincre ses troupes , car l’armée grecque de cette époque est fondamentalement une ecclésia , une assemblée d’hommes libres et de citoyens . Elle est quasiment une Polis en marche , pour l’homme grecque la citée grecque ( polis ) est moins une ville , que d’abords une communauté hellénique d’hommes libres .



L’Anabase vous baladera des cotes asiatiques de la mer Egée , jusque le golfe persique en Mésopotamie , et en remontant vers le nord , vers l’Assyrie et vers l’Arménie en longeant les deux fleuves et la Médie , jusque le Caucase et la mer noire , où les grecs prendront la mer après avoir jubilé en découvrant cette étendue d’eau , montrant par-là à quel point la mer les rassure instinctivement et à quel point elle fait partie de leur univers familier .



Si je devais résumer l’Anabase en un mot , je dirais : du quotidien , l’Anabase est centrée au premier chef sur le quotidien et de ce fait l’Anabase est un récit qui foisonne de vie et qui ne pose aucunement de la distance avec son lecteur du point de vue du fond ou de la forme ( pas la moindre ) . Le poids des siècles ne pèse donc pas sur l’anabase , qui passionnera aussi bien les amateurs de campagnes militaires que les ethnologues en herbe ou du dimanche , ou encore les amateurs d’histoire des civilisations , d’histoire politique ou religieuse . On peut même classer l’Anabase dans la littérature de voyage . Ce texte est très lisible par le grand public . C'est une vraie , une rare et très plaisante occasion d'aller à la rencontre des grecs .

La lecture en est très agréable et cela permet de se frotter directement à une source historique brute , très vivante . C'est donc un document de première main qui révèle , volontairement et involontairement , une foule de détails croustillants ou pas croustillants sur la vie en Grèce antique , un peu comme les exquis prologues aux dialogues de Platon .



Il faut en profiter car beaucoup de textes sont très difficiles d'accès sans formation , du fait de leur aridité ou de leur propos très ardus .

L'Anabase nous laisse entrevoir une foule de thématiques : politiques ... militaires ( art du combat, stratégies et négociations ) ... morales ... religieuses ( culte , mythologie et superstitions ) ... " ethnologiques " avec très fréquemment des rencontres ethniques et la découverte de modes de vie ou bien comportements qui choquent , qui fascinent ou qui laissent les grecs pantois , l’anabase nous parle d’identité sexuelle ( identité de genre ) , de sexualité , de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas.



Bon sinon , Xénophon ne vous le dira pas , mais sachez qu’il a rédigé ce texte , qui préfigure l’épopée militaire d’Alexandre le grand , pour l’aider à rehausser son prestige politique , à un moment où il résidait à sparte , ce qui faisait mauvais genre à Athènes . En effet il eut maille partir avec le parti démocratique . Vous serez de ce point de vue , certainement ahuri de découvrir les analogies très fortes qui existent entre la vie politique en Grèce classique avec la vie politique contemporaine . Socrate ne s’est pas trompé , l’auteur avait beaucoup de qualités . Moi je lui trouve en tout cas , de la rigueur , du pragmatisme , de l’ouverture d’esprit et de de l’éloquence ...
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L'Anabase - Le banquet

Un texte vivant , riche et éloquent !

Vous connaissez sans doute le texte de Platon intitulé , Le banquet . Xénophon fut l’auteur d’un texte qui porte également sur ce fameux banquet auquel Socrate participa .



Le texte de Xénophon possède un charme fou , il nous entraine dans un véritable banquet grec où les participants sont parfaitement caractérisés malgré leur fonction archétypale .



Le but de ce texte est de contribuer à définir l’amour . Le récit permet de mesurer la valeur positive qui entoure l’ivresse dans cette civilisation .



Socrate mène la danse et il interpelle et il questionne les participants sur des thématiques en rapport avec , l’ego , le plaisir , la beauté , l’éducation et l’apprentissage .....



C’est un texte très scénarisé où la vie prend le pas sur la forme , car la forme y est absolument subordonnée à la volonté de l’auteur de porter un regard sur des réalités qui s’enracinent d’abord dans la vie , avant d’être des concepts et des enseignements théoriques .



Le banquet de Xénophon est un texte édifiant plus que un texte philosophique proprement dit.



Il est donc très diffèrent du banquet de Platon , mais il n’est pas moindre et en tout cas , il n'est pas moins riche .
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L'Anabase - Le banquet

L'Anabase et le banquet sont les deux seuls textes de l'auteur disponibles actuellement dans une édition accessible au grand public .

Sa bibliographie n'est pas négligeable , surtout si on veut explorer la vision de l'économie que la Grèce se faisait , la gestion de domaine , l'idée du prince qui aura des conséquences ultérieures retentissantes . le prince , quasiment le futur princeps , et il préfigure de ce point de vue Aristote qui fondera toutes les théories ultérieures et pour des siècles , du prince et de l'idée de justice . Mais aussi l'éducation aristocratique , les civilités et une foule de sujets annexes sur lesquels l'auteur met le doigt , car pour notre plus grand plaisir , il a le gout du détail .

Ses textes sont rédigés de manières agréables et soignées . Il fut aussi comme Platon , le témoin de Socrate ....

Il existe chez le même éditeur , Flammarion , une édition épuisée des oeuvres complètes de Xénophon , en trois tomes et en poche , on doit la trouver d'occasion . Si vous appréciez l'histoire grecque classique , vous devez découvrir Xénophon , ce ne fait pas l'ombre d'un doute .

L'Anabase tisse pour le lecteur contemporain un contact direct et intime avec la Grèce antique . C'est un véritable voyage dans le temps . En lisant l'Anabase vous marcherez avec les fantassins grecs , une longue marche dans l'empire perse et vous ferez une belle balade en Asie antérieure , vous suivrez les éclaireurs à cheval et au-devant des fantassins , vous découvrirez leurs tactiques , leurs stratégies , leurs contingences diverses , leur démarche élaborée de collecte de renseignement et leurs visions du négoces et de la négociation .

Vous découvrirez aussi les préoccupations intimes des hommes , celles de leurs concubines ,celles de leurs esclaves , celles de leurs concubins , leur gout pour les présages et pour les discours éloquents et bien tournés . Vous remarquerez sans doutes que l'officier grec de l'époque classique , doit convaincre ses troupes , car l'armée grecque de cette époque est fondamentalement une ecclésia , une assemblée d'hommes libres et de citoyens . Elle est quasiment une Polis en marche , pour l'homme grecque la citée grecque ( polis ) est moins une ville , que d'abords une communauté hellénique d'hommes libres .

L'Anabase vous baladera des cotes asiatiques de la mer Egée , jusque le golfe persique en Mésopotamie , et en remontant vers le nord , vers l'Assyrie et vers l'Arménie en longeant les deux fleuves et la Médie , jusque le Caucase et la mer noire , où les grecs prendront la mer après avoir jubilé en découvrant cette étendue d'eau , montrant par-là à quel point la mer les rassure instinctivement et à quel point elle fait partie de leur univers familier .

Si je devais résumer l'Anabase en un mot , je dirais : du quotidien , l'Anabase est centrée au premier chef sur le quotidien et de ce fait l'Anabase est un récit qui foisonne de vie et qui ne pose aucunement de la distance avec son lecteur du point de vue du fond ou de la forme ( pas la moindre ) . le poids des siècles ne pèse donc pas sur l'anabase , qui passionnera aussi bien les amateurs de campagnes militaires que les ethnologues en herbe ou du dimanche , ou encore les amateurs d'histoire des civilisations , d'histoire politique ou religieuse . On peut même classer l'Anabase dans la littérature de voyage . Ce texte est très lisible par le grand public . C'est une vraie , une rare et très plaisante occasion d'aller à la rencontre des grecs .

La lecture en est très agréable et cela permet de se frotter directement à une source historique brute , très vivante . C'est donc un document de première main qui révèle , volontairement et involontairement , une foule de détails croustillants ou pas croustillants sur la vie en Grèce antique , un peu comme les exquis prologues aux dialogues de Platon .

Il faut en profiter car beaucoup de textes sont très difficiles d'accès sans formation , du fait de leur aridité ou de leur propos très ardus .

L'Anabase nous laisse entrevoir une foule de thématiques : politiques ... militaires ( art du combat, stratégies et négociations ) ... morales ... religieuses ( culte , mythologie et superstitions ) ... " ethnologiques " avec très fréquemment des rencontres ethniques et la découverte de modes de vie ou bien comportements qui choquent , qui fascinent ou qui laissent les grecs pantois , l'anabase nous parle d'identité sexuelle ( identité de genre ) , de sexualité , de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas.

Bon sinon , Xénophon ne vous le dira pas , mais sachez qu'il a rédigé ce texte , qui préfigure l'épopée militaire d'Alexandre le grand , pour l'aider à rehausser son prestige politique , à un moment où il résidait à sparte , ce qui faisait mauvais genre à Athènes . En effet il eut maille partir avec le parti démocratique . Vous serez de ce point de vue , certainement ahuri de découvrir les analogies très fortes qui existent entre la vie politique en Grèce classique avec la vie politique contemporaine . Socrate ne s'est pas trompé , l'auteur avait beaucoup de qualités . Moi je lui trouve en tout cas , de la rigueur , du pragmatisme , de l'ouverture d'esprit et de de l'éloquence ...

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Apologie de Socrate

L’apologie de Socrate est un texte très court qui ne peut être lu (à mon sens) sans une introduction au sujet.



En 399 av. J.-C., un procès est intenté contre Socrate pour : « ne pas reconnaître les mêmes dieux que l’État, […] introduire des divinités nouvelles et […] corrompre la jeunesse. » Il sera condamné à mort.



Il aurait eu la possibilité de se défendre (faire son apologie) mais il s’y est refusé en dépit du soutient de ses amis.



« Ne vois-tu pas que les tribunaux d’Athènes, choqués par la défense, ont souvent fait périr des innocents, et souvent absous des coupables dont le langage avait ému leur pitié et flatté leurs oreilles ? » (Hermogène)



Socrate préfère « mourir que de mendier servilement la vie » et de se « faire octroyer une existence beaucoup plus affreuse que la mort. »



Un texte intéressant qui appelle à d’autres lectures.









Challenge ABC 2021/2022
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Les Dix-Mille

Les éditions Phébus proposent le texte de l'Anabase de Xénophon, sans le grec, et dans une traduction très explicative qui délaye un peu la concision de l'original, pour le plus grand bien du lecteur contemporain. Cette recherche d'actualisation va très loin, puisqu'à la conférence où ce volume fut présenté, on évoqua l'Ukraine envahie et d'autres histoires sans grand rapport avec Xénophon, mais qui ont pu rassurer les lecteurs scrupuleux : en lisant un livre antique, ils ne tournaient pas le dos aux injonctions de la propagande et du militantisme contemporains. Les toponymes antiques, les mesures et les monnaies sont suivis, dans le corps du texte, par leurs équivalents modernes, et une série de préfaces et de postfaces (les unes utiles, les autres portant sur les Femmes, sur l'Altérité etc) permettent parfois de plaquer sur l'oeuvre antique des élucubrations d'inspiration woke. L'édition, il faut le dire, est extrêmement bien faite, avec des plans, des lexiques militaires, de mesures, de monnaies, ainsi que le répertoire de tous les noms propres et le plan commenté de la bataille de Counaxa par où commence la retraite des Dix-Mille.



Alors, Xénophon a écrit ce qu'en grec on pourrait appeler un Nostos, un retour dans sa patrie, et les références homériques discrètes à l'Odyssée sont là pour nous en persuader. L'Orient, si dur qu'il soit (les Dix-Mille sont une armée vaincue de mercenaires qui doit rejoindre la mer Egée depuis le fond de la Mésopotamie, poursuivie par l'armée du Roi perse et harcelée par les populations locales) offre ses tentations aux guerriers : il serait possible de s'établir, même de fonder une cité (c'est l'idée de Xénophon quand ils atteignent le littoral de la Mer Noire), de se fondre dans la masse, et d'épouser de belles Persanes en oubliant l'épouse et les parents restés au foyer. Les soldats n'en font rien et n'en veulent pas, à l'opposé des compagnons d'Ulysse, et l'un des aspects les plus intéressants du récit est la description de la vie interne de l'armée en retraite, où se manifestent les principes de la démocratie directe : assemblée plénière, discours persuasifs, discussions, décisions, exécution. L'agora grecque n'est pas le seul endroit où l'on pratique la démocratie : chefs et troupe sont en constant dialogue et délibération. Les Dix-Mille forment une sorte de cité, de polis en mouvement, formée de mercenaires venus de toute la Grèce.



Alors, un des utiles enseignements des postfaces du volume, est qu'il ne faut pas voir dans ces mercenaires grecs ce que nous entendons aujourd'hui par là. Certes, leur armée est un essaim de sauterelles qui ne laisse rien aux populations locales sur son passage : le pillage est la règle. Mais la réprobation moderne que l'on attache au mercenariat vient de ce que le mercenaire vend sa fidélité au plus offrant, et qu'il est étranger à la loyauté du citoyen à son état-nation, ou à l'idéologie qui justifie le combat. Ceci est anachronique pour Xénophon : les soldats ont déjà quitté la cité à laquelle ils étaient attachés, leur "patrie", Athènes, Sparte, Syracuse et autres, et leur loyauté, après la mort au combat de leur employeur achéménide Cyrus, ne va qu'à eux-mêmes et à leurs camarades. Certes, ils ont conscience de leur différence de Grecs au milieu des "barbares", mais ils sont fondamentalement des combattants salariés, misthophoroi, plus que des mercenaires au sens moderne du mot.



Le charme de ce récit tient aussi aux aspects ethnographiques et au réalisme certain de l'auteur, qui parle de lui-même à la troisième personne. Est-ce en hommage à Xénophon que César fera de même dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules ? Voilà plus de deux mille ans que cet ouvrage est entouré de la plus grande admiration.
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Oeuvres complètes, tome 2

Vieille édition des œuvres complètes de Xénophon, celle-ci est assez daté dans son approche et dans sa traduction. On trouve par exemple le mot "communisme" sous la plus de l'auteur, si ce n'est un anachronisme c'est un moins un hyper-modernisme qui n'existe plus aujourd'hui...

Puisque j'ai commencé par le négatif, continuons : les introductions sont pour leur plus grande part des paraphrases et n'apporte qu'assez peu sur l’œuvre. Elles gâchent plutôt le plaisir de la lecture à mon goût...

Bon ! On arrive au positif, les textes en eux-même. Et là on comprend pourquoi le style pur et limpide de l'auteur grec est loué depuis toujours, effectivement il n'y a aucune fioriture, pas d'ornement, mais pour autant ce n'est pas trop sec ou descriptif.

Seul bémol, il parle dans l'Anabase (le plus intéressant des récits présentés ici) à la troisième personne, et se met gentiment en valeur ! Mais une fois qu'on le sait, il ne reste plus qu'à lire pour le plaisir et attendre le fameux "Thalassa ! Thalassa !" des mercenaires apercevant l'onde de la mer...

Un grand classique qui donne donc envie de retrouver les deux autres tomes et de lire le tout...
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L'Anabase ou l'expédition des Dix-Mille

Je tiens tout d’abord à remercier les éditions classiques Garnier et l’opération Masse critique Littératures de septembre de Babelio pour m’avoir permis de lire cet ouvrage de référence.

À l'origine de l'équipée, il y a la mort du roi perse Darius II. Son fils aîné ,Artaxerxès lui succède, mais son autre fils, Cyrus, ne l'entend pas ainsi et lève des troupes pour faire valoir ses droits. C'est ainsi qu'il engage les Dix Mille, en réalité 12800 soldats Grecs essentiellement originaires de Sparte et du Péloponnèse. Le combat décisif a lieu en 401 avant J-C, à Canouxa, et se solde par la mort de Cyrus. Livrés à eux-mêmes, privés de commanditaire, les Grecs décident de rentrer dans leur pays. Leur équipée va donner lieu à un récit devenu nom commun : L'Anabase.

« Rien de plus curieux, écrivait Hippolyte Taine, que cette armée grecque, république voyageuse, qui délibère et qui agit, qui combat et qui vote... ». C’est réellement ce qui frappe le plus le lecteur moderne : ces discours, ces votes qui font que partout se déplace l’agora grecque et son fonctionnement. Tout au long des sept livres qui composent l’oeuvre de Xénophon nous assisterons au devenir de cette troupe disciplinée. Mais ce n'est pas seulement un récit d'aventures. C'est aussi une description précise de l'empire perse et de ses peuples, qui sera mise à profit plus tard par Alexandre le Grand, lorsque celui-ci offrira aux Grecs une revanche sur les Achéménides. La retraite des Dlx mille s’achèvera en 15 mois et en 215 étapes nous dit Xénophon. Au total, les survivants, au nombre d'environ cinq mille, auront parcouru plus de 6000 kilomètres avant d'atteindre le royaume grec de Pergame et les rivages de la mer Égée.

Cette nouvelle édition est très agréable. La traduction est très bonne, on a plaisir à parcourir le texte. Les annotations sont pertinentes, cultivées et fort à propos. 

Une réussite et un plaisir de (re)découvrir ce classique de la littérature grecque.
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L'Anabase - Le banquet

L’Anabase

Tout d’abord un bref résumé s’impose car le titre par lui-même n’est pas très évocateur.

Wikipedia en propose un très correct : « C’est l'œuvre la plus célèbre de l'Athénien Xénophon. Elle raconte le périple des Dix Mille, mercenaires grecs engagés par Cyrus le Jeune dans sa lutte contre son frère Artaxerxès II, puis leur retraite vers l'Hellespont. »On pourrait ajouter mais c’est plus ou moins implicite que Cyrus a été vaincu, ce qui a entraîné la défaite des Dix Mille. Et encore, si on est un peu pointilleux, Cyrus a été tué lors du combat alors que ses troupes avaient plutôt le dessus et pensaient même avoir remporté la victoire. Mais faute de chef et surtout de trône à conquérir, il ne reste plus aux mercenaires qu’à rentrer chez eux : on est seulement au premier livre sur un texte en comprenant sept. Et la partie est loin d’être gagnée : une vraie gageure ! En effet, imaginez une armée perdue en territoire ennemie, à des centaines de kilomètre de leur patrie (des environs de Babylone il faut retourner en Grèce), sans victuaille, sans allié (ou pour être plus précis leurs anciens alliés deviennent leur pires ennemis) mais aussi sans chef incontestable, sans carte et guide sans oublier que cette armée n’est composée de que mercenaires qui n’obéissent qu’à celui qui saura leur apporter le plus de gain … Pas facile …

Et Xénophon dans tout cela? Il n’est pas que le simple chantre de cette histoire, il en est aussi partie prenante et pas qu’un peu : il obtient tout de même un des principaux postes de commandement … Ce n’est pas le simple hoplite à qui on demande juste d’être habile de la lance et de l’épée. Et pourtant, rien ne laissait imaginer qu’il allait jouer un tel rôle … Initialement Xénophon s’est joint à cette armée comme une sorte de reporter avant l’heure et on ne le connaissait qu’en tant qu’élève de Socrate. Donc rien d’un foudre de guerre à priori …

Bon je ne vais pas évoquer plus le récit et vous découvrirez par vous-même comment Xénophon se transforme de simple scribouillard en un habile Alexandre et les pérégrinations des Dix-Mille qu’on pourrait qualifier d’Odyssée.

Concernant le style (en tenant compte des aléas liés aux travaux et interprétations d’une traduction), il est direct, précis comme des ordres militaires : pas d’envolée lyrique, par contre une étude stratégique de la situation, un plan de bataille, un bilan des combats … Cela pourrait paraître rébarbatif si en toile de fond on n’entrevoyait d’autres pans de la vie d’une armée du monde antique, des contrées et des peuples qu’elle traverse, les rapports (tension, alliance, haine …) entre les différentes cités grecques au travers des différents groupes de mercenaires, mais aussi les rapports entre soldats et leur supérieur ou même leur mignon … Outre les attraits inhérents à la lecture d’une épopée, la perception du mode de vie et de pensée des Hellènes de l’époque classique a été source de découverte, de questionnement et même d’amusement … et finalement plaisir de lecture, ce qui est tout compte fait le plus important, non ?



Le Banquet

Ayant déjà lu le Banquet de Platon, on m’a vivement recommandé de lire celui de Xénophon.

Et quelle bonne surprise ! J’ai bien plus aimé la version de Xénophon … mais en fait, ce n’est pas le même livre … Là où Platon étale sa maïeutique après avoir sommairement campé le lieu et les protagonistes, Xénophon m’a fait rire des situations et répliques qu’il sait si bien enchaîner … Et Socrate est loin d’être le sage que j’ai connu avec Platon : il n’hésite pas à boire jusqu’à se mettre dans des états pas possibles jusqu’à presque se présenter à l’élection Monsieur Mignon … Et ici la maïeutique a parfois des relents jouissifs de brèves du comptoir …

J’ai donc eu l’impression de découvrir du Feydeau ou du Labiche à la sauce antique : Hellènes et les Garçons ?

Je vous engage donc à prendre part à ce Banquet … Peut-être y trouverez d’autres plats à votre convenance (ou pas), en tout cas je vous assure que le service ne sera pas long si on considère la faible épaisseur de l’opuscule …

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Hiéron

Babelio et le challenge ABC m'entrainent sur des chemins de traverse !!!! Cette fois, à la recherche d'un auteur en X, je découvre Xénophon, historien, philosophe et chef militaire de la Grèce antique né à Athènes vers 430 avant JC et mort vers 355.

J'apprends d'ailleurs qu'il a écrit un des premiers récits de guerre, l’Anabase décrivant la lutte de 10000 mercenaires grecs engagés dans un conflit entre deux frères. Je tenterai certainement l'expérience car la lecture de Hiéron m'a plutôt bien plu.

Il s'agit d'un dialogue socratique ( = type d'écriture en prose en vogue à l'époque, dans lequel une personne en interroge une autre, un apprenant, dans le but de le faire réfléchir et de construire ses connaissances et sa réflexion ... voilà une pratique pédagogique tout à fait moderne :) )

entre Hiéron, un tyran et Simonide, un poète.

En partant des différences entre un homme ordinaire et un tyrant, le poète amène le tyran à comprendre qu'il lui fait se faire apprécier de ses sujets et lui donne même des pistes d'amélioration ... Assez futé !

Une très bonne découverte!
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Cyropédie, tome II : Livres III-V

Le second volume de l'édition des Belles-Lettres regroupe les livres III à V de la Cyropédie. Cyrus n'est plus un enfant ni un adolescent, et son "éducation" se poursuit, mais à un autre niveau : celui du chef de guerre, amené par les circonstances à défendre le territoire et les intérêts de son oncle, le roi des Mèdes Cyaxare, contre les Assyriens. Alors que le récit reste vague et flou historiquement, géographiquement, topographiquement, politiquement, sans parler de l'ethnographie, l'auteur manifeste un grand souci de précision et de détail dans l'évocation des rapports humains : comment le chef organise la chaîne de commandement, quelles relations il doit établir entre les divers niveaux de l'armée, comment traiter les alliés, les transfuges du camp ennemi, les territoires conquis, etc ... La guerre dans ce livre est une affaire de relations et de gestion des ressources humaines, de morale aussi, puisqu'il s'agit de stimuler l'instinct belliqueux, la fierté et le sens de l'honneur des soldats. Les valeurs morales du guerrier sont aristocratiques et se fondent sur l'émulation et le goût de la gloire. Alors le livre devient lourdement didactique, se remplit de discours et d'explications, d'argumentations détaillées, au détriment de l'action qui semble reléguée au second plan, comme exemple des thèses exposées. Heureusement, Xénophon n'est pas un guerrier de salon, et parfois son sens du concret et du vécu refont surface malgré les discours. A la fin du livre V, il surprend par sa pénétration psychologique : après avoir longuement dit monts et merveilles de la sagesse et de la bonté de Cyrus dans les livres précédents, par la voix de Cyaxare, l'oncle de Cyrus, il souligne ce que peut avoir d'humiliant pour ses obligés de recevoir ses bienfaits sans pouvoir les rendre. L'inlassable générosité et noblesse de coeur de Cyrus apparaissent comme un fardeau pour ceux qu'il contraint à la reconnaissance, et sont peut-être une stratégie de domination.

*

J'avoue que j'ai été un lecteur moins enthousiaste de ce second volume que du premier. En plus de mon insuffisance d'helléniste très amateur, je vois deux autres raisons : la première, c'est que le texte même de Xénophon dans l'original doit réserver de grandes jouissances aux connaisseurs de la langue d'un meilleur niveau que moi. La seconde, est que ce livre ne me semble pas fait pour être lu en silence, solitairement, comme nous faisons aujourd'hui, mais pour être déclamé à haute voix devant un auditoire habitué à la rhétorique et à l'art du discours. Peut-être ne lit-on pas la littérature antique comme elle devrait être lue, et passe-t-on probablement à côté de nombre de ses beautés, comme un sourd qui lirait une partition.
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Cyropédie, tome I : Livres I et II

La Cyropédie, ou éducation de Cyrus, est un des plus fameux livres de prose grecque qui nous soit parvenu. Ouvrage admiré des Grecs, des Romains et des humanistes, sa langue même est à la base de l'enseignement scolaire du grec ancien, tant elle est claire et simple, et jusqu'à l'abolition des études classiques, le livre était au programme des écoles françaises. On n'y cherchera pas le Cyrus réel, conquérant de Babylone et annoncé comme un messie par le prophète Isaïe, ni la figure admirable du roi juste qui rassembla tout l'Orient dans le même empire, inspirant l'entreprise d'Alexandre. Xénophon, malgré son expédition militaire en Perse, ne s'intéresse nullement au Cyrus réel ni d'ailleurs à la civilisation perse : il invente de toutes pièces un jeune homme à qui il donne le nom illustre de Cyrus, et en fait le héros de son roman avant la lettre. La Notice de l'édition bilingue des Belles-Lettres, par Marcel Bizos, dit tout à ce sujet- le prefacier hésite à qualifier le livre de la Cyropédie : "histoire, histoire romancée ou roman historique, biographie romancée, roman philosophique ou moral, roman didactique, traité d'éducation, institution militaire, ouvrage socratique, éloge..."

*

Les livres I et II, dont c'est ici le compte-rendu, fourmillent d'anecdotes charmantes de l'enfance de ce Cyrus de sang royal, éduqué pour être un roi. C'est le sens de l'élément "paideia", éducation, dans le titre de l'ouvrage, la Cyropédie. Cette "paideia" , contrairement à ce que l'on pourrait croire, ne concerne pas tous les enfants indistinctement, mais uniquement ceux qui seront appelés à commander des hommes. En somme, de futurs princes ou rois. On retrouvera la même chose dans l'essai de Montaigne "De l'institution des enfants", écrit par un lecteur de la Cyropédie, qui ne réfléchit qu'à l'éducation des jeunes nobles ("les enfants de maison", dit-il), à l'exclusion des autres. Cette éducation est militaire, elle forge le corps et l'esprit, elle enseigne comment obéir et commander et ne laisse aucune place aux lettres ni à la philosophie. Nul doute que Xénophon n'ait fait son profit de ses relations avec les Spartiates et que l'éloge de Sparte soit partout présent, en filigrane, dans son ouvrage.

*

On aura bien compris que ces deux livres relatant l'éducation d'un futur roi de guerre, sont éminemment politiques, comme, je crois, tous les ouvrages que le classicisme grec nous a laissés. Il surprendra les démocrates pacifistes que nous sommes, mais ce sera très probablement pour notre bien.
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L'Anabase ou l'expédition des Dix-Mille

Cette opération masse critique a été une bonne surprise.

C'est un recit de voyage et j'adore les recits de voyage, c'est pour cela que j'en ai écrit un. C'est aussi l'expédition d'une armée entre les colonies grecques d'Asie mineure et le centre de l'empire perse par l'un de ses officiers.

Il est important de noter que c'est une histoire vraie et les dieux sont uniquement présents en filigrane dans les croyances et les sacrifices offerts par les officiers

Ce livre a été écrit il y a plus de deux millénaires, j'ai découvert comment les soldats, les responsables, les gens de différents peuples vivaient à cette époque Xenophon decrit les grecs, les peuples et les pays traversés. Certaines coutumes sont choquantes comme l'enlèvement des gens dans des villages pour en faire des esclaves.

Grâce au talent des traducteurs, ce volume reste facilement lisible malgré son ancienneté. Dans l'ensemble, les notes expliquent bien sans en faire trop.



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Cyropédie, tome III : Livres VI-VIII

Ce tome III présente l'édition bilingue des trois derniers livres de la Cyropédie, où Xénophon raconte les campagnes victorieuses de Cyrus et la fondation de l'empire perse. On ne doit pas s'attendre à un récit historique, mais à une sorte de roman particulièrement insoucieux de la vérité des faits, au point que Pierre Briant, dans son "Histoire de l'empire perse", utilise des guillemets pour parler du Cyrus de Xénophon, comme d'un personnage entièrement fictif ou presque. En effet, le livre est conçu comme le portrait du roi idéal, transposé dans un cadre oriental à demi légendaire, et emprunté à une civilisation, celle des Perses, qui n'utilisait presque jamais l'écrit pour fixer la mémoire du passé. C'est donc le portrait du roi idéal tel que Xénophon, et beaucoup de Grecs, le voyaient, et le caractère iranien du modèle est peu important, semble-t-il.

*

Le roi idéal se distingue par ses vertus personnelles, qui sont morales et guerrières. On nomme en grec agathoi, "les bons", les soldats vaillants et vainqueurs ou méritant de l'être, et "kakoi", les mauvais, les soldats vaincus : c'est le vocabulaire de l'aristocratie guerrière, tel qu'on le retrouvera en français médiéval et analysé par Nietzsche. Quand les hommes bons ne combattent pas, il importe de les endurcir par le sport, la chasse et toutes les activités physiques : on ne devient et reste "bon" que par le "ponos", la peine que l'on se donne, et pour engager les hommes à cette perpétuelle compétition, il faut encourager la "philotimia", la passion de concourir et de disputer. C'est là-dessus que Cyrus va tenter de construire son empire, sur la vertu des Perses et sur l'émulation. Les peuples dominés, de leur côté, n'ont pas accès aux armes ni à la "philotimia", mais doivent être maintenus dans la soumission. Beaucoup de lecteurs ont songé que Xénophon avait, quand il écrivait la Cyropédie, le modèle de Sparte à l'esprit.

*

Pour finir on notera de nombreuses sages remarques du livre VIII, le dernier, sur la difficulté de transformer une victoire guerrière en ordre durable. Rien, semble-t-il, n'est plus délicat qu'une victoire, car une fois l'ennemi vaincu, il faut encore se vaincre soi-même pour perpétuer la victoire et bâtir un empire. Il est très étonnant de constater que les Grecs vainqueurs des Perses, de la fin des Guerres Médiques jusqu'à l'entreprise d'Alexandre, ont été habités par le rêve impérial de la conquête de l'Asie, à l'exemple de Cyrus. Xénophon, Platon, Aristote et tant d'autres n'ont rêvé que de cela, jusqu'à ce que le projet soit réalisé par un grand lecteur de la Cyropédie, Alexandre de Macédoine.
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Oeuvres completes, tome 3

Dernier tome des œuvres de Xénophon, ce tome 3 s'accroche beaucoup à décrire la figure de Socrate avec quelques redondances d'ailleurs.

Pour ma part la partie la plus intéressante fût celle des Helléniques, continuation du grand récit de Thucydide, avec un peu moins de verve littéraire mais sans doute autant de rigueur historique.

On y découvre la suite des évènements entre Athènes et Sparte, et plus largement l'histoire de la Grèce jusqu'à l'apparition de la Macédoine et de son hégémonie qui se dessine entre les lignes...

Les luttes entre cités, Thèbes en plus de deux citées, et toutes les petites qui changent "d'amis" pour essayer de survivre, le rôle des Perses dans tout cela, c'est passionnant, ancien et tellement actuel en même temps !



On retrouve en tous cas le style clair et limpide de Xénophon, que ce soit dans les œuvres historiques que dans celles plus philosophiques qui essaient de réhabiliter Socrate. On découvre un autre versant que celui décrit par Platon, tout aussi intéressant et un peu plus prosaïque, pragmatique.



Un must read -comme on dit aujourd'hui ?- de la littérature antique.
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L'Anabase - Le banquet

Court et philosophique.

Après avoir étudié Le Banquet de Platon en terminale, j'ai enfin trouvé l'occasion de découvrir l'oeuvre de son grand rival : Xénophon. Pour autant, les ouvrages sont bien différents. L'idée reste la même : Socrate discute durant un banquet, de choses et d'autres : la justice, la beauté et conclue sur ce que doit être l'amour.

Le récit est court, pose en arrière-plan un certain mode de vie très athénien et permet de se poser et de réfléchir. La dernière partie, celle sur l'amour, est celle que j'ai préféré.



Challenge ABC 2018-2019

Challenge Le tour du scrabble en 80 jours ( 5e éd)

Challenge Multi-défis 2019

Challenge Déductions élémentaires.
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Les Dix-Mille

On connaît Thucydide et Guerre de Péloponnèse, et peut-être un peu moins Xenophon et pourtant...



Ainsi s'adresse Xenophon à ses troupes :

"Plus tard, quand Xerxès rassembla une armée innombrable et marcha lui aussi contre la Grèce, nos ancêtres, cette fois-ci encore, battirent sur terre et sur mer les ancêtres de nos ennemis. 

Les trophées demeurent les témoins de ces victoires, mais le plus beau trophée qui vous reste, c'est la liberté dont vous jouissez dans les cités où vous êtes nés et où vous avez été élevés. Vous ne vous prosternez, en effet, devant aucun maître, mais seulement devant les dieux. Tels sont les ancêtres dont vous êtes nés.

Je n'irai pas dire que vous en êtes indignes. Au contraire, il y a quelques jours seulement, on vous a vus rangés en ligne de bataille face aux descendants de nos ennemis ancestraux : avec l'aide des dieux, vous les avez vaincus, malgré leur nombre infiniment supérieur au nôtre.

En cette occasion, vous vous êtes battus en braves pour faire de Cyrus un roi. aujourd'hui, alors que c'est votre survie qui est en jeu, vous serez nécessairement encore plus courageux et audacieux. il est naturel que  vous vous sentiez sûrs de vous face à nos ennemis : auparavant, vous ne les connaissiez pas, vous ne pouviez voir que leur masse innombrable, et vous avez osé pourtant, avec l'audace de vos père, vous élancer contre eux. Maintenant, vous les connaissez : même s'ils sont bien plus nombreux que vous, ils n'ont pas le courage de résister à vos attaques. Quelle raison auriez-vous donc de le craindre ?"



Mais à qui s'adresse t-il ?

À ses valeureux « Dix-Mille » pour les exhorter au combat dans l'Anabase. Une épopée sur fond de guerre fratricide. En effet, Darius et Parysatis avaient deux fils : l'aîné se nommait Artaxerxès ; le plus jeune, Cyrus. Tout commence comme un conte exotique, à Babylone, la fabuleuse capitale de l'empire perse, en 404 avant J.-C. Mais le roi de Perse, Darius II, meurt. Cyrus dit le Jeune, prince éclairé et séduisant, est alors possédé par une seule ambition : s emparer du trône de son frère Artaxerxès. Le conte tourne d'emblée au conflit fratricide : dans la dynastie achéménide, le trône revient traditionnellement à l'aîné, mais en réalité la succession se joue dans le rapport de forces qui s'instaure après la mort du souverain ; le plus puissant finit toujours par l'emporter. Aussi le conflit latent entre les deux frères ne fait-il que s exacerber. Une guerre se prépare dans le plus grand secret en Lydie, la riche province d'Asie, dont Cyrus a été fait satrape par son père.

Pour reprendre le pouvoir il va mettre sur pieds cette expédition dans laquelle il va enrôler des mercenaires grecs qui seront commandés par Xenophon.

Tout au long de cette expédition il s'agit de se battre pour rester non seulement vivant mais debout.



L'Anabase, sous le titre Les Dix-Mille, ressort aujourd'hui dans une nouvelle, dynamique, et somptueuse traduction qui lui redonne une puissance et une énergie à la hauteur de cette valeureuse expédition.

Mais cette œuvre c'est avant tout une double expédition :



L'Anabase : la montée des mercenaires grecs et de l'armée de Cyrus vers les hautes terres de Babylonie. D'Éphèse à Counaxa soit 2850 km environ, en 93 étapes, en 535 parasanges (ancienne unité de distance perse valant environ 5,35 km voire 6 km. C’était la distance qu’on pouvait parcourir à pied en une heure) et ce en 6 mois.



La Catabase : la descente des hautes terres à la Mer Noire. De Counaxa à Cotyora soit 3300 km, en 122 étapes, en 620 parasanges et ce en 8 mois.



Xenophon lui même de conclure lui même « Le trajet complet, à l'aller jusqu'à Counaxa puis au retour, a été parcouru en deux cent quinze étapes et se monte à un total de mille cent cinquante-cinq parasange ou trente-quatre mille deux cent cinquante stades, 6000km environ. La durée de notre expédition, aller et retour, a été d'un an et trois mois »



Avec cette nouvelle édition/traduction, ce livre a plusieurs mérites :

Nous offrir une mise en perspective de ce texte au regard d'actualités récentes (emploi de mercenaires, tensions dans les contrées traversées devenues la Turquie, la Syrie, l'Irak) ;

Nous permettre de situer les lieux de ces expéditions grâce à des repères antiques et contemporains ;

Nous faire connaître Xenophon dans ce qu'il a de multiple : philosophe, historien, chef militaire, cavalier, "romancier", reporter de guerre,....

Découvrir la nature, la géographie, les coutumes et l'organisation sociale de la Perse

La place que donne Xenophon aux femmes dans ce monde de guerriers ;

Nous donner des éléments quant à la composition des armées dans l'antiquité ;

Et surtout nous rappeler que "l'échec n'a jamais fait peur aux Grecs : Ulysse, Ménélas ou Héraclès comme bien d'autres, ont eu leurs heures de gloire et leurs moments de faiblesse. C'est dans cette odyssée, cette errance formatrice en terre perse, que Xénophon appprit à connaître le monde et les hommes, à l'instar d'Ulysse, le héros qui, selon Homère, a connu les cités et le cœur des mortels."

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L'Anabase ou l'expédition des Dix-Mille

Quel beau métier que celui de traducteur, il permet de rendre accessible au commun des mortels des ouvrages qui sans eux resteraient inconnu de la plupart d'entre nous, en particulier pour des ouvrages rédigés en grec ancien. Combien sont capables de lire le grec de Xénophon dans le texte ?



Nous ne réalisons pas assez la chance que nous avons, quel que soit notre niveau de fortune ou notre position sociale de pouvoir accéder à tous ces trésors du passé. Qu'il s'agisse de documents rédigés en Hébreux, en grec, en hiéroglyphes ou même en langue maya, il est possible à chacun de découvrir les récits de Thuycidide, d'Hérodote, de Flavius Joseph, de Lao-tseu ou d'Avéroes et de découvrir la vie des civilisations qui ont précédé la nôtre il y a plusieurs milliers d'années. Réjouissons-nous et profitons de ce miracle au lieu de nous complaire dans les polémiques et les manifestations violentes à propos de tout ce qui heurte notre amour propre. Il y a tant à faire et surtout à savoir avant de se plaindre quand on dispose soi-même du nécessaire. Vouloir plus encore et toujours de biens matériels superflus est le mal du siècle qui nous conduit à l'insatisfaction. Spinoza disait que la vie humaine oscille entre souffrance et ennui. Je pense qu'Il y a deux remèdes à cela, pour éliminer la souffrance refrénons nos désirs et pour chasser l'ennui lisons Xénophon et tous les autres qui ont mis dans leurs livres le meilleur d'eux-mêmes.

Mais j'arrête là ce propos un peu hors sujet et revenons à l'Anabase.

De quoi s'agit-il ?



Darius II le roi des Perses vient de mourir, il laisse deux fils, Artaxerxès qui va lui succéder et Cyrus le jeune. Ce dernier va tenter par jalousie de détrôner son frère. Tout cela se passe en Asie Mineure (Turquie, Syrie, Irak, Iran) au VIe-Ve siècle av. J.-C. Cyrus va payer des milliers de guerriers grecs venant de Sparte et faire parcourir à ses hoplites des milliers de kilomètres pour affronter Ataxerxes II le nouveau roi des Perses. À ces côtés un personnage étonnant, à la fois historien, philosophe et chef militaire, Xénophon, qui a délaissé sa patrie Athènes pour s'enrôler par ambition ou goût de l'aventure dans cette armée de mercenaires. C'est lui qui raconte dans son livre « l'Anabase » (d'un mot grec qui désigne une marche vers le haut) ce qu'il a vécu pendant ces deux ans de campagne et en particulier le tragique retour. Cyrus est sur le point de gagner la bataille, mais il meurt au combat ce qui sème le trouble dans l'armée conquérante qui va perdre un par un, à cause de trahisons, tous ses chefs. Xénophon, au début simple observateur se révèle dans l'adversité un grand meneur d'hommes, par son discours il redonne espoir aux Grecs de retrouver leur patrie et leur famille, on lui confie la mission d'organiser la retraite des troupes (« les Dix-Mille »). Une retraite qui préfigure celle de Napoléon en Russie deux mille ans plus tard et qui sera comme elle, semée d'embûches. Avec la différence toutefois que les chefs grecs recourraient au vote pour les décisions les plus importantes.



Ce livre nous transporte dans l'immense Empire perse de la dynastie des Achémédines qui régnèrent sur le Moyen-Orient au cours du 1er millénaire AV. J.-C. avant d'être renversés par Alexandre le Grand en -330. Imaginons la scène. Avec Xénophon nous marchons au milieu des fantassins coiffés d'un casque de bronze, vêtus d'une tunique rouge et portant une lance et un lourd bouclier. Autour de nous une alternance de steppe désertique et de zones rocheuses. Au milieu de combats difficiles, de rapports humains conflictuels et de trahisons multiples, nous sommes régulièrement harcelés par des peuples exotiques hostiles. Notre équipement pèse environ 30 kg (un gros sac de pommes de terre) que nous portons chaque jour en parcourant au moins 5 parasanges (près de 30 km !). Et tout cela pour une drachme par jour, de quoi acheter quelques kilos de figues.



Le texte de l'Anabase, véritable odyssée terrestre, est clair, captivant et instructif, il nous révèle aussi l'éloquence de Xénophon au travers des discours prononcés entre autres par Cléarchos et Menon les généraux grecs, pour dynamiser leurs hommes. Les échanges entre les chefs grecs et les Perses sont emprunt d'une grande sagesse et soutenu par des raisonnements rigoureux et convaincant. Ces dialogues permettent de mesurer toute la finesse, mais aussi les qualités diplomatiques et parfois la ruse des protagonistes. L'originalité du texte (sans doute conforme au style de l'époque) est tout entière dans sa forme, très concise, ou rien de trop n'est dit sans que rien ne manque pour la compréhension du lecteur. L'auteur ne s'embarrasse pas de longue description ni d'analyse sur la psychologie des personnages, il en résulte une narration très vivante, un rythme alerte propre à retenir l'attention du lecteur. On apprend beaucoup de choses sur la vie des Grecs en arme et sur tous ces peuples qu'ils ont combattus ou avec lesquels ils se sont liés. On apprend comment ils combattaient, comment ils festoyaient, comment ils prenaient leurs décisions. Ce livre est une mine d'or pour recenser le vocabulaire de l'antiquité, Parasange, Plèthre, Stade (unité de distance), Lochage,Loche, Hoplite (terme militaire) Pentécontère, Trière (bateaux de guerre), Drachme, Darique (unités monétaires) , Hétaïre (demi-mondaine), Satrape, Navarque, Harmoste (dignitaires ou chef militaire). Pour suivre cette épopée de l'Hellespont (détroit des Dardanelles) jusqu'à Pont-Euxin (La mer morte) en passant non loin de Babylone il faut consulter des atlas historiques, exercice utile pour mieux visualiser les évènements et se rendre compte de l'incroyable aventure qu'ont vécu Xénophon et ses hommes.



Cette lecture fut agréable, j'en garderais un bon souvenir. Elle me donne l'envie de lire aussi Thucydide et Hérodote les « Alain Decaux » de l'antiquité.





En fin d'ouvrage quelques cartes en couleur permettent au lecteur de situer les évènements. Au-delà de nous apporter des informations de détails sur un évènement historique qui pourrait rester dans l'ombre de l'histoire, ce récit constitue une source essentielle sur la Perse et la mentalité des peuples antiques.



Le texte de Xénophon est enrichi par de nombreuses notes de bas de page.



— « L'Anabase ou l'Expédition des Dix-Mille », Xénophon, Traduction et édition critique par Denis Roussel et Roland Étienne, classiques Garnier, 2021, 398 pages.
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L'Anabase - Le banquet

Xénophon a été l'élève de Socrate.



Dans ce court texte, il décrit l'état d'esprit de son maître, pendant son procès et son exécution.



Il évoque notamment, le fait qu' il vaut mieux mourir avant que la sénilité ne gagne plutôt que d'échapper à l'exécution en s'humiliant face à la persécution injuste dont il est l'objet.



Socrate montre l'inanité des faits qui lui sont reprochés sans rejeter la sentence, ses juges l'ayant condamné à l'unanimité. 



Un texte qui me donne envie de me plonger dans d'autres œuvres antiques. 



A suivre, donc ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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L'Anabase - Le banquet

A l’extrême fin du 5ème siècle avant J.C., Cyrus tente de renverser son frère, Artaxerxès, du trône de l’empire achéménide. Pour ce faire, il s’entoure de mercenaires grecs conduits par Cléarque et parmi lesquels figure Xénophon, qui vient d’abord en qualité d’observateur. Les Grecs, d’abord, ne savent rien des desseins de Cyrus : lorsqu’ils découvrent qu’ils marchent contre le Grand Roi, ils ne peuvent rompre leur serment et participent, donc, à la bataille de Counaxa, en Babylonie. Cyrus est vaincu et tué mais les Grecs, eux, n’ont perdu que très peu d’hommes et ont gagné leur combat. Sans soutien politique, à plusieurs centaines de kilomètres de la mer et de la Grèce, entourés de peuples aussi hostiles que divers, les Grecs doivent d’abord traiter avec Artaxerxès et son second, le satrape Tissapherne. Mais la négociation tourne court : Tissapherne fait exécuter les généraux grecs.



Dès lors, complètement perdus et livrés à eux-mêmes dans un empire immense, les Grecs ne pensent plus qu’à retourner chez eux. Xénophon devient l’un des commandants de ce corps que l’Histoire a retenu sous le nom des Dix Milles : hoplites essentiellement, peltastes, archers, cavaliers même.



Véritable épopée antique, l’Anabase a le mérite de la fraîcheur : celui qui l’écrit a vécu les événements et il en a été l’un des protagonistes. Si l’on a accusé Xénophon de faire à peu de frais un récit apologétique, c’est oublier que Xénophon ne s’attribue pas forcément tous les mérites. Pis, il sait se mettre dans des situations parfois peu reluisantes, notamment lorsqu’il est en pourparlers avec les Lacédémoniens ou avec les Thraces.



Le récit impressionne. Mais ce n’est pas pour ses envolées lyriques ni pour la grandeur militaire dont il se fait le reflet. Il y a des combats, c’est vrai, du courage aussi, de l’abnégation quand les conditions sont difficiles. Cependant, l’intérêt réside dans le récit du quotidien : la recherche de vivres, les butins que l’on rapporte : esclaves, bétails, femmes et enfants aussi, les nuits dans les neiges de l’Arménie, les escarmouches, les assemblées des soldats où la démocratie la plus directe s’exprime. C’est dans ces moments que Xénophon brille le plus : orateur pratique, il ne cherche pas la métaphore mais parle le langage simple de ses soldats. Simple, mais non point idiot : faisant preuve d’une vision politique et diplomatique d’une remarquable concision, Xénophon en impose par sa hauteur de vue à tous les généraux des Dix Mille.



Pour les Grecs contemporains de Xénophon, l’intérêt de l’Anabase résidait dans le fait que ce récit prouvait qu’une armée de hoplites pouvait traverser l’empire perse et en sortir, moralement et militairement, vainqueur. Car les dieux sont sans cesse au secours des Grecs et de Xénophon. Dans les entrailles des victimes des sacrifices, ils disent ce qu’il faut faire, et chacune des décisions de Xénophon est couronnée, à plus ou moins long terme, de succès. Nul doute, alors, que le récit de Xénophon servit de motivation à Agésilas, auteur d’une expédition en Asie mineure au début du 4ème siècle, et à Alexandre le Grand.
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