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Cyropédie tome 2 sur 4
EAN : 9782251003412
268 pages
Les Belles Lettres (01/01/1973)
3/5   2 notes
Résumé :
La Cyropédie ou Éducation de Cyrus, dont le titre ne convient tout à fait qu'à une partie du premier livre, est une œuvre difficile à définir et à classer, ainsi qu'en témoigne la diversité des appellations qui lui ont été données : histoire, histoire romancée ou roman historique, biographie romancée, roman philosophique ou moral, roman didactique, traité d’éducation, institution militaire, ouvrage socratique, éloge. En fait, elle est tout cela. Elle se présente com... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le second volume de l'édition des Belles-Lettres regroupe les livres III à V de la Cyropédie. Cyrus n'est plus un enfant ni un adolescent, et son "éducation" se poursuit, mais à un autre niveau : celui du chef de guerre, amené par les circonstances à défendre le territoire et les intérêts de son oncle, le roi des Mèdes Cyaxare, contre les Assyriens. Alors que le récit reste vague et flou historiquement, géographiquement, topographiquement, politiquement, sans parler de l'ethnographie, l'auteur manifeste un grand souci de précision et de détail dans l'évocation des rapports humains : comment le chef organise la chaîne de commandement, quelles relations il doit établir entre les divers niveaux de l'armée, comment traiter les alliés, les transfuges du camp ennemi, les territoires conquis, etc ... La guerre dans ce livre est une affaire de relations et de gestion des ressources humaines, de morale aussi, puisqu'il s'agit de stimuler l'instinct belliqueux, la fierté et le sens de l'honneur des soldats. Les valeurs morales du guerrier sont aristocratiques et se fondent sur l'émulation et le goût de la gloire. Alors le livre devient lourdement didactique, se remplit de discours et d'explications, d'argumentations détaillées, au détriment de l'action qui semble reléguée au second plan, comme exemple des thèses exposées. Heureusement, Xénophon n'est pas un guerrier de salon, et parfois son sens du concret et du vécu refont surface malgré les discours. A la fin du livre V, il surprend par sa pénétration psychologique : après avoir longuement dit monts et merveilles de la sagesse et de la bonté de Cyrus dans les livres précédents, par la voix de Cyaxare, l'oncle de Cyrus, il souligne ce que peut avoir d'humiliant pour ses obligés de recevoir ses bienfaits sans pouvoir les rendre. L'inlassable générosité et noblesse de coeur de Cyrus apparaissent comme un fardeau pour ceux qu'il contraint à la reconnaissance, et sont peut-être une stratégie de domination.
*
J'avoue que j'ai été un lecteur moins enthousiaste de ce second volume que du premier. En plus de mon insuffisance d'helléniste très amateur, je vois deux autres raisons : la première, c'est que le texte même de Xénophon dans l'original doit réserver de grandes jouissances aux connaisseurs de la langue d'un meilleur niveau que moi. La seconde, est que ce livre ne me semble pas fait pour être lu en silence, solitairement, comme nous faisons aujourd'hui, mais pour être déclamé à haute voix devant un auditoire habitué à la rhétorique et à l'art du discours. Peut-être ne lit-on pas la littérature antique comme elle devrait être lue, et passe-t-on probablement à côté de nombre de ses beautés, comme un sourd qui lirait une partition.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Des inconvénients de la générosité.

« Non, Cyrus ! tout ce que tu as fait là, on ne saurait dire que ce soit mal ; seulement sois sûr que plus ces biens sont considérables, plus je m’en sens accablé. Ton pays, j’aimerais mieux l’avoir agrandi avec mes troupes que de voir le mien augmenté par les tiennes ; car tout ce que tu as fait de bien tourne, pour moi, à mon déshonneur. Il me serait bien plus agréable de faire des présents que de recevoir ceux que tu m’offres aujourd’hui : enrichi par toi, il me semble que je n’en suis que plus pauvre. Voir mes sujets froissés par toi dans leurs intérêts me causerait une douleur moins grande, que les voir en ce moment comblés de tes bienfaits. Si ma façon de penser ne te paraît point raisonnable, ne songeons plus à moi, et supposons que c’est de toi qu’il s’agit en tout ceci. Que dirais-tu si, quand tu élèves des chiens pour te garder, toi et tes gens, un autre, en les soignant, se faisait mieux connaître d’eux que toi-même ? Serais-tu content des soins qu’il aurait pris ? Si cet exemple n’est pas assez sensible, songe à ceci : supposons qu’un homme prenne un tel ascendant sur ceux que tu auras pris à ton service, gardes ou soldats, qu’ils aiment mieux être avec lui qu’avec toi, lui en sauras-tu gré comme d’un bienfait ? Enfin, pour parler de ce que les hommes ont de plus chère affection, de plus intime dévouement, qu’un homme, par ses assiduités, réussisse à se faire aimer plus que toi de ta femme, te réjouiras-tu de ce service ? J’en doute fort ; et je suis convaincu que tu le considérerais comme t'ayant causé le plus grand préjudice. Enfin, ce qui a plus de rapport avec ce qui m’arrive, si quelqu’un, par ses bienfaits, amenait les Perses que tu conduis à le suivre plus volontiers que toi, regarderais-tu cet homme comme un ami ? Non, je le crois ; mais comme un ennemi plus cruel que s’il avait tué un grand nombre d’entre eux.

« II y a plus : si un de tes amis, à qui, par bonté d’âme, tu aurais dit de prendre de tes biens ce qu’il voudrait, s’avisait, sur cette offre, de s’en aller en prenant tout ce qu’il pourrait emporter, et s’enrichissait ainsi de ton bien, te laissant à peine le nécessaire, le regarderais-tu comme un ami sans reproche ? Eh bien, Cyrus, si tes torts envers moi ne sont pas les mêmes, ils diffèrent peu. Oui, tu dis vrai. Aussitôt que je t’eus dit d’emmener ceux de mes sujets qui voudraient te suivre, tu es parti avec toutes mes troupes, et tu m’as laissé tout seul. C’est avec mes troupes que tu as pris ce que tu me donnes ; c’est avec mes propres forces que tu as accru mon pays. Ainsi j’ai l’air, après n’avoir pris aucune part à ces exploits, de me présenter, comme une femme, pour n’en faire donner le fruit ; les autres gens et mes propres sujets te regardent comme un homme, et moi comme indigne du commandement. Trouves-tu cela des services, Cyrus ? Sache donc bien que, si tu avais de moi quelque souci, tu te serais bien gardé de porter la moindre atteinte à mon honneur et à mon autorité. Que m’importe, en effet, que mon territoire soit plus étendu, si je suis déshonoré ? Car je suis souverain des Mèdes, non parce que je vaux mieux qu’eux tous, mais à cause de l’opinion où ils sont que nous leur sommes supérieurs en toute chose. »

Livre V, 5.
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