Alina Reyes, 24 avril 2008, à la maison ! Rigolo, une écrivaine nature!
Ce que j'aime, c'est partir, prendre la route.
L'espace, le présent, l'oubli.
La route c'est moi, c'est un serpent, et le chemin étendu derrière moi c'est mon ancienne peau que j'abandonne, encore.
La route c'est ma vie, me défaire continuellement de mes enveloppes, m'extraire de moi pour renaître neuve, brillante, donner le jour à l'inconnue qui veille en moi, à fleur de peau, dans l'attente de sa libération.
La route, c'est un peu comme l'amour : on se sent partir, plus rien n'importe que d'être là, en train de le vivre, tendu vers un but qui n'a parfois pas de nom, qui peut fuir et changer à mesure qu'on avance, un but dont l'intérêt est justement de n'être jamais final, un but qui n'est pas du côté de la mort, mais, dans son mouvement de résurrection perpétuelle, la glorification même de la vie.
Vous aussi, vous aimez regarder les hommes ?
Apprécier la plastique de ceux qui se déshabillent dans la pub ou au cinéma ? Eh bien, ça embête l'homme moyen. Pour la morale et l'imaginaire collectifs (y compris encore dans l'esprit de beaucoup de femmes), l'objet de désir, c'est la femme. Mater, c'est le privilège du mâle. Jauger les femmes, les classer, et si possible les emballer. [...]
(Pour celles qui sont bientôt sur la plage...ne vous gênez pas !)
Devant un homme qui m'attire, je me maudis parfois de pouvoir être encore comme une petite fille, comme si c'était la première fois, la vraie première fois, envahie d'un mélange d'effroi et de hardiesse, bête à mourir.
N'est-ce pas pourtant justement à cause de ce miracle qu'on aime être saisi par le sentiment amoureux, à cause de cette fragilité où il nous précipite, renvoyant toute expérience à l'oubli et à l'inutilité, nous exposant au monde dans notre misère et notre nudité, avec pour seule arme de survie notre désir?
Ainsi lecteur en cet instant je suis seule au milieu de la nuit, tout est silence et je me balance sur le bord de mon lit, à moitié déshabillée, à moitié seulement car le désir d'écrire m'a saisie au milieu, et tout ce que je veux te dire c'est qu'il ne faut pas prendre mon histoire au pied de la lettre, mais à sa tête.
"Il est difficile de croire au hasard quand l'amour vous étreint. Il y a quelque chose de tellement incompréhensible et tellement lumineux dans la révélation de l'amour partagé que vous ne pouvez que vous sentir soudain élu de la providence."
Moi j'ai besoin de regarder l'eau, de sentir le vent, j'ai la tête comme un courant d'air, traversée par des lumières, des sensations, des escaliers de vertige, c'est comme les feuillages des grands arbres balancés par le vent, on ne sait pas si c'est du bonheur ou du désespoir, une sorte de jouissance dans l'absence à soi-même, le flot du monde, les yeux écarquillés pour tout laisser entrer, la poitrine avide, et l'écriture pour rester quand même accrochée, ou peut-être pour mieux entrer dans l'illusion.
Des voitures passaient, une s'arrêta mais je ne voulus pas monter. J'étais plus solide que jamais. J'avais la force du boucher, la malignité du garçon à la tête de mort.
J'aurais voulu des ciels gris où l'espoir se concentre, où les arbres en tremblant tendent leurs bras de fée, des songes capricieux portés dans les herbes embrassées par le vent, j'aurais voulu entre mes cuisses sentir le souffle immense des millions d'hommes de la terre, j'aurais voulu, regarde, regarde bien ce que je veux...
Dans la vitrine, exposés comme autant d'objets précieux, les différents morceaux de porc, veau, boeuf, agneau, excitaient l'envie de la clientèle. Oscillant entre le rose pâle et le rouge foncé, les viandes accrochaient la lumière comme des bijoux vivants. Sans oublier les abats, les magnifiques abats, la part la plus intime, la plus authentique, la plus secrètement évocatrice de la bête défunte : foies sombres, sanguinolents, tout en mollesse, langues énormes, obscènement râpeuses, cervelles crayeuses, énigmatiques, rognons lovés dans toute leurs rondeurs, coeurs entubés d'artères -