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Citations de Abdulrazak Gurnah (143)


Elle m'a offert la liberté, comme si c'était un cadeau. Qui lui a dit qu'elle avait le pouvoir de l'offrir? Je sais de quelle liberté tu parles mais je l'ai depuis que je suis né. Ils peuvent t'enfermer, t'enchaîner, mais la liberté n'est pas quelque chose qu'ils peuvent t'enlever. Tu ne leur appartient pas. Le travail qu'on m'a donné à faire c'est le jardin. Qu'est-ce qu'elle peut m'offrir qui me rende plus libre?
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On ne nous laisse même plus avoir une âme, et le jardin secret qui est le nôtre n’est que lieu de tourmente sans fin, plaie à vif, lancinante blessure.
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Je crois qu’avec le temps nous jugerons moins héroïques les actions que nous avons menées dans des endroits comme celui-ci, répondit Martin. Et nous aurons du mal à nous trouver nous-mêmes sympathiques. Je crois qu’avec le temps nous aurons honte de certains des actes que nous avons commis.
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On ne peut pas lutter contre leurs armes et c’est comme ça qu’ils s’approprient les terres. Tu trouves que ça ressemble à une simple visite? Je te dis qu’ils sont déterminés. Ils convoitent le monde entier.

(Denoël, p.110)
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Pourquoi ne pas être resté dans votre pays où vous pouviez vieillir en paix ? L’asile politique, c’est bon pour les jeunes, parce que ce qu’ils veulent c’est trouver de l’argent et gagner de l’argent, non ? Rien de moral à tout cela. La cupidité, c’est tout. On ne craint pas pour sa vie et sa sécurité, il n’y a que la cupidité. Monsieur Shaaban, un homme de votre âge devrait se montrer plus avisé.
À quel âge est-on censé ne pas être inquiet pour sa vie ? Ou ne pas vouloir vivre avec la peur ? Comment pouvait-il décréter que je courais moins de danger dans mon pays que ces jeunes gens qu’il laissait entrer ? Et en quoi était-il immoral de vivre mieux et en sécurité En quoi y avait-il là de la cupidité et du calcul ?
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« Pourquoi est-elle verte, la lumière ? demanda-t-il.
— C’est à cause de la montagne, dit Hussein. Quand, dans tes voyages, tu iras jusqu’aux lacs, tu verras que le monde est entouré de montagnes qui donnent au ciel cette couleur verte. Celles qui sont de l’autre côté des lacs forment la limite du monde que nous connaissons. Au-delà, l’air a la couleur de la peste, et les êtres qui le respirent, seul Dieu les connaît. Nous, nous connaissons l’est et le nord, jusqu’au pays de Chine à l’extrême est et les remparts de Gog et Magog au nord. Mais l’ouest, c’est le pays des ténèbres, des djinns et des monstres. Dieu a envoyé l’autre Yusuf* prophétiser dans le pays des djinns et des sauvages. Il t’y enverra peut-être, toi aussi.
— Vous avez été jusqu’aux lacs ? demanda Yusuf.
— Non, dit Hussein.
— Mais, autrement, il a été partout, dit Hamid. On voit bien qu’il n’aime pas rester chez lui, cet homme. »
Kalasinga avait ricané en écoutant Hussein décrire la lumière et les lacs – c’est des contes de fées, s’était-il écrié – mais ses compagnons savaient qu’il ne pouvait résister aux histoires de prophètes et de djinns. « Quel Yusuf ? dit-il.
— Le prophète Yusuf, qui a sauvé l’Égypte de la famine, répondit Hussein. Tu ne connaissais pas cette histoire ?
— Qu’y a-t-il à l’ouest, au-delà des ténèbres ? » demanda Yusuf.
Kalasinga claqua la langue avec irritation, il attendait l’histoire de la famine en Égypte, qu’il connaissait naturellement, mais il voulait l’entendre une nouvelle fois.
« On ne sait pas au juste jusqu’où s’étend ce désert, dit Hussein, mais j’ai entendu dire que pour le parcourir il faudrait marcher pendant cinq cents ans. C’est là que se trouve la Fontaine de Vie, elle est gardée par des goules et des serpents grands comme des îles.

*Le Joseph de l’Ancien Testament.
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Pourquoi devrais-je essayer d'être plus sage quand la chance vient à ma rencontre de façon inattendue ?
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Pourquoi n'es-tu pas resté dans ton propre pays, où tu pourrais vieillir en paix ?
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Les femmes avaient un sens plus fort de la miséricorde, de l'équilibre entre les choses. Ils s'occupaient les uns des autres, ils tenaient à ce que les choses n'aillent pas si loin que nous ne serions pas en mesure de retrouver notre chemin
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Ils étaient quatre, tous indiens. Ils logeaient chez le professeur, dormaient à même le sol dans le couloir du rez-de-chaussée sous l’escalier, où ils prenaient également leurs repas. Ils n’étaient jamais admis à l’étage. La salle de classe était une petite pièce pourvue de nattes au sol et d’une fenêtre à barreaux trop haute pour voir au-dehors, laissant passer l’odeur de l’égout à ciel ouvert qui courait derrière la maison. Le tuteur fermait la salle à clé après la classe ; tous les matins avant de se mettre à l’étude, les élèves devaient balayer et épousseter cet espace sacré. Les leçons commençaient très tôt et reprenaient en fin d’après-midi, avant qu’il ne fasse trop sombre. Au début de l’après-midi, après son déjeuner, le tuteur allait dormir, et l’on n’étudiait pas le soir, pour économiser les chandelles. Durant leurs heures de liberté, les enfants trouvaient du travail sur le marché ou en bord de mer, ou bien flânaient dans les rues. Khalifa n’imaginait pas avec quelle nostalgie il se souviendrait de ces jours par la suite.
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« C’est étonnant, n’est-ce pas, que ces gens aient vécu pendant des siècles sans avoir recours à l’écriture (...). Tout s’est transmis oralement. Il leur a fallu attendre que monseigneur Steere arrive à Zanzibar dans les années 1870 pour que quelqu’un songe à produire une grammaire. Je pense ne pas me tromper en disant que cela vaut pour toute l’Afrique. C’est stupéfiant qu’aucune langue africaine n’ait été écrite avant l’arrivée des missionnaires. Et je crois bien que dans nombre de ces langues, le seul ouvrage existant est la traduction du Nouveau Testament. Incroyable, non ? Ils n’ont même pas encore inventé la roue. Cela donne une idée du chemin qui leur reste à parcourir. »
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Farida ne comptait pas dans l'équation puisqu'elle était une fille, et donc perçue différemment, avec un autre calendrier de transformations et d'espérances.
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Si c'est l'Enfer ici, alors enfuis-toi, et laisse-moi venir avec toi. Ils nous ont appris à être timides et obéissants, à les respecter alors qu'ils nous maltraitent. Nous sommes tous les deux en milieu de nulle part, rien de pourrait être pire. Là où nous irions, il n'y aurait pas de jardin clos, planté d'épais cyprès et de buissons frémissant au vent, ni d'arbres fruitiers, ni de fleurs étonnamment brillantes. Ni le parfum âcre de la sève d'oranger le jour, ni la fragrance enveloppante du jasmin la nuit, ni l'odeur des graines de grenade. Ni le murmure de l'eau dans le bassin et les canaux. Ni le bosquet de dattiers bienfaisant au cruel moment de midi. Il n'y aurait pas de musique qui enchante les sens. Ce serait comme un exil, mais serait-ce pire que ce que nous visons ici ?
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Il pensait à tout qu’il aurait dû savoir sur ses parents, ou qu’il aurait voulu leur demander : la raison des disputes violentes qui l’effrayaient tant, .. le nom des arbres. Si seulement il avait pensé à les interroger, il ne se sentirait peut-être pas aussi ignorant , aussi dangereusement à la dérive.
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Tout au bout de la place se dressait une petite mosquée blanchie à la chaux, que longeait une ruelle. Ses deux fenêtres aux volets clos ainsi que sa porte entrebâillée étaient d’un beau bleu Méditerranée, celui de la robe des madones du Titien.
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...la première leçon que j'ai apprise à Londres fut d'intégrer le mépris...
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J'ai attendu le moment opportun pour vous parler de ce livre paru il y a un mois. Je voulais qu'il soit parmi mes premiers avis partagés de cette nouvelle année. Ma seule résolution littéraire pour 2022 sera de lire toujours plus "avec intentions" et cette pépite en est la parfaite incarnation (et pas seulement parce que l'auteur a reçu le Prix Nobel).

"Près de la mer" nous dit beaucoup d'un ailleurs, et d'une époque - la colonisation britannique au Zanzibar.
Il nous dit aussi beaucoup d'un ici - une terre d'accueil pas si accueillante, l'Angleterre en l'occurence, mais cela pourrait être la France ou l'Italie.
Il nous dit enfin tout ou presque du déplacement, de la trajectoire, de l'exil. Et de la famille. Et du patrimoine visible et invisible. Et du parfum des souvenirs.

Il y a tant à dire de l'histoire de Saleh Omar, 65 ans, qui débarque à l'aéroport de Gatwick avec un faux passeport et sans visa d'entrée. De son destin, étroitement lié à celui de Latif Mahmud, le traducteur que les services d'aide aux réfugiés lui présentent sur place. De la trahison, du sens de l'honneur et de la valeur de la parole.
Je ne sais par où commencer car il s'agit d'une lecture que je ne voulais pas finir (I would prefer not to - comprenne qui pourra!)

Je peux vous dire humblement que j'ai été subjuguée de bout en bout par la finesse du style d'Abdulrazak Gurnah, par la place qu'il donne à l'Histoire, et par ce que tout ce que j'ai lu a remué en moi. J'ai ressenti dès les premières pages le transport, et j'ai pris mon temps pour m'en délecter.

À votre tour, si cela n'est pas déjà fait ❤
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C'était mal de l'épouser, d'abuser d'elle parce qu'elle était pauvre. De posséder les êtres, de nous posséder de cette manière.
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Les événements avaient décidé de sa vie ; il avait gardé la tête hors de l’eau, les yeux fixés sur l’horizon le plus proche préférant ignorer plutôt que savoir ce qui l’attendait. Il ne voyait rien qui pût le libérer de sa condition d’esclave.

(Denoël, p.203)
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Quand ils arrivèrent à leur campement, Kalasinga avait cuit du riz et préparé du thé. Hamid ouvrit un paquet de dattes et découpa des lamelles de poisson séché qu’ils mirent à cuire sur les braises.
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