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Citations de Abdulrazak Gurnah (143)


Les hôtes de Hamid parlaient des Européens avec stupéfaction, ils étaient impressionnés par leur férocité et leur brutalité. Ces étrangers prenaient les meilleures terres, disaient-ils, sans payer un sou, ils s’arrangeaient pour forcer les gens à travailler pour eux au moyen d’artifices, ils mangeaient n’importe quoi, même de la nourriture avariée. Leur appétit était démesuré, comme celui d’un essaim de sauterelles. Taxes pour ceci, taxes pour cela, et pour les récalcitrants la prison, le fouet, ou même la pendaison. La première chose qu’ils construisaient, c’était un hangar fermant à clé, ensuite c’était une église, puis un marché couvert pour avoir l’œil sur tout le commerce et prélever leur part de bénéfice. Et tout cela avant même de se construire une maison. Avait-on jamais vu chose pareille ?
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- Bi Asha est amère. Elle n'accepte pas la jeune fille que je suis devenue. Elle veut que je parte mais ne supporte pas qu'un jeune homme pose les yeux sur moi. Un regard dans la rue me vaut des réprimandes. Elle dit que ça la révolte, ce regard des hommes sur moi. Elle dit que je les encourage, alors que je ne fais rien de tel. Elle veut que je m'en aille, mais avec un vieillard qui ferait de moi sa seconde épouse. Elle ne veut pas que je me sente séduisante et belle, mais elle veut bien que quelqu'un me prenne pour son plaisir et me rabaisse avec sa convoitise
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Qu'est-ce qu'un homme originaire de la jolie petite ville de Marbach est venu faire dans ce trou du cul du monde ? Je suis né dans la tradition militaire et c'est là mon devoir. Voilà pourquoi je suis ici. Pour prendre possession de ce qui nous appartient de droit. Parce que nous sommes les plus forts. Nous avons affaire à des peuples attardés et sauvages, et le seul moyen de les gouverner, c'est de semer la terreur, chez eux et chez leurs sultans prétentieux, leurs "Liliputmajestäten", et de les massacrer jusqu'à ce qu'ils obéissent.
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Insatisfait de l’inutilité de ma pauvre existence, j’entends au moins me divertir de son incommensurable insignifiance.
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Chez nous, si le coupable exprime des remords, nous hésitons à le punir, surtout si le châtiment prévu est rigoureux; ses compagnons viennent plaider pour lui, ses amis sont compatissants. Mais c'est tout le contraire avec les Allemands : plus la punition est sévère, plus ils sont implacables. Une fois qu'ils ont décidé de vous punir, et je crois qu'ils y prennent plaisir, vous pouvez les supplier jusqu'à ce que votre bouche se dessèche, ils vous écoutent, le visage impassible, il faut se soumettre et subir le châtiment. Ils sont comme ça, les Allemands rien ne les fait changer d'avis. P142
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Nous allons tout perdre, et aussi notre manière de vivre. Les jeunes seront les grands perdants : il viendra un jour où les Européens les feront cracher sur tout ce que nous savons, et les obligeront à réciter leurs lois et leur histoire du monde comme si c'était la Parole sacrée. Quand, un jour, ils écriront sur nous, que diront-ils ? Que nous avions des esclaves...
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Ils étaient quatre, tous indiens. Ils logeaient chez le professeur, dormaient à même le sol dans le couloir du rez-de-chaussée sous l’escalier, où ils prenaient également leurs repas. Ils n’étaient jamais admis à l’étage. La salle de classe était une petite pièce pourvue de nattes au sol et d’une fenêtre à barreaux trop haute pour voir au-dehors, laissant passer l’odeur de l’égout à ciel ouvert qui courait derrière la maison. Le tuteur fermait la salle à clé après la classe ; tous les matins avant de se mettre à l’étude, les élèves devaient balayer et épousseter cet espace sacré. Les leçons commençaient très tôt et reprenaient en fin d’après-midi, avant qu’il ne fasse trop sombre. Au début de l’après-midi, après son déjeuner, le tuteur allait dormir, et l’on n’étudiait pas le soir, pour économiser les chandelles. Durant leurs heures de liberté, les enfants trouvaient du travail sur le marché ou en bord de mer, ou bien flânaient dans les rues. Khalifa n’imaginait pas avec quelle nostalgie il se souviendrait de ces jours par la suite.
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Lors de leurs vagabondages en ville, les vendredis après-midi, Khalil et Yusuf passaient à côté des immenses maisons silencieuses, défendues par de hauts murs, où habitaient les riches familles d’Oman. « Ils ne marient leurs filles qu’aux fils de leurs frères, leur avait dit un client. Dans ces forteresses, il y a des enfants chétifs qui sont enfermés, et dont on ne parle jamais. On voit quelque fois, tout en haut des maisons, ces pauvres créatures qui pressent leur visage contre les barreaux des fenêtres. Dieu seul sait quel regard ils portent sur notre monde misérable…ou peut-être comprennent-ils qu’ils sont la punition de Dieu pour les péchés de leurs pères.
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Un expert de ma région, quelqu’un qui a sans doute écrit des livres sur moi, qui sait tout de moi, plus que je n’en sais moi-même. Il se sera rendu sur tous les sites importants ou présentant un intérêt, connaîtra leur contexte historique et culturel, quand je ne les aurai, moi, jamais vus de ma vie et n’aurai à leur sujet entendu raconter que de vagues mythes et contes populaires. Il se sera glissé à maintes reprises dans ma région, des dizaines d’années durant, afin de m’étudier, de me coucher sur le papier, de m’interpréter, de me résumer, sans que j’aie eu conscience, pour ma part, de son existence affairée. (p. 106)
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Il semblerait bien que les Britanniques ne nous aient apporté que du bien, comparé aux brutalités que nous fûmes capables de nous infliger à nous-mêmes. Ce bien, cependant, avait de quoi étonner. Ils nous parlaient à l’école de la grandeur qu’il y avait à résister à la tyrannie, puis décrétaient le couvre-feu une fois le soleil couché et envoyaient en prison pour sédition ceux qui prônaient l’indépendance. Qu’importe, car ils ont drainé les cours d’eau, amélioré le système des égouts, apporté les vaccins et la radio. Leur départ a paru finalement si soudain, si précipité qu’il a quelque peu donné l’impression d’avoir été décidé sur un coup de tête. (p. 38)
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Il se leva, s'éloigna et resta à l'écart un long moment ; il se reprochait de n'avoir pas assez gardé le souvenir de ses parents. S'ils étaient encore en vie, pensaient-ils toujours à lui ? Il savait qu'il préférait ne pas le savoir. D'autres souvenirs, d'autres images de sa servitude l'envahirent, qui témoignaient de son apathie. Les évènements avaient décidé de sa vie ; il avait gardé la tête hors de l'eau, les yeux fixés sur l'horizon le plus proche, préférant ignorer plutôt que de savoir ce qui l'attendait. Il ne voyait rien qui pût le libérer de sa condition d'esclave.
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- Je vais traduire le Coran, dit soudain Kalasinga. En swahili, ajouta-t-il quand les autres eurent fini de s'esclaffer.
- Tu ne sais même pas parler swahili, objecta Hamid, ni lire l'arabe.
- Je le traduirai à partir d'une traduction en anglais, dit Kalasinga, l'air déterminé.
- Mais pour quelle raison ? demanda Hussein. Je ne t'ai jamais entendu dire quelque chose de plus ridicule.
- Pour vous faire comprendre, stupides indigènes, que vous adorez un Dieu extravagant, dit le Sikh. Ce sera ma croisade. Est-ce que vous comprenez seulement ce que dit le Coran en arabe ? Un peu peut-être, mais la plupart de vos idiots de frères n'y entendent rien. Vous verriez peut-être à quel point votre Allah est intolérant, et, au lieu de l'adorer, vous trouveriez quelque chose de mieux à faire.
- Wallahi ! c'écria Hamid, qui ne plaisantait plus. Quelqu'un comme toi n'a pas le droit de parler de Lui de cette façon, c'est impardonnable. Il faudrait donner une leçon à ce chien velu ! La prochaine fois que tu viendras espionner nos conversations dans ma boutique, je leur raconterai, à ces stupides indigènes, ce que tu viens de dire. Et ils mettront le feu à ton derrière poilu.
- Je traduirai le Coran, répéta Kalasinga, d'un ton ferme. Parce que je me soucie de mes semblables, même s'ils ne sont que d'ignorants musulmans. Est-ce une religion pour des adultes ? Je ne sais peut-être pas qui est Dieu, je ne me souviens pas de ces milliers de noms et de ses millions de promesses, mais je sais qu'il ne peut pas être ce tyran que vous adorez.
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Son père lui avait peut-être encore vanté son autre famille ; c'est ce qu'il faisait quand il était en colère. Yusuf l'avait entendu un jour reprocher à sa mère de venir d'une famille tribale de la montagne, vivant dans une hutte enfumée et s'habillant de peaux de bique, qui estimait que deux chèvres et cinq sacs de haricots étaient un bon prix pour une femme. "S'il t'arrive quelque chose, ils m'en trouveront une autre comme toi dans leur bergerie !" Ce n'est pas parce qu'elle avait grandi sur la côte parmi des gens civilisés qu'elle pouvait prendre de grands airs... Yusuf était terrifié lorsque ses parents se disputaient, il sentait que leurs paroles entraient en lui comme des lames acérées, et ils se souvenait des récits de violence et d'abandon racontés par ses camarades.
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Le vestibule était exigu et triste, le sol recouvert d'un tapis râpé dans lequel des bribes de fil rouge étaient encore visibles parmi le gris élimé. L'escalier - à peine quelques marches - opérait un premier virage en angle droit à droite, suivi d'un second virage en angle droit toujours à droite - une bonne position de défense. Le visiteur, qui avait toutes les chances d'être droitier, n'aurait pas eu la place de manier une arme et aurait également été vulnérable à un tir bien ajusté, à un chaudron d'huile bouillante, ou bien d'autres choses encore.
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Nous fuyions tous des lieux où les autorités exigeaient une soumission totale et instillaient la peur de façon latente, et comme ces choses ne peuvent s'obtenir sans flagellations quotidiennes ni décapitations publiques, ceux qui servaient ces autorités, la police, l'armée, l'appareil de sécurité, se livraient à des tracasseries permanentes pour montrer le danger qu'il y avait à s'insurger inconsidérément.
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Les hangars où nous logions auraient aussi bien pu abriter des sacs de céréales ou de ciment, ou quelque autre article de valeur à protéger du vol et des intempéries. Ils nous abritaient à présent, nuisance ordinaire et de peu de prix qu'il fallait endiguer.
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Au cours des mois suivants, j’ai commencé à me considérer comme un exclu, un exilé. Je donne l’impression que tout a été progressif, et il est vrai qu’il m’a fallu deux mois pour arriver à évaluer ma situation, mais j’avais tout senti beaucoup plus tôt. La lettre dans laquelle mon père m’enjoignait de ne pas revenir m’avait sonné, paralysé, réduit au silence et paniqué. Que voulait-il dire exactement par là ? Où irais-je si je ne rentrais pas au pays ? Où pouvais-je aller ? Ce n’est qu’une fois cette peur panique retombée, lorsque les jours passèrent sans apporter de répit dans l’inquiétude, aucun nouveau courrier ne venant annuler le premier, que je cherchai les mots pour expliquer ce qui s’était passé, des mots que je me murmurai en secret dans la honte et l’autodérision. Pour la première fois depuis que j’étais arrivé en Angleterre, je me sentais un étranger. Je le compris, je m’étais cru à mi-chemin de mon voyage, entre l’aller et le retour, réalisant un projet avant de retourner chez moi, mais brusquement j’ai craint que le voyage ne s’arrête là et que je n’aie à passer toute ma vie en Angleterre, étranger au milieu de nulle part.
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C’était la fin des années 1950, une époque où le monde fut plus tragi-comique que jamais, et où l’Afrique presque tout entière se trouvait gouvernée par les Européens d’une manière ou d’une autre : directement, indirectement, par l’usage de la force brute ou d’une diplomatie musclée, si tant est que ces deux termes ne soient pas trop contradictoires. Une carte britannique de l’Afrique dans ces années-là présentait quatre couleurs : un rouge tirant sur le rose pour les territoires sous la domination des Britanniques, le vert foncé pour les Français, le violet pour les Portugais et le brun pour les Belges. À ces couleurs correspondait une vision du monde, et chacune de ces nations avait ses couleurs à elle sur ses cartes à elle. C’était une manière de comprendre l’époque et, pour beaucoup de ceux qui se penchaient sur les cartes, une manière de rêver à des voyages auxquels seule l’imagination pouvait donner corps. On ne lit pas les cartes aujourd’hui de la même façon. Le monde est devenu autrement complexe, plein de peuples et de noms qui brouillent sa clarté. Dans tous les cas, rien n’est plus à présent laissé à l’imagination, car l’image est partout.
Sur les cartes britanniques, le rouge était un rappel de la bannière anglaise, il représentait la volonté de sacrifice au nom du devoir et tout le sang versé au nom de l’Empire. Même l’Afrique du Sud était alors encore en rouge rosé, dominion au même titre que le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, des lieux que les Européens avaient investis en parcourant la moitié du monde pour trouver un peu de paix et de prospérité. Le vert sombre était une plaisanterie aux dépens des Français, qui évoquait les pâturages élyséens quand l’essentiel du territoire sur lequel ils régnaient était soit désertique ou semi-désertique, soit couvert par la forêt équatoriale, autant d’étendues inutilement gagnées par les armes et un orgueil démesuré. Le violet était réservé à l’inquiète estime de soi des Portugais et à leur passion pour la monarchie, la religion et les symboles de la domination, quand durant l’essentiel des siècles de leur occupation coloniale ils avaient dévasté ces terres avec la pire brutalité, détruisant et incendiant, déplaçant des millions d’hommes et de femmes vers les plantations du Brésil pour y servir d’esclaves. Le brun, enfin, était la couleur de l’impassible et cynique efficacité des Belges, qui prirent part aux festivités plus tard mais dont le cadeau qu’ils laissèrent aux peuples sous leur joug se révéla être sans comparaison aucune avec celui des autres grandes puissances de cette époque étriquée.
Leur legs au Congo et au Rwanda laisserait encore pour longtemps souillés les rivières et les lacs. Les Espagnols aussi avaient leurs territoires, en jaune sur les cartes britanniques comme un rappel de la couleur de leur drapeau et de leur obsession de l’or à piller. Plus tard dans cette décennie, les couleurs allaient pâlir et passer au rose, au vert pâle, au mauve et au beige. Peut-être était-ce le signe d’un renoncement à l’autorité coloniale, une évolution vers l’autonomie, la situation est en main, tout passe tout lasse.
La carte des années 1950 montrait aussi les exceptions à la domination européenne. L’Égypte était indépendante et en proie à l’agitation depuis 1922, mais sans autre choix que d’accueillir sur son territoire l’armée de terre, l’aviation et la marine britanniques. Le Libéria, qui ne fut jamais officiellement une colonie, avait été créé pour devenir la terre où les esclaves africains affranchis pouvaient revenir des États-Unis d’Amérique afin d’y construire une Nouvelle Jérusalem, et quel beau travail ils avaient fait là. L’Éthiopie avait tenu bon à deux reprises face à des Italiens enclins à la pagaille. Au XIXe siècle, quand toutes les armées d’Europe qui le souhaitaient étaient autorisées à s’emparer d’un bout d’Afrique et à assassiner par milliers ses habitants, l’armée de l’empereur Ménélik battit les Italiens à Adoua. Il est clair que c’est une farce qui a conduit à cette défaite inutile, même si certaines autorités en accordent le crédit à Rimbaud, qui fut trafiquant d’armes pour le compte de l’empereur. Plus tard, les armées de Mussolini furent expulsées par les francs-tireurs, les Britanniques et les forces coloniales africaines, dont l’oncle Habib faisait partie. Puis il y avait le Soudan, une dictature militaire indépendante depuis 1952 ; et la Libye, royaume théocratique sous protection britannique depuis 1951. C’étaient des situations à part, à propos desquelles une telle carte n’avait rien à dire. Pour le reste, tout était aux mains de la mission civilisatrice, depuis Le Cap jusqu’à Tanger, en passant par toute l’Afrique de l’Est, où se sont déroulés les événements qui nous occupent ici.
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(...) j’en vins à me considérer avec un sentiment croissant de déplaisir et d’insatisfaction, et à me voir avec leurs yeux. À me regarder comme quelqu’un qui mérite l’antipathie qu’on lui porte. J’ai d’abord cru que c’était à cause de ma façon de parler, parce que j’étais médiocre et maladroit, ignorant et muet (...). Puis j’ai pensé que c’était à cause des vêtements que je portais, des vêtements bon marché, sans allure, pas aussi propres non plus qu’ils auraient pu l’être, et qui peut-être me donnaient l’air d’un clown ou d’un déséquilibré. Mais les explications que j’essayais de trouver ne m’empêchaient pas d’entendre les paroles offensantes, le ton irrité dans les rencontres au quotidien, l’hostilité contenue dans les regards fortuits.
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« C’est étonnant, n’est-ce pas, que ces gens aient vécu pendant des siècles sans avoir recours à l’écriture (...). Tout s’est transmis oralement. Il leur a fallu attendre que monseigneur Steere arrive à Zanzibar dans les années 1870 pour que quelqu’un songe à produire une grammaire. Je pense ne pas me tromper en disant que cela vaut pour toute l’Afrique. C’est stupéfiant qu’aucune langue africaine n’ait été écrite avant l’arrivée des missionnaires. Et je crois bien que dans nombre de ces langues, le seul ouvrage existant est la traduction du Nouveau Testament. Incroyable, non ? Ils n’ont même pas encore inventé la roue. Cela donne une idée du chemin qui leur reste à parcourir. »
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