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Citations de Abdulrazak Gurnah (143)


Mumbo jumbo, dirait-on chez nous. Savez-vous que ces deux mots désignaient de petits bouts de tissus accrochés aux branches des arbres ?
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C’est la fin de votre commerce de caravane… A cause des Allemands. Ils sont implacables ; ils disent qu’ils ne veulent plus de vous dans ce pays, car ils vous accusent de chercher à nous réduire en esclavage. Nous, des esclaves ! C’est nous qui en vendions aux marchands de la côte ! Nous les connaissons, ces Allemands , nous n’avons pas peur d’eux !
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Elle m'a offert la liberté, comme si c'était un cadeau. Ils peuvent t'enfermer, t'enchaîner, se moquer de tes modestes aspirations, mais la liberté n'est pas quelque chose qu'ils peuvent t'enlever. Le travail qu'on m'a donné à faire, c'est le jardin. Qu'est-ce que cette femme peut m'offrir qui me rende plus libre ?
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Il pensait à tout qu’il aurait dû savoir sur ses parents, ou qu’il aurait voulu leur demander : la raison des disputes violentes qui l’effrayaient tant, .. le nom des arbres. Si seulement il avait pensé à les interroger, il ne se sentirait peut-être pas aussi ignorant , aussi dangereusement à la dérive.
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Je crois qu’avec le temps nous jugerons moins héroïques les actions que nous avons menées dans des endroits comme celui-ci, répondit Martin. Et nous aurons du mal à nous trouver nous-mêmes sympathiques. Je crois qu’avec le temps nous aurons honte de certains des actes que nous avons commis.
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Tout au bout de la place se dressait une petite mosquée blanchie à la chaux, que longeait une ruelle. Ses deux fenêtres aux volets clos ainsi que sa porte entrebâillée étaient d’un beau bleu Méditerranée, celui de la robe des madones du Titien.
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...la première leçon que j'ai apprise à Londres fut d'intégrer le mépris...
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Où, par là-bas ? De quel côté ? Blessé par quoi ? De quoi souffre-t-il ? interrogea Rehana avec dans le regard un mépris incrédule. Hassanali connaissait bien ce regard(là, et il aurait aimé qu'elle sache à quel point il rendait laid ce visage par ailleurs agréable et séduisant. (p. 21)
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Ces années sont inscrites dans la langue du corps et ce n'est pas une langue que je peux dire avec les mots.
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It's about how one story contains many and how they belong not to us but are part of the random currents of our time, and about how stories capture us and entangle us for all time.
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Je veux aller de l'avant, mais je me retrouve toujours à regarder en arrière, à fouiller un passé lointain qu'estompent tous les évènements survenus depuis, des évènements tyranniques qui occupent le premier plan et dictent les actes de la vie ordinaire. Pourtant, quand je regarde en arrière, je vois encore certains objets briller d'un éclat malveillant, et chaque souvenir saigne. C'est un lieu austère que celui de la mémoire, un entrepôt sinistre et désolé aux planches pourrissantes, aux échelles rouillées, où l'on passe parfois du temps à fureter parmi les marchandises abandonnées.
Ici, l'après-midi glacial s'enfonce dans la nuit qu'illumine déjà la lumière réconfortante des réverbères; la nuit qu'agitent le grondement sourd de la circulation automobile, la multitude des passants, un bourdonnement d'essaim incessant.
L'autre lieu que j'habite est tranquille comme un murmure, la parole y est muette et personne ou presque ne bouge - le silence une fois la nuit tombée.
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Est-ce que vous comprenez, stupides indigènes, que vous adorez un Dieu extravagant, dit le Sikh? Est-ce que vous comprenez seulement ce que dit le Coran en arabe? Un peu peut-être, mais la plupart de vos idiots de frères n'y entendent rien. Vous verriez peut-être à quel point votre Allah est intolérant, et au lieu de l'adorer, vous trouveriez quelque chose de mieux à faire.
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"Je ne veux pas rester à la maison à ne rien faire, annonça-t-elle à tante Halima. C'est ce qu'on attend des femmes. Et moi je veux faire des choses par moi-même." Cela fit sourire sa tante, cette idée qu'elle restait à la maison à ne rien faire, quand presque toute sa journée, de l'aube jusqu'à minuit, n'était qu'une succession de tâches ménagères, de soucis et de travaux épuisants.
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Il n’éprouverait aucun remords envers ses parents ; ils l’avaient abandonné autrefois pour payer leur propre liberté, maintenant c’était à lui de les abandonner. L’aide que leur avait apportée sa captivité aurait une fin puisqu’il partirait vivre sa vie. Et lorsqu’il parcourrait librement le pays, il pourrait même leur rendre visite, et les remercier de l’avoir mis à rude école pour le préparer à la vie.
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Il était décidé à lui parler. Il lui dirait : « Si c’est l’Enfer ici, alors enfuis-toi, et laisse-moi venir avec toi. Ils nous ont appris à être timides et obéissants, à les respecter alors qu’ils nous maltraitent. Nous sommes tous les deux au milieu de nulle part, rien ne pourrait être pire. Là où nous irions, il n’y aurait pas de jardin clos, planté d’épais cyprès et de buissons frémissant au vent, ni d’arbres fruitiers, ni de fleurs étonnamment brillantes. Ni le parfum âcre de la sève d’oranger le jour, ni la fragrance enveloppante du jasmin la nuit, ni l’odeur des graines de grenade. Ni le murmure de l’eau dans le bassin et les canaux. Ni le bosquet de dattiers bienfaisant au cruel moment de midi. Il n’y aurait pas de musique qui enchante les sens. Ce serait comme un exil, mais serait-ce pire que ce que nous vivons ici ? » Elle sourirait, lui toucherait la joue, qui s’embraserait. Elle lui dirait « Tu es un rêveur », et lui promettrait qu’ils créeraient un jardin à eux, encore plus beau.
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Amina demeura muette, mais elle était si immobile qu'il comprit que son silence était délibéré. Il fit mine de s'éloigner dans le jardin pour voir si elle le rappellerait.
" Quelquefois, je reste ici à te regarder ", dit-elle.
Il se retourna et se rapprocha lentement d'Amina.
" Ce travail a l'air de tant te plaire que je t'envie, fit-elle d'un ton léger. Quand le Maître n'est pas là, je vais quelquefois me promener le soir dans le jardin. Un jour, tu as trouvé une amulette...
- Oui ", dit Yusuf, en la tâtant à travers sa chemise. Il la portait autour du cou, enfilée à une ficelle. " J'ai découvert que, rien qu'en la frottant, je peux appeler un bon djinn pour qu'il exécute tout ce que je lui ordonne... "
Amina rit doucement, puis soupira. " Qu'est-ce qu'il t'a donné, ton bon djinn ? demanda-t-elle.
- Je ne lui ai encore rien demandé, il faut que je réfléchisse d'abord. Ça ne vaut pas la peine de le déranger pour rien, il pourrait être vexé et ne plus revenir...
- Quand je suis arrivée ici, j'avais une amulette, mais un jour je l'ai jetée par-dessus le mur; dans le jardin, dit la jeune femme.
- C'est peut-être la même.
- Non, elle n'était pas accompagnée d'un bon djinn...
- Pourquoi tu l'as jetée ? demanda Yusuf.
On m'avait dit qu'elle me protègerait du malheur et ce n'était pas vrai. J'espère que la tienne te protégera mieux.
- Rien ne peut nous protéger du malheur ", dit Yusuf en s'approchant lentement d'Amina, mais celle-ci referma aussitôt la porte.
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J'ai attendu le moment opportun pour vous parler de ce livre paru il y a un mois. Je voulais qu'il soit parmi mes premiers avis partagés de cette nouvelle année. Ma seule résolution littéraire pour 2022 sera de lire toujours plus "avec intentions" et cette pépite en est la parfaite incarnation (et pas seulement parce que l'auteur a reçu le Prix Nobel).

"Près de la mer" nous dit beaucoup d'un ailleurs, et d'une époque - la colonisation britannique au Zanzibar.
Il nous dit aussi beaucoup d'un ici - une terre d'accueil pas si accueillante, l'Angleterre en l'occurence, mais cela pourrait être la France ou l'Italie.
Il nous dit enfin tout ou presque du déplacement, de la trajectoire, de l'exil. Et de la famille. Et du patrimoine visible et invisible. Et du parfum des souvenirs.

Il y a tant à dire de l'histoire de Saleh Omar, 65 ans, qui débarque à l'aéroport de Gatwick avec un faux passeport et sans visa d'entrée. De son destin, étroitement lié à celui de Latif Mahmud, le traducteur que les services d'aide aux réfugiés lui présentent sur place. De la trahison, du sens de l'honneur et de la valeur de la parole.
Je ne sais par où commencer car il s'agit d'une lecture que je ne voulais pas finir (I would prefer not to - comprenne qui pourra!)

Je peux vous dire humblement que j'ai été subjuguée de bout en bout par la finesse du style d'Abdulrazak Gurnah, par la place qu'il donne à l'Histoire, et par ce que tout ce que j'ai lu a remué en moi. J'ai ressenti dès les premières pages le transport, et j'ai pris mon temps pour m'en délecter.

À votre tour, si cela n'est pas déjà fait ❤
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C'était mal de l'épouser, d'abuser d'elle parce qu'elle était pauvre. De posséder les êtres, de nous posséder de cette manière.
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Quand ces gens me disent que je leur appartiens, je t'avoue que, pour moi, c'est comme un nuage qui passe, ou un coucher de soleil à la fin du jour. Le lendemain matin, le soleil se lèvera de nouveau, qu'ils le veuillent ou non. La liberté, c'est pareil. Ils peuvent t'enfermer, t'enchaîner, se moquer de tes modestes aspirations, mais la liberté n'est pas quelque chose qu'ils peuvent t'enlever.
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Akbar began talking about the project he was working on, the renovation of the old colonial hotel and the restoration of the European quarter around it to its period splendour….. ‘
It will take a lot of money to get all that sorted,’ Amur Malik said. ‘But it’s necessary … It’s a pity the Aga Khan Trust wasn’t interested in the project. I mean, there’s tourism potential in this.’‘
But we’re confident UNESCO will sponsor it. We’re expecting a fact-finding team quite soon.’
Hard work, it’s all such hard work,’ Amur Malik said. ‘There’s nothing tougher than attracting international sponsorship.’ ‘We do our best,’ Akbar said.
I kept my eyes on both of them, to see if there was any way in which the conversation was ironic, if they were making fun of themselves, or just taking the piss. Were they soberly talking about throwing money at colonial curios when the whole town was falling down about their ears, food was short, toilets were blocked, water was available for two hours in the middle of the night, and the electricity was as likely to be off as on? And when the radio and television were blaring lies at all hours of every day and night, and for every simple thing that you wanted you had to lie belly-up on the floor and play the clown? I looked for a glint of cynicism or a tone of mockery in their faces and their voices, but they seemed absorbed by the weightiness of their concerns.

Akbar entama la conversation avec le projet de rénovation d’un vieux hotel de l’époque coloniale et la restauration du quartier européen et de sa splendeur de son époque….
Amir Malik répondit, «  Il faudrait beaucoup d’argent pour cela, mais c’est nécessaire. Dommage que la fondation d’Aga Khan ne s’y est pas intéressée, car il y a un potentiel touristique .
« En faites nous sommes confident que l’Unesco s’en chargera. On attend une équipe d’évaluation. »
«  C’est dur , dur » dit Amir Malik
« Rien de plus difficile que d’attirer les fonds internationaux . On fait de notre mieux. »répondit Akbar.
Je regardais tous les deux pour voir s’ils étaient en train de blaguer.
Étaient ils vraiment en train de parler sérieusement de jeter de l’argent dans un projet sophistiqué alors que la ville entière était en ruines, il y avait pénurie alimentaire , les toilettes étaient bloquées,
l’eau courante était disponible que deux heures par nuit, et l’électricité était la majeure partie du temps coupée ? Alors que la radio et la télévision étaient en train de raconter des balivernes, et pour obtenir la chose la plus simple il fallait se coucher à terre sur le ventre et faire le clown ? J’ai cherché un ton de cynisme ou un air de moquerie sur leur visages, mais non ils continuaient à converser sérieusement sur le sujet qui les concernait.

*Ca se passe au Zanzibar.
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