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Critiques de Adèle Van Reeth (122)
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La vie ordinaire

“L’aventure est dans les détails.....”, nous dit Adèle Van Reeth, qui découvre pendant un cours de philo à Chicago, l’importance de « l’ordinaire ». Selon le philosophe contemporain Stanley Cavell, grand lecteur d’Emerson, la possibilité de la transformation ne peut se faire qu’au prix d’une certaine attention accordée à l’ordinaire. « La transformation » ici étant celle de l’homme en but d’un perfectionnisme moral, qui n’a rien à voir avec la perfection même , puisque ici philosophiquement parlé ça signifie briser l’opposition entre le bien et le mal et de montrer que l’essentiel de nos actions se situent entre les deux. Voilà ! Sauf qu’Adéle ne sait pas ce que c’est cet ordinaire. Eh bien elle va aller trouver Cavell , qui lui sort ,”Oh but you see… L’ordinaire n’est pas un concept. C’est une quête”. Ai , ai, ai.... “Je venais de déjeuner avec Indiana Jones et le Graal n’avait jamais été si loin.” Nous sommes déjà à un quart du livre et Adèle en mêlant, vie privée, grossesse et quête de l’ordinaire n’est pas plus avancée que nous lecteurs et lectrices. Le Graal va se faire attendre et comment !

À la recherche de l'ordinaire elle nous parle d'elle-même, de son état dépressif et de ses problèmes avec sa mère. La façon "ordinaire " qu'elle aborde le sujet m'a un peu déconcertée. Cette mère qui l'appelle et sa façon de la traiter et décortiquer sa simple question "Comment ca va?" me parait immature, voir cruelle, pour une personne qui se veut philosophe, c'est-à-dire qui réfléchit.

Je trouve qu'elle-même est perdue dans ce labyrinthe de "l'ordinaire" un sujet qu'elle a probablement trouvé formidable pour coucher sur papier. A cette fin elle compose des chapitres aux titres de romans jeunesses et lance des slogans, “L’ordinaire, c’est le degré zéro de l’existence”, quelle condescendance ! Elle pisse dans la nature, et en fait un paragraphe.... Ou, elle dit "Moi non plus je n’ai pas compris la vie, et je suis de moins en moins sûr qu’il y ait quelque chose à comprendre, mais je préfère mille fois la compagnie d’Oblomov à celle des silhouettes qui croient bouger quand elles ne font que piétiner " , encore je répéterais quelle condescendance !

Le texte n’est pas dénudé de réflexions intéressantes comme celle de l’attraction de la possibilité d’une autre vie , que j’avais mis en citation. Elle étale aussi sa culture littéraire de façon assez adéquate au "sujet", en faites un sujet que je devine puisque il est invisible 😁! Mais l’ensemble bien que très bien écrit, est disparate et en fin de compte sans grand intérêt, du moins pour moi. Elle dit que son rêve est d’écrire un livre sur rien, qui n’aurait presque pas de sujet ou où le sujet serait presque invisible, eh bien c’est réussi ! L'ordinaire 😁en y est plein dedans , inclus son acte de pisser dans la nature !

Je ne regarde plus La Grande Librairie depuis longtemps mais le fait qu'elle soit passée chez Busnel avec ce livre m'étonne d'une part, et finalement pas tant que ca vu son contenu. À mon avis si vous voulez lire quelque chose à ce sujet de plus consistant vous conseille "S'émerveiller" de Belinda Canonne....Elle aussi parle de l'ordinaire, mais pour elle et pour moi l'ordinaire n'est pas la vacuité de l'existence, au contraire sa richesse, qu'il faut être capable de voir, regarder, entendre, sentir, apprécier, et en profiter, sans être obsédé à regarder son propre nombril et penser à sa propre fin.....C'est optimiste et un vrai plaisir de lecture, ce qui est loin d'être le cas ici. À un moment pourtant elle parle de Clément Rosset "qui aimait le tragique de l’existence et qui en faisait la condition de son bonheur et de son goût pour les bonnes choses de la vie", mais apparemment pour elle ce n'en est pas le cas.

"La vie ordinaire "d'Adèle Van Reeth qui philosophe au grès du vent à travers le prisme de sa vie privée, agrémentée de divers pensées philosophiques des grands noms de la philosophie et de la Littérature, franchement ne m'a pas intéressée du tout.

Je regrette mon précieux temps que j'ai passé à le lire.

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Inconsolable

Inconsolable, oui, je suis inconsolable d'avoir dépensé 18 euros dans l'achat d'un aussi mauvais livre! Jusqu'ici, je ne connaissais pas Adèle Van Reeth, nouvelle directrice de France Inter et compagne du pseudo-philosophe médiatique et controversé, Raphaël Enthoven. Ce n'est donc pas pour son nom, écrit en lettres gigantesques sur le bandeau, que j'ai acheté ce livre. Non, si je l'ai choisi, c'est pour son thème principal, la mort du père, sujet grave et délicat.

Qu'attendais-je de ce récit autobiographique? De l'émotion bien sûr mais aussi de la profondeur et pourquoi pas quelques clefs, de celles que nous offre parfois la philosophie et qui aident à traverser les épreuves de la vie. Hélas, ma déception fut à la mesure de mon attente. Car si Adèle Van Reeth se livre bien, nous dévoilant sa tristesse et ses peurs, elle le fait malheureusement dans un récit entrecoupé de mille digressions, éloignant immédiatement le lecteur de l'empathie qui commençait à le gagner. Que nous importe qu'elle fasse l'éloge de la cigarette ou qu'elle nous détaille les désagréments qu'il y a à vivre avec un chat. Fallait-il en faire des pages et des pages? Si je comprends l'idée de l'auteure, qui est de confronter la mort inéluctable aux petits riens de "la vie ordinaire", je m'agace de ce qu'elle me vole mon émotion de lecteur. Ces longs passages dénués de tout intérêt donnent au livre un son creux qu'il ne méritait sans doute pas.



Quant au style, comment dire... Le mieux est peut-être que j'en livre ici un petit échantillon: "Un papa, ça ne devrait pas mourir. On pourrait avoir un papa pour la vie, et pourquoi pas? Un papa qui ne meurt pas. Tu as rendu l'âme; mais à qui? On peut rendre ce qui nous a été donné, mais qui t'en avait fait don, et pourquoi faudrait-il la rendre? C'était juste un prêt?"

Peut-être suis-je restée à la porte du récit en raison de cette écriture faussement simple et authentiquement niaise. Vers la fin du livre, l'auteure s'adresse à son compagnon dans une très longue tirade. Raphaël est déprimé, un peu ronchon aussi. Alors elle va le "coacher", dans le style " tu vois mon chéri, la mort peut surgir à tout moment alors profite de la vie car au fond rien n'est grave". Du mauvais feel good déjà cent fois écrit.



Bien sûr je respecte la douleur de l'auteure mais fallait-il en faire un livre? Aujourd'hui les "écrivains" fleurissent à tous les coins de rue et chaque personne qui a un peu de notoriété pense immédiatement qu'elle doit coucher sa vie sur papier. C'est beaucoup d'orgueil et souvent peu de talent. J'écouterai les émissions animées par cette dame et peut-être que j'apprécierai son art de mener les débats mais il est certain que je ne lirai plus ses livres. Quant à l'inconsolable, celui qui nous marque et nous blesse dès la naissance, il n'est de meilleure personne pour en parler que Stig Dagerman dans "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier". Cette lecture-là, profonde, bouleversante et merveilleusement écrite nous ouvre, elle, un infini de réflexions.

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La vie ordinaire

Ne pensez pas que la vie ordinaire soit la vie tranquille.



J'avais hâte de lire les confidences de celle avec laquelle, depuis près de dix années, j'ai (presque) chaque jour, week-ends et grandes vacances exceptés, rendez-vous. Ce ne sont pas des cinq à sept, plutôt des dix à onze. Adèle van Reeth c'est une voix (mais pas que), douce, suave, indulgente, espiègle, des silences aussi, ceux qu'elle sait distiller à l'écoute de ses invités sur ces Chemins de la philosophie. La voix, sa tessiture, dont un philosophe (j'ai oublié son nom) confiait sur cette même France Culture qu'elle était plus essentielle que le contenu qu'elle annonçait...



Normalement, les trouvant par trop impudiques et ennuyeuses, je fuis les histoires de familles mais le récit de la normalienne m'invitait à la démythifier. Je me suis toujours demandé en effet qui étaient ces intellectuels et autres leaders d'opinion, avaient-ils trouvé la recette du métier de vivre, vers quelle transcendance s'élevait leur existence, dans quels endroits cette caste allait-elle dîner lorsqu'elle quittait les loges de Roland Garros ou au terme du dernier acte à l'opéra ? Et d'ailleurs se nourrissait-elle, allait-elle à la selle ou bien, pur esprit, ne se substantait-elle que de la monade chez Leibniz ? N'évoluait-elle que dans ce seul statut de "la vie en mieux" dont Truffaut caractérisait le cinéma ?



Eh bien non, outre le fait que l'auteure, par le détail, nous dévoile sa manière de pisser dans la nature, elle nous livre également sa façon d'être "belle mère" de trois enfants et, non sans un accouchement long et douloureux (certains praticiens exigent encore de la femme de mettre bas dans la douleur) son rapport tendre à la maternité.

Elle révèle aussi sa relation parfois difficile (pléonasme ?) avec son compagnon et cette fameuse "charge mentale" que subissent les femmes en leur foyer dans une société toujours patriarcale .

C'est, il me semble, un livre de femme empreint de beaucoup de sincérité et d'émotion, à l'endroit d'autres femmes, en une sorte de complicité sororale. Est-ce donc ainsi que les femmes vivent ?

Et en parallèle, l'erratique élaboration d'un livre, autre maïeutique, la vie et l'écriture.

L'intérêt de ce récit en est la façon d'expliciter comment une femme tente d'accorder sa vie, sensuelle, familiale, intellectuelle, professionnelle, de donner , à défaut de sens, un mouvement à ces répétitions, de s'arracher à l'immanence, à l'absurde vers la finitude, sans que jamais ou presque, la philosophie (Emerson, Thoreau, Cavell, Rosset) ne résolve sa problématique :" le soin qu'ils ont mis à n'apporter aucune réponse aux questions que je me posais est sans doute ce qu'ils m'ont légué de plus cher."



Pour l'anecdote, une de mes amies, intello, se désolait parfois de soirées avec certains de mes acolytes : "ça ne décolle pas" se lamentait-elle, cependant qu'aussi elle savait claquer la malheureuse porte de mon réfrigérateur en s'exclamant :" il n'y a rien à bouffer dans ton putain de frigo !" Tel est le difficile chemin de crête du quotidien, le paradoxe et l'aporie de nos exigences pour appréhender le réel et dans un subtil entre-deux, tenter d'unifier le corps et l'esprit.



Voilà donc, à défaut de l'essentialiser, un viatique pour aider à améliorer l'ordinaire (qui signifie mise en ordre), à se colleter avec les choses de la vie et leur intranquille contingence.



"l'existence ne contient ni mystère ni transcendance, ce que nous voyons n'est pas l'apparence qui cache une essence secrète, c'est tout ce qu'il y a à voir, le monsieur qui fait la queue au supermarché, la bordure du trottoir, les feuilles qui tombent ou qui poussent"



Et cependant, au delà de l'implacable lucidité, la consolation demeure :



"Dans la lumière chaude de fin de journée, le soleil, la mer et les rochers ne font qu'un, un monde qui n'a pas besoin de moi et que j'aime plus que tout."









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Inconsolable

Loin de chez moi, j’ai terminé ce livre qui m’a fait très chaud au cœur. Un livre coup de coeur.

J’ai épinglé des tas de passages que je vous partage plus bas. Sachez juste que ce livre, si vous traversez un deuil deviendra aux premières pages votre meilleur allié. L’auteure parle du deuil, du vide, de la tristesse avec des mots d’or, elle nous donne la permission (enfin) de pleurer et d’être triste. Et misère que ça fait du bien !



« Dites-moi au moins que je m’en sortirai. Peut-être. L’inconsolable est sans prophète ni tambour. Mais alors, à quoi bon ? Fausse route: l’insondable n’est pas un alibi. Il est la preuve que vous êtes bien en vie, et n’empêche pas la bonne humeur. »



« L’amour de mon père (ami/amoureux,…) est irremplaçable: cette qualité d’amour-la, je sais que je ne l’aurai plus. Elle ne continuera à exister que sous la forme du souvenir. Et pour l’instant, le souvenir, je n’en veux pas, je suis trop triste d’avoir perdu le présent pour trouver dans le souvenir la moindre consolation. Laissez-moi pleurer la perte de mon père (ami/amoureux) au présent avant de me moucher avec mes souvenirs. »



« Madame la tristesse, je rêve d’une tristesse qui soit aussi simple que : je suis triste, je pleure. Mais c’est toujours plus compliqué. Je suis triste, je me renferme, je ne réponds plus, je suis agressive, je ne trouve pas mes mots, j’en veux à la terre entière de ne pas voir ma tristesse que je porte malgré moi comme un secret. »



Tout dans ce livre est 𝘀𝗼𝘂𝗹𝗮𝗴𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁/𝗹𝗶𝗯𝗲𝗿𝘁é/𝗹𝗶𝗯é𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗲𝘁 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗼𝗹𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻.
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Inconsolable

«Toi qui entre ici, abandonne tout espoir ! » l’inscription que Dante a lu sur la porte des enfers serait un excellent bandeau pour ce récit sinistre et pathétique dans lequel Adèle résume en cinq saisons la mort de son père Benoît Van Reeth.



« Quand je dirai «papa», qui me répondra ? Ce mot ne s'adressait qu'à toi. C’est un mot intransitif à présent, un mot sans réponse, un mot qui s’arrête, un mot qui s'adresse à un mort. Mon papa, tu n’es plus là, du tout, je suis sans toi, et je ne men remets pas. », murmure la journaliste quand, au terme d’un long hiver, son père s’éteint, vaincu par une tumeur au cerveau, le dimanche 28 février 2021. Cette première moitié bouleverse tout lecteur compatissant à l’épreuve vécue en pleine épidémie Covid, en confinement restreignant les visites aux malades et interdisant à ses frères expatriés de revoir leur père.



La seconde moitié révèle une personnalité nativement dépressive « Avant, il y avait déjà la tristesse, la tristesse sans cause, l’inconsolable sans nom …j’avais sept ans, puis douze, puis seize » se complaisant dans l’affabulation « à dix-huit ans j'en ai eu assez d’inventer des scénarios de toutes pièces pour justifier une tristesse que je ne comprenais pas et qui me handicapait socialement. Soudain c’était l’indifférence dans les yeux des autres et je pensais ne pas pouvoir y survivre, alors j'inventais des morts pour légitimer ma peine et recevoir enfin l’attention qu'il me manquait. ». Cet aveu (p. 113) ébranle le lecteur qui se demande si les cent premières pages ne sont pas mensonges inventés pour valoir à l’auteur une attention qui lui manque ? Une journaliste peut-elle noyer son lectorat dans des « vérités alternatives » ?



« Pourquoi faudrait il avoir le bonheur modeste ? » interroge Adèle Van Reeth (p 189) à qui nous retournons la question en lui demandant pourquoi elle n’a pas « le malheur modeste ? ». Les quatre saisons postérieures au décès sont en effet une longue pleurnicherie où la pensée s’égare parmi les invasions félines, les citations littéraires, les évocations musicales, sa grossesse, sa mère et ses grands parents, beaucoup de répétitions, et dégage un parfum impudique et nauséabond qui aboutit à une conclusion désespérante. Récit très inférieur à « La chute de cheval » de Jérome Garcin, sur le même sujet de la mort d’un père, qui révèle une plume, une sincérité et une élévation d’esprit appréciables.



Souhaitons à Adèle de soigner sa dépression chronique (puisse son récit y contribuer), de se consoler et de découvrir des raisons de vivre et d’espérer.



Le lecteur évitera donc cette lecture « feel bad » … qui condamne à une prescription d’antidépresseurs.



PS : mon appréciation de « La chute de cheval »
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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La vie ordinaire

LA VIE ORDINAIRE ADELE VAN REETH

Mauvais livre. J’aime bien entendre Adèle Van REETH sur France culture : ses émissions philosophiques le matin à 10 H. Par ailleurs, elle a pris la suite JP ELKABACH sur LCP, pour une émission littéraire et anime encore une émission sur l’art. Beau parcours. Une femme philosophe, très bien, jeune, dynamique, très bien. Elle est invitée à la grande librairie, où l’impression qu’elle me donne est assez moyenne, mais j’avais déjà acheté le livre car le sujet m’intéresse : la vie ordinaire : dans un monde dont on ignore l’essentiel : pourquoi et comment il existe (pourquoi y a-t-il de l’être plutôt que rien), quel est le mystère de la vie, et, au sein de ce stupéfiant mystère, pourquoi est-on astreints à faire des choses ordinaires, banales, répétitives.

J’attendais une réflexion philosophique un peu originale et assez élevée de cette intelligente et sympathique philosophe.

Au lieu de cela, voici qu’elle nous narre sa grossesse, son accouchement et sa vie de belle-mère des 3 fils de Raphaël ENTHOVEN. Nous voici dans le people. Nous nous interrogeons sur le pourquoi de son ascension audiovisuelle en présence d'un tel mentor…

Donc épisodes de la grossesse, depuis les 2 barres du test de grossesse, jusqu’à l’accouchement par césarienne, sans oublier la visite chez la fille de Camus et la visite à son père malade. Description de la banalité qui ne décolle pas. Pipi dans l'herbe et petits footings, désolée, ç'est juste ennuyeux. La référence à l’ange du foyer de Virginia WOOLF nous réveille de cette banalité et nous rappelle que le sujet peut être abordé de manière intéressante.

Petites digressions quand même pour constater que les philosophes les plus connus n’ont pas accouché : hommes, Simone Weil, Simone de Beauvoir, Annah Arendt. En gros, tous ces philosophes se questionneraient moins sur l’existence et le réel s’ils avaient conçu et enfanté une autre vie...Tout ça pour ça ! Remarques sur le rôle nécessairement égalitaire du père pour l’éducation de l’enfant.

Pour finir, on apprend qu’elle a été encore enceinte 2 ans après la naissance de son 1er fils et a décidé d’avorter de jumeaux, juste parce qu’elle n’en avait pas envie. On s’en fout un peu et cela n’apporte aucune réflexion pertinente sur quoique ce soit.

En bref, il ne manque que des photos et on envoie à GALA. On perdrait moins de temps à le lire.

Au lieu de saisir des concepts philosophiques, même simples, on subit la relation de sa difficulté à écrire sur le sujet, et la relation banale de sa grossesse, aussi ennuyeuse que les photos de vacances des autres..

« l’ordinaire, c’est le degré 0 de l’existence » L’auteure n’est pas montée bien plus haut…

Du temps perdu. Je ne dis pas merci à François BUSNEL.



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La vie ordinaire

Ecrit avant le confinement, » La vie ordinaire « est un essai d’Adèle Van Reeth publié en ce printemps 2020 aux éditions Gallimard.



Née en 1982, Adèle Van Reeth est philosophe et productrice de l’émission » Les chemins de la philosophie » sur France Culture, depuis 2011. Après des études en classe préparatoire littéraire, elle intègre l’Ecole normale supérieure. Elle travaille alors sur le philosophe américain Stanley Cavell, le cinéma, et la pensée de l’ordinaire.

En 2018, elle a animé l’émission littéraire Livres & vous diffusée sur Public Sénat, et elle anime aujourd’hui D’art d’art ! sur France 2.



p. 62 : » L’ordinaire n’est pas un concept. C’est une quête. «



Après ces mois de confinement, de privation de certaines de nos libertés, les petits moments de la vie ordinaire prennent la dimension de l’extraordinaire aujourd’hui. Cette période durant laquelle la vie nous a paru figée a eu pour effet de porter un regard nouveau sur notre propre manière d’habiter et sur notre relation aux autres. Adèle Van Reeth aborde dans cet essai deux thèmes rarement explorés jusqu’ici en philosophie : l’ordinaire et l’expérience de la grossesse et de l’accouchement. Au fur et à mesure de la lecture, nous comprenons le lien entre les deux, subtile combinaison !

p. 15 : » J’ai un problème avec la vie ordinaire. Quelque chose ne passe pas. «

Si l’ordinaire peut se révéler dramatique ou merveilleux, il manquait cet entre-deux.

C’est en suivant des cours de philosophie à l’université de Chicago que le déclic va s’opérer pour la narratrice.

p. 24 : » Je me disais qu’après cinq années d’études, il m’avait fallu traverser l’Atlantique pour découvrir que l’ordinaire avait droit de cité en philosophie. «

Bien loin de lui apporter une réponse, ce constat est le commencement d’une recherche active sur le sujet. S’inspirant des écrits d’Emerson, de l’expérience de David Thoreau dans » Walden » ou encore de Virginia Woolf dans » Une chambre à soi « , la philosophe s’interroge sur sa propre relation à l’ordinaire, que nous confondons trop souvent avec le quotidien.

p. 63 : » Le banal est condamné à le rester ; l’ordinaire, lui, déplace parfois le regard vers ce qui le dépasse. «

Finalement, comparer le quotidien et l’ordinaire revient à comparer être et exister.

p. 74 : » Exister, c’est ne pas se contenter d’être, et tenter d’en faire quelque chose… »

Dans les expériences du rapport au monde et à l’ordinaire, il y a l’expérience de la grossesse dont la narratrice va faire le constat d’un ancrage inéluctable.

p. 42 : » A quel moment m’a vie a-t-elle rejoint mon sujet d’étude ? «

Cette humilité dans l’attente, ces paroles adressées à l’être en devenir, cet amour inconditionnel sont autant de confidences profondément touchantes.

p. 11 : » On va se libérer l’un de l’autre, et de cette distance entre nos deux corps naîtra notre rencontre. «

Si le sujet est vaste et propice à de grandes réflexions, l’auteure y mêle des situations cocasses du quotidien, permettant ainsi aux lectrices et lecteurs de s’identifier.

Lire est très souvent une histoire de rencontre. Je reste convaincue qu’il n’y a pas de hasard. Un livre appel le lecteur à un moment opportun. Je savais que celui-ci serait une lecture marquante avant même l’avoir ouvert. Et il le fut ! Lire cet essai c’est prendre part à une expérience philosophique passionnante ! Unique bémol : beaucoup trop court ! Pour compléter cette chronique, je vous conseille fortement d’écouter l’interview d’Adèle Van Reeth sur France Culture dans l’émission » L’invité(e) des matins » présentée par Guillaume Erner.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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La vie ordinaire

Je suis face à un conflit de loyauté. Ma fille m’a offert pour noël « La Vie Ordinaire » d’Adèle Van Reeth. Elle adore cette femme pour son émission sur France Culture. Quand elle a appris la sortie de son livre, elle a eu envie de l’offrir a sa grand-mère et à moi. Ma fille n’a pas encore lu cette publication de nrf Gallimard.



J’étais heureux de son cadeau, car j’aimais bine aussi Adèle Van Reeth, l’écoutant souvent aux Chemins de la philosophie. Je commence donc à la lire. Et, stupeur, elle est avec quelqu’un que je méprise par-dessus tout Raphaël Enthoven. Mais ce n’est pas son problème à elle, ni le miens après tout. Mais plus j’avance dans ce livre publié par nrf Gallimard, plus je me pose des questions sur ses qualités. Le propos est superficiel sur la pensée sur l’ordinaire (mettre en ordre le chaos ambiant général), les exemples inadaptés, par moment je crois lire des morceaux de Voici, Gala ou de Point de vue et image du monde.



Je crois que je bascule dans la distanciation lorsqu’elle s’interroge sur être belle mère, ni belle ni mère, mais elle de la chance « ces enfants sont vraiment beaux », par intelligents, pas joyeux, pas prévenant, pas gentils mais Beaux et en cela elle a de la chance. Donc être beau est la seule chose qui compte. Donc Enthoven n’a de valeur à ses yeux que parce qu’il est beau et que cela lui fait un beau trophée à afficher en temps que femme ayant réussi sa féminité. Du reste on ne parle de lui que lorsqu’il baise bien dans un hôtel (désolé de ce propos grossier), le reste du temps il se contente d’être beau et absent.



Ensuite viens le moment ou elle exprime son opinion sur les saintes.



« Une sainte n’a pas de désir, ou bien elle se sacrifie en sacrifiant son désir ».



Mais que connait-elle de Saint Thérèse D’Avila, Sainte Thérèse de Lisieux, sainte Jeanne d’arc, sainte Bernadette et pourquoi pas Sainte Marie Madeline. Ces femmes auraient sacrifié leur désir, leurs passions ? Que sait-elle de leur désir et de leurs passions ? Que sait-elle-même de leur vie. Ça sent le mauvais exemple. Ça semble presque la brève de comptoir, pire ça fleure la « dame patronnesse de l’athéisme », oui, ça existe la « bien-pensance athée ».



Ensuite, entre un aller-retour entre son pipi dans la nature et une tirade sur le philosophe américain, elle nous assène qu’elle vie avec des joueurs. Hou là là, je suis très fan des jeux de société en général, ceux coopératifs ont ma préférence et le jeu de rôle en particulier est une vraie passion. Je crains qu’elle ne parle que de ce jeu néolibéral par excellence, du Monopoly et paf, ça ne loupe pas. A partir de là je ne suis plus à l’aise dans ma lecture. Je me demande qui est finalement cette personne ? Je découvre finalement une écriture pauvre.



Je crois que ce qui m’achève c’est sa description de Winnie dans « oh, les beaux jours » de Becket. Elle n’a pas grand-chose à en dire, ma prof de Français en première en avait dit beaucoup plus en 1980.



Et entre son bébé et le philosophe américain ça avance, sans aller nulle part. Je ne parle même pas de son avortement, je me demande pourquoi elle en parle. Et cela se termine par la mort de son père et son enfant a qui elle aurait voulu parler. Voilà, voila. Et nrf Gallimard publie cela.



Je ne comprends pas ce que font les maisons d’édition. C’est quoi leur travail ? Vendre des trucs qui vont se vendre, car la nana est connue ?



Et moi, et mon conflit de loyauté qu’est ce que je dis à ma fille ? Finalement je lui parlerais du Mook sur Dune et comme philosophie nous explorerons les questions que posent Judith Butler.
Lien : https://tsuvadra.blog/2020/1..
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Inconsolable

«  La maladie rend le possible inévitable, mais pour combien de temps? . »



«  Er depuis tout ce temps j'attends, L'attente suspend et freine, elle cabre le temps, l'attente c'est moi non plus avec mais contre le temps, je voudrais retenir le temps pour maintenir mon père en vie et l'accélérer pour pouvoir respirer à nouveau » .

«  Comment être en paix avec la fin ? » .



«  Je sais que les mots ne pourront rien . Je sais qu'ils n'auront aucune action sur mon chagrin …Comme le reste de la Littérature » .



Quelques passages de ce récit autobiographique où la philosophe se livre et conte l'année de la mort de son père. « L'intranquillité a ses vertus mais pas quand on est à bout de souffle » .



Elle se livre d'une écriture haletante et nerveuse, tisonne sa douleur et son impossible besoin de consolation par écrit en relatant la mort de son père , décrit le naufrage physique du malade , qui subit une tumeur au cerveau , ,son incompréhensible optimisme alors qu'il sait très bien qu'il est condamné . 

«  Comment puis - je aller moins bien que lui ? » S'interroge sa fille lorsque du fond de son lit d'hôpital, il prétend «  aller très bien » .



Avec une simplicité mêlée de désespoir, de rage et de révolte parfois , elle décrit «  l'absence de drame » , les nombreuses questions sans fin qui envahissent sa tête, cette maudite cigarette qui sait se faire à la fois poison intense et rejet.



Elle nous plonge avec talent , dans les méandres béants de sa tristesse, exprime avec force son impossibilité absolue à dire qu'elle va mal , ou son sentiment atroce d'être «  une mauvaise mère » à travers son désarroi et son chagrin.

Puis , une fois le décès arrivé, égrène avec douleur la liste déchirante , émouvante, douloureuse des «  plus jamais » , «  Plus jamais tes bras autour de moi, plus jamais les trois notes que tu sifflais en rentrant » .



C'est le journal de bord de la perte inouïe , le début du deuil , ce néant faisant s'entremêler avec grâce , âpreté , réalisme , amour , chagrin , mort et abondants souvenirs.

Il faut s'habituer à un monde sans lui , rien ne change et pourtant le monde n'est plus le même , la vie continue , les matins se succèdent , un nouveau chat arrive ce chat «  que sa famille lui fait dans le dos » , lui imposant ce petit félin alors qu'elle aspire à un nouvel enfant ….



Semblable à l'horreur qui la saisit , quelques mois plus tard lorsqu'elle réalise que le beau visage de son père «  est devenu une photo » .



Le drame ne serait- il qu'une suspension provisoire de nos soucis ? .



Mais alors , nous autres , êtres inconsolables, aurons- nous la possibilité de jouir de l'existence en connaissance de cause ? .



Un grand livre sur l'amour . le chagrin conduit le coeur vers la littérature comme un enfant se réfugie dans les bras de sa mère.

Est - ce que les mots des autres consolent ? .



Un beau récit d'une lutte intérieure, mais aussi le compagnon d'une femme et de son chagrin.

Texte percutant et sensible sur le deuil ,pétri d'émotion et de retenue .



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La vie ordinaire

Livre qui mêle consciemment ou inconsciemment scènes de vie courante dans la petite bourgeoisie parisienne mondialisée et philosophie magazine.

Je l'ai lu pour mettre un style sur une voix qui m'a jadis été familière, du temps ou je me promenais sur les ondes du service public.

De ce fait, j'y ai vu une convergence. Je me suis sevré de l'un et je ne risque rien avec l'autre.

Il y a bien quelques passages savoureux où l'ordinaire semble être pour une néomaman ayant décidé (quel sacrifice) de s'occuper à la maison de son premier bébé au moins pendant quelques temps (semaines, mois?) de faire venir une nounou pour garder ladite petite chose quelques heures chaque jour pour souffler, vivre quoi...

On comprend assez vite à la lecture de ce qui ressemble furieusement à une autobiographie nombriliste que plusieurs univers cohabitent au sein d'un même peuple et qu'il peut être difficile pour les uns d'imaginer la vie ordinaire des autres

J'y suis donc parvenu, pas uniquement grâce à ce livre, mais ce n'est pas forcément une bonne chose.
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La pudeur

A la fois morale et érotique, la pudeur est une vertu très troublante qui pour certains peut paraître désuète de nos jours. On pense tout savoir sur la pudeur mais en réalité le concept est complexe. Adèle van Reeth et Eric Fiat en font l'éloge dans ce petit livre d'entretien qui peut facilement se glisser dans une poche. Le dialogue entre les deux philosophes s'articule par petites touches où sont abordées les notions de désir, d'érotisme, de coquetterie, de décence, de honte… Les auteurs cités sont nombreux. Les références sont également abondantes et éclairent un propos toujours intelligeant et passionnant. Tout au long du dialogue, les deux philosophes s'interrogent sur la définition de la pudeur, différemment des dictionnaires, et l'exploration de la notion de pudeur se confond avec son éloge. La pudeur a du charme, elle aiguise le désir, « La pudeur participe aux joies du désir.» Comme toujours, Eric Fiat parle avec d'infinies précautions et utilise les mots avec tact pour parler d'elle. Pour Eric Fiat, il en va de la pudeur comme de la simplicité ou l'humilité, on ne peut s'en prévaloir sans immédiatement la perdre.

«Disons-le d'emblée, écrit Adèle van Reeth, ce livre ne se présente pas seulement comme une réflexion sur la pudeur mais aussi comme l'occasion d'en faire l'éloge.»

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La vie ordinaire

Philosophe et femme de télévision,Adèle Van Reeth interroge dans ce livre entre essai et récit le sens de la vie, mais surtout le poids du quotidien que nous partageons tous : les dimanches, les parties de jeux de société, l'heure du bain.





.Enceinte de son premier enfant au moment de l'écriture du livre, Adèle Van Reeth livre un témoignage philosophique et intime sur la parentalité, l'accouchement et la maternité



.Un quotidien que l'on recherche aussi désespérément que l'on souhaite le fuir parfois, tellement il peut contradictoire ...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La vie ordinaire

Ce livre est une déception. Je l'ai acheté car Adèle van Reeth est une personnalité que j'apprécie et le thème me paraissait original et intrigant. Malheureusement, on découvre une écriture sans saveur, avec des effets lourds et superflus. Je me suis senti trompé par le titre et la quatrième de couverture puisque ce livre se révèle être une autobiographie dans laquelle l'auteur relate abondamment sa grossesse et de sa vie de jeune mère (sans grande originalité hélas) et décrit son incapacité à écrire sur la vie ordinaire. On regrette donc que les quelques passages sur la vie ordinaire, intéressants et évocateurs, soient si peu nombreux et on referme le livre en en sachant beaucoup sur Adèle van Reeth mais pas grand-chose sur la vie ordinaire.
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Inconsolable

Très touchée par ce texte de la philosophe Adèle van Reeth sur le décès de son père et son chagrin.

Elle raconte de manière très simple la maladie de son père ( tumeur au cerveau), son attachement, sa mort et la tristesse qui ne la quitte plus ensuite. A partir de son témoignage personnel, elle atteint l'universel. Elle pose de nombreuses questions sur la fin de la vie et le chagrin des proches, la manière de continuer à vivre sans ceux qu'on a aimés. Elle se livre de manière très sincère. Un ouvrage qui pourra toucher tout le monde.
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Inconsolable

Un livre magnifique, qui déplace des choses que l'on connaitra toutes, mais qui renouvelle ces banalités avec les mots de l'autrice. Le style est impeccable, c'est assurément un grand livre sur l'amour de la vie, et en aucun cas sur la peur de la mort ! Coup de coeur absolu...
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Le complexe de Shéhérazade

Quand Sfar se livre dans un entretien avec la philosophe Adèle Van Reeth, il offre un parcours livresque de sa jeunesse et une vision de la littérature partagées par beaucoup d'écrivains.

Ses lectures d'enfance entre les super-héros de la culture populaire et les héros de la culture classique ont formé son goût du texte et de l'image.

Mais la particularité du bédéiste vient de cette mixture où la philosophie et la religion juive sont incorporées à ses lectures d'adulte. Il se construit un monde imaginaire foisonnant qui a donné plus tard "Le chat du rabbin" entre autres ouvrages. Même le cinéma le fascine car la réussite d'un film vient de l'émotion que l'acteur suscite.



La construction et l' expérience du niçois le conduisent à refuser les dogmes d'écriture. Cependant il donne quelques pistes pour une création littéraire aboutie: raconter une histoire donnant un sens à un lecteur universel, créer une voix pour donner de l'émotion comme chez Dumas ou créer un monde pour le rêve comme chez Tolkien.

Sans compter qu'utiliser le mythe et le transformer apporte un autre regard sur notre monde contemporain.



Cette célébration de la lecture m'a beaucoup enthousiasmée.

La place du rêve étant prépondérante , avec modestie et jovialité Sfar se confie dans un autoportrait sans fard..

Un bilan de jeunesse réussi et une identité attachante qui tout comme Patrice Franceschi ( mais lui dans l'engagement) porte la force du rêve.

Shéhérazade l'a bien compris: pour survivre il faut imaginer.

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Inconsolable

Le grand départ annoncé avec cet après inconnu, puis ce fichu manque.

Du statut de père en combat contre son cancer depuis 2 ans, le père d’Adèle Van Reeth passe à ceux que l’on appelle en fin de vie. Terme qui sous-entend qu’on ne sait pas quand le malade va nous quitter, comment il va le faire, ni si nous serons à ses côtés le moment venu.

L’autrice a commencé l’écriture de ce livre en se disant que cela ne changerait rien, ne guérirait rien, mais que le besoin de mettre cet évènement à plat se révélait impératif pour elle. Même allaiter son enfant pendant qu’elle tape le texte sur l’ordinateur ne la freinera. Faut que ça accouche.

Dès les premiers mots, les premiers chapitres nous sommes plongés dans l’environnement et la tête d’Adèle Van Reeth. Elle est à vif, cette période puis la perte l’ont massacré.

Elle en est devenue plus humaine pour moi qui la considérait comme un être froid, hautain, trop affirmative à chaque fois qu’elle prenait la parole lors des émissions littéraires, émissions qu’elle animait avant de devenir Directrice à France Inter.

Quelques redites dans ce livre, beaucoup même, mais on peut lui pardonner ; elle avait besoin de le dire avec toutes sortes d’images, tout type de mots, sous tous les angles



Quelques citations parleront mieux que tout ce que je pourrais commenter de ce témoignage.

« Il existe une tristesse sans consolation. Un état d’âme puissant et indépendant de toute causalité explicite. C’est l’inconsolable, ce sentiment de perte qui persiste, la certitude qu’il manque quelque chose à notre vie, comme si nous n’étions pas complets et que cette incomplétude originaire naissait non pas de la frustration, ni de la colère, mais un chagrinais nom, sans visage. »

« Cette tristesse peut devenir une histoire d’amour toxique. »

« Il y eut tellement de rendez-vous d’où je pensais sortir en larmes, je redoutais le rendez-vous de la -dernière fois-, …une situation d’urgence qui dure deux ans ça consume combien de réserve d’énergie, sans doute celle qui était prévue pour les dix prochaines années, j’ai tout cramé, j’ai tout donné… ».

« Je m’adresse à toi, enfin, je rassemble mon courage et j’écris, sans avoir de message à te délivrer …ce qui me manque, c’est un type de présence que j’ai encore, mais qui a changé depuis que l’horizon de ta disparition s’est dessiné dans ma vie. »

« Voilà un an que tu es mort. Un an que le monde n’est plus le même….Je prends la mesure du temps qui coule sans toi . »

« Mon papa, je voulais te dire que je vais bien …je compose…mes larmes coulent moins…c’est ta manière d’être resté au monde, un grain de sel au creux d’une larme.»



En un mot, j’ajouterais ; on survit, ça oui, mais comment ? À quel prix ? Jusqu’à la prochaine perte d’un être cher dont l’absence mérite elle aussi tout notre amour, toute notre tristesse.
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Les chemins de la philosophie

Ce livre est une compilation de la retranscription de quelques unes des émissions de  France Culture, « Les chemins de la philosophie »  animées par Adèle van Reeth.



Il y avait déjà eu un heureux précédent avec l'émission  « Les racines du ciel », portée par le tandem Leili Anvar/Frédéric Lenoir avec une sélection de retranscriptions, dans deux ouvrages pré-cieux « Sagesse pour notre temps » et « Voix d'espérance ».



Si ces deux publications ont un un destin (trop) confidentiel, au cas présent, France Culture a mis les petits plats dans les grands, avec ce recueil de vingt cinq émissions, valorisées par une belle mise en page grand format, ornementée d'une iconographie inspirée.



Pendant onze années, chaque jour de la semaine, en direct, entre 10 et 11h, Adèle van Reeth a reçu un invité pour échanger sur un thème, sous un angle philosophique.



Il s'agit bien de dialogues et non pas de cours magistraux, tant Adèle Van Reeth est pro-active dans la discussion, (presque) comme aurait pu l'être Socrate.



Lors de la dernière émission de juillet 2022, l'intéressée a certifié qu'elle ne préparait pas (?) l'émission, ses interventions.



Si on ne doute pas de la sincérité de ces propos, cette révélation ne peut que laisser perplexe. Les habitués peineront à admettre, que même sans « bachotage » au quotidien, qu'une mise à jour livresque à une périodicité très régulière, n'était pas pratiquée, comme des ablutions culturelles.



Ainsi pour la retranscription de l'émission ayant pour thème « Vivons nous dans le meilleur des mondes ? » avec comme philosophe pivot Leibnitz, l'invité est arrivé en retard. Sans désemparer, Adèle Van Reeth a assuré la prestation en solo pendant une grosse moitié de l'émission avec une mastria bluffante ! Combien d'animateurs « stars » d'émissions radio ou télé commerciales, voire de journalistes en vue, auraient été capables d'improviser ainsi sur un philosophe aussi complexe que Leibnitz ? A des années lumières de la vulgarité d'Hanouna & cie .



Fatalement, il ne s'agit hélas que d'un nano échantillon de ces onze saisons. Impossible de dresser une liste d'absent(e)s ne serait-ce qu'indicative. Peut-être que pour certain(e)s, il y a eu des difficultés pour les négociations de droit d'auteur. Et puis, aussi sans doute des choix marketing ; Christopher Nolan, le kamasutra, les jeux vidéos, Miyazaki... apparaissaient mieux à même d'attirer le chaland que la Bhagavad Gita, Marx, Simone Weil, Montaigne, Lao Tseu et autre Confucius.



Autre faiblesse, aucune femme ne figure dans cette compilation ! Pourtant ce ne sont pas les invitées expertes qui ont manqué !



Sans surprise, en dépit des efforts (?) des intervenants, certaines figures du panthéon académique philosophique demeurent antipathiques : Sartre, Heidegger, Kant...



Mais il ne faut pas bouder son plaisir ; l'ouvrage s'ouvre avec un beau dialogue sur l'amitié sur la base de la pensée d'Aristote et se clôture avec le bonheur selon le bouddhisme.

C'est effectivement un immense bonheur de (re)trouver, notamment, les paroles d'un Michel Serres, d'un Hubert Reeves, même si on ne se sent pas systématiquement en phase avec chacun de leur propos.

Outre les propos de ces deux sages, j'ai apprécié des séquences, un peu plus académiques, mais si vivantes autour de Platon, Spinoza, Descartes...



Ce n'est pas un manuel de philosophie, juste des dialogues pétillants, inspirés et inspirants mais sans aucun dogmatisme assommant. de plus, les invité(e)s ne sont pas là pour faire leur auto-promotion ; c'est sans doute pour cela qu'aucun de ces « professeurs de philosophie » snobs, médiatiquement très en vue, n'ont été invités dans cette émission.



Ce n'est pas un manuel en ce sens que les invités et Adèle Van Reeth ne font pas la leçon, ils apportent leur expertise, suggèrent, proposent, ils ont leurs convictions mais ce sont des invitations à (re)lire, à réfléchir, pas à fléchir sous des discours d'autorité, directifs.



J'ajouterai une observation plus personnelle. Dans le cadre de mon activité professionnelle, après avoir été pendant des décennies par monts et par vaux, ces toutes dernières années ont été très sédentaires. Rituellement lors de ma courte pause déjeuner, je m'offrais au bureau une tranche de podcast des « Chemins ... ». J'ai mis un terme à mon activité quasi en même temps que cette émission s'arrêtait. Ce chemin parallèle a eu, et conserve par conséquent une saveur très particulière.



Un ouvrage qui fait grandement honneur au service public et à son devoir d'information et de passeur de culture.

On espère, sans trop y croire, qu'il y aura une session de rattrapage pour quelques un(e)s des grand(e)s absent(e)s de ce bel album.



Quoiqu'il en soit, un grand MERCI Adèle.
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La vie ordinaire

Dans cette ère autofictionnelle où les célébrités racontent leur vie amoureuse et intime (quand ils ne règlent pas leurs comptes) par livre interposé, voici la dernière née.

La philosophe, qui m'est sympathique au demeurant, nous livre une sorte de melting pot de considérations philosophiques sur le sens de l'existence, sur son vécu de mère en devenir (alors qu'elle est déjà la belle-mère des 3 fils de son célèbre compagnon qui ne peut visiblement pas s'empêcher de faire un môme à chaque femme avec qui il se met en couple). On a donc droit à la grossesse, la césarienne en urgence, avec en satellite assez lointain le déjà-papa très occupé et un peu blasé des naissances à répétition, et enfin l'avortement de 2 embryons parce qu'elle n'a pas "envie" (la pilule, elle n'en parle pas), tout cela au sein d'une vie bien difficile d'intellos qui bossent à la maison avec nounou à demeure et puis oh c'est vrai courir en rond au Luco c'est quand même chiant, si on allait en Corse du Sud ? Et voilà que je te case au chausse-pied mes amitiés avec Rosset et la famille Camus, mon père en fin de vie que j'aime très très fort et puis l'amour maternel et sacrificiel bien sûr, qui donne un sens à ma vie... Ce n'est ni littéraire ni féministe, je ne sais pas à quoi sert ce texte à part à se raconter narcissiquement sans aucun talent, ben oui l'entre-soi c'est quand même bien commode. Pour ce qui est de faire avancer le schmilblick, on repassera.
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La vie ordinaire

Il faut accueillir le hasard avec bienveillance ; j’ai trouvé ce bouquin sur un banc en gare de Lille-Europe, en guise de marque-page il y avait un post-it avec une liste de courses ... Hasard, j’ai lu il y a peu, le bouquin oulipien de Clémentine Mélois qui s’intitule : Sinon j’oublie, et qui traite de ce thème (les listes de courses). J’aurais beaucoup à dire sur ce sujet ... Mais je m’éloigne de La vie ordinaire ... Quoique ; Page 53 : « La tête est pleine de choses à faire, de listes de courses ... ».

Lu, donc, dans le TGV entre Lille et Lyon, A/R ... La fenêtre du train est comme un travelling avant sur les pays sages de la France. Paysages de Bourgogne, surtout, qui penchent légèrement et sont joliment arrondis ... Mais de nouveau je m’éloigne de La vie ordinaire ...

C’est le récit d’une philosophe enceinte, d’une femme qui devient mère (pas d’écriture inclusive possible ici ;-). Pour commencer, elle nous parle du « perfectionnisme moral » d’Emerson et de Thoreau, leur influence sur son parcours. D’autres influences : Clément Rosset, Montaigne et Nietzsche. Puis, elle papillonne autour de sujets comme la joie et le bonheur (qui sont parfaitement distincts). Page 50 ; la nuance entre l’ordinaire et le quotidien est fine, pourtant A. V. R. se réconforte du quotidien alors que l’ordinaire l’assomme. Elle écrit au présent (avec des flashbacks quand même) sur « ces trois fois rien » qui lui pèsent. C’est le récit existentialiste d’une philosophe qui va donner la vie - un existentialisme doux -. Il y a beaucoup de « ? », P. 78 « Pascal aurait-il cru en Dieu avec un embryon dans le ventre ? ». À propos de « l’attente », elle écrit P.94 cette belle phrase : «Tout est encore possible, et c’est le drame pour celui qui attend : le possible implique la possibilité de l’impossibilité, et s’il n’arrivait jamais ? ».

Cette « vie ordinaire » est néanmoins une vie de privilégiée, de bobo diront certains, on est loin d’Annie Ernaux. Pourtant cette philosophie du commun et du familier (il y a ici aussi des nuances), me convient mieux que celles des concepts fumeux et de la contrition.

Allez, salut (Et merci à tous les lecteur.rice.s qui abandonnent des bouquins dans des lieux publics, avec ou sans liste de courses comme marque-page).

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