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Citations de Alessandro Baricco (1435)


Si l'âge adulte nous a donné ce que nous voulions, la vieillesse doit être une sorte de seconde enfance où nous revenons jouer, et il n'y a plus personne pour venir nous dire d'arrêter.
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Ce n'est pas ça, il m'a dit. Il m'a dit qu'à son avis les gens vivent des années et des années, mais en réalité il y a seulement une petite partie de ces années-là qu'ils vivent vraiment, et ce sont les années où ils réussissent à faire ce pour quoi ils sont nés. Là, alors, ils sont heureux. Le reste du temps, c'est du temps qu'ils passent à attendre ou à se souvenir. Quand tu attends ou quand tu te souviens, m'a-t-il dit, tu n'es ni triste ni heureux. Tu as l'air triste, mais c'est juste parce que tu es en train d'attendre, ou de te souvenir. Ils ne sont pas tristes, les gens qui attendent, pas plus que ceux qui se souviennent. Ils sont simplement loin. Moi, j'attends, m'a-t-il dit. Quoi?
J'attends de faire ce pour quoi je suis né.
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Ils avaient marché sans réfléchir, comme font ceux qui se perdent : mais la ville, tel un chien de berger, les avait ramenés au même endroit. Pendant que son père allait, imperturbable, continuant de réciter le rosaire du sang et de la terre, lui, en le suivant, il essayait de comprendre ce qui, précisément, était arrivé, et pourquoi une ineptie de ce genre l'avait troublé. C'était peut-être le brouillard, ou les histoires de son père, mais il se mit à penser que s'ils continuaient ainsi, des heures durant, ils finiraient par disparaître. Ils seraient avalés par leurs propres pas. Car marcher est en général additionner des pas, mais ce qu'ils faisaient tous les deux, là, c'était les soustraire, en un calcul exact qui périodiquement les ramenait à zéro. Il pensa à la pureté, indiscutable, de ce parcours à l'envers. Et pour la première fois, quoique de manière confuse, il eut l'intuition que tout mouvement tend à l'immobilité et que seul le trajet qui conduit vers soi-même est beau.
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Car le vrai talent est d'avoir les réponses, quand les questions n'existent pas encore.
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Ultimo ne s'était plus posé de questions parce que si tu as cinq ans et que ton père t'emmène avec lui comme ça, tu es content un point c'est tout. Alors il avait trottiné derrière lui jusqu'au carrefour de Rabello. Il l'avait fait sans savoir qu'une fois grand, il reverrait cette image sans cesse, précisément celle-ci : la silhouette massive de son père qui marchait à grands pas devant lui, sur fond de brouillard matinal, sans jamais se retourner, ni pour l'attendre ni pour vérifier s'il était toujours là. Dans cette sévérité, dans cette absence totale de doute, il y avait tout ce que son père lui avait appris de la manière d'être père : qui est de savoir marcher sans jamais se retourner. Marcher du pas long des adultes, sans pitié, mais un pas limpide et régulier, pour que ton fils puisse le comprendre et le suivre, malgré son pas d'enfant. Et le faire sans jamais se retourner, si tu en as la force : pour qu'il sache qu'il ne se perdra pas, et que marcher ensemble est un destin dont il ne faut jamais douter, puisqu'il est écrit dans la terre.
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Les œuvres d'art ne se font pas. Elles adviennent.
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L'interprète est le médium entre l’œuvre et l'époque. Il est le geste qui réunit les pans de deux civilisations qui se cherchent.
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Elle marchait légèrement de travers, comme si elle devait se faufiler dans un espace étroit pour échapper à tout ce qu'elle était.
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Autour d'eux il y avait de enfants qui couraient, des chiens qui ne pensaient qu'à regagner leur panier et des couples de vieux qui donnaient l'impression d'avoir échappé à quelque chose de terrifiant. Leur vie, probablement.
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Mourir n'est qu'une façon particulièrement exacte de vieillir.
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Ce sont les désirs qui vous sauvent. Ils sont la seule chose vraie. Si tu marches avec eux, tu seras sauvée. Mais je l'ai compris trop tard. Si tu laisses du temps, à la vie, elle tourne d'une drôle de manière, inexorable : et tu t'aperçois que là où tu en es maintenant, tu ne peux pas désirer quelque chose sans te faire du mal.

Sono i desideri che salvano. Sono l'unica cosa vera. Tu stai con loro, e ti salverai. Però troppo tardi l'ho capito. Se le dai tempo, alla vita, lei si rigira in un modo strano, inesorabile : e tu ti accorgi che a quel punto non puoi desiderare qualcosa senza farti del male.
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Un panneau de papier de riz glissa et Hervé Joncour entra dans la pièce. Hara Kei était assis sur le sol, les jambes croisées, dans le coin le plus éloigné de la pièce. Il était vêtu d'une tunique sombre, et il ne portait aucun bijou. Seul signe visible de son pouvoir, une femme étendue près de lui, la tête posée sur ses genoux, les yeux fermés, les bras cachés sous un ample vêtement rouge qui se déployait autour d'elle, comme une flamme, sur la natte couleur de cendre. Hara Kei lui passait lentement la main sur les cheveux: on aurait dit qu'il caressait le pelage d'un animal précieux, et endormi.
Hervé Joncour traversa la pièce, attendit un signe de son hôte, et s'assit en face de lui. Ils restèrent silencieux, se regardant dans les yeux. Survint, imperceptible, un serviteur, qui posa devant eux deux tasses de thé. Puis disparut. Alors Hara Kei commença à parler, dans sa langue, d'une voix monotone, diluée en une sorte de fausset désagréablement artificiel. Hervé Joncour écoutait. Il gardait les yeux fixés dans ceux d'Hara Kei, et pendant un cours instant, sans même s'en rendre compte, les baissa sur le visage de la femme.
C'était le visage d'une jeune fille.
Il releva les yeux.
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Hervé Joncour partit avec quatre-vingt mille francs-or, et les noms de trois hommes que Baldabiou lui avait procurés : un Chinois, un Hollandais et un Japonais. Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtemberg et la Bavière, pénétra en Autriche, atteignit par le train Vienne puis Budapest et poursuivit jusqu'à Kiev. Il parcourut à cheval deux mille kilomètres de steppe russe, franchit les monts Oural, entra en Sibérie, voyagea pendant quarante jours avant d'atteindre le lac Baïkal, que les gens de l'endroit appelaient : mer. Il redescendit le cours du fleuve Amour, longeant la frontière chinoise jusqu'à l'Océan, resta onze jours dans le port de Sabirk en attendant qu'un navire de contrebandiers hollandais l'amène à Capo Teraya, sur la côte ouest du Japon. A pied, en empruntant des routes secondaires, il traversa les provinces d'Ishikawa, Toyama, Niigata, pénétra dans celle de Fukushima et arriva près de la ville de Shirakawa, qu'il contourna par l'est, puis attendit pendant deux jours un homme vêtu de noir qui lui banda les yeux et qui le conduisit jusqu'à un village dans les collines où il passa la nuit, et le lendemain matin négocia l'achat des œufs avec un homme qui ne parlait pas et dont le visage était recouvert d'un voile de soie. Noire. Au coucher du soleil, il cacha les œufs dans ses bagages, tourna le dos au Japon, et s 'apprêta à prendre le chemin du retour.
Il avait à peine laissé les dernières maisons du village derrière lui qu'un homme le rejoignit, en courant, et l'arrêta. Il lui dit quelque chose sur un ton excité et péremptoire, puis le fit revenir sur ses pas, avec courtoisie et fermeté.
Hervé Joncour ne parlait pas japonais et ne l'entendait pas non plus. Mais il comprit qu'Hara Kei voulait le voir.
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On entendait la mer, comme une avalanche sans fin, le tonnerre incessant d'un orage né d'on ne savait quel ciel. Elle ne s'arrêtait pas un instant. Ignorait la fatigue. Et la clémence. Quand tu la regardes, tu ne t'en rends pas compte: le bruit qu'elle fait. Mais dans le noir... Toute cette infinitude alors n'est plus que fracas, muraille de sons, hurlement lancinant et aveugle. Tu ne l'éteins pas, la mer, quand elle brûle dans la nuit.
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Le Game n'admet presque que des joueurs individuels, il a été conçu pour des joueurs individuels, développe les compétences des joueurs individuels et affiche le score des joueurs individuels.

B. Play, p. 250
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Les tableaux ne me plaisent pas parce qu’ils sont muets. Ce sont comme des personnes qui parlent en remuant les lèvres, mais sans qu’on entende leur voix. Il faut l’imaginer.
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- Quelquefois je me demande ce que nous sommes en train d'attendre.
Silence.
- Qu'il soit trop tard, madame.
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Je voulais dire que la vie, je la veux, je ferai n'importe quoi pour l'avoir, toute la vie possible, même si je deviens folle, peu importe, je deviendrai folle tant pis mais la vie je ne veux pas la rater, je la veux, vraiment, même si ça devait faire mal à en murir c'est vivre que je veux.
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C'était au reste un de ces hommes qui aiment assister à leur propre vie, considérant comme déplacée toute ambition de la vivre.
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Ses yeux restaient fixés sur les lèvres d’Hervé Joncour comme si elles étaient les dernières lignes d’une lettre d’adieu. Dans la pièce, tout était tellement silencieux et immobile que ce qui arriva soudain parut un événement immense, et pourtant ce n’était rien.
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