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Critiques de Alex D. Jestaire (31)
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Contes du Soleil Noir : Crash

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture sympathique avec cette novella qui nous propose de découvrir un conte contemporain intéressant et légèrement angoissant, même si tout n’a pas réussi à m’accrocher. L’un des points forts du récit c’est la capacité de l’auteur à brosser une héroïne complexe, blessée par la vie et qui a du mal à tout gérer dans une société qui oublie de plus en plus la notion de social, le tout sans jamais tomber dans la caricature. On s’attache ainsi un minimum à elle et on la comprend. L’ambiance, légèrement oppressante, colle parfaitement à l’histoire et monte doucement en tension au fil des pages. De nombreuses réflexions nous sont proposés que ce soit sur l’influence de la technologie, sur nos choix de vie, sur la société mais aussi sur le besoin de fuir une réalité parfois trop oppressante. Alors parfois elles sont traités de façon un peu trop simplistes, ou rapides, mais dans l’ensemble ce récit ne laisse pas indifférent et nous questionne. Je regretterai aussi que certains axes de développements soient un peu convenus. Ensuite que l’auteur cherche un peu trop à créer le doute chez le lecteur ce qui ne fonctionne pas toujours bien. Enfin j’ai trouvé que les interventions du geek ne sont pas toujours utiles et alourdissent même, je trouve, le récit. La plume de l’auteur s’avère simple, efficace, incisive et fluide et je me laisserai tenter par les autres contes qu’il propose.





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Contes du Soleil Noir : Invisible

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce troisième conte du soleil noir. On découvre ainsi ici Joffrey, un SDF qui va se rendre compte qu’il est devenu invisible. Il va alors décider de profiter de ce don, mais va se rendre rapidement compte qu’il en devient une malédiction. On plonge ainsi dans un récit dont l’angoisse va monter lentement au fil des pages, dévoilant une certaine solitude qui entoure notre héros, accentué par son nouveau « pouvoir ». L’auteur ne cherche pas l’horreur de son récit, mais plus le questionnement qui se dégage devant ce récit troublant. On se retrouve ainsi à se poser des questions sur notre société, la technologie, mais aussi principalement d’un point de vue social, sur ces laissés pour compte, ces abandonnés sur lesquels on ferme les yeux. Surtout les réflexions ne sont jamais imposées ou forcé, chacun se fait ainsi on propre avis. Alors c’est vrai, parfois elles sont quand même amenées de façon un peu simpliste et facile, mais rien de non plus trop bloquant. Les passages sur le Geek m’ont paru plus intéressant que dans Crash, même s’il continue à en faire un peu trop sur la véracité de son récit, cherchant trop à instiller le doute, mais bon rien de gênant. La plume est toujours incisive, efficace et percutante et je pense que je vais me laisser tenter par le quatrième conte prévu dans quelques mois.





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Contes du Soleil Noir : Invisible

Voici l'histoire d'un super SDF avec son Super Pouvoir qui lui permet de faire de Supers Conneries.

Et il fait aussi dans l'outrancier, faux pas déconner, c'est un punk à chien ! Alors il montre sa bite, son cul, ça pelote sec et ça picole dur.



Les invisibles, tout le monde connait, il y en a dans toutes les villes, grandes ou petites, de France et de Navarre. Ils sont là, à tenir les murs, avinés, gueulant des orduries aux biens pensants passants près d'eux. Ils puent, ils gueulent. Bien visibles en fait, trop. Alors Monsieur et Madame Tout le Monde préfèrent se les rendre invisibles. Plus simple pour sa tranquillité et sa conscience.

Josh fait partie de ces visibles nuisibles, et à force, il en est devenu réellement invisible. Josh, c'est le parfait punk à chien, con et blasé. Alors qu'en il découvre son "super pouvoir", son soleil noir vodkaien, son monde va changer. Pas trop en fait, il reste dans sa zone de confort : alcool, médoc, provoc. Il n'a même pas l'idée de sortir de sa condition, tellement elle est ancrée dans sa peau. Il en profite seulement pour boire plus et se défoncer encore plus vite. Et surtout, quand on est Sdf, les relations affectives sont souvent à la ramasse. Alors il en profite : il touche, il palpe, il s’excite sur le corps des femmes, la morale, c'est bon pour les bourgeois ! On assiste à sa longue descente en enfer, mais comme l'enfer est sur terre, cela pourrait être, peut-être, une porte de sortie heureuse...



Les contes du soleil noir, c'est la quatrième dimension version cradingue, le black mirror de notre présent version horreur/fantastique. Ce que j'aime dans ces contes, c'est l'écriture de l'auteur, une écriture du rentre dedans sans fioritures, très visuelle. Ce style, car oui l'auteur en a, ne plaira pas à tout le monde, c'est sale, crade, rempli de stupre, mais je le prend comme un bol d'air dans cette littérature parfois un peu trop policé. Les sujets sociétaux sont abordés loin de tout politiquement correct, Alex Jestaire écrit crument. Il n'enjolive pas la réalité, son SDF est tout sauf convenant. Je ne suis normalement pas très fan de ce style, mais ici, c'est passé comme une lettre à la poste, j'avais envie de savoir comment tout cela allait se terminer. Et étrangement au vu du comportement du marginal, j'ai trouvé le personnage attachant.



Le quotidien de ces exclus est, à mon sens, bien retranscrit : des difficultés pour avoir une place dans un accueil de jour ou de nuit, ou le manque de moyens fait que son admission se joue à la loterie; les bitures et défonces qui se terminent sur le macadam, comme un chien. Mais dans toute cette noirceur, quelques exemples d'initiatives salutaires tel que ces "chambres d’amour pour les SDF". Les premières pages sont frappantes de justesse : vous moi face à un jeune sdf. Tout est dit dans une économie de mot : indifférence, manque de temps, représentation, se défausser sur les autres, bref tout ce qu'on fait ou dit pour garder bonne conscience. Et c'est tellement rare que la littérature de l'imaginaire parle des exclus, alors profitons en.

Bon j'arrête là, je ne vais pas faire une critique plus longue que cette novella et m'en vais lire le quatrième opus Audit.
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Contes du Soleil Noir : Arbre

En Résumé : Je suis sorti de ma lecture de ce court roman Arbre, deuxième récit des contes du Soleil noir, avec un sentiment mitigé. J’avoue avoir bien accroché à la partie sur Janaan qui cherche à tendre un piège, mais qui va finalement se refermer sur elle. On ressent l’angoisse et ce léger sentiment d’horreur que met en avant l’auteur, ainsi que les réflexions qu’il soulève. On se trouve ainsi à se poser des questions sur la violence dans notre société, notre sentiment d’impuissance générale face à une population déconnectée, ou bien encore sur cette part sombre qui se cache en chacun d’entre nous et qui peut surgir. Le soucis c’est que je suis complètement passé à côté de toute la mythologie Indienne qu’on découvre dans la seconde ligne d’intrigue, ce qui fait que quand les deux se rejoignent dans la conclusion je ne suis pas sûr d’avoir tout compris ce qui est quand même un peu dommage. Certes cela peut venir clairement de moi, mais voilà cela a forcément jouer sur mon ressenti. La plume de l’auteur est fluide, vive et efficace et je lirai le troisième tome histoire de me faire un avis plus complet.





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Contes du Soleil Noir : Esclave

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce nouveau conte du soleil noir, même si je l’ai trouvé un peu moins prenant que les derniers que j’ai lu. On y retrouve les qualités habituelles de ces contes, son côté percutant et qui ne laisse pas indifférent, avec cette fois une plongée dans le pouvoir et la politique. L’auteur nous fait ainsi réfléchir avec ce conte sur la position de la femme, la façon dont elle est vue par une grande partie de la société et qui continue à raisonner surtout face aux derniers évènements et dernières révélations. Il nous questionne aussi sur l’immigration, la façon dont ils sont traités ou encore la notion d’immigration illégale, mais aussi sur la notion de pouvoir. Le côté fantastique ne manque pas non plus d’attrait, collant toujours parfaitement au récit, même si j’avoue, j’attendais peut-être un peu plus après Audit. Là où par contre j’ai été plus circonspect vient du fait que je ne me suis jamais finalement attaché aux personnages, l’intrigue m’a paru manquer de force et parfois de surprises, et enfin j’ai trouvé que certaines interventions du geek faisait un peu remplissage. Cela n’empêche pas pour autant ce récit d’offrir une vision percutante, qui touche juste et qui ne laisse pas indifférent, malgré ces quelques défauts soulevés. La plume de l’auteur est simple, efficace, entraînante et si jamais d’autres contes sont publiés je les lirai tant ils ne laissent pas indifférent.





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Contes du Soleil Noir : Audit

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce nouveau conte du soleil noir qui nous plonge dans le monde de l’entreprise et plus principalement de l’audit de performance sociale. Comme dans les précédents le gros point fort du récit vient de la représentation qui est donnée de notre société ainsi que des nombreuses réflexions qui sont soulevées. Il nous dévoile ainsi une vision froide, crue, sans concession et pourtant tellement réaliste de notre monde actuel, et plus précisément des entreprises, où il y a un écart de plus en plus important entre le pouvoir et ses salariés. Alex Jestaire ne cherche ainsi pas à nous forcer la main ou à alourdir son propos, il ne fait que dévoiler une image existante et percutante, laissant au lecteur faire ses propres conclusions. L’autre point intéressant du roman vient des personnages qui s’avèrent complexes et intéressants à découvrir, qu’ils soient attachants ou de vraies salauds. On évite ainsi de tomber dans le binaire, dévoilant ainsi de simples produits de notre société qui ont bien compris que leurs différences peuvent leur faire gagner énormément, même si ce n’est pas toujours gratuit. L’aspect fantastique, avec tout ce qui tourne autour du soleil noir, gagne aussi en densité avec ce livre. En effet Audit vient clairement offrir un basculement dans notre vision de cette magie, amenant ainsi une structure plus complexe avec toutes les conséquences que cela peut bien apporter. Alors après, je regretterai que certains aspects et certaines réflexions soient traités un peu trop rapidement, que certains points liés au fantastique manque parfois de développement, ne donnant l’impression d’être présenté que pour nous appâter, mais franchement rien de non plus trop bloquant. La plume de l’auteur est toujours aussi entraînante, incisive et captivante et je lirai sans soucis le prochain conte du soleil noir histoire de voir ce qu’il va proposer.





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Contes du Soleil Noir : Audit

Le ton est donné dès les premières pages, les conséquences d'un audit sont mortelles !

Un petit encas glaçant.



L'auteur nous emmène à la suite de trois consultants et de deux stagiaires d'un cabinet de consulting. L'évaluation se réduit ici à décider de qui reste ou qui part. le gagnant, ce sont les consultants et le PDG, un jeu à dé pipé. Ici pas de sentiment, les seuls sont des mensonges, la novlangue libérale faisant le reste. Mais cette fine équipe de chacal a un petit truc en plus : le soleil noir.

Dans les épisodes précédents, l'auteur faisait quelques allusions à une sorte de complot visant les destins individuels des personnages. Ici, nous approchons, sans l'atteindre, une possible explication.



Légèrement différent, l'horreur est ici plus symbolique que réel, le monde de l'entreprise est décrit dans un style froid sans concession, avec toujours cette pointe d'humour noir. Les employés sont vus comme de simples pièces dans un puzzle dont le résultat serait le pouvoir via l'argent. Et même ceux qui voudraient frayer avec le diable font parti du jeu dont les gagnants sont déjà connus.

Moins scabreux ou sombre que les autres opus, la note d'espoir, infime, n'est ici plus de mise. L'écriture est toujours aussi percutante. Pour ceux qui voudrait percer un peu plus vite les mystères du soleil noir, Alex Jestaire n'est pas avare d'interview, une petite recherche sur le net devrait vous aider, à moins que ce ne soit encore qu'une duplicité de ce soleil noir.
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Contes du Soleil Noir : Arbre

Perplexe. Voilà mon état après cette lecture.



J'avais lu il y a quelques temps Crash qui sans être inoubliable, m'avait assez intrigué pour lire la suite. Pour les retardataires, Les contes du soleil noir est un cycle de 5 textes dont la parution s’étale sur une année. Depuis ma lecture, trois nouveaux textes sont parus dont Arbre qui nous occupe aujourd'hui. Notez que les différents chapitres peuvent se lire de manière indépendante. Ces histoires nous sont contés par Mr Geek dont j'avais trouvé la plume un peu trop présente dans Crash. Ce n'est plus le cas ici, Mr Geek a su s'effacer derrière le conte.



Mon avis va être assez rapide, je n'ai pas du tout compris où l'auteur voulait en venir. Partant de ce constat, j'ai lu les lignes sans aucune immersion dans l'intrigue et les personnages. La nouvelle est dans le domaine du fantastique, avec quelques passages assez glauques, ce qui à l'air d'être la marque de fabrique de ces contes.



Une journaliste se sert du charme du Soleil noir pour obtenir des informations du gotha aristocratique anglais. Parallèlement, l'auteur nous narre l'histoire d'un arbre isolé dans un désert en Inde, ainsi que de quelques personnages. Ces deux récits ont un style très différent, froid et distancié pour la partie anglaise, chaude et poétique pour l'Inde.



Alors pourquoi ces deux récits, qu'elle est leur similitude, la métaphore et/ou la symbolique derrière ? Aucune idée. Nada. Que dalle. Le texte fait beaucoup référence à un film bollywoodien, Kali Yuga. M'a t il manqué des références culturelles hindoues pour comprendre ? Ce qui est certain, c'est que je n'ai pas aimé.



Pour me faire un avis définitif sur ces contes du soleil noir, je compte tout de même lire le troisième opus Invisible dont le résumé m'attire beaucoup plus.
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Contes du Soleil Noir : Crash

Vos parents vous ont bien dit de ne pas resté trop longtemps devant la télé. Voici l'histoire d'une jeune femme qui ne les a pas écouté.



Ce court texte sort le 12 janvier mais est disponible gratuitement en numérique jusqu'à cette date : https://www.dropbox.com/sh/9ksyqc5xgqilzem/AACj_cDIIiMqe45T3qWQj2rIa?dl=0

Premier volume d'une série de cinq prévu durant cette année.



Malika Benwalid est une femme de ménage usée élevant seul son fils Sami. Une vie pas folichonne : un boulot de nuit de merde pour une paye misérable : deux heures à laver des bureaux, puis trajet dans un autre immeuble pour recommencer. Tout ça pour n'entrevoir son fils quelques minutes avant et après l'école et compter chaque centime dépensé pour se retrouver tout de même dans le rouge. Vie de merde avec en ligne de mire un avenir de merde. Mais son avenir va changer suite à un accident de voiture.

Et nous voilà baigné dans l'étrange, le paranormal.



J'ai aimé le contexte sociétal du texte et le fait que les éléments nous soient donnés par petites touches. Nous naviguons entre passé, présent et avenir. Les scènes "fantastiques" renforcent cette critique à travers ces cameramans amateurs filmant chaque désastre pour ensuite le déverser dans le flot des réseaux sociaux.

Il est en outre assez rare de voir un personnage principal qui ne soit pas blanc, cela change agréablement et nous plonge dans une autre culture donnant un point de vue différent des grands médias télévisuels.

Le narrateur entrecoupe régulièrement le récit, donnant un point de vue extérieur bienvenu. Cependant, le ton de M. Geek m'a paru assez lourd parfois, au risque de casser l’atmosphère bien rendue du texte.



Une série B qui apporte un peu de fraicheur au genre horreur-fantastique, à découvrir selon le futur prix de l'ebook. Un tarif de moins de trois euros me paraitrait raisonnable.



Le livre contient quelques illustrations assez sombres illustrant le propos.
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Contes du Soleil Noir : Invisible

LA CONSPI-VODKA DE LA PAPESSE







Retour aux Contes du Soleil Noir d’Alex Jestaire. Je suis un peu à la bourre… J’avais lu Crash et Arbre aux environs de leur parution, grosso merdo, mais, depuis la publication du troisième volet, Invisible, qui va nous intéresser aujourd'hui, le quatrième, Audit, est déjà sorti, et le cinquième (et ultime en principe), Esclave, c’est pour bientôt. Quelle idée, aussi, de publier cinq livres, même petits, la même année ! Tsk.







Invisible, donc – troisième variation sur « les visages de l’horreur d’aujourd’hui, matérielle, sociale, morale… une horreur de fin de civilisation », nous dit-on toujours ; une horreur qui n’en est pas moins sous le bienveillant patronage de quelques grands maîtres, tels, toujours cités, « Stephen King, Clive Barker ou Cronenberg », ce qui me laisse toujours aussi perplexe.







Parce que, cette horreur, je l’avais plus ou moins perçue dans les deux volumes précédents – entendons-nous bien : elle était là, mais très étrangement connotée dans le cas de Crash, et bizarrement malmenée dans Arbre au-delà d’un de ses fils rouges effectivement très barkérien. Plus important peut-être, j’avais, dans les deux cas, eu l’impression que le récit ménageait en dernier recours, quitte à ce que ce soit avec une certaine ironie, une porte de sortie, éventuellement dérisoire en apparence, et pourtant cruciale. À ce compte-là, Invisible ne me paraît pas si différent.







Un autre aspect du récit peut aussi faire le lien, je suppose, et c’est sa dimension (plus ou moins vaguement) conspirationniste – qui ressort à la fois des enquêtes narratives et des montages astucieux de notre spécialiste ès Soleil Noir, le déconcertant Geek, et des mauvaises rencontres que peuvent faire les personnages, Society sado-barkérienne dans Arbre, parlementaires euro-reptiliens dans le présent volume. Mais à ce compte-là, on pourrait en fait remonter à Tourville, au fond…







Quoi qu’il en soit, ce sont des liens plus concrets, je suppose, que ce Soleil Noir qui parle aux mystiques en toutes ces circonstances – quitte à être réduit (?) ici à une bonne bouteille de mauvaise vodka. Ou l’inverse.







Oh, et, pour les amateurs de la symbolique du tarot, qui semble parler à notre auteur (lard, cochon) mais me dépasse complètement, Invisible est placé sous le signe de la Papesse – vous m’en direz tant.







JOFFREY, INVISIBLE







Notre héros, si l’on ose dire, s’appelle Joffrey, et c’est un SDF (bonjour l’acronyme à la con), typé « punk à chien » ; même si ledit chien, Folco, est un petit machin pas vraiment dans la norme généralement plus maousse desdits punks à chiens. Il est relativement jeune ; il est français, par ailleurs, mais zone à Bruxelles – en pestant sur les immigrés.







Joffrey, à tout prendre, n’est pas très sympathique – et pas très futé non plus. Son parcours de galère en galère, affligé par un déterminisme implacable et la poursuite par le menu d’un cycle pervers de la déchéance, incite sans doute à le prendre en pitié – mais la pitié c’est nul, et Joffrey n’en veut pas. Il goûte par ailleurs les plus mauvaises des blagues, les interpellations soudaines et avinées aussi, qui sonnent comme autant d’agressions pour les passants arpentant la gare où Joffrey survit tel jour. Un moyen pour lui d’exister ? Car, et on s’en fout de la poule ou de l’œuf, le fait est que les passants, à peu près systématiquement, l’ignorent – oh, pas totalement : la tête rentrée dans les épaules, c’est déjà quelque chose, c'est témoigner de ce que l'on a instinctivement pris en compte la présence du fâcheux. Mais, consciemment, ceux qui croisent Joffrey font comme s’ils ne le voyaient pas.







On a pu dire de la SF, notamment, que c’était un genre où un procédé courant consistait à réifier des métaphores. D’une certaine manière, c’est bien ce qui se produit dans ce petit volume même marketé « horreur » : Joffrey, d’invisible métaphorique, devient véritablement invisible – littéralement, concrètement. On ne le voit pas, pas seulement parce qu’on fait le choix de l’ignorer, mais parce qu’on ne peut plus le voir. En fait, cela va même au-delà du seul sens de la vue : on ne le perçoit pas  (plus ?) de quelque manière que ce soit ; et sa vie en est forcément affectée… même si, dans un premier temps, il semble croire que cette malédiction pourrait s’avérer un don. Il ne connaît pas ses classiques ?







DE GYGÈS À JOFFREY







Or, ici, Alex Jestaire ne prétend certainement pas se montrer original, aussi peut-il ouvertement égrener, lui, les références appropriées, pour ensuite passer à autre chose.







Bien sûr, on pense d’abord à L’Homme invisible de H.G. Wells – un sale bonhomme, d’une ambition mégalomane et porté au crime, dans un récit par ailleurs pas dénué d’humour, loin de là. On pense peut-être plus encore à des variations contemporaines sur le personnage du Dr. Griffin, comme le médiocre Hollow Man de Paul Verhoeven, ou l’excellente BD d’Alan Moore et Kevin O’Neill La Ligue des Gentlemen Extraordinaires – notamment quand notre Joffrey, prenant conscience de son pouvoir, en déduit aussitôt que la meilleure utilisation qu’il pourrait en faire consisterait en mesquins accès de voyeurisme dans les toilettes des dames, s’engageant sur la pente toujours plus nauséabonde de l’agression sexuelle voire du viol pur et simple.







Pour Joffrey, les femmes ne sont après tout guère plus que des objets (ou le sont devenues, car il n’en a pas toujours été ainsi pour lui, ainsi que nous l’apprenons assez vite). D’ailleurs, quand le SDF ne manque pas lui non plus de songer à diverses références culturelles concernant son pouvoir supranormal, il s’attarde certes sur le cas de Jane (ou Susan…) Storm, la Femme invisible des Quatre Fantastiques, mais il n’en parle pas dans les termes les plus flatteurs, sans surprise…







Il est vrai qu’il n’a rien d’un super-héros. Joffrey se réjouit d’abord de sa bien étrange faculté, sans guère s’attarder sur les raisons qui pourraient l’avoir amené à la développer (trait récurrent, faut-il croire, de la série – en tout cas, c’était très sensible chez Janaan dans Arbre, mais peut-être guère moins, au fond, chez Malika dans Crash). Mais il en use de la façon la plus mesquine… et qu’un moraliste ne manquerait pas de juger « corrompue », voire « criminelle » (« maléfique » serait carrément beaucoup trop fort). Et il n’y a rien d’étonnant à cela, car, depuis Gygès et via Platon, le procédé imaginaire de l’invisibilité est associé à toutes ces notions morales – à ce compte-là, le Dr. Griffin de Wells n’est d’ailleurs lui aussi qu’un succédané d’une figure bien antérieure. L’anneau de Gygès devenu anneau de Sauron a de même brodé sur la thématique de la corruption, encore que de manière plus subtile peut-être, car plus ample. Ce n’est pas systématique non plus, certes : et la cape de Harry Potter, alors ? C’est plus le genre Storm, non ?







Mais je m’égare. Ce qui compte vraiment ici, ce n’est pas le « mal », car, agressions sexuelles exceptées (c’est certes une putain d’exception, mais je ne voudrais pas SPOILER outre-mesure sur ce que pense et fait Joffrey au juste à cet égard… Noter au passage qu’il y a ici sans doute un reflet très ironique des délires sadiens de la haute, dans Arbre, mais tout autant, dans le même « conte », du sort ultime de Janaan), les « méfaits » du SDF sont avant tout mesquins. Il vole dans les magasins, et personne sans doute n’oserait vraiment lui en faire le reproche, dans sa condition – d’autant que son butin demeure toujours dérisoire, sauciflard et gros rougeot ; un manque d'ambition (macronienne-truc) en soi éloquent ? Il multiplie les « mauvaises blagues », surtout – consistant à chier dans le rayon des bouteilles d’eau minérale (tout ce qu’il touche et tout ce qui vient de lui est également invisible, et c’est tellement rigolo de voir les clients se pincer le nez sans savoir d’où vient cette odeur, avec un peu de chance ça va finir en glissade, warf, warf) ou à renverser leurs cafés sur les genoux des consommateurs (et de préférence les consommatrices) attablés en terrasse, entre deux insultes pas entendues et deux pseudo-selfies où il n’apparaît bien sûr pas, et tant d’autres choses… Des gamineries, finalement, et de peu d’importance. Ce qui est presque aussi navrant que sa condition, au fond. Presque ?







Parler de « corruption », alors ? Certainement pas. S’il y a eu corruption, c’était avant le pouvoir, avant quoi que ce soit, et parce que le monde autour de Joffrey était suffisamment corrompu comme ça – ce que sa virée parano-conspi au Parlement européen pourrait confirmer, même sur un mode plus viscéral et brut, grotesque oui, qu’intellectuel ; à vrai dire, tout cela est sans doute très fantasmatique, fonctionnant à la manière de ces explications simples auxquelles on se raccroche volontiers pour clarifier un monde d’une complexité si intimidante que l’on préfère en faire abstraction : c’est une imposture, oui, mais ça n'en est pas moins le rôle ultime de la conspiration, et elle le remplit depuis le début, chez l’auteur, on dirait bien.







En fait, l’invisibilité n’avilit pas forcément plus que cela Joffrey – malgré Gygès, malgré Griffin. En fait de corruption, elle pourrait même, en dernière mesure, s’avérer porteuse d’une potentialité de « rédemption » (si c’est bien le mot, car s’agit-il de « racheter » quoi que ce soit ?). Très ironique, certes. Et vaguement déprimante ?







Sa véritable fonction narrative est d’une tout autre nature, même si pas des plus originale là non plus : la mise en scène d’une horreur sociale, sur le principe de la métaphore prise au pied de la lettre (et, histoire d’achever cette section croulant sous les références, je suppose qu’on pourrait ici adjoindre à l’invisibilité au sens le plus strict le thème un peu différent de la transparence, par exemple chez Roland C. Wagner, ou, pour ce que j’en sais, chez Ayerdhal ?). C’est ici, enfin, que Joffrey devra admettre que ce qu’il avait voulu prendre pour un don s’avère être une malédiction.



UN SNUFF SOCIAL ?







Oui : les clochards, qu’on ne voit pas parce qu’on refuse de les voir, par protection mesquine, deviennent, en leur plus ou moins porte-parole Joffrey, littéralement invisibles – et c’est fâcheux pour un porte-parole, parce que, cette invisibilité affectant globalement son rapport aux autres, on ne l’entend pas plus qu’on ne le voit. Mais le voyeurisme du lecteur s'en accommode très bien.







Le propos, en tant que tel, n’est sans doute pas d’une originalité stupéfiante, même si j’avoue ne pas avoir là tout de suite tant de précédents littéraires que cela en tête (maintenant, on peut chercher au-delà de la littérature, hein – je vous renverrais bien au scénario pour L’Appel de Cthulhu que je maîtrise actuellement, ça tombe bien : « Au-delà des limites »…).







Cependant, de manière générale, cela nous renvoie à un principe d’horreur sociale qui, dès le premier des Contes du Soleil Noir, Crash, louchait via son titre sur Ballard (et assimilés). Le fait est que la notion d’horreur en termes de genre me paraît toujours aussi difficile à accoler à Invisible ; pourtant, comme Crash surtout, le présent court roman exprime bien une situation en tant que telle parfaitement horrible. Mais pas horrifique ? Disons du moins que l’on n’a pas recours ici aux expédients de la peur, et encore moins aux « jump scares » presse-bouton. Le cauchemar de Joffrey, comme celui de Malika, ce n’est pas tel monstre incongru, ce n’est pas tel élément surnaturel, même dans le cas de l’invisibilité de Joffrey tournant progressivement à la malédiction, non : c’est sa vie de merde. À la base. Car derrière cette vie de merde, essence de l’horreur sociale à la façon des Contes du Soleil Noir faut-il croire, se profile une horreur « de classe », dont on pourrait donc chercher des antécédents chez J.G. Ballard, entre autres – mais à la façon de reflets déformants : les gares bruxelloises qui puent la pisse constituent après tout, en apparence du moins, l’antithèse de la Riviera criminellement riche de Super-Cannes et compagnie ; et nous fréquentons cette fois les rebuts. Mais justement : le cycle d’Alex Jestaire joue sans doute de ces reflets – et, à maints égards, le parcours de Joffrey est d’autant plus éclairant si on lui associe, comme en split-screen, l’infecte jeunesse dorée d’Arbre…







Du coup, ne pas se méprendre sur mes mots plus haut, quand j’ai décrit Joffrey et son quotidien en termes pas forcément très aimables. Il ne s’agit pas de « mépris de classe », du moins je ne crois pas… Plutôt quelque chose incitant à relever que le discours d’Invisible est pathétique, oui, au sens strict, mais sans être misérabiliste (ou apologétique). Que Joffrey soit un peu un connard contribue à lui donner chair et âme. Qu’il ne soit pas un Jean Valjean engagé sur la voie de la rédemption en dépit de l’hostilité ouverte et maniaque d’un Javert, peut-être plus encore – en fait, que l’adversité à l’encontre de Joffrey soit indifférenciée, anonyme, est très bienvenu ; avec un autre auteur, je n’aurais pas manqué, si ça se trouve, de lâcher les terribles et cyclopéens deux mots « horreur cosmique »… Mais nul tentacule ici – simplement une réalité tellement déprimante, jusque dans son procédé imaginaire, qu’elle acquiert insidieusement les atours d’une horreur « molle », pas moins terrible car pas moins inéluctable : c’est, d’une certaine manière, du TRVE zombie à la Romero – pas pour l’hémoglobine, certes : je parle ici de ce sentiment oppressant que l’horreur frappera d’autant plus certainement qu’elle prendre insupportablement son temps pour le faire, on le sait, on la voit faire, lentement, très lentement…







Et c’est bien pour cela que nous avons besoin que Joffrey existe, au-delà du stéréotype du punk à chien lourdaud à la voix éraillée. Et, oui, il existe – comme Malika dans Crash, à cet égard. Tous deux, à vrai dire, existent peut-être surtout quand ils souffrent – c’est la douleur qui témoigne de leur humanité essentielle ; dans le cas de Joffrey, la scène des photos, particulièrement poignante, en témoigne, à la limite de l’intolérable (et d’autant plus que le personnage prend d’abord tout cela à la blague et même avec un enthousiasme débordant, à vrai dire déjà pathologique). Et tous deux, certes, sont au fond confrontés au même problème : comment exister ? La pire des questions : il est déjà trop tard quand on se la pose. Et, en l'espèce, une question d’autant plus douloureuse que la condition de légume de Malika comme celle de clochard de Joffrey semblent leur dénier d'emblée tout droit à l’existence… Parler alors d’une douleur « palpable » n’en est à vrai dire que plus cruel ; mais le lecteur est-il encore à ça près ?















Mais, là, je persiste – même en me sentant un peu seul, et en me demandant d’autant plus si je ne fais pas totalement fausse route : comme dans Crash (surtout – le thème de base comme la narration plus linéaire que dans le deuxième volume rapprochent les deux livres), mais aussi, sur un mode bien différent, comme dans Arbre, j’ai le sentiment, dans Invisible, d’une ultime échappatoire, même cruellement ironique. En fait de romancier d’horreur, Alex Jestaire me paraît toujours, en ultime mesure, autoriser l’émancipation de ses personnages, d’une manière ou d’une autre (souvent morbide, certes) ; sans que l’on aille jusqu’à parler de happy end, mais cela suffit à mes yeux à distancer l’auteur du genre horrifique, dans ses canons les plus stricts du moins, que les argumentaires de presse associent par nature et sans plus de questions aux Contes du Soleil Noir. C’est peut-être futile – peut-être moins. À chacun d’en juger







LE RÉALISATEUR DE TA VIE







Une autre impression persiste depuis Crash, et c’est que la vraie star dans tout ça, c’est Geek – notre narrateur, et probablement bien plus que ça encore. Au-delà de ce sobriquet bien terne (on peut y préférer, pour la couleur, les avatars de Monsieur Geek, voire Maître Geek – je vous concède que ce dernier a de quoi faire frissonner), qui pourrait le ravaler à la figure un peu balourde d’un pâlichon de banlieue s’empiffrant de Granola en parcourant 24/24 le ouèbe le plus interlope, on devine toujours un peu plus sous cette façade, sinon encore un démiurge (mais en fait si), du moins un artiste – un conteur, c’est à propos, qui perpétue, à l’heure du web profond et de l’exploration de données, les trucs de ses prédécesseurs, les aèdes, bardes et scaldes, plus encore sans doute ceux qui narraient dans les souks les fantasmes chatoyants des Mille et Une Nuits. Qu'importe si ses récits à lui sont en nuances de gris.







Car c’est bien ce qu’il fait – en adaptant. Même s’il semble recevoir ses auditeurs chez lui (pensez à la pizza et au Coca Zéro), son art est celui d’un monteur et d’un réalisateur : il enchaîne les vidéos improbables, s’il ne filme pas lui-même, préférant avoir recours aux réseaux de surveillance mondialisés et éventuellement à la sous-veillance un peu perverse des zélés citoyens du net. C’est lui qui nous dit de regarder, et ce qu’il faut regarder – en s’accaparant sans doute les attributions de ses sources anonymes, car il prétendra toujours que ses « dossiers », Malika, Janaan, Joffrey maintenant, consistent avant tout à regarder ce que personne d’autre ne regarde ou n’est censé regarder. Et peut-être est-ce bien le cas, au fond ? Car c’est en définitive son montage qui crée le document final, et par là-même l'histoire. Prises indépendamment, les nombreuses vidéos dont il use ne servent à rien ; c’est leur corrélation qui est signifiante. En cela, il n’est pas si éloigné du narrateur de « L’Appel de Cthulhu », dans le fameux paragraphe introductif de la nouvelle – à ceci près qu’il ne joue pas de la carte de l’avertissement, encore moins de celle du regret : bien au contraire, il veut que nous regardions – et c’est bien ce que nous faisons, avec une certaine délectation trouble, probablement un tantinet SM.







Dans le cas précis d’Invisible, c’est pourtant problématique. Littéralement, ici, Geek veut que nous voyions l’invisible. Il semblerait bien que ces vidéos de surveillance témoignent de quelque chose – mais de manière explicite ou implicite, ce n’est pas toujours très clair. Qu’importe : ce qui compte, c’est le récit – le conte (aha). Et le conte a besoin d’un conteur, et des effets que maîtrise ce conteur, pour acquérir du sens, ou ne serait-ce, et ce n’est pas négligeable, que les atours un peu exubérants du bon divertissement – quand bien même une sorte de snuff social, à y regarder de plus près.







Ce qui peut passer par la mise en scène de soi – là même où elle paraîtrait pourtant hors de propos. L’introduction du roman est ici explicite, où Geek nous impose de regarder cet homme qui ne bouge pas, et depuis bien trop longtemps sans doute. Sans Geek, la scène serait anodine – elle autorise la suite parce qu’elle est déjà, à sa manière, un effet de narration. En cela, le conteur se révèle derrière la façade de Geek – et sans doute, derrière Geek, faut-il voir Alex Jestaire lui-même ?







Mais cela nous ramène au problème initial, qui pour l’heure n’a, je crois, toujours pas de réponse : quelles sont les intentions de Geek, depuis le début ? Et les intentions d’Alex Jestaire ? Mais cette question n’a peut-être pas besoin d’avoir une réponse pour l’heure. Car les Contes du Soleil Noir portent en eux-mêmes leur raison d’être, au-delà de cette dimension cyclique – sans exclure qu’en son temps celle-ci puisse amener à prendre les choses autrement, au travers d’un retour en arrière mégalomane autant que joueur, narrativement s’entend. Ou pas.







BAGOUT GEEK POST-PUNK







Mais, soyons franc : s’il y a des choses intéressantes dans tout ça, il n’y a sans doute rien de bouleversant non plus. D’une certaine manière, nous pouvons avoir le sentiment de déjà connaître tout cela, de ne pas y trouver quoi que ce so
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Contes du Soleil Noir : Esclave

Avec pour la cinquième fois le Geek pour guide ambigu, un télescopage dérangeant et rusé entre la mythologie arabe classique et le pouvoir politico-militaire français contemporain.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2017/11/12/note-de-lecture-contes-du-soleil-noir-esclave-alex-jestaire/
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Contes du Soleil Noir : Audit

J’apprécie énormément les éditions du Diable Vauvert — je suis également une grande fan du travail et du talent éditorial de Marion Mazauric — et c’était donc une immense joie que d’apprendre que j’avais été sélectionnée pour critiquer un de leurs ouvrages !



Contes du Soleil noir. Audit, d’Alex Jestaire, signe parfaitement avec la ligne du Diable Vauvert. Complètement décalé, court, maîtrisé et tranchant, cet opus — le quatrième tome d’une série de 5 —, fait place à une écriture à la fois cynique et réaliste, ce qui est d’ailleurs inquiétant.



C’est l’histoire de trois employés d’une boîte de consulting, et leurs deux stagiaires, qui sont envoyés à Londres pour effectuer l’audit d’une entreprise : à savoir, qui reste et qui part, puisque ladite entreprise est en liquidation. Nous suivons donc ces 5 personnages, aussi énigmatiques les uns que les autres — et pas le moins du moins rassurants.



Audit fait avant tout montre du monde impitoyable et cruel de l’entreprise moderne. D’abord, hiérarchisation oblige, il y a les patrons que l’on ne rencontre jamais dans l’histoire — qui échangent par mails —, il y a celle que l’on envoie au casse-pipe pour accueillir les consultants — qui se plie en quatre pour satisfaire ces messieurs dames, alors que le destin est scellé depuis un bon bout de temps — et les ouvriers — qui eux, sont des dommages collatéraux, et dont on ne tient pas compte. L’entreprise est décrite comme un milieu froid, hostile à toute négociation, où rentabilité et rendement sont les maîtres-mots : s’ils viennent à disparaître, alors l’entreprise aussi. Rien n’est rassurant dans ce livre : l’ambiance est très étrange — avec ce Soleil noir qui donne des pouvoirs aux consultants, tantôt celui d’influer sur le jugement des autres, tantôt celui du droit de vie ou de mort, tantôt celui de contrôler la mémoire —, les personnages principaux intrigants — mais surtout bizarres, on n’a pas trop envie de les connaîtres davantage —, et le milieu de l’entreprise moderne, intransigeant et finalement inhumain. L’objectif des consultants ? Ils s’en vantent dès les premières lignes, ce qui n’en est que plus cruel. Bien sûr, cela fait terriblement écho à la société actuelle, et ça n’en est que plus déstabilisant : des consultants sans cœur — payés des milles et des cents—, un audit joué d’avance, des patrons lucides — qui protègent, sans une once de gêne, leurs intérêts personnels avant ceux de leurs ouvriers—, des ouvriers qui croient dur comme fer à la stratégie mise en place par les consultants — et aux mensonges débités avec un tel aplomb qu’ils leur vouent une confiance aveugle… C’est un univers sans pitié et si j’ai apprécié ce livre, c’est certainement pour sa glaçant authenticité et véracité. Car, s’il ne s’agit que de fiction, et si les agissements des consultants sont dictés par le pouvoir conféré par le Soleil noir, rien n’en est moins vrai aujourd’hui. L’entreprise sert le patronat avant les ouvriers, peu importe leur situation personnelle. Et ça, Alex Jestaire nous le rappelle avec brio.



Enfin, Alex Jestaire nous transporte, au fil des pages, avec son style aussi affuté qu’un couperet, sans transition ni pitié — à l’image de ces personnages qui, disons-le, sont exécrables — au travers une histoire qui fait froid dans le dos. Lorsque l’éditeur parle d’horreur, il s’agit bien là d’une fiction d’horreur. Non pas à cause du suspense, de la tension, des ambiances morbides, mais certainement par ce style complexe, sec, tranchant, qui reflète à l’identique le monde cruel de l’entreprise. Je pense que c’est pour cette raison que cet ouvrage m’a dérangée : il est criant de vérité, et c’est triste de se dire qu’hélas, Audit n’a de fiction que la présence du Soleil noir…



Je recommande la lecture de cet ouvrage — même si parfois, on s’y perd un peu, tout va tellement si vite, à l’image du développement de l’intrigue, d’ailleurs —, parce qu’il m’a parlé, et qu’il m’a plus ou moins ouvert les yeux sur la vérité du monde de l’entreprise. Et ça ne m’a pas rassurée quant à l’avenir…

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Contes du Soleil Noir : Audit

Très franchement, je ne le sentais pas ce bouquin. Une histoire de liquidation d'entreprise ne vend pas franchement du rêve (dans mon esprit). Finalement j'ai terminé ce petit ouvrage en quelques petites heures.



La plume de l'auteur est aiguisée comme un scalpel. C'est tranchant, vif, acide, percutant. Le narrateur, un geek qui se prend pour Big Brother n'y va pas par quatre chemins pour s'exprimer. Il est cash et ça me plait. L'auteur réussit à nous faire ressentir la tension qui est mise en place par les consultants pendant les entretiens avec les salariés mais également lorsqu'ils se servent du Soleil Noir.



Je suis franchement bluffé par Audit. Vraiment. J'ai une terrible envie de découvrir les quatre autres tomes de cette série.
Lien : https://legrenierdesbrumes.w..
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Contes du Soleil Noir : Arbre

De Canari Wharf au Gujarat, un bref regard de biais sur un âge démoniaque en gestation.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/04/05/note-de-lecture-contes-du-soleil-noir-arbre-alex-jestaire/

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Contes du Soleil Noir : Audit

Et voilà comment on bouffe en une journée le 4e tome d'une série qui t'ronge de l'intérieur, à petit feu - thermostat 280° -



Tu sais tu te sens consummer hein, mais devine quoi ? T'es encore prêt à quémander s'il le faut pour lire la suite.



Audit démarre sur la phrase d'un célèbre prophète des 80's, Robert Smith, histoire de bien planter le décor.



Bingo. Le retour du Geek, petite intro façon la 4e dimension sur qui Huxley se permettrait de pisser avec la plus grande classe, changement de perceptions tome 4 hop c'est parti, préparez vous au cartonnage (action de prendre un joli carton des familles, beybi) !



Comment te dire ? Tu sais ces petites fourmis qui te remontent le long des bras en te faisant hérisser les poils quand tu sens l'acide arriver comme une horde sauvage prête à envahir tes petits neurones, et que là, cet instant précis juste avant que tout bascule, le monde change autour de toi ? T'entends les couleurs, tu vois les sons. T'as l'impression que c'est merveilleux et puis.



Bing. Les montagnes russes. Plus de repères, rien pour (re)poser le mental. Tu lèves la tête et tu vois quoi ? Un soleil noir chaton. Une gangrène imperceptible pour certain, beaucoup trop limpide pour d'autres, ceux qui ont surtout appris à s'en servir.



Allons-y Alonzo parce que t'es entrain de devenir fébrile, t'as la spasmophilie qui guette, j'le sens là.



Pitch donc mon petit Lou pitch donc : Angleterre, plan social, crise, team embauchée pour faire du chassage de tête niveau recrutement juste avant de couler une startup. La team lookée Matrix/Addams family, succubes à l'appui + une geekette façon petite-frangine-Malicia-des-Xmen qui fait sourire le décor et deux gars, Élias et Yves "Pioupiou" Wending (à cause du réalisateur ? ma montre et mon billet que oui chaton, ma montre et mon billet que oui...).



Les deux succubes savent se servir de la matière (ce qui te renvoie à un des tomes que t'auras le plaisir de lire si t'es prêt à y laisser une bonne part de ton âme, parce que ouais si t'as pas un peu de Faust en toi tu peux passer ton chemin, minou).



J'ai vu cette phrase de Bruce Willis défiler sur les réseaux sociaux : "Mes cheveux began enfin to pousser et puis je suis tombé sur un french novel, a guy called Jestaire, I read et c'était très bien jusqu'à ce que je comprends you see et you know ... all my hair went .. comment tu dis le français .. en revoir les cheveux".



À s'arracher la tignasse. Juré, inquiétant, même si le Geek est la pour t'épauler parce que t'as besoin d'une présence rassurante histoire de te ramener dans le monde réel.



Réel ? Putain.



Allez c'est bon envoyez moi la suite avant que j'investisse dans une piaule à Arkham. J'me croyais super malin à dire que de lire un Jestaire ça revenait à se foutre une bonne goutte sous la langue, mais en fait j'me rendais pas compte à quel point c'était prophétique.



(heureusement que c'est court parce qu'un trip comme ça qui durerait 12h minou c'est un coup à t'accaparer Enki Bilal pour te redécorer le cortex).



UNTZ UNTZ.


Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Contes du Soleil Noir : Invisible

Dans la série des Contes du Soleil Noir (mais si tu sais, ce truc avec un geek qui s'immisce dans la vie des gens à qui il arrive des trucs chelous et qui te les raconte façon Creepshow), Invisible est mon putain de préféré !



Tu te ballades dans Xelles-Bru et c'est un vrai vent de nostalgie qui te parcourt la tronche. BRUXELLES MY BELLE, ET LES PETITS CACHETONS QUI DONNENT DES AILES !



De plus, Joffrey (le personnage principal de l'histoire) est un camarade qu'on a forcément croisé sans faire attention à lui ; SDF au sens cliché du terme, alcoolique, gueulard, un peu raciste et un peu tout le reste à la fois. Il fait surtout partie de ceux qu'on nomme les Invisibles à force qu'on ose même plus leur sourire ni rien. Société pétée mon vieux.



Sauf qu'en fait Joffrey, ça va vraiment lui arriver de devenir invisible. Et là t'as les instincts, les fantasmes, toutes les choses que t'as toujours voulu faire sous ta cape d’invisibilité qui revient dans le game. Voler, baiser sans se faire gauler. BANG.



Alex dépeint encore une fois cette société qui s'écroule petit à petit, et dont chaque morceau est gobé par le Soleil Noir, ravageant tout sur son passage et qui n'est pas sans rappeler la Tour Sombre de Stephen King.



Pour Invisible, entre Bruxelles Midi et la Gare central, t'as pas senti comme un pet de charogne sans pouvoir associer une image à l'odeur ? T'as pas vu des cafés voleter autour de toi ? Fais un peu plus gaffe la prochaine fois, y'a moyen que tu sois surpris par tous les invisibles qui tentent de sauver les meubles et garder un chouya d'Humanité.



Un +1 qui plussoie ! Amateur de SF ? de "kesskiputaindpass juste avant d'écrire des histoires post-apo ?". Plonges-y, la tête baissée, dans cette série démente qui démonte et démarre en te renversant, qui te rend accro au bout du 2e tome terminé ! C'est plié



ALLEZ LÀ, LA SUITE BORDEL !



(oui bon oké je sais le 3 est pas encore sorti et j'ouvre déjà ma gueule pour avoir le 4e mais tous les dealers savent que la bonne came ça se teste rapidement DAC ????!)
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Tourville

J'ai lu les deux critiques très négatives de ce livre.

Je reconnais avoir douté en lisant les deux premières des trois parties de ce livre.

Alex Jestaire nous décrit un monde d'une noirceur inouïe avec des scènes très gores dont on peine parfois à comprendre la justification. Mais dans la troisième partie il nous ouvre un certain nombre de portes et se plaît à nous perdre dans des explications très diverses. J'avoue que ce plaisir est plus que partagé et que je comprends enfin la comparaison avec Dick ou Lynch.

Encore près de 200 pages à lire et j'espère que l'auteur nous laissera dans ce grand sentiment d'incertitude. Univers fou ou univers vu au travers d'un parano, ou toute autre explication...

A la fin, j'aimerais qu'il reste une part de mystère.

En tous cas un très grand livre complètement barjo, mais qu'il faut avoir la persévérance de lire jusqu'au bout.

Je donne 7/5.
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Contes du Soleil Noir : Audit

je ne connaissais absolument pas l'auteur. Après lecture des 25 premières pages, j'avoue m'être un peu inquiété. Pas par rapport à l'écriture. C'est très bien écrit mais justement tellement qu'on ressent les choses pleinement. On est très vite dans le vif du sujet : les conséquences des audits dans les entreprises. Au vue de la fin de cette première partie, j'ai trouvé ça glaçant mais malheureusement réaliste.





Néanmoins, on ne s'arrête pas là. En effet, les cinq consultants ont tous une capacité extraordinaire que je vous laisse découvrir. Ils utilisent leur talent au sein de la société d'audit pour laquelle ils travaillent. Mais ce travail qu'ils font ne va-t-il pas avoir des conséquences sur leur vie privée? C'est la grande question.





J'avoue ne pas être sûre d'avoir tout compris sur ce roman. Il est déroutant et surtout ça en dit long sur les différences sociales, le pouvoir et le monde du travail. Ce qui me rassure, c'est qu'il semble normal que le lecteur ne puisse pas tout comprendre (enfin, je suppose au vue de la dernière page). C'est un roman cash. Il n'y a pas d'ambiguïté et ça j'adore.





On parle également quand même de l'humain puisqu'on y aborde l'homosexualité, les origines, les relations entre collègues, la solitude et la découverte de soi et des autres de manière très succintes puisque ce n'est pas le but premier de ce roman mais tout de même. C'est assez surprenant d'ailleurs. Avec le recul, je réalise que les personnages principaux sont tous dans des relations homosexuelles à part une. Si ce n'est pas de l'ouverture d'esprit...





En bref, je ne sais pas si j'ai aimé ou non. Une chose est sûre, je l'ai lu en une fois. Il fait réfléchir et surtout il est déconcertant.
Lien : https://lessortilegesdesmots..
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Contes du Soleil Noir : Audit

Cet avis va être un peu particulier car je ne sais pas si j’ai aimé ou non, il n’y a donc pas de note et je vais tenter de vous donner au mieux mon ressenti pour vous donner envie de vous faire votre propre avis.



C’est un récit imaginaire intégré dans notre réalité, les évènements, les lieux et même l’apparence des personnages sont précis et réalistes ce qui nous permet très facilement de visualiser l’histoire et donc de s’en imprégner.



Qu’est ce que le Soleil Noir? Cette chose ou plutôt cette aura machiavélique et invisible du commun des mortels qui tend à contrôler, saboter, détruire et manipuler nos propres états d’âmes et nos caractères. C’est très noir et très puissant, voir également violent, cela confère un sentiment de peur et de vulnérabilité au lecteur mais aussi un pouvoir immense et terrible pour nos cinq consultants. Ils sont énigmatiques, dangereux et surtout très dominateurs, on ne peut que les craindre.



Je ne sais pas si j’ai aimé car c’est étrange, glauque, gore et violent et les victimes tellement amoindris mais en même temps c’est percutant, intriguant et nous tient en haleine.



Il y a tout de même un très gros point positif, le style de narration, le fait qu’on s’adresse directement au lecteur, qu’on le prenne à partie, qu’on s’immisce dans ces réactions, c’est déroutant certes mais vraiment très bien vu car on se sent indéniablement concerné et envoûté par ce récit.



En conclusion, un récit court que j’ai lu d’une traite qui m’a à la fois dérangé et intrigué, le tout sous une plume vive, acérée et percutante.

Merci à Anne et Arnaud et les éditions Le diable Vauvert pour ce service presse.
Lien : https://lmedml.com/2017/09/1..
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Contes du Soleil Noir : Audit

4ème soleil noir : une violence fantastique des échanges en milieu de moins en moins tempéré.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/08/31/note-de-lecture-contes-du-soleil-noir-audit-alex-jestaire/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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