Alexis Laipsker

Ça fait beaucoup de complications pour une seule personne !
- Quoi ?
- Depuis que je suis descendu du train, j'ai eu droit dans l'ordre : à la nana qui en a marre de se faire draguer parce qu’elle considère que son physique est un fardeau, à la petite provinciale qui a du mal à blairer les Parigots, j'ai même peur de ne pas échapper à la comparaison PSG/OM !

Par un réflexe absurde, l’homme cacha son sexe minuscule d’une main, tout en tirant de l’autre le drap à lui.
(…)
- Vous êtes des flics ?
- Non, on fait un reportage pour Vogue Décoration, on trouve l’endroit charmant. Bon, gros sac, t’es qui ?
- Éléphant.
- Quoi ?
- Jean-Paul Brumier. On m’appelle « Eléphant », rapport à ma corpulence.
- Oui, ça m’étonnait aussi que ça fasse référence à ta trompe.

Ce que les autres voient comme de la force, ce n'est réellement qu'une volonté de nier nos propres blessures. Si nous fonçons, ce n'est pas parce que nous sommes forts, mais parce que nous avons peur.

De nos jours, le civisme, la politesse font figure de vestiges. Ne soyons pas comme cette plèbe puante et vulgaire. Vous et moi valons mieux que cela.

- Avez-vous vu rôder quelqu'un dans l'immeuble ?
Quelqu'un que vous n'aviez pas vu auparavant ?
- Votre collègue nous a déjà posé la question.
- Je sais, mais dans la police on aime entendre les histoires plusieurs fois, c'est maladif.

Le braquage avait été si bien planifié, comment est-ce que ça avait pu merder à ce point ? Six mois de préparation pour finir nez à nez avec une demi-douzaine de flics. Quelqu'un les avait vendus. Qui ? On verrait plus tard. S'il y avait un « plus tard ».

L'officier du RAID semblait scandalisé. Venturi venait d'enfreindre deux règles essentielles : ne pas couper la parole à un preneur d'otage et ne jamais le contredire.

C'était la pièce de l'horreur. Du silence éternel. Du néant. De l'abyssal vide de l'enfant qui n'est pas là. Qui ne sera jamais là.

Ce n’était pas un lieu comme les autres, un cimetière. Un pays clos de hauts murs où la tristesse côtoyait l’espérance, dans un paradoxe intime.

Il colla sa main au carreau et approcha son visage.
Il fit un pas en arrière et porta sa main à la bouche.,sans doute pour s'empêcher de crier .Ou de vomir.
Ce n'était pas un petit voilage rouge.

- Qu’en pensez-vous ?
Malgré son apparence de jeune étudiante, elle était prise très au sérieux par le corps judiciaire. La jeune femme avait réussi l’exploit de faire tomber le double obstacle des réticences sexistes et de la méfiance due à son âge. Sa dernière affaire en date l’avait même propulsée au rang de star des prétoires. Ce n’était pas donné à tous les psychologues judiciaires de mettre un terme à une série de meurtres énigmatiques. Elle avait collaboré avec le flic le plus célèbre de France, le Cow-boy. Un duo comme le cinéma n’osait en rêver. L’enquête ayant fait l’objet d’une grande médiatisation, elle en avait récolté les fruits. Certains étaient plus amers que d’autres.

Si vous leur posez la question, tous les joueurs de poker vous répondront qu’ils gagnent. La magie de ce jeu nous fait oublier nos pertes et magnifie nos victoires. La réalité est, hélas, moins poétique.

Les rues se ressemblaient, ternes et sinistres, dotées d’un éclairage urbain lugubre. Des immeubles sans charme et des maisons banales formaient un quadrillage inhospitalier à travers lequel elle évoluait, pressée de le quitter. D’anciens commerces au rideau de fer baissé succédaient à d’autres dont la vitrine était recouverte d’un linceul de poussière. Ce n’était pas seulement la misère sociale qui était frappante, c’était la détresse des gens qui n’attendaient plus rien.

En proposant à Marion de terminer la soirée chez lui, Simon savait quel jeu il s'apprêtait à jouer. Un jeu aussi dangereux que délectable. Elle lui plaisait, éperdument, déraisonnablement. Elle lui avait plu dès le chaos de leur première rencontre. Il avait alors découvert une âme indomptable, tout en paradoxes, une force qui menaçait de rompre, une assurance qui cachait de la timidité, l'énergie d'un volcan qui pouvait s'éteindre d'un souffle.

Le silence est si pesant quand on a quelque chose à cacher.

Nous sommes deux êtres brisés, Elizabeth. En d'autres circonstances, tout aurait été différent. J'aurais pris le soin de vous aimer. Vous le méritez tant.

- Je vous ai fait du mal ? s'enquit-il avec tendresse.
- Je me relèverai. C'est ce que je fais, toujours, non ?

Vous aurez beau tirer sur vos manches autant que vous voudrez, il y a des cicatrices que l'on ne peut cacher. Vos veines tailladées ont fini par se refermer, mais il subsiste quelque chose dans votre regard qui saigne encore.

La statue avait vacillé, révélant enfin sa vulnérabilité. Il avait frôlé la mort et lui devait la vie. À une femme. Cela faisait beaucoup à avaler en bien peu de temps.

La plus aigre des défaites était le refus de combattre.