Tombé en disgrâce professionnelle et conjugale, Asher, scénariste à succès à Hollywood , la cinquantaine ( exactement, cinquante et un ans), fuit la Californie pour NewYork. Ses illusions perdues, sans espoir, il retourne dans la ville qu'il a quitté trente ans auparavant pour réaliser ses rêves. Il en espère dieu c'est quoi, mais la rencontre d'un jeune couple de cocos puérils, dont son neveu et sa petite amie va corser les choses, déjà assez compliquées pour lui (« Comme je l'ai dit, elle aimait jouer. À des jeux compliqués. Tous les deux aimaient ça. Et ils jouaient ensemble, elle et Michael. »)...... Les personnages sont superbement typés, impossible de rester indifférent à Michael, le neveu, poète morveux et à la garce culottée, Aurora d'Amore, la petite amie. L'auteur nous bluffe grave avec un trio improbable.
Nous voici dans le NewYork des années 60, The Big Apple superbement décrite par la plume élégante et sobre de Hayes, tel qu'on l'entrevoit dans les films en noir et blanc de l'époque ou les dessins de Hopper (Night Shadows ); cette ville quatrième personnage du roman, dont il n'arrive pas à ajuster l'image avec celle de son enfance, d'avant-guerre. Hayes, scénariste dans la vie, déploie l'histoire comme un film, aux cadrages superbes avec gros plan sur les détails, et en voix off, ses commentaires et pensées. Un regard acerbe non dépourvu de cynisme et d'humour sur La Vie, “Mon dentiste, penché sur moi, tandis que sa fraise vrombissait dans ma bouche sans défense, me l'avait bien dit : après cinquante ans (vrombissement de la fraise) c'était le début de la fin”.
J'aime les livres de Hayes; écrits il y a cinquante ans ou plus, ils ne se démodent pas, et ce petit goût de vintage et de Hollywood imprégné de nonchalance et d'autodérision, un brin cruel, en font son charme fou.
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Années 50, Hollywood, notre narrateur, scénariste à succès ( comme l'écrivain ! ), s'ennuie à une fête. Une jeune fille suicidaire qui s'enfonce sous ses yeux dans l'océan, le sort de sa torpeur.Il la sauve. Elle l'appelle pour le remercier. Ils se revoient.....
Cet homme qui s'ennuie de la vie, en général," un peu marié" avec femme et enfant à NewYork, va se retrouver malgré lui, dans une liaison, dont lui-même n'arrive pas à en déterminer la nature. Quand à la jeune fille suicidaire, cette jolie fille, une starlette en attente d'un succès improbable, qui semble si détachée et si "cool", est loin d'être ce qu'elle paraît.
Comme le dit le narrateur ,lui-même, voulant " éviter le tourment, l'isolement, le doute de soi, rechercher quelque chose qui n'exigeait aucune forme de sincérité, une vie moins difficile que celle qu'il avait eu", il va se retrouver dans le pire des guet-apens ....
L'auteur avec deux personnages anonymes, à la psychologie finement détaillée, dans une ambiance très cinématographique des films américains en noir et blanc ,années 50, et un soupçon de jazz en musique de fond, nous livre un roman noir, cruel et Brillant ! J'ai hâte de découvrir ses autres livres!
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Années 50, NewYork.
Sorti tout droit d'un tableau de Hopper, un homme,assis dans un bar à 3h de l'après-midi, parle à une jeune et jolie inconnue de sa lassitude de la vie; Et lui raconte une histoire,son histoire...
L'histoire d'une liaison avec une jeune et jolie femme .
Elle est divorcée , un enfant abandonné à ses parents. Elle vit seule, de quoi elle subsiste , pas trés clair.
Le narrateur,notre homme du bar, dans la quarantaine, est écrivain ( le même type de mec que le narrateur d'"Une jolie fille comme ça ",sosie de l'auteur ).
Ils ont une relation des plus banales, où "l'amour " est difficile à définir. Il n'aspire à rien et se noit dans ses questions existentielles, elle , cherche la sécurité matérielle et voudrait se remarier.
Un soir qu'elle sort seule avec des amis en boîte ,"la proposition indécente " d'un inconnu,millionnaire, va tout chambouler.....Ça fait écho au film d'Adrian Lyne avec Robert Redford,on n'en est pas loin,sauf que le film est réalisé en 1992, le livre écrit en 54, et rien de comparable à part le sujet.
C'est brillant! Une histoire , plus élaborée que celle d'"Une jolie fille comme ça ", écrit beaucoup plus tard en 1958. Une profonde introspection dans l'âme humaine, analysant la façon dont notre perception personnelle des circonstances et des événements peuvent nous dérouter,altérer nos sentiments, nous faire douter de nos plus intimes convictions....et nous entraîner dans des décisions et des choix dont seul le futur décidera de leur justesse.
Toujours comme dans "Une jolie fille comme ça ",des personnages à la psychologie finement détaillée,une ambiance trés cinématographique des films américains en noir et blanc des années 50, une prose raffinée et méticuleuse,mais le tout, moins noir et moins cruel.
C'est un petit bijou de littérature ! Comme dit Frédéric Raphael dans sa préface à l'édition en v.o.,"a gem is a gem is a gem" (une merveille est une merveille ,est une merveille)...que dire de plus .
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Une jeune fille s'enfonce dans l'océan un cocktail à la main. Un homme plonge, la ranime et, débute alors une liaison confuse entre un homme marié et cette jeune femme en détresse.
C'est par là voix de l'homme que l'auteur s'exprime, qu'il nous raconte les quelques jours qui suivent.
Sans dévoiler le lieu et l'identité des protagonistes, Hayes nous raconte le rêve hollywoodien
Et le système qui broie et anéanti les espoirs de gloire.
Une écriture subtile qui rapproche ce livre du roman noir. Alfred Hayes, scénariste Et écrivain, décédé en 1985, voit son oeuvre rééditée.
Un petit livre qui ne m'à pas enthousiasmé outre mesure, malgré un style intéressant .
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Dans la villa de Charlie, la fête bat son plein (une fête hollywoodienne comme l’indique la quatrième de couverture). Un scénariste très connu, un peu las, sort pour contempler l’océan. La fille, une starlette en quête d’un rôle, ivre, se jette dans l’océan. Il la sauve.
Il est séparé de sa femme et suite à cette soirée, il devient l’amant de la fille, une relation tourmentée, bancale.
Lui, le narrateur, nous raconte leurs rencontres. Elle a apparemment un problème avec l’alcool qu’elle consomme plus que de raison.
Elle se rend deux fois par semaine chez le Docteur Ritter…. Pourquoi ? Qui est-il ? Est-ce pour son problème d’alcool, est-ce un psychanalyste ?
Je me suis posé beaucoup de questions tout au long de ma lecture (192 pages). Est-ce une partie de la vie d’Alfred Hayes ? Est-ce de la fiction ? Questions auxquelles je n’ai pas trouvé de réponse.
Si il est bien écrit (ou bien retranscrit pas la traductrice, Agnès Desarthe) et se lit très vite, je n’ai pas beaucoup aimé, il ne me laissera pas un souvenir impérissable, je trouve l’histoire fade, triste. Je le classerais dans les romans noirs
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Petit roman à l'atmosphère digne d'un Raymond Chandler.
L'auteur qui m'était inconnu, a écrit des chansons de Joan Baez et des scénarios de cinéma pour Rossellini.
Il réalise ici un vrai petit bijou, qui révèle l'âme pas si pure du protagoniste.
Une bien belle découverte.
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Ce court roman d'Alfred Hayes a été édité en 1958 et traduit en 2015 par Agnès Desarthe.
Le style est dépouillé, l'histoire terriblement crédible. C'est celle d'un homme encore jeune qui croit avoir compris la vie et qui s'embarque quand même dans une histoire sentimentale qui n'est pas son genre.
Ça va le mener là où il ne s'attendait pas, pour lui apprendre à sauver les jolies filles de la noyade.
On peut comparer l'oeuvre, sans vouloir la réduire, à un roman noir américain de bonne facture de la première moitié du vingtième siècle. Ou à l'excellente veine qui a inspiré Sébastien Japrisot dans son admirable "La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil" ou Marc Behm dans "Mortelle randonnée".
Il y a dans ce livre un fameux passage sur la corrida. Aussi évocatrice que la chanson d'Henri Tachan ou celle de Francis Cabrel. Un morceau de littérature qui mériterait d'entrer dans les anthologies et d'y rester.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. C'est à la fois la vie et l'art.
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Alfred Hayes (1911-1985) est un scénariste, poète et écrivain britannique. Né à Londres, Alfred Hayes arrive aux Etats-Unis avec ses parents à l'âge de 3 ans. Il fait ses études à New York puis devient ensuite journaliste pour le New York Journal-American et le New York Daily Mirror, tout en commençant à publier ses poésies (comme Joe Hill, dont la version chantée a été rendue célèbre par Joan Baez). En 1945 à Rome, il rencontre Roberto Rossellini pour qui il travaillera au scénario de Païsa, mais il bossera aussi avec John Huston, Nicolas Ray, George Cukor... à moins qu’il n’écrive des scénarios pour la série Mannix (Hé ! les anciens, ça vous rappelle quelque chose ?) C'est aussi à la même époque qu'il commence à écrire son premier roman. Une jolie fille comme ça, son sixième opus, paru en 1958, vient d’être traduit chez nous.
Los Angeles, en bord de mer. Alors qu’il s’échappe d’une fête hollywoodienne où il s’ennuyait, un scénariste en vogue aperçoit une jeune femme entrer dans l’océan en contrebas devant la villa. Il pense d’abord qu’elle barbote mais une grosse vague se forme et la fille coule. L’homme se jette à l’eau et la sauve.
Sur ce point de départ finalement assez mince voire classique, Alfred Hayes va construire un roman psychologique décrivant les états d’âme entre un homme et une femme qui passeront de l’indifférence aux sentiments plus intimes avec des phases de crises intenses, agréables ou non, puis à la séparation. Un roman ou une étude ? On peut s’interroger, car si la forme générale est romanesque, on note que l’homme comme la femme, n’ont pas de nom ; comme des sujets de laboratoire pour un scientifique, ici un spécialiste de l’âme humaine.
Lui, le narrateur, approche de la quarantaine, sa femme et leur fille vivent à New York, mais son boulot pour les studios de cinéma l’amène à faire de fréquents allers et retours entre la côte Est et la Californie. Il n’est pas carriériste ni homme d’argent, même s’il est grassement payé. Elle, vingt-cinq ans, habite ici depuis cinq ans, dans un minuscule appartement tristounet, dans l’espoir de décrocher un rôle au cinéma. Insuccès professionnel, rupture sentimentale récente, son barbotage dans l’océan s’apparente à une tentative de suicide. Après l’incident, elle contactera l’homme pour le remercier et lui, par une sorte de simple réflexe – car « je n’étais pas certain qu’elle me plaisait » - l’invitera à dîner. Dès lors le processus est enclenché, même si ni l’un, ni l’autre, ne le sait.
L’écrivain est très habile car il manie deux sentiments contradictoires, un couple qui reste anonyme, donc lointain, un regard quasi clinique sur l’évolution de leur relation, nous les regardons vivre comme on regarderait des rats dans une cage de laboratoire, et pourtant, elle comme lui nous paraissent très proches néanmoins, à leur manière. Elle et lui, de même, nous sont parfois sympathiques, d’autres beaucoup moins au fur et à mesure que les caractères se dessinent. Je ne vais pas entrer dans les détails de leur liaison amoureuse, je vous les laisse découvrir, mais plus la lecture avance plus il devient évident que pour l’écrivain, les dés sont pipés par avance. Elle, ne sera qu’une petite starlette en jamais devenir et lui, un séducteur pas acharné, mais séducteur quand même. Si Alfred Hayes se penche particulièrement sur les caractères, il n’oublie pas pour autant le contexte, le monde du cinéma et ses mirages, les rêves qui tournent au cauchemar, les destins pris dans l’inéluctable étau des probabilités, avec un ton alliant le cynisme à l’ironie.
Un roman très court et plutôt bon, avec d’excellents passages comme la crise de paranoïa du chapitre quatorze, la longue séquence de corrida à Tijuana…
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In love d'Alfred Hayes est un petit bijou.
J'avais déjà beaucoup aimé C'en est fini de moi et Une jolie fille comme ça de ce romancier d'origine anglaise qui a fait carrière aux Etats-Unis et en Italie en tant que scénariste de grands réalisateurs comme Rosselini et Fritz Lang.
On retrouve dans ses livres, grâce à une écriture cinématographique au cordeau faite de simplicité et de scènes très visuelles, l'ambiance des films noirs américains.
Ce que le scénariste ajoute dans ses livres, c'est une bonne dose de psychologie qui entre pour beaucoup dans le plaisir de lecture.
Nous sommes ici dans la ville de New-York qui offre de somptueux décors de cinéma.
Dans les premiers et derniers chapitres, un homme, dans un bar, raconte à une femme, une histoire d'amour qui s'est mal terminée.
Ces deux scènes encadrent et donnent du relief au récit, à la première personne, de la rencontre et de la relation amoureuse entre un homme vaguement écrivain et une jeune femme, divorcée, dont nous ne connaîtrons pas le nom.
D'entrée de jeu, le désenchantement est présent. Nous sentons que les choses ne parviendront pas à se construire entre ces deux êtres.
Ils sont censés s'aimer, mais ne s'aiment pas eux-mêmes et ne parviennent pas à se projeter dans une relation de couple. Peut-on aimer l'autre quand on n'a pas d'estime de soi?
Ils jouent à distance à être amoureux, puis quand la jeune femme se rapproche d'un homme qui a beaucoup d'argent, ils tentent de se retrouver, de se manipuler, de se faire du chantage et c'est le fiasco.
Le point de rupture a lieu dans une scène d'anthologie dans un hôtel minable d'Atlantic City.
Les sentiments et les relations aux autres peuvent vite changer, au gré des pages.
Il y a beaucoup de nuances, de subtilité, voire de perversité chez Alfred Hayes. Son tour de force est de nous entraîner dans ces variations sur l'engagement amoureux en seulement 160 pages, avec des moments de suspense et un soupçon de violence latente.
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Un court récit sensible et lucide sur les désillusions du rêve hollywoodien, par un auteur peu connu qui a pourtant travaillé avec les grands noms du cinéma américain.
Merci à Agnès Desarthe qui a traduit et qui préface ce roman initialement édité en 1958.
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La rencontre de solitudes. Chacun la sienne. Mais aucune d'elle ne rencontre l'autre. Si ce n'est dans le mouvement de cette rencontre. Comme l'un tournant autour de l'autre. Comme l'autre désirant pénétrer le premier dans la vie de l'un, s'y absoudre d'une vie qu'il n'a pas mérité et se résoudre à une vie que vainement elle désire. Vainement. Parce qu'aucun n'a les codes de l'autre et aucun n'a les codes de l'existence. Chacun désirant secrètement quelque chose de trop grand pour lui. "La jolie fille comme ça" fait tomber le masque de la folie. La folie des studios de cinéma, la folie de la vie facile, la folie de sa souffrance ternie et cachée dans un esprit naïf, la folie d'un scénariste qui pensait encore avoir une certaine prise sur sa propre vie. L'enfermement dans une folie homicide, réceptrice. Elle seule se sera sauvée... enfin, je crois.
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Un livre paru dans les années 50 et qui conte la vie à Hollywood des starlettes ,comme on disait alors, et les pressions sexuelles auxquelles elles devaient faire face pour réussir à faire carrière. Le sujet est toujours d'actualité porté par le récent mouvement de metoo .Le style est agréable et l'analyse des relations amoureuses très fines
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Quand même une sacré déception... On me l'a survendu. Et qu'est-ce ? Un honnête petit livre qui certes décrit assez bien les impressions intérieures et parfois aussi extérieures, mais sans un immense génie. Du déjà lu. Ok le livre paraît très contemporain alors qu'il date d'une quarantaine d'années, on peut donc penser à quelque chose qui traverse le temps, mais je n'y crois pas trop. Je n'ai pas rêvé, je n'ai pas ressenti grand choses avec cette lecture. Pas un mauvais moment, sans doute très appréciable... mais ça ça marcherait sans doute si on ne vous le survend pas. Trop d'attente(s)... Du coup, grâce à moi vous aurez peut-être une agréable surprise ! *Sourire*
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