Citations de Alfred Hitchcock (182)
Il n’y a pas de justice. On passe une bonne partie de sa vie à s'esquinter pour donner à ses enfants ce qu’on n’a jamais eu.
Chez le dénommé Pilgrim, il y avait un je ne sais quoi de vicié, de détérioré, de pas frais. " Râpé " ou " mité " , serait peut-être le mot qui aurait convenu, mais appliqué à un être humain. Il était difficile de ne pas le considérer un peu à la manière d'une efficiente ménagère examinant un pot de confiture faite à la maison, et repérant à sa surface une tache de moisi. Bon au goût mais douteux, se dirait-elle ; dommage quand même de laisser perdre ça. Donnons-le vite aux pauvres. Voilà, me semblait-il, l'effet que produisait Pilgrim.
Un cadeau pour Lona par Avram Davidson
Il y avait de la sciure de bois - comme chez les bouchers - sur le plancher de la longue pièce où Jack Clauson attendait, debout, l'homme qu'il s'apprêtait à tuer. Mais il fallait qu'il mourût et il fallait que Clauson le tuât. Non par haine, mais par amour - par amour pour Lona.
Je suis venu tard à la télévision et d’aucuns ont prétendu que j’attendais que les écrans deviennent assez grands pour que je puisse m’y loger (allégation contre laquelle je proteste de tout mon poids). Toutefois, j’en suis venu à beaucoup aimer ce moyen d’expression et j’espère bien que l’on ne verra pas dans l’existence de ce livre une critique mais simplement la reconnaissance d’un fait patent. A savoir qu’il y a certaines histoires auxquelles la télévision ne peut rendre justice.
Ce choix d’histoires s’adresse essentiellement à ceux qui trouvent trop fade la saveur de la télévision.
Malgré ses quatre cent quatre-vingt-dix mètres de profondeur, le lac commence déjà à se remplir des détritus, des immondices et de la fange accumulés par l'homme lors de son éphémère passage sur cette terre. Il a fallu douze millions d'années à la planète pour créer pareil splendeur, mais il nous suffira d'un siècle pour la détruire. L'humanité et Tahoe ne sont pas faits l'un pour l'autre.
De toute façon, il serait juste que nous supportions à parts égales les inconvénients qui résultent du crime, Angela, dit-il en pesant sur les mots. C’est moi qui ai appuyé sur la détente, d’accord ; mais en réalité, cet assassinat est ton œuvre autant que la mienne. J’estime donc que nous devons partager absolument tout ce qui en découle.
Deux semaines plus tard, résigné à l'idée qu'il ne pourrait plus tourner, Hitchcock fermait son bureau, renvoyait son personnel et rentrait chez lui. La Reine d'Angleterre le nommait Sir Alfred, égalisant ainsi la vieille compétition secrète avec un autre génial gamin de Londres, Charlie Chaplin. Il ne restait plus à Sir Alfred qu'à attendre la mort, quelques vodkas interdites aidant à la faire venir plus vite. Cela arriva le 29 avril 1980.
Je n'aime pas la littérature très écrite dont la séduction réside dans le style. Mon esprit est strictement visuel et, si je lis une description détaillée, cela m'impatiente car je pourrais en montrer autant et plus vite avec une caméra.
Truffaut : Un critique de cinéma, Jean Douchet, a dit une chose amusante : « Dans la première partie de Psycho, John Gavin est torse nu, Janeth Leigh porte un soutien-gorge et, à cause de cela, cette scène ne satisfait que la moitié du public ».
Hitchcock : Quand j'aborde la question du sexe à l'écran, je n'oublie pas que, là encore, le suspense commande tout. Si le sexe est trop criard et trop évident, il n'y a plus de suspense. Qu'est-ce qui me dicte le choix d'actrices blondes et sophistiquées ? Nous cherchons des femmes du monde, de vraies dames qui deviendront des putains dans la chambre à coucher. La pauvre Marilyn Monroe avait le sexe affiché partout sur sa figure, comme Brigitte Bardot, et ce n'est pas très fin.
Hitchcock : Je me souviens d'une critique à ce propos. Mlle Lejeune, dans le « London Observer », a écrit que Rear Window* était un film « horrible », parce qu'il y avait un type qui regardait constamment par le fenêtre. Je pense qu'elle n'aurait pas dû écrire que c'était horrible. Oui, l'homme était un voyeur, mais est-ce que nous ne sommes pas tous des voyeurs ?
*Fenêtre sur Cour (1955)
Hitchcock : Dans I Confess* nous savons, nous les catholiques, qu'un prêtre ne peut pas révéler un secret de la confession, mais les protestants, les athées, les agnostiques pensent : « C'est ridicule de se taire, aucun homme ne sacrifierait sa vie pour une chose pareille. »
Truffaut : C'est donc une erreur dans la conception du film ?
Hitchcock : Effectivement, il ne fallait pas tourner ce film.
* La Loi du Silence
L'homme était mort, mais non le cinéaste, car ses films, réalisés avec un soin extraordinaire, une passion exclusive, une émotivité extrême masquée par une maîtrise technique rare, n'en finiraient pas de circuler, diffusés à travers le monde, rivalisant avec les productions nouvelles, défiant l'usure du temps, vérifiant l'image de Jean Cocteau parlant de Proust : « Son œuvre continuait à vivre comme les montres au poignets des soldats morts. »
Dans les immeubles à loyers élevés, on respecte scrupuleusement la vie privée des locataires; il faudrait au moins un incendie ou une explosion pour violer leur domicile.
Les femmes font les meilleurs psychanalystes jusqu'à ce qu'elles tombent amoureuses. Elles font alors les meilleurs patients.
La chaise dégageait une odeur putride. C'était incontestable. En me retournant, ma joue se posa contre le bois humide et verni. Alors mes narines furent assaillies par une odeur aigre et parfaitement écœurante. c'était à la fois attirant et repoussant. Dans une certaine mesure, cela calma mon malaise physique mais, d'autres part, cela m'emplit d'un immense dégoût.
Tout d'abord, il y eut la découverte du revolver. Une découverte vraiment surprenante, quand on pense qu'il n'y avait jamais eu dans cette maison d'arme plus dangereuse que le tisonnier de la cheminée. Ce n'est pas qu'un tisonnier ne puisse être dangereux, mais on peut tout de même l'utiliser à des fins pacifiques. Un revolver, c'est tout autre chose.
Je vais te dire une bonne chose, Gascius : quand on pend un type, on peut toujours découvrir après qu'il était innocent et donner son nom à un jardin public ou à une course de chevaux, ça ne lui fait ni chaud ni froid, il n'est plus là pour le voir, le pauvre vieux, et c'est pas ça qui le ressuscitera.
Hormis les enfants, les visiteurs étaient chose rare au cottage. Le facteur y montait en poussant sa bicyclette une fois par jour ; les camionnettes de livraison faisaient leur apparition au jour convenu : le poissonnier le mardi, l’épicier le jeudi, le boucher le vendredi. En été, il arrivait à des promeneurs de couper par-là, sans se rendre compte que le propriétaire du cottage avait été averti de leur approche, de leur passage et de leur disparition.