AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ali Al-Muqri (42)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le beau juif

Salem jeune juif de 12 ans rencontre Fatima la fille du mufti qui a 17 ans qui va vite le surnommer « le beau Juif »..

Ces deux-là au prétexte que Fatima apprend à lire et à écrire l'arabe à Salem, qui lui, apprendra l'hébreu à Fatima, vont réussir à se voir même si les langues se délient contre eux.

Et ils vont grandir et s'aimer malgré l'intolérance de leur communauté respective.

Ils seront obligés de fuir pour vivre cet amour impossible, et leur fils ne sera admis dans aucune des deux communautés, pour les juifs il ne peut être juif puisque sa mère ne l'est pas et pour les musulmans il ne peut être musulman puisque son père ne l'est pas.

C'est dans le Yémen du 17ème siècle que nous emmène l'auteur pour nous raconter l'histoire de Salem et de Fatima puis de celle de leur fils et de leur petit-fils.

Histoire qui se confond avec celle de la communauté juive du Yémen qui sera bannie des villes du pays et exilée dans le désert.

Superbe livre qui nous rappelle que la confrontation que nous connaissons actuellement entre ces deux communautés a des racines bien lointaines et bien profondes, et qu'il va falloir beaucoup et beaucoup d'hommes et de femmes de bonne volonté et surtout beaucoup d'amour pour espérer qu'un jour elles puissent enfin vivre en paix.

Commenter  J’apprécie          90
Le beau juif

Je vous emmène au Yémen, au dix-septième siècle. Salem est juif, Fatima, de cinq ans son aînée, musulmane. Ils habitent dans un village appelé Rayda. A cette époque, le pays est déjà régi par l’islam mais les juifs y sont tolérés, avec certaines limites. Ils ne peuvent par exemple pas construire de maisons plus élevées que celles des musulmans. Salem est envoyé dans la maison des parents de Fatima pour y réaliser de petits travaux. C’est ainsi qu’il fait la connaissance d’une jeune femme intelligente, cultivée, lettrée et aussi belle en-dehors qu’au-dedans. Elle lui apprend à lire et écrire l’arabe, à la grande réticence de son père (celui de Salem). Les années passant, Fatima et Salem, son “beau Juif”, se rapprochent, et prennent une décision à l’impact profond et durable...



Dans ce livre découpé en différentes parties (Fatima jour après jour, Le rite de Fatima, Chronique des Juifs yéménites, “Je suis le descendant du beau Juif, le petit-fils de Fatima...”), Ali Al-Muqri, qui a obtenu pour ce roman le prix international du roman arabe, aborde les relations interreligieuses qui avaient cours en son pays il y a quatre cents ans, tout comme les distinctions et conflits qui en découlent. Il parle également d’écriture et de poésie, vecteurs de tolérance et de paix. Ce sont les livres qui éduquent Fatima et l’ouvrent à l’altérité, et qu’elle fait découvrir à Salem dans un désir de partage.



Si Fatima est habitée par la paix et le respect envers le vivant, quel qu’il soit, ce n’est cependant pas le cas, que ce soit dans le village ou plus largement dans le pays. Il est proscrit de se mélanger vraiment, au risque de grandes représailles. Tout au long du roman, les tensions sont importantes et tout est prétexte à la discorde. Les deux premières parties du livre sont consacrées à l’histoire de Fatima et Salem. La troisième, elle, dans la lignée du contexte religieux décrit plus haut, et moins facilement abordable parce que s’éloignant du récit proprement dit, parle des Juifs yéménites de manière plus large. L’auteur nous explique cette l’époque où les Juifs croient voir arriver le Messie annoncé par les Ecritures, et les persécutions consécutives à leur changement d’attitude.



J’ai été très sensible à la plume d’Ali Al-Muqri. Avec beaucoup de poésie, il nous emmène dans cette histoire dure, qui aurait tout aussi bien pu se passer à l’heure actuelle, et qui nous montre que malheureusement, un conflit peut perdurer loin au-delà de la mort même. Et en même temps, une fois encore, la lecture se pose comme ferment de paix, de tolérance et d’amour, et permet d’apaiser les coeurs lorsque les jours sont sombres ou conflictuels. Elle fait de Fatima une femme magnifique, une personne qui, si elle faisait partie de notre vie, la rendrait un peu meilleure.



En résumé, une lecture belle, instructive, et dure, aussi...



Commenter  J’apprécie          10
Le pays du commandeur

Une plongée au cœur d'une dictature racontée par le journaliste mandater pour écrire la biographie du Commandeur.



Ali, journaliste égyptien, est désespéré de ne pouvoir soigner correctement sa femme atteinte d'un cancer. Alors quand l'occasion de gagner une somme faramineuse se présente, il est difficile de dire non. Même s'il s'agit d'écrire la biographie du dictateur du pays voisin.



Ali part donc pour s'immerger au cœur de la gouvernance en espérant rédiger au plus vite ce que l'on attend de lui afin de retrouver sa femme et la soigner.



Ses premières observations le font douter. Doit-il vraiment vendre son honnêteté intellectuelle et son éthique pour de l'argent, même si le but ultime est de soigner sa femme ? Loin de sa femme, Ali se laisse séduire et perd de vue les raisons qui ont guidées sa décision.



L'auteur yéménite nous parle de courage, de liberté, de libre arbitre.



L'écriture est très agréable et le dilemme d'Ali très intéressant.

Les évènements et conséquences de cette dictature sont relatés avec distance et la personnalité du commandeur assez peu imposante ce qui parfois peut donner un sentiment d'irréel.



Une lecture intéressante !
Commenter  J’apprécie          50
Le beau juif

Je m’attendais à une histoire un peu à la Roméo et Juliette, mais pas à autant de considérations et de références religieuses… aspect qui m’a au départ un peu déçue. Avec cette lecture, on découvre qu’au Yémen du XVIIème siècle, malgré certains affrontements, juifs et musulmans vivent ensemble en bonne entente. Certes, il y a le quartier juif d’un côté, des quartiers musulmans de l’autre, mais dans les activités de la vie quotidienne, les deux communautés se côtoient et s’entremêlent : artisans juifs employés pour intervenir dans des demeures musulmanes, jeunes gens des deux communautés qui se retrouvent le soir pour boire de l’alcool, histoires d’amour mixtes (unions souvent tenues secrètes – quoique souvent secrets de polichinelle – mais néanmoins rendues possibles par cette cohabitation existante). Les deux communautés s’allient même pour le pire, lorsqu’il s’agit de décider du sort à réserver à un couple coupable d’ « adultère » (au sens de relations sexuelles survenues hors mariage). Néanmoins, la limite à ne pas franchir, car il y en a une, est la ligne rouge du mariage. Les deux religions s’accordent pour rejeter toute mixité possible sur ce point. Amourettes sur lesquelles on ferme les yeux, d’accord, mais pas question d’officialiser les choses, et encore moins d’envisager avoir des enfants !



C’est le drame que vivront les personnages de cette histoire : Salem, le beau juif, et sa compagne musulmane, Fatima, fille du mufti. Un amour vrai, puissant, dont la force grandit avec les années. Une passion commune pour la lecture, l’écriture, l’amour des deux langues, arabe et hébreu, indépendamment de son origine et sa religion.

Nous suivons leur cheminement, leur entêtement à s’aimer malgré les interdits et ce qui découlera de cet amour. Puis, nous découvrons l’histoire de leur descendance et, à travers eux, celle des juifs du Yémen et les exactions subies lorsque les tensions entre les deux communautés s’exacerbent.



Ce roman comporte beaucoup de références historiques et religieuses, très intéressantes. L’écriture est belle et fluide.



Une lecture plaisante et intéressante, mais je n’y ai pas trouvé ce « petit plus » qui me fait vibrer lors d’une lecture.

Commenter  J’apprécie          20
Le beau juif

Peut-on s'aimer entre Musulmans et Juifs dans le Yemen du XVIIe siècle ? Pas tellement plus facilement que dans une grande partie du monde actuel apparemment...

Ce livre court a 2 parties :

- L'histoire d'amour du roman est portée par une femme libre attachante. Elle est dans la lignée des amours tragiques comme Roméo et Juliette, sur fond de curiosité pour la culture (connaitre la langue de l'autre, les livres...).

- La page d'Histoire est un peu trop sèche et longuette pour moi (surtout quand elle devient chronique sur la fin) mais montre combien les questions "à qui appartiennent les terres et Jérusalem ? qui détient le droit de vivre ? qui a la bonne religion ? sur quoi se fondent l'identité et l'appartenance ?" semblent éternelles...

Commenter  J’apprécie          80
Le beau juif

Avec en toile de fond, l’histoire du Yémen au XVIIe siècle, où les juifs yéménites sont persécutés, l’auteur nous raconte la très belle histoire d’amour de Fatima, fille du mufti, et de Salem, un jeune juif de Rayda. Au vu du contexte religieux leur idylle est impossible.



Les deux jeunes gens s’enfuient et se marient. De leur union naît un enfant, considéré comme musulman par les juifs et comme juif par les musulmans. Chez les Juifs, la religion se transmet au fils par la mère, tandis que chez les Musulmans, elle se transmet par le père. Pourquoi faire simple !



Après la mort de femme, Salem se convertit finalement à l’Islam, espérant ainsi donner une identité à son fils. Mais pour lui, seul le rite de Fatima compte, celui qui prône l’amour et la tolérance.



La deuxième partie, est plus «historique» retraçant l’histoire des juifs yéménites, très intéressant, où il décrit leur condition, allant jusqu’à leur expulsion du Yémen.



J’ai été séduite par cette histoire touchante, et j’ai beaucoup appris sur ce pan d’histoire qui m’était totalement inconnu.
Commenter  J’apprécie          160
Le beau juif

Ici encore l'amour entre deux êtres inquiète les religions, en menace les fondations. Elles avaient pourtant bien ficelé leur affaire : tout comme la religiosité assigne la soif d'absolu innée chez l'homme à une soumission idéologique et corporelle au pouvoir de quelques-uns, l'inévitable gangrène de la passion amoureuse est censée être aseptisée par le mariage règlementaire, en bonne et due forme.

Que deux ingénus transgressent cette doctrine et c'est toute la communauté qui se voit ébranlée, comme une greffe qui refuse de prendre sur un organisme déficient.

Et pourtant... quelle majestueuse divagation lorsque leurs lèvres s'effleurent, que les langues papillonnent le même langage, unies dans un seul et unique souffle partagé...

Oui mais qu'est-ce qu'il y a d'écrit sur la notice ? Y a-t-il jurisprudence ? Ont-ils payé la redevance ? Qu'a décrété le très béni Croque-Mort, fils premier-né de Sa Sainteté Bouche Baveuse ? Près du coeur, loin de nos yeux.

Adieu messieurs les théologiens, nous vivrons d'amours buissonnières jusqu'à ce que las de nous aimer sur terre, nos cadavres rejetés de vos cimetières ensemencent l'eau des rivières et les croyances de vos enfants.
Commenter  J’apprécie          213
Le beau juif

Peu emballée au départ par le synopsis qui paraissait bien sirupeux, j'ai fini par réellement apprécier cet ouvrage d'Ali Al-Muqri, auteur yéménite originaire de Taëz, qui nous dévoile le quotidien du Yémen du XVIIe siècle, sur fond de dissensions religieuses entre les communautés juives et arabes.



Les premiers chapitres du beau juif sont plutôt simple, et donnent à voir par les yeux d'un jeune juif d'une douzaine d'années une société dont les relations entre communautés sont régies par des lois strictes et acceptées de tous ; bien que l'on sente déjà l'attirance irrépressible que Salem ressent pour l'érudite Fatima...



L'originalité du roman est son traitement subtil de l'interdépendance étroite des communautés, et de l'engrenage malsain dans lequel elles se perdent ; plusieurs couples mixtes se forment, et tous connaissent un triste destin devant le scandale que cela provoque. La répression de ceux qui transgressent l'interdit semble dès lors être la seule occasion de ralliement des juifs et des musulmans, à l'image du meurtre du sorcier ou des prostituées juives venue de Sanaa.



A travers son récit des années tourmentées qui virent l'apogée de la famille qâsimide au Yémen, Al-Muqri nous conte à la fois le refus des musulmans de considérer les juifs comme étant "chez eux" au Yémen, malgré leur présence millénaire, tandis que ces derniers, poussés peu à peu à l'exil, se laissent berner par la proclamation de Sabbataï Tsevi, qui se proclame Messie, mais aussi l'extraordinaire richesse de la culture qui entremêle les langues arabe et hébraïque, dont Fatima et Salem s'échange les écrits (notamment de Salem al-Shabizi). Le narrateur s'étend également sur l'architecture yéménite et ses typiques qamariya, qui servent de prétexte aux rencontres de deux tourtereaux.



En sus du drame amoureux et du tableau historique, culturel et politique du Yémen du XVIIe siècle, Ali al-Muqri questionne à travers la voix du narrateur l'identité d'un homme, définie à la fois par lui-même (Salem qui se rapporte entièrement à Fatima), mais aussi par les autres (les enfants des couples mixtes ne peuvent être juifs si leur mère est musulmane, et ne sont pas acceptés comme musulman si leur père est juif), tandis que les conflits ne se limitent pas aux deux religions l'une contre l'autre, mais aussi envers ceux d'obédience différente (sunnites, zaydites, chiites...).



Une histoire d'amour courte mais finalement très dense, aux multiples détails qui dont revivre un Yémen lointain qui n'est pas sans rappeler l'Andalousie par cette richesse culturelle, plurilingue et qui mêle plusieurs religions. Une très belle lecture historique !
Commenter  J’apprécie          50
Le pays du commandeur

C'est la première fois, sauf oubli de ma part, que je lis un auteur yéménite et je suis ravie de ma découverte. J'ai aimé ce roman. Il porte, avec légèreté, un thème lourd à évoquer car il est politique, très politique. C'est la description d'un pays dirigé par un Vénérable dictateur - je pense à la Libye sous Khadafi. Le roman ne pèse pas, ne lasse pas. Il est facile d'accès, agréable à lire. Il y a, chez lui, comme une douceur qui séduit. Il y a de l'humour qui ne s'affiche pas. C'est fin, délicat, adroit et intelligent. C'est, je trouve, une façon originale d'évoquer le sort d'un homme devenu dictateur car il a perdu pied en se pensant supérieur à son peuple et qui finit dans la merde, misérablement piétiné par ceux-là même qu'il méprisait. Je conseille même si je pense qu'il ne séduira pas forcément tout le monde.
Commenter  J’apprécie          30
Le beau juif

"Le beau juif" d'Ali al-Muqri (156p)

Ed. Liana Levi

Bonjour les fous de lectures....

Livre lu dans la cadre du défi '" je noircis mon planisphère" et nous voici partis à la découvert d'un écrivain yéménite

Voici un livre qui sous le couvert d'une belle histoire d'amour, aborde les rapports entre les communautés juive et musulmane dans le Yémen du XVIIe siècle.

Fatima, la fille du mufti s’éprend de Salem, un adolescent de la communauté juive.

En dépit des lois religieuses qui condamnent d’emblée leur idylle, les deux jeunes yéménites s’enfuient et se marient. De leur union naît un enfant qu’aucune communauté ne veut reconnaître.

Devenu veuf, Salem se convertit finalement à l’Islam pensant ainsi donner une chance à son enfant considéré comme musulman par les juifs et comme juif par les musulmans.

Quelle belle surprise que ce "Roméo & Juliette " yéménite très joliment conté, tout en douceur, par Ali al - Muqri

On se rend compte, si nous n'en étions pas déjà convaincus, que les conflits entre juifs et musulmans ne datent pas d'hier.

L'auteur insiste sur l’intolérance religieuse et la méfiance mutuelle des deux communautés, juive et musulmane.

Il rapporte aussi les nombreuses vexations subies par la communauté juive du Yémen (comme l’interdiction faite aux juifs de construire des maisons plus hautes que celles des musulmans, l’interdiction de monter à cheval ou la nécessité de porter des habits distinctifs).

Joli livre qui parle de tragédie et d'amour, de tolérance et d'intolérance, de désespoir et d'espoir avec une écriture tout en finesse et poésie.

L’année de sa parution, Le beau Juif a remporté le prix international du roman arabe et est le premier livre de l'auteur traduit en français.

Je le recommande vivement
Commenter  J’apprécie          60
Le pays du commandeur

Lecture agréable mais j'avoue avoir eu du mal à comprendre où l'auteur voulait en venir.

Commenter  J’apprécie          10
Le pays du commandeur

Le romancier égyptien Ali, vient tout juste de perdre la course au prix littéraire Shéhérazade qui lui aurait permis de aurait gagner l'argent nécessaire au traitement de son épouse atteinte d'un cancer, et d'acquérir ce surplus de notoriété qui lui aurait assuré un avenir radieux.



Contacté par Le Commandeur, dirigeant dictateur de l'Irassibye, Ali accepte de rédiger la biographie de cet être suprême qui règne brutalement sur son peuple asservi.



Ce roman décrit la genèse de cette biographie, les réunions interminables avec le comité de lecture pour en définir le plan puis les titres des chapitres, les séances de validation des textes avec le Commandeur himself, sur fond de sourdes révoltes et de germes d'opposition vite réprimés dans le sang ou par des disparitions inexpliquées.



Sans nouvelles de son épouse, Ali fait de son mieux, puisant dans les textes saints eux-mêmes pour rédiger la meilleure hagiographie possible, repoussant du mieux possible les avances de la fille du commandeur, et se faisant le plus discret possible dans sa recherches d'anecdotes pour émailler son texte de vrais éléments biographiques. 



Au fil de ses découvertes, son objectif sera de sauver sa peau, et d'obtenir des nouvelles de son épouse ... 



La fin sera tragique ...



Toute ressemblance entre la vie du Commandeur et celle d'un dictateur des rives de la Méditerranée n'est bien évidemment que pure coïncidence ! 



Un court roman qui aurait gagné  à être plus long pour donner davantage de corps aux personnages secondaires, la cuisinière notamment, bien que ce format court donne davantage de force à la description succincte des horreurs.



Un roman d'un auteur yéménite que j'ai été surprise de trouver sur la table des nouveautés de ma médiathèque ... à qui je vais conseiller d'acquérir d'autres ouvrages d'Ali Al-Muqri ! 



 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
Commenter  J’apprécie          60
Le pays du commandeur

L’écrivain égyptien Ali perd tout espoir de gagner l’argent nécessaire pour sauver sa femme atteinte d'un cancer. Il n’a pas obtenu le prix littéraire « Shéhérazade du roman arabe » qui l’aurait sorti de l’impasse financière où il se trouve.

Pour gagner l’argent dont il a besoin, il fait un pacte faustien. Il vend son "âme au diable"en acceptant d’écrire la biographie officielle du Commandeur qui règne sur l’Irassybie. Ce pays est une sorte de nébuleuse obscure qui concentre tout ce que les états totalitaires imposent comme violences et atteintes aux droits humains et à la liberté. Le peuple doit être au service du Commandeur et doit répondre à ses besoins et ses fantasmes.

Ali va découvrir ce pays étrange et glaçant où tous les rouages d'un état totalitaire sont en place. Il y a d'abord le culte du secret et la loi du silence qui sont les clés de voute de tous ces gouvernements qui cachent ainsi la triste réalité de leur pays, derrière des rideaux de mensonges. La présence d'Ali est donc secrète. Elle ne doit pas être révélée ce qui lui empêche toute liberté de s'exprimer et d'agir selon son bon vouloir. "L'idée étant que personne ne devait savoir que j'avais rédigé cette biographie, ni même contribué à son écriture. Une telle information provoquerait inévitablement la suspicion des milieux culturels, déjà alertés par l'abondance de livres signés de la main du Commandeur : ils allaient immédiatement penser qu'il avait des nègres employés à les écrire pour lui, et assurément mon nom figurerait sur la liste des suspects." [extrait p.38-39]

Comme dans tous les pays totalitaires, La peur est omniprésente. Ali est dans la crainte permanente de déplaire au Commandeur. Sa garde rapprochée est tout aussi dangereuse, car elle guette toute incartade au protocole et use de la délation pour se faire remarquer du Commandeur.

Ali occupe son temps à réfléchir à cette biographie factice et participe aux réunions de la commission d'écriture de la biographie, mais aussi à celle du bureau d'orientation de la pensée et du bureau d'orientation idéologique. Il doit s'habituer à ce monde absurde et grotesque qui l'entoure. Comme dans tous les pays sous dictature, on pratique en Irassybie une sorte de "novlangue" décrite par Orwell. Ali apprend à utiliser un vocabulaire adapté qui ne doit pas choquer la susceptibilité du Commandeur et de son entourage. Par exemple, on ne parle pas de collaborateurs du Commandeur. Le mot collaborateur n'existe pas. Ils sont tous des "quémandeurs". La mégalomanie des dictateurs n'a pas de limite, celle du Commandeur aussi ! "C'est le leader de nations et non le leader d'une nation, il est leader des nations qui s'uniront un jour, grâce à son inspiration, pour n'en former qu'une seule dont il sera le chef."[Extrait p.42].

La soumission totale et la manipulation des consciences sont incontestables. "Vous seul, O notre Commandeur, êtes capable de guider ce soleil où vous voulez pour en faire profiter qui vous le souhaitez, ou bien de dépêcher les nuages au-dessus de tel ou tel territoire afin qu'il pleuve, ou encore d'envoyer vos bienfaits où vous le décidez !"[Extrait p.54]

Ali va être étonné d'apprendre que c'est Chaimaa, la fille du Commandeur, qui a demandé à son père de le choisir pour écrire sa biographie et plus consternant encore, elle va lui proposer le mariage ! Tel père tel fille ! Chaimaa est tout aussi machiavélique que son père et se comporte comme lui. La notion de respect des droits de l'homme n'existe ni pour le père, ni pour la fille. Il est évident que les caprices de ces deux-là sont dangereux et les êtres humains ne sont que des jouets entre leurs mains. Il apprend de la bouche de Chaimaa que son père a fait exécuter ses anciens amants qui ne se sont pas comportés correctement. "D'un autre coté, ses propos m'inquiétaient, car ils pouvaient être pris pour une menace quant à la punition qui m'attendaient si jamais je rejetais sa proposition de mariage" [Extrait p. 36]

Abou'l-Yomm qui est pour Ali un des membres le plus sympathique de la Commission d'écriture de la biographie lui explique toute la perversité des loisirs du Commandeur. Entre autre, le Commandeur joue aux échecs sur un échiquier géant dont les pièces sont des êtres humains qui représentent les rois et reines et dirigeants du monde. Il prend plaisir à les éliminer à balle réelle avec son révolver en or. "Cependant, les dirigeants mondiaux à liquider étant plus nombreux que les figurines de rois sur l'échiquier, il avait dû compléter en tirant sur les personnes réelles qui se trouvaient à proximité." [Extrait p.46]

Ce climat anxiogène va agir progressivement sur le système nerveux d'Ali. "Ces derniers temps, j'étais devenu incapable de me libérer de mes angoisses nocturnes"(...) [Extrait p.66]

Au cours d'une promenade pour le libérer de l'ambiance oppressante de la résidence du Commandeur, Ali observe un pays sous contrôle. Comme dans tous les états totalitaires, l'effigie du Commandeur est omniprésente dans l'espace public. Soldats et check-points assurent la surveillance du peuple. L'ambiance est tout aussi malsaine à l'intérieur du palais qu'à l'extérieur.

Ali va apprendre peu à peu tous les sévices que le Commandeur fait subir à son entourage. les témoignages sont tragiques. Ce sont des atteintes permanentes à la dignité humaine.

Les dictatures reposent essentiellement sur la tyrannie qu'elles exercent sur le peuple. Les dictateurs se croient invincibles, mais ils sont fragiles. Il suffit qu'une brèche s'ouvre et le pays se rebelle et tout explose. Toute la violence et les injustices subies par le peuple se retournent contre son dictateur et c'est le massacre assuré.

Le Commandeur de l’Irassybie qui se croyait insubmersible ne va pas échapper à la fin tragique que connaissent beaucoup de dictateurs de ce monde….
Lien : https://admin.over-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          20
Le beau juif

« Et puis l’an mille cinquante-quatre du calendrier musulman est arrivé… C’est cette année-là, après que le siècle m’a bousculé et que la mort m’a envahi, que j’ai décidé de narrer la chronique de Fatima, depuis le jour où je l’ai rencontrée jusqu’au moment où j’ai enfin fait corps avec mon rêve – union qui devait donner naissance à deux jumeaux : l’espoir et la tragédie »(extrait « le beau juif p.9)

C’est vraiment l’espoir et la tragédie qui rythment ce roman. D’abord, l’espoir de voir un jeune couple s’aimer malgré leur différence puis, toute la violence dont ils vont être victimes et qui va faire de leur vie une tragédie.
Lien : http://ecriberte.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          10
Le pays du commandeur

Suite à une fatwa dirigée contre lui, après la parution de Femme interdite, l’écrivain yéménite Ali al-Muqri a dû fuir son pays en 2015. Désormais installé en France, son nouveau roman, censé se passer dans une contrée imaginaire du Moyen-Orient, est une critique acerbe et volontairement caricaturale (mais jusqu’à quel point ?) d’un régime autocratique où chaque citoyen est prié de chanter les louanges de son Commandeur alors que sa cour se prosterne devant son génie et n’ose le contredire, de peur de finir assassiné. Ce pays ressemble un peu à la Corée du Nord, en plus orwellien encore mais l’auteur l’a placé dans le monde arabe, en profitant pour exagérer à dessein les dérives anti-démocratiques des dirigeants de la région. Toujours aussi doué pour concocter des histoires malicieuses qui tiennent un peu des contes des mille et une nuits, en plus barbare cette fois-ci, al-Muqri a choisi la plume d’un narrateur venu d’Égypte pour écrire un livre sur les hauts faits et la grandeur dudit Commandeur. Un écrivain un peu mal à l’aise par rapport à cette mission, mais surtout très lâche et mentalement faible dès lors qu’il faut oublier son éthique personnelle pas très compatible avec son souci de réaliser un profit immédiat. Moins brillant que ses deux opus précédents, peut-être que parce que moins « romanesque » et plus politique, Le pays du Commandeur constitue malgré tout une lecture captivante et divertissante, principalement dans son analyse piquante et sardonique de comportements humains marqués par la servilité et l’absence de courage.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          170
Le beau juif

Ali Al-Muqri nous plonge ici dans le Yemen du XVIIème siècle. Salem, le « beau juif », a 12 ans et va régulièrement effectuer de menus travaux chez le mufti. C’est là qu’il rencontre Fatima, la fille du mufti. Pour se voir plus régulièrement, Fatima décide d’apprendre à lire et à écrire l’arabe à Salem. Une idylle va naitre entre ces deux êtres, que la religion sépare.



J’ai été totalement embarquée dans ce roman. L’auteur est un conteur merveilleux, qui nous fait découvrir ce conte poétique et émouvant, mais aussi l’histoire douloureuse des communautés juives du Yemen au XVIIème siècle.



Ce roman est un petit bijou !

Commenter  J’apprécie          72
Le beau juif

Un juif, une musulmane, le Yémen XVIIe siècle, (serait-ce autrement aujourd'hui ? ), deux jeunes qui se rencontrent autour de la langue arabe, de ses plus jolis textes, un amour interdit sur fond de détestation religieuse, le tout donne un joli roman.



On y retrouve, hélas, des sujets toujours d'actualité : religions, intolérance, violence, chasse aux juifs...



L'écriture est belle, entrecoupée de textes et poésies anciens, porte ouverte pour imaginer un Yémen où la tolérance aurait été la règle...
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          130
Femme interdite

Traduit de l'arabe (Yemen) par Khaled Osman en collaboration avec Ola Mehanna - Edition Lian Levi ; 2015 pour la traduction française ; 199 pages

Ce roman cru, frontal est un dévoilement. En effet, Ali Al Muqri enlève les burqa, tchador, niqab et autres prisons de voiles et nous révèle, sans ces filtres illusoires, toute la violence faite aux femmes, dans les pays qui leur imposent de vivre cachées, effacées du monde.

Ce roman est le triste constat de la vie des femmes et des hommes au Yémen aujourd'hui.

Pour adoucir la violence de la réalité, ce roman a une "colonne vertébrale lumineuse et symbolique", le poème " Questionnez mon cœur" d'Ahmad Chawqi interprété par Oumm Kalsoum.

Chaque strophe du poème s'invite dans le texte. Cette respiration poétique est un rappel à un Islam des lumières qui s'oppose à la folie de l'intégrisme religieux.

Nous, femmes occidentales, réfléchissons au sort qui nous est réservé dans les pays ou règnent l'intégrisme religieux. Ce terrible constat, nous oblige à nous retourner sur le chemin parcouru par nos "aînées féministes" pour revendiquer l'égalité avec les hommes. Actuellement, une nouvelle prise de conscience émerge et la défense de la cause des femmes a pris un nouvel élan, mais jamais nous n'avons eu à combattre cette soumission totale qui annihile le droit des femmes et les empêche de vivre comme des êtres humains.

Ce livre, nous transporte sur une autre planète où les hommes ont tous les droits sur les femmes. Absolument tous : Le droit de les éduquer selon leur désir, le droit de les maltraiter, le droit de les enfermer, le droit de les violer, le droit de les tuer…. Ce pays ressemble à une sorte d'arène ou des hommes transformés en gladiateur imposent leur force non pas sur des bêtes féroces mais sur les femmes. C''est aussi un grand théâtre de l'absurde, parce que rien n'est légitime, tout est incohérent, hypocrite, violent et obscur.

Dans ce pays, les femmes ne sont pas éduqués c'est bien plus grave que ça. Elles subissent un endoctrinement à la soumission aux hommes.

La sexualité est un besoin naturel et nécessaire à l'épanouissement d'un individu c'est scientifiquement prouvé. L'auteur nous explique à travers ses personnages comment les adolescentes usent de multiples subterfuges pour combler leur besoin de connaissance sur leurs désirs sexuels et leur besoin d'amour. Pour cela, elles se livrent à un trafic de cassettes pornographiques qu'elles visionnent en cachette. Ces adolescentes ont un regard doublement tronqué de la sexualité. Elles reçoivent une éducation religieuse qui empêche toute relation sexuelle saine et heureuse puisque leur désir est interdit. Elles croisent cette éducation religieuse avec le visionnage de films pornographiques qui offrent un regard contraire à la réalité. Dans les films pornographiques tout est permis et les femmes y sont soumises aux désirs des hommes.

Comment se construire avec de telles contradictions : Les personnages qui évoluent dans ce livre sont perdus, les femmes sont des poupées désarticulées qui réagissent souvent d'une manière irrationnelle.

Le roman a comme décor, comme toile de fond la guerre et en particulier le djihad. Les femmes sont obligées d'accompagner leurs maris dans cette sinistre aventure qui se révèle extrêmement dangereuse pour elles parce qu'en plus des conditions difficiles qu'imposent la guerre, elles subissent le viol qui n'est pas considéré comme un acte criminel mais comme un droit normal sur les femmes.

J'ai apprécié ce roman, qui offre un regard très réaliste sur la sexualité et sur toute la violence et la folie qui l'accompagnent quand elle est réprimée. Les personnages sont très attachants. Je les ai suivis avec plaisir et sollicitude dans les méandres complexes du non-sens de leur pays et évidemment de leur vie.

Nous avons besoin de romans "coup de poing" comme celui-ci, pour comprendre le monde.


Lien : http://ecriberte.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          10
Le beau juif

Quelle belle histoire d'amour ! Un amour interdit à la Roméo et Juliette. Mais ici ce qui les sépare est la religion : une Musulmane ne peut pas se marier à un Juif.

Ali Al-Muqri place son histoire dans le Yemen du XVIIème siècle, nous permettant ainsi de découvrir la situation conflictuelle à l'époque entre les Musulmans et les Juifs, où haine et incompréhensions sont les maîtres mots. Mais malgré tout l'auteur nous livre un message d'espoir, notamment grâce aux actes de Fatima et Salem, ces deux jeunes gens ayant soif d'apprendre et de découvrir la littérature et les religions, sans juger. Ils sont emplis de bonté, de tolérance et de bienveillance, prêts à pardonner leur prochain. J'ai beaucoup aimé leurs réflexions, sur ce qu'est la religion et l'importance de vivre ensemble en harmonie tout en respectant les coutumes de l'autre.

J'ai beaucoup aimé donc cette première partie nous narrant l'incroyable histoire d'amour entre Fatima la musulmane et Selam le beau Juif.

L'auteur a ensuite écrit une partie beaucoup plus sombre où le narrateur explique la détérioration progressive de la situation des Juifs au Yemen. Mais malgré tout, je conserverai en mémoire cette note positive et ce bel amour, plus fort que la religion et du qu'en dira-t-on des gens
Commenter  J’apprécie          171
Le beau juif

Dans le Yémen du XVII e siècle, Salem un jeune juif de douze ans fréquente la maison du mufti, pour réparer portes et fenêtres. La fille de ce dernier, de cinq ans son aîné se met en tête d'apprendre à lire et à écrire en arabe à ce “beau juif”. Les leçons d'arabe vont tourner à l'idylle, et vu le pays, l'époque, les différences de culture et de croyance, ils ne peuvent qu'espérer au miracle.....Deux communautés, deux croyances, mais quand le désir du coeur et de la chaire est en question, rien n'a plus d'importance.

Magnifique conte poétique, où à travers un amour interdit entre, juif et musulman, espoir et tragédie, l'auteur dresse un tableau des rapports entre les communautés juive et musulmane dans le Yémen du XVIIe siècle. Seul l'art semble avoir le pouvoir d'apaiser les tensions et de les réunir.

L'auteur Ali al-Muqri repose la morale de son récit dans la description de la troisième génération, où l'identité du petit fils du « beau juif » de mère juive et père musulman, sera rattachée à ses origines géographiques et surtout aux liens d'amour familiaux et non aux distinctions fondées par la religion.





« Pour elle toutes les terres se valaient, de même que tous les êtres humains qui les arpentaient. »
Commenter  J’apprécie          934




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ali Al-Muqri (96)Voir plus

Quiz Voir plus

les filles en chocolat

Qui est le personnage principale dans l'histoire?

Honey
Skie
Summer
Cherry
Coco

6 questions
93 lecteurs ont répondu
Thème : Les filles au chocolat, Tome 2 : Coeur guimauve de Cathy CassidyCréer un quiz sur cet auteur

{* *}