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Critiques de Alice Zeniter (1399)
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Juste avant l'oubli

Dans ce roman trés différent des autres notamment " Sombre dimanche" l'auteur invente le destin d'un défunt maître du polar Galwin Donnel dont elle commente à l'aide d'une écriture fluide et une grande habileté les oeuvres et les personnages.

Le maître disparaît brutalement et mystérieusement en 1985, il se serait jeté du haut des falaises, au large de l'Écosse, une île perdue des Hébrides , il s'y serait réfugié....

Cet été là ,Émilie, une jeune chercheuse est chargée d'organiser un séminaire et des journées d'études consacrées à Donnel.

Elle attend que son compagnon , Franck la rejoigne.

Jock, le fils de l'ancien majordome de Donnel accueille les universitaires .

Mais rien ne se passe comme prévu sur cette île dévastée, abandonnée à l'océan....Émilie préfére sa thèse à l'amour de Franck.

J'ai un avis mitigé , j'ai eu l'impression même si l'écriture est belle que cette enquête à été plus fabriquée qu'inspirée........

Je crois être passée à côté de cet ouvrage.

Dommage mais ce n'est que mon avis.



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Quand viendra la vague

Alors, heureusement que le livre était court ( 76 pages ) !

Je n'ai éprouvé aucun plaisir à cette lecture et je n'ai pas reçu le message sensé y être passé.

Là, j'exagère un peu : je sais qu'il s'agit du réchauffement climatique.

Mais la forme, le contenu, bof. Cela ne m'a absolument pas touchée.

Dommage ( pour moi ).
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L'art de perdre

Cette histoire d'une famille de harkis, d'Ali à Naïma, en passant par Hamid, des années 1950 aux années 2010, m'a totalement passionné. le livre est remarquablement écrit, tout y est réussi, la composition des personnages, le portrait d'une époque, le souffle de l'histoire, quand bien même elle serait douloureuse. C'est un livre qui va laisser des traces en moi, d'abord, parce que de nombreuses scènes sont marquantes, mais aussi par de petites choses, le portrait de cette mère de famille, petite, analphabète qui va découvrir les HLM d'une ville de province, le regard des autres, la double culture qui n'en est pas vraiment une...

Plus important encore, on se dit que dans certains cas la littérature nous permet de voir avec d'autres yeux, avec ceux d'une jeune normande éprise de romantisme au XIXème siècle, ou bien avec ceux d'une famille de harki confrontée à une histoire douloureuse. Quand un livre arrive à vous faire changer la façon de voir les choses c'est quand même très fort. Je précise d'ailleurs que le livre est tout sauf manichéen et qu'il présente une vision complexe des choses.

J'ai beaucoup aimé la position du narrateur ou de la narratrice qui décentre parfois le sujet, hésite pas à citer ub film récent ou un livre, d'une manière qui m'a très légèrement rappelé Kundera. Juste une impression fugace.

J'ai eu l'occasion de lire des livres très ambitieux sur des sujets historiques comme l'Art de la guerre de Jenni, ou les romans ambitieux d'Aurélien Bellanger. Mais ils échouaient selon moi car ils assènent des vérités et échouent à créer des personnages. Tout y paraît incroyablement artificiel et désincarné. Inversement on a tout un pan de la littéraire qui fait des biographies historiques déguisées en roman (Hhhh, Mengele..). Ici l'équilibre est juste parfait, roman, histoire tout s'imbrique formidablement. Ce livre, ainsi que le premier tome de la trilogie de Leila Slimani (Le pays des autres), auront été deux de mes lectures les plus marquantes cette année.

Je n'avais pas aimé Sombre dimanche, raison pour laquelle j'avais différé la lecture de ce livre. Je mesure à présent combien j'avais tort !
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Je suis une fille sans histoire

Ce texte confirme l'admiration que j'ai ressentie pour l'auteure en lisant "L'art de perdre".

Dans un tout autre registre, Alice Zeniter m'a une nouvelle fois emmenée dans son univers.

Un texte court, un monologue ayant pour objet la construction d'un récit et qui devait être lu devant un public.

Enfin plutôt un prétexte pour dénoncer le patriarcat, le pouvoir de la fiction et la puissance des mots.

C'est fin, drôle, cultivé, philosophique et accessible.

Oui tout cela dans un seul et petit manuscrit ; chapeau !
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L'art de perdre

J ai adoré !

Roman charmant à la prose efficace qui m a fait découvrir l histoire des Algériens ,ou plutôt de la décolonisation de l Algérie par les français mais Vu par le petit bout de la lorgnette :nous suivons une famille à travers le récit d’une petite fille qui souhaite lever le voile de l histoire familiale ..

Ou comment des destins individuels sont à jamais marqués par les soubresauts d une gestion politico militaire qui leur échappe

.. texte profondément humain ,à lire sans hésiter D une jeune auteure dont je lirai probablement les ouvrages à venir

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Juste avant l'oubli



Même si je l'ai moins apprécié que "Sombre dimanche", ce livre m'a intéressée.



Outre le fait qu'on retrouve la belle écriture de l'auteure, et sa capacité à faire entrer le lecteur dans les pensées intimes de ses personnages, j'ai aimé le cadre mystérieux de l'histoire. " Un lieu, quoi que l'on puisse en penser, ça s'immisce en vous jusqu'à devenir indissociable de votre corps", disait Alice Zeniter, dans une interview. Et c'est vrai que cette île au large de l'Ecosse a quelque chose d'envoûtant et de diabolique en même temps.



L'écrivain Galwin Donnell , créé de toutes pièces par l'auteure, qui hante toujours après sa mort l'île sur laquelle il s'était retiré, sera source de changements, de ruptures. C'est cet aspect qui m'a moins plu, j'ai trouvé ce procédé d'invention d'un auteur un peu artificiel et je n'ai pas tellement adhéré à ce fan-club littéraire, entretenant la légende autour de lui.



L'amour qui se délite, par contre, est bien observé. Je me suis attachée au personnage de Franck, homme romantique et fragile, qui, venu sur l'île pour retrouver Emilie, fervente admiratrice de Galwin Donnell , verra celle qu'il aime se détacher de lui.



Mais la fin n'est pas désespérée:" Au moment où il pourrait hurler à l'Oubli de le prendre et de l'effacer, il sent aussi quelque chose au fond de lui prêt à se réveiller."



Je n'ai en tout cas pas retrouvé la magie de "Sombre dimanche "...



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L'art de perdre

L’Art de perdre essaie de nous raconter une certaine histoire de l’Algérie depuis le début de la guerre jusqu’à nos jours. Alice Zeniter raconte l’histoire d’Ali et ses descendants.Le livre ,de 500 pages, divisé en trois parties chronologiques est facile à lire , bien documenté, ambitieux.

Un peu trop à mon goût. L’auteure a voulu écrire le livre référence sur les Harkis. C’est incomplètement réussi. Ali, au début de la guerre, fait le choix de la France , de façon assez mesurée certes mais on n’arrive pas réellement à comprendre ce choix par défaut. Or, c’est la grande question : pourquoi choisir la France alors que le souvenir des massacres de Setif en 1945 est dans toutes les mémoires ? Cette première partie aurait mérité un livre entier avec plus de profondeur dans l’analyse politique et psychologique.La suite , le départ ou plutôt la fuite, l’arrivée en France, l’accueil difficile, puis l’installation dans un environnement inconnu, voilà une partie forte et documentée du roman. L’histoire est ensuite plus classique notamment dans l’analyse psychologique de toute cette population déplacée, de leurs enfants et petits-enfants qui sont à la fois français (droit du sol) et algériens (droit du sang).La partie finale du livre , très intéressante, aurait aussi mérité un développement plus approfondi ou un autre livre car , à la lecture, il y a une grande curiosité pour l’histoire contemporaine de l’Algérie et le lecteur reste un peu sur sa faim

Au total, un très bon roman et je comprends l’engouement suscité car il ose aborder un sujet qui est longtemps resté tabou.A conseiller à tous ceux qui veulent une histoire synthétique sur le sujet.
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Sombre dimanche

Sombre Dimanche raconte la vie d'une famille Hongroise avec des allers et retours à connotation historique.

Les Mandy habitent depuis quatre générations dans la même maison en bois au bord des rails, prés de la gare de Nuygati, à Budapest.

Tous travaillent à la gare centrale, les hommes portent le même prénom: Imre, comme l'arriére grand- père, bâtisseur de la maison,tous sauf Pal, le père du jeune Imre, qui grandit dans cette maison, entouré d'un grand- pére rempli de haine, : "Je croyais quand j'étais plus jeune, qu'en vieillissant on arrive à la sagesse mais c'est des conneries. On arrive à rien qu'à vieillir",d'un pére silencieux ,fragile, triste et résigné,muet et mélancolique....d'une mère aimante disparue trop tôt,et de sa sœur Agi.

A la chute du mur de Berlin,Imre arrête ses études, trouve du travail dans un...sex - shop et rencontre Kirstin, une jeune Allemande dont il tombe amoureux...

Le jeune Imre, le héros,grandit dans une famille résignée, engluée dans la solitude, dans un monde opaque où les non- dits et les secrets familiaux sont légion, où la vie en commun manque pour le moins d'harmonie et de chaleur humaine....

Un roman familial incarnant " la petite histoire " dans la " grande" , c'est le côté passionnant et instructif, les sursauts de la Hongrie avant et aprés le communisme, du communisme au consumérisme via le quotidien tout à fait immobile et plombé de quatre personnes solitaires, figées dans l'inéluctable, le mutisme , l'incompréhension, la tristesse, le doute, le flou....excepté le grand- pére, farouchement anti stalinien, dont la jambe a été arrachée lors de l'insurrection de 1956 ,Pal, le pére,Agi, la soeur, Imre junior,le héros, fils , petit fils et frére ne sont que les témoins totalement passifs d'un destin national joué sans eux, dont ils observent l'enlisement progressif, quoiqu'il arrive,- un pays sans âme, un pays perdu-.

Ils ne réagissent pas, bougent peu, pourtant ils habitent près d'une gare....

Chacun porte en lui, un drame, le flou de ses doutes, chacun s'en débrouille silencieusement....Imre est une espéce de perdant romantique , attachant, naïf,rêveur, sensible, inquiet, apeuré, il incarne une société qui n'attend strictement rien de l'avenir, comme des fantômes qui regardent les trains passer...

Alice Zeniter dresse sans pathos avec une grand maitrise, en jouant avec habileté de la chronologie, avec justesse, une atmosphère triste, désespérée, d'êtres pris dans un destin qui les dépasse, tous inaptes au bonheur,frustrés, mélancoliques, englués dans leurs contradictions et leur fragilité...

Une fascinante saga tout en clair obscur, attachante et désespérante où les douleurs, les rancœurs, les pertes familiales, amicales ou amoureuses se révèlent au sein d'une famille désanchantée par ses regrets et ses secrets...on referme cet ouvrage sensible, fluide, bien mené où l'écriture est précise et non dénuée d'humour presque avec soulagement tellement cette famille où la petite histoire côtoie la grand histoire incarne une telle fatigue d'exister et une telle inaptitude au bonheur qu'elle nous attriste malgré nous!

Un livre nostalgique sur l' espoir éteint et la culpabilité à jamais tue,ô combien désespérant!

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Toute une moitié du monde

Ouvrir un livre d'Alice Zeniter c'est toujours l'assurance - en tout cas pour moi - d'une belle dose d'intelligence. J'avais adoré Une fille sans histoire - texte lu puis vu sur scène - et ce nouvel essai (essai ? elle semble ne pas vouloir entrer dans cette catégorie alors qu'est-ce ? Des réflexions ? Allez, disons essai pour simplifier) en est en quelque sorte le prolongement. Un regard de lectrice et d'autrice, de femme aussi sur la façon dont la littérature nous façonne en véhiculant des codes qui finissent par déterminer nos comportements, nos idées sans même que nous en soyons conscients. Il est bien sûr question de la façon dont les femmes sont représentées en littérature, de la difficulté à sortir des schémas établis, de casser les codes ... mais le propos est élargi au roman dans son ensemble. Petit passage par ce que l'on décrète en littérature - on a souvent tendance à décréter, ce qui est ou n'est pas littérature par exemple - ce qui est ou n'est pas bon dans un roman, bref, tout ce qui contraint et restreint l'écrivain qui ne se sent pas autorisé à... Il y a parfois des passages abscons - manque de références pour moi ? - alors que l'autrice a heureusement une capacité à exposer très clairement son propos même dans sa complexité. La petite touche d'humour offre des respirations (merci les notes de bas de page), ça balance un peu - juste ce qu'il faut - sur le virilisme qui hante non seulement les écrits mais aussi les couloirs des salons littéraires et les bureaux des maisons d'édition.

C'est intelligent, un peu fouillis mais c'est le genre de livre qu'on aime garder pour aller y farfouiller au moment où on en a besoin.
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13 à table ! 2019

Je suis enfin à jour dans la lecture de mes 13 à table, le prochain ne devrait pas tarder à rejoindre mes étagères.



J'aime toujours autant lire ces nouvelles mais ici tous les auteurs n'ont pas vraiment écrit à mon sens sur le thème de la fête, beaucoup de nouvelles sont même plutôt glauques.



Mais j'aime toujours autant picorer ces nouvelles par 3 ou 4 en parallèle d'une autre lecture comme d'habitude et sans grande surprises mes auteurs préférés restent Karine Giebel, Giacometti et Ravenne, j'ai beaucoup aimé aussi le monde terrifiant décrit par François d'Epenoux maix qui ressemble beaucoup au notre, j'ai aimé le petit grain de folie de la nouvelle de Romain Puertolas.



Une bonne action à s'offrir et à mettre sous le sapin lors des fêtes de fin d'année.
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Toute une moitié du monde

Après avoir publié sept romans, tous salués par la critique,Alice Zeniter poursuit son étude sur la fabrique des représentations initiée en 2021 avec "Je suis une fille sans histoire qui interrogeait la place accordée aux personnages féminins dans les histoires .



À quel personnage s’identifie-t-on ? Qu’est-ce que cela veut dire quand toute une moitié du monde est ignoré par les auteurs ?



Quel genre de relation peut on créer entre ses créations et ses lecteurs ? Pour tenter de répondre à ses questions, Alice Zeniter convoque des romancières diverses telles que Lola Lafon, Virginie Despentes, Toni Morrisson, Julia Kerninon, Sophie Divry et tacle la "parade virile",: tous ces auteurs qui surjouent le mythe du mec qui écrit, qui fume et qui boit, comme Hemingway ou Bukowski .



Alice Zeniter sonde l'invisibilisation systémiques des héroïnes vraiment actives et relève, exemples intéressants à l'appui, combien la littérature est peuplée de personnages féminins exclusivement exposés sur le mode de la fascination, de l’attraction, de la possession et de la sexualité.



Grâce à de petites pointes d'humour bien placées , son livre, situé quelque part entre l'essai et la rêverie est surtout un dialogue vif et malicieux qui invite à repenser nos façons de lires et prend à bras le corps nos représentations sur le sujet .



Un essai passionnant à offrir sous le sapin en cette fin d'année 2022!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'art de perdre

C’est sur la recommandation d’une amie que je me suis lancée dans la lecture de ce prix Goncourt des lycéens 2017. Je suis loin d’avoir lu tous les livres lauréats depuis sa création mais, à l’exception du Karine Tuil je n’ai jamais été déçue. Et « L’art de perdre » est cette fois encore une belle découverte.



Alice Zeniter choisi pour son 5ème roman publié en 2017 de mettre en avant des oubliés parmi les oubliés, à savoir les harkis, population honnie tant de l’Algérie que de la France. C’est par une saga familiale qui traverse trois générations. Naïma a la trentaine quand elle doit organiser une rétrospective de l’œuvre d’un artiste algérien. Ce projet professionnel va pousser cette petite-fille de harki à partir à la rencontre d’un pays et d’une histoire qui sont la sienne sans l’être. Son histoire parce que celle de sa famille, de ses origines s’inscrit pleinement dans l’histoire de l’Algérie et de la France depuis les années 1950. Mais ce passé elle n’en a jamais entendu parlé avant ses 30 ans. Ses grands-parents et son père ont toujours fait silence sur ce pays qu’ils ont du quitter en 1962, sur les raisons de ce départ, sur ce qu’ils ont vécus. Cette transmission qui ne s’est jamais faite l’a éloignée de cette culture.



Avec ce livre Alice Zeniter lève le voile sur un tabou et redonne la parole à une population qui a vécu (vit en encore) des décennies sous le poids du secret et de la honte. Le titre, emprunté à un poème d’Elizabeth Bishop, rappelle que l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs.

Naïma fait partie des perdants, descendante de ces harkis qui ont rejoint la France en 1962, fuyant une terre devenue hostile pour purger dans des camps (qui ne disparurent que dans les années 1980) une peine jamais prononcée.



Le roman de présente en trois parties. « L’Algérie de papa » c’est celle d’Ali, ancien soldat de l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale, et ces années 1950 / 1960 de la montée du FLN, et avant elles les années qui ont construit la légende de la famille et de ce géant Ali, maître de la ligne de crête, dont la parole est loi sur ses terres. Puis vient « La France froide », celle d’après 1962, celle des camps, de la naissance des banlieues, celle dans laquelle va grandir Hamid, dans le silence de ses parents et le rejet de la société française à son encontre. Et pour finir « Paris est une fête », la quête identitaire d’une jeune femme libre et indépendante, qui ne maîtrise pas la langue de ses grands-parents, n’a jamais entendu parler des harkis, et qui va finir par vouloir savoir.



Alice Zeniter construit un récit très documenté, dans lequel s’expriment la psychologie complexe des personnages et la sociologie d’une population. Elle inscrit les harkis dans cette histoire qui leur a été refusée.

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L'art de perdre

Magnifique roman, chargé d'émotions, duquel j'ai appris beaucoup. En effet, de la guerre d'Algérie, je ne savais pratiquement rien. Cet événement n'a toujours été qu'un vague souvenir de cours d'histoire au collège et les mots "harkis" ou "FLN" n'avaient pas beaucoup de sens pour moi. Bien sûr, je savais qu'il y avait eu un traumatisme de part et d'autre, que la séparation d'avec la France avait été douloureuse, mais je n'en connaissais pas le détail. Ce roman "historique" m'a permis de développer mon empathie pour les exilés algériens, de comprendre leur souffrance et d'expliquer les conséquences sur la société actuelle. Pour ceux qui l'ont déjà lu, j'ai adoré le poème d'Elizabeth Bishop qui donne son titre à ce livre. Il a été pour moi un moment fertile de réflexion. Je vous souhaite de vivre ce récit aussi intensément que moi.
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L'art de perdre

Chouette de terminer l'année avec la lecture de ce superbe roman d'Alice Zeniter que j'avais envie de lire depuis sa parution. On dit que ce sont toujours les vainqueurs des guerres qui écrivent l'Histoire, à leur façon. Ici, il est question de la guerre d'indépendance de l'Algérie et des séquelles de cette guerre. Et celle qui tient la plume raconte le destin d'une famille de harkis. S'il y eut le camp des vainqueurs, les indépendantistes algériens (le FLN), et le camp des vaincus, les français, qui sauvèrent la face en signant avec les premiers les accords d'Evian, il y eut un troisième camp qui "perdit" beaucoup plus encore que les "français". Ce furent justement ces harkis dont le nom recouvre en réalité, comme le montre ce récit, des situations diverses : supplétifs de l'armée française, musulmans membres de l'administration française ou bien partisans de l'Algérie française ou encore, naïfs supporters d'une impossible réconciliation entre les deux camps. Mais quelque furent les raisons qui poussèrent ces familles à quitter le territoire devenu algérien au printemps 1962, ils devinrent aussitôt des traîtres aux yeux des vainqueurs. Le chemin de l'exil fut long et douloureux pour tous ces harkis, parmi lesquels nombreux furent ceux qui restèrent confinés des années dans des camps de fortune, soit-disant pour être protégés des représailles du FLN.



C'est l'histoire d'une famille de ces "perdants", sur trois générations, que nous retrace Alice Zeniter, en puisant probablement beaucoup dans l'histoire de sa propre famille, issue de Kabylie comme celle des protagonistes du roman. Mais le silence lourd des uns, la disparition ou l'éloignement géographique des autres, restés en Algérie, a fait que la romancière a dû imaginer une partie de l'histoire (et notamment celle précédant l'exil), à partir des récits qu'elle aura pu recueillir et de la lecture des archives sur le sujet.



Il faut bien-sûr mettre "perdants" entre guillemets dans le cas présent car, en la personne de Naïma, la narratrice, petite-fille d'Ali, le harki, on a l'exemple d'une reconquête du droit de vivre, reconquête déjà largement entreprise par son père Hamid. Aussi l'art de perdre est tout aussi bien l'art de gagner mais cette fois une guerre intérieure, contre l'oubli ou au contraire l’obsession de cette sombre histoire, contre la rancœur, contre les préjugés, contre le renoncement, ... la liste est longue des démons intérieurs qu'il fallut affronter, chacun avec ses armes et ses faiblesses.



J'ai trouvé ce récit superbement écrit, avec une force et une sensibilité tout-à-fait remarquable. La construction du récit, pour simple qu'elle puisse apparaître est pourtant très judicieuse avec cette ellipse de plusieurs années avant de commencer la dernière partie avec Naïma devenue adulte. J'ai beaucoup aimé terminer cette année de lectures, accompagné de la voix à la fois douce et puissante d'Alice Zeniter.
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Une nuit à Manosque

À l’occasion du vingtième anniversaire du festival littéraire » Les Correspondances « , les éditions Gallimard publient en 2018 un ouvrage collectif de nouvelles. Une vingtaine d’auteurs ont ainsi laissé libre cours à leur jolie plume : François Beaune, Jeanne Benameur, Arno Bertina, Miguel Bonnefoy, Arnaud Cathrine, Marie Darrieussecq, Julien Delmaire, Patrick Deville, Pierre Ducrozet, René Frégni, Yannick Haenel, Célia Houdart, Philippe Jaenada, Maylis de Kerangal, Nathalie Kuperman, Robert McLiam Wilson, Gaëlle Obiégly, Véronique Ovaldé, Sylvain Prudhomme, Éric Reinhardt, Olivia Rosenthal et Alice Zeniter, dans » Une nuit à Manosque « .

S’imprégnant de la magie des lieux, si chers à Jean Giono, ce festival a pour vocation de faire sortir la littérature des salons pour la célébrer à la manière d’un art vivant. Innovante, la lecture musicale mélangée aux musiciens et écrivains dans un lieu chaleureux casse le concept élitiste des rencontres littéraires. Si la majorité du public est originaire de la région de Manosque et de ses environs, ce festival est donc l’occasion d’échanges plus conviviaux et directs avec ces auteurs, délestés de toute pression, médiatique notamment.

Olivier Chaudenson, directeur et cofondateur des Correspondances avec Olivier Adam, se remémore les débuts des Correspondances… Il y eut cette fin septembre le «bal littéraire» et des grands entretiens. En 1999, une première «nuit mémorable» : Jacques Higelin lisant et chantant ses Lettres d’amour d’un soldat de vingt ans durant près de quatre heures ou «le détournement d’un artiste de la scène musicale pour montrer à quel point ils sont traversés de littérature».

Forte de son succès, cette vingtième édition a réuni soixante-deux auteurs. Afin de graver cet instant dans le temps, il a été demandé à une vingtaine d’entre eux donc, d’écrire librement une courte nouvelle de 5000 signes environ, sur une fiction ou un souvenir réel, avec pour thème » Une nuit à Manosque « . Parce que les nuits sont propices à l’inspiration et à l’imagination, c’est avec brio que tous ce sont prêtés à cet exercice. Pour François Beaune, par exemple, ce fut la rencontre avec un aventurier des mers, dans un pub. Olivia Rosenthal, a elle, endossé la tenue de Serena Williams le temps d’une nuit. Quant à Alice Zeniter et Marie Darrieussecq, elle nous proposent des textes plus féministes et engagées, à leur image. D’autres s’inspirent de la légende de l’hôtel Volland, en plein cœur du centre ancien de la ville, devant l’Eglise Saint-Sauveur, pour faire revivre le fantôme de cette jeune fille qui se serait vitriolée le visage pour ne pas perdre sa virginité avec François Ier .

Le lecteur se faufile dans les ruelles de Manosque au fil des pages, par une nuit de septembre. S’il ne peut y être physiquement, cette initiative livresque lui permet de prendre part au festival. En lisant chacune des nouvelles, j’avais la sensation d’entendre les voix des auteurs, tant leur contenu semble le reflet de leur propre monde littéraire, à l’instar de la nouvelle de René Frégni ...
Lien : https://missbook85.wordpress..
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L'art de perdre

Eblouie. Par la plume, le talent de conteuse, la sensibilité peu commune d’Alice Zeniter pour traduire l’extraordinaire complexité de la situation familiale dont hérite Naïma, petite fille de Harki, troisième génération française d’origine algérienne… Une remontée aux sources d'une histoire familiale et du récit historique français, qui nous éclaire et qui, c’est peu de le dire, apporte au lecteur une dose d’intelligence supplémentaire.

J’ai lu ce roman, moi dont le père a "fait" la guerre d'Algérie, avec une immense envie de comprendre et j’ai compris. Mission accomplie, Madame Zeniter.

Je recommande vivement la lecture de « l’art de perdre » à tous ceux qui comme moi ont envie de dépasser les clichés, qui préfèrent les camaïeux de gris au monde binaire du noir et blanc.





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L'art de perdre

Un roman inouï, puissant, une page qui nous manquait, une parole qui parle de tous ceux qui ont choisi la France en 62, comme de tous les autres acteurs du drame Algérien, Neïma trace dans l'ombre d'Alice Zeniter, l'errance d'une famille dont le grand-père était harki.



Camus éveille les consciences pour réveiller le cœur, Alice Zéniter éveille ici nos cœurs pour réveiller la conscience.

Dans son dernier livre l'Art de Perdre, une famille, s'éveille à son passé, le patriarche Ali avait tout entrepris, tout pesé, tout tenté pour préserver les siens, alors que les siens ne l'ont pas compris, ni su ce qui s'était effiloché Là-bas de l'autre côté de la mer.





L'attachement à cette terre algérienne, est viscéral, pour Ali et sa famille à l'exemple de ses ancêtres depuis des générations, ses petits enfants devaient recevoir ses terres en héritage, devoir les quitter est une injure une insulte, c'est l'équation qu'il n'avait pas su imaginer.

Mais sa terre La Kabylie, a sombré dans le désordre, et dans la démesure, un pays a basculé dans la peur, bien des communautés arabes dans la terreur.





On peut lire des pages et des pages sur l'Algérie, c'est toujours la vérité qui se dérobe, seuls les rancœurs et les regrets, ces plantes vénéneuses et vivaces, continuent de refleurir sans jamais muter.

Les livres d'histoire raconte pourtant la présence forte des algériens dans l'opération Anvil Dragoon, le débarquement de 1944 en Provence des forces libres franco-américaines, Ali a participé et combattu auprès des américains et des français.



On n'a plus le droit d'être fier de son passé.

De ce passé, le FLN exige, de tirer un trait et de ne plus recevoir la pension de soldat ! La mauvaise Case !





Ali ne peut accepter les suspicions de l'armée, et les représailles après une embuscade en Kabylie, et il se demande, comment ont ils pu, comme en promenade, visiter des passages dangereux sans préparation ?

Il ne peut accepter la mort d'Akli, fier de son engagement en Provence.

Il est effaré de voir page 112 «  le sort réservé au village de Melousa sur les hauts plateaux au nord de M'Silla, où le FLN a tué près de 400 villageois accusés d'avoir soutenu le MNA de Messali Hadj ».



Ali le Kabyle dans sa fierté d'avoir un fils, Hamid, est fissuré par le doute quand une famille lui fait l'affront de ne pas se rendre à son invitation.





Choisir son camp ?

Le FLN promet que la souffrance peut s'arrêter si on chasse les Français, souligne Youssef page 131, les Français pareil si je vais à l'école, si je trouve un travail, si je renonce à Allah...

Ali fait ce constat en pensant à Akli, ce que fut sa vie ne compte pas : c'est la mort qui détermine tout, ceux que le FLN a tués sont des traîtres.

Il est français et deviendra par son départ en 62 le harki, « un sous homme » diront certains.





Le réveil pour Alice Zéniter est douloureux. Il est nécessaire, pour elle et bien plus encore pour les harkis, Neïma écrit avec ses mots pour chaque membre de cette famille, elle leur promet les larmes, pour chaque conscience qui s'éveille, pour chaque lecteur la douleur et des larmes.



Je me suis senti Kabyle puis harki, quand je lis ces lignes qui s'insinuent en moi comme une déchirure, encore plus imprégné de cette insolente histoire. Tous mes petits enfants l'apprendront eux aussi.

Quel enfant peut se prévaloir d'être né dans le bon camp ?





Un jour les non dits ont surgi, reçus en pleine figure, dans le corps de Neïma, et sa vie bascula. Une vie construite sur un mensonge par omission, « où étiez vous ? Entraîne Neïma, sur les sentiers de Kabylie, ceux de ses origines sur la terre rouge de ses ancêtres que le patriarche a du céder à son frère.



La troisième partie du récit déroule ce chemin de l'exil renoué à l'envers, sur un bateau, pour se projeter 60 années en arrière comme un revenant d'un monde inconnu.



Neïma la portait en elle, cette Algérie, sur son visage , même si le pays, a commencé à exister pour elle l'année de ses 29 ans.

Alice Zeniter ne condamne pas son grand père. Il avait décidé de sauver sa famille, comme Camus l'aurait fait pour sa mère, il n'a pu sauver sa terre.



Ali aura pour moi le regard de ce berbère de Taghit, qui côtoie dans notre salon une autre peinture sur des femmes d'Alger, une douceur dans le regard ,une folle détermination dans son maintient.



Dans une écriture sauvage et charnelle, avec des images poignantes, elle nous tient par la main, personne ne sera sanctifié, la déchirure de cette communauté multiculturelle est foudroyante, pour ceux qui sont partis en 62, comme pour ceux qui ont du quitter leur terres, français, kabyles ou arabes ou le peintre Lalla dans les 2, 5, ou 10 ans après l'indépendance.



Un livre total, les visages de Neïma, Ali, Yéma, Hamid, Youcef, lalla, Clarisse ...par la magie d'une saga resserrée sur quelques acteurs, un paysage complexe et étendu s'y déploie, eux, nous manquent déjà.





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Sombre dimanche

Sombre dimanche d'Alice Zeniter ou l'histoire de la famille Mandy . Budapest, la gare de Nyugati, une maison en bois coincée , encerclée par les voies , un jardin triangulaire saupoudré des déchets jetés par les fenêtres des trains. Mais voilà ils sont ici chez eux alors rien à faire contre vents et marées ils ont tenu bon , ils y sont restés . Imre c'est le dernier fils de la famille nous le voyons grandir et avec lui c'est l'histoire d'un pays que nous découvrons . Des années 196O à la chute du mur de Berlin, après l'occupation allemande la main mise russe et le communisme , comment la Hongrie s'en sortira t'elle ?

Sombre dimanche, quel titre prédestiné, rien pas une page qui ne soit pleine de tristesse, d'ennui, de mélancolie, ou pire de désespoir. Alors même si l'écriture d'Alice Zéniter est belle cela n'a pas suffi à me réjouir loin de là ! Imre porte sur ses épaules le poids du monde et je n'ai pas pu le soulager je n'ai pas pu éprouver de compassion sûrement par méconnaissance de l'histoire, aussi vraisemblablement parce que cette lecture ne tombait pas au moment adéquat . Bref vous l'aurez compris moi aussi j'ai chaussé mes gros godillots et j'ai beaucoup peiné à terminer cette lecture Même pas eu envie de partir pour Belgrade c'est vous dire ....
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Sombre dimanche

"Quand ils arrêteront de nous faire chier avec la guerre froide...on ira en Californie se taper des californiennes".



Irme et son ami Zsolt vivent leur jeunesse à Budapest. Encore sous la botte communiste dans ces années 80, les adolescents ne rêvent que de filles, de sexe, de musique et de liberté.



Une vie bien différente de celle vécue par les parents et grands-parents Mandy dans la minuscule maison piégée par des voies ferrées. Les soubresauts de l'Histoire ont maltraité le pays et la famille. Le jeune Irme a bien du mal à se construire avec ces strates de silences et de non-dits, entre un grand-père colérique et un père neurasthénique. Après le départ de son seul ami, sans attaches, sans repères, sans envies, sans rêves, il est le produit non fini des années du communisme sans avenir.



Il faudra bien que vienne le temps du décryptage, que la parole se libère pour soulager les douleurs et rancoeurs du passé. Piégé dans son histoire familiale et dans sa solitude, Irme est un être fragile et imparfait, subissant avec mélancolie et fatalisme une vie faite de pertes familiales, amicales, amoureuses.



Une vie hongroise, ballotée sur plusieurs générations entre nazisme, communisme et démocratie, aux personnages sépias, tous inaptes au bonheur.

Accompagnant la chute du Rideau de fer, la montée de l'économie de marché et ses dérives, voici un beau roman attachant mais désespérant, qui remet en mémoire des périodes politiques dramatiques pour les individus.













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L'art de perdre

Il y a des critiques qui viennent facilement, et d'autres qu'on repousse de jour en jour... L'art de perdre fait partie de cette deuxième catégorie pour moi. Et ça n'est pas péjoratif envers ce livre, bien au contraire. J'ai du mal à trouver les mots pour une critique qui soit à la hauteur de ce roman, et de son écriture assez exceptionnelle...



Alors je ne vais pas essayer de faire dans le grandiose, mais juste vous partager mon ressenti, avec sincérité.



J'ai adoré ce livre. J'ai eu honte de réaliser à quel point je ne connaissais rien de la guerre d'Algérie (je vis en Belgique et non en France, ce qui explique peut-être pourquoi même le terme "harkis" ne m'évoquait rien du tout). Et c'est donc avec d'autant plus de plaisir (et d'horreur) que j'ai découvert cette partie de l'Histoire, contée ici avec une force et une vivacité inouïe.



C'est vivant. Je ne sais pas comment le dire autrement. On n'est plus dans un livre, on n'a même pas l'impression de regarder un film, on vit les scènes décrites, on est transportés aux côtés de ces personnages.

Et c'est d'autant plus brillant que la narration est assez découpée, avec nombre d'ellipses, d'aller et retour passé/présent, de scènes très détaillées suivies d'un saut de plusieurs mois juste esquissés. L'ensemble se rapproche de façon surprenante de la forme que prennent les souvenirs dans notre mémoire, parfois très nets, avec des détails dont on ne sait pas très bien pourquoi ce sont ceux-là qui ont été retenus, parfois confondus dans une grande masse un peu floue.



Une autre chose qui m'a frappée dans l'écriture de ce récit, c'est la présence de détails ou de petits événements plutôt atypiques dans un roman, des éléments qui n'ont rien de particulier à faire dans l'histoire, qui sont juste là. Comme dans la vraie vie, il n'y a pas spécialement de raison pour que telle ou telle chose soit là, se soit passé comme ça, c'est juste la réalité telle qu'elle est. Et c'est vraiment la sensation que cette écriture donne, que c'est juste "vrai".



Ces particularités de l'écriture font pour moi la grande force de ce roman, et ce qui fait qu'il marque autant, même une fois que les souvenirs précis s'estompent, comme une impression de l'avoir vécu...
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