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Critiques de Ambrose Bierce (81)
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Le Club des parenticides

L’humour noir : évident mais délicat remède aux inévitables événements douloureux de la vie ; ou quand la perte d’un parent, malgré sa relative préparation, s’allège quelque peu parmi ce club macabrement farfelu.



Quatre très courtes nouvelles, toutes sous le signe du meurtre familial et filial, toutes grinçantes comme un parquet défoncé.



Mention spéciale pour « Huile de chien », superbe fable anti-spéciste, où l’essence de chaque être vivant se résume à une ressource.



Clin d’oeil au passage aux superbes éditions Sillage avec ces adorables tout petits formats façon « Mille et une nuits », la qualité du papier en sus.

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Le dictionnaire du diable

Absolument jouissif ! Ambrose Bierce donne libre cours à son incurable misanthropie, mais souvent avec ironie et humour. Un dictionnaire aux définitions non conventionnelles d'un auteur désabusé par les agissements de l'Humain. N'oublions pas qu'il a participé à la guerre de sécession et ne s'en est jamais remis. Il nous livre ici un dictionnaire sans concession, reflet de son vécu.
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Ce qui se passa sur le pont de Owl Creek et..

Ce qui se passa sur le pont de Owl Creek est un court récit d'un écrivain et journaliste américain du XIXème siècle, que je découvre ici, Ambrose Bierce.

Qui est-il, cet homme qui s'apprête à mourir, qui va mourir ou peut-être pas ? Corde au cou, il contemple la rivière qui coule sous le pont, à l'endroit où il va bientôt être pendu. Il suffira qu'un des soldats se tenant devant lui retire l'une des traverses du pont sur laquelle repose encore ses pieds, pour que le vide emporte les jambes puis tout son corps ployé vers l'eau, pour que le cou se rompt comme on casse la branche d'un arbre.

Rien n'est dit sur les raisons pour lesquelles on s'apprête à pendre cet homme…

Il s'appelle Peyton Fahrquhar, semble avoir environ trente-cinq ans. C'est un planteur aisé, d'une vieille famille très respectée de l'Alabama. Nous sommes en pleine guerre de Sécession, lui-même est un sécessionniste de la première heure convaincu de ses engagements politiques, même s'il ne fait pas la guerre. Il est civil. Mais là-bas, en ces temps de guerre, il arrive qu'on pende aussi des civils, accusés de sabotage ou d'exaction contre l'ennemi. Comme saboter un pont qui sépare la rive nord de la rive sud…

L'ennemi du point de vue de de cet homme qui va mourir, ce sont ses soldats qui tiennent le pont d'Owl Creek, comme une frontière, un point stratégique. Aujourd'hui c'est la ligne de démarcation qui délimite la vie de la mort d'un homme. Ces soldats, ce sont ceux qu'on appelle les Yankees, rattachés à l'Union, aux valeurs défendues par le gouvernement fédéral des États-Unis d'Amérique.

Quelques secondes... une éternité.

Le courant de la conscience voyage déjà, dans ce battement ténu qui le sépare d'une mort inéluctable. À moins qu'il ne réussisse à plonger, à se libérer de ses liens, à gagner la rive et la forêt ?

Quelques secondes…

Le temps de penser peut-être à sa femme, au bonheur, à l'amour, aux étreintes, à ce visage aimé qui attend peut-être là-bas, qui pleure sans doute déjà… Ah ! La revoir, la retrouver vite !

Il n'y a pourtant rien de tragique dans cet instant qui dure, qui résonne longtemps, comme l'onde après avoir jeté un caillou dans une eau calme… C'est un temps qui devient élastique, comme si brusquement tout tournait au ralenti, le paysage, les oiseaux, le bruit des feuilles dans les arbres, les hommes sur le pont, les souvenirs qui reviennent à la surface de l'eau… C'est peut-être là toute l'ironie du sort de cet homme, livré à l'absurde instant où croire que tout est possible comme une corde qui casse au moment fatal, devient brusquement un ciel bleu dans ce paysage d'Alabama.

C'est la force suggestive de ce texte ramassé dans cet instant ultime, comme suspendu au-dessus du vide, sous les pieds de cet homme…

Une once de fantastique et d'étrangeté s'inviterait presque qu'on ne serait pas surpris… C'est comme un rêve et l'homme se dit peut-être, je vais me réveiller et elle sera là à mes côtés, nous allons nous étreindre comme aux premiers jours…

C'est un petit bijou de littérature dans sa puissance et sa justesse à évoquer l'immanence d'un instant et qui emporte le lecteur dans ce pouvoir de suggestion, comme la rivière sous le pont d'Owl Creek emporte les rêves, quelques bridilles et feuilles tombées d'un arbre et les toutes dernières illusions.

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Le mort et son veilleur

Avec ce recueil de treize nouvelles, c'était encore un bijou ténébreux que nous offrait l'équipe des Nouvelles éditions Oswald.



Ces textes, viennent compléter les deux volumes parus chez Grasset ( dans la collection "les cahiers rouges")



Une bonne entrée en matière pour qui ne connait pas "Old Gringo", l'extraordinaire Ambrose Bierce, qui fut, entre autres, salué par H.P Lovecraft dans son célèbre "Epouvante et surnaturel en littérature".



Treize nouvelles, treize pépites, avec une mention spéciale pour le texte qui donne son titre au volume : "Le mort et son veilleur", récit horrifique tout en finesse et réflexion sur la culpabilité.





Cet ouvrage date de 1987, si vous le voulez il faudra le chercher un peu, mais il en vaut bien la peine..!
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Morts violentes

J'ai découvert Ambrose Bierce par le Dictionnaire du Diable. J'ai été tout de suite conquis par l'esprit anti-conformiste de l'ouvrage. C'est un peu plus tard, sur les conseils de mon épouse enseignante d'anglais, que j'ai découvert « Morts violentes » et « histoires impossibles ». Pour « morts violentes », Bierce s'appuie sur son expérience de chroniqueur pendant la guerre de sécession. Il en est revenu transformé, anéanti par les atrocités dont il a été le témoin. Ces courtes nouvelles relatent des épisodes de cette guerre. De par sa formation de journaliste, il sait placer son lecteur au bon endroit pour obtenir le plus d'effet voulu. Il appuie là où ça fait mal. Dans ces nouvelles, il sait rendre le tragique encore plus tragique. Bafouer l'innocence et la confronter à la mort. Je ne me souviens plus d'une intrigue en particulier, mais là encore, c'est d'une ambiance dont je me souviens. Un carnage sans nom, auquel Bierce invite le lecteur en spectateur. La mort est omniprésente, d'une nouvelle à l'autre. On assiste quasiment à un reportage de guerre. C'est ce qui en fait la force. Plus jamais il n'accordera la même place à l'humain. Il lui faudra beaucoup de cynisme pour continuer à vivre après cette expérience.

Un live que l'on oublie pas.
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Le dictionnaire du diable

Ce dictionnaire porte bien son nom : il est réellement diabolique ! L'auteur manie un humour corrosif et jubilatoire, une ironie mordante, et nous donne à travers ses définitions sa vision féroce du monde et de ses habitants.

Bien évidemment, il ne s'agit pas de lire le recueil d'une traite (auriez-vous l'idée de lire le dictionnaire littéralement de A à Z ?), mais de piocher par petites ou grandes quantités selon l'humeur.

Naturellement, comme dans toute compilation de ce genre, tout n'est pas extraordinaire : certaines passages sont à mourir de rire, d'autres sont moins bien réussis, mais l'ensemble est de très bonne qualité.

Enfin, si certaines définitions ont un peu vieilli, cela ne les empêche pas de faire mouche : personnellement, je suis assez sensible à un certain charme désuet.
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Le Club des parenticides

... OU COMMENT SE DÉBARRASSER EFFICACEMENT DE SON ENTOURAGE...



Bref recueil de nouvelles, Le Club des parenticides (qui reprend à son compte le titre d'un trois textes qui le constitue) narre, avec tout le cynisme et l'humour macabre nécessaire, les moyens les plus efficaces et profitables qui puissent être pour se débarrasser d'un proche parent - de préférence ses géniteurs -. C'est affreusement réjouissant, terriblement critique envers la société de son époque - bien que loin d'être totalement démodé -, d'une acidité dont on garde longtemps le goût en bouche. En une petite quarantaine de pages délicatement reliées par les bons soins des excellentes petites éditions Sillages, c'est tout l'art d'Ambrose Bierce, le rédacteur génial du fameux "Le Dictionnaire du Diable" que l'on retrouve.



Cela semblera sans doute un peu trop court auprès du lecteur amateur de l'œuvre multiple (il fut aussi romancier, reporter de guerre, conteur) de cet écrivain anarchiste au destin aussi étonnant que tragique (il disparut "corps et biens" à l'âge de 71 ans, alcoolique et lourdement asthmatique, au beau milieu de la guerre civile mexicaine. À l'instar de cette mort mystérieuse, Ambrose Bierce demeure, pour partie, une diabolique énigme. Mais son œuvre, encore assez méconnue en France (bien qu'assez largement traduite), s'impose comme majeure dans le paysage littéraire américain. Ce petit opuscule pourra être le viatique parfait afin de découvrir cet univers d'une grande originalité.
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Histoires impossibles

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, format court, avec un recueil de nouvelles : Histoires impossibles, d'Ambrose Bierce.



-Jamais entendu parler. C'est qui, çui-là ?



-Aucune idée*.



Or donc, comme c'est un recueil de nouvelles, je ne puis vous donner de résumé. En revanche, ces textes possèdent les mêmes dénominateurs communs : le fantastique, l'inexplicable, l'épouvante...



-Et l'illisibilité !



-Meuh non, n'exagère pas.



-Ah si. C'est illisible.



-Mais non, rholàlààà. Bierce écrit dans une prose classique, très classique…



-TROP classique… Excuse-moi Déidamie, mais ce style est parfaitement démodé !



-Oui… certes… mais j'aime bien, parce que j'adore les phrases bellement structurées à la façon antique. J'ai buté une ou deux fois sur des constructions, il est vrai, cependant, en analysant un peu, j'ai vite retrouvé mes petits…



-Et on fait quoi si on n'a pas la passion de l'architexture ?



-On peut apprécier la haute qualité des histoires, évidemment !



-Ah non. Je regrette, elles restent très inégales. Et puis on dirait qu'elles sont incomplètes, pas finies, ‘manque quelque chose...



-Oui, je reconnais que certaines de ces nouvelles sont étranges, elles paraissent lacunaires, comme s'il manquait des éléments qui lieraient le fantastique au réel. Je pense notamment aux Yeux de la panthère. D'autres sont aussi amusantes que les histoires qu'on se raconte pour se faire peur. Ce magnifique style classique dont je parlais plus haut est parfait pour faire monter crescendo l'horreur et la terreur des personnages. Et puis, je me sens comme une grande dâme du XIXe siècle qui tient salon quand je lis des textes pareils…



-Moi, je maintiens que certaines histoires sont bancales et décevantes. On commence avec un terrible mystère, et puis le soufflé retombe, comme dans l'histoire de la montre. Je préfère les narrations comme La Vénus d'Ille, où tu choisis ton interprétation, ou comme le cauchemar d'Innsmouth, dans laquelle tu comprends très bien ce qu'il se passe. Et puis, il y a des coquilles.



-Bon, pas beaucoup, notre édition est vieille, aussi… En revanche, une chose est remarquable : l'humour !



-L'humour ?



-Oui ! La plupart des nouvelles sont plutôt dramatiques et finissent mal en général. Pourtant, Bierce trouve le moyen de faire rire en écrivant quelques textes étonnants, qui inversent complètement le bien et le mal. Cela donne des nouvelles à la fois candides et malfaisantes, comme si le mal était innocent et faisait l'objet de perpétuels malentendus. Et c'est tellement gros, cela va si loin dans le déni de la réalité que ces récits de criminels me font m'esclaffer.



-Si t'aimes pas l'humour noir, hein…



-Ah, si tu n'aimes pas l'humour noir ou absurde, effectivement, il vaut mieux s'abstenir. Quoi qu'il en soit, j'ai passé un fort bon moment en compagnie de M. Bierce. Sa prose n'est plus de notre monde, il est vrai, mais j'ai apprécié cette élégance surannée. Je le relirai pour l'admirer à mon aise. »



*Ecrivain et journaliste autodidacte né en 1842 aux Etats-Unis et disparu au Mexique en 1914, et quand je dis « disparu », je veux vraiment dire « disparu ». On ne sait ni quand ni comment ce monsieur est passé dans l'autre monde. Alan Moore vous explique brièvement ce qu'il est devenu dans Providence.

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Contes noirs

Ma lecture des fameux "Contes noirs" d'Ambrose Bierce s'est révélée un peu décevante ; peut-être que j'en attendais trop.



Je ne reprocherai pas à Bierce de ne pas terroriser le lecteur du XXIème siècle, puisque l'horreur et l'épouvante ont bien changé de formes depuis la fin du XIXème. Et je reconnais volontiers l'aspect original de ces courtes histoires, qui prennent racine dans le quotidien de l'Amérique profonde. Beaucoup des personnages ont en commun, qu'ils se montrent superstitieux, sceptiques ou dotés d'un bon sens dont ils se prévalent haut et fort, de devenir les victimes de leur imagination, imagination souvent mise à mal par des mises en scène macabres - un pari, l'idée de voir un proche mourir, une visite au cimetière, par exemple, pouvant constituer la base de ces mises en scène, réelles ou fantasmées. Régulièrement, donc, les personnages des "Contes noirs", anti-héros typiques de l'époque de la Frontière, deviendront leur propre victime.



Là où ça coince, c'est que les scénarios prennent une forme très répétitive, monotone, qui lasse. Serait-ce dû au choix des nouvelles pour constituer ce recueil dont la publication ne doit rien à Ambrose Bierce, puisqu'il s'agit d'une sélection pour une édition en français ? Il reste donc à savoir si les autres nouvelles d'Ambrose Bierce se démarquent de celles-ci - ce que deux nouvelles que j'ai lues indépendamment de celles-ci me porteraient à croire. Toujours est-il que dans les "Contes noirs", seul le récit "Un habitant de Carcosa", empreint d'une poésie morbide et nostalgique, sort vraiment du lot.



Mais, même si l'édition française est fautive, j'ai le sentiment que, malgré l'ambiance que l'auteur sait instiller dans ses histoires, et qui font d'ailleurs leur principal intérêt, on est loin d'éprouver l'inquiétude que peut communiquer, par exemple, "Le voleur de cadavres" de Stevenson. Conclusion : encore un auteur à suivre !







Liens vers des citations en rapport avec cette critique :

https://www.babelio.com/auteur/Ambrose-Bierce/2700/citations/1261932

https://www.babelio.com/auteur/Ambrose-Bierce/2700/citations/1260875

https://www.babelio.com/auteur/Ambrose-Bierce/2700/citations/1262151
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Le dictionnaire du diable

Dictionnaire du Diable (locution invariable) : Bible de l’aigri, manifeste du contestataire, codex du charlatan, abécédaire de l’illettré entêté, Voynich du crétin, Nécronomicon de l’humaniste. Le pavé dans la mare opaque de notre société corrompue ; le brûlot implacable à la solde de nos travers les plus inavouables.



Les amateurs d’humour grinçant, de l’aphorisme décapant et définitif seront aux anges. Les bien-pensants et autres technocrates bouffis d’orgueil, en Enfer.
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Epigrammes

CYNIQUE, MOI ? JAMAIS !





Des épigrammes, certes. Mais qu'est-ce donc que cette chose-là ? Le plus simple est d'aller voir ce qu'en dit Mme Larousse :

"Chez les Anciens, courte inscription gravée sur un monument.

Courte pièce de vers d'intention satirique qui se termine par un trait piquant."



Satirique, cynique, ces aphorisme d'un genre très ancien le sont bien plus que ce que l'on entend habituellement par "aphorisme", même si la forme, le plus souvent lapidaire, s'en rapproche. L’antique Martial ou le poète français Clément Marot en commirent jadis. Mais ils ne furent pas les seuls, la preuve.



Sur la satire, l'humour mordant, noir souvent, et donc cynique plus souvent qu'à son tour, Ambrose Bierce en connaissait un rayon. Il suffit, pour s'en convaincre, de parcourir son ouvrage sans aucun doute le plus fameux, "Le dictionnaire du diable". C'est donc sur ce mode plein de malice que Bierce nous propose, une fois encore, certaines de ses plus vives, de ses plus insolentes et salvatrices observations.



Tour à tour philosophe : «Quand vous êtes perdus dans une forêt, redescendez toujours. Quand vous êtes perdu dans une philosophie ou une doctrine, allez vers le haut.», phallocrate (quoique fort souvent à double tranchent pour la mâle engeance) :«Quand Dieu crée une belle femme, le diable ouvre un nouveau registre.», parfois féroce avec certains représentants de la race humaine :«Entretenez-la tête, et le cœur prendra soin de lui ; un pendard est quelqu'un qui ne sait pas comment penser.», d'autres fois franchement misanthrope :«Chrétiens et chameaux accueillent leur fardeaux à genoux» ou anarchiste :«La seule distinction que récompense la démocratie est un haut degré de conformité". Il règle aussi régulièrement ses comptes avec les gendelettres et autres critiques, ainsi n'hésite-t-il pas à affirmer, d'une part qu'«un auteur populaire est quelqu'un qui écrit ce que pense le peuple. [tandis que] Le génie les invite à penser autre chose.» alors qu'il estime, par ailleurs que «si vous voulez un livre parfait, il n'y a qu'une seule solution : écrivez-le» !



Le rire - ou, pour le moins, les sourires un rien pincés mais toutefois amusés - ne sont jamais très loin, pour qui apprécie l'humour acide : «Les injures sont permises dans le cas d'un mari entêté :« la meilleure façon de faire avancer un cheval récalcitrant est sans doute de lui mordre les oreilles» et la moque rie n'en est que plus réjouissante lorsqu'il s'en prend à nos petits travers, à notre bêtise, à notre crédulité : «Une patte de lapin peut vous porter chance, mais elle ne l'a pas portée au lapin.».



On le voit, Ambrose Bierce en a un peu pour tout le monde, après tout le monde, et sans doute pour lui même, qui réfléchi à ce qu'est l'âge, la vieillesse la mort prochaine, à la sagesse qu'elle est censée procurer - n'oublions pas qu'il a déjà soixante-neuf ans lorsque paraissent ces aphorismes. Deux ou trois ans (sic !) seulement avant sa mort aussi impossible à dater qu'à situer ni à expliquer - et de songer que «la sagesse est une connaissance particulière en sus de tout ce qui est connu.»



Cet esprit sardonique et pourfendeur des grandeurs et misères de l'humanité n'a donc pas fini de nous interroger, de nous remuer, de la toute-puissance de sa pensée cynique, souvent cruelle, mais qui tombe pourtant si souvent juste. On n'est pas si éloigné de notre Voltaire mais on peut trouver trace de cet réflexion vive et terrible chez des Alphonse Allais ou, plus proche encore, chez un Pierre Desproges dans ses meilleurs moments, et même si la volonté chez celui qui fut parfois surnommé "Bitter Bierce" (NB : "Bierce l'amer") est moins de faire rire que de fustiger son semblable, il s'y prend fort bien pour tirer de son lecteur quelque rictus entendu :«C'est vrai que l'homme ne connaît pas la femme. Mais la femme non plus.».



Et peut-être songeait-il encore aux horreurs de la guerre civile américaine, la plus meurtrière que les USA ont jamais connu de toute leur histoire, souvent considérée, par ailleurs, comme la première guerre "moderne" du genre humain, à l'instar de "notre" guerre franco-prussienne de 1870, et qui l'accompagnèrent tout au long de sa vie, lui qui s'engagea à dix-neuf ans du côté yankee et devint même lieutenant avant d'être grièvement blessé, oui! sans doute y songeait-il, plusieurs décennies plus tard lorsqu'il rédigea cette manière de fabliau drolatique mais grinçant, emprunt d'une étrange poésie et d'une terrible philosophie :



«Où vas-tu ? demanda l'ange.

- Je ne sais pas.

- Et d'où viens-tu ?

- Je ne sais pas.

- Mais qui es-tu ?

- Je ne sais pas.

- Alors tu es l'Homme. Veille à ne pas te retourner, pour ne pas repasser par là d'où tu es venu.»



Lucide, féroce, amer, cynique, méchant, grincheux, sans concession, etc : tous ces qualificatifs collent indéniablement à notre penseur, pourtant, un ou deux autres nous viennent systématiquement lorsqu'il nous prend l'envie de reprendre encore un peu le fil de sa lecture : indispensable et réjouissant !



De fait, nous ne résistons pas à l'envie d'en délivrer une dernière "pour la route" : «Si vous voulez passer pour grand auprès de vos contemporains, ne le soyez pas beaucoup plus qu'eux.»
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Le dictionnaire du diable

Ambrose Bierce a commencé cet ouvrage en 1881 pour le finir 25 ans plus tard. Certaines définitions de mots sont pleines d’humour, d’autres un peu dépassées (normal) face à d’autres qui montrent que finalement l’humain ne s’est pas amélioré. Son côté misanthrope peut parfois déranger. La postface est également intéressante, puisqu’elle y décrit la vie, pas banale, de l’auteur. A avoir sous la main pour en picorer de temps en temps. C’est bien le diable si vous ne trouvez pas ce que vous cherchez dans ce dictionnaire !
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Contes noirs

CONTES NOIRS d’AMBROSE BIERCE

12 nouvelles.

Armstrong reconnaissait qu’il était enterré mais il n’était pas mort. Dans la nuit deux étudiants en médecine et l’homme à tout faire du cimetière commencèrent à creuser…

Murdock vers 1830 vivait avec sa femme dans une cabane en forêt. Un soir il l’a trouvé malade et elle décède rapidement. En se préparant à l’enterrer il voit une lumière à sa fenêtre, il tire…

Dans un quartier de San Francisco il y a une falaise en forme de visage, tous les jours un homme quitte le »nez » à 14.00 pour se rendre dans une fabrique. Quand il se déplace on sent une noblesse dans ses gestes en dépit d’une pauvreté évidente, il s’agit de John Hardshaw qui trente ans auparavant vivait avec sa femme dans un endroit luxueux, une histoire incroyable…

A cet endroit, il y eut jusqu’à 30000 hommes et deux femmes mais celui qui arriva aujourd’hui passa inaperçu malgré son allure, il descendit de son âne, planta quelques piquets et délimita une »concession ». Il s’appelait Doman, un vieux copain lui avait indiqué de l’or libre sous la tombe de Scary, alors il commença à creuser et il l’aperçut…

Tout le monde savait que la maison Manton était hantée, dix ans plus tôt il avait égorgé femme et enfants. Ce sera le lieu choisi par deux hommes pour régler une affaire d’honneur, dans le noir, tout ça pour une histoire d’orteil…

Un homme riche raconte que jeune, sa mère avait été étranglée chez eux sans qu’on retrouve l’assassin qui n’avait rien volé. Un jour il aperçoit une lumière qu’il est seul à voir, un médium explique…

John était mort en scène, il aurait apprécié le cercueil en acajou avec une plaque de verre. Amis, parents, pasteur, un dernier coup d’œil et là…

Un écrivain parle avec un lecteur dans un tramway qui aime ses nouvelles fantastiques. Il lui dit que pour les apprécier vraiment il faut être de nuit en forêt, ce qu’ils font un soir où au même moment un jeune garçon cherche une vache égarée…

Helberson prétend qu’aucun homme né d’une femme ne peut passer une nuit avec un cadavre dans une maison abandonnée sans lumière, un homme relève le défi…

Baryton est riche et a la passion des serpents. Il lit un article de presse sur la suggestivité potentielle des serpents, il n’y croit pas. En récupérant un livre tombé sous son bureau il distingue deux points lumineux…



BIERCE nous entraîne dans un monde à mi chemin de Poe et de Lovecraft. Il utilise tous les mécanismes de la peur, active le surnaturel, l’action est souvent statique mais pour les amateurs de fantastique et d’horreur c’est un recueil a ne pas manquer.
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Ce qui se passa sur le pont de Owl Creek et..

Le spectre de la guerre de Sécession hante l'oeuvre d'Ambrose Bierce. Les souvenirs traumatiques de sa jeunesse sur le front s'incarnent parmi les ponts et les forêts américaines, autour de champs de bataille dont le fracas assourdissant trouve une forme d'écho dans certaines scènes et chutes cruelles, susceptibles de plonger le lecteur dans une horreur muette.



Merveilleusement précises et rythmées, les descriptions vivides sont empreintes de l'humour noir caractéristique de l'auteur, mais donnent aussi souvent le point de vue des personnages. Ainsi parcourt-on d'étranges sous-bois en clair obscur dans « Chikamauga » et « La mort de Halpin Frayser », où la lumière ne sert qu'à dévoiler des tons rouges sang et les faciès abominables de cadavres animés. La psychologie tourmentée des héros se manifeste via des détails emplis de sens : dans la nouvelle éponyme, un son de montre est distordu et amplifié par la détresse du condamné à mort, comme le battement du « Coeur révélateur » chez Poe.



Le tic-tac se fait tout aussi angoissant dans « La montre de John Bartine », où le temps devient plus que jamais synonyme de fatalité, dans tous les sens du terme. Les morts sont ici à l'honneur, et invitent les vivants à les rejoindre dans leur « tombe sans fond », le temps de cette lecture qui résonne dans l'au-delà.
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Les Grands Maîtres du fantastique / Weird tal..



Voici cinq contes par des maîtres de l’angoisse du 19e siècle Washington Irving, Edgar Poe, Ambrose Bierce, William Hope Hodgson et début 20e Lovecraft. Tous sont americains sauf Hodgson.

La première histoire par Irving The Adventure of the German Student met en scène un jeune étudiant qui quitte Göttingen pour Paris, alors qu'éclate la Révolution. Passant une nuit par la place de grève il rencontre au pied de l'échafaud une très belle femme dont il reconnaît les traits souvent vus dans ses rêves. Mais cette rencontre qui aurait pu être charmante se révèle chargée d’épouvante.

La seconde de Poe The Facts in the Case of M. Valdemar est l'étude des effets du mesmérisme sur un mourant.

Ensuite vient celle de Bierce The damned Thing ou un homme est déchiqueté par ce qu’on suppose être un animal mais invisible.

Puis c’est Hodgson avec The Whistling Room dont le héros est appelé pour résoudre la cas d’un manoir hanté à moins qu’il ne s’agisse d’une mauvaise plaisanterie.

Le recueil se clôt avec Lovecraft et The Statement of Randolph Carter dans lequel un homme témoigne des dernières heures de son ami amateur pour ses recherches de nécropoles.



Un recueil effectivement inquiétant surtout lors de la publication originelle.



Une lecture plaisante malgré la difficulté liée à la lecture en VO.





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Le dictionnaire du diable

Petit chef-d'œuvre d'humour noir et de cynisme. Bierce passe en revue tous les domaines de la vie et parvient en quelques définitions à leur régler leur compte. On sent l'auteur désabusé, qui ne croit plus en grand chose, et les sourires se transforment parfois en grimaces. C'est le genre de livre qu'il vaut mieux picorer petit à petit que de lire d'une seule traite.



Je regrette de n'avoir qu'une version limitée du dictionnaire (environ 150 définitions sur les 700). La sélection est contestable, les "meilleures" citations varient bien souvent d'un individu à l'autre, et je n'ai pas retrouvé dans mon édition certaines citations que j'avais trouvées excellentes.
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Le dictionnaire du diable

Bien sûr, ce livre ne se lit pas comme un roman. Tout de même, on y trouve de vrais petits récits, comme cette discussion entre un client et son assureur. J'en ai encore mal à la tête.

Parfois, on se demande légitimement si l'auteur dit vrai ou pas. Par exemple, il est crédible que l'origine de la ponctuation dans les textes soient les chiures de mouches sur les parchemins d'origine que les copistes reproduisaient fidèlement.

A conseiller aussi : la postface de l'édition Rivages, qui propose une biographie passionnante de l'auteur.
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Contes noirs

[Préface et traduction de l'anglais (États-Unis) par Jacques Papy]



L'écrivain belge Bernard Quiriny se réjouit dans le Magazine Littéraire (juillet-août 2016) que les douze Contes noirs d'Ambrose Bierce reviennent hanter les librairies. Cet auteur de récits fantastiques peut figurer aux côtés d'un maître tel que Poe et son beau style m'a rappelé Hawthorne. En beaucoup moins prolixe toutefois, car Bierce réussit dans certaines de ses nouvelles ("Par une nuit d'été", "Les funérailles de John Mortonson") à condenser la terreur en un minimum de mots.



Terreur, le thème est posé, Ambrose Bierce démonte le mécanisme de la peur avec minutie. Sans recourir aux méthodes gore, il pratique à la manière d'un Hitchcock et se montre très convaincant, comme le souligne la préface : "Son procédé est simple : il consiste à entasser les détails concrets pour rendre le récit plus réel, et nous passons ensuite, sans en avoir nettement conscience, dans le domaine du surréel.", réussissant "ce tour de force de nous fasciner par des récits absolument statiques dans lesquels il ne se passe presque rien."



Il parvient même à rendre crédible l'autre côté, faisant s'exprimer les morts à la première personne, esprits languissants qui hantent leurs lieux de vie dans un crépuscule éternel, pour induire ce constat que "la vérité que nous cherchons en vain ici-bas nous sera également refusée au-delà de la tombe". Les incursions troublantes dans le royaume du surnaturel se font sans le cynisme ni la misanthropie qu'a manifestés Bierce dans d'autres œuvres et il montre de la compassion pour la misère humaine.



Un rien suffit à susciter l'angoisse, les personnages s'enferment eux-mêmes dans la panique, savoir-faire de psychologue : "La peur vient du dedans : elle n'est que vaine chimère", écrit Papy. Les nouvelles sont d'un genre qui me galvanise car leur centre de gravité est dans la chute, avec élégance. Avec de l'humour aussi, noir bien entendu, et pour vous en convaincre, il suffit de citer l'incipit du premier conte du recueil : "Le fait qu'Henry Amstrong fût enterré ne lui semblait pas prouver qu'il fût mort : il avait toujours été difficile à convaincre."



Par-delà son œuvre fantastique, Bierce fut d'ailleurs un des meilleurs humoristes de son temps. Bizarrement, on sait peu de la disparition de ce bon écrivain, il aurait rejoint l'armée de Pancho Villa au Mexique en 1910. Jacques Papy l'a fait connaître chez nous dans les années cinquante avec une cinquantaine de traductions dont ces "Contes noirs". L'essentiel de Bierce est aujourd'hui disponible en poche.
Lien : http://christianwery.blogspo..
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Le dictionnaire du diable

L’écrivain et journaliste Ambrose Bierce est un personnage hors du commun sur bien des points, et sa vie mouvementée est encore bien moins légendaire que sa mort, dont la date est inconnue mais qui est sans doute survenue au cours de l’année 1910.

L’ouvrage de référence de l’écrivain est "Le Dictionnaire du Diable", un ouvrage satyrique bourré de définitions allant de l’hilarante à la dramatique, en passant bien souvent par les voies de l’humour noir. Citons par exemple la définition du mot Singe : "Animal arboricole qui se sent également très à l’aise dans les arbres généalogiques." Ou encore celle du Chanvre : "Plante dont les fibres produisent un article d’encolure qui est fréquemment ajusté après proclamation publique en plein air, et qui prévient le sujet des risque ultérieurs de rhume." Mais aussi, bien entendu, celle de l’adjectif Opiacé : "Qui déverrouille la porte de la geôle de l’identité. Elle donne sur la cour de la prison."

Bien entendu, les travaux littéraires de Bierce ne se limitent pas à ce seul ouvrage. Entre autres livres, il a écrit plus de cent nouvelles, recueillies ou pas, dont la lecture nous montre aujourd’hui quel fin auteur il a été. Il en est de même dans le domaine de la presse ou l’écriture de certains articles satyriques, notamment pour le "News-Letter & California Advertiser" de San Francisco, dont il deviendra rédacteur en chef en 1868, a provoqué, dans le milieu comme en périphérie, la controverse la plus totale. Mais plus c’était amer, éléctrique ou orageux, plus l’homme qu’il était se sentait l’âme nourrie par la réussite de son seul but dans la vie, à plus grande échelle : générer le chaos. Non pas un désordre gratuit, bien au contraire, mais le souffle d’une énergie incontrôlable, obligeant la masse à se réveiller et à réagir. A cette époque, cela fonctionnait encore bien mais, si Bierce était né à notre époque, il se serait sans doute donné la mort face à l’ampleur de la tâche.

Homme fougueux et débordant d’énergie créatrice, le genre d’individu que René Le Senne, le caractérologue, aurait classé parmi les Passionnés, il n’hésite pas, quand c’est selon lui nécessaire, d’entrer en duel ou au combat, que ce soit de sa plume virulente ou de son propre corps. Adulte et mature, son arme favorite était un exemplaire replié du journal, le San Francisco Examiner, avec lequel il lui est souvent arrivé de se battre en pleine rue, mettant parfois une raclée mémorable à plusieurs hommes à la fois. Il faut dire, à ce propos, qu’il a fréquenté très jeune une école militaire et, alors qu’il n’était âgé que de 19 ans, il s’est engagé dans le neuvième régiment de volontaires d’Indiana quand la guerre de Sécession a éclaté. Il sera promu officier grâce à son dévouement au combat dans le camp des nordistes. Blessé à la tête durant la bataille de Kennesaw Mountain, il doit quitter les champs de batailles et rencontrer la Fée Morphine qu’il saura apprivoiser, contrairement à la majeure partie des personnes dans son cas qui devinrent rapidement dépendants.

En effet, durant sa vie, et surtout à son époque, la consommation de drogues diverses touchait très facilement le milieu artistique dans son ensemble, et Ambrose Bierce ne fit pas exception. Mais l’écrivain savait user des substances sans en abuser. Il est parvenu toute sa vie à jouir de l’ivresse des paradis artificiels sans pour autant s’y installer définitivement.

Outre sa bibliographie riche et exceptionnelle, si l’on peut aujourd’hui retenir quelque chose de la vie de cet homme, c’est la façon dont il a décidé de mourir. On suppose qu’il se savait atteint d’une maladie à l’issue fatale et que c’est la raison qui le poussa, à l’âge de 71 ans, à mettre sa mort à profit plutôt que de mourir dans un lit. Il rejoignit l’armée révolutionnaire de Pancho Villa et disparut, à une date inconnue, en se battant aux côtés des paysans et des desperados mexicains.

Il n’a jamais été revu, pas plus que sa dépouille retrouvée.

Cette mort, aussi noble qu’héroïque, a fait travailler les imaginations d’autres artistes. L’écrivain panaméen Carlos Fuentes (1928-2012) a écrit un roman, intitulé "Le vieux Gringo" (1985), inspiré de la fin de la vie de Bierce, où il imagine ce qu’il a pu advenir ; une belle histoire sur le point final héroïque de l’auteur âgé, lancé dans les combats furieux de la Guérilla mexicaine.



Ghislain GILBERTI

"Le Cabaret du Néant"
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Le dictionnaire du diable

Un dictionnaire, normalement, sert à donner à chaque mot une définition propre, consacrée généralement par l'usage, et corroborée par des éléments linguistiques, historiques, voire sociaux. Quand la définition devient celle de l'auteur du dictionnaire, on appelle ça Le Dictionnaire du Diable.

En l'occurrence, le Diable s'appelle Ambrose Bierce.

Ambrose Bierce (1842-1914) est un journaliste et écrivain américain. Célèbre en son temps pour écrire dans ses journaux les chroniques les plus féroces de l'histoire, il est connu pour avoir publié un certains nombre de nouvelles et de contes, souvent relatifs à son expérience dramatique de la Guerre de Sécession, et aussi pour avoir rédigé cet ouvrage inclassable qu'est Le Dictionnaire du Diable.

Le Dictionnaire du Diable (1911) se présente comme un dictionnaire classique, alignant près de mille définitions qui sont tout sauf académiques : corrosives, caustiques, acides cyniques, tendancieuses, et animées d'un bout à l'autre par une mauvaise foi aussi réjouissante que persistante.

Quelques exemples :

Abdication : Acte à travers lequel un souverain atteste qu'il est sensible à l'élévation de température de son trône.

Aborigènes : Personnes de moindre importance qui encombrent les paysages d'un pays nouvellement découvert. Ils cessent rapidement d'encombrer, ils fertilisent le sol.

Absurdité : Affirmation manifestement incompatible avec son opinion propre.

Amitié : Bateau suffisamment grand pour transporter deux personnes quand il fait beau, et une seule en cas de mauvais temps.

Amnésie : Don de Dieu accordé aux débiteurs , pour compenser leurs faiblesses d conscience.

Antipathie : Sentiment inspiré par l'ami d'un ami.

Avouer : Confesser une faute. Dévoiler les fautes d'autrui est un grand devoir imposé par l'amour de la vérité.

Bâtons d'encens : Petits bâtonnets que les Chinois brûlent au cours de leurs niaiseries païennes en imitations des véritables rites sacrés de notre Sainte Religion.

Beauté : Pouvoir qui permet à la femme de charmer un amoureux et d terrifier un mari.

Bien-être : Etat d'esprit produit par la contemplation des ennuis d'autrui.

Canon : Instrument utilisé dans la rectification des frontières.

Etc. etc.

Ambrose Bierce est donc humoriste blanc qui fait de l'humour noir. Son dictionnaire est à la fois une œuvre d'esprit, et un pamphlet contre la bêtise universelle, la bien pensance, les institutions, la religion...

C'est bien simple : c'est Desproges avant l'heure !

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