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Citations de André Comte-Sponville (901)


Il ne s'agit pas de vivre dans l'instant : il s'agit de vivre au présent, on n'a pas le choix, mais dans un présent qui dure, qui inclut un rapport présent au passé (la mémoire, la fidélité, la gratitude) et un rapport présent à l'avenir (le projet, le programme, la prévision, la confiance, le fantasme, l'imagination, l'utopie, si vous voulez, à condition de ne pas prendre vos rêves pour la réalité). La sagesse n'est ni amnésie ni aboulie. Cesser d'espérer, ou espérer moins, ce n'est pas cesser de se souvenir ni renoncer à imaginer et à vouloir!
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Aimer celui ou celle qui manque c'est facile. Aimer celui ou celle qui est là, dont on partage la vie, celui ou celle qui ne manque plus, c'est beaucoup plus difficile!
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Ce n'est pas la foi qui pousse aux massacres. C'est le fanatisme qu'il soit religieux ou politique. C'est l'intolérance. C'est la haine. Il peut être dangereux de croire en Dieu. Voyez Saint Barthélémy, les croisades, les guerres de religions, le Djihad, les attentats du 11 septembre 2001...Il peut être dangereux de ne pas y croire. Voyez Staline, Mao Tsé-Toung ou Pol Pot...[...] Cela nous en apprend plus sur l'humanité, hélas, que sur la religion.
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Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? C'est sans doute, philosophiquement, la question principale. (...) Aucune science n'y répond. (...) On a inventé Dieu pour y répondre. Mais cela ne résout pas plus le problème que le big bang. Pourquoi Dieu plutôt que rien?
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Comme la politesse est un semblant de vertu (être poli, c’est se conduire comme si l’on était vertueux), toute vertu sans doute –en tout cas toute vertu morale- est un semblant d’amour : être vertueux, c’est agir comme si l’on aimait. Faute d’être vertueux, nous faisons semblant, et c’est ce qu’on appelle la politesse. Faute de savoir aimer nous faisons semblant, et c’est ce qu’on appelle la morale.
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L'essentiel, c'est de ne pas mentir, et d'abord de ne pas se mentir. Ne pas se mentir sur la vie, sur nous-mêmes, sur le bonheur.
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Le retour de la religion a pris, ces dernières années, une dimension spectaculaire, parfois inquiétante. On pense d'abord aux pays musulmans. Mais tout indique que l'Occident, dans des formes certes différentes, n'est pas à l'abri du phénomène. Retour de la spiritualité ? On ne pourrait que s'en féliciter. Retour de la foi ? Ce ne serait pas un problème. Mais le dogmatisme revient avec, trop souvent, et l'obscurantisme, et l'intégrisme, et le fanatisme parfois. On aurait tort de leur abandonner le terrain. Le combat pour les Lumières continue, il a rarement été aussi urgent, et c'est un combat pour la liberté.
Un combat contre la religion ? Ce serait se tromper d'adversaire. Mais pour la tolérance, pour la laïcité, pour la liberté de croyance et d'incroyance. L'esprit n'appartient à personne. La liberté non plus.
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Un de mes amis, il avait une quarantaine d'années, me dit un jour: " A chaque fois que je suis amoureux, c'est toujours comme la première fois!" J'en étais peiné pour lui: cela voulait dire qu'il n'avait rien appris. Moi, au contraire, ce fut différent à chaque fois: je croyais de moins en moins à la passion et de plus en plus à l'amour. Cela ne m'empêcha pas de retomber amoureux, bien sûr, mais au moins cela m'empêcha de me faire la dessus trop d'illusions. Un ami m'a demandé récemment quel type de femme j'aimais... Je lui ai répondu:"Celle qui ne se font pas d'illusions sur les hommes, et qui les aiment pourtant." Ces femmes existent, tu en fais partie, et c'est le plus beau cadeau que vous puissiez nous faire: un peu d'amour vrai, de désir vrai, de plaisir vrai...
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Si je compare tout le reste de ma vie - quoique avec la grâce de Dieu je l'aie passée douce, aisée, et, sauf la perte d'un tel ami [La Boétie, mort depuis neuf ans quand Montaigne écrit ces lignes], exempte d'affliction pesante, pleine de tranquillité d'esprit, ayant pris en paiement mes commodités naturelles et originelles sans en rechercher d'autres - si je la compare toute, dis-je, aux quatre années qu'il m'a été donné de jouir de la douce compagnie et société de ce personnage, ce n'est que fumée, ce n'est qu'une nuit obscure et ennuyeuse. Depuis le jour que je le perdis, je ne fais que traîner languissant ; et les plaisirs mêmes qui s'offrent à moi, au lieu de me consoler, me redoublent le regret de sa perte. Nous étions à moitié de tout ; il me semble que je lui dérobe sa part. J'étais déjà si fait et accoutumé à être deuxième partout, qu'il me semble n'être plus qu'à demi.
Michel de Montaigne
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Comment serions-nous heureux, puisque nous sommes insatisfaits? Et comment serions-nous satisfaits puisque nos désirs sont sans limites?
Dans une société point trop misérable, l'eau et le pain ne manquent presque jamais. Dans la société la plus riche, l'or et le luxe manquent toujours.

LA TEMPERANCE
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lorsque vous dites "je t'aime", cela signifie "tu me manques" et donc "je t'e veux" ("te quiero", comme disent les Espagnols: je t'aime, je te veux, c'est le même mot). C'est donc bien demander quelque chose, c'est même tout demander puisque c'est demander quelqu'un, puisque c'est demander la personne elle-même! "je t'aime: je veux que tu sois à moi." Alors que dire "je suis joyeux à l'idée que tu existes", c'est ne rien demander du tout: c'est faire état d'une joie, autrement dit d'un amour, qui peut certes aller avec un désir d'union ou de possession, mais qui ne saurait s'y réduire. Tout dépend de quel type d'amour on fait preuve, pour quel type d'objet.
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Voici la morale parfaite : vivre chaque jour comme si c’était le dernier ; ne pas s’agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant.
Marc Aurèle
Pensée, VII
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C'est Bernard Shaw, je crois, qui disait qu'il y a deux catastrophes dans l'existence: la première, c'est quand nos désirs ne sont pas satisfaits; la seconde, c'est quand ils le sont... Nous oscillons ordinairement entre les deux, et c'est ce qu'on appelle l'espérance. ( p 46)
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J'en parlais récemment avec une amie psychiatre. "La santé psychique, m'expliquait-elle, c'est quand tu acceptes d'être quelqu'un d'ordinaire, quand tu reconnais ta propre banalité, quand tu renonces à ton statut d'exception. C'est pourquoi la santé est si rare: les gens sont bien trop narcissiques pour s'aimer comme ils sont!"
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Rilke a trouvé les mots qu'il fallait, pour dire cet amour dont nous avons besoin, et dont nous ne sommes que si rarement capables: "Deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant, et s'inclinant l'une devant l'autre"...
Cette beauté sonne vrai. L'amour n'est pas le contraire de la solitude: c'est la solitude partagée, habitée, illuminée ---- et assombrie parfois --- par la solitude de l'autre. L'amour est solitude, toujours, non que toute solitude soit aimante, tant s'en faut, mais parce que tout amour est solitaire. Personne ne peut aimer à notre place, ni en nous, ni comme nous. Ce désert, autour de soi ou de l'objet aimé, c'est l'amour même.
(P35)
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La connaissance

Pour juger des apparences que nous recevons des objets, il nous faudrait un instrument judicatoire [qui juge] ; pour vérifier cet instrument, il nous y faut de la démonstration ; pour vérifier la démonstration, un instrument : nous voilà au rouet. Puisque les sens ne peuvent arrêter notre dispute, étant pleins eux-mêmes d'incertitude, il faut que ce soit la raison ; aucune raison ne s'établira sans une autre raison ; nous voilà à reculons jusques à l'infini.

Michel de Montaigne

C'est mettre ses conjectures à bien haut prix que d'en faire cuire un homme tout vif.

Michel de Montaigne
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Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours aussi comme une fin et jamais comme un moyen.
Emmanuel Kant
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La philosophie est une pratique discursive, qui a la vie pour objet, la raison pour moyen, et le bonheur pour but.
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Peste

Montaigne côtoya plusieurs épidémies de peste, que ce fût durant ses voyages ou, en 1585, dans le Bordelais. J’oserai dire qu’il n’en faisait pas “toute une maladie”, au sens familier de l’expression : il ne dramatisait pas la chose, qui n’en a nul besoin (le taux de létalité, chez les personnes contaminées, avoisinait les 100 %), ni ne se laissait exagérément affecter par la peur légitime qu’elle suscitait. Il est peu doué pour l’imagination, et conséquemment pour la peur, tant que le danger ne fait que menacer. “L’appréhension ne me presse guère, laquelle on craint particulièrement en ce mal” (III, chap. XII, p. 1048). Quant au réel, il ne s’en effraie que modérément. Il voit bien le désastre collectif, ce que nous appellerions aujourd’hui une crise sanitaire majeure, mais prend volontiers exemple sur la “résolution” (la fermeté, le courage, la constance) et la “simplicité de tout ce peuple” :

“Quant au monde des environs, la centième partie des âmes ne se put sauver. […] Chacun renonçait au soin de la vie. Les raisins demeurèrent suspendus aux vignes, le bien principal du pays, tous indifféremment se préparant et attendant la mort à ce soir, ou au lendemain, d’un visage et d’une voix si peu effrayée qu’il semblait qu’ils eussent compromis [s’en fussent remis ou résignés] à cette nécessité et que ce fût une condamnation universelle et inévitable” (p. 1048-1049).
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« À l’assaut du ciel... ».
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« Alors je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; celui qui le monte s’appelle « Fidèle » et « Vrai », il juge et fait la guerre avec justice. Ses yeux ? une flamme ardente ; sur sa tête, plusieurs diadèmes ; inscrit sur lui, un nom qu’il est seul à connaître ; le manteau qui l’enveloppe est trempé de sang ; et son nom ? le Verbe de Dieu... » 1. Mais le militant matérialiste - s’il en existe - n’a pas les mêmes armes : pas de Dieu pour le soutenir ; pas de Vérité pour lui donner raison ; pas de Bien pour le justifier. Il se bat tout seul et fait ce qu’il peut. Il n’a ni diadèmes, ni cheval blanc. Il sait qu’il n'a pas raison, ni tort, que sa force n’est au service que de son désir, et que son désir n’a de droit que sa force... Il est lucide et désespéré. Son action n’a pas de fin, et l’histoire n’a pas de sens. Ni finalisme, ni justifications. Il sait qu’il n’y a de finalité que du désir 2, et de sens que du discours 3. Il ne se réclame d’aucune révélation. Point de ciel pour lui qui s’ouvre, point de Verbe qui raisonne. Il n’a de ciel que celui qu’il s’invente, que l’espace vide de son action, que l’horizon de son rêve. Il n’a de verbe que sa parole, singulière et fragile... Il a compris qu’aucun combat n’est le bon - pas même le sien -, ni aucun parti le meilleur. Il n’est pas triste. Il n’est pas résigné. Il a le courage de son désespoir, et la joie de sa force. Dans le silence de Dieu et le brouhaha du monde, il assume jusqu'au bout la solitude de son désir. (1. saint-Jean, 2. Spinoza, 3. Lévi-Strauss, p.125-126)
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