Citations de André Comte-Sponville (900)
On a pu écrire que les hommes sont prêts à tout pour faire l'amour, y compris à aimer. Et que les femmes sont prêtes à tout pour aimer et être aimées, y compris à faire l'amour.
Formule outrancière, cela va de soi, mais qui n'est peut-être pas sans une part de vérité.
Aucun cadeau n'est le bonheur, ni rien de ce qu'on attend ou reçoit, mais cela seulement ce qu'on fait ou qu'on donne, et point en cadeau, puisque que l'essentiel de ce que l'on peut offrir, personne, jamais, ne pourra le posséder.
Il n'y a pas de pensée sans mémoire, sans lutte contre l'oubli et le risque d'oubli.
Des vertus, on ne parle plus guère. Cela ne signifie pas que nous n'en ayons plus besoin, ni ne nous autorise à y renoncer.
« Le contrat social, autrement dit, « est la règle, et non pas l’origine, de la constitution de l’Etat : il n’est pas le principe de sa fondation, mais celui de son administration » ; il n’explique pas un devenir, il éclaire un idéal –en l’occurrence « l’idéal de la législation, du gouvernement et de la justice publique ». » (Kant)
Quelqu'un qui serait incapable d'aimer, il lui manquerait une qualité essentielle: il lui manquerait évidemment une vertu, et non la moindre.
Voilà ce qu'André Comte-Sponville écrit à propos des gilets jaunes. Sympa ce mec, pour un ancien militant des Comités d'Action Lycéens, adhérent du PCF et de l'UEF, il a des paroles très dures et très réactionnaires ! Ce type bafoue ouvertement ce qu'il écrit tranquillement dans son petit univers étriqué ! Et pan, prends ça dans tes dents Comte-Sponville
https://www.challenges.fr/politique/gilets-jaunes-cette-violence-qui-affaiblit-l-etat-de-droit_635107
Plus je me connais moi-même, moins je peux croire en notre origine divine. Et plus je connais les autres, moins cela s'arrange... Croire en Dieu, ai-je écrit quelque part, c'est péché d'orgueil. Ce serait se donner une bien grande cause, pour un si petit effet. L'athéisme, à l'inverse, est une forme d'humilité. Nous sommes fils de la terre (humus, d'où vient "humilité"), et cela se sent...
Le malheur n'est pas une raison pour renoncer.
Soyons désespérément optimistes, et gardons le pessimisme pour des jours meilleurs
Il n’y a pas de Bien en soi : le bien n’existe pas, il est à faire et c’est ce qu’on appelle les vertus.
La sagesse ne tient pas lieu de philosophie ; la philosophie ne tient pas lieu de sagesse. Nous avons besoin des deux, et de la différence entre les deux.
La compassion a mauvaise presse : on n'aime guère e être l'objet, ni même la ressentir. Cela la distingue fort nettement, par exemple, de la générosité. Compatir, c'est souffrir avec, et toute souffrance est mauvaise. Comment la compassion serait-elle bonne ?
Si la vertu peut s’enseigner, comme je le crois, c’est plus par l’exemple que par les livres. A quoi bon, alors, un traité des vertus ? A ceci peut-être : essayer de comprendre ce que nous devrions faire, ou être, ou vivre, et mesurer par-là, au moins intellectuellement, le chemin qui nous en sépare.
La vie est décevante, toujours, et on n'échappe à la déception qu'en échappant à l'espérance. Toute espérance est déçue, toujours. Souvent, c'est parce qu'elle n'est pas satisfaite, et chacun en connaît le goût, qui est de frustration. Mais il arrive aussi qu'une espérance soit déçue parce qu'elle a été satisfaite et qu'il faut bien constater que sa satisfaction échoue à nous donner le bonheur que nous en attendions. . Nous n'avons de bonheur que dans ces moments de grâce où nous n'espérons rien, nous n'avons de bonheur qu'à proportion du désespoir que nous sommes capables de supporter. Le bonheur reste le but et cela veut dire que nous ne l'atteindrons qu'à la condition d'y renoncer.
Si la philosophie ne nous aide pas à être heureux, ou à être moins malheureux, à quoi bon la philosophie ?
Schopenhauer résume l'essentiel en une phrase, qui est à mes yeux la plus triste de toute l'histoire de la philosophie.
La voici: "Toute notre vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui."
Souffrance quand je désire ce que je n'ai pas, parce que je souffre de ce manque; ennui parce que j'ai ce que dès lors je ne désire plus.
Souffrance de l'agrégatif, ennui de l'agrégé. Soufrance du chômeur, ennui du salarié. Souffrance du chagrin d'amour, ennui du couple.
Ce n'est pas la valeur de l'objet aimé qui gouverne ou justifie l'amour ; c'est l'amour qui donne de la valeur à son objet.
Comment te jurerais-je de t'aimer toujours ou de n'aimer personne d'autre?
Qui peut jurer de ses sentiments ?
Et à quoi bon, quand il n'y a plus d'amour, en maintenir la fiction, les
charges et les exigences ?
Mais ce n'est pas une raison pour renier ou désavouer ce qui fut.
Qu'avons-nous besoin, pour aimer le présent, de trahir le passé ?
Je te jure, non de t'aimer toujours, mais de rester fidèle toujours à cet
amour que nous vivons.
Aime-moi tant que tu le désires, mon amour ; mais ne nous oublie pas.
Courbet disait à ses élèves :"Cherche si, dans le tableau que tu veux faire, il y a une teinte encore plus foncée que celle-là ; indiques-en la place, et plaque cette teinte avec ton couteau ou la brosse ; elle n'indiquera probablement aucun détail dans son obscurité. Ensuite, attaque par graduations les nuances les moins intenses, en t'essayant à les mettre à leur place, puis les demi-teintes ; enfin tu n'auras plus qu'à faire luire les clairs.." Cela vaut aussi pour la pensée. Il faut commencer par le plus sombre, chercher "le vide, et le noir, et le nu", et dégager progressivement la lumière. Car la nuit est première. On n'aurait pas besoin autrement de penser. Il faut commencer par le désespoir.