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Citations de André Gide (1880)


Je l’accompagne au marché :
– Combien ce poisson ? demande-t-il.
– Un franc.
– Combien un indigène l’eût-il payé ?
– Deux francs cinquante.
– Tu sais bien que je n’aime pas que tu me fasses un prix de Français.
– Oh ! Un Français ne l’aurait payé que cinquante centimes. 
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Il nous dit encore (et, si vrai, ceci est très important) que les chefs reconnus des villages ne sont le plus souvent que des hommes ne jouissant d’aucune considération parmi les indigènes qu’ils sont censés commander, d’anciens esclaves, des hommes de paille, choisis pour endosser les responsabilités, subir les peines, les « sanctions », et que tous les habitants de leurs villages se réjouissaient lorsqu’ils étaient foutus en prison. Le vrai chef était un chef secret, que le gouvernement français n’arrivait pas, le plus souvent, à connaître.
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les habitants ont brusquement abandonné leurs huttes pour les reconstruire à quelques jours de là. – Pourquoi ? – Parce que quelques morts leur avaient fait croire que l’emplacement était maudit, hanté, que sais-je… Les gens qui ne possèdent rien, et n’ont rien à quitter, n’ont jamais beaucoup de mal à partir.
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Moins le blanc est intelligent, plus le noir lui paraît bête
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ENVOI

Nathanaël, à présent jette mon livre. Émancipe-t’en. Quitte-moi. Quitte-moi ; maintenant tu m’importunes ; tu me retiens ; l’amour que je me suis surfait pour toi m’occupe trop. Je suis las de feindre d’éduquer quelqu’un d’autre. Quand ai-je dit que je te voulais pareil à moi ? — C’est parce que tu diffères de moi que je t’aime ; je n’aime en toi que ce qui diffère de moi. Éduquer ! — Qui donc éduquerais-je, que moi-même ? Nathanaël, te le dirai-je ? je me suis interminablement éduqué. Je continue. Je ne m’estime jamais que dans ce que je pourrais faire.

Nathanaël, jette mon livre ; ne t’y satisfais point. Ne crois pas que ta vérité puisse être trouvée par quelque autre ; plus que de tout, aie honte de cela. Si je cherchais tes aliments, tu n’aurais pas de faim pour les manger ; si je te préparais ton lit, tu n’aurais pas sommeil pour y dormir.

Jette mon livre ; dis-toi bien que ce n’est là qu’une des mille postures possibles en face de la vie. Cherche la tienne. Ce qu’un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. Ce qu’un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas, — aussi bien écrit que toi, ne l’écris pas. Ne t’attache en toi qu’à ce que tu ne sens qu’en toi-même, et crée de toi, impatiemment ou patiemment, ah ! le plus irremplaçable des êtres.
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Elle tourna les yeux vers les naissantes étoiles : « Je connais tous leurs noms, dit-elle ; chacune en a plusieurs ; elles ont des vertus différentes. Leur marche, qui nous paraît calme, est rapide et les rend brûlantes. Leur inquiète ardeur est cause de la violence de leur course, et leur splendeur en est l’effet. Une intime volonté les pousse et les dirige ; un zèle exquis les brûle et les consume ; c’est pour cela qu’elles sont radieuses et belles.

Elles se tiennent l’une à l’autre toutes attachées, par des liens qui sont des vertus et des forces, de sorte que l’une dépend de l’autre et que l’autre dépend de toutes. La route de chacune est tracée et chacune trouve sa route. Elle ne saurait en changer sans en distraire chacune autre, chacune étant de chaque autre occupée. Et chacune choisit sa route selon qu’elle devait la suivre ; ce qu’elle doit, il faut qu’elle le veuille, et cette route, qui nous paraît fatale, est à chacune la route préférée, chacune étant de volonté parfaite. Un amour ébloui les guide ; leur choix fixe des lois, et nous dépendons d’elles ; nous ne pouvons pas nous sauver. »
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Nos actes s’attachent à nous comme sa lueur au phosphore : ils font notre splendeur, il est vrai, mais ce n’est que d’après notre usure.
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Il y en a qui prouvent Dieu par l’amour que l’on sent pour lui. — Voilà pourquoi, Nathanaël, pour moi j’ai nommé Dieu tout ce que j’aime, et que j’ai voulu tout aimer. — Ne crains pas que je t’énumère…… d’ailleurs je ne commencerais pas par loi ; j’ai préféré bien des choses aux hommes et ce ne sont pas eux que j’ai surtout aimés sur la terre… Car ne t’y méprends pas, Nathanaël, ce que j’ai de plus fort en moi, ce n’est certes pas la bonté, — ni je crois non plus de meilleur — et ce n’est pas non plus la bonté que j’estime surtout chez les hommes. Nathanaël, préfère-leur ton Dieu… Moi aussi j’ai su louer Dieu, j’ai chanté pour Lui des cantiques, — et je crois même ce faisant l’avoir parfois un peu surfait.
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NOURRITURES !

Je m’attends à vous, nourritures !

Ma faim ne se posera pas à mi-route ;

Elle ne se taira que satisfaite ;

Des morales n’en sauraient venir à bout

Et de privations je n’ai jamais pu nourrir que mon âme.

Satisfactions ! je vous cherche.

Vous êtes belles comme les aurores d’été.

Nourritures ! je m’attends à vous, nourritures !

Satisfactions, je vous cherche.

Vous êtes belles comme les rires de l’été.

Je sais que je n’ai pas un désir

Qui n’ait déjà sa réponse apprêtée,

Chacune de mes faims attend sa récompense.

Nourritures ! je m’attends à vous, nourritures !

Par tout l’espace je vous cherche, satisfactions de tous mes désirs.

Ce que j’ai connu de plus beau sur la terre

ah ! Nathanaël ! c’est ma faim.

Elle a toujours été fidèle

à tout ce qui toujours l’attendait.
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Il ne me suffit pas de lire que les sables des plages sont doux ; je veux que mes pieds nus le sentent. Toute connaissance que n’a pas précédé une sensation m’est inutile.
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Regarde le soir comme si le jour y devait mourir ;

Et le matin comme si toute chose y naissait.

Que ta vision soit à chaque instant nouvelle.

Le sage est celui qui s’étonne de tout.
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La balle s’envolait ; le grain roulait à terre.

La poussière faisait suffoquer.

Une femme tournait la meule. Deux beaux garçons, pieds nus, récoltaient le grain.

Je pleure parce que je n’ai rien de plus à dire.

Je sais qu’on ne commence pas à écrire quand on n’a rien de plus à dire que ça. Mais j’ai pourtant écrit encore d’autres choses sur le même sujet.
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Mais pourquoi des comparaisons dans une matière si grave ? Nous croyons tous devoir découvrir Dieu. Nous ne savons hélas, en attendant de le trouver, où nous devons adresser nos prières, nous tourner pour nos perpétuelles prières… Puis on se dit enfin qu’il est partout, n’importe où, l’Introuvable, et on s’agenouille au hasard.

— Et tu seras pareil, Nathanaël, à qui suivrait pour se guider une lumière que lui-même tiendrait en sa main.

— Où que tu ailles tu ne peux rencontrer que Dieu ; Dieu, disait Ménalque : c’est ce qui est devant nous.

Nathanaël, tu regarderas tout en passant, et tu ne t’arrêteras nulle part. Dis-toi bien que Dieu seul n’est pas provisoire.

Nathanaël — que l’importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée.
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Ne souhaite pas, Nathanaël, trouver Dieu ailleurs que partout.

Chaque créature indique Dieu, aucune ne le révèle.

Dès que notre regard s’arrête à elle, chaque créature nous détourne de Dieu.
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Le seul plaisir que je puisse faire à Amélie, c'est de m'abstenir de faire les choses qui lui déplaisent. Ces témoignages d'amour tout négatifs sont les seuls qu'elle me permette.
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« Si l’on ne devient pas amoureux avec tout ça, c’est qu’on a été mal élevé »

Dumas fils
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« Il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler de l’amour »

La Rochefoucauld
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… vous étiez amoureux; partant, plein de craintes. Sitôt après le mariage, le désir tout normal aurait suivi l’amour.
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… je crois, excusez mon audace, l’homosexualité dans l’un et l’autre sexe, plus spontanée, plus naïve que l’hétérosexualité.
_ Il n’est pas malaisé d’aller vite, dès qu’on ne s’inquiète plus d’être suivi, lui dis-je avec un haussement d’épaules ; «mais il continuait sans m’écouter
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_ J’ai beaucoup réfléchi depuis hier, dis-je à Corydon, en entrant. Permettez-moi de vous demander si vous croyez bien fermement à cette théorie que vous m’exposiez ?
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