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Citations de André Gide (1880)


« J’ai raconté ma rencontre avec Georges si longuement que j’ai dû m’arrêter au moment où Olivier entrait en scène. Je n’ai commencé ce récit que pour parler de lui, et je n’ai su parler que de Georges. Mais, au moment de parler d’Olivier, je comprends que le désir de différer ce moment était cause de ma lenteur. Dès que je le vis, ce premier jour, dès qu’il se fut assis à la table de famille, dès mon premier regard, ou plus exactement dès son premier regard, j’ai senti que ce regard s’emparait de moi et que je ne disposais plus de ma vie. »
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"On compromet le bonheur en cherchant à l'obtenir par ce qui doit au contraire n'être que l'effet du bonheur"
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Je ne pus dormir cette nuit, tant le pressentiment de mes nouvelles vertus me grisait. J'avais, je pense, un peu de fièvre; une bouteille d'eau minérale était là; j'en bus un verre, deux verres; à la troisième fois, buvant à même, j'achevai toute la bouteille d'un coup. Je repassais ma volonté comme une leçon qu'on repasse; j'apprenais mon hostilité, la dirigeais sur toutes choses; je devais lutter contre tout : mon salut dépendait de moi seul.
Enfin, je vis la nuit pâlir; le jour parut.
Ç'avait été ma veillée d'armes.
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L'infinie variété des paysages nous démontrait sans cesse que nous n'avions pas encore connu toutes les formes du bonheur, de méditation ou de tristesse qu'ils pouvaient envelopper. Je sais que, certains jours d'enfance, lorsque j'étais encore parfois triste, dans les landes de la Bretagne, ma tristesse parfois s'est soudain échappée de moi, tant elle se sentait comprise et reçue en le paysage - et qu'ainsi, devant moi, je la pouvais délicieusement regarder.
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Tout ce que j'ai rencontré de rire sur les lèvres, j'ai voulu l'embrasser ; de sang sur les joues, de larmes dans les yeux, j'ai voulu le boire ; mordre à la pulpe de tous les fruits que vers moi penchèrent des branches. À chaque auberge me saluait une faim ; devant chaque source m'attendait une soif, et j'aurais voulu d'autres mots pour marquer mes autres désirs ; de marche, où s'ouvrait une route ; de repos, où l'ombre invitait ; de nage, au bord des eaux profondes ; d'amour ou de sommeil au bord de chaque lit.
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Il ne me suffit pas de lire que les sables des plages sont doux ; je veux que mes pieds nus le sentent... Toute connaissance que n'a pas précédée une sensation m'est inutile.
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La mélancolie n'est que la ferveur retombée.
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Que l'importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée.
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Nathanaël, je veux t’apprendre la ferveur.
Nathanaël, car ne demeure pas auprès de ce qui te ressemble ; ne demeure jamais, Nathanaël. Dès qu’un environ a pris ta ressemblance, ou que toi tu t’es fait semblable à l’environ, il n’est plus pour toi profitable. Il faut le quitter. Rien n’est plus dangereux pour toi que ta famille, que ta chambre, que ton passé. Ne prends de chaque chose que l'éducation qu'elle t'apporte ; et que la volupté qui en ruisselle la tarisse.
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Je ne vois là qu’une accoutumance au mal, au péché. La sensibilité s’émousse ; la pureté se ternit ; les réactions se font moins vives ; on tolère, on accepte…
[…]
Si l’on pouvait recouvrer l’intransigeance de la jeunesse, ce dont on s’indignerait le plus, c’est de ce qu’on est devenu.
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24 août.- Rien ne se tient, rien n'est constant ni sûr, dans ma vie. Tour à tour je ressemble et diffère ; il n'y a pas de créature si étrangère que je ne puisse jurer d'approcher. Je ne sais encore, à 36 ans, si je suis avare ou prodigue, sobre ou glouton... ou plutôt, me sentant porté soudain de l'un à l'autre extrême, dans ce balancement même je sens que ma fatalité s'accomplit. Pourquoi formerais-je, en m'imitant facticement moi-même, la factice unité de ma vie ? C'est dans le mouvement même que je peux trouver équilibre. Par mon hérédité, qui croise en moi deux systèmes de vie très différents, de peuvent expliquer cette complexité et ces contradictions dont je souffre.
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Ah ! quelle bonne école qu’un verger, qu’un jardin ! et quel bon pédagogue, souvent, on ferait d’un horticulteur ! On apprend plus de choses, souvent, pour peu que l’on sache observer, dans une basse-cour, un chenil, un aquarium, une garenne ou une étable, que dans les livres, et même, croyez-moi, que dans la société des hommes, où tout est plus ou moins sophistiqué.
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- Enfin Monsieur, fit un tumulte - vous reprochez aux gens de vivre comme ils font, - d'autre part vous niez qu'ils puissent vivre autrement, et vous leur reprochez d'être heureux de vivre comme ça - mais si ça leur plaît - mais ... mais enfin, Monsieur : Qu'est-ce-que-vous-vou-lez ???
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À mesure qu’une âme s’enfonce dans la dévotion, elle perd le sens, le goût, le besoin, l’amour de la réalité. J’ai également observé cela chez Vedel, si peu que j’aie pu lui parler. L’éblouissement de leur foi les aveugle sur le monde qui les entoure, et sur eux-mêmes. Pour moi qui n’ai rien tant à cœur que d’y voir clair, je reste ahuri devant l’épaisseur de mensonge où peut se complaire un dévot.
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Je sens mieux à présent tout ce que j’aurais voulu quitter, à voir tout ce que je retrouve.
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Nathanaël ! je ne peux plus commencer un seul vers, sans que ton nom délicieux y revienne.
Nathanaël, je voudrais te faire naître à la vie.
Nathanaël, est-ce que tu comprends assez le pathétique de mes paroles ? Je voudrais m'approcher de toi plus encore.
Et comme, pour le ressusciter, Elisée sur le fils de la Sulamite - "la bouche sur sa bouche, et les yeux sur ses yeux, et les mains sur ses mains, s'étendit" - mon grand cœur rayonnant contre ton âme encore ténébreuse, m'étendre sur toi tout entier, ma bouche sur ta bouche, et mon front sur ton front, tes mains froides dans mes mains brûlantes, et ton cœur palpitant... ("Et la chair de l'enfant se réchauffa" est-il écrit...) afin que dans ta volupté tu t'éveilles - puis me laisses - pour une vie palpitante et déréglée.
Nathanaël, voici toute la chaleur de mon âme - emporte-la.
Nathanaël, je veux t'apprendre la ferveur.
Nathanaël, car ne demeure pas auprès de ce qui te ressemble; ne demeure jamais, Nathanaël. Dès qu'un environ a pris ta ressemblance, ou que toi tu t'es fait semblable à l'environ, in n'est plus pour toi profitable. Il te faut le quitter. Rien n'est plus dangereux pour toi que ta famille, que ta chambre, que ton passé. Ne prends de chaque chose que l'éducation qu'elle t'apporte; et que la volupté qui en ruisselle la tarisse.
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Nathanaël, j'aimerais te donner une joie que ne t'aurait donnée encore aucun autre. Je ne sais comment te la donner et pourtant, cette joie, je la possède. Je voudrais m'adresser à toi plus intimement que ne l'a fait encore aucun autre. Je voudrais arriver à cette heure de nuit où tu auras successivement ouvert puis fermé bien des livres cherchant dans chacun d'eux plus qu'il ne t'avait encore révélé; où tu attends encore; où ta ferveur va devenir tristesse, de ne pas se sentir soutenue. je n'écris que pour toi; je ne t'écris que pour ces heures. Je voudrais écrire tel livre d'où toute pensée, toute émotion personnelle te semblât absente, où tu croirais ne voir que la projection de ta propre ferveur. Je voudrais m'approcher de toi et que tu m'aimes.
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Je voudrais mourir à présent, vite, avant d'avoir compris de nouveau que je suis seule. (p.178)
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[...] plus le devoir qu'on assume est ardu, plus il éduque l'âme et l'élève. (p.92)
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"Je m'inquiétais moins d'être qui j'étais, que de devenir qui je prétendais être".
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