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Citations de André Hardellet (169)


Je bois pour me givrer, pour que se brise le cristal - parfois c'est une vitre abominablement souillée - qui me sépare des fêtes anciennes. Un grand verre de mémoire.
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 Bouquet. (À Jacques Prévert) — Frère Jacques a dit
l'essentiel sur les mille des filles et le mélancolique
page Henri III qui rêve de sphères roses derrière ses
vitraux.
 Aujourd'hui, ils ignorent que l'on peut composer
un bouquet avec des feuilles roussies, une aile de
cerf-volant tombée sur une plage déserte, un pan ou
un paon d'arc-en-ciel. Et le tien sur mon médius, pré-
sente — ah oui ! — de toutes fleurs.

p.64
Extrait : Les chasseurs/Répertoire
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CAMPAGNES (extrait)

«Rien qu'une guêpe bourdonnant, dehors, autour d'un cruchon. Et, avec ce faible bruit, c'est l'été qui entre dans la cuisine et caresse une botte d'oignons pendue à un clou.»
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C'est nous (je parle de ceux qui me ressemblent) qui prêtons une valeur alchimique à ce silence, qui transpose notre inquiétude dans ce vide. Traitée au sérum de vérité, Joyce n'aurait sans doute rien à m'avouer que : je prends mon plaisir où je le trouve. Autant vouloir sculpter l'eau, attraper le vent par la queue.
Elle se passe comme ça, la vie braves gens : entre des morts auxquels on a coupé la parole et des vivants qui se taisent.
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Libellule. Suspendue à un fil invisible, vibre la libellule électrique qui surveille et inquiète les roseaux. À peine la croyez-vous partie qu'elle se reforme, insistante, à la même place - ou peu s'en faut.
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Le paradis perdu ne devient accessible qu'à ceux qui s'en souviennent et, dans le fond, vous préférez votre regret à l'oubli.
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Les relais -

Couleur de Loire sur fond de sable
lui-même
Couleur des hanches de la source
Couleur de midi sur la mousse
Couleur de loisir au soleil
Couleur de Touraine sur le ciel
Couleur du sommeil des châteaux
Couleur d'Épinal sur les fées
Couleur d'ardoises à l'horizon
Couleur d'aube à la Désirade
Couleur de bon vent sur la rade
Couleur des Îles sur une orange
Couleur d'un plongeon de sirène
Couleur du sourire de l'ange
Couleur du lierre dans l'adieu
Couleur d'enfance sur l'amour
Couleur de la robe du jour
Couleur de beau temps dans tes yeux.

(extrait de "Le Luisant et la Sorgue") - p.70
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En 1962, il (André Hardellet) écrivait dans Le parc des Archers : L'érotisme et l'insatiable besoin de liberté chez l'enfant proviennent du même fond obscur ; ils apportent une pareille jubilation, menacée de pénitence (...) C'est pourquoi l'érotisme qui voudrait prolonger l'âge des émerveillements est traqué avec tant d'acharnement par ceux qui ne peuvent plus s'émerveiller.
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Il attendait tranquillement dans le vestibule, entre les deux valises posées à ses pieds. Un mince pardessus de loden, râpé, l'enveloppait. Il était assez grand, mais frêle, âgé d'une soixantaine d'années. Dans sa contenance, presque humble, se devinait la patience de ceux que la vie n'a pas beaucoup gâtés et qui en ont pris leur parti. Néanmoins, le regard, d'une acuité extraordinaire, démentait partiellement cette résignation : il "mangeait" tout le visage aux traits tirés, marqués de lassitude.
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CHANSON
                Pour Pierre Mac Orlan



C’est une chanson des bords de la Seine
Des quais de Grenelle à ceux de Bercy
Elle s’abandonne à l’eau qui la mène
Parmi les brouillards ou les éclaircies.

Il faut l’écouter, qui glisse et s’efface
Au fil du courant, sous l’arche d’un pont,
Tandis que l’écho rasant la surface
Porte vers l’aval un peu de l’amont

C’est une comptine autour des marelles
Dans un matin pur, à Ménilmontant,
La complainte des fillettes rebelles
Dans le château du roi des Bons-Enfants.

Et chaque saison reprend le poème
Qui joint l’enchanteur du Pont-Mirabeau
À deux amoureux penchés sur eux-mêmes,
À des vagabonds dormant près de l’eau.

Sur un air venu du temps des sirènes
Un vieux limonaire en moud le refrain
-Et c’est la chanson de Paris sur Seine
Qui s’enlace au jour limpide et serein.

Puis, quand les sommeils vont à la dérive
Par la ville sourde étouffant ses bruits
-O dernier passant, veilleur de la rive,
C’est une chanson des bords de la nuit.
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LA BOÎTE



extrait 3

      Il monte sur l'escabeau, saisit la boîte — et déjà, à voir l'inimitable brillant du couvercle et les joueurs dans leur neuf, il sait qu'il touche au but. Sous leur papier d'argent, les biscuits au goût magique snt bien là, intacts, à la place des bouts de ficelle, du tube de colle momifié. quelque chose se casse dans la durée ; il éprouve l'impression de se noyer dans un tourbillon du temps. Une ou deux secondes ; assez pour comprendre qu'il a rêvé ses multiples retours sur le passé, et qu'il les rêve encore ; qu'il s'invente perpétuellement lui-même ; qu'il retournera maintes fois dans la cuisine, à la recherche d'une boîte au contenu variable — et que la course poursuite n'aura pas de fin.

Il perd conscience, puis se retrouve dans la peau d'un petit employé que l'heure matinale du bureau harcèle et qui ne pourra jamais léguer à personne son modeste trésor.
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Un jour, allongé sur le môle brûlant, j'ai entendu un coup de cloche. Un seul. Attardé inexplicablement, perdu dans un dédale aérien depuis l'époque où le port vivait encore. Il ne tintait pas fort, ce coup, et pourtant sa masse a foudroyé la baie; on a dû le percevoir au fin fond des latitudes et des parallèles. Il faisait beau. Il fait toujours beau.

Les précautions que l'on prend pour nous isoler du monde ne nous affectent même pas. La nuit ne tombe que quatre ou cinq fois par an - et nous célébrons alors nos fêtes, nos mystères.

Vous pensez à l'enfer, mais non. Lorsque je me souviens d'avant, cette paix me comble au-delà de tout espoir. Mon seul souci, en traçant ces mots, est de savoir s'ils vous parviendront jamais à travers ces champs du silence et de l'immobilité où les plus indociles apprennent à faire le point.
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CAMPAGNES (extrait)

«Une moisissure légère, respirée par hasard, le transportait dans une auberge ancienne, à l'orée d'un village. Des cartes, des dominos jaunis par la fumée traînaient sur les tables que les joueurs avaient abandonnées – depuis quand ? Il y avait des mouches mortes entre les vitres et les rideaux des fenêtres; par une trappe béante l'odeur du cellier se répandait.
Personne ne venait lui demander ce qu'il désirait. C'était la fin de l'automne. Il pensait aux grosses truites du déversoir, à des palais en fagots, à la chambre un peu humide que surveille un oiseau empaillé.
Puis tout doucement, sur la pointe des pieds, il sortait pour rattraper le présent au passage.»
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En marchant, le peintre réfléchissait aux analogies qu'offraient ces décors avec ses rêves : ruines, sous-bois crépusculaires, plages sans limites, stades déserts, jardins à l'abandon, tous baignant dans une commune torpeur. Ces lieux ne s'ouvraient que sur d'autres lieux semblables, laissant toujours en suspens l'inquiétude ou l'émerveillement du rêveur - et c'était ce prolongement même qu'il fallait suggérer, du moins Masson le croyait. Ainsi, le père Cézanne y était-il parvenu : ses baigneuses, par exemple, évoluaient dans un espace privilégié, au coeur même d'un loisir à l'écart du temps...
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Saule. Le saule qui, d'une basse branche, tâte l'éternité de la rivière.
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On ne fait pas l'amour, c'est lui qui nous fait.
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Lourde et lente. Certaine, tangible, en paix avec le monde. Plus tard, lorsque je verrai des Maillol, je comprendrai ; d'autres que moi ont dû sentir la même densité de bonheur chez ces filles de pleine terre et de pleine eau.
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L'été est entré, a tout envahi dans la maison. Il s'est installé avec le bourdonnement d'une guêpe où est-elle? un assaut d'odeurs, le bruit des gouttes d'eau chez le voisin qui arrose sa pelouse; il règne. Depuis que mes parents sont partis pour deux jours, ce matin, quelque chose a basculé. Germaine est là, mais je ne l'entends pas; étrange complicité du silence qui rapproche. Je me tiens assis, immobile, sur le rebord de la fenêtre ouverte qui donne sur le jardin, possesseur d'une journée dont j'ignore encore les trésors.
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Ensuite, nous avons fait l'amour (on ne fait pas l'amour, c'est lui qui nous fait).
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Son enfance était entrée subitement dans la pièce comme une odeur de sapins, si vivante, si actuelle encore que le choc lui donna le vertige. Liée sans doute à une idée de jouets, la réminiscence dilata le présent jusqu'à des zones d'ordinaire incessibles ; l'espace d'un éclair, il entrevit des bougies roses, perçut le son grêle d'une boite à musique.
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