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Citations de André Hardellet (169)


André Hardellet
Nos souvenirs nous perpétuent hors de l'espace et hors de notre temps.
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André Hardellet
On ne fait pas l'amour, c'est lui qui nous fait.
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André Hardellet
L'amour - c'est ce pays à l'infini ouvert par deux miroirs qui se font face.
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Je pose mes mains sur le grand pin de Corse dont une plaque émaillée porte la date de naissance: planté en 1774. Je touche son écorce rugueuse, chaude, amie; il faut toucher, rétablir le contact primitif. Sent-il, le vieux solitaire, la prière que je lui adresse avec mes paumes? Tenter de "se penser arbre", ou nuage, est-il plus insensé que tant de besognes auxquelles nous nous consacrons gaillardement? Se prononcer définit le bonhomme mieux qu'un long rapport et une kyrielle de tests.
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Aujourd'hui, alors que mon capital de sable a dangereusement baissé dans le haut du sablier, il m'arrive de sentir avec une acuité poignante cette incessante hémorragie de temps vivant qui s'écoule de moi; je perds mon temps, comme un sang précieux, alors que je n'en ai jamais eu autant besoin. Spectateur d'un film qui m'impose sa vitesse de déroulement, je discerne une tonalité nouvelle, plus grave, sur les images qu'il me présente: quelquefois même dans les moindres incidents de la vie. L'unique de cet instant et du moi qui l'enregistre, comment n'en rien perdre?

( Extrait de "Donnez-moi le temps")
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Il se leva, s'approcha de la fenêtre couverte de buée. De la rue, elle devait produire un halo rose et Masson se rappelait, au temps de sa misère, l'hiver, la fascination exercée par ses lumières qui signifiaient un repas, un feu, une nuit à couvert - ces vies frôlées mais jamais surprises dans leur déroulement secret derrière les murs et les vitres troubles.
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André Hardellet
La douceur - c'est un vol de chouettes sous le taillis, au crépuscule.

La cité Montgoĺ 1952
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Blonde, un peu rousse, des taches de son, des lèvres épaisses, un cul comme une trotteuse de Vincennes. Lourde et lente. Certaine, tangible, en paix avec le monde. Plus tard, lorsque je verrai des Maillol, je comprendrai ; d'autres que moi ont dû sentir la même densité de bonheur chez ces filles de pleine terre et de pleine eau.
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Nous avons tous du génie dans la position horizontale et les yeux clos.
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Il travaillait alors à une toile (elle figure aujourd'hui dans la collection Beuckler, de New York) intitulée Le seuil du jardin. Son sujet lui avait été fourni par un rêve dont l'insistance à se reproduire lui semblait un avertissement. D'une nuit à l'autre, le décor variait légèrement, mais la même impression de joie incommunicable s'en dégageait. Masson approchait d'un jardin à l'abandon, désert, touché par la lumière d'été. Sa porte vermoulue était ouverte, mais il n'éprouvait pas l'envie d'y pénétrer ; il lui suffisait de savoir que ce jardin existait et de le contempler jusqu'à ses limites perdues dans les broussailles, entre des bassins et des kiosques en ruine. Un sentiment bizarre retenait Masson sur le seuil : le soupçon qu'il valait mieux remettre à plus tard l'exploration de l'enclos, le pressentiment d'une obscure défense d'entrer. Il longeait le mur, regardait par les brèches, dans l'attente d'un évènement qui ne survenait pas, mais une attente sans impatience et sûre d'être satisfaite. Puis, à un moment donné, il se trouvait à l'intérieur du jardin, bien qu'il n'ait jamais eu conscience du passage. Une paix surnaturelle l'entourait, un bonheur sans équivalent dans la veille. Ce sommet dans la joie annonçait la fin du rêve ; de toutes ses forces Masson s'accrochait à l'image du jardin désert, mais celle-ci se défaisait inexorablement, par lambeaux, devant lui en dérobant son énigme ensoleillée.
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Longtemps je me suis couché de bonne heure - le matin.
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Projeté obliquement sur un chevalet, un rayon de soleil venait toucher le vert intense d'un motif plongé jusqu'alors dans la pénombre - une futaie. Il en jaillit une émeraude qui détenait dans son scintillement l'éclat des feuilles et de l'herbe surpris au débouché d'un chemin sur une clairière.
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J'ai rangé cette lettre parmi celles auxquelles on ne répond jamais, dans la "boîte à mélancolie".
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(...) se souvenir, c'est inventer. Le réel et l'imaginaire s'entremêlent de telle sorte que la sincérité n'est pas en cause lorsqu'on les confond. La manière dont nous remplissons les blancs de la mémoire signe notre vérité; en partie, la réalité devient celle que nous désirons et, par là même, nous peint mieux qu'une relation exacte. (p. 25)
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Gonflées de lait, de miel et de suc. Le lait d'en haut, crémeux, pour apaiser les oursons voraces et téteurs. Le lait du milieu, le meilleur, entre les crevasses un peu roses, un peu mauves, un peu brunes. Juste une petite giclée d'opale liquide, envoyée par un invisible compte-gouttes. Un peu fade mais revigoré par le poivre et l'anchois de la vulve. On en boirait des tonnes, en direct, avec une paille ou à la petite cuiller.
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Je suis né à Vincennes, rue de Fontenay, dans une maison appartenant à ma famille, et qui possédait un jardin; j'ai vécu là jusqu'à six ans.
Au monde, il n'a jamais fait aussi beau dans mes étés d'enfance et dans ce jardin. Jamais---et je sais que je ne guérirai pas de ces saisons lumineuses.
(p. 20)
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L’essuyeur de tempêtes
L’expression « essuyer une tempête » remonte à la plus haute antiquité.
Si vous voulez qu’une tempête vous fasse de l’usage, entretenez-la convenablement. Et commencez donc par l’essuyer.
Possesseur d’une bonne tempête d’origine (en France, les meilleures proviennent de Brest et de ses environs), assurez-vous les services d’un essuyeur de qualité et ne lésinez pas sur le tarif.
Le procédé relève du bon sens : avant d’essuyer une tempête, il convient de la sécher ; il en va des tempêtes comme du reste.
L’essuyeur prend sa tempête, l’expose au soleil et attend qu’elle ait perdu son humidité. Il lui faut parfois, surtout en hiver, la transporter à des distances considérables, pour trouver le climat idéal — du Pas-de-Calais aux criques de Saint-Raphaël. N’importe, il va son chemin, emmenant sa tempête avec lui et ne cessant de la surveiller.
Lorsqu’il a enfin découvert le lieu propice, il donne un peu de «mou » à la tempête, afin de la laisser s’ébrouer à son aise. Puis, quand elle a atteint un degré de dessiccation suffisante, il l’étend bien à plat sur le sol (dans un endroit écarté, de préférence) et se met à l’oeuvre, muni de ses chiffons et de sa brosse à reluire. Une tempête de violence moyenne exige trois semaines environ pour être remise en état. Ensuite, il ne reste plus qu’à la libérer.

Mon grand-père beaujolais-la-pivoine n’essuyait pas les tempêtes à proprement parler ; il ne s’occupait généralement que des « grains », des bourrasques modestes, mais il les traitait de la même manière. une fois pourtant, entre Epineuil et Sainte-Agathe (j’avais sept ou huit ans), il me montra une tempête allongée sur une prairie et qu’il venait de « terminer ». Elle était tellement propre, briquée et transparente, que vous auriez juré qu’il n’y avait rien là, devant vous. J’écarquillais mes yeux d’enfant ; Beaujolais me dit ; « Elle va r’partir à l’attaque, maint’nant, quasiment toute neuve. »
Il me parlait avec émotion des jours où les tempêtes rénovées faisaient les quatre cents coups, où ça grondait et soufflait partout tandis que lui, dans une cabane de cantonnier, assistait à la sarabande. Il me parlait aussi des bergères qui venaient chercher protection auprès de lui, malgré sa barbe de vagabond, ses mauvaises façons et son goût pour la bouteille. Mais, comment ils passaient le temps, ensemble, à la faveur de la tempête « essuyée », je ne l’ai appris que plus tard, dans des circonstances qui ne se relient pas directement à cette chronique.
p 115-116
Texte paru dans Le Canard enchaîne, 11 juillet 1962

La suite de textes réunie sous le titre de "L'essuyeur de tempêtes" comprend aussi Le laveur d'eau, Les chasseurs d'horizons, Le ferreur de cigales, Le déménageur de forêts etc...



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FILM
XVIII

Je sentais l'Etè presser de toute sa chaleur contre la maison. Une jeune fille appelait quelqu'un dans un corridor; sa voix prenait la résonance des sons perçus dans les cathédrales ou les grottes. Une fenêtre s'écarta dans le mur; elle ne donnait pas sur les champs incendiés par Midi, mais sur un rivage - et le vent iodé de la mer me gifla, aussitôt. Au même instant je me rappelai que le nom prononcé par la jeune fille était le mien. Je la cherchai vainement dans le corridor et sur la plage.
Il y a de cela bien des années; elle n'est jamais revenue.
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J'atteins cet âge, ce plateau du détachement où mes jours vécus et imaginaires s'accordent si étroitement que je m'avoue incapable de les distinguer. A quoi bon du reste ? Quelqu'un n'a-t-il pas prétendu que la perception était une hallucination vraie ? N'importe quoi est vrai, s'affirme vrai dès qu'un certain doigt du hasard le désigne. Quand après votre dernière farce nucléaire, braves gens, il ne restera plus face à face que deux gars - un fou et un saint d'esprit - qui les départagera ?
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Le rêve - c'est l'instant où tombe enfin la robe des clairières.
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