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Citations de André Ruellan (82)


Cet après-midi, ce n'avait été qu'un simulacre... une crainte plus vive, plus proche que de coutume. Ce soir, une incompréhensible erreur visuelle avait poussé les choses jusqu'à leur conclusion la plus sinistre. Et savoir que l'hypophyse aurait sauvé la femme en quelques minutes !...
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Un grand danger, un abominable danger menace tous les hommes. Je suis le seul actuellement à le connaître, et je veux retracer en détail les affreuses origines de cette menace immense. Il faut que l'on m'écoute. Il faut surtout ne pas hausser les épaules, mais prendre conscience de ce courant silencieux et glacé qui s'infiltre parmi nous. Au reste, quand vous saurez par quelles affres d'agonie j'ai dû passer pour connaître le nocturne complot, il vous faudra bien agir et lutter de toutes vos faibles forces pendant qu'il en est encore temps. Sinon...
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La gorge broyée par l'angoisse, ils se ruèrent dans le grand escalier, déterminés à suivre le pied des murailles, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'enceinte, avec la crainte affreuse de trouver les deux corps écrasés sur le sol. Mais quand ils parvinrent dans la première cour, ils aperçurent en même temps la forme blanche qui tenait toujours le bébé, sortant de la seconde cour, du même pas étrange et sûr.
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Le Seigneur a maudit cette épave et l'a abandonnée au Prince des Enfers, avec ceux qu'elle porte et qu'elle portera, vivants ou morts, jusqu'à sa fatale destination.
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André Ruellan, alias Kurt Steiner, alias Kurt Dupont, alias même Kurt Wargar, est l'un des très rares auteurs français à avoir parcouru à peu près tous les chemins de l'imaginaire, voire de tous [Couverture du volume]les médias, par la traverse.
Né en 1922, à Courbevoie, indice prémonitoire d'un chemin tortueux, breton d'origine et donc nimbé de mystère, il apparaît furtivement sur la scène de la Science-Fiction dès 1953 avec un roman de Science-Fiction signé Kurt Wargar, Alerte aux monstres, qu'il préférerait qu'on oublie. Sa fracassante entrée dans le théâtre de l'étrange survient en 1956 lorsqu'il commence à publier une rafale de romans fantastiques dans la collection "Angoisse" du Fleuve Noir. Il en devient l'un des principaux pourvoyeurs avec des titres aussi ronflants que le Bruit du silence, Fenêtres sur l'obscur, le Seuil du vide et les Pourvoyeurs justement, que Jean Cocteau qualifiera de « sombre fête ».
Cinq titres en 1956, six en 1957, huit en 1958 dont, cette année-là, un nouveau roman de Science-Fiction, Menace d'outre-terre, qui marque son passage à la collection "Anticipation", toujours du Fleuve noir, sans qu'il abandonne la précédente. Il y publie notamment les Océans du ciel et les Enfants de l'histoire (1). Ce diable d'homme défonce sous lui des machines à écrire dont les marteaux rougis à blanc n'ont plus besoin de ruban encré pour graver en lettres de cendre des textes flamboyants toujours empreints d'un lyrisme sinistre.
Mais il ne s'arrête pas là. Côté littérature, outre une importante œuvre poétique demeurée inédite pour la plus grande part, il publie dans le registre de l'humour noir, sous son véritable nom pour autant qu'on sache, un Manuel du savoir mourir illustré par Roland Topor, son imprescriptible complice prématurément disparu le mois dernier, traité qui lui vaudra l'adoubement d'André Breton.
Nouvelliste, essayiste, journaliste, il sème le désordre et la zizanie sous le pseudonyme de Kurt Dupont jusque dans les pages jusque-là fraîches et sereines de Hara-Kiri.
Happé par le cinéma et profitant honteusement d'une culture acquise sur les bancs de l'école où il lui arriva d'enseigner, il pille sans vergogne les Caractères de La Bruyère en proposant une version modernisée du Distrait, qu'incarnera un Pierre Richard infortuné. Jean-Pierre Mocky reconnaît aussitôt en lui un suppôt de la dérision et se l'attache pour une dizaine de films.
Entre temps, sur les traces de Frankenstein, de van Helmont, de van Helsing, de Fu-Manchu, et autres joyeux carabins, il a exercé la médecine avec, hélas, plus de talent que d'enthousiasme car il abandonnera trop tôt ce sacerdoce. Il fallait voir ses pratiques l'attendant dans l'escalier de son cabinet proche du Châtelet, jonchées sur les marches graisseuses, dans un mélange patient d'espoir et de vénération.
Sans nul doute, cette expérience vécue du scalpel et des souffrances de la chair lui a laissé le goût du Grand Guignol qu'il satisfait en s'égarant dans l'édition où il dirige un temps, toujours au Fleuve Noir, la collection "Gore". Elle s'en trouve ennoblie de quelques textes insupportables et surtout d'exquises illustrations de Roland Topor, qui en font pour quelques volumes un objet de collection.
Mais sans doute soucieux de rédemption culturelle, il a aussi publié chez Laffont, dans la collection "Ailleurs et demain", Tunnel (2), et chez Denoël, dans la collection "Présence du Futur", Mémo, qui obtint le Grand Prix de l'Imaginaire. Pire encore, dès 1960, sous couvert de Science-Fiction et sans que personne ne s'en aperçoive aussitôt, il touche à l'heroic fantasy avec Aux armes d'Ortog, sacrifiant par là à la honteuse hérésie qui voudrait que les deux genres soient cousins. Cet homme ne respecte rien. Tout récemment, il a profané le roman policier qu'il avait jusque-là relativement épargné, en publiant dans la collection "Sueurs froides" (3) On a tiré sur le cercueil.
On a évoqué ses forfaits dans le cinéma en négligeant de rappeler que le Seuil du vide fut porté à l'écran en 1970 par Jean-François Davy. Que dira-t-on de ses interventions à la télévision où il a collaboré à l'émission de mode et d'avant-garde Dim Dam Dom, en compagnie d'un des créateurs de la bande dessinée moderne, Jean-Claude Forest, poursuivi comme on sait par la censure néo-gaullienne pour Barbarella, pour lequel il a écrit le poème accompagnant les aventures de Marie-Mathématique, poème chanté par Serge Gainsbourg ; sinon que c'est tout dire (4) ?
Je dois ajouter qu'on le voit très régulièrement, inchangé, tel qu'en lui-même l'éternité le conserve, depuis près de quarante ans, au fameux “Déjeuner du Lundi” qui se tient dans les parages de la place Saint-Sulpice, lippant une grappa en la compagnie amicale de Philippe Curval, de Jacques Sternberg, du signataire de ces lignes et d'autres retours de galère, parfumés au fagot.
J'ai parlé de lui comme d'un diable d'homme, formule un peu faible, on en conviendra, après ce que je viens d'énumérer dans le désordre qui sied, et qui laisse dans l'ombre, par oubli ou pieuse négligence, d'autres exploits. Peut-être l'expression d'homme du diable lui conviendrait-elle mieux, bien qu'il professe le plus strict agnosticisme et, rationaliste dans l'âme, abhorre tout soupçon de croyance. C'est qu'il a bu le lait noir à la mamelle d'Ambrose Bierce et qu'il estime avec ce saint homme que la vie est une série de mauvaises surprises invariablement conclue par un accident fatal. Presque tous ses romans, même ceux réputés de Science-Fiction, penchent du côté du Fantastique, de l'œuvre sournoise de forces maléfiques et incompréhensibles, ombrées par la mort.
Et lorsque, comme dans le Disque rayé, on semble devoir échapper éternellement à celle-ci, rassurez-vous, la conclusion n'est pas plus heureuse.
Préface de Gérard Klein pour l'édition parue au Livre de Poche
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Le journalisme ne mène jamais un honnête homme à la fortune. J'ai bien dit un honnête homme, nous nous comprenons.
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J'imaginais également la rage soudaine de la créature de Satan obligée de revenir à pied sur ses talons aiguilles, ou de faire de l'auto-stop, vulgairement, comme une midinette...
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Dans un geste dérisoire, j'étendis les bras pour la saisir, l'appeler vers moi, la retenir, la garder. Mais le lourd battant de bois résonna sous les voûtes et je restai désemparé.
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Le désespoir n'est pas triste. C'est l'absence d'espoir. Est-ce que c'est gai, l'espoir ? C'est seulement con.
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Là, il parvint à peine à relire sa propre ordonnance tellement la seconde catastrophe l'avait éprouvé. Bien entendu, on avait fait à Nancy du sérum antitétanique, qui n'avait en rien modifié l'évolution de sa diphtérie. Elle présentait maintenant des signes toxiques graves qui prouvaient que si le début revêtait une forme relativement bénigne, la maladie prenait la tournure d'une angine maligne. Walter prescrivit une forte dose de sérum antidiphtérique, et cette fois ne se trompa pas. Mais il savait que le traitement commençait à être tardif...
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C'était un peu comme si le sort s'acharnait à matérialiser les événements qu'il avait toujours appréhendés. Cet après-midi, ce n'avait été qu'un simulacre... une crainte plus vive, plus proche que de coutume. Ce soir, une incompréhensible erreur visuelle avait poussé les choses jusqu'à leur conclusion la plus sinistre. Et savoir que l'hypophyse aurait sauvé la femme en quelques minutes !...
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Nous étions en octobre. Le petit village de Langrune-sur-Mer, blotti autour de son église, frissonnait dans le froid humide. Toutes les pierres des vieilles maisons basses et les toitures des villas abandonnées ruisselaient d'une pluie fine qui tombait depuis des semaines et semblait ne devoir jamais finir. La tempête, toujours prompte à déferler sur la côte, battait la digue de granit à double étage, et de grandes vagues glauques venaient s'abattre sur les murs des maisons les plus proches...
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Il marchait maintenant dans la petite rue boueuse, le visage cinglé par la pluie froide qui commençait à transpercer sa veste. Il marchait comme dans un songe, au milieu des pauvres lumières pendues aux poteaux de bois que le vent tordait et balançait par rafales.
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Je fus repris par ma crainte de la folie et me jetai sur le corps pour l'arracher du lit, pour voir, pour savoir.
Il se désagrégea sous mes mains en une glaise rougeâtre, sèche et pulvérulente, et je m'immobilisai au milieu de mon geste, interdit, hébété. Il fallait que ce fût un cauchemar. Je savais bien que Minski animait ses golems à partir de statues d'argile, mais cela ne m'aidait pas à supporter une situation aussi impossible, aussi folle : assassiner une femme et ne plus trouver qu'un tas de terre à la place de son cadavre.
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Walter secoua la tête : quelque chose, en cette matinée d'automne, le troublait étrangement. Comme si le rayon de soleil qui perçait la fenêtre n'avait pas été à sa place... et que le soleil fût au nord. Mais non : cette musique fragile et mélancolique transformait tout.
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Il en était ainsi de ce tableau : on l'examinait franchement, et il ne revêtait aucun caractère insolite. Mais fixait-on un point situé à un mètre, à gauche ou à droite, alors quelque chose de troublant se produisait.
Ce n'était pas vraiment effrayant, car la vision dans ces conditions était extrêmement floue, et on ne pouvait guère se fier au témoignage de ses yeux. Pourtant, il y avait là quelque chose d'étrange et d'inquiétant.
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La foule avançait par saccades, par vagues, grondait comme un océan houleux et, çà et là, des cris aigus ou des rires de femmes faisaient penser aux appels des oiseaux de mer enlevés par la tempête...
Cet enchevêtrement de corps burlesques, ce ballottement de têtes masquées ne laissant voir que des rires béats, cette joie étrange et délirante, cette ivresse collective, avaient quelque chose de fascinant, d'attirant.
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Un vent glacial arriva de l'ouest, prenant Canongate en enfilade. En quelques instants, les nuages plombés qui couraient au-dessus de la ville s'étaient fondus en une voûte noirâtre d'où la pluie commençait à couler. Walter se réfugia sous le store oblique d'une boutique d'antiquaire et regarda, effaré, les gouttes de pluie qui s'écrasaient sur le pavé en laissant des traces en étoiles.
- Il pleut comme on saigne, pensa-t-il. Et sa gorge se serra.
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Matt fut remis entre les mains d'une équipe médicale où les rares psychiatres faisaient un peu figure d'occultistes, et les cliniciens des autres branches un peu figure d'alchimistes. Les gens sérieux de l'équipe étaient un mélange de psychosomaticiens et de biologistes
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Claude n'acheva pas sa phrase : un cristal venait de se détacher. Il tombait en heurtant d'autres cristaux en une pluie de diamants qui parsemaient la moquette de mille feux inquiétants. Mais ces débris de lumière n'étaient pas, pour moi du moins, tombés par hasard. Sur la moquette bleu nuit, je voyais très nettement la constellation du Grand Chariot. Un éclat plus gros figurait l'Etoile Polaire, espoir des égarés.
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R.I.P !, André Ruellan.

André Ruellan a écrit le scénario de ce film de Pierre Richard sorti en 1970. Avec Pierre Richard, Maria Pacôme, Bernard Blier et Paul Préboist. Glycia Malaquet convainc son amant, Alexandre Guiton, directeur d'une agence de publicité, d'engager son fils Pierre, garçon charmant et imaginatif mais affligé d'une distraction de tous les instants. Ce dernier se signale très vite en proposant des idées plus saugrenues les unes que les autres et en semant la panique autour de lui. La confrontation de Pierre avec M. Klerdenne, autre personnage affublé d'une incroyable distraction, conduit à deux scènes comiques dignes d'anthologie

L'étourdi
L'évanescent
Le distrait
Le rêveur
L'écervelé

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