Les moyens de transport ont inspiré les écrivains de fantastique de chaque époque, en particulier le train au tournant du XXe siècle ; par exemple
Arthur Conan Doyle avec "
le train perdu",
Maurice Renard dans le "rail sanglant", le polonais
Stefan Grabinski bien sûr, qui a consacré un recueil entier aux monstres des voies ferrées ("
demon ruchu"). Avec le développement et la démocratisation de l'aviation, un fantastiqueur devait un jour s'emparer d'une carlingue volante pour en faire un huis-clos étouffant. C'est chose accomplie grâce à
Kurt Steiner, alias
André Ruellan, avec la parution de "
Sueurs" en 1957. Lors d'un vol au retour de New York, un journaliste, des diplomates, une vedette de cinéma, un étrange docteur et l'équipage vont vivre une expérience déroutante et angoissante. le service est luxueux, les hommes fument des cigares et boivent du whisky. Soudain, un banquier se sent mal et les étoiles disparaissent pour laisser place aux ténèbres. Les instruments de navigation ne fonctionnent plus. Une maladie bizarre liquéfie les passagers... L'auteur dépasse la simple peur du crash. Il met en scène un cauchemar surréaliste, presque métaphysique, aux nombreuses souffrances et aux morts horribles. L'intrigue aurait pu s'essouffler dans ce cadre si restreint. Et pourtant Steiner tient sur la longueur, avec des idées toutes plus extravagantes les unes que les autres. On retiendra un postulat redoutable, une atmosphère vraiment inquiétante, le goût des années 50, et un style à la fois énergique et élégant.