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Critiques de Andrés Neuman (26)
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Bariloche

Buenos Aires, Argentine,

Deux éboueurs , Demetrio et El Negro,

Demetrio vit seul, sa passion dévorante à ses heures de loisirs sont les puzzles de paysages,

Negro est marié avec enfants et a un second travail,

Or ces deux là à part le boulot partage autre chose, le premier le sait , l'autre non 😁!



Une première rencontre avec un auteur argentin dont ce premier livre a subjugué et hypnotisé Roberto Bolano grand nom de la littérature sud-américaine qui par ailleurs l'a préfacé. Reprenant les mots de Bolano , « Rien dans ses pages ne sonne faux : tout est réel, tout est illusoire, le rêve dans lequel évolue comme un somnambule l'éboueur de Buenos Aires Demetrio Rota est celui de la grande littérature que l'auteur scande à travers des scènes et des mots bien précis. »





On suit Demetrio tôt le matin au boulot avec son partenaire El Negro. Les deux déambulent à travers les rues alors que la ville dort encore, ne s'arrêtant que brièvement pour un petit déjeuner de café au lait et croissant. Ils vont tous les jours au même endroit, et tous les jours «Le bout d'homme », un vendeur de journaux à la retraite qui boit du vin rouge est assis à sa place habituelle. Ils leur arrivent aussi de ramasser un clochard et l'inviter à leur table.

Demetrio passe ses soirées seul, chaussé d'une paire de très vieilles bottes noires, s'évadant en s'acharnant sur des puzzles de 500 pièces qui le ramènent à travers leurs paysages de campagne idylliques à son enfance à Bariloche.



Neuman alterne avec brio, ces journées de travail à ramasser des déchets dans Buenos Aires, la grande ville qui respire la décadence avec ces puzzles aux paysages magnifiques chargés de poésie qui effacent la frontière entre présent et passé. Des pièces manquantes remontent les souvenirs de cette enfance à Bariloche, et particulièrement du dernier été que Demetrio adolescent passa avec la fille aux cheveux rouges sur les rives du lac Nahuel Huapi.

Ici les déchets non seulement remplissent une fonction narrative, mais révèlent aussi dans le cadre urbain du roman les interactions complexes entre le monde humain et non humain, où l'homme arrive même à se confondre avec le déchet. Parlant du clochard pour lequel Demetrio sent de la compassion, lui-même se demande , « le vieux mangeait dans les poubelles, jamais il n'avait été obligé d'en ramasser pour les mettre ailleurs. Comment serait-ce, de vivre au milieu des déchets, d'en être soi-même un ? », question clef du roman. Entre Bariloche et Buenos Aires, malgré son aigreur un déracinement raconté avec beaucoup de douceur.



Une histoire aux personnages loin de la perfection mais émouvants dans leur humanité , une prose délicate et poétique («S'échappant de la cheminée, immobile, une légère fumée salit l'exactitude du jour……. le feu était un oiseau de lumière qui battait des ailes sans réussir à s'envoler. »), qui même du ramassage des ordures, donnent de belles images délicates et légères,et une fin métaphorique surprenante. Un roman «  touché par la grâce » comme le qualifie Bolano, et quand on pense que Neuman avait à peine vingt ans quand il l'a écrit….
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Bariloche

Enthousiasmée par le billet de Bookycooky, j'ai immédiatement été à la recherche de ce roman. Merci Booky :-)

Bariloche, mérite d'être lu, c'est un roman peu ordinaire, empli de nostalgie, de mélancolie.

On passe d'un univers plutôt glauque où l'on est "englué" dans les déchets, la pauvreté, la misère à un univers enchanteresque, apaisant avec la nature, des paysages enneigés, des lacs .

Ce passage de l'un à l'autre se fait par les puzzles, l'imaginaire et un véritable passé. Que dire des personnages ? Demetrio "l'homme puzzle" et Negro, sont deux collègues de travail éboueurs , émouvants même s'ils ne sont pas exempts de faiblesses...

Plus je réfléchis à ce que je viens de vivre à travers ce roman plus j'en découvre des facettes, des points qui me font dire que j'ai beaucoup aimé.

Il faut dire que Andres Neuman est particulièrement habile et brillant. Il faut effectivement beaucoup de talent pour rendre poétique un univers de détritus. Le passé ici aide à vivre le présent. C'est un roman que j'ai envie de qualifier d'intelligent car il regorge de subtilités, de nuances, il réclame peut-être aussi de la part du lecteur une passion ou tout au moins une envie de faire des puzzles car tout n'est pas donné, il nous faut reconstruie aussi le passé et le présent.



" Comment serait-ce de vivre au milieu des déchets, d'en être soi-même un ?"

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Parler seul

Cette lecture m'a totalement bouleversée, j'avais hâte de la retrouver chaque soir, comme une éclaircie dans des jours parfois obscurcis d'idées noires...



Et pourtant, ce roman parle de maladie, de mort mais avec délicatesse et sincérité.

L'auteur nous fait partager tour à tour les idées de trois personnages et nous dévoile leurs intimités en proie à la perte, au désir.



Trois voix, trois voyages : le premier de Lito, le dernier de son père. Et celui, intérieur, torturé et violemment érotique d’Elena. Alors que l’enfant pense, que la mère écrit et que le père dit, tous parlent seuls.

Entre récit d’apprentissage et derniers instants, découverte du monde et deuil de soi, entre puissance salvatrice des mots et exigences des corps, Neuman livre un texte remarquable sur ce qui unit au-delà du dicible.
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Parler seul

Trois personnes: le père, malade d'un cancer, son fils de dix ans, qu'il emmène pour un dernier voyage professionnel à bord de Pedro, le camion familial, et sa femme, Elena, la mère de Lito, qui doit affronter la mort prochaine de son mari.

L'un parle, le deuxième pense, la troisième écrit. Chacun est seul.

Bien sûr, ce roman à trois voix parle d'un sujet bouleversant, avec habileté: trois voix qui s'entremêlent, sans forcément être simultanées dans le temps, mais c'est ce qui permettra à l'émotion de naître.

Pourtant, surtout au début, ces phrases courtes, sèches, abruptes et parfois naïves ou violemment érotiques m'ont tour à tour perturbée et gênée. J'ai dû insister pour continuer à lire et je n'ai pas particulièrement apprécié ni la naïveté travaillée de Lito ni le ton à la fois érudit et vulgaire de la mère. Finalement, c'est la voix du père, mourant et entrecoupée - puisque apparemment il s'est enregistré - qui m'a le plus émue.

C'est un roman réfléchi et travaillé, mais qui n'a pas marché avec moi.
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Bariloche

Roman publié en 1999 alors que son auteur, Andrés Neuman écrivain hispano-argentin n'a que 22 ans, Bariloche narre le quotidien de deux éboueurs de Buenos Aires, Demetrio et Negro : une infinité de matinées grises dans les rues de Buenos Aires à ramasser les déchets, une liaison entre l'épouse d'un des deux éboueurs et son collègue et quelques souvenirs de jeunesse dans la ville de Bariloche qui donne son titre au roman.



S'il est une chose qui m'a frappé dans ce roman, c'est sans doute cet ordinaire, cette quotidienneté froide, désincarnée, sans horizon et sans grâce qui ressort de la vie des deux principaux personnages. Cette forte impression est renforcée par la quasi-absence de frontière entre le monde humain et celui de la ville : ses quartiers, ses bâtiments, ses objets, ses ordures. Marginalisés, Demetrio et Negro semblent, au mieux, être des rouages sinon des déchets de la ville. Même les relations amoureuses (matrimoniales ou extra-conjugales) paraissent utilitaires et dépassionnées.

Negro s'en contente quand Demetrio aspire à un ailleurs. Les souvenirs d'un monde plus humain dans la petite ville de Bariloche qu'il a connu enfant et adolescent remontent à la surface. Étouffé par la routine, les contraintes matérielles et par la déshumanisation qui s'opère peu à peu dans la ville tentaculaire, il essaiera de s’évader de la prison invisible qui enferme nos existences.



Je remercie Bookycooky pour son billet d'aout 2023 qui m'a permis de découvrir ce livre et Andres Neuman. Je garde une impression d’une lecture fluide servie par un style simple : un roman sympathique qui s’il ne m’a pas paru mémorable me pousse à regarder de plus près les autres romans de l’auteur.

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Parler seul

"Quand un livre me dit ce que je voulais dire, je me sens le droit de m'approprier ses mots, comme si un jour ils m'avaient appartenu et que venais de les récupérer." Cette pensée d'Elena comme tant d'autres trouvera un écho chez tous les lecteurs. Chez ceux qui ont puisé dans les livres de la force, un baume et qui les accompagnés durant des périodes peu faciles de la vie. Elena toujours qui confie cette remarque superbe, si juste " Je me demande si, sans forcément sans en avoir conscience, on ne va pas vers les livres dont a besoin. Ou si les livres eux-mêmes, qui sont des êtres intelligents, ne détectent pas leurs lecteurs et ne se font pas remarquer d'eux".

Lito âgé de dix ans a obtenu d'accompagner son père pour un voyage de quelques jours sur les routes d'Argentine en camion. Un accord entre sa mère Elena et son père Mario gravement malade. Car tous deux savent que ce sera l'unique et dernier voyage entre père et fils. Lito, lui, n'est pas au courant de la gravité de l'état de santé de son père.



Avant qu'il ne partent, Elena fait promettre à Mario de ne pas se fatiguer, de bien prendre ses médicaments mais Mario veut seulement laisser des souvenirs heureux à son fils. Tant pis s'il dépasse ses propres limites, l'essentiel est que Lito n'oublie jamais ce voyage. Pendant ce temps, Elena restée seule lit et cherche dans ses lectures du réconfort (Virginia Woolf, Christian Bobin, Lorrie Moore, Roberto Bolaño et tant d'autres avec autant de passages superbes de ses lectures qui l'interpellent ou lui apportent du soutien). Sa colère légitime contre la maladie, la mort qui s'annonce la conduisent à une relation adultérine. Lito sait que son père a été très malade ( une très mauvais grippe selon ses parents) mais pas plus. Pour lui, ce voyage est une marque de confiance de la part de ses parents, la preuve qu'il met un pied dans la vie des adultes.



la suite sur :

http://fibromaman.blogspot.fr/2014/03/andres-neuman-parler-seul.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Bariloche

Traduit avec perfectionnisme de l’espagnol (Argentine) par Alexandra Carrasco ce roman est une tasse de mathé gorgée de miel que l’on déguste doucement. « Bariloche », hommage à la Belle Argentine, à ses paysages grandioses d’une Patagonie haute de couleurs. « Les filaments lumineux s’entrelacent, complets sur le cristal du lac. Les rochers des montagnes aux plis enneigés endorment l’horizon. » L’écriture de maître de Andrés Neumam est poétique, souple, habitée par l’argentine. L’encre qui se love sur les mots respire d’une rare perfection. L’histoire émouvante, tragique, nostalgique, de Demetrio Rota est empreinte de ce respir patagonien où rien ne se passerait si le lien de l’enfance s’était brisé en plein vol dans son âge accompli. Demetrio fait des puzzles, pas n’importe lesquels. Il assemble les morceaux paraboliquement avec les images enfouies en lui de ce que la terre du sud argentin a risqué en lui de battements de vie. C’est un récit rare, beau et intense. Un livre qui respire à l’unisson de la vie trop tranquille de Demetrio. On s’attache à ce personnage qui se cherche dans les lignes et pourtant qui se noie symboliquement au fur et à mesure de la lecture. Foudroyé par l’impossible résurrection, Demetrio et son mal être, semble la brise qui souffle sur Bariloche. Un puzzle grandeur nature, riche d’une émotive sociologie renforce la perfection de ce récit d’une brume pure mais triste. Ce roman majeur, riche d’une intériorité est la voie qui ouvre l’espace pour un bovarysme de lumière. Les éditions Buchet Chastel viennent de mettre au monde un roman de haute qualité éditoriale, puissant et magnifié, digne, argentin jusqu’au frisson ; un roman de feu, de vent, de tendresse et d’espoir, d’une pure géographie, d’une cosmopolite rencontre entre le lecteur et Andrès Neuman. Ce roman à la belle première de couverture significative avec Demetrio en filigrane est bouleversant, littéraire au possible, c’est un roman qui imprime son sceau sur la mémoire vive des solitudes éprouvantes. Un livre qui ne s’oublie pas, un futur incontournable.
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Le voyageur du siècle

"Wandenbourg: ville mobile sit.approx.entre les anc. Et de Saxe et de Prusse. riv. : Nulte , en dépit des témoignages des chroniqueurs et voyageurs ,sa position exacte reste à définir" Telle est la ville où Hans , notre voyageur, en route pour Leipzig décide de s' arrêter pour la nuit . Une nuit ,puis une journée passent, le voilà "piégé" par cette ville surprenante , il y rencontre le joueur d'orgue et son chien Franz , et fait la connaissance de la famille Gottlieb. le père le convie à boire un thé et lui présente sa fille Sophie .... Hans se retrouve participer aux soirées du vendredi , Sophie y tient salon , chacun peut s'y exprimer en toute sincérité, chose fort rare et appréciable dans ce XIXème siècle de la Restauration , sous la férule de Metternich . Bientôt entre Sophie et Hans se noue une tendre amitié mais Sophie est fiancée à Rudi Wilderhaus, fils d'une riche et noble famille wanderbourgeoise. ....

Andrés Neuman nous offre un somptueux roman qui bien que l'action se situe au XIXème semble plutôt servir de passerelle entre cette époque et la notre. Tous les sujets

abordés, littérature, histoire, économie, politique, poésie, relations humaines, semblent trouver écho dans notre XXIème siècle . de très belles pages, une lecture prenante qui bien que "très intellectuelle" ne perd pas de vue l'humain avec ses défauts et ses qualités, ses amours et ses haines , la vie tout simplement. Une bien belle découverte . Un très grand merci aux éditions Libretto et à babelio et un grand bravo à Andrés Neuman et à sa traductrice Alexandra Carrasco
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Le voyageur du siècle

Opération "Masse critique".



J'ai abandonné la lecture de ce livre à la page 150.



L'écriture est belle. Mais voilà, je n'ai pas réussi à me plonger dans cette histoire. Peut-être n'était ce pas le bon moment.



J'ai eu l'impression de faire du sur-place et les longues discussions et les échanges d'idées entre les différents personnages m'ont ennuyée.



Sur le peu de pages que j'ai lues, j'ai eu l'impression d'y voir une illustration de la vie avec ces rencontres, ses hasards.



Je pense qu'il me faudra beaucoup plus de trente jours pour lire ce livre et qu'il me faudra également être plus réceptive pour en apprécier le sens.





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Parler seul

"Parler seul"... c'est ce que font, à tour de rôle, les trois narrateurs de ce roman, qui prennent la parole pour de longs monologues qui presque jamais ne s'entrecroisent.



Mario -le père-, est malade. Gravement. Malade au point qu'il va mourir bientôt.

Lito, son fils de dix ans, ignore tout de cette tragique et prochaine issue.

Elena -la mère- aime Mario, sincèrement, tendrement. Mais son corps, tel que la maladie l'a laidement transformé, la dégoûte. Sa liaison avec le médecin de son mari, faite de sexe violent et bestial, est pour elle à la fois culpabilisante et salvatrice.



Nous entamons le récit en suivant le fil des pensées de Lito. Il est heureux : Mario l'a convié à un périple sur les routes argentines, à bord de Pedro, le camion "mascotte" de l'entreprise de son oncle.

Sa naïveté enfantine lui permet d'occulter le pressentiment confus qui s'empare de lui lorsqu'il constate que son papa, lorsqu'il fait la course, est bien vite fatigué, ou qu'il s'enferme parfois un peu trop longtemps dans les toilettes.

Riche de ses ressources imaginatives, de sa faculté d'apprécier sans arrière-pensées ces moments de bonheur complice, il savoure le voyage, faisant sourire le lecteur en évoquant ses croyances fantaisistes.



Elena, elle, écrit. Son fils et son mari partis, elle se ronge d'angoisse. Chaque indice d'un affaiblissement de Mario lorsqu'elle les a, brièvement, au téléphone, nourrit de sombres pensées qui la torturent des heures durant. En plus de la relation qu'elle entretient avec le médecin de Mario, qui lui permet de sentir son corps vivant et désirable, elle lit. Relevant dans les textes qu'elle parcourt les passages qui semblent lui parler d'elle-même, et de la situation qu'elle est en train de vivre. Constatant la rareté avec laquelle la littérature s'aventure à traiter de la maladie...



Mario, quant à lui, parle dans un dictaphone, à l'attention de Lito. Il dit sa peine, à l'idée de ne pas voir son fils devenir un homme, à l'idée de tout ce qu'il ne feront jamais ensemble. Il évoque cette solitude dans laquelle l'enferme sa maladie, qui dresse entre lui et les autres un mur d'incompréhension. Il lui confie ses pensées et ses espoirs, tentant ainsi de construire, pour la lui léguer, une image de père.



"Parler seul" est un roman touchant et d'une grande justesse, qui abordent ces thèmes difficiles que sont la maladie et la mort sans sensiblerie.

Ses personnages, lucides quant à leurs faiblesses et leurs limites, s'expriment sans détour sur la complexité de leurs émotions, la sincérité -y compris avec eux-mêmes- étant leur principale préoccupation. Les passages "écrits" par Elena sont particulièrement beaux, empreints d'une poésie douloureuse.



Je recommande, évidemment !
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Parler seul

Une lecture bouleversante, qui évoque des thèmes aussi difficiles que la maladie et la mort mais toujours avec pudeur et délicatesse.



Trois personnages "parlent seuls" dans ce roman.

Mario, le père, qui se sait mourant et veut offrir à son fils de dix ans un mémorable voyage en camion sur les routes d'Argentine, avant qu'il ne soit trop tard. Sur le chemin, il enregistre ses pensées comme un testament pour son enfant.



Lito, le fils, ignore l'état de son père. Ravi d'avoir droit à ce voyage tant promis par ses parents (mais pour plus tard), il se sent devenir un homme. Lito est à la lisière de l'adolescence : accroché encore à ses parents, il prend aussi son envol.



Enfin Elena, la mère, est la plus prolixe. Restée à la maison durant le périple de son mari et de son fils, elle ne cesse de s'inquiéter. Elle tente de trouver un sens et une consolation à la tragédie qu'elle traverse dans ses lectures et une relation adultère.



Les différents chapitres sont une variation polyphonique pensée, écrite et dite sur ce voyage et cette mort annoncée, pas forcément évoqués dans un ordre chronologique.

La douleur est omniprésente, liée à la souffrance physique ou à la perte, au deuil. Certaines scènes sont particulièrement émouvantes et très justes. Seules les interventions, encore innocentes du jeune Lito, apportent une respiration et une ouverture sur la vie en devenir.




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Naître père

Je remercie tout d'abord Babelio et les éditions Buchet-Chastel pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse Critique Non-fiction de juin 2023.



Naître Père est un recueil de très courts textes dans lequel l'auteur Andrés Neuman dit l'amour pour son fils, durant la grossesse, pendant et après la naissance. Les scènes et autres petits riens du quotidien sont rapportés avec une tendresse immense et un émerveillement sans réserve.



Il ne s'agit pas d'une ode à la paternité, encore moins aux nourrissons, mais plutôt de la tentative d'un père de saisir quelque chose à la fois du renversement métaphysique et des chamboulements très prosaïques qu'amènent l'irruption d'un enfant dans la vie d'un homme.



Au détour d'une prose lyrique, drôle, parfois abstraite, Andrés Neuman parvient à saisir au vol quelques-uns de ces instants de gloire entre père et fils.



Il s'agit pour l'auteur d'un travail d'enregistrement à fin de mémoire : comme il l'écrit lui-même, dont l'objectif n'est pas tant de se souvenir d'instants déjà envolés, que de documenter ce qu'a été sa propre naissance en tant que père.

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Bariloche

C’est poétique, c’est mélancolique et c’est l’Argentine. Des paysages que j’ai tellement aimés, le Lac Nahuel Huapi, le Mont Tronador… et que l’auteur fait revivre le temps d’un roman…

C’est l’histoire d’un éboueur qui aime les puzzles, une sorte de anti-héros qui fait équipe avec un ami pour nettoyer les rues de Buenos-Aires dans un vieux camion poubelle tout pourri.

Et cet homme qui passe ses nuits à faire des puzzles est en fait un homme puzzle, un être en pièces, à la recherche des souvenirs de son passé pour se construire et s’intégrer dans sa vie présente. Et les images de son passé doivent se rassembler pour faire de cet être perdu un tout… Il faut dire que le décalage entre un éboueur de Buenos Aires et un enfant au bord du Lac Nahuel Huapi … c’est le jour et la nuit…

Son récit alterne passé et présent, il nous raconte sa vie amoureuse mais surtout l’amour pour la région de son enfance, ses premières amours, la manière dont il s’immergeait dans la nature de la région de Bariloche, comme il faisait un avec le lac Nahuel Hapi. Au travers de son récits on vit dans ses souvenirs. Certes il y a la vie actuelle, sa liaison avec la femme de son collègue et ami, mais au fond cela n’a pas une grande importance. Ce qui est important c’est la façon d’avancer de cet être déraciné qui se raccroche à son passé pour vivre son présent.

C’est beau, c’est émouvant, et c’est nostalgique … une vie à la recherche de l’espoir…

Et c’est une magnifique rencontre avec la nature des environs de Bariloche…

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Le voyageur du siècle

Un livre primé plusieurs fois en Espagne, signalé parmi les 5 meilleurs livres de l’année par le journal El Pais.

C’est un roman important par son volume (531 pages), sa teneur et son style particulier, fragmenté. La lecture en est un peu complexe, mais non difficile Carl e sujet est très animé, par moments osé (sexe) et qui probablement trouvera un écho différent chez chaque lecteur. Le livre aurait nécessité 5 années de travail et je reste épatée par l’âge de Neuman à l’époque de sa parution : seulement 32 ans.

C’est plutôt intimidant d’écrire un billet sur un livre aussi riche et complexe, car en 531 pages l’auteur englobe tellement de sujets : la géopolitique en Allemagne durant la période de Metternich, la littérature, la poésie occidentale, etc.

Il y a polémique pour décider si c’est un roman total ou non. Modestement je pense que oui et dans toute sa splendeur car voici un univers particulier baignant dans une totale liberté procurée par la lecture et parce que le roman explore un univers jusqu’à la limite, un monde qui peut se fermer sur lui même, composé de plusieurs récits en parallèle et qui vont s’entrecroiser pour certains. La réalité et la fantaisie se croisent et se nourrissent mutuellement, mais ce n’est pas clair, ni où ni comment.

C’est aussi une oeuvre expérimentale car Neuman regarde le XIXè siècle avec le regard du XXIè, ce qui va donner quelques anachronismes. Et un roman postmoderne avec cette écriture fragmentée ou discontinue, pleine d’aphorismes (spécialité de l’auteur) et de styles narratifs différents (contes, poèmes, aphorismes).

J’ai lu quelque part que Neuman s’est inspiré de la musique de Schubert, lequel à son tour s’était inspiré du poète allemand Wilhem Müller pour composer son Voyage d’hiver. Autre détail, Wilhem Müller était né à Dessau, qui est le prochain destin de notre protagoniste, Hans, le voyageur du siècle.



Hans est un voyageur itinérant, érudit, polyglotte, qui vit de ses traductions. On sait peu sur lui, mais bientôt on comprendra que c’est un personnage trouble, un fabulateur et qu’il a volé des livres.

Hans arrive à Wandernburg, une ville fictive entre la Prusse et la Saxe. Une ville étrange car l’on s’y perd dans ses rues, une ville qui semble bouger car les immeubles ne sont pas toujours au même endroit.

Le récit se situe sur un an avec les 4 saisons en débutant l’hiver (Voyage d’hiver).

Hans n’avait prévu que passer à Wandernburg dans sa route vers Dessau, mais il fera sur place la connaissance de gens intéressants et de tous les milieux sociaux qui vont retarder sa décision de partir.

Parmi les gens de la ville et les plus sélects, il fera la connaissance de Sophie Gottlieb, une jeune fille déjà promise au meilleur parti local, Rudi, c’est une jeune fille très cultivée, férue de poésie et de littérature. D’ailleurs, elle tient salon tous les vendredis en recevant les meilleurs esprits de Wandernburg et où, rapidement Hans trouvera une place de choix dans les discussions tous azimuts.

Hans et Sophie tomberont follement amoureux et vivront une passion complètement anachronique par rapport au XIXè siècle. Malgré le secret qu’ils gardent, leur relation commence à faire du bruit et Rudi se manifeste avec éclat.

Nous aurons une conclusion inespérée et originale; la fin est ouverte, chaque lecteur peut apporter une explication. C’est original.

Lecture complexe, riche, baroque, jamais ennuyeuse. Par moments surchargée d’érudition, mais, in fine, époustouflante.


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Parler seul

Ce roman est porté par 3 voix :

- la mère, Elena. Par le biais de ses lectures et de ses constantes citations (c'est un peu pénible, à force, en tout cas cela m'a gênée), elle nous offre un aperçu de ce qu'elle vit : la maladie de son mari et la mort qui approche à grands pas, l'isolement, l'envie de vivre malgré tout et cette sorte de"descente aux enfers" avec son amant, le médecin de famille, qui paradoxalement lui permet de se sentir vivante, l'envie ou le devoir de protéger son fils de ce qui arrive, toute une palette d'émotions qui sont marquées par leurs extrêmes contradictions.

- le fils, Lito, ravi de l'aventure proposée par son papa, qui veut être fidèle à sa promesse et emmène son fils dans un grand voyage à bord de Pedro, le camion. Ils partent donc tous les deux et Lito raconte, avec les croyances et l'innocence d'un petit garçon de 10 ans qui trouve son père fatigué mais ne se doute pas qu'il va bientôt mourir.

- et le père, donc, Mario, qui ne tient debout que pour assumer une promesse ancienne et fabrique une palette de souvenirs à son fils pour quand il ne sera plus là.

Les voix s'entremêlent et chaque personnage a vraiment la sienne, son style, et on peut suivre les méandres de leurs tumultes intérieurs dans cette situation qui n'a rien de facile. Le livre est intéressant et bien écrit, certaines formulations sont super bien trouvées. Mais ce n'est pas une lecture réjouissante, ça c'est sûr, à ne pas lire si on n'a pas le moral ;-)
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Bariloche

"Bariloche" nous immerge dans le quotidien de Demeterio Rota, éboueur à Buenos Aires. Le récit alterne entre les aubes laborieuses aux côtés de son collègue Negro, au volant du camion déglingué auquel ils ont fini par s'attacher, et la solitude de son petit logement où il passe de longs moments d'observation dernière sa fenêtre, à moins qu'il ne tente de placer des pièces supplémentaires sur un puzzle en cours, pas toujours le même, mais reprenant toujours le même thème, celui d'un paysage de montagne qui lui est familier.



Les brefs chapitres qui se succèdent dévoilent peu à peu le mystère que constitue ce héros laconique, secret, qui semble souvent absent, dont les actes sont parfois imprévisibles. On le surprend ainsi dans de clandestins rendez-vous avec la femme de Negro, à laquelle il promet un sempiternel mais illusoire engagement, ou invitant à bord de leur camion-poubelle, au grand dam de son collègue, un mendiant ravi de la ballade, exhalant des relents pestilentiels.



Mais ce sont surtout les courtes incursions dans ses souvenirs, où l'on bascule du "il" au "je", qui nous éclairent sur ce qui a fait de lui ce jeune homme donnant l'impression d'exister sans vivre. Il y évoque sa première histoire d'amour avec une envoûtante fille rousse qu'il n'a jamais oubliée, et leurs torrides nuits de fugues sur l'île du lac Nahuel Hapi, dans la région de Bariloche, dont il est originaire, et où il vécut jusqu'à ce que la précarité l'oblige, avec sa famille, à vivre en ville.



Une ville dans laquelle Demeterio, déraciné, obsédé par ce qu'il a perdu, sans repères, évolue comme dans une dimension parallèle. L'environnement urbain est dépeint comme un piège gluant qu'il observe comme à distance, assimilé à une nature froidement hostile, les rues ressemblant à une "forêt pétrifiée", le métro "exhalant des fleurs de lenteur"...



A partir d'une histoire somme toute banale, focalisant son intrigue sur quelques épisodes subtilement significatifs, Andrés Neuman nous offre un très beau récit, portée par une poésie limpide et concrète mise au service d'une atmosphère sourdement mélancolique.


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Fracture

L’Argentin brosse le portrait d’un homme d’affaires japonais, survivant de Hiroshima, à travers les femmes qu’il a aimées tout au long de sa vie d’exilé, du Paris des années 50 à aujourd’hui.
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Fracture

La vie cosmopolite de Yoshie Watanabe a commencé et s’achèvera au Japon, lieu dont Andrés Neuman fait le cœur de « Fracture ».
Lien : https://www.lesoir.be/364356..
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Parler seul

Cinquième roman de cet auteur ibéro-argentin. Un livre courageux et cru par moments qui narre l'agonie d'un père (Mario), entouré de sa femme (Elena) et de son fils de 10 ans (Lito).

Avant cette séparation inéluctable, le père organise un voyage en camion à travers une Argentine imaginaire avec le fils afin de "fabriquer des souvenirs" au fils mais aussi afin de se connaître plus intimement pendant la durée de ce vase clos.

La mère restera au domicile et vivra une liaison torride et tordue avec le médecin de son mari.

Nous avons deux triangles dans ce roman: un triangle familial entre la mère, le père et le fils et un triangle sentimental entre le mari, la femme et l'amant.

Dans le triangle familial chaque personnage a une voix narrative différente: Lito avec son langage imparfait, Mario avec sa voix intériorisée et Elena qui écrit un journal rempli de références littéraires qui touchent aux sujets qui la préoccupent. Elena se sent coupable d'être en bonne santé et de rester vivante, elle cherche dans la liaison avec le médecin une catharsis au fait de se sentir si vivante. Elle cherche à dégager sa culpabilité par la honte.



Il y a dans ce livre une belle confrontation entre Eros et Tanatos; les deux côtés sont bien balancés.



J'ai trouvé que l'ouvrage était original et intéressant car il ose aborder quelques sujets tabous : la maladie terminale, l'accompagnement au mourant, le deuil psychologique qui arrive avant le deuil réel, la mort de l'amour et du désir, la frénésie sexuelle comme une manière de prolonger la vie, le besoin de "fabriquer" des souvenirs avant la séparation finale, la recherche de textes dans la littérature expliquant l'orage des sentiments, le regard innocent d'un enfant face à des évènements de nature tragique, etc.
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Bariloche

Le début de l’hiver. Les chauffages s’allument, la lumière du jour se tarit bien trop tôt. Le moment idéal pour se mettre au canapé le soir, un bon livre entre les paluches. Encore faut-il trouver LE livre … Sans grand espoir de trouver le coup de cœur de cette fin d’année 2017 qui approche trop vite, Lettres it be s’est mis au canapé en ouvrant ce Bariloche d’Andrés Neuman publié chez Buchet-Chastel (un merci en passant). Et la lumière fut …





# La bande-annonce





Demetrio Rota est éboueur à Buenos Aires et, pour échapper à un quotidien morne et sans substance, il s’adonne la nuit à une passion dévorante : les puzzles. Pièce après pièce, à la manière d’une Pénélope revenant chaque fois à l’ouvrage, Demetrio reconstruit son passé, pour mieux tisser une mémoire fragile, vitale, faisant revivre sous nos yeux le parcours d’un homme comme un autre, écrasé par un présent qui l’étouffe.





Les émois de l’adolescence, le premier amour, les mécanismes aliénants de nos vies contemporaines, les évocations d’une nature sublime et les réalités des mégapoles modernes dénuées d’humanité : les aléas de la mémoire et des réflexions de Demetrio Rota nous entraînent dans une fable contemporaine poignante et interrogent puissamment les limites et les écueils de nos existences sans horizon.





# L’avis de Lettres it be





Cette lecture, c’était d’abord une rencontre, celle d’Andrés Neuman. Jeune auteur argentin et espagnol, plusieurs fois primé du côté hispanophone, le voilà débarqué en France avec Bariloche. Un livre publié après Parler seul (Buchet-Chastel, 2014), Le voyageur du siècle (Fayard, 2011) ou encore Une ligne sur le sable (Gallimard, 2010). Autant dire que Neuman est un habitué des rayons « Littératures étrangères » de nos librairies hexagonales. Et ce Bariloche, parlons-en …





L’histoire est d’un banal confondant. Cette histoire d’un éboueur et de son collègue de galère, ce même éboueur qui voue une passion originelle pour les puzzles en tous genres. Cette histoire dans une Argentine qui vit au rythme des rebonds d’un ballon rond. Cette histoire où l’on entend la voix d’un Monsieur normal qui narre son avant et s’interroge sur son maintenant. C’est banal, c’est même très banal. Et pourtant, impossible de ne pas pousser un soupir de satisfaction à la lecture de ces lignes, de ces pages. Vous savez, ce même soupir qui accompagne la fin d’un bon repas, celui-là même que vous poussez en vous détendant au lit de tout votre long après une longue journée. Et autant dire que c’est si rare en lecture qu’il revêt alors une valeur toute particulière ce soupir.





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