Angélina Delcroix

Je regarde papa en priant je ne sais quelle force du pouvoir de l’univers qu’il s’oppose à elle. Il ferme les yeux et souffle par les narines. Pas comme un taureau en colère, plutôt comme un toutou fatigué.

Quelque chose nous rappelle parfois de façon fugace qu'un jour nos parents partiront, mais il est impossible ne serait-ce que d'imaginer cela sans risquer de ressentir une fissure irréversible. Alors, on avance avec la conviction qu'ils seront toujours là.

Vous arrive-t-il de vous mettre à la place des proches, et là, en l’occurrence, de la personne touchée par cette relation toxique de dépendance affective ? Ça fait vingt ans que l’on me fait comprendre que je suis la bouée de sauvetage de ma sœur, mais c’est moi qui vais couler à force.

Tu ne t'intéresses à rien, à personne. Tu es froid et vide. C'est quoi la vie pour toi ? Tu imagines des cases avec les bons, d'autres avec les mauvais, et il faut que ça rentre quoi qu'il arrive ? Tu t'es déjà penché sur ce qui peut se passer dans la tête des gens, ce qui a pu leur arriver dans le passé ? Ah non, je suis con ! C'est des coups à ressentir de l'empathie.

Un acte criminel fait-il de son auteur un criminel à perpétuité ?

- On a tiré le gros lot avec le nouveau !
- Ah ? Qu’est-ce qu’il a ? demande Alexandra.
- Il est juste con, grogne Barrère.
Alex lève les yeux au ciel. Jugement classique de son mari quand il ne sent pas quelqu’un.
- Et à part ça ? insiste-t-elle.
- Tu veux que je lui prête d’autres qualités ? rétorque Barrère en commençant à hausser le ton. Sûr de lui, froid, trop sérieux et insensible.
Alex sourit intérieurement, car elle a l’impression que son mari vient de se décrire.

"_Olivier ! Les émotions mal gérées nous éloignent souvent de ceux qu'on aime le plus.
Fais attention, por favor."

Que je sois face à un patient en souffrance ou à un détenu, je me dois de faire abstraction de mes pensées, de mon système de valeurs, de mes représentations inconscientes… et de mes problèmes personnels. Dit de cette façon, ça peut paraitre simple. On enferme tout dans un tiroir le temps de l’entretien et on récupère ses affaires en sortant. Pourtant, la réalité est bien plus complexe.

« Le passé est un prologue. » William Shakespeare

C’est plus fort que moi, une force me pousse, je ne me contrôle plus. Je laboure les bandages comme un chien creuserait pour trouver un os. Au passage je me griffe la peau autour. Maman crie. Je l’entends, mais de loin. Je suis partie dans mon monde. Le seul que je connaisse. Celui de la souffrance.

Maman a raison de pas m’aimer, je suis trop bizarre. On peut pas aimer quelqu’un de pas net.

A quel moment devient-on prêt à n'importe quoi ? A quel moment le monstre en nous est-il prêt à passer à l'action ?

On s'aperçoit finalement que la prison, censée d'une part protéger la société des personnes dangereuses, et d'autre part permettre aux détenus de se réinsérer socialement après leur peine, augmente les risques de récidive et accroît les facteurs criminogènes. Les fréquentations délinquantes y sont favorisées, les personnes détenues sont confortées dans leur identité criminelle par le traitement qui leur est réservé en prison. Cela alimente l'image qu'elles ont d'elles-mêmes et influence leurs comportements futurs.

Il n'y a jamais de gris avec elle. Soit blanc pétant, soit noir flippant.

Toujours faire croire à l'autre qu'il est maître de la situation et qu'il a le choix.

L’assise recouverte de sang encore visqueux et brillant le rebuta. Il se tourna pour exprimer son refus, mais le masque à gaz et son chien étaient si près de lui qu’il bascula en arrière et se retrouva assis malgré lui.

Le sifflement dans mes oreilles a une force dévastratrice. Mon crâne va se fendre. Je n'arrive plus à bouger. Des allers-retours brûlants glissent sur mon visage. Qu'est-ce qui s'est passé ? Maman. Je dois vérifier si elle va bien

"Tout le poussait à prendre conscience qu'il devait profiter du bonheur qui lui était offert, au lieu de tout gâcher. Mais comment ? Comment traquer un criminel de la pire espèce, protéger les siens, et continuer à les accompagner dans la vie d tous les jours ? Était-ce réellement compatible ? Il ressentit soudain la peur. Celle de tout perdre."

Quand vous travaillez au contact des criminels, vous envisagez inévitablement les conséquences. Pour vous, mais aussi pour votre famille. Il m’arrivait, surtout au début, de me demander ce qui arriverait le jour où un criminel frustré par mon expertise sortirait de prison. Idem avec les détenus que l’on accompagne au sein de l’établissement. La particularité de ces personnes, c’est qu’elles n’ont souvent pas demandé à être soignées, contrairement à un patient qui vient consulter en cabinet. La relation détenu-soignant est donc parfois complexe et conflictuelle. Votre esprit finit par retenir les situations agressives, les mots, les menaces, les regards. Alors, vous commencez à ressentir une peur. Au départ, diffuse. Vous devenez vigilant, vous êtes attentif à ce qui vous entoure quand vous sortez.

Nous devons statuer sur la dangerosité et le risque de récidive. Parfait. Donc, si on estime que l’individu présente peu de risques de repasser à l’acte, il est libre à la fin de sa période d’emprisonnement. S’il récidive, nous sommes pointés du doigt. Le plus sûr serait donc de faire un rapport dans le sens d’une dangerosité toujours accrue.