Ce n'est pas un secret que je peine, en ce moment, à écrire des chroniques. C'est pour cette raison que, plus qu'une chronique linéaire, je rédige ici un journal de lecture.
J'ai fait une première pause au bout d'une centaine de pages parce que je coinçais un peu. J'avais besoin de cette pause parce que j'avais l'impression que quelque chose clochait dans ma progression. Je n'étais pas à l'aise. Passe avec la description de la Bretagne - je n'y suis pas retournée depuis dix ans, et je veux bien croire que la région pâtit du réchauffement climatique, je meurs déjà de chaud dans ma salle de classe. J'ai eu du mal avec Alice, l'héroïne. les mystères autour d'elle, autour de sa famille et de ses proches sont nombreux. Elle est divorcée, son couple n'ayant pas résisté à l'éducation d'un enfant autiste. Ce n'est pas moi qui dirais que c'est facile, puisque, depuis quatre ans, je suis amenée à travailler avec des enfants souffrants de troubles du spectre autistique, qui sont intégrés dans ma classe. Aucun de ces enfants n'est identique, et j'ai eu la chance de les voir évoluer - positivement. Je suis d'ailleurs étonnée de voir Alice, médecin généraliste qui a renoncé à sa spécialisation pour son enfant, aussi démunie, aussi ignorante face à la maladie de son fils. C'est ainsi. Lucas n'est pas le seul enfant en souffrance. Son grand-oncle était handicapé, et il est mort peu après que ses parents aient décidé de le confier à une institution. La meilleure amie d'Alice, prénommée Victoire, a disparu quand elles étaient enfants - disparues, volatilisées. Et que dire de cette enfant dont nous lisons les entretiens avec un docteur, enfant dont les propos et les actes déroutent, pour ne pas dire plus. Non, parce que si je dis plus, je dis mes attentes de lectrice, et cela serait sans doute trop.
Alice, divorcée, en manque de sexe (ce n'est pas moi qui le dis, c'est elle) retrouve au cimetière Teddy, son amour de jeunesse, amour pas approuvé par ses parents, parce qu'il n'est pas gentil, Teddy. Non, il n'est pas violent : il ne suit pas les chemins que ses parents et la société attendaient de lui. Spoiler : un fils n'a pas à suivre le chemin que ses parents désirent pour lui, il est tout à fait capable de trouver par lui-même ce qu'il désire, y compris tomber dans les bras de son ex, lui qui, miraculeusement, est toujours célibataire, et célibataire au bon moment, pile quand Alice retourne au pays, qu'elle a quitté dix ans plus tôt. Oui, quand je lisais qu'elle communiquait essentiellement par internet avec ses parents, j'ai vraiment cru qu'ils vivaient au bout du monde....
Une petite fille disparaît - de nouveau, ai-je envie de dire. Ce n'est pas la première. Sera-ce enfin la dernière ? Peut-être, ce serait trop en dévoiler. Cela replonge en tout cas Alice dans les douleurs du passé - celles de la disparition de Victoire. Savoir, enfin, ce qui lui est arrivé. Chercher, dans le passé, dans le présent - et toujours, ces curieux entretiens qui ponctuent le texte, et amène le lecteur à se demander quel est le lien avec le présent. Là aussi, il le saura.
Oui, le lecteur saura, il saura beaucoup de choses, il sera étonné, aussi, de savoir jusqu'où certaines personnes sont prêtes à aller, pour protéger la personne dont elles sont éprises. Oui, à nouveau, je reste floue, volontairement. J'ai eu l'impression, en découvrant la fin, qu'elle était presque ouverte. Je dis bien "presque", parce qu'après tout, ce n'est qu'une impression de lectrice.
Merci aux éditions Préludes et à Babelio pour ce partenariat.
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