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Citations de Anthony Doerr (478)


Un après-midi de novembre, Seymour demande à Ami-Fidèle s'il est perturbé comme lui par les bruits très forts, s'il a parfois l'impression d'entendre trop de choses - lui arrive-t-il de souhaiter que le monde entier soit aussi calme que la clairière en cet instant, alors qu'un million de petits flocons argentés volettent en silence - quand la chouette descend de sa branche en piqué, puis traverse la clairière pour aller se percher dans un arbre à l'autre extrémité.
Seymour la rejoint aussitôt. L'oiseau se coule sans bruit entre les ramures, se dirigeant vers la maison, et de temps à autre il module un appel, comme pour l'inviter à le suivre. Lorsque Seymour arrive dans le jardin, la chouette s'est déjà posée sur le toit. Elle lance un hou sonore et profond vers le rideau de neige, et son regard se tourne vers la vieille remise à outils de Pawpaw.
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Comment font les hommes pour se convaincre que d’autres doivent mourir afin qu’eux-mêmes puissent vivre ?
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À travers un rideau de neige, il escorte cinq élèves de CM2 jusqu’à la bibliothèque municipale. Il a plus de quatre-vingts ans et porte une veste en toile ; ses bottes sont fixées par des bandes Velcro ; des pingouins de dessin animé font des glissades sur sa cravate. Tout au long de la journée, un sentiment de joie n’a cessé d’enfler en lui, et maintenant, en ce jeudi de février à quatre heures et demie de l’après-midi, alors qu’il regarde les enfants courir devant lui sur le trottoir – Alex Hess avec sa tête d’âne en papier mâché, Rachel Wilson et sa torche en plastique, Natalie Hernandez chargée de son enceinte mobile –, cette émotion menace de le submerger.
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La mer n'est que le véhicule d'une surnaturelle et prodigieuse existence; elle n'est que mouvement et amour, c'est l'infini vivant.
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[Werner] pense sans cesse à Marie-Laure -ses mains, ses cheveux- tout en craignant d'user ses souvenirs à force d'y revenir.
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Il y a du savoir-faire dans ce roman qui se lit très facilement.
Sur fond de seconde guerre mondiale des protagonistes des deux camps et en même temps du même, celui des malgré eux, vont leur chemin qui vont fatalement se rencontrer.
Je ne me suis pas ennuyé j´ai même été touché par l´émotion, je suis un grand sensible, mais je n´ai pas été emporté.
Une bonne documentation technique et géographique n´arrive pas à faire oublier deux écueils majeurs :
- Des caractères qui, sans être manichéens, manquent d´épaisseur pour qu´ils soient marquants.
- Une traduction très sujet-verbe complément limite robotisée.
Pas un grand Pulitzer, c´est sûr.

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C'est l'absence de tous ces cadavres, se dit-elle, qui nous permet d'oublier. La terre qui les recouvre.
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Il songe à ces mineurs usés par la vie, qu'il voyait dans son enfance, prostrés sur des caisses ou dans des fauteuils, inertes, attendant la mort. Pour eux, le temps était un tonneau qui se vide lentement. Alors qu'en fait, c'est une coupe précieuse ; il faudrait employer toute son énergie à protéger ce qu'elle contient, lutter pour elle. Ne pas en perdre une seule goutte.
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– Voici votre uniforme de parade, votre uniforme d’exercice, votre tenue de gymnastique. Bretelles croisées dans le dos, parallèles devant. Manches retroussées aux coudes. Chacun de vous devra porter un poignard dans son fourreau, à sa ceinture, du côté droit. Levez le bras droit pour vous signaler. Alignez-vous toujours par rang de dix. Ni livre ni cigarettes ni aliments ni effets personnels – rien dans les casiers à part les uniformes, brodequins, couteau, cirage. Plus un mot après l’extinction des feux. Les lettres aux familles seront postées le mercredi. Vous vous dépouillerez de votre faiblesse, de votre lâcheté, de vos hésitations. Vous deviendrez comme une chute d’eau, une rafale de balles – vous vous précipiterez tous dans la même direction, au même pas, vers la même cause. Vous oublierez votre confort, vous ne penserez qu’à votre devoir. La nation sera votre seule et unique raison de vivre. Compris ?

- Oui, hurlent-ils.

Ils sont quatre cents, en plus des trente instructeurs et des cinquante membres du personnel, sous-officiers et cuistots, palefreniers et gardiens. Certains cadets ont tout juste neuf ans. Les plus âgés, dix-sept. Visages juvéniles, nez pointu, menton pointu. Yeux bleus – forcément bleus.

[...]

Chacun est une motte de glaise et le potier qu’est le corpulent et rougeaud commandant façonne quatre cents pots identiques.
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Évite de te dénigrer aussi facilement. Parfois, les choses que nous croyons perdues sont seulement cachées, attendant d'être redécouvertes.
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Tu vois, petite, les choses qui paraissent les plus solides en ce monde – les montagnes, la fortune, les empires : leur stabilité n’est qu’illusoire. Nous les croyons destinées à durer, mais cela vient seulement de la brièveté de notre propre existence.
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 Devant elle, des silhouettes assises à des tables ou dans des fauteuils. Au-dessus, d’autres consultent des livres dans les rayonnages, s’appuient contre les garde-corps, montent aux échelles ou en descendent. Aussi loin que porte son regard, des livres de toute sorte — de la taille de la main ou aussi grands que son matelas — s’envolent des étagères ou reviennent s’y ranger, papillotant comme des colibris ou brassant l’air telles de lourdes cigognes disgracieuses. 
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Rex lui a dit un jour que, parmi toutes les folies dont les hommes étaient capables, il n'existait peut-être bien rien de plus noble, rien qui nous rende aussi humbles que s'atteler à la traduction des langues mortes ; nous ne connaissons pas les sonorités du grec ancien parlé ; les équivalences entre les deux langues sont tout sauf évidentes ; dès le départ, nous sommes condamnés à l'échec. Et pourtant, cette démarche, cet effort pour amener sur nos rivages quelques phrases sauvées des ténèbres de l'Histoire, demeurait selon lui la plus belle des quêtes insensées.
Zeno taille son crayon et se remet à l'ouvrage.
P 516-517
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Dans l'esprit de Seymour, c'est comme si un mécanisme s'était grippé : il ne voit plus dans la planète qu'un processus d'agonie, et les gens qui l'entourent sont tous complices du meurtre. Les occupants d'Eden's Gate remplissent leurs poubelles de déchets, roulent en SUV entre leurs deux résidences et écoutent de la musique dans leur jardin sur des enceintes Bluetooth tout en se répétant qu'ils sont des gens bien, des personnes honnêtes et respectables qui vivent le prétendu "rêve américain", comme si leur pays était un Eden où les bienfaits d'un Dieu généreux se trouvaient équitablement répartis entre les êtres. Mais en réalité, ils participent à un système pyramidal qui broie la masse des plus défavorisés, dont sa mère fait partie. Et en plus, ils s'en félicitent.
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«Attendez, nous disent-ils, soyez patients. La technologie saura résoudre le problème du CO2.» A Kyoto et à Copenhague, à Doha et à Paris, ils n'ont fait que nous répéter: « Nous réduirons les émissions, nous apprendrons à nous passer des hydrocarbures. » Et là-dessus, ils sont retournés à l'aéroport dans leurs limousines blindées pour monter dans des jumbo-jets, et ils ont mangé des sushis à dix mille mètres d'altitude pendant que les plus pauvres étouffaient dans leurs quartiers pollués. Nous avons suffisamment attendu. Notre patience a atteint ses limites. Nous devons nous soulever immédiatement, avant que le monde entier ne parte en flammes.
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« Mon enfant, chacun de ces livres est un portail, une ouverture qui te donne accès à un autre lieu, à une autre époque. Tu as toute la vie devant toi, et ils ne te feront jamais défaut. Cela devrait suffire, tu ne crois pas? »
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Anna se rappelle alors ce que lui disait Licinius: raconter une histoire est une façon d'étirer le temps.
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- Les Allemands ?
- L'océan...
Elle prend un air dubitatif.
– C'est l'océan, Marie. Je te le jure.
Il la porte sur son dos. Maintenant, c'est le cri des mouettes. Odeurs de pierres mouillées, de fientes d'oiseau, de sel, même si elle ignorait que le sel avait une odeur. La mer murmure dans une langue qui voyage à travers les pierres, l'air et le ciel. Que disait le capitaine Nemo ? La mer n'appartient pas aux tyrans.
On arrive à Saint-Malo. La ville intra-muros. Il raconte ce qu'il voit : une herse, des murailles défensives qu'on appelle des « remparts », des manoirs en granit, un clocher qui dépasse des toits. L'écho de ses pas ricoche contre de hautes maisons et retombe sur eux, il peine sous son poids, et elle est assez grande - pour soupçonner que ce qu'il présente comme quelque chose de pittoresque et d'accueillant est peut- être en réalité étrange et horrible.
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Notre atmosphère est une bibliothèque recueillant toutes les vies qui ont jamais été vécues, toutes les phrases jamais prononcées, les mots jamais transmis.
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Lumière
Mardi après mardi, elle échoue. Elle entraîne son père dans des détours sans fin qui la laissent furieuse, contrariée, et encore plus éloignée de l’appartement qu’au début de l’exercice. Mais au cours de l’hiver de sa huitième année, à sa grande surprise, elle commence à se repérer. Elle passe les doigts sur la maquette dans la cuisine, comptant les bancs, arbres, réverbères, porches. Chaque jour, un nouveau détail ressort – chaque grille d’égout, banc public, bouche d’incendie miniature a sa contrepartie dans la réalité. Même quand elle se trompe, elle ramène son père toujours plus près de leur domicile. Quatre, trois, deux pâtés de maisons. Et par un mardi neigeux de mars, alors qu’il l’emmène jusqu’à un nouveau point de départ, tout près des quais, la fait pivoter trois fois sur elle-même, et dit : « Ramène-moi à la maison », elle s’aperçoit que, pour la première fois, la peur ne la prend pas aux tripes. Au lieu de paniquer, elle s’accroupit sur le trottoir. L’odeur vaguement métallique des flocons qui tombent l’environne. Calme-toi. Écoute Des automobiles passent le long des rues en éclaboussant les trottoirs, la neige fondue forme des rigoles. Elle entend les flocons passer à travers les branches des arbres. Elle distingue l’odeur des cèdres du Jardin des plantes, à quatre cents mètres. Ici, le grondement du métro sous la chaussée : c’est donc le quai Saint-Bernard. Là, le ciel se creuse, un bruit de branchages : c’est l’étroite bande de jardins derrière la galerie de Paléontologie. Par conséquent ils se trouvent à l’angle du quai et de la rue Cuvier. Six pâtés de maisons, quarante immeubles, dix arbustes dans un jardin public. Cette rue-ci croise celle-là, qui croise celle-là. Un centimètre à la fois. Son père tripote les clés dans ses poches. Devant eux, les hauts, majestueux bâtiments qui flanquent les jardins, répercutant le son.
– Allons à gauche, dit-elle. Ils remontent la longue rue Cuvier. Un trio de canards vole dans leur direction, battant des ailes en harmonie, gagnant la Seine, et comme ils les survolent, elle croit voir les rayons de soleil se poser sur leurs ailes, touchant chacune de leurs plumes. À gauche, dans la rue Geoffroy-Saint-Hilaire. À droite, dans la rue Daubenton. Trois, quatre, cinq bouches d’égout. Derrière elle, les grilles ouvertes du Jardin des plantes, avec leurs barreaux comme ceux d’une immense volière. En face : la boulangerie, le boucher, l’épicerie de luxe.
– On peut traverser, papa ?
– Oui. À droite. Tout droit. Ils remontent maintenant la rue, forcément. Juste derrière elle, son père doit marcher la tête renversé en arrière pour faire un grand sourire au ciel. Marie-Laure en est sûre, même si elle ne voit rien, ne dit rien – les cheveux de son père sont mouillés par la neige, plaqués sur son crâne, son écharpe est de travers sur ses épaules, et il adresse un grand sourire radieux à la neige. Les voici au milieu de la rue des Patriarches. Marie-Laure trouve le tronc du marronnier qui pousse devant la fenêtre de sa chambre au quatrième étage, l’écorce sous ses doigts. Un vieil ami. L’instant d’après, son père l’a soulevée par les aisselles, ils font l’avion. Elle sourit, et il éclate d’un rire pur et contagieux, un rire dont elle se souviendra toute sa vie. Tous deux tournoient sur le trottoir devant leur petit immeuble, riant en chœur tandis que la neige continue à goutter entre les branches.

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