Citations de Arnaldur Indriðason (1508)
Les parents de Ragnar l'écoutèrent en silence relater les derniers moments de leur fils, assassiné au Hafnarbio. Marion confirma ce que la police pensait depuis le début : l'agression avait été aussi rapide que précise et, si cela pouvait leur apporter quelque consolation, Ragnar n'avait pas souffert.
Les deux gêneurs l'entendirent également et jetèrent un coup d’œil vers l'arrière. Il s'enfonça dans son siège et décida d'arrêter l'enregistrement quand l'un des hommes se souleva de son fauteuil, aussi silencieux et leste qu'un chat.
La musique augmenta en intensité et la salle s'emplît de ténèbres.
On a honte d'être la victime de ce genre d 'homme, on se referme sur soi, dans une solitude absolue dont on interdit l'accès à tous, et même à ses enfants, car on ne veut pas que quiconque vienne y mettre les pieds, surtout pas ses propres enfants. Et alors, on se retrouve à se préparer à la nouvelle attaque qui viendra sans prévenir, plein de haine contre quelque chose d'incompréhensible et tout à coup, la vie se résume à attendre cette prochaine attaque.
[...] - Nous sommes d'accord pour que les étrangers viennent chez nous se coltiner le sale boulot sur les chantiers des barrages et dans les usines de poisson; ça ne nous gêne pas qu'ils fassent le ménage pendant qu'on a besoin d'eux pourvu qu'ensuite, ils repartent !
je n'ajouterai pas de critique parce que j'ai l'impression que tout a déjà été dit et bien dit. Je viens de terminer ce livre et pour moi c'est le meilleur de cet auteur, celui en tous cas que j'ai préféré...
maevedefrance parle d'une fin absurde, mais quand on regarde les faits divers (j'ai failli écrire d'hiver, tellement il fait froid dans ce livre..) n'y-a-t-il pas beaucoup de morts absurdes ? On a parfois l'impression qu'elles le sont toutes...
On a honte d'ëtre la victime de ce genre d'homme, on se referme sur soi dans une solitude absolue dont on interdit l'accès à tous, et même à ses enfants, car on ne veut pas que quiconque vienne y mettre les pieds, surtout pas ses propres enfants. Et alors, on se retrouve là à se préparer à la nouvelle attaque qui viendra sans prévenir, plein de haine contre quelque chose d'incompréhensible et tout à coup la vie se résume à attendre cette prochaine attaque, quand viendra-t-elle, avec quelle violence, pour quelle raison, comment je pourrai l'éviter ? Plus j'en fait pour lui faire plaisir, plus il est ignoble avec moi. Plus je montre de la passivité et de la peur, plus il me hait. Et si je lui oppose la moindre résistance, alors, voila qu'il se retrouve avec une raison de me battre à mort. Il n'y a aucune manière de se comporter qui lui convienne. Aucune. Jusqu'à ce que la seule chose qu'on ait dans la tête, c'est que cela s'arrête, peu importe comment. Seulement que ça s'arrête.
Il a perdu la notion du temps. Il a l'impression que la nuit noire est tombée depuis longtemps. Ses forces déclinent de plus en plus. Il refuse pourtant de céder face à cette tempête et continue de braver le blizzard, il rampe plus qu'il ne marche, mais il a l'espoir d'être sur la bonne voie, sur le chemin qui finira par le conduire à la maison. Le froid transperce ses vêtements, il a cessé de claquer des dents et les tremblements incontrôlables qui secouaient tout son corps se sont également arrêtés. Finalement, il tombe à plat ventre et ne bouge plus.
Il avait sacrifié son enfance pour devenir quelque chose qu'il ne comprenait pas et sur quoi il n'avait aucun pouvoir - et puis, finalement rien n'arriva. Son père avait joué avec son enfance et la lui avait tout simplement volée.
Rien de moins courageux qu'un homme qui trompe sa femme.
Tu devrais surveiller ta tension. Je n'ai pas envie de te faire du bouche à bouche si tu passes l'arme à gauche. Je dois t'interroger sur quelques points de détails, ensuite je pars et tu pourras continuer à mourir ici en paix. Ce qui ne devrait pas prendre bien longtemps. Il faut dire que tu n'as pas franchement l'air du Vieillard de l'année...
Qu'est-ce que ça fait de découvrir qu'on n'est pas celui qu'on croyait être ? Qu'on n'est pas soi-même ?
Qui donc prend des photos de tombes d'enfant ? soupira une nouvelle fois Erlendur.
C'était la mi-journée mais le ciel était noir, d'une obscurité hivernale, et la pluie de l'automne fouettait les parois de l'immeuble.
Il est dégoûtant, qu'est-ce que j'ai fait ?
Y a t-il quelqu'un pour condamner le meurtre d'une âme ? demanda t-elle.
Il s'agissait d'une petite photo noir et blanc représentant une tombe dans un cimetière en hiver. Il ne reconnut pas immédiatement le cimetière. Une stèle était accolée à la tombe et l'inscription principale était assez facile à lire. C'était un prénom féminin. Audur. Sans patronyme. Erlendur avait du mal à discerner les années. Il chercha ses lunettes à tâtons dans la poche de sa veste, les mit et approcha la photo de son nez. 1964-1968. il voyait la trace d'une épitaphe mais l'inscription était petite et il ne parvenait pas à la lire. Il souffla doucement sur la photo pour enlever la poussière.
La petite n'avait que quatre ans au moment de sa mort. Erlendur leva les yeux à cause des hurlements du vent. C'était la mi-journée mais le ciel était noir, d'une obscurité hivernale, et la pluie de l'automne fouettait les parois de l'immeuble."
Il entend une voix d’enfant venue de loin et qui s’approche. Le voyageur a disparu et avec lui l’angoisse, la douleur, le froid. Il ne reste plus que cette voix et la lumière qui en émane. […]
- Tu es prêt ? demande son frère en se levant.
- Oui, répond-il.
- Ne crains rien, je reste avec toi.
- Je sais.
Derrière eux, la maison vibre sous la chaleur de l’été. Devant eux, la lande est accueillante, elle sent bon l’herbe et les plantes. Il lève les yeux vers le rocher d’Urdarklettur et les failles de Haervarskörd, parés d’un air estival.
Il attrape la main de Bergur. Puis tous deux longent la rivière et entrent dans le matin limpide.
Le monstre qui habitait les cauchemars de Simon s'appelait Grimur. Il n'était jamais son père ou son papa, il n'était rien que Grimur.
Je ne vais pas éluder ma responsabilité. Ce serait indigne et je ne le ferai pas. J'ai fait ce qu'elle m'a dit de faire et je l'ai aidée à cacher les traces. Je l'ai suivie aveuglément. J'aurais fait n'importe quoi pour elle. Je l'ai déjà dit. Elle avait sur moi un ascendant diabolique que j'ai du mal à m'expliquer, mais qui a fait que je me suis laissé aveugler.