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Critiques de Art Spiegelman (607)
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Maus : Intégrale

Emouvant!

Le témoignage d'un juif lors de la seconde guerre mondiale. Une survie constante. Une peur omniprésente. Une quête du bonheur.

Bouleversant!

Des exclusions. Des rejets . Du racisme. De l'antisémitisme.

Déchirant!

De la violence. De la haine. Un honte dans l'histoire.

Palpitant!

De la manipulation. De la traque. De la trahison.

Saisissant!

De la mort. De la vie.

Touchant!

De la tristesse. De la joie. De l'amour.

Il n'y a pas d'autres mots pour décrire Maus. Un chef d'oeuvre.
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Maus : Intégrale

Coup de coeur pour cette bande-dessinée qui me faisait de l'oeil depuis un moment. le travail d'Art Spiegelman est remarquable et touchant.



Tout d'abord, parlons des illustrations. J'ai beaucoup aimé son style imagé. Un coup de crayon "simple" mais efficace, des métaphores à travers la représentation des personnages qui sont réussies et des émotions retranscrites que j'ai trouvé convaincantes.



En ce qui concerne le récit, le fait de raconter aussi bien le passé de son père que la fabrication progressive de cet ouvrage est une idée qui m'a beaucoup plu. Les documents iconographiques et les cartes sont d'ailleurs des compléments qui renforcent ce récit brillamment.



C'est un ouvrage qui me laisse admirative. Admirative de la force et de l'instinct de survie de Vladek, un personnage haut en couleur qui semble agaçant mais qui finalement m'a semblé tellement attachant. Admirative aussi d'Art Spiegelman, de son travail, de son acharnement pour retracer l'histoire de son père. De plus, je trouve que cet ouvrage rend subtilement hommage à ceux qui ont tenté de survivre pendant cette période terrible de l'histoire européenne. Je pense particulièrement à certains personnages comme Mancie qui m'ont particulièrement touchée.



Petit plus futile, l'esthétique de la couverture de cette bande-dessinée que je trouve vraiment magnifique...
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Maus : Intégrale

Une référence incontournable de la BD américaine pour adultes en même temps qu'un chef-d'œuvre. Le narrateur new-yorkais est une souris qui demande à son vieux père de lui raconter comment il a survécu aux camps et à l'holocauste. Le vieux bonhomme se fait prier, car on ne se remémore pas si aisément des souvenirs aussi douloureux. Mais il finit par raconter l'enfer des camps, peuplés de SS chats qui martyrisent les victimes souris, évoquant l'ingéniosité, la ténacité et la volonté de vivre qui l'animait, pour se sauver, lui et sa femme... Courage, intelligence, volonté, quelles qualités surhumaines n'a-t-il pas fallu pour survivre, finalement ? Un témoignage puissant, dans le contraste entre les dessins apparemment enfantins en noir-blanc et l'atrocité du thème. Un irremplaçable témoignage de seconde main, un monument de piété filiale, un hommage aux victimes de la barbarie nazie.
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Maus : Intégrale

Nouvelle édition 2012 pour le 25ème anniversaire de la parution en France de texte majeur, couronné à l'époque par le Prix Pulitzer, ce beau volume entre les mains m'ouvre les portes d'un univers souvent imaginé - de loin, en rêve, tant de fois objet de mes envies de lecture. Il y a me semble-t-il à la lecture de cet ouvrage un paradoxe à éviter : lire Maus comme un livre nécessaire mais néanmoins dépourvu - a priori - des habits de terreur des ouvrages sur l'holocauste. Comme si ce livre pouvait à un moment entrer dans une catégorie à part des livres sur le sujet. Le support est pourtant idéal : à la narration de cette histoire familiale ; à la disance que Spiegelman met entre les personnages (des souris) et la vraie vie, entre son récit et lui-même. Il raconte d'ailleurs dans Metamaus comment ce texte s'est construit des vérités académiques, des vérités exprimées par son père, des vérités non révélées par sa mère. Voilà, ce livre est beau, simplement.
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À l'ombre des tours mortes

Le talentueux dessinateur de Maus était à Manhattan le 11 septembre. Ses enfants étaient à l'école au pied des tours.

Cet album commence donc par nous livrer "son" 11 septembre, la panique, l'incrédulité, le besoin incoercible d'aller chercher les enfants pour rassembler la famille.

Ensuite, Spiegelman, qui en connait un bout en matière de traumatisme, a réfléchi et observé, et nous donne son point de vue très, très critique sur la guerre en Irak et la politique américaine en général.

Et pour ce faire il convoque, dans la seconde partie de cet album, les héros de comics du début de siècle - le 20è je précise : Pim Pam Poum, Little Nemo, Happy Hooligan... une certaine idée des États-Unis.

Le tout dans un album qui est d'abord un curieux objet, aux pages cartonnées comme un livre pour enfants, à lire en hauteur dans une mise en page évoquant les unes de presse.

Il a livré ces chroniques à la presse, justement, et nous explique sa difficulté, sa lenteur à dessiner ; d'où le nombre de pages très réduit au final, de cet ouvrage.

Challenge Bande dessinée 2022
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Maus, un survivant raconte, tome 1 : Mon père..

J'ai pris la résolution de me tourner un peu plus vers les BD et romans graphiques. Il était temps de m'intéresser un peu plus au 9ème art et pas seulement aux Asterix et Tintin, déjà lus et relus.

Maus n'a plus besoin d'être présenté et est mondialement connu. 

Ce premier tome est très émouvant car avant de traiter de l'holocauste il présente un père et son fils et leur relation parfois tendue. 

Le fait que les personnages soient des animaux,  les juifs sont des souris traquées par les nazis dessinés sous les traits de chats,  n'allège absolument pas le sujet ni le destin cette famille si meurtrie.

À travers cette oeuvre ce n'est pas que le témoignage d'une page de l'Histoire avec une majuscule qui est mis en avant  mais surtout la transmission d'une histoire et d'un héritage familial.

Bouleversant évidemment,  ce livre est un merveilleux moyen de poursuivre notre devoir de mémoire et je le ferai lire aux jeunes lecteurs autour de moi.
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À l'ombre des tours mortes

Spiegelman, new-yorkais du Sub-Manahattan a vécu "en live" les attentats du 11 septembre 2001.

Son album de grosses pages cartonnées, comme les livres pour enfants, nous fait partager le traumatisme qui fut le sien.

Spiegelman raconte au lecteur, sa difficulté extrême à reproduire la destruction des tours jumelles. Il nous fait partager son désespoir et une sorte de certitude dans une fin du monde proche. Il l'offre avec la sobriété de son dessin talentueux à l'aune de ses sentiments tumultueux.

Spiegelman fait appel, ensuite, aux grandes planches des dessinateurs américains du début du XXe siècle, dans certaines desquelles il entrevoit une sorte de prémonition.

La vision de Spiegelman est à la fois structurée et syncopée, chaotique comme la situation de ce 11 septembre 2001. Elle apparaît comme singulière, parfois hallucinée.

A l'ombre des tours mortes est donc un album à lire, à fouiller et à relire.



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Maus, un survivant raconte, Tome 2 : Et c'e..

Mon père saigne l'histoire avait déjà marqué les esprits en apportant un témoignage original de la Shoah, sous la forme d’une fable caractérisée par un souci poussé du détail historique et présentée sous une forme unique. Et c'est là que mes ennuis ont commencé continue sur cette lancée.



De six, l'on passe à cinq chapitres. Trois sont directement consacrés à l'univers concentrationnaire, puis à sa lointaine et douloureuse délivrance. Deux chapitres nous invitent à prendre davantage de distance en nous ramenant vers un contexte tout différent. Ceux-là sont les plus courts. Si le passage par le camp d'Auschwitz demeure central, il est contrebalancé par une narration qui donne davantage de relief aux années 1970-1980. Artie tient une place comparable à celle de son père, malgré un quotidien radicalement différent.



Le fil-rouge reste le récit de Valdek. Nous le découvrons au soir de sa vie mais également dans l'enfer. Le récit de sa survie ne peut que faire penser au célèbre Si c'est un homme de Primo Lévi mais également à une œuvre de Bernhard Schlink : Le Liseur. Plus que jamais nous affaire ici à un chef d'œuvre littéraire.



Que dire de plus, qui n'a déjà été dit ? Celles et ceux qui auront lu la première partie liront la deuxième et inversement. Bien plus qu'une lecture, c'est ici une véritable profusion de sentiments et de souvenirs qui nous sont offerts. D'ailleurs, il sera bien difficile de tourner les dernières pages car l'on s'est attaché à l'univers. Le constat est curieux et il démontre le talent de l'auteur.



Assurément voici une lecture incontournable, une suite aussi réussie qu'indispensable qui nous offre même l’apparition d’un Français… devinez sous quelle forme ?
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Maus, un survivant raconte, tome 1 : Mon père..

Non, je n'avais pas encore lu "Maus" pourtant, ce n'est pas faute d'en avoir envie depuis quelques temps déjà.

Et puis les circonstances ont fait qu'enfin j'ai réussi à me procurer cette bande dessinée et alors là, quelle claque !

Des livres sur la Shoah, notamment des témoignages, j'en ai lus mais celui-là, il a un petit quelque chose de plus qui lui confère une autre dimension.

Non seulement Art Spiegelman a reçu le Grand Prix de la Ville d'Angoulême en 2011 mais son oeuvre "Maus" a au préalable reçu un Prix Pulitzer spécial en 1992, en plus d'être acclamée par la critique et les lecteurs et d'avoir été traduite en dix-huit langues.



A travers "Maus", l'auteur raconte la vie de son père, juif polonais tentant de survivre à la guerre en se cachant avec sa famille jusqu'à son arrestation et déportation en 1944 : "Et là, dans le camp de concentration Auschwitz, on est arrivés. Et on savait que de là, on sortirait plus jamais ...".

Ce premier tome couvre les années 1930 jusqu'à 1944 et l'arrivée au camp d'Auschwitz, avec une alternance entre le passé et le présent puisque l'auteur interroge son père qui lui raconte au fur et à mesure son passé, sa rencontre avec sa mère, leur mariage et les premières années de vie commune jusqu'à l'arrivée et la montée du nazisme en Europe : "C'était début 1938 - avant la guerre - et au centre de la ville, un drapeau nazi ... Pour la première fois, là, de mes propres yeux, la croix gammée j'ai vue ...".

L'histoire est particulièrement forte et poignante, servie par un graphisme exclusivement en noir et blanc.

Il se dégage du récit de Vladek Spiegelman une volonté de vivre d'une puissance extrême, une soif de vie et de survie malgré les évènements et les difficultés qui ne font que s'accumuler : "Je ne vais pas mourir et surtout pas ici ! Je veux être traité comme un être humain !".

Néanmoins, dès les premiers dialogues le lecteur perçoit aussi la personnalité de Vladek, un homme dur, notamment avec sa seconde épouse, ne gaspillant rien, avec un rapport plus que particulier vis-à-vis de l'argent.

En somme, un homme qui a été transformé par son vécu, qui n'est plus tout à fait le même qu'avant, une partie de lui est morte là-bas, à Auschwitz, envolée par la cheminée.

Et même si pendant un temps personne ne soupçonnait ce qu'il advenait des Juifs qui disparaissaient : "Ils croyaient qu'à Théresienstadt, ils allaient. Mais à Auschwitz, dans la chambre à gaz, ils ont été.", bien vite ils ont fini par apprendre l'existence des chambres à gaz : "Une chose est sûre. C'est terrible dans le ghetto mais c'est encore pire d'être déporté !".

Le dernier chapitre intitulé "La souricière" porte très bien son nom : c'est une souricière implacable qui finit par se refermer sur la famille Spiegelman qui avait jusque là à peu près réussi à passer entre les mailles du filet bien que certains membres aient déjà été déportés.

Les dessins en noir et blanc accentuent la dureté et l'horreur de ces années, d'autant plus que la forme de bande dessinée pourrait faire oublier le fait qu'il s'agisse d'une histoire vraie, d'un témoignage, et non d'un récit de fiction. Mais avec un tel contenu il est impossible de croire un seul instant à de la fiction, ni même à un dessin animé du fait de la présence d'animaux.

D'ailleurs, l'aspect de déshumanisation du régime nazi a été illustré de façon très intelligente par Art Spiegelman qui, au lieu de donner un aspect humain à ses personnages, les a créés sous forme d'animaux.

Ainsi, les Juifs sont des souris, les Nazis des chats, les Polonais des porcs, à chaque pays ou religion ou régime politique son animal.

Ce parti pris renforce pour moi d'autant plus le caractère original et exceptionnel de cette oeuvre.

Une fois plongée dans l'histoire je n'ai pas pu m'arrêter et c'est d'une traite que j'ai lu ce premier tome pour enchaîner aussitôt avec le second.

Outre l'histoire de son père, Art Spiegelman revient aussi sur un fantôme omniprésent dans le récit : sa mère qui s'est suicidée en 1968.

Elle est certes présente par le récit de son père mais également par le biais d'une des premières bandes dessinées de l'auteur, "Prisonnier sur la planète enfer", qui figure dans l'un des chapitres, le père de l'auteur l'ayant trouvée et lue.

Non seulement Art Spiegelman cherche à survivre à son père et à trouver sa place par rapport à lui, l'écriture de son passé pendant la Seconde Guerre Mondiale en étant une forme, mais il cherche aussi à saisir sa mère et à la comprendre.

En écrivant "Maus", l'auteur cherche à se réconcilier avec ses parents et à finalement trouver sa place dans le monde et à s'accepter tel qu'il est : celui qui est né après la Guerre, celui qui ne l'a pas connue ni les camps d'extermination, celui qui a survécu contrairement à son frère Richieu mort pendant la Guerre.



"Maus" est une bande dessinée sans précédent à l'échelle littéraire planétaire et à ma nettement plus modeste échelle littéraire.

C'est une histoire honnête et authentique mise en scène et illustrée de façon pertinente et intelligente par Art Spiegelman, une histoire dont aucun lecteur ne peut ressortir indemne et indifférent et qui m'a sans doute marquée à vie.
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MetaMaus

Rarement le lecteur a cette possibilité de lire simultanément le livre finalisé et le work-in-progress de son élaboration. Avec Metamaus, Art Spiegelman décortique l'aventure qui l'a conduit à écrire la légendaire bd sur l'holocauste. Il y répond à toutes les questions, y compris celles un peu complexes sur la relation avec son père. Cette expérience est rare en effet, de pouvoir marcher au pas de l'auteur dans la construction de son texte, de la méthode à toutes les questions qu'il a pu se poser dans son parcours avec cette oeuvre-monstre. J'ai la chance aussi de découvrir Maus - que je voulais lire depuis longtemps - simultanément.
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Maus, un survivant raconte, tome 1 : Mon père..

Art Spiegelman est un auteur de bande dessinée et un illustrateur que l'on ne présente plus. Sa bande dessinée « Maus, Un survivant raconte » récit autobiographique, est l'oeuvre qui l'a fait connaître dans le monde entier.

Art Spiegelman a toujours voulu écrire un livre sur l'histoire de ses parents et c'est dans la maison de Rego Park, à New York, où il a passé son enfance, qu'il consigne les souvenirs de son père,Vladek, un Juif polonais, rescapé des camps de la mort. Vladek vit désormais avec Mala, une autre survivante. Sa première femme et mère d'Arthur, Anja, s'est suicidée alors qu'Arthur avait 20 ans.

"Maus" alterne donc deux époques : les années 1980, les années pendant lesquelles Art Spiegelman  écrit son livre et les années 1930-1940 avec les témoignages  bouleversants du passé de sa famille et la vie personnelle de Vladek, son père.



Dans ce premier volume intitulé "Mon père saigne l'histoire", on suit la rencontre de Vladek, alors petit représentant en textile, et Anja, fille d'une riche famille de bonnetiers. Leurs premières années de mariage sont vite marquées par la seconde guerre mondiale. de l'entrée en guerre de la Pologne et des premières persécutions nazies jusqu'à la déportation de Vladek et sa femme Anja à Auschwitz en passant par les combines et les cachettes pour survivre dans le ghetto, c'est un récit terrible et dur que nous livre Art Spiegelman. Vladek ne cache rien de la violence des hommes, qu'ils soient nazis, polonais ou juifs, n'hésitant pas à raconter dans le ghetto les trahisons, les dénonciations, que seul l'appât du gain pouvait éviter.

C'est aussi le récit d'un fils de survivant où le père et le fils entretiennent une relation compliquée. Devoir de mémoire, héritage terrible, construction identitaire, Art Spiegelman est lui aussi un survivant de l'Holocauste et doit lui aussi trouver le moyen d'avancer.

Niveau graphisme, des dessins en noir et blanc où des souris figurent les juifs, et des chats, les nazis, pour raconter l'enfer des camps d'extermination pendant la seconde guerre mondiale. Prix Pulitzer, la BD s'est imposée dans plusieurs pays, comme la France, comme un classique du « devoir de mémoire », au point de figurer dans les programmes scolaires. À juste titre.
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Maus : Intégrale

Info étonnante : un conseil scolaire du Tennessee a voté récemment à l'unanimité pour bannir de l'enseignement le roman graphique « Maus », dont le thème central est l'Holocauste. Selon ce conseil de 10 personnes, il contiendrait des éléments « inappropriés » pour les élèves. Encore une dérive de la « pensée unique » ?



Qui, pourquoi, quelles images « inappropriées » : les censeurs parlent d'une image de femme nue et de huit jurons que ne sauraient lire les jeunes lecteurs de ce chef-d'oeuvre de la bande dessinée moderne (Cachez ce sein …)



J'ai donc relu cet ouvrage pieusement conservé dans ma bibliothèque, publié d'abord dans la revue de BD et d'avant-garde RAW, et qui fut un événement de l'édition, couronné par le prix Pulitzer en 1992, et que j'avais découvert dès sa parution en français, très bien traduit par Judith Ertel.



J'ai bien cherché, je n'ai pas trouvé de femme nue … et les quelques jurons échappés à côté des monceaux de morts dans les camps ou assassinés lors des marches de la mort, quel mauvais procès !



C'est en effet un ouvrage à double lecture.

Au premier degré, c'est le témoignage d'un rescapé de la Shoah, Vladek, recueilli par son fils Art Spiegelman, né en 1948, et qui veut savoir pourquoi sa mère, elle aussi rescapée, s'est suicidée en 1968.



Moi aussi, en 1993, j'ai retranscrit les souvenirs de mes parents et en particulier ceux de mon père, échappé des camps de prisonniers allemands en février 1942 (mais rien à voir avec les camps d'extermination nazis).



Vladek s'est remarié, avec une survivante elle aussi. Mais la vie commune est particulièrement difficile.



Au-delà, c'est la relation complexe entre un fils qui veut comprendre comment, si ce n'est pourquoi, une telle barbarie a existé, et qui constate les stigmates qui continuent à ronger ce survivant, et ont définitivement ravagé ce qui lui reste de vie, conduisant à des réflexes de survie qui l'envahissent jusqu'à l'étouffer littéralement …



C'est peut-être ici la partie la plus émouvante de ce témoignage. L'auteur et dessinateur choisit, ici aussi, la technique narrative anthropomorphe : les juifs sont représentés comme des souris – pas complètement par hasard puisque la propagande nazie assimilait les Juifs à des rats – les Polonais en porcs, les Français en grenouilles (Froggies), les Suédois en rennes, les Allemands nazis en chats, sauvages …



Lorsqu'un Juif ne porte aucun signe distinctif de sa condition (l'étoile) pour « arranger » des transactions avec des non-juifs, il porte un masque de cochon … car rien en fait ne le distingue des Polonais « de souche ».



Il est super malin, ce Vladek. Jamais découragé.

Fort, courageux et amoureux aussi, il va tout faire pour survivre, retrouver sa chère Anja, utiliser tous les ressorts des relations et des réseaux familiaux, apprendre plusieurs métiers, travailler comme un esclave, épargner le moindre bout de pain 'pour l'échanger avec autre chose, se faire bien voir, corrompre les kapos, se sortir de situations désespérées.



Il a de la chance …

Ayant réussi à émigrer aux Etats-Unis – sa connaissance de l'Anglais lui aura été bien utile – enfin, un anglais encore construit à la manière yiddich (excellente traduction !) – il continue à vivre après la guerre comme si tout pourrait venir à nouveau à lui manquer.



En réalité, son fils constate qu'il n'est jamais tout à fait revenu des camps. Et même, qu'il devient absolument insupportable, exigeant, d'une avarice calamiteuse.



Ce livre est un monument. Choquant, c'est évident, et c'est encore peu dire à côté de ce que nous savons de la Shoah, c'est un témoignage circonstancié, précis et précieux. Qu'il ne convienne pas à des enfants trop jeunes, sans doute … mais qui est indispensable à de jeunes gens pour leur rappeler ce qui s'est passé au siècle dernier en Europe, et que certains dénient aujourd'hui.



A noter : en réaction à la décision des écoles du Tennessee – un état républicain depuis toujours – Ryan Higgins, libraire californien, a proposé d'envoyer un exemplaire de Maus à toutes les personnes de cet Etat qui lui en feraient la demande pour leurs enfants : des milliers de demandes lui ont été transmises !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Maus : Intégrale

MAUS c'est dense, intense, sombre et humain à la fois

bref, c'est Costaud.



Une souris verte qui courait dans l'herbe...

On l'attrape par la queue, on la montre à ces messieurs...

LE PROBLEME : elle est juive, monsieur, JUIVE !



Pour ne jamais oublier

à une époque où bien des gens seraient tentés..



Quand le roman graphique remue autant le passé

C'est qu'il a encore de l'avenir !



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MetaMaus

Vous avez Maus à portée de main ?

Vous avez lu Maus récemment ?



Vous voulez savoir pourquoi Maus parle de l'holocauste ?

Vous voulez savoir comment Art Spiegelman a été amené à écrire Maus ?

Pourquoi des souris ?

Quelle est la genèse de Maus, de ses planches les plus importantes ?

Comment recueillir le vécu de proches ayant traversé cette période abjecte ?

Ses proches parlaient-ils de l'holocauste avant qu'Art leur demande de raconter ?



Ce n'est pas un making-of c'est une introspection profonde d'Art Spiegelman sur sa création, la vie des survivants, le témoignage
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Maus : Intégrale

Un chef d'oeuvre absolu.



Maus est un monument de la bande dessinée et un monument tout court.



C'est une oeuvre indispensable et un témoignage rare sur l'histoire de l'Europe avant et pendant la seconde guerre mondiale.



Maus est construit à la façon d'un reportage, celui qu'a fait Art Spiegelman en écoutant son père Vladek, juif polonais rescapé des ghettos et des camps de concentration.



Le récit principal porte sur l'histoire de Vladek et de sa famille à partir des années 1930 jusqu'à la fin de la guerre. C'est l'histoire d'une famille juive polonaise qui va peu à peu se déliter au fil de l'avancée de la guerre et des atrocités liées à l'idéologie nazie. C'est un récit de drames terribles, un rappel invitant à ne jamais oublier.



Le choix de la narration à deux époques est très bien réalisé et permet de comprendre en partie la relation père-fils qui s'est construite entre Art et son père, qui est le deuxième sujet de Maus et non moins intéressant que le premier. Les difficultés relationnelles entre Art et son père sont évoquées sans approfondissement particulier, mais il se dégage des pages une certaine émotion, et l'on sent une réelle souffrance pour Art qui porte le poids de l'histoire de sa famille et peine à trouver sa place.



Les dessins sont minutieux et saisissants de réalisme et d'expressivité, malgré le choix de la représentation des humains en fonction de leur origine (souris pour les juifs, chats pour les allemands, cochons pour les polonais), choix que j'ai trouvé d'une grande pertinence et, paradoxalement, donnant un relief particulier aux personnages.



Il faut lire cette BD jusqu'au bout et notamment l'avant-dernière case qui est à mon sens terrible, à la fois source et révélatrice d'une intense douleur pour le père comme pour le fils, peut-être inéluctable.



Je ne pense pas avoir une quelconque légitimité pour critiquer une oeuvre pareille donc je vais m'arrêter là.



Si vous ne retenez qu'une chose, Maus est à lire, vraiment...
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Maus : Intégrale

Intégrale que j'ai mis assez longtemps à lire, pas parce qu'il n'est pas bien, non parce que cet enchaînement de malheur est dur à digérer.

L'originalité de personnifier chaque nationalité ou appartenance religieuse par un animal est prodigieuse. Le récit en devient plus fluide.

Le fait d'alterner entre les questions au père et le récit est aussi appréciable. il rajoute une surcouche d'humanité dans cette bande dessinée.

Le noir et blanc permet de garder de la tension.

Témoignage poignant qu'il faut absolument lire...
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Breakdowns

Breakdowns est le mal-aimé d’Art Spiegelman. Après avoir hésité à trimballer sur soi, de la bibliothèque ou de la librairie jusqu’à son domicile, cet album de grand format, on apprend ainsi qu’il s’agit du fruit le plus embarrassant des travaux graphiques de l’auteur. Art Spiegelman s’excuse : s’il a finalement réussi à faire publier ses recherches dessinées, ce n’est pas faute d’avoir essayé d’échouer en proposant par exemple ses planches à l’hebdomadaire « East Village Other », si pourri qu’Art Spiegelman était donc « certain d’avoir toutes [ses] chances ». Et le travail de dépréciation continue. En quelques planches autobiographiques centrées sur son enfance, Art réussit presque à nous apitoyer sur le sort d’un gamin gauche, maladroit et inadapté au monde social, qui ne trouve d’autre remède à sa marginalité que la lecture de comics et de romans fantastiques, l’écriture et le dessin. Il réussit presque à se forger une image pitoyable et s’il n’y parvient pas totalement c’est qu’à son habitude, il raconte avec la distanciation qui fera plus tard l’horreur sans pathétique de Maüs, ajoutant encore une belle dose d’autodérision personnelle et familiale. L’humour, chez Art Spiegelman, n’adoucit jamais son propos et ne transforme pas ses planches en bluettes banales. « L’humour est, pour l’essentiel, une forme raffinée d’agressivité et de haine ».





Pourtant, Art Spiegelman semble commettre une fois le crime d’abandonner cet humour en chemin. Après des planches autobiographiques et des réflexions théoriques sur la bande dessinée, on parvient à ce point de Breakdowns où la narration et le dessin s’envolent dans l’expérimental. On avait commencé à soupçonner l’amorce de ce tournant lorsque Art Spiegelman imitait les dessins caoutchouteux de ses comics préférés –reflets d’une réalité grotesque qui auraient été encore tordus, étirés, grossis, rendus flexibles et sirupeux à la manière des personnages les plus inquiétants d’un Robert Crumb, par exemple. Mais l’expérimentation ne se contente pas de l’imitation et Art Spiegelman va plus loin lorsqu’il rajoute des sérigraphies héritées du pop art, des essais de cubisme à l’arrache, un puzzle narratif et d’autres expérimentations temporelles. Si tous ces essais se lisent avec curiosité, ils ne sont toutefois pas bouleversants et ne permettent pas de crier au génie. Il s’agit peut-être encore d’une nouvelle forme d’humour singeant les conventions artistiques de la bande dessinée et de l’art pictural pour faire valoir l’agressivité d’un ego spiegelmanien qui se cherche.





Art Spiegelman ne cherche pas à faire passer des vessies pour des lanternes et avoue ses ambitions presque mégalomaniaques dans une postface à la manière joycienne. Autodérision –encore ! Portrait de l’artiste en jeune %@S*! est la preuve que cet album résulte surtout d’une pose artistique de l’auteur –ce qui ne lui enlève aucun mérite- et qu’elle consiste en une étape cruciale de son développement jusqu’à ses œuvres de maturité. Celles-ci, enfin, n’auront plus besoin de perdre leur lecteur en chemin dans des expérimentations pas si géniales que ça pour captiver leur attention et susciter leur admiration.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Maus : Intégrale

J'ai refermé le livre... et sûr, celui-ci, je ne l'oublierai pas. Comme beaucoup d'ouvrages qui traitent du nazisme et de l'extermination des juifs, celui-ci est bouleversant. Sa particularité tient dans le fait que c'est une BD : l'approche est différente et remarquable.

A lire absolument.
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Maus : Intégrale

Que dire de cette œuvre? Il faudrait la mettre entre les mains de tous ces gens, de plus en plus nombreux, qui promeuvent des thèses d'exclusion de tous ceux qui ne leur ressemblent pas. Bouleversant d'humanité. Un monument au devoir de mémoire, où les victimes sont dépeintes de façon réaliste; ce ne sont pas des anges, parmi eux, il y avait des traitres, des salauds, mais ce qui leur est arrivé est ignoble et personne, personne, jamais ne devrait avoir vécu cela.
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Maus : Intégrale

Art Spiegelman a voulu faire une BD sur son père Vladek, sa vie en Pologne, ses souvenirs de guerre. Ils ne sont pas très proches et Art sait peu de choses sur la vie qu'ont eue ses parents avant la guerre. Vladek lui parle donc de sa rencontre avec Anja sa femme, de la naissance de Richieu son fils décédé, de son incorporation dans l'armée polonaise. Vladek est horriblement marqué par tout ce qu'il a vécu et est parfaitement insupportable à vivre. Son obsession de ne rien gaspiller, de garder son argent pour un avenir incertain le pousse à commettre des choses incompréhensibles pour son fils. Il lui raconte néanmoins ce qu'il a vécu, comment il s'en est sorti en étant à la fois prudent et volontaire avec une foi en l'avenir qui l'a sauvé. Il décrit la Shoah, des choses connues ou moins connues, avec le ton du père, son accent, ses tournures de phrase attendrissantes.

On comprend l'importance de l'entr'aide, de l'argent, la difficulté de prendre des décisions, d'anticiper les directives allemandes toujours plus restrictives, de croire les nouvelles impensables qu'ils commençaient à entendre.

Rien de nouveau pour moi mais le traitement en BD est à la fois plus descriptif et moins insoutenable. De même le fait d'avoir dessiné des animaux est plus supportable et n'empêche pas de faire oeuvre de mémoire. Ce qui est le but recherché. Les allers-retours entre le présent et le passé montrent bien les conséquences dans la vie des rescapés 40 ans plus tard.

A recommander aux jeunes générations.
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Quels animaux sont représentés à la place des juifs, polonais et allemands ?

Serpents, pigeons, souris
Souris, cochons, chats
Areignées, rats, chiens
Hamsters, tortues, girafes

10 questions
126 lecteurs ont répondu
Thème : Maus, un survivant raconte, tome 1 : Mon père saigne l'histoire de Art SpiegelmanCréer un quiz sur cet auteur

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