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Critiques de Art Spiegelman (607)
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Maus : Intégrale

Étant en histoire, je ne pouvais pas passer à côté du chef-d'œuvre du genre (n'ayons pas peur des mots). En effet, cette BD est culte à bien des égards.



Tout d'abord, je pense qu'il est important de souligner son ancienneté, qui permet de bien cerner cette œuvre dans l'histoire des mentalités (elle apparue juste avant les grandes recherches et théories sur les camps et les survivants ... drôle de coïncidence non ?). Et puis surtout, elle fait partie des anciennes BD, celles qui ont ouvert les portes à plein d'autres choses.



En second lieu, ce qui frappe beaucoup de monde dans cette BD, c'est le dessin (bien que je n'ai pas spécialement été choqué par ça). Minimaliste, en noir et blanc, animalier, "simple". Un dessin qui sert son histoire, mais j'y reviens juste après. Ce qui est "amusant", c'est aussi cette distinction entre chaque pays et entre les juifs, avec plusieurs sortes d'animaux. Mais en fait on rentre très vite dedans, le dessin ne gênant plus à partir de deux pages. Et certaines planches sont véritablement belle (si !).



Mais surtout, la grande force de Maus, son excellence, c'est ce scénario à deux facettes, cette histoire double d'un père et de son fils, d'une opposition constante dans le présent ramenée à une relation beaucoup plus calme et simple dans le récit du passé.

Les deux livres sont découpés en plusieurs chapitres, avec un nouveau chapitre de l'histoire du père intercalée entre deux tranches du présent. Du coup, on se sent comme Art Spiegelman, comme si on le suivait dans sa recherche historique du passé. On est avec lui dans la vie, et comme lui on écoute parler ce père marqué à vie par l'épisode de sa vie qu'il conte. Car il ne raconte pas, il conte véritablement. On est entrainé dans une histoire tellement prenante qu'il est quasiment impossible de décrocher dès que l'on rentre dedans.



Analyser Maus est quelque chose d'énorme, dans lequel je n'aurais pas la prétention de me lancer. Mais cette œuvre touche tout public, par son message, par son humanité et sa dés-humanité, par ces deux histoires à la fois triste et pourtant terriblement vraie.



Maus est bien plus qu'un simple témoignage sur les camps. C'est un témoignage sur l'humain, sur son horreur, sur ses faiblesses et ses forces, sur sa partie la plus sombre et parfois aussi la plus belle. Sur nos actes et leurs conséquences funestes, parfois bien plus loin qu'on ne le pense.



Cette BD est à mon avis un indispensable sur n'importe quelle étagère d'un lecteur, même occasionnel. Il est presque impossible de passer outre.
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Maus : Intégrale

Ce livre est plutôt ancien et pourtant il est ramené sur le devant de la scène éducative par la décision de certains conseils d'école ou autres autorités éducatives, locales jusqu'à présent, d'interdire ce livre dans les bibliothèques des lycées. Cette décision est une censure typique dans le pays qui prétend être le champion de la démocratie et de la liberté d'expression. Qu'est-ce que la liberté d'expression si la liberté de distribuer ce qui a été librement produit est niée ou du moins limitée ?



Mais qu'y a-t-il de si brûlant dans ce livre pour que certaines associations de parents d'élèves (PTA) déterrent leurs tomahawks ou leurs hachettes et se lancent sur le sentier de la guerre contre ce livre, qui date de plusieurs décennies et n'avait jamais été confronté à une telle étroitesse d'esprit, car la censure est toujours une étroitesse-très-étroite d'esprit.



Le livre est l'histoire d'une famille juive de Pologne confrontée à la fin des années 30 et pendant la Seconde Guerre mondiale à la solution finale, le génocide des Juifs d'Europe sous la responsabilité d'Hitler, mais pas seulement Hitler, loin de là, car après la guerre, dans la Pologne moderne, les Polonais considéraient que la présence des Juifs avait été résolue par cette solution finale. Très peu de personnes (pas seulement les Juifs, mais aussi les Tziganes, les activistes politiques, les chrétiens, les homosexuels et les lesbiennes, et bien sûr toutes sortes de personnes handicapées et de "cas" psychologiques) ont survécu à leurs involontaires camp de travail final, séance de douche, expérience de laboratoire, ainsi qu’à la famine, ou simplement aux balles ou aux coups qui les menaient directement aux "fours", où ils étaient rôtis et incinérés, certains pas nécessairement complètement morts (avaient-ils le temps d’attendre ou la brutalité nécessaire pour le coup de grâce) en cendres dispersées ensuite dans les vastes plaines autour d'Auschwitz et de Birkenau.



En suivant la trajectoire de deux survivants, mariés avant la déportation et qui, par pure chance, ont réussi à survivre séparément et à se retrouver après la guerre pour une seconde lune de miel qui donnera naissance à un second fils, le premier ayant disparu dans la procédure et le calvaire de la déportation. Et c'est ce deuxième fils de leur deuxième chance qui a recueilli ce qu'il a pu de la mémoire de son père, sa mère étant morte bien avant, et il nous raconte cette vieille histoire qu'il encadre systématiquement dans le temps présent où il interroge son père et suit son dernier délitement dans la mort.



Le plus intéressant est la description de ce que nous appelons aujourd'hui le PTSS (Syndrome de Stress Post traumatique). Le père est absolument et entièrement dominé et contrôlé par ce stress post-traumatique historique hérité de sa propre mémoire et de l'ensemble de son système nerveux central, cerveau, esprit et âme, comme quelque chose qu'il ne peut plus éluder et qu'il essaie de transmettre à son propre fils, ce qui rend la vision du monde de son fils légèrement difficile parce que quelque part, un syndrome de stress post-traumatique historique aussi profond peut être transmis d'une génération à l'autre et sur six ou dix générations, selon la longueur et la profondeur de l'expérience historique qui a conduit à ce stress post-traumatique. Pensez à l'esclavage aux États-Unis et au fait que les Noirs afro-américains souffrent toujours du stress post-traumatique qui en découle et de la ségrégation instaurée par les Américains blancs de race blanche à l'encontre de toutes les minorités non caucasiennes qui deviennent majoritaires lorsqu'elles sont unies à la minorité progressiste des Américains blancs.



Ce livre est donc l'histoire, et c'est la seule façon pour la plupart des adolescents américains de connaître cette période de cette triste histoire, car très peu d'Américains auront l'occasion de visiter Auschwitz, Buchenwald, Birkenau, Ravensbrück, Dachau, et bien d'autres qui sont encore debout, du moins en partie, comme mémoriaux, monuments et musées.



Honte à ceux qui veulent effacer cette histoire pour des raisons purement raciales et idéologiques en essayant simplement de l'éliminer de la mémoire collective. Ce que ces Américains ne comprennent pas, c'est que de telles attitudes sont le signe évident que les États-Unis ne sont plus le phare moral qu'ils prétendent être, c'est-à-dire la seule nation n° 1 qui mène le monde dans la direction de la liberté, de la vérité et des croyances humanistes. Il est grand temps que le monde tourne cette page de négationnisme. Il est vrai que cela sera plus dur que difficile, surtout avec la situation désolante qui se développe, qui pourrit lentement en Ukraine après la situation insensée qui s'est développée en Serbie et autour de la Serbie dans les années 1990, qui a été la première guerre en Europe après la Seconde Guerre mondiale. L'Ukraine n'est pas la première, mais la deuxième. La guerre en ex-Yougoslavie a été menée par l'OTAN et entre autres par un ministre français, Kouchner. Je négligerai les troubles en Géorgie, lorsqu'un président géorgien a tenté de s'emparer de la moitié russe de l'Ossétie, et, bien sûr, la guerre contre les terroristes islamistes de Tchétchénie. Et nous, en France, nous nous souvenons des cinq ou six années de la guerre d'Algérie où le FLN et l'OAS posaient des bombes en France et où l'armée française en Algérie a failli envahir la France si les appelés sur les aéroports ne s'étaient pas mis en grève, refusant de remplir les réservoirs des avions qui devaient atterrir, entre autres, à Mérignac, à côté de Bordeaux en 1961.



Docteur Jacques COULARDEAU





ENGLISH VERSION



This book is rather old and yet it is brought back to the limelight of the educational stage by the decision of some school councils or other educational authorities, local so far, to ban the book from high school libraries. That decision is typical censorship in the country that pretends they are the champions of democracy and freedom of expression. What is freedom of expression if the freedom to circulate what has been freely produced is negated or at least limited?



But what is so fiery about this book that some Parent Teacher Associations (PTAs) collect their tomahawks or hatchets and get on the warpath against this book, which is decades old and had never been confronted with such narrow-mindedness because censorship is always narrow-very-narrow-mindedness.



The book is the story of a Jewish family from Poland confronted in the late 1930s and during the Second World War with the final solution, the genocide of the Jews in Europe under the responsibility of Hitler, but not only Hitler far from it, because after the war, in modern Poland, the Poles considered the presence of Jews had been solved by this final solution. Very few people (not only Jews, but also gypsies, political activists, Christians, gay and lesbian people, and of course all sorts of handicapped people and psychological “cases”) survived their involuntary final workcamp, shower session, laboratory experiment, and starvation, or simply bullets or beatings leading directly to the “ovens,” where they were roast-cremated into ashes scattered then over the vast plains around Auschwitz and Birkenau.



By following the trajectory of two survivors, married before deportation and who, out of pure luck, managed to survive separately and to be reunited after the war for a second honeymoon that will lead to a second son, the first one having disappeared into the deportation procedure and ordeal. And it is this second son of their second chance who collected what he could from the memory of his father, his mother having died quite sometime before, and he is telling us this old story he systematically frames into the present time when he is questioning his father and following his slow decay into death.



What is most interesting is the description of what we call today PTSS. The father is absolutely and entirely dominated and controlled by this historical PTSS inherited in his own memory and full central nervous system, brain, mind, and spirit, as something he cannot evade anymore and he is trying to pass to his own son, which makes his son’s vision of the world slightly difficult because somewhere such deep historical PTSS can be passed from one generation onto the next and over six or ten generations, according to the length and depth of the historical experience that led to this PTSS. Think of slavery in the USA and the fact Black African Americans are still suffering from both the PTSS that came from it and the segregation that was instated by the white Caucasian Americans against all non-Caucasians minorities that are becoming the majority when united with the minority progressive white Americans.



This book is thus history, and it is the only way most American teenagers can know about this period of sad history because very few Americans will have the opportunity to visit Auschwitz, Buchenwald, Birkenau, Ravensbrück, Dachau, and quite a few more that are still standing, at least partly, as memorials, and monuments, and museums.



Shame on those who want to erase this history for purely racial and ideological reasons by just trying to eliminate it from collective memory. What these Americans do not understand is the fact that such attitudes are the obvious sign the USA is no longer the moral beacon they pretend to be, hence the only #1 nation leading the world in the direction of freedom, truth, and humane beliefs. It is high time the world turns this page of negationism. True enough, that will be more difficult than hard, especially with the sorry situation that has been developing, slowly rotting away in Ukraine after the foolish situation that developed in Serbia and around Serbia in the 1990s, which was the first war in Europe after the Second World War. Ukraine is not the first one but the second. The war in ex-Yugoslavia was led by NATO and among others a French minister, Kouchner. I will overlook the troubles in Georgia when a Georgian president tried to capture the Russian half of Ossetia, and, of course, the war against the Islamic terrorists of Chechnya. And we, in France, remember the five or six years of the war in Algeria when FLN and OAS had bombs in France and the French army in Algeria nearly invaded France if the draftees on the airports had not gone on a strike, refusing to fill the tanks of the planes that were supposed to land, among other places, in Mérignac, next to Bordeaux in 1961.



Dr. Jacques COULARDEAU


Lien : https://jacquescoulardeau.me..
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Maus : Intégrale

Prière pour les souris.



J'ai onze ans, peut-être douze, le CDI de mon collège est déjà un refuge pour échapper au brouhaha de la cour de récréation. Parmi les rayonnages de livres et de BD que je commence à connaître par cœur, je suis intrigué par une BD en deux volumes qui représente sur sa couverture deux souris anthropomorphes surplombés par un drapeau nazi menaçant. Le titre ne me dit rien, Maus, ça veut dire quoi Maus ? se demande l'adolescent inculte que je suis. Je ne le sais pas encore mais mon âme d'enfant va disparaître ce jour-là.



Jusqu'ici l'Holocauste était pour moi une page sombre de notre histoire. Cela évoquait en moi une longue procession de victimes anonymes en noir et blanc, marchant vers la mort. Une page lointaine de l'histoire qui ne me concerne pas. Maus va tout changer, tout anéantir et tout reconstruire.



Soudainement les victimes ont un visage, un corps, une personnalité, une âme et un cœur. Ce ne sont plus des silhouettes squelettiques aperçues lors des reportages télévisuels mais des êtres vivants dont le témoignage me soulève le cœur au plus fort d'une tempête émotionnelle sans nom, dont les destins m'écorchent le cœur aux lames de l'Histoire. Mes joues ne sont pas réchauffées par les rayons du soleil, ce jour-là, mais par le sel de mes larmes.



Aujourd'hui ce chef-d'œuvre fait de nouveau parler de lui suite à la campagne de pudibonderie dont seuls les États-Unis savent nous régaler. Résultat, on n'a jamais autant parlé de cette pierre importante de l'édifice mémoriel. Et de me dire que, peut-être un élève curieux n'aura jamais l'occasion de porter les yeux sur cet ouvrage parce qu'un adulte, qui se croit bienveillant, en a décidé autrement.



Alors j'ai décidé de témoigner moi aussi. À ma petite échelle, sur ce que ce récit m'a apporté, sur l'adulte qu'il a contribué à ce que je devienne. Je voudrais que mon petit statut d'amoureux des livres serve, à travers ce post, à rappeler combien il est important de se remémorer ces ténèbres qui ont hanté le monde.



Alors souvenez-vous.
Lien : https://culturevsnews.com/
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Maus : Intégrale

Maus c'est l'histoire de Vladek Spiegelman, polonais, juif et survivant d'Auschwitz. Maus c'est aussi l'histoire de son fils, de ses difficiles relations avec un père qu'il a du mal à comprendre. Maus c'est avant tout une page d'histoire pour mieux comprendre l'Holocauste.





Raconter cette partie de la 2e guerre mondiale en BD (pardon en roman graphique...) était délicat. La raconter en représentant les juifs comme des souris face aux chats allemands, audacieux. Et pourtant le tout fonctionne parfaitement. On se retrouve totalement happé dans ce récit qui laisse apercevoir toute l'horreur de cette période sombre. On y découvre les combines pour survivre, les aides et les trahisons, les déplacements incessants en quête d'un semblant de sécurité, les séparations avec les proches, ceux que l'on ne reverra jamais, souvent, ceux que l'on finira par retrouver, plus rarement.



Mais par delà un récit maintes fois exploité sous diverses formes, se pose aussi la question des descendants. Comment comprendre ce passé pesant et traumatisant de ses parents, comment surtout vivre sa vie dans l'ombre de fantômes que l'on n'a jamais connu. Art Spiegelman s'est ainsi attaché à ne pas seulement se contenter des faits historiques sous la forme des souvenirs de son père mais aussi d'en montrer les conséquences bien après la fin de la guerre.





En cela, Maus est une oeuvre essentielle à découvrir. Le dessin en noir et blanc y apporte une sobriété, une justesse dans un récit émouvant et édifiant. Je n'aurais finalement qu'un seul regret en refermant cet ouvrage, la fin trop abrupte à mon goût qui me laisse un sentiment d'inachevé dans la réflexion et la démarche de l'auteur.
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Maus : Intégrale

En lisant (enfin) cette oeuvre, j'ai compris pourquoi c'était un best-seller.



Inclure l'interview dans l'histoire pour bien ancrer le côté réel de la chose, également pour ramener le choc encore dans le présent pour les survivants et leurs enfants, c'est original et cela rend le témoignage encore plus poignant, encore plus réel.



Comme souvent avec les témoignages de la Seconde Guerre Mondiale, il est difficile d'imaginer que cela est vrai, que cela a pu arriver à un seul homme, tant les rebondissement sont nombreux, la chance souvent présente.



L'omniprésence du "on savait tous ce qui se passait" est un témoignage fort pour contredire ceux de l'autre camp, qui disait ne pas savoir.



L'image elle-même est vraiment bien choisie : la symbolique des animaux, la noirceur des pages, le style aussi...



Un vrai coup de coeur !
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Maus : Intégrale

Alors que je viens de relire pour la deuxième fois cette intégrale, je me demande encore par quel biais vous en parler, tellement cet ouvrage est riche.



Je me lance.



Je dirais, tout d'abord, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, que cette création a fait date tant dans le monde très vaste des auteurs de bandes dessinées dans un sens large, qu'au niveau des ouvrages parlant de la Shoah.



Ce qui m'a frappée- après avoir digéré le magma d'émotions qui s'est formé en moi durant toute la lecture et j'y reviendrai- ce qui m'a frappé donc, en premier lieu, est la dimension autobiographique de l'œuvre. En effet, on y découvre au gré des visites de Art Spiegelman chez son père plusieurs mois durant, les prémisses de ce que nous sommes en train de lire. C'est assez unique en littérature, il me semble. De plus, on voit dans le dialogue qui s'instaure entre le père et le fils évoluer leur relation de manière plutôt chaotique, tant le portrait dressé de son propre père est sans complaisance. Je peux même affirmer qu'à certains moments certaines manies du père me l'ont rendu antipathique alors qu'à d'autre moment je l'ai trouvé attachant. J'avoue être admirative de cette prouesse littéraire ; Art Spiegelman nous parle de son père, de tout son parcours de juif persécuté avant et pendant la Seconde Guerre mondiale et aurait pu succombé à la tentation d'en faire un héros et/ou un martyre (d'ailleurs le père va parfois sur ce terrain-là, mais le fils ne l'y suit pas).

Par ailleurs, Maus est , je me répète, une manière unique de parler de la Shoah à travers l'itinéraire d'un homme, survivant des camps de la mort. En outre, la description de sa vie après guerre, de ses difficultés de vivre pleinement dans son nouveau pays, les Etats-Unis, nous montre en filigrane les cicatrices (au propre comme au figuré) plus ou moins refermées laissées par toute la barbarie que ce survivant-là a dû endurer, traverser et "digérer", pour pouvoir se reconstruire une vie après.

L'auteur-et- fils utilise même des détails du quotidien pour nous faire prendre conscience de l'impact de la déportation des années plus tard. En effet, le père, bien que relativement aisé, ne cesse de se soucier de collecter des petits objets, des petites choses qui pourraient servir, tant ces "bidules-là" ("bidules" vu de notre point de vue) pouvaient améliorer au plus au point le nécessaire dans son quotidien dans les camps.

En clair, le portrait de ce père, revenu des camps de la mort, m'a non seulement émue par la relation précise et détaillée de sa vie dans ces tristes lieux, mais il m'a dérangé, tout simplement parce que je crois qu'il est juste et que le fils (Art Spiegelman) n'a fait que le dépeindre tel qu'il était avec un caractère forgé pars son histoire et par l'Histoire. C'est pourquoi j'utilisais à dessein plus haut l'expression "magma" car je ne peux qu'admirer et respecter infiniment cet homme (tout de même pas comme les autres) et à certain moment il m'agace. Même si je sais d'où peuvent venir sa personnalité et ses grands travers, je ne peux m'empêcher d'être irritée et je m'en veux.

Qu'un auteur parlant de son père, de son itinéraire quel qu'il fusse arrive à faire naître cet enchevêtrement d'émotions, est à mon avis un coup de maître.
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Maus : Intégrale

C'est en dessinant des chats et des souris qu'Art Spiegelman a choisi de raconter l'histoire de son père, survivant de la Shoah. La perspective utilisée dans Maus est donc différente des témoignages plus "traditionnels" puisque l'histoire des camps de concentration est racontée du point de vue de la génération suivante : celle des enfants des survivants de la Shoah, nés après la guerre. La bande-dessinée d'Art Spiegelman est d'autant plus émouvante qu'on y sent toute l'incompréhension de ceux qui ne l'ont pas vécu. Sans pudeur, sans euphémisme, le dessinateur nous raconte l'histoire des camps pour mieux nous faire comprendre quelles conséquences ils ont eu sur les générations suivantes et comment les survivants se sont reconstruits après ça.



Le regard d'Art sur son père est très ambigu, il ne sait pas que penser ni comment juger cet homme qui n'est plus seulement son père mais aussi quasiment une figure historique. En tant que fils, il regrette son avarice et a honte de certains de ses comportements ; en tant que fils de survivant, il culpabilise de lui en vouloir, a lui-même honte de ne pas l'avoir vécu. Les thèmes abordés dans cette bande-dessinée sont incroyablement riches : si la condition de déporté apparaît au premier plan de l'histoire, c'est aussi toute la problématique de la mémoire, du souvenir, de la façon dont il faut en parler (dessiner des animaux ? pourquoi choisir le format de la bande-dessinée ?) qui sont décrits ici. Finalement, ce qui m'a profondément touchée dans cette bande-dessinée, c'est de voir l'auteur essayer de renouer avec son père, de se rapprocher de lui de manière intime - de retrouver son noyau familial par le biais de l'Histoire collective. Une histoire personnelle à la résonance particulièrement universelle. D'une justesse et d'une émotion incroyables.
Lien : http://ulostcontrol.blogspot..
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Maus : Intégrale

Maus est une bande dessinée est originale à plus d’un titre.

Les dessins sont en noir et blanc. Sans être particulièrement beau, le trait a toutefois le mérite de nous plonger dans le quotidien des camps de concentration nazis en nous faisant vivre l’expérience de l’intérieur.



L’aspect autobiographique permet au lecteur de s’identifier aux personnages principaux, une famille ordinaire dont l’existence va basculer en très peu de temps. Art Spiegelman se met lui-même en scène dans ses discussions avec son père, l’interrogeant sur la vie dans les ghettos polonais et expliquant le processus de création artistique.



Oscillant en permanence entre passé et présent, entre espoir et découragement, le lecteur assiste aux déportations successives et aux persécutions des juifs. Il partage le quotidien des protagonistes, la hantise de se faire prendre, le manque de nourriture et d’hygiène, le froid, les kapos qu’il faut payer pour obtenir une protection…



Une des particularités de cette bande dessinée réside dans le fait que tous les personnages humains sont représentés par des animaux. Ainsi, les juifs sont figurés par des souris (maus en allemand), tandis que les allemands sont symbolisés par des chats (qui chassent les souris). Le choix des animaux est loin d’être anodin et fait référence aux stéréotypes circulant sur les différentes nationalités (« les français sont des mangeurs de grenouilles ») ou le comportement d’un peuple donné vis-à-vis des juifs (les polonais sont dessinés en cochons). Si les livres illustrés pour enfants attribuent fréquemment des caractéristiques animales aux objets, c’est la première fois que je lis une bande dessinée pour adultes qui se base sur le zoomorphisme. Et si cela peut étonner le lecteur, ce type de dessins n’entrave en rien la compréhension de l’histoire et l’empathie que l’on ressent vis-à-vis des protagonistes.



Une bande dessinée culte, étonnante et interpellante. A lire.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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Maus : Intégrale

Presque 20 ans après ma première lecture de Maus, je tombe sur un exemplaire solitaire dans une librairie anglaise (dont les rayons BD sont essentiellement peuplés de personnages ayant un faible pour les costumes en lycra).

Je craignais ne pas être aussi émue et absorbée par l'hommage de Spiegelman à son père (et sa mère), témoignage personnel de sa (leur) vie de l'Holocauste.

Pas de déception. Mais un après-midi pluvieux entre sourire, larmes et sentiment d'horreur.

Incontournable.
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Maus : Intégrale

C'est un graphique qui nous raconte l'histoire du père de l'auteur tel un testament précieux de cette période noire de notre histoire.

Ce n'est pas que le récit de l'histoire de cette famille polonaise qui va tout faire pour s'en sortir et vivre, c'est aussi la relation d'un père et son fils totalement en décalage de leur réalité et le témoignage d'un homme qui malgré sa liberté retrouvé n'est jamais vraiment sorti de cette période qui l'a marqué à jamais.

Et comment ne pas l'être au vue de la période du nazisme qui est décrite et conté.

J'ai lu pas mal de livre sur cette période mais celui-ci nous apporte un éclairage nouveau sur la montée du nazisme, comment les gens ont déjà dû se débrouiller pour vivre avant et le après comment même en sachant ce qui se passait on a encore stigmatiser les juifs.

C'est un beau témoignage et un très bel hommage à toutes les populations martyrisées durant cette période, on a tous un devoir de mémoire et c'est un ouvrage fort qui porte ce devoir au plus haut point.
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Maus : Intégrale

Comme l'an passé, je me joins à la  lecture commune autour de l'Holocauste initiée par Passage à l'Est & Si on bouquinait. 



Maus s'est imposé à moi à l'occasion de plusieurs coïncidences récentes. Au MAHJ l'exposition Si Lewen : La Parade a été l'occasion de voir et écouter Art Spiegelman qui a édité La Parade et qui introduit et commente l'exposition. j'ai le plaisir de l'écouter sur plusieurs podcasts de RadioFrance. Plus récemment, la polémique de l'interdiction de Maus dans les écoles du Tennessee et certaines réfexions étranges comme celle de Whoopie Goldberg a relancé l'intérêt pour cette œuvre. 



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Je lis assez peu de Romans graphiques ou de BD. Je ne me sens pas qualifiée pour commenter le graphisme (N&B, impressionnant) ou le parti pris de donner des têtes d'animaux impersonnelles aux personnages, seules des petites lunettes permettent de reconnaître Vladek (le père d'Artie). 



Deux sujets m'ont particulièrement intéressées :



-le déroulement de l'histoire qui conduit les parents d'Artie dans les camps, et la vie quotidienne avec les débrouilles que Vladek "organise" pour survivre. Si une santé de fer et une  force physique étaient nécessaires pour survivre, la débrouillardise et l'ingéniosité de Vladek ont été l'atout indispensable, sans parler de des bijoux et argent qui ont été bien utiles au marché noir. 



-les rapports psychologiques père/fils, survivant/ martyrs avec toutes les culpabilisations  et les traumatismes qui en découlent, y compris le suicide d'Anya, la mère, le frère disparu...



je n'ai trouvé aucun motif (nudité ou gros mots) capable de choquer les écoliers du Tenessee, la cruauté des faits sont autrement plus choquants que leur représentation. Il semble bien que la censure vienne d'ailleurs! 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Maus : Intégrale

J'ai lu Maus il y a quelques semaines, et je suis encore un peu sous le choc de cette rencontre, parce que c'est vraiment le mot qui m'est venu à l'esprit à la fin de cette lecture: une "rencontre". Avec une oeuvre, avec un auteur, qui nous invite au coeur de l'intime avec une sincérité totalement désarmante, et un puissant génie créatif.

L'Histoire est connue. On n'en finit jamais de repousser les frontières de l'horreur avec chaque témoignage, chaque documentaire sur la shoah, et Maus ne fait pas exception à la règle. On y retrouve les discriminations, les traques, les rafles, les fuites, et l'indicible des camps. Il y a des moments insupportables, tout comme l'est la réalité des faits évoqués.



Tout a été dit sur la forme narrative, sur le style graphique, sur la superposition des deux histoires, celle du père et celle du fils.



Mais ce qui touche au coeur dans Maus, c'est la démarche de l'auteur : la recherche d'une explication à ses relations difficiles avec son père; la recherche d'une place auprès d'un frère disparu, de parents brisés, d'une famille décimée. La volonté de comprendre, de témoigner, de transmettre les éléments d'une mémoire individuelle longtemps enfouie, aux côtés de l'Histoire des historiens. La douleur face à l'absence de la mère, à la destruction de ses souvenirs.

Tout ce travail colossal dont on ressent l'absolue nécessité qu'il représentait pour l'auteur et qui aboutit à une oeuvre unique et incroyablement personnelle, et nous fait nous sentir si proches des personnages.



Maus est un livre dont on ne fait pas le tour à la première lecture. Il est d'une densité et d'une richesse profondes. On le garde précieusement, on sait qu'il est là, qu'il existe, et on y revient parfois. Quand on se rappelle qu'il ne faut pas oublier.

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Maus, un survivant raconte, Tome 2 : Et c'e..

J'ai pris la résolution de me tourner un peu plus vers les BD et romans graphiques. Il était temps de mieux m'intéresser  au 9ème art et pas seulement aux Asterix et Tintin, déjà lus et relus.

Maus n'a plus besoin d'être présenté et est mondialement connu. 

Dans le premier tome, avant de traiter de l'holocauste, l'auteur présente un père et son fils et leur relation parfois tendue. 

Le deuxième tome débute alors que le couple est déporté vers Auschwitz et Birkenau.

Le fait que les personnages soient des animaux,  les juifs sont des souris traquées par les nazis dessinés sous les traits de chats,  n'allège absolument pas le sujet ni le destin cette famille si meurtrie.

À travers cette oeuvre ce n'est pas uniquement le témoignage d'une page de l'Histoire avec une majuscule qui est mis en avant  mais surtout la transmission d'une histoire et d'un héritage familial.

Bouleversant évidemment, ce livre est un merveilleux moyen de poursuivre notre devoir de mémoire et je le ferai lire aux jeunes lecteurs autour de moi.
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Maus : Intégrale

Au vu des nombreuses critiques dythirambiques et des prix remportés par Maus de Art Spiegelman, je suis visiblement complètement passée à côté de cette bande dessinée, retranscription du témoignage d'un rescapé de la Shoah, le père de l'auteur.



D'une part, je n'ai pas adhéré à la forme de cette œuvre. Je ne comprends pas l'intérêt de représenter les personnages par des animaux. C'est caricatural et réducteur (gentilles souris juives et méchants chats nazis). De plus, les personnages se ressemblant tous, j'ai eu des difficultés à les différencier les uns des autres, à comprendre qui parlait, d'autant plus que la bande dessinée est en noir et blanc.



D'autre part, les personnages principaux sont très antipathiques. Le père est odieux. Art le montre comme un homme raciste, radin, intéressé. C'est peut-être vrai. Mais, cela donne des allures de règlement de comptes au récit. Art, quant à lui, se montre égocentrique et manque cruellement d'ampathie. Il ne comprend pas quand son père se trompe dans l'ordre des évènements, qu'il oublie un détail ou qu'il fait des disgressions. Il ne comprend pas non plus que son père ait brûlé les carnets écrits par sa mère dans les camps, alors que c'était visiblement une nécessité pour lui d'oublier. Enfin, au début du second tome, il parle du succès immense du premier tome, en toute modestie.... En résumé, Art Spiegelman m'a donné l'impression de ne pas savoir écouter et d'être seulement obnubilé par l'écriture de son livre. Tout ceci dilue l'objet du livre et dessert le message.



Pour finir, Art Spiegelman se met régulièrement en scène en train d'écrire. Je ne vois pas l'intérêt, c'est seulement du remplissage.



Il y avait pourtant quelques amorces de réflexions qu'il aurait été intéressant de développer : la vie avec un frère-fantôme idéalisé, l'envie d'oublier pour certains survivants, entre autres.



Même si je n'ai pas du tout adhéré à cette bande dessinée, je ne peux que souligner la volonté louable de Art Spiegelman d'écrire sur la Shoah. Et, c'est tant mieux si ce livre a pu trouver son lectorat.
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Maus : Intégrale

C’est une bande dessinée qui retrace la vie d’un homme juif polonais et de sa famille de 1933 à 1945. Elle a été écrite en 1973 et a dû faire l’effet d’une bombe. La particularité est que les personnages sont des animaux (les Juifs des souris, les Allemands des chats, les Polonais des cochons …). On découvre le début des persécutions juives et comment l’étau se ressert très progressivement autour d’eux. C’est un récit intelligent et nuancé qui explique que l’homme est terriblement complexe (pour survivre on peut dénoncer les membres de sa famille). Même son père demeure raciste (envers les noirs p.259) après avoir vécu Auschwitz, ce qui me semble tout à fait incroyable mais hélas criant de vérité. Au final, une question demeure en suspens : l’homme est-il capable de changer ?
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Maus : Intégrale

L'intérêt de lire ce livre et de le faire partager est une évidence. Car parler du nazisme et des camps de concentration n'est pas quelque chose d'évident. La bande dessinée semble alors le bon outil. Et aussi un bon moyen de faire sa thérapie d'être le fils d'un survivant. Faut-il taire ces souffrances par rapport à ceux subis par ces parents? Une question dont il a cherché à avoir des réponses. Une bande dessinée qui lui a permis de faire connaître son nom dans le monde entier. Ce qui lui a permis d'avoir le prix Pultizer en 1992, un prix pour la première fois remis à un auteur de bande dessinée. Une oeuvre qui le poursuit avec son passé et qui efface son travail comme illustrateur et éditeur. Ce roman graphique devient un classique qui est lu dans certaines écoles. Il devrait être mis dans les mains de tous pour connaître une période sombre de l'Histoire. C'est un outil utile pour le travail de mémoire et parler des horreurs capables de l'Homme. On dit que l'humain apprend des erreurs des autres. J'ai tendance à penser que non et l'actualité à trop souvent tendance à me donner raison, malheureusement.
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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Maus : Intégrale

Maus est incontestablement un chef d’œuvre de la bande dessinée, réalisé dans les années 1970 et 1980, et publié en 30 langues dans le monde. Certes, on a beaucoup écrit sur la Shoah, les camps de concentration, l'Allemagne nazie... mais rarement sous la forme de roman graphique. Et rarement avec cette pudeur, cette délicatesse et cette justesse que l'on trouve dans Maus.



Art Spiegelman a accompli un travail remarquable sur la mémoire, et rend un hommage touchant à son père à travers cette histoire authentique et terrible, entrecoupée de différentes scènes sur la vie quotidienne du père et du fils, leur difficile relation, le traumatisme toujours visible chez le père. Cet enchevêtrement permet également au lecteur de « souffler » un peu, d'échapper quelques instants au récit des horreurs nazies.



Les dessins en noir et blanc et les personnages représentés sous forme d'animaux (les juifs sont des souris et les nazis des chats (on comprend vite que ce n'est pas anodin !), les Français des grenouilles, etc.) permettent d'atténuer la violence des événements racontés tout en accentuant le côté sombre du récit : c'est un choix particulièrement ingénieux et très efficace.



Je la recommande vivement, même aux lecteurs qui ne lisent habituellement pas de bandes dessinées : elle se lit vraiment comme un roman, et quand on commence, on ne peut plus s'arrêter, jusqu'à la toute dernière page.



Ce livre a beau avoir 25 ans, il n'a pas vieilli et constitue toujours un excellent moyen d'aborder le thème de la Shoah, notamment pour les jeunes (à partir de 15-16 ans).



Maus est une bande dessinée qui ne s'oublie pas, une bande dessinée pour ne jamais oublier.
Lien : http://excalibri.blogspot.fr..
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Maus, un survivant raconte, Tome 2 : Et c'e..

Dans ce second tome, Vladek, le père d'Artie, est fragilisé et affaibli par maladie mais se remémore quand même avec précision les bouleversements que la guerre a entraîné dans sa vie. Il raconte l'horreur, l'inhumanité auquel il a été confronté dans les camps de concentration mais aussi à sa libération. La clôture de cette histoire honnête est brutale et laisse sans voix.
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Maus : Intégrale

J'avais entendu parler de ce livre sur un site qui faisait une thématique sur la seconde guerre mondiale et il m'avait tout de suite donné très envie de le lire. Et j'ai eu l'occasion de le faire la semaine dernière.





Maus est vraiment un chef d'oeuvre. Que ce soit pour l'histoire où les dessins.



L'histoire, nous la connaissons tous. La seconde guerre mondiale et la déportation des juifs. Art Spiegelman veut faire une bande dessinée sur ce qu'a vécu son père, Vladek Spiegelman, en Pologne pendant la guerre alors il lui demande de lui raconter. Entre les pages où nous voyons Art, son père et Mala, la nouvelle femme de son père, nous suivons le récit de Vladek, entrecoupé par leur moments de vie.



Jeune homme, il a rencontré Anja qui devient sa femme et la mère de son premier enfant, Richieu. Mais malheureusement pour eux, Hitler arrive au pouvoir en Allemagne et les choses deviennent très compliquées pour les Juifs. Vladek et sa famille doivent essayer de survivre par tous les moyens mais finissent souvent séparés. Nous suivons Vladek dans la guerre. Nous savons qu'il a survécu mais il a tout de même vu des choses terribles. Tout comme il en a vécu.



Le prologue est très intéressant. Le jeune Art tombe et ses amis ne l'aide pas. Son père lui demande ce qui ne va pas et il lui explique le problème. Son père lui répond alors: "Des amis? Tes amis?...Enfermez-vous tous une semaine dans une SEULE pièce, sans rien à manger...ALORS tu verras ce que c'est, les amis!..."







Pour les dessins, j'ai trouvé ça assez original de représenter les personnages par des animaux. Les souris sont les Juifs, les chats sont les allemands, les cochons sont les Polonais, les grenouilles sont les Français...



Je me disais que si c'était avec des animaux, ce serait peut-être un peu moins glauque à lire. Mais quand on voit certaines images, on comprend que ça l'est quand même énormément.



Mais il y a aussi des moments où il n'y a pas d'animaux comme quand on lit une vieille bande dessinée d'Art Spiegelman sur le suicide de sa mère et sur son propre internement. Ce sont des dessins très bizarres. Jolis mais bizarres.





Une excellente bande dessinée (qui a même eu le Prix Pulitzer en 1992) qui est très intéressante à lire mais également plutôt déprimante.
Lien : http://lemondedarlavor.blogs..
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Maus : Intégrale

Encore une BD que je n’avais pas franchement envie de lire. Un sujet lourd et tellement exploité que malheureusement j’ai l’impression qu’on en a fait depuis longtemps le tour et qu’à part le devoir de mémoire que l’on doit à cette période atroce de l’histoire, il n’y a plus rien à ajouter. Et puis ce dessin minuscule et pas très attirant ne m’incitait pas non plus à franchir le pas. Mais parfois il faut se faire un peu violence et chercher ce qui a pu plaire à tant de monde.

Contrairement aux autres récits sur cette période que j’avais déjà lu, ici ce sont les mémoires d’un survivant racontées par son fils qui n’a pas connu ces évènements. C’est à la fois une enquête sur le passé familial et un témoignage poignant des rapports difficiles entre deux générations qui ont une histoire bien différente. Ajouté à cela les doutes de l’auteur sur son travail et on se retrouve avec un mélange extrêmement touchant et plein d’humanité. La période couverte est assez longue et commence bien avant la déportation ce qui permet de comprendre le long cheminement vers l’enfer qu’on du subir les Juifs de cette époque. Ça aussi c’est très intéressant. L’auteur garde beaucoup d’objectivité sur une histoire qui le touche de près et ne fait pas de son père un héros qui grâce à son courage et à Sa Grandeur d’âme aurait survécu. Il nous raconte quelle période terrible c’était et les combines incessantes qu’il fallait déployer pour survivre. Il raconte aussi tous les travers de son père, son avarice, son racisme envers les noirs et comment c’est surtout la débrouillardise et la chance qui l’ont maintenu en vie. Et pourtant malgré tous les défauts de ce vieux monsieur parfois difficile à vivre, on ressent très bien l’amour qui unit ses deux êtres.

J’ai l’impression de bien connaître cette face sombre de l’histoire mais je suis toujours saisi par l’ignoble vérité qui a pu aboutir à une telle abomination. Comment l’humanité a-t-elle pu en arriver à un si haut degré de haine et d’horreur ? C’est une question qu’il faut se poser encore et encore jusqu'à trouver la solution pour que cela ne se reproduise plus jamais. Je comprends maintenant pourquoi cette petite BD est absolument indispensable.

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