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Citations de Arthur Schnitzler (316)


Ce qui nous semble être de la mégalomanie n’est pas toujours une psychose ; – ce n’est souvent qu’un masque commode pour un individu désespérant de lui-même.

(p. 15)
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BERNHARDI. Me faut-il vous le répéter, mon père ? La malade ignore qu’elle est perdue. Elle est gaie, heureuse et – sans regrets.

(…)

LE CURÉ. On m’a fait appeler ici. Je me vois donc dans l’obligation…

BERNHARDI. Pas sur mon ordre. Je ne puis que vous le répéter, mon père. En tant que médecin, je me vois obligé de vous interdire l’accès à cette salle. Le sort de mes malades reste entre mes mains, jusqu’à leur fin.

(…)

L’INFIRMIÈRE. (venant en toute hâte de la salle). Mon père…

(…)

BERNHARDI (à l’infirmière). Vous avez dit à la malade que monsieur le curé était ici ?

L’INFIRMIÈRE. Oui, monsieur le directeur.

BERNHARDI. Bon. Et comment – répondez-moi en toute tranquillité – comment la malade a-t-elle réagi ? A-t-elle dit quelque chose ? Allez-y, parlez.

L’INFIRMIÈRE. Elle a dit…

BERNHARDI. Eh bien ?

L’INFIRMIÈRE. Elle a été un peu effrayée, quoi.

BERNHARDI (sans se fâcher). Eh bien, allez-y, parlez, qu’a-t-elle dit ?

L’INFIRMIÈRE. "Je dois vraiment mourir ?"

(p. 25-26)
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Eh bien, le soleil se lève déjà ?
Ça va être une belle journée aujourd'hui, une vraie journée de printemps...
C'est vraiment diabolique... à huit heures du matin, ce cocher de fiacre, là-bas, sera encore de ce monde, et moi.....
Eh bien, qui a-t-il ?
Qu'est-ce qui se passe pour que bêtement mon cœur se mettre à battre aussi vite ?
Ce n'est tout de même pas parce que.....
Non, oh non... c'est parce qu'il y a longtemps que je n'ai rien avalé.
Allons Gustel ! sois honnête avec toi même : tu as peur - tu as peur parce que tu ne sais pas à quoi ça ressemble.....
Mais ça ne sert à rien, la peur n'a jamais aidé personne, tout le monde doit y passer un jour, tôt ou tard, pour toi ça vient seulement un peu plus tôt....
Tu n'as jamais valu grand-chose, au moins sois digne quand c'est le moment d'en finir, je te le demande !
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Sans quitter sa pelisse, Robert s’assit dans le fauteuil de cuir noir à large dossier poussé contre le lit. (…) Quand on lui eut apporté du papier, il s’installa à la table et écrivit. (…) Sa plume courut pendant deux heures. En guise de conclusion provisoire, il nota : « Impression de responsabilité dans les idées délirantes de mon frère. Lui et moi : deux incarnations de la même idée divine ? L’un de nous devait sombrer dans les ténèbres. C’est lui que le sort a désigné, bien que la balance penchât d’abord de mon côté. » Il enferma ce texte dans son sac de voyage et sortit prendre l’air.

("L’appel des ténèbres", p. 125)
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L’heure des explications avait sonné ; il devait parler de cette lettre à Otto – de cette lettre et de tant d’autres choses… de tout ce qui, profond et mystérieux, s’était noué entre eux depuis la prime enfance peut-être, de ce jeu ambigu de compréhension et d’incompréhension, de fraternité et d’étrangeté, d’amour et de haine ; tout cela devait être élucidé enfin. Il n’était pas trop tard. Robert tenait encore entre ses mains son existence. Otto, également, mais pour lui le moment était venu de se décider entre la santé et la maladie, la lucidité et la confusion, la vie et la mort. Robert, lui, avait pris son parti ; son esprit était clair, son âme sauvée. Une fois encore, la dernière, l’occasion de choisir était donnée à Otto.

("L’appel des ténèbres", p. 107-108)
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Avec son frère, le lieutenant Höhnburg et quelques amis, il avait été aux courses puis avait dîné dans un restaurant bondé du Prater. (…) Chemin faisant, Otto confia à son frère que Höhnburg, leur ami commun, était sur le point de devenir fou, que nul encore ne s’en doutait, mais que sûr de son diagnostic, il prévoyait la mort du jeune homme dans un délai de trois mois. (…) Le jeune officier respirait la santé, la joie de vivre ; comment penser que dès cet instant son ami était irrémédiablement condamné, marqué par une atroce fatalité ? Robert cependant dut admettre les raisons médicales de son frère et dès lors la présence de Höhnburg, son comportement le remplirent d’effroi. (…) Quelques jours plus tard Höhnburg eut un accès de folie furieuse et dut être interné.

("L’appel des ténèbres", p. 51)
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Selon son habitude, Robert s’attarda dans son bain, puis s’enveloppant dans un rugueux peignoir blanc, il s’approcha de la glace. (…) Il allait se détourner satisfait de son examen, lorsqu’il vit dans le miroir terne un œil étrange qui se fixait mystérieusement sur lui. Aussitôt il se pencha en avant et crut observer que sa paupière gauche pendait par rapport à la paupière droite. Il eut peur, ferma les yeux, les rouvrit, essaya de faire manœuvrer ses paupières en s’aidant de ses doigts. Peine inutile : entre la gauche et la droite une différence subsistait.

("L’appel des ténèbres", p. 50)
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Mon Dieu, mon Dieu, je voudrais pouvoir parler à quelqu’un avant. – Si je me confessais ! Il en ferait des yeux le curé si je lui disais en terminant : « Au revoir, monsieur le curé, je rentre de ce pas et je vais me suicider !… » Si je m’écoutais, je serais capable de me jeter par terre et de pleurer… Pas permis une chose pareille !… mais ça soulage quelquefois de pouvoir pleurer…

("Le lieutenant Gustel", p. 33)
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Je commence à admettre toutes sortes d’absurdités dont je me riais autrefois. Je comprends le dialogue de l’homme avec la nature, je comprends qu’on attende une réponse quand on adresse la parole aux nuages ou aux sources. Mon temps à moi ne se passe-t-il pas à fixer ces fleurs comme si elles devaient me parler ? Non, ce qui est pire encore, je sais qu’elles murmurent, qu’elles se plaignent sans cesse, même en ce moment, et que je suis près de les comprendre.

("Fleurs", p. 48-49)
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Quand je songe à des êtres aimés qui sont morts mon cœur ne se serre plus. La mort m’est devenue familière, elle se promène parmi nous sans nous vouloir de mal.

("Fleurs", p. 45)
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Je n’ai pas encore très bien réalisé qu’elle ne soit plus de ce monde, qu’on l’ait mise dans un cercueil et qu’on l’ait enterrée. Je ne ressens aucune douleur. Le monde m’a paru plus silencieux que de coutume aujourd’hui. À un moment précis j’ai compris que la joie et les peines n’existaient pas ; non, il n’y a que des grimaces de plaisir, des grimaces de chagrin. Nous convoquons notre âme pour nous voir rire ou pleurer.

("Fleurs", p. 44)
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Il fit monter Fridolin dans le magasin par un escalier en colimaçon. Cela sentait la soie, le velours, les parfums, la poussière et les fleurs séchées ; des éclairs argent et rouge traversaient l’obscurité ambiante ; et soudain brillèrent une foule de petites lampes entre les armoires ouvertes d’un long couloir étroit dont l’extrémité se perdait dans l’obscurité. De gauche et de droite étaient suspendus des costumes de toutes sortes ; d’un côté des chevaliers, des pages, des paysans, des chasseurs, des savants, des Orientaux, des bouffons, de l’autre des Dames de cour, de nobles demoiselles, des paysannes, des caméristes, des Reines de la Nuit. Au-dessus des costumes, on pouvait voir les couvre-chefs correspondants, et Fridolin avait la sensation de marcher à travers une allée de pendus sur le point de s’inviter mutuellement à danser.
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[les deux personnages parlent des femmes mariées qui trompent leur mari]

L'ÉPOUX : Oui, je crois que ce que je viens de dire est très juste. Une nostalgie de la vertu. Car toutes ces femmes sont très malheureuses, au fond, tu peux me croire.
LA JEUNE DAME : Pourquoi ?
L'ÉPOUX : Pourquoi, Emma ?... Comment peux-tu poser une question pareille ?... Rends-toi compte de l'existence que mènent ces femmes ! Tout y est mensonge, ruse, infamie, et que de dangers !
LA JEUNE DAME : Oui sans doute. Tu dois avoir raison.
L'ÉPOUX : Vraiment... elles paient cher le peu de bonheur... le peu de...
LA JEUNE DAME : De plaisir.
L'ÉPOUX : Pourquoi, plaisir ? Comment peux-tu avoir l'idée d'appeler cela du plaisir ?
LA JEUNE DAME : Enfin... il faut bien que ce soit agréable... Autrement elles ne le feraient pas !

V. La jeune dame et le mari
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La politique c’est le refuge où les crimes qui normalement devraient immanquablement entraîner la mise en prise ou la condamnation à mort, les trahisons qui normalement devraient déclencher une indignation enflammée, les mensonges qui normalement devraient disparaître sous les rires et les sarcasmes de tous, sont non seulement largement préservés de ces conséquences naturelles en soi, mais où ces crimes, ces trahisons et ces mensonges sont considérés comme des confirmations absolument naturelles, sinon même glorieuses, de la nature humaine. Mais le plus grave, c’est que non seulement des gens de même sensibilité politique, mais aussi l’opinion publique tout entière, voire l’opposition politique, fassent preuve en de telles occasions d’une mansuétude que l’on n’est jamais en mesure de manifester pour des individus qui sont des fripouilles sans aucun alibi politique, pour leur propre compte et à leurs risques et périls. (pp. 59-60)
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Et comme il continuait ainsi, tout en prenant sans le vouloir la direction de sa maison, il arriva à proximité de cette rue sombre et plutôt mal famée, où, moins de vingt-quatre heures auparavant, il avait suivi une créature perdue jusqu’à son logis misérable et pourtant chaleureux. Perdue, cette fille-là ? Et mal famée, cette rue, justement celle-là ? Comme nos habitudes paresseuses nous font nommer et juger les rues, les destins, les gens, parce que nous cédons toujours à la séduction des mots. Cette jeune fille n’était-elle pas au fond, de toutes celles que de curieux hasards lui avaient fait rencontrer la nuit passée, la plus gracieuse, pour ne pas dire la plus pure ? Il ressentait quelque émotion quand il songeait à elle.
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Pourquoi la femme a-t-elle été créée avec les mêmes appétits que l'homme, ardente à la vie, avide de bonheur ? Pourquoi, puisque pour elle la recherche du plaisir est péché, la rançon de la volupté expiation, quand son désir charnel n'est pas avant tout le désir d'être mère. (p. 211)
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« …..Il n’existe pas de matériau plus transparent que celui dont sont faits les couples.
L’individu peut à la rigueur se cacher derrière un masque,mais pour couples, il n’en existe pas. »

( Extrait de l’Heure des vérités )
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Mais tout d'un coup elle sourit, elle sourit de façon merveilleuse ; il y avait un salut, et même un appel dans ses yeux - et en même temps un soupçon de moquerie quand elle effleura l'eau qui était à ses pieds et la séparait de moi. Puis elle cambra son jeune corps svelte, comme réjouie de sa beauté et, il était facile de le remarquer, fière et doucement excitée par l'éclat de mon regard qu'elle sentait posé sur elle.
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"Car, qu'est-ce que l'anxiété ? Le fait de considérer toutes les possibilités qui peuvent découler d'une action, les mauvaises aussi bien que les bonnes."
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"Rien ne nous complique tant l'existence que de croire si souvent à des choses définitives...et de perdre du temps à nous reprocher nos erreurs, au lieu d'en convenir et de repartir simplement pour une nouvelle vie."
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