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Critiques de Assia Djebar (94)
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Ces voix qui m'assiègent

C'est à Aouatef79 , babéliote de mes amis que je dois d'avoir fait la connaissance de cette écrivaine . Assia Djebar dont les essais sur l'engagement politique , sur les textes littéraires et sur la vision de l'Algérie chez Camus a permis en quelque sorte sa réhabilitation posthume dans l'esprit de quelques intellectuels algériens .

Cela n'est pas le sujet du livre en question mais méritait à mon sens d'être dit .

Assia Djebar a une belle écriture pleine de finesse et son propos assez biographique est d'une grande pudeur ( elle souligne qu'en tant que femme de culture musulmane , la difficulté de ne pas l'être lui est difficilement surmontable ) . Première femme originaire du Maghreb a avoir été élue à l'académie française , historienne , poétesse , essayiste , cinéaste , féministe lucide , elle nous montre à voir tout au long de ce livre le long chemin de sa libération personnelle permis par l'écriture dans une autre langue que celles de sa culture , le français dont elle dit qu'il fut le lieu de creusement de son travail , l'espace de sa méditation et de sa rêverie , cible de son utopie accessoirement et même tempo de sa respiration . C'est une grande découverte pour moi que la précision de ses ressentis , sa grande honnêteté , sa modestie qui me font penser aux textes d'un de ses compatriotes : Mouloud Ferraoun , mais apporte en plus la description de la condition faite aux femmes dans le monde musulman et cela sans renier sa culture ni l'amour de son pays . Une écrivaine , puisque c'est le terme qu'elle utilise , à découvrir pour s'ouvrir à d'autres auteur(e)s qu'elle met en scène et nous incite à lire .
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Die Ungeduldigen

Assia djebbar y campe, , un personnage, Dalila, dix-huit ans, étudiante, entière et lucide... une révoltée totale... jusqu'à la méchanceté presque gratuite, parfois sans raison sinon celle d'un violent désir de «création de soi» en étant encore peu attentive aux grandes mutations sociales et politiques du moment (la guerre de Libération, entre autres, qui avait commencé mais qui n'était que légèrement abordée à travers l'arrestation du grand frère)



Assia djebbar porte sur la société traditionnelle et petite bourgeoisie des villes de l'époque et ses codes (faits de mensonges et de dissimulation auxquels il faut presque toujours se soumettre), un regard rebelle acéré.



Amoureuse folle de Salim, un «Don Juan» des villes, elle va prendre le risque d'être celle par qui le scandale arrive. Intransigeante, n'écoutant que son cœur et son corps (sans pourtant franchir le pas permis seulement par le mariage... c'est du moins ce que laisse croire l'auteure), elle le rejoint à Paris... tout en s'ennuyant très rapidement avec un compagnon qu'elle découvre encore enfermé dans un certain machisme... allant jusqu'à la gifler par jalousie mal placée.



Tout cela finira bien mal, non pour la société qui, ça et là , ruait dans les brancards des traditions dépassées, mettant à mal les usages sociétaux, les mœurs en cours, la famille, le couple et son intimité, la liberté... , mais pour les individus chacun payant, à sa manière, la note.

Une littérature téméraire et moderne. Signe de l'autre révolution... celle qui se préparait - à travers des révoltes individuelles - au sein même des familles alors conservatrices, mais devant faire face aux nouveaux comportements sociétaux, modernes et ouvertes sur le monde.
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Femmes d'Alger dans leur appartement

J'avais hâte de découvrir Assia Djebar dont j'avais tant entendu parler. Malheureusement je n'ai pas vraiment accroché à ce recueil de nouvelles qui, comme déjà dit dans de nombreuses critiques est très bien construit. La thématique centrale du recueil qui se construit autour du rôle, la place, la condition de la femme dans la société algérienne est certes fort intéressante et l'on pressent l'envie de l'autrice de nous communiquer nombreuses informations et ressentis. Si le livre a une valeur historique et sociologique, je ne peux pas vraiment dire qu'il me laisse en tant que lectrice un souvenir impérissable.
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Femmes d'Alger dans leur appartement

Les choses n’ont semble-t-il pas évolué. L’indépendance n’aurait rien changé à la situation de la femme ? Les femmes restent retenues par les traditions et le qu’en dira-t-on, coincées entre le père, le frère et les maris ou bien contraintes à vivre en marginales. La femme demeure retranchée dans son foyer, s’occupant, de la famille, du repas et des tâches ménagères, parlant beaucoup, se tenant au courant des affaires du voisinage, dissimulant les secrets familiaux, les blessures, les espoirs effacés. Ainsi, comme on peut le deviner dans les toiles de Eugène Delacroix, le foyer continue de renfermer, de concentrer et condenser la vie et les émotions des femmes algériennes.

On peut y voir un cercle dans lequel les algériens restent enfermés. Trop attentifs à la vie des autres – qui leur permet de meubler la leur – et à l’honneur, les foyers portent un regard dur sur les déviances, les femmes répudiées, les marginaux, alors que c’est justement ces sujets qui – d’une part réalisent les ambitions d’émancipation individuelle – et de deux remplissent les conversations, cette parole qui a tant besoin de s’exprimer, de se faire sujet à part entière – après des années, des siècles de colonisation et de confiscation de la parole – encore plus pour les femmes.

L’écriture d’Assia Djebar est difficile d’accès. D’une part elle semble s’inspirer de celle de Kateb Yacine (cf. Nedjma) : expression des douleurs du corps plus que communication ; composite avec parties poétiques, enchâssement de paroles de temps différents… Mais le thème – la vie de la femme algérienne –, plutôt réaliste comme le suggère la référence au tableau de Delacroix, se prête moins à un tel exercice de composition poétique (chez Kateb, tous les éléments partaient pour mieux revenir de l’identité algérienne brisée, et étaient illustrées à merveille par l’allégorie de l’étoile). Assia Djebar use en revanche d’une technique littéraire très agréable pour fondre-enchaîner les discours intérieurs et les dialogues : souvent, la première réplique d’un dialogue semble répondre au contenu ou au mot de la phrase de récit la précédant. Ce sont donc au final les parties et nouvelles les plus traditionnellement écrites qui ressortent du recueil.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Femmes d'Alger dans leur appartement

apprend

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Femmes d'Alger dans leur appartement

Très beau livre de Assia Djebar, première auteure nord-africaine à avoir été élue à l'Académie Française en 2005 (et première algérienne à avoir intégré Normale Sup en 1955).

C'est ainsi que A. Djebar présente son livre : ces nouvelles, quelques repères sur un trajet d'écoute, de 1958 à... à aujourd'hui, septembre 2001. Conversations fragmentées, remémorées, reconstituées... Récits fictifs ou frôlant la réalité - des autres femmes ou de la mienne -, visages et murmures d'un imaginaire proche, d'un passé-présent se cabrant sous l'intrusion d'un avenir incertain, informel." (premières lignes de l' "ouverture")

La construction du texte et l'écriture elle-même sont très poétiques et nous parlent du quotidien des femmes d'Alger. Deux parties dans ce recueil : "Aujourd'hui", histoires de femmes après l'indépendance de l'Algérie et "Hier" histoires de femmes avant la guerre d'indépendance.

"Récits d'hier et d'aujourd'hui" de femmes arabes, voilées, dominées par les hommes, leurs pères qui souvent les marient trop jeunes, leurs frères et leurs maris qui commandent et doivent être servis.

Voici ce que l'auteure dit de la première longue nouvelle, "La nuit du récit de Fatima" : " Ce récit le plus récent, placé juste après l'ouverture du recueil, je souhaiterais qu'il soit comme une lampe sur ce seuil, pour éclairer la solidarité de toute parole féminine, notre survie." Fatima y raconte sa vie et celle de ses parents à sa bru Anissa qui elle-même prend ensuite la parole : histoires d'enfants à donner ou à prêter, grande douleur de mère.

Dans les autres nouvelles, l'auteure évoque les femmes "enfermées", parlant peu ou pas sauf entre elles, femmes soumises et voilées, n'ayant le droit que d'être mère ; la violente nuit de noces, les bains publics où elles vont en groupe (souvent leur seule sortie), le ramadan...

Quelle identité réelle possible pour ces femmes ?

Et malgré leurs conduites courageuses pendant la guerre d'Algérie, leur déception quand le carcan de la tradition les paralyse à nouveau.



Assia Djebar, une femme qui parle, qui s'oppose au silence imposé à toutes les maghrébines.



Extrait (p 87) : " Les seules femmes libres de la ville sortent en files blanches, avant l'aube, pour les trois ou quatre heures de ménage à faire dans les bureaux vitrés des petits, des moyens, des hauts fonctionnaires qui arriveront plus tard. Elles pouffent de rire dans les escaliers, rangent les bidons l'air hautain, relevant lentement leurs coiffes superposées, tout en échangeant des remarques ironiques sur les chefs respectifs des étages, ceux qui, protecteurs, les questionnent sur les études des enfants, et ceux qui ne parlent pas, parce qu'on ne parle pas aux femmes, qu'elles travaillent dehors ou qu'elles soient, comme les leurs, objets de représentation..."
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Femmes d'Alger dans leur appartement

Un recueil de nouvelles extrêmement bouleversantes.

Assia Djebar raconte des instants de vie, interminables ou fugaces, perçus par le prisme des femmes algériennes dans la période coloniale et post-coloniale.



On assiste notamment à un enterrement digne de la célèbre pièce de théâtre de Federico Garcia Lorca, La casa de Bernarda Alba. Lors de la veillée, les visiteuses, les pleureuses et les parentes commentent inexorablement la vie de la défunte et certaines n'hésitent pas à déverser leur venin sous forme de propos médisants et de messes-basses suffisamment audibles pour mettre à terre les vivants.



Assia Djebar donne la parole aux femmes qu'elles soient jeunes, vieilles, promises, mariées, veuves, divorcées ou orphelines. Toutes vivent en retrait, calfeutrées physiquement ou sont emmurées moralement et socialement.

L'autrice ne donne pas la parole aux femmes pour les entendre entonner un lamento ou un chant d'opéra telles des cantatrices car il s'agirait encore d'une parole policée aux accents attendus. La souffrance contenue ne sort pas dans un filet de voix aussi talentueux et musical soit-il, mais dans des cris rauques et gutturaux assourdissants qui, pris séparément, ne feraient pas plus que des ronds dans l'eau, et qui, réunis, brisent la cage de verre dans laquelle chaque femme se consume, isolément.
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Femmes d'Alger dans leur appartement

Avis mitigé pour ce recueil de nouvelles. C'est un genre que j'affectionne assez peu et sur les sept, seules deux ont retenu mon intérêt. Si la langue est souvent poétique, le style ne m'a pas complètement séduite. La chronologie est un peu brouillonne, et malgré un découpage annonçant "Aujourd'hui" et "Hier", je me suis régulièrement perdue.



Justement, "La Nuit du récit de Fatima", texte de 2002, est un de ceux que j'ai le plus apprécié. Récit à trois voix, entre transmission et évolution, il pointe la répétition d'un traumatisme et la lutte de la dernière génération afin d'y échapper. La modernité apportée par la colonisation y collisionne avec les traditions.



"Femme d'Alger dans leur appartement" date de 1978. Y sont évoquées ces femmes qui ont participé à la guerre de libération et qui en gardent encore des séquelles dans leurs corps, mais aussi dans leurs esprits, entre stérilité et folie, la prison et la torture se sont incrustées durablement. Fatma qui fut, avant de devenir la vieille masseuse et porteuse d'eau du hamman, une de ses porteuses de feu, nous offre à la fois un récit émouvant de sa vie et de sa douleur. Mais c'est aussi l'occasion de nous plonger dans une savoureuse évocation du rituel des bains publics, à une époque seule sortie au-dehors autorisée pour les femmes.



Enfin, la postface intitulée "Regard interdit, son coupé", nous ramène en 1832 lorsque Delacroix séjourne brièvement à Alger et pénètre dans l'univers interdit des femmes. "Cette abondance de couleurs rares, ces noms aux sonorités nouvelles, est-ce cela qui trouble et exalte le peintre ?" Ce tableau sert de point de départ à une fine analyse de la claustration féminine, rôle du regard interdit à l'étranger, limité au père, frère, mari, fils, ou limité par le voile pour la femme s'aventurant à l'extérieur. Le "dévoilement", lui, équivaut à une mise à nu. "Une femme - en mouvement, donc "nue" - qui regarde, n'est-ce pas en outre une menace nouvelle à leur exclusivité scopique, à cette prérogative mâle ?" . Seule la figure de la mère est sans danger, corps sans jouissance, elle peut regarder et être regardée. Quant à la voix, entre chants et papotages seuls autorisés, elle se fit entendre à l'extérieur lors de la guerre et par le biais des récits des viols commis à leur encontre, soudant de façon illusoire les deux sexes avant que le silence envahisse à nouveau l'espace.



Omniprésente dans ces nouvelles, la main mise de l'homme sur la femme, le père d'abord, présidant à la destinée des filles via des mariages précoces, les frères prenant le relais si besoin, et le mari, séducteur puis tyran. Cet univers oppressant d'enfermement et de parole castrée laisse des relents d'angoisse et d'amertume bien après avoir terminé ce livre.
Lien : http://moustafette.canalblog..
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Femmes d'Alger dans leur appartement

Je me replonge, un peu par hasard, dans mes notes de lecture et d’études de ce recueil de nouvelles d’Assia Djebar intitulé, en référence au célèbre tableau de Delacroix, Femmes d’Alger dans leur appartement…

Autour du rapport à l’Histoire, à la mémoire, à la question de l’identité des peuples colonisés ou encore à la langue, Assia Djebar met à l’honneur l’écriture féminine des voix des femmes.



La construction du livre est intéressante avec une « Ouverture », presque musicale, et une « Postface » plus littéraire qui se répondent autour de deux autres parties de longueur inégale dont les titres, « Hier » et « Aujourd’hui » marquent une opposition et une articulation. Deux nouvelles sont très longues, « Femmes d’Alger dans leur appartement » et « Les morts parlent » tandis que les plus courtes en sont comme des échos.

« La nuit du récit de Fatima » montre comment la parole peut sauver la vie. Fatima se fait l’alter ego de la célèbre Shéhérazade, personnage cadre avec cependant de multiples relais, dont un narrateur omniscient en italiques. Cette nouvelle met en abyme tous les thèmes du livres.

« Femmes d’Alger dans leur appartement » est structurée comme un morceau de musique avec interlude et « diwan », poésies lyriques chantées.

« La Femme qui pleure » est le récit d’une rencontre essentielle entre une parole et une écoute.

« Il n’y a pas d’exil » est centrée sur le mariage, sur l’absence de consentement de la femme, sur son silence. La nouvelle se déroule sur fond de deuil et de « thrènes », chants funéraires.

« Les morts parlent » insiste sur le rôle culturel de la parole féminine ; les femmes supportent l’enfermement grâce au chant et à la lamentation, seules voix possibles, d’où la fascination pour les pleureuses. La parole féminine lyrique n’est possible que lors des deuils et des mariages, hors de toute écriture et encadrée.

« Jour de Ramadhan » et « Nostalgie de la horde » surprennent des conversations de femmes, des confidences lourdes de sens.

En 1832, lors d’un voyage, Delacroix a eu l’occasion de pénétrer dans un intérieur et de voir ce que normalement, on ne donne pas à voir à un étranger et ce qu’il a ensuite représenté a marqué une rupture : la femme algérienne n’est plus vue comme une odalisque, mais dans sa réelle intimité. Il faut arriver à la fin du recueil pour retrouver cet épisode dans « Regard interdit, son coupé »… Cette nouvelle oppose la modalité inquiète de Delacroix, sa vision angoissée de l’invisibilité et du silence au travail de Picasso qui va, dans ses propres œuvres, briser l’interdit et libérer les prisonnières du harem, annonçant les porteuses de bombes de la bataille d’Alger.



L’écriture s’échelonne de 1958 à 2001. L’ensemble est très musical, comme un trajet d’écoutes : les voix et les sonorités, les chants, les « thrènes » des pleureuses sont des points de départ et d’aboutissement dans les nouvelles, des passerelles pour la mémoire et la transmission : « Je ne vois pour les femmes arabes qu’un seul moyen de tout débloquer : parler, parler sans cesse d’hier et d’aujourd’hui, parler entre nous, dans tous les gynécées, les traditionnels et ceux des H. L. M. »…

Assia Djebar a choisi d’écrire en français, la langue du colonisateur ; pourtant, elle pratique le berbère, l’arabe dialectal et a étudié l’arabe classique avant de poursuivre ses études en français puis d’enseigner dans cette langue à l’université. C’est chez elle un choix révélateur car elle considère la langue française comme un voile, avec toutes ses ambiguïtés : l’usage du français l’a, en quelque sorte, libérée, lui a permis de s’exposer, de se raconter, mais aussi de garder une distance avec le monde et avec ses propres mots. Elle utilise ce voile et s’en démarque en même temps, jouant de la diglossie pour transposer les voix arabes en français en se réappropriant la langue du colonisateur.

Cette posture est d’autant plus paradoxale que l’arabe est la langue des femmes. C’est encore plus complexe car, dans sa tribu berbère d’origine, les femmes utilisent un arabe clandestin et occulte, oral, un peu différent de l’arabe de la communauté, celui des hommes. Cette parole plurielle exprime le quotidien familial et religieux.



Ce recueil mérite d’être connu…

Personnellement, j’ai du mal à le dissocier d’un sujet d’études, même après quelques années. Je garde le souvenir d’une lecture un peu difficile, d’un intérêt surtout intellectuel.

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Femmes d'Alger dans leur appartement

Vingt ans après la guerre d'Indépendance dans laquelle les femmes algériennes ont joué un rôle que nul ne peut leur contester, comment vivent-elles au quotidien, quelle marge de liberté ont-elles pu conquérir ?



Au travers de ces six nouvelles ponctuées par le temps, Assia Djebar met en avant ce rapport à l'Histoire, à la mémoire et au questionnement identitaire. L'autrice met à l'honneur l'histoire et le courage des femmes d'Alger avant, durant et après la guerre d'Indépendance. Entre l'angoisse, le désespoir, l'inquiétude et la tristesse, l'autrice rend compte d'une période sombre de l'histoire, d'une période marquée par la souffrance. Face à la mort, telles de simples spectatrices, ces femmes sont hantées par le bruit des combats et ont, à jamais, la hantise du massacre.



Un classique, une recontextualisation bouleversante du chef-d'œuvre du peintre français Eugène Delacroix !
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Femmes d'Alger dans leur appartement

J’ai tenté de lire ce recueil de nouvelles à deux reprises et j’ai abandonné à chaque fois. La chronologie est parfois floue, la lecture peut être difficile par moment et les personnages apparaissent sans trop de contexte (j’ai même réalisé un arbre généalogique de la famille d’Arbia pour tenter d’y voir plus clair). Le sujet cependant est très intéressant, c’est bien pour cela que je garde le livre dans mon armoire afin de pouvoir le relire au bon moment…
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Femmes d'Alger dans leur appartement

mes notes à propos d'Assia Djebar

sur http://grapheus.hautetfort.com/apps/search/?s=Djebar
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Femmes d'Alger dans leur appartement

Une écriture poétique toute en arabesques pour nous donner une image de la vie des femmes en Algérie, du poids des traditions et de l'enfermement dans lequel elles vivent. Le voile sera -t-il à jamais levé?
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Femmes d'Alger dans leur appartement

Femmes d'Alger dans leur appartement d'Assia Djebar est un bouquet de nouvelles qui tisse un chemin narratif racontant l'évolution de la femme algérienne. À travers deux parties intitulées «Aujourd'hui» et «Hier», l'auteure lève le rideau sur la vie quotidienne de la femme algérienne avant et après la guerre d'indépendance. Et dévoile, ainsi, sa condition de vie et son rôle dans une société typiquement traditionnelle.



En effet, les types de champs représentés dans les nouvelles sont parfois réels relatifs aux lieux tel un appartement, Hammam ou plutôt bain public, etc. Et parfois irréels relatifs aux rêves tel le rêve d'un personnage dans l'une des nouvelles racontées, Femme d'Alger. Comme on trouve quelquefois, aussi, des champs mémoriels dans lesquels réside le passé évoqué par les femmes.



À vrai dire, le cercle du souvenir a permet à l'auteure de créer une esthétique littéraire pour le cadre narratif de ses nouvelles. Et présenter, ainsi, un recueil bien situé dans l'espace et dans le temps.



Femmes d'Alger dans leur appartement est, donc, une invitation à la lecture d'un passé féminin vécu sous l'autorité d'une société réservée.

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Femmes d'Alger dans leur appartement

Ce recueil de nouvelles est intéressant au niveau anthropologique puisqu'il nous permet de découvrir la vie de différentes femmes, jeunes ou plus âgées, en Algérie au XXème siècle. Nous voyons tout un pannel de femmes : celles émancipées (elles conduisent, travaillent et ne portent pas le voile), tout comme celles restant chez elles, mariées de force très jeunes, avec plusieurs épouses etc. Il faut savoir que les Algériennes présentes dans ce recueil, quelle que soit leur conditions, me paraissent fortes et je dirais même presque indomptables (positivement).

Connaissant très mal ce pays, j'ai apprécié découvrir un peu de sa culture, ou du moins celle de l'époque : l'importance de la religion, le respect, le "devoir" d'avoir un garçon, chose primordiale pour les hommes, même si certains pères vouaient un amour inconditionnel pour leurs filles et leurs permettaient d'avoir une éducation.

J'ai également aimé le fait que l'auteure ait abordé certains pans de l'histoire, notamment la colonisation française, les tortures et exécutions. Même si les choses sont dites assez pudiquement, nous en avons un petit aperçu, par exemple avec une femme ayant fait partie de la résistance et ayant connu la prison et la torture.



Cependant, je ne suis pas tout à fait conquise, il me manque un petit quelque chose. Il est indéniable que l'auteure à une belle écriture, mais je n'y ai pas toujours adhéré. Le thème (les femmes et leurs conditions) m'a bien sûr plu, mais je me suis parfois un peu perdue dans une ou deux nouvelles, ne comprenant pas toujours les enchaînements. De plus, j'aurais aimé m'attacher plus aux personnages, ressentir de la compassion pour ces femmes et vibrer avec elles, or cela n'a pas été le cas.
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L'amour, la fantasia

J'ai appris beaucoup sur "l'invasion" par la France de l'Algérie, les massacres, ce peuple qui résiste qui est fier et cette femme qui raconte sa vie de tous les jours, très beau livre que je recommande pour comprendre la colonisation française en Algérie.
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L'amour, la fantasia

Le premier livre que j'ai lu de cette femme incroyable.

Un mélange de poésie et d'histoire.

Son écriture est fine. Elle mêle son histoire personnelle, sa chance d'avoir pu bénéficier d'une instruction, à celle des guerres d'Algérie.

Elle se dévoile avec une pudeur extrême.

A lire et à relire.
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L'amour, la fantasia

L'amour, la fantasia

(écrit à Paris, Venise, Alger, dans les années 82-84)

Assia Djebar (1936-2015)

roman, Albin Michel, 256 p, 1995





Assia Djebar est un pseudonyme, choisi par l'autrice algérienne pour ne pas gêner ses parents. Assia veut dire consolation, et Djebar, intransigeance. Deux mots éloquents. J'ai appris cela en regardant le documentaire de Virginie Oks, Assia Djebar, la soif d'écrire.

Virginie Oks est tombée en amour (sic) d'Assia Djebar en lisant L'amour, la fantasia.J'avoue que j'ai eu du mal à entrer et à rester dans ce livre. Parce que le sujet ne m'a pas retenue.

Il s'agit d'une autobiographie présentée de manière éparpillée, parce qu'elle lie le destin de l'Algérie et de sa Ville Imprenable, en 1830 et d'Oran en 1840, et évidemment pendant la guerre d'indépendance, au propre destin de l'autrice, écolière dans une école française, puis étudiante à Paris, et qui fait entendre, parce qu'elle possède la langue française et jouit de liberté, les voix de toutes les femmes algériennes réduites au silence. Cela dit, si Assia Djebar montre des femmes algériennes en partance, comme butin de guerre, pour la France, elle montre aussi une femme française, Pauline Rolland, exilée en Algérie pour faits révolutionnaires. Le titre indique également les deux axes du livre, l'amour, celui de et pour l'Algérie vue comme une femme, l'amour des corps, l'amour de la langue française, même si elle paraît aride en comparaison des diaprures et des entrelacs de la langue arabe, et la mort, celui de toute fantasia, dans laquelle on entend le cri de mort, qui prélude au combat.

Assia Djebar oscille entre France et Algérie comme, petite fille et presque adolescente, elle oscillait entre le harem des femmes voilées ou enfermées et la liberté de courir que lui octroyait sa présence dans une école française. Ce balancement autorise l'enlacement de corps cachés et offerts.

Il est beaucoup question de lettres, d'écrits, de voix dans le livre. La voix sort de l'ombre, l'écrit transmet les combats, les défaites, les massacres, ou relaie la voix féminine algérienne. L'écrit, utilisé par l'Arabe, est subversif, par l'Européen, il est historique, altier, admiratif, parfois compatissant.

Le père d'Assia, qui se prénomme Tahar, le Pur, est instituteur dans une école française. Il est moderniste. Il envoie des lettres à son épouse, au su du facteur, et non à son fils ; l'épouse qui apprend le français dit en parlant de son mari, mon mari, voire Tahar, alors qu'en Arabe, on ne parle du mari qu'en disant Lui. Des jeunes filles cloîtrées écrivent, et leurs lettres sont comme des bonds de liberté, des échappées vers le dehors. Des militaires, français en plus grand nombre, écrivent à leurs familles et leur narrent les combats, des militaires algériens, une poignée, écrivent aussi leurs guerres. Quelle vision de la guerre reste-t-elle dans les mémoires ? Les lettres d'amour sont pour celles qui n'en ont pas reçues, un chant obsidional, elles les extraient de leur situation d'assiégées dans leur propre maison.

C'est ce que j'ai le plus aimé dans ce livre, le portrait des femmes algériennes, traitées comme des sœurs par Assia. Les femmes sont soumises et solidaires. Elles sont résignées, même si sourdement révoltées. Ces femmes ne peuvent employer le « Je » en parlant d'elles. Gare à la femme qui crie : plus que la femme répudiée ou veuve...la seule réellement coupable, la seule que l'on pouvaut mépriser légèrement, à propos de laquelle se manifestait une condescendance ostensible, était « la femme qui crie ».La voix qui monte est interdite. Les femmes bruissent dans la pénombre de leur cloître. Cependant, en temps de guerre, la femme est utile qui prête appui aux maquisards en leur apportant le pain qu'elle a pétri, les uniformes qu'elle a taillés, la nourriture qu'elle a préparée.

Si le corps de la femme est voilé, séquestré, enfermé, parce qu'il n'est plus possible de l'emprisonner, sa voix, même basse, fait entendre le récit des aïeux et du pays à des oreilles et des yeux attentifs et nombreux. Si le maître de maison a quatre femmes, Assia a quatre langues, la langue arabe populaire avec ses formes sensuelles, la française qui la dévoile et la libère, la langue lybico-berbère, et celle du corps qui bouge, se balance quand la main écrit. D'être dans les deux cultures amène Assia au bord du vertige.

Le livre est construit en plusieurs parties, la troisième a pour titre les voix ensevelies : Assia Djebar décline les différentes modulations de la voix, de la clameur aux murmures et chuchotements, des conciliabules au soliloque, et les alterne avec les corps enlacés. C'est dire la puissance de la voix, qui transmet l'histoire, qui dit la condition de la femme, souffrances et relégation, parfois viol par l'ennemi, le « dommage » qu'il vaut mieux taire . Assia écrit pour toutes les femmes, car écrire ne tue pas la voix, mais la réveille, surtout pour ressusciter tant de sœurs disparues.

L'écriture d'Assia Djebar est classique, presque surannée, toute empreinte de poésie et de sensualité ; elle réfléchit constamment sur elle pour être au plus près de la justesse.
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L'amour, la fantasia

J'ai trouvé ces longues pages sur le siège d'Alger ennuyeuses... Et les pages sur l'enfance de l'auteur pas assez passionnantes pour racheter cela.

Je n'ai pas pu finir...
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L'amour, la fantasia

"L'amour ,la fantasia',est un roman de l'écrivaine algérienne,Assia Djebar .Cette dernière fait avec brio ,oeuvre de romancière et d'historienne .Elle fait débuter le roman à l'année 1830 ,date de l'invasion de l' Algérie par la France .Les faits historiques sont fidèles et avérés .Cette occupation est dévastatrice pour le peuple Algérie du fait de l'inégalité de la puissance de feu . C' est tout un cortège de massacres sans pitié ,des viols , des déportations ,des déplacements que rien ne motivent .Les Algériens sont dépossédés de leurs terres ,de leurs troupeaux , de leurs bétails et de leurs biens .Mais l'auteur insiste sur un point qui a toute son importance : ce que malgré toute l'atrocité subie ,ce peuple est fier et demeuré debout . Il résiste .

Tout ça est le côté historique mais l'auteur insère de temps à autre ce que fut sa vie à elle . Sa fréquentation de l'école et sa progression dans la vie de tous les jours .Elle raconte sa vie quotidienne .

Livre intéressant pour comprendre la colonisation française en Algérie .
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