AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Attica Locke (71)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Marée noire

En 1981, à Houston, Jay Porter avocat noir, ancien militant radical en faveur des droits civiques, fête l’anniversaire de sa femme sur un bateau minable voguant sur le bayou Buffalo qui traverse la ville. Le dîner en amoureux est interrompu par des coups de feu et l’apparition d’une femme apparemment poursuivie qui manque se noyer dans la rivière. Cet événement met en branle une mécanique impitoyable. Confronté à une histoire qu’il ne comprend pas, à la réminiscence de sa jeunesse militante et des souvenirs amers qui lui sont associés, au moment où les dockers noirs soutenus par son beau-père pasteur menacent de se mettre en grève, Jay se trouve happé dans cet engrenage.



Premier roman d’Attica Locke Marée noire est un livre ambitieux tant au niveau de la construction complexe de son intrigue que de la reconstitution de deux époques (le début des années 80 et le boom pétrolier de Houston, les années 60-70 et le militantisme noir). Il est par ailleurs, comme l’indique l’auteur en conclusion, étroitement lié à sa propre histoire familiale. C’est en partie ce qui fait le charme de ce roman mais en marque aussi les limites.

De fait, investie dans son sujet, soucieuse d’expliciter les agissements d’un Jay qui apparait comme un double de son père, Attica Locke tend à négliger les explications qui seraient parfois nécessaires à une bonne compréhension de l’intrigue. Si l’on se laisse facilement embarquer dans l’histoire personnelle de Jay Porter, si l’on s’intéresse à ses cas de conscience, à ses renoncements mal assumés à cette forme de lâcheté compensée par un profond désir de justice et la honte même de cette lâcheté – ou plutôt de cette peur profondément ancrée – qui l’habite, on peine souvent à se retrouver dans ces questions de grève des dockers, de collusion entre politiques, magistrats et homme d’affaires qui, pourtant, auraient pu être une formidable trame à cette histoire.



Quelque peu dépassée par son sujet, Attica Locke offre un roman à moitié réussi – ou à moitié raté – avec des personnages complexes et bien campés, mais déroule avec peine son intrigue. Il reste au final quelques belles pages, des personnages ambigus comme on aimerait en voir plus souvent, mais aussi le sentiment d’être passé à côté de ce qui aurait pu être un excellent roman. On espère toutefois que l’on aura l’occasion de lire un autre livre, plus abouti, de cet auteur prometteur.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          80
Bluebird, Bluebird

Le Sud et son racisme systémique ou le meurtre de plusieurs noirs peut rester un léger souci tandis qu'une seule blanche déclenche une enquête.

Loin d'une histoire extraordinaire, c'est bien le quotidien d'une petite ville Texane qui est au cœur de cette affaire.

Un assassinat en entraînant un autre dans un silence opaque du côté de la famille de la victime et de l'intimidation du côté des blancs.

Mais, c'est plus que ça qui se joue, entre ces familles mêlées depuis la fin de l'esclavage, il y a des enfants illégitimes, des métis dont on tait l'origine et des ressentiments qui sont des histoires d'amour qui se nourrissent de la haine ancestrale.

C'est dans ces zones grises que l'autrice puise sa substance narrative.

Ce Sud qu'il ou il faut avoir poussé ses premiers cris pour le comprendre et vouloir y retourner ... pour parfois y mourir.

Une autrice que je vais suivre de très près.

Commenter  J’apprécie          60
Dernière récolte

Louisiane, près de Bâton-Rouge en 2009 : Une ancienne plantation de cannes à sucre qui a connu l’esclavage, la guerre de sécession, puis sur laquelle les noirs sont devenus des employés, est aujourd’hui transformée en parc d’attraction historique et touristique. On y visite les anciennes maisons de maîtres et le quartier des esclaves, on y organise également des mariages grâce à un décor suranné entièrement reconstitué, et l’on peut même y voir des représentations de la vie au temps des esclaves grâce à une pièce de théâtre spécialement conçue pour les touristes.





Dans cette plantation entre deux mondes vit Caren Gray, employée par le riche propriétaire de cette plantation pour gérer le domaine, les employés, les réceptions, l’entretien quotidien. Caren est attachée à cet endroit car sa mère y fut esclave et que tout son passé et celui de ses ancêtres se trouvent ici. Il paraît même qu’un de ses ancêtres, esclave devenu libre après la guerre, aurait disparu juste avant de devenir lui-même propriétaire, et qu’il hanterait encore aujourd’hui son ancienne case au sein du quartier des esclaves…







Pourtant, ce n’est pas le plus inquiétant : Car en faisant son inspection quotidienne du domaine, Caren trouve le cadavre d’une femme sur la propriété, à quelques mètres de la clôture délimitant les champs voisins exploités par l’industrie du sucre… Une fois la police sur l’enquête, il s’avère qu’il s’agit d’une émigrée clandestine embauchée dans la plantation de cannes à sucre voisine : Que fait-elle sur ces terres ? Comment y a-t-elle pénétrée ? Qui l’a tuée et pourquoi ? D’autres personnes sont-elles encore en danger ?





Caren s’inquiète car depuis la découverte du cadavre, elle est suivie par un pick-up rouge… Son effarement grandit lorsqu’elle découvre successivement que sa fille de neuf ans, censée avoir passé la nuit dans son lit, a sa chemise tachée de sang, que les archives du domaines ont été pillées, que ses acteurs tournaient clandestinement un film dans le quartier des esclaves la nuit du crime… Et que la morte a confié à son prêtre avoir trouvé des os humains à la frontière des deux propriétés quelques jours avant sa mort…!





Dès le départ, on pressent que sous ses airs simples, l’enquête prend peut-être ses racines dans une Histoire bien plus ancienne que ne le pense la police. Caren, qui a fait des études de droit, ne divulgue pas toutes ses informations à la police tant que celles-ci pourrait incriminer sa famille. A la place, elle se lie d’amitié avec un journaliste qui enquête pour son article. Ensemble, ils vont tenter de faire la lumière sur les événements embrouillés qui continuent de se tramer sous leurs yeux.





*****



Quand j’ai vu ce roman dans les masses critiques de Babélio, il me tentait mais en même temps, ne connaissant pas l’auteure, j’avais peur du résultat. Ce fut donc une agréable surprise que de rentrer tout de suite dans l’histoire grâce à la belle ambiance que sait instaurer l’auteure de sa plume déjà assurée. C’est un second roman que j’ai trouvé réussi, un thriller non pas haletant ni aux rebondissements surprenants, mais qui pourtant maintient une certaine tension du début à la fin grâce à l’ambiance des lieux, ainsi qu’à certains éléments inquiétants, comme le pick-up qui suit l’héroïne depuis le début, ou d’autres indices intrigants. Une enquête à laquelle on se laisse prendre pour ses personnages attachants, son histoire bien construite, intéressante pour son contexte historique et assez exotique pour nous faire voyager en Louisiane.





Malgré un début qui m’a semblé légèrement maladroit dans ses premières pages concernant la découverte du cadavre, il est extrêmement agréable de voyager dans le temps et dans l’espace avec Attica LOCKE. Dès les premières lignes nous sommes transportés dans la plantation grâce aux mots et descriptions de l’auteure. Un thriller à la fois doux pour ses personnages et son ambiance chaleureuse, et dépaysant pour sa période racontée ainsi que ses paysages chauds et luxuriants qui nous sont décrits. A lire dans la chaleur de l’été pour se mettre dans l'ambiance : Avec son suspense discret mais continu, c'est un roman parfait pour les vacances qui arrivent à grands pas ! Merci aux éditions Gallimard pour le très bon moment passé durant cette lecture !
Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
Commenter  J’apprécie          60
Bluebird, Bluebird

Auteure que je découvre et jolie surprise . Un peu comme le fait Nelscott Kris dans ses romans Attica Locke nous livre une vision de l'Amérique vue par Les Afro-Américains avec une différence notable qu'elle est Afro-Américaine au contraire de Nelscott Kris .

L'histoire est bien ficelée et les personnages présentent quelque soit leur origine des défauts comme des qualités. Avec "Bleubird, bluebird" c'est une plongée dans l'Amérique profonde , celle ses laissés pour compte et qui vivent encore un peu comme au temps de la conquête de l'Ouest . Pas vraiment des outlaws mais pas des saints non plus . C'est également une plongée dans les milieux suprémacistes blancs avec la violence liée à ces gens .

Très bien documentée Attica Locke nous fait découvrir au travers de ce roman la vie de pas mal d'Américains de nos jours et cela fait froid dans le dos .

Plus qu'un thriller policier ce roman est un instantané de l'Amérique profonde .

Commenter  J’apprécie          51
Pleasantville

Houston, 1996. La campagne pour les élections municipales bat son plein. Des bénévoles font du porte-à-porte pour rallier les habitants à l'un des deux candidats en lice, Sandy Wolcott, district attorney, et Axel Hathorne, représentant de la communauté afro-américaine, notamment dans le quartier de Pleasantville. C'est justement dans ce quartier qu'Alicia Nowell, 17 ans, disparaît. Malgré les dénégations de Wolcott, il semble que la jeune fille travaillait pour son l'équipe. Jay Porter, un avocat désespéré depuis la mort de sa femme un an plus tôt, qui a représenté les habitants de Pleasantville dans un procès intenté contre une société chimique, se retrouve malgré lui plongé dans cette affaire : en effet, lorsque l'on retrouve le corps d'Alicia, Neal Hathorne, neveu du deuxième candidat et son directeur de campagne, se retrouve accusé du meurtre. Jay, qui comptait petit à petit se retirer des affaires, se voit confier la défense du jeune homme…



Coups bas, manipulations, mensonges, intimidations, ce roman noir nous fait entrer dans un monde glauque où tout est permis, tant l'enjeu est grand – dans la foulée de ces élections municipales se profilent les présidentielles de 2000. Le meurtre de la jeune fille est associé à deux autres meurtres perpétrés trois ans plus tôt et qui n'ont jamais été élucidés, et les deux candidats semblent n'avoir aucun scrupule à l'utiliser à leur profit. Jay Porter, qui porte la blessure encore à vif de la perte de sa femme, et tâche d'élever seul ses deux enfants, découvre petit à petit les dessous de la politique locale : avec sa secrétaire qui mitonne des haricots rouges dans le bureau, et l'aide d'une amie journaliste, il mène sa propre enquête. Abandonné par les habitants de Pleasantville qui lui reprochent, bien qu'il ait gagné leur procès, de ne pas s'être suffisamment battu puisqu'ils n'ont pas touché le moindre dollar après le jugement, il s'obstine, au nom d'une probité qui tranche avec le machiavélisme ambiant. Il en devient presque lumineux dans sa recherche de la vérité, qui lui permettra enfin de faire son deuil.



Un roman noir qui emmène le lecteur dans les arcanes du système électoral américain. Leur complexité peut perturber un lecteur français, ainsi que la multitude de personnages secondaires. Une lecture parfois fastidieuse donc, même si j'ai été sensible au personnage de Jay Porter. A signaler, une belle traduction dépouillée d'anglicismes et assez littéraire.



Roman lu dans le cadre du Prix des Lectrices de Elle

Commenter  J’apprécie          50
Dernière récolte

J’ai été séduite par ce roman à la trame développée comme un polar. Le cadre est la Paroisse d’Ascension en Louisiane, dans la plantation Belle Vie, restaurée en écomusée. S’y déroule des mariages, des séminaires, des sorties éducatives. Caren Gray est la responsable du domaine. Un domaine qu’elle a découvert lorsqu’elle avait douze ans et où elle a vécu avec sa mère avant de partir étudier le droit à La Nouvelle Orleans. Helen, sa mère avait obtenu le poste de cuisinière. Caren avait vécu ses meilleures années à Belle Vie auprès des enfants du propriétaire Leland Clancy : Bobby et Raymond. Proche de Bobby, le cadet, elle appréciait les anecdotes et légendes qu’il s’amusait à raconter, des récits sinistres du passé.

Un jeudi matin, le premier matin sec de la semaine, est découvert le cadavre d’une femme dans un champ, près du village des esclaves. Le meurtre est brutal. L’ouvrière d’origine hispanique, Inès Avalo travaillait pour le groupe Groveland Farms. Son corps est retrouvé près de la clôture qui sépare la plantation des champs de canne à sucre. Une semaine auparavant, elle avait découvert un os humain. Très croyante, elle avait peur d’avoir dérangé une sépulture et averti le régisseur du groupe.

A Belle Vie, les liens avec les ancêtres sont toujours aussi forts et même après quatre voire cinq générations la communauté noire est profondément soudée. La mémoire n’est pas l’histoire mais la prise de conscience est là. Même en 2009, le racisme et les discriminations, ces saloperies, sont toujours vivaces.

Le récit est enraciné dans le passé esclavagiste des Etats-Unis du sud. L’auteure explore les traumatismes de l’asservissement des noirs. On sent la présence des anciens. Attica Locke recourt à un crime contemporain pour révéler un crime ancien, comme un effet miroir. Le lecteur plonge dans les secrets d’un lieu mais aussi dans ceux d’une famille, celle de Caren. L’auteure explore les choses en leurs racines. J’ai préféré « Bluebird, Bluebird". J’espère lire bientôt « Marée Noire ». Je crois bien que je suis fan.

Commenter  J’apprécie          40
Dernière récolte

Après "Bluebird, Bluebird" "Dernière récolte" est le second roman que je lis de cette auteure et dans les deux lectures le même constat : les débuts sont ardus , trop de noms ou surnoms , de lieu , de dates etc mais une fois cet écueil passé je suis très vite happé par l'histoire .

Attica Locke fait vivre ou comme dans ce roman revivre le sud des USA sans être caricaturale . Il n'y a pas d'un côté les "méchants" blancs et de l'autre les "bons" noirs descendants d'esclaves . Rien n'est tout blanc ou tout noir .

Cette histoire nous mène au coeur d'une plantation , réelle héroïne du récit dont Attica Locke arrive à nous faire sentir les odeurs et la pluie moite de Louisiane sans oublier qu'elle nous met l'eau à la bouche en décrivant quelques menus typique du sud.

L'intrigue qui entremêle adroitement deux familles et deux époques est classique et sans réelle surprise mais bien menée et l'auteure maintient l'intérêt du lecteur jusque dans les dernières pages .
Commenter  J’apprécie          40
Bluebird, Bluebird

Après s'être fait connaître chez Gallimard à la série noire avec trois romans remarquables, Attica Locke poursuit son exploration du Texas dont elle est originaire à travers ce nouveau roman Bluebird, Bluebird.



Sous ses allures d'enquête policière ce récit nous emporte tel un bon blues âpre et poisseux vers un coin reculé de l'Amérique profonde où le KKK a pris une nouvelle dimension, remplacé par un tout nouveau genre de Fraternité tout aussi raciste et même plus dangereuse afin de pouvoir commercer de trafics en tous genres en toutes illégalités et qui n'hésite pas à se débarrasser des témoins gênants.



C'est dans ce contexte que notre Rangers Black réussira plus ou moins à délier les langues grâce à son étoile qu'il arbore fièrement même si sa couleur de peau lui cause un sérieux handicap dans cette contrée où il ne fait pas bon être noir.



Une tension raciale extrême pèse sur cette communauté et démontre une fois de plus, qu'aucun lieu de l'Amérique n'est épargné.



Attica Locke confirme son talent en mêlant intrigue et réflexions sociales à travers ce nouveau roman envoûtant impossible à lâcher.



Une étoile montante de l'Amérique qui n'a pas fini de briller.



Chronique complète sur mon blog Dealerdeligne sur WordPress via le lien ci-dessous
Lien : https://dealerdeligne.wordpr..
Commenter  J’apprécie          40
Pleasantville

Pleasantville est un quartier de Houston aux Etats-Unis qui est le théâtre d’élections municipales qui opposent Sandy Walcott, actuel procureur du comté, et Axel Hathorne, ancien chef de la police. On est alors en 1996 et pour la première fois, un afro-américain peut être élu grâce au soutien massif des habitants du quartier. Dans ce contexte, une jeune fille disparaît en distribuant des tracts électoraux. Un avocat, Jay Porter, mène l’enquête et est très apprécié dans le quartier ayant défendu les habitants contre une firme pétrolière.

Ce personnage principal est très réussi et je m’y suis attachée facilement vu son passé tumultueux et son combat pour les droit civiques. L’histoire commence bien en se concentrant sur l’intrigue policière et la disparition de la jeune Alicia Nowell. Mais, rapidement, l’intrigue politique prend le dessus et je me suis retrouvée perdue dans les arcanes du système électoral. Manipulations, chantages, coups bas, rien n’est épargné aux candidats et j’ai eu des difficultés à suivre les méandres de l’intrigue qui se révèle assez complexe. Je me suis également égarée à travers les différents personnages secondaires. Ils sont peu consistants et sont introduits rapidement, je n’avais pas de plaisir à les retrouver chapitre après chapitre et je me suis tout doucement ennuyée au fur et à mesure du récit.

La qualité de l’écriture et la maîtrise de l’intrigue sont indéniables et ce roman noir plaira sans nul doute aux fans d’intrigues politiques et judiciaires mais personnellement, l’auteure n’a pas réussi à m’embarquer dans son univers et j’ai trouvé ce roman trop long et un peu ennuyeux.

Commenter  J’apprécie          40
Bluebird, Bluebird

16.07.2022 #66ème



Dans le cadre du Bureau des Lecteurs Folio Policier RTL 2022, deuxième lecture avec Attica LOCKE qui nous emmène au Texas début du XXIeme, c’est hier, où les clivages raciaux, le passé des plantations, les difficultés quotidiennes pour une personne de couleur sont encore bien ancrés….



Au décès de son très jeune père, Darren Mathews, a été recueilli par ses oncles jumeaux Clayton, professeur de Droit, et William, un des premiers Rangers noirs. Il a suivi quelques temps des études de droit, y a rencontré celle qui allait devenir son épouse Lisa, même si aujourd’hui leur couple bat de l’aile, mais suite à l’affaire « Jasper »s’est finalement orienté vers le métier de Ranger.



Momentanément «mis de côté » étant lié à une affaire criminelle où il avait apporté son aide à l’accusé quelques jours plus tôt, Darren est envoyé, non officiellement, à Lark petit hameau perdu dans le bayou. On vient d’y trouver successivement le corps apparement noyé d’un homme noir venant de Chicago puis le corps d’une jeune habitante du coin, blanche.



Que venait faire Michael Wright dans ce minuscule bar au bord de cette nationale, tenu depuis des décennies par Geneva ? Quel mystère entoure la mort de Missy, cette jeune maman serveuse d’un bar situé à 10km, où les fantômes du KKK règnent encore ?



« Bluebird bluebird » c’est aussi une histoire de musique, de groupes de musiciens et d’amour.



La tension est présente de bout en bout, entre ce que la loi autorise aujourd’hui et les us et coutumes, les amours, les jalousies et les mensonges, les non dits… Pas facile d’enquêter quand plusieurs histoires se mêlent, que les locaux n’ont pas confiance envers un Ranger étranger mais qui œuvre pour trouver la(les) vérité(s), et, pour notre satisfaction, ira jusqu’aux dénouements….
Commenter  J’apprécie          30
Bluebird, Bluebird

Je réagis facilement aux atmosphères. Attica Locke nous séduit avec rigueur et précision dans ce roman aux accents bluesy. Elle nous donne rendez-vous avec Darren Mathews, Rangers du Texas à la peau noire. Il s’agit du premier opus de cette série policière qui donne la parole à une frange de la population marginalisée. L’auteure ouvre le roman dans un décor de cimetière. Une vieille femme noire de soixante-neuf ans qui répond au prénom de Geneva se tient devant les tombes de son mari et son fils morts assassinés. Geneva est méfiante mais généreuse. Elle est fière, solide, rustique. Elle tient le Geneva Sweet’s Sweets, un café-restaurant à l’entrée de Lark, bourgade de 178 habitants dans le comté de Shelby, où un jukebox diffuse du blues. Derrière, longe la forêt et le bayou Attoyac où sont découverts à quelques jours d’intervalles les corps sans vie de Michael Wright homme noir et de Missy Dale femme blanche. Darren Mathews est suspendu de l’unité des Rangers pour avoir fauté. Il est contacté par un ami du FBI suite à la découverte de deux cadavres retrouvés dans le bayou. C’est suspect.

Darren a été élevé par ses oncles paternels. Ses relations avec sa mère sont essentiellement d’ordre pécuniaire. Elle appelle lorsqu’elle est à sec. Son mariage est à l’agonie. Il saute donc sur l’occasion pour s’échapper de la tourmente et file sur la route 59 qui traverse le Texas. Son attirance pour les affaires d’homicides à caractère raciste le motive plus profondément depuis le meurtre de son oncle William en service. A Lark, il rencontre la faune locale, un enchevêtrement de liens familiaux entre noir et blanc. Il y a de la rancœur entre les deux clans, des secrets et des squelettes dans le placard. Ses investigations le mènent jusqu’au café blanc à l’autre bout du village où il décampe à coups de fusil.

Il y a aussi Randie, la femme de Michaël Wright et qui ne laisse pas indifférent notre limier ; Keith Dale, le mari violent de Missy la seconde victime ; le shérif dont le comportement est pour le moins ambigu ; et en toile de fond la Fraternité Aryenne du Texas, un groupuscule raciste genre Ku Klux Klan.

C’est un polar bien ficelé où la psychologie des protagonistes est approfondie. Le macrocosme et le microcosme sont intimement liés en un savant dosage. On éprouve de la sympathie. On sent la sueur et le graillon au rythme de la guitare bluesy.

J’ai a-do-ré.

Commenter  J’apprécie          31
Bluebird, Bluebird

Coup de coeur absolu pour cette auteure!

Prenons la direction du Texas, plus précisément Lark, où se trouve le Sweet's Sweet de Geneva, un café-bar incontournable, avec son juke box et sa guitare accrochée au mur.

Deux cadavres viennent d'y être retrouvés, celui d'un homme noir et celui d'une femme blanche..

Cinq cents mètres plus loin, il y a le second bar, le Jeff's Juice House qui appartient à Wallace Jefferson III, tout comme le reste de la ville.

C'est là, dans cette ville où Noirs et Blancs cohabitent difficilement et où les tensions raciales sont vives que le Ranger Darren Matthews débarque.

L'accueil n'est pas des plus chaleureux.. Surtout quand il interfère dans l'enquête du Shérif local!

Pas de temps mort pour ce roman policier passionnant, agrémenté de standards de Blues! On a l'impression de faire une plongée dans les années 50-60, mais non, nous sommes bien en 2016!



Commenter  J’apprécie          30
Pleasantville

J'ai découvert Attica Locke il y a un an en lisant son autre roman Dernière récolte.  J'étais donc curieuse de la retrouver dans cette nouvelle enquête. On quitte la Louisiane pour Houston, Texas en 1996 alors que les élections municipales approchent, une jeune femme disparaît...

Pleasantville est le premier quartier bourgeois créé par les hommes et femmes noirs ayant, malgré la ségrégation, réussi dans les affaires. Un bastion de l'upper class noire devenu incontournable à chaque élection. Et celle-ci est particulière puisque pour la première, un candidat Afro-Américain est sur le point de l'emporter. Il s'agit d'Axel Hathorne, l'ancien chef de la police et fils de Sam Hathorne, une des familles les plus aisées de Houston. 

Axel Hathorne affronte Sandy Wolcott, la district attorney (procureur) du comté et la bataille fait rage lorsque qu'une jeune femme, Alicia Nowell disparaît. Celle-ci avait un tract dans son sac, accusant le candidat noir de vouloir détruire le bayou, et son biper prouve qu'elle a tenté de joindre Neal Hathorne, le neveu d'Axel et conseiller de communication. Le jeune homme est rapidement suspecté. Sam Hathorne fait alors appel à Jay Porter, un avocat connu localement pour défendre les plus faibles.



Ce dernier se bat depuis des années face à un conglomérat pétrochimique responsable d'une pollution et d'un incendie ayant touché de nombreuses familles.

Regroupé en action collective, les deux cents plaignants ont eu toute confiance en Jay et celui-ci a finalement remporté son procès mais la filiale refuse depuis de verser le moindre dollar. Jay a mené le combat le plus dur de sa vie devant les tribunaux alors que sa femme mourait d'un cancer. Depuis, Jay tente de s'occuper de se deux enfants tout en essayant de trouver une solution à cet imbroglio judiciaire. Il est alors contacté par Sam Hathorne pour défendre son neveu, accusé soudainement du meurtre d'Alica Nowell. 



Celui-ci se dit victime d'une machination, sans doute la partie adverse pour infléchir le cours de l'élection. Jay accepte en sachant qu'il va s'attirer pas mal d'ennemis et rapidement les soucis arrivent, ainsi que les menace sur sa famille mais l'homme est coriace...

Un pavé et un bon page-turner où l'enquête est rondement menée et où le rythme est enlevé. Une découverte que l'histoire de Houston, de ce quartier sorti de nulle part, et des tensions entre blancs et noirs, puis l'arrivée des premiers américains hispaniques et la fissure au sein de cette communauté bien-pensante.  L'auteur décrit avec passion ce quartier, les disparités entre les communautés, l'histoire de la ville. J'ai énormément appris sur Houston, la crise économique et la lutte intestinale entre ces communautés et sur les élections municipales, les jeux de pouvoirs, d'argent et le lobbying. Une plongée assez terrifiante accompagnée d'une enquête sans jamais oublier la victime et où s'inquiète pour la famille de Jay Porter.

Les personnages sont touchants et bien réels, on s'attache à Jay et à sa famille, à ses amis. Un seul bémol, mais il faut en parler : le nombre de personnages - Tant de personnages dont il faut se rappeler le nom et la fonction peuvent faire peur ! Pour ma part, j'ai failli prendre un papier et noter leurs noms. Heureusement, l'action se resserre et le cerveau finit par enregistrer tous les noms, mais je vous préviens, c'est le challenge de ce très bon polar :-)

Commenter  J’apprécie          30
Marée noire

Houston 1981 : dans la ville pétrolière, un avocat noir, ancien activiste, essaie de s'en sortir...



Native de Houston, Attica Locke a publié ce premier roman à trente-cinq ans en 2009 (traduction française en 2012). Scénariste professionnelle à Los Angeles, elle réalise un roman largement honorable en tant que thriller policier, mais parvient surtout à captiver par la belle double plongée qu'elle exécute, dans les mouvements noirs des droits civiques à la fin ds années 60, au moment où se préparent la défaite et la radicalisation sans espoir, sous les assauts paranoïaques d'un FBI agissant à cette époque en véritable police politique, d'une part, et dans l'écheveau des liens et des compromissions intense qui lient les milieux d'affaires pétroliers internaitonaux et les patriciens texans qui, à l'instar des Bush, ont fait fortune dans le secteur, d'autre part...



A travers le personnage de Jay Porter, petit avocat noir tentant de faire son "trou" et de faire vivre son couple après un séjour de plusieurs années en prison en tant qu'activiste, la ville de Houston en 1981, son port, ses complexes pétrochimiques, ses dockers syndiqués essayant de résister aux pressions (comme un clin d'oeil à la deuxième saison de "The Wire"), son boom immobilier et sa maire, ancienne compagne de lutte de Jay, opportuniste en diable, dont on ne sait vraiment si, à l'époque des revendications musclées, elle a trahi ou non, tout ce décor assez rarement peint prend des couleurs singulières, à la fois attachantes et désespérantes.



Peut-être moins acéré que le très bon "Les péchés de nos pères" de Lewis Shiner, en ce qui concerne la mémoire et les traces contemporaines des luttes émancipatrices des Afro-Américains, "Marée noire", dans un cadre inhabituel, nous propose un fort bon moment de lecture.

Commenter  J’apprécie          30
Marée noire

"Monsieur Porter, ce n'est pas moi qui devrais avoir peur de monsieur Cole"



Déniché grâce à ma soeur et une chronique de France Inter qui comparait le bouquin à la chouette série The Wire (normal, l'auteur est scénariste chez HBO).



Lors d'une soirée en amoureux, Jay Porter est le témoin indirect d'un meurtre ; pour des raisons troubles, il n'en parle pas à la police. Dès le lendemain, il éprouve l'inquiétante impression d'être suivi. C'est alors que se déclenche la grève des dockers, sans lesquels Houston ne serait rien, suite au passage à tabac d'un jeune syndicaliste noir.



"Les éléments de cette histoire, les dernières vingt-quatre heures de sa vie s'étalent devant lui comme les morceaux hétéroclites de son téléphone cassé, des fragments qui ne collent pas ensemble, qui n'ont aucun sens : un homme lui remet des liasses de billets pour qu'il se taise au sujet d'un meurtre qu'il n'a pas vu. Il peut prendre le problème par n'importe quel bout, ça reste une sale affaire".



Jay Porter est bien vite confronté aux fantômes de son passé de militant radical de la cause des droits civiques, où son chemin avait croisé celui de Cynthia Maddox, l'actuelle maire de Houston.



sur fond de rivalités syndicales, de revival de la lutte pour les droits civiques et contre la discrimination. Ajoutez là-dessus quelques pincées de thriller, et des effluves du pétrole exploité le long du Ship Channel, ce littoral texan entièrement aménagé autour des hydrocarbures où les relents de Ku Klux Klan ne sont pas toujours dissipés.



Bref, un bon polar pour l'été.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
Commenter  J’apprécie          30
Au paradis je demeure

J’ai été assez déçu de ce livre. L’intrigue était vraiment prometteuse mais le style d’écriture ne me correspond pas. Je n’ai pas réussi à rentrer dans l’univers de l’auteur. Je me suis complètement perdue entre les différents personnages et lieux de l’histoire. J’ai eu le sentiment de prendre le train en route, d’avoir loupé des éléments… je me suis à plusieurs reprises demandé s’il ne s’agissait pas en réalité d’une saga et qu’il me manquait les premiers tomes.
Commenter  J’apprécie          20
Au paradis je demeure

J’aurais sans doute dû m’armer d’un papier et d’un crayon pour noter qui était qui, mais je ne l’ai pas fait et suis resté dans le brouillard du début à la fin de ce policier. L’autrice ne m’a pas aidé par son style fort elliptique qui rend les situations souvent obscures. De plus l’intrigue possède tant de ramifications que la confusion n’est jamais loin.

Côté positif, il y a du talent chez Attica Locke pour décrire l’atmosphère de cette région du Texas où cohabitent blancs, noirs, et indiens, au début de la présidence de Trump qui a ravivé bien des racismes et relancé des groupes d’extrême-droite. L’autrice évite heureusement les clichés grossiers qui opposeraient les « bons » et les « méchants »

Commenter  J’apprécie          20
Bluebird, Bluebird

A l'occasion d'une flânerie à la recherche des prochains titres à découvrir je suis tombé sur ce roman d'Attica Locke.

J'avais envie de changer d'atmosphère et pour le coup je n'ai pas été déçu pour ça. Texas de l'est, la Louisiane est à quelques encablures, les bayous, les chemins de terre, les pick up et l'ambiance des états confédérés du sud.

L'air est poisseux, humide et oppressant à souhait, on sentirait presque les moustiques vous bourdonner près des oreilles.

Entre passés, histoires de familles et du terroir complexes. Conventions d'acceptation de non cohabitation entre noirs et blancs.. Des suprémacistes blancs en toile de fond.

Notre héro, un ranger du Texas aura bien du mal à mener à son terme son enquête ou comment assoir son autorité quand on est noir dans cette partie des Etats-Unis. Un récit qui tristement met en lumière des situations figées dans le temps et la complexe cohabitation encore de nos jours entre blancs et noirs. Ce roman bien que présentant quelques petites longueurs au milieu de l'histoire n'en est pas moins intéressant à lire et ne tombe pas dans les stéréotypes auxquels on pourrait s'attendre.
Commenter  J’apprécie          20
Dernière récolte

L'auteure nous conte les aventures de Karen au sein de la plantation belle vie en Louisiane.Evidemmrnt l'histoire est d'un autre temps et les moeurs ont evolue depuis mais ce livre a une valeur documentaire de témoignage et dans son genre est tres bien fait.
Commenter  J’apprécie          20
Au paradis je demeure

Darren Matthews est un Texas Ranger à peau noire, que ses supérieurs trouvent parfois un peu « désobéissant ». Il est marié à Lisa. Son union a été fragilisée et après plusieurs consultations avec un conseiller conjugal, ça va mieux. Il a fallu qu’il abandonne le travail sur le terrain et qu’il se cantonne à un emploi de bureau qui lui convient moins, mais c’était le prix à payer pour garder son couple en vie. Bell, sa mère, qui ne l’a pas élevé, tant elle était une poivrote notoire, le fait chanter suite à une affaire précédente. Lui, il « court » après sa reconnaissance, son amour, il essaie d’avoir une relation filiale et il galère car elle le manipule.

Darren est envoyé près du lac Caddo où un jeune garçon de neuf ans, Levi, a disparu. C’est l’occasion pour lui de mener à nouveau l’enquête. Le père de l’enfant est en prison, chef de la fraternité aryenne, il fait du trafic de drogue. La mère s’est mise en ménage avec un autre homme, pas plus net que le paternel. Darren est envoyé là-bas avec une double mission : retrouver le gamin si possible mais surtout essayer d’obtenir des informations sur la FAT (fraternité aryenne du Texas) afin de faire tomber cette « organisation terroriste » dixit son chef. Lorsque Matthews arrive sur les lieux, à Hopetown, il découvre un melting-pot à l’équilibre délicat. Dans la ville de Jefferson, à vingt-cinq kilomètres, il y a des blancs riches, qui dirigent tout et œuvrent dans l’ombre. Mais là, un peu plus loin, des blancs pauvres, quelques indiens (ayant réussi à rester sur place) et Leroy, un vieil homme noir grincheux vivent dans des caravanes ou des masures. D’ailleurs, le petit Levi ayant « cherché » Leroy plusieurs fois, ne serait-ce pas lui qui l’aurait kidnappé et tué ? Est-ce que ce serait un crime raciste ? Ou y-a-t-il d’autres enjeux ?

C’est un polar d’atmosphère que nous offre Attika Locke. On sent l’ambiance poisseuse entre les hommes, leurs relations faussées. Certains s’imaginent avoir la suprématie (on est un mois et demi avant l’investiture de Trump) et profitent de leur statut pour écraser les autres. Même Darren souffre, son insigne ne le protège pas de tout et c’est très compliqué pour lui. En plus, comme il est en « délicatesse » avec ses amis, ses collègues (peut-être qu’il n’a pas tout dit sur sa dernière affaire), il avance sur des œufs, en surveillant ses arrières en permanence tant il a peur d’être coincé. Il n’y a pas que les éléments liés aux rapports entre les personnages qui impulsent un « climat ». Il y a également les lieux : Jefferson où la grand-mère de Levi joue à merveille un double-jeu, odieuse sous une façade souriante ; menteuse sous des dehors policés ….et surtout le bayou, les lacs, avec la mousse, des herbes qui bouchent la vue, de la vase collante, les moustiques qui marquent la peau…..

Ce que j’apprécié dans les récits d’Attika Locke, c’est que le contenu (à savoir ici une intrigue pleine de ramifications) est autant travaillé que le contexte. C’est riche à tout point de vue, les protagonistes ont des caractères bien campés, les faits ne sont pas simples et linéaires et il y a une réelle et profonde réflexion sur le pays, le Texas plus précisément. Sans sombrer dans la politique, l’auteur s’interroge. Est-on d’un pays quand on cherche sa place très souvent, quand on doit parfois justifier le droit d’exister, d’avoir un métier ? En outre, elle a une écriture élégante (merci à la traductrice), délicate et un style porteur de sens. Le fond et la forme sont en parfaite harmonie et je ne peux que recommander cette lecture.


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Attica Locke (266)Voir plus

Quiz Voir plus

Dragon ball et Dragon ball Z

(Super facile) Combien d'enfant a Son Goku ?

1
2
3
4

10 questions
762 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}