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Critiques de Baptiste Morizot (79)
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Sur la piste animale

Baptiste Morizot apprend à vivre "dehors" " au grand air" à "s'enforester" à pister l'animal pour en comprendre le mode de vie. Sa quête l'amène à penser comme le prédateur, à se déplacer même dans le corps de l'autre qu'il soit loup, panthère, ours ou ... lombric. Sa réflexion, ses expériences, relatées simplement, visent à transformer notre relation aux autres êtres vivants , replaçant l'homme dans son milieu naturel.

Très intéressant, à lire alors que les changements climatiques nous interrogent sur la responsabilité des sociétés humaines sur la destruction de l'environnement.
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L'inexploré

Un livre essentiel. L'inexploré, ce n'est pas l'infiniment grand, ni l'infiniment petit. C'est le mystère, la beauté et la complexité de notre rapport aux non-humains, dont l'auteur parle avec beaucoup de finesse et d'expériences (il est un spécialiste des loups).
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L'inexploré

J'avais bien apprécié " Manières d'être vivant " en 2020 ,qui résonnait en cette période traumatisée par l'épidémie . L'aventure scientifique de Baptiste Morizot ne pouvait pas laisser indifférent et c'est pourquoi je me suis empressée d'acheter son dernier livre : " L'Inexploré " paru très récemment . Hélas , je l'ai trouvé illisible pour une littéraire comme moi . Décidément , la philosophie pure me résiste . Je dis " pure " car nombreux sont les écrivains philosophes que j'ai enseignés dans ma carrière de prof de Lettres avec grand plaisir , de Montaigne à Sartre en passant par Rousseau ou Voltaire . Ça reste un mystère pour moi : pourquoi cette écriture abstraite , qui n'hésite pas à se répéter ? Comme si le fond l'emportait sans scrupules sur la forme .
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Sur la piste animale

Un auteur essentiel. De la philosophie, de celle qui aide vraiment à vivre mieux, à devenir meilleur.e, à comprendre le vivant qui nous entoure. Enfin une oeuvre philosophique exigeante et accessible, poétique et profonde. Merci Monsieur Morizot pour l'ensemble de votre oeuvre et votre réflexion si juste !
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Manières d'être vivant

Mais quelle immense déception ! A aucun moment, AUCUN, l'auteur ne remet en cause le fait de tuer des animaux pour notre plaisir. A la place, au seul moment où il évoque l'antispécisme, c'est pour dire que les antispécistes sont les pires car ils créent une autre hiérarchie. Bref, il n'a rien compris au sujet. Il continuera de se gargariser de respecter le vivant en bouffant son entrecôte, probablement parce que la vache a "bien vécu". Ce livre est tout simplement une imposture.
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Forêts

Un ouvrage à plusieurs mains sous l'égide de La Relève et la Peste, non seulement beau mais passionnant. On y découvre ce que sont les arbres, leur physiologie, leurs potentiels, l'intelligence et la beauté d'une forêt, ce qui fait qu'une forêt en est une. Ces articles courts et clairs, documentés et précis, donnent envie de participer à la protection de ce monde sans pareil que la soif inextinguible de l'industrie, qui utilisant les mêmes mécanismes monstrueux que pour l'agriculture et l'élevage, menace de disparition.
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S'enforester

Ce livre, plus qu'un livre, réalise pleinement son souhait initial : "un exercice de mythologie réelle à portée politique pour demain".

Les photos d'Andrea Olga Mantovani directes, vraies, à nu et très simplement étranges (notre étrangeté, notre altérité les traversent) évoquent notre relation profonde, intime et spirituelle à la terre, l'animal, le végétal, ce vivant dont nous sommes indistincts.

Le Éditions d'une rive à l'autre magnifient le travail du philosophe et de la photographe : beauté des tirages, cadeaux des cartes-mémoires entre les pages (comme des négatifs de nos rêves), mise en page claire et aérée, police de caractère habitée...

Un vrai souffle !
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Manières d'être vivant

Quel est le point commun entre des loups, une éponge et Spinoza ? Et comment peut-on passer de Proust aux canidés ? La première question trouve sa réponse dans Manières d'être vivants, recueil de communications au premier abord un tantinet hétéroclite mais qu'une même visée militante et démonstrative ramasse. C'est un itinéraire de lectures par discussions, rebonds, et recommandations qui répond à la deuxième. Merci aux amis précieux qui permettent la maturation d'une réflexion toujours en chemin.



« Une saison chez les vivants » vous met à l'affut des loups dans le Sud-Vercors. Dans les sous-bois, là où la neige est plus molle, à l'écart des pistes de ski, à l'aplomb d'une paroi, on piste les traces. Des empreintes divergentes ou de la rectiligne trajectoire dans laquelle ils auront été pourtant au moins cinq à mettre leurs pattes, on extrapole les comportements, le museau au vent ou le ventre à terre, l'ouïe aux aguets. En mimant, d'après les laisses odorantes et les traces, ce qu'a dû être sa gestuelle, on imagine la meute. Et de cet exercice qui impose son éprouvé, la puissance d'un corps dans un environnement commun, on ressent le vivant en partage. Je suis nous loup aussi et c'est bon ! nous dit Morizot. A ce stade, je hurlais mon contentement en retour.



Bien loin d'un dualisme qui mettrait l'homme d'un côté, la Nature de l'autre, la raison au-dessus, les pulsions tout en bas, l'humain ici, les animaux là, on communie dans un vivant qui fait remonter à fleur de peau les réminiscences d'ancestrales ascendances. Car il s'agit de penser l'évolution « comme accumulation sédimentaire d'ascendances animales, parfois végétales, bactériennes aussi, dans chaque corps vivant. » Ces couches se manifestant non par une géologie de la profondeur mais dans une disponibilité à la surface, « comme des spectres qui vous hantent » et vous constituent. du pouce opposable à l'attachement pour tout bébé, de la capacité à reconnaître le rouge d'un fruit mûr dans le vert d'une frondaison, « nous avons tous, nous vivants, un corps épais de temps, fait de millions d'années, tissé d'aliens familiers, et bruissant d'ancestralités disponibles. »



(Parenthèse pour happy few : Des milliers de réminiscences constitutives d'autant d'ascendants variés, ça vous a une autre gueule que la seule cristallisation d'une identité autour de quelques souvenirs d'enfance momifiés !)



Aussi, quand il s'est agi de se mettre dans la peau d'une éponge, j'étais prête. Bon, ça m'a moins emballée. J'ai été enchantée de l'hommage au sel. Cette idée qu'aujourd'hui encore, comme en des temps immémoriaux où nos ancêtres étaient aquatiques, nous sommes constitués d'eau et que, lorsque nous salons notre pitance, nous faisons allégeance à cette lignée. Me convainc bien moins que ce soit cette prise de conscience qui nous empêchera de détruire faunes et flores sur le principe que chaque extinction prive l'avenir d'un potentiel d'intelligence et de développement au moins aussi stimulant que ce qu'a donné l'évolution de l'éponge jusqu'à l'homme. C'est Mozart qu'on assassine dans chaque espèce de bactérie sacrifiée. D'un point de vue philosophique et évolutionniste, j'ai envie de dire, oui et alors ? Il n'y a aucune nécessité à ce que quoi que ce soit advienne en particulier. Et si l'homme anéantit tout son environnement, ça ne contrariera pas plus que ça n'exaucera aucun plan. Par contre, ça exige sa petite larme catastrophée d'un lectorat sensible à une cause militante. Et ça, c'est pas vraiment compatible avec une réflexion philosophique qui devrait se faire absolument préservée du souci de son influence, non ?



Le chapitre « Philosophie politique de la nuit » a pour cadre l'observation d'une zone où loups et troupeaux cohabitent vaille que vaille. Au sein d'un dispositif officiel visant à pacifier les rapports entre les uns et les autres, Baptiste Morizot théorise le rôle de diplomate, de traducteur inter espèces qui lui permet de sortir d'un dualisme loup méchants / brebis gentilles, de donner du poids aux contraintes et points de vue des différents partis. Cette fonction, il la définit, l'endosse avec une abnégation que j'ai trouvée presque ostentatoire et un peu pénible.

Certes, depuis ma fenêtre, confortablement installée, je dispose d'une tranquillité que n'a ni le loup affamé ni l'éleveur de brebis, ni l'écolo désespéré. Mais j'ai trouvé là encore un mélange des genres qui m'a dérangée. La curiosité pour cet autre qu'est le loup, l'urgence à répondre à l'extinction massive des espèces arment le propos du philosophe d'une volonté d'agir, là où une observation attentive et la moins engagée possible, une conceptualisation pure m'auraient davantage convenu. Comme si, après les idéologies qui imposaient qu'on fasse une révolution prolétaire, après le devoir d'ingérence et ses sacs de riz, il s'agissait désormais, au nom de la survie de l'humanité, qu'on s'enrôle dans une nouvelle guerre armée. Qu'on fasse allégeance à une nouvelle utopie. Verte cette fois. Mais toujours avec ses héros, ses donneurs de leçons qui prennent avantageusement la pose, exhibant le romantisme tragique de leur condition, celui qui leur va si bien au teint. Bof. Sans moi.



J'ai gardé pour la fin « cohabiter avec ses fauves » car c'est le chapitre qui m'a procuré le plus de plaisir, m'a le plus puissamment fait réfléchir. Pour un hors-série sur Spinoza dans Philosophie Magazine, Baptiste Morizot a livré une lecture de l'Ethique au moyen d'une métaphore animalière. Je ne vais pas refaire la démonstration mais j'ai pisté à mon tour ces fauves que sont nos désirs, j'ai ressenti la nécessité d'écouter celui qui me procurait le plus de joie, qui m'élevait le mieux. J'ai retrouvé dans la méthode recommandée quelque chose d'éprouvé, à savoir qu'il faut, par l'observation fine du « comportement délicat et ardent de sa vie affective », par des habitudes et des bricolages, continuer de nourrir le désir qui nous permet de persévérer dans l'existence. Reconnaître aussi que « les passions nocives n'existent pas en soi comme l'autre de la raison, elle ne sont (…) qu'une forme individuée du flot de désir qu'est un être humain » mais détournées. Et s'interroger sur les causes du désir afin d'en saisir parfaitement sa nature exacte. Cohabiter avec ses fauves, partager l'espace, vivre de leur puissance qui est notre essence. Quelle justesse ! Et quelle magnifique perspective si on déploie ce rapport de soi à soi à soi au monde ! Extension et explication d'une essence qui se réalise dans la puissance vitale de la joie : Ahouuu !!

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Manières d'être vivant

Baptiste Morizot reprend ici l'idée de la crise de la sensibilité comme cause à la crise écologique. Cet ouvrage, dans ses différentes parties est complet et permet de comprendre intimement la thèse du philosophe. Littérature et pensée sont habillement mêlées afin d'exposer la thèse. Chaque être vivant a une manière de vivre différente, aucune hiérarchie entre elle n'est possible, et surtout n'a de sens. Il est donc urgent d'instaurer une diplomatie entre les vivants ainsi qu'avec le non vivant que Morizot omet encore trop selon moi.



C'est un livre rafraichissant, cruellement d'actualité et qui se lit facilement malgré l'originalité que peut présenter la thèse pour des lecteurs peu habitués.
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Manières d'être vivant

Un philosophe pisteur de loups, de cols en vallons, hiver comme été, n’hésitant pas à hurler au crépuscule avec la meute quand celle-ci se rassemble pour chasser, afin de susciter une réponse. Bref, un philosophe tout terrain.

Sa grande connaissance des loups et du territoire où ils évoluent lui a permis de saisir les différentes interactions à l’oeuvre : non seulement entre les loups, mais aussi avec les bergers, les chiens, les moutons et le milieu que ceux-ci arpentent.



Cette expérience de terrain lui permet de proposer une diplomatie interespèces des interdépendances. Dans ce contexte particulier, le diplomate est celui qui se laisse saisir, toucher par les acteurs en conflit et leurs impératifs : le loup, la nécessité de chasser pour survivre ; la brebis, le besoin d’être protégée ; le chien, sa mission de garder le troupeau ; le berger, son attachement à ses bêtes et le capital qu’elles représentent. Sans oublier la prairie qu’un pâturage trop intensif peut mettre à mal. Le diplomate se met à l’écoute des différents partis et composent avec leurs intérêts divergents. Il travaille essentiellement pour les relations car ce sont elles qui permettent une cohabitation viable pour tous.



Jean-Baptiste Morizot étend ce concept à toutes les relations qui peuvent exister sur un territoire mais aussi aux collectifs humains, comme un nouveau mode d’action dans une société où le conflit l’emporte sur le dialogue. C’est aussi une alternative aux oppositions systématiques qui empêchent tout compromis.



Pour l’auteur, il est primordial de bien connaître son territoire et les relations qui s’y nouent comme préalable à l’action politique. Il nous fait également partager son émerveillement face à un monde qui révèle ses beautés et ses mystères à ceux qui savent le contempler. Il nous introduit dans la complexité des interdépendances et nous rappelle que nous faisons partie intrinsèquement de la communauté des vivants.



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Sur la piste animale

J'ai souvent du mal avec les écrits documentaires ou les essais, pourtant ça m'intéresse beaucoup (du moins les sujets que je choisis). C'est peut-être parce que je lis principalement dans des moments de détente et que ces ouvrages me font trop cogiter (dis comme ça j'ai l'impression que je suis bête)...

Bon ce n'est pas le sujet ici, j'ai un ami qui est un "fervent adepte" (si je vous assure à ce niveau-là on peut dire adepte) de Baptiste Morizot. A force de discuter avec lui je me suis dit que fallait que je m'y plonge.

Et j'ai adoré, c'est facile à lire, avec un appui d'exemples concrets vécu par l'auteur. Et surtout ça met des mots clairs sur des ressentis, mieux que ça, ça les approfondi et ouvre de nouveau rapport avec l'animal.

C'est ouvrage salutaire pour notre rapport au vivant ! (Est-ce que je ne suis pas en train de devenir "adepte" ?)
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Manières d'être vivant

Un livre passionnant. L'air de rien, avec une approche toute en souplesse, discrétion et modestie, c'est un livre qui a vraiment changé ma façon de voir les choses. J'ai, depuis, davantage la capacité à regarder le monde depuis un autre point de vue. Ou en tout cas a accepté que ce monde soit partagé par d'autres façons de le vivre et de le traverser. Depuis que je l'ai lu (un petit bout de temps maintenant), je me promets d'y revenir et d'approfondir les "pistes" proposées.
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Forêts

De la cueillette des plantes comestibles aux plantations industrielles en passant par les arbres remarquables et les témoignages divers sur le fonctionnement forestier, ce livre sert d'ecrin à la prise de conscience, si tel n'est pas encore le cas, de l'importance de la protection et de la croissance des forêts planetaires.
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L'inexploré

Après avoir côtoyé le loup, cet observateur attentif de la nature s’intéresse dans son dernier ouvrage, “L’Inexploré”, à l’activité des castors. Un modèle dont nous devrions nous inspirer pour rendre notre planète plus habitable.
Lien : https://www.telerama.fr/deba..
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Les Diplomates : Cohabiter avec les loups s..

Avant que les blancs n'arrivent avec leur idée de domestique, dit l'Indien, il n'y avait pas de sauvage. C'est cette idée qui crée son envers. Avant la domestication, s'il n'y avait pas de sauvage, quel était alors le nom de la vie, quelles étaient son allure et ses lignes de force ? (p. 82)
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Sur la piste animale

Essai intéressant paru une première fois en 2018 qui nous fait reconsidérer notre conception même de la "Nature" en tant qu'être humain. Comme si nous nous sentions complètement en dehors de celle ci, absent de la chaine alimentaire ou plutôt en son sommet. A force d'évolution, l'homme s'est pris pour un être supérieur aux autres vivants et quand il a l'impression d'être seul au milieu d'un espace non urbanisé, il est en fait au milieu d'une multitude de vies animales et végétales.

Depuis la terrasse de son appartement puis dans les Steppes du Var, le Kirghizstan ou le Yellowstone, il nous fait prendre conscience des traces que les autres espèces laissent derrière elles à tout qui sait les déchiffrer. Une sorte de remise à l'heure des pendules de notre pseudo supériorité.

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Raviver les braises du vivant

Essai mélant écologie et philosophie. J'y ai trouvé des arguments intéressants pour la mise en libre évolution des forêts et comment libre évolution et exploitation raisonnée des ressources peuvent être complémentaires. Ca donne à réfléchir et ça ouvre des perspectives d'actions ​!
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Manières d'être vivant

C'est peut-être le livre le plus renversant, au sens propre, que j'ai lu ces 20 dernières années : en parcourant simplement ses pages, j'avais le sentiment de vivre déjà, de réaliser pleinement, d'accéder enfin à la plus belle des réponses à cette question classique de la philosophie : comment faut-il vivre ? La réponse est évidente, elle est là sous nos yeux à tous, depuis la nuit des temps, en plein lumière à chaque pleine lune, limpide comme le cours d'eau, aussi évidente et majestueuse que l'arbre, troublante aussi, fascinante même, et finalement belle telle une meute de loups, « superbes animaux » disait le poète.

« E pluribus unum » : voilà la seule façon d'être vivant, de l'être pleinement, respectueusement de la vie même. Le sociologue aime dire que « l'homme est animal suspendu dans les toiles signification qu'il a lui-même tissées ». Le philosophe, surtout quand il se fend d'être aussi éthologue a plus raison encore de dire la primeur au vivant (appelez-le « la nature » si cela vous plait davantage), car nous sommes tous suspendus dans les toiles de l'interdépendance et, si nous l'oublions complétement, nous pourrions bien chuter tous. On n'est jamais vivant seul, ou alors on l'est contre, et ce n'est plus que de la survie. On est pleinement vivant que lorsque l'on sait les liens qui nous relient, les différences qui nous réunissent, les dépendances qui nous soutiennent. Que lorsque l'on comprend quelle est sa place et qu'y rester n'est pas une entrave mais bien la seule liberté, la seule vérité.

Le livre de Baptiste Morizot est aussi beau qu'intelligent. Il prend aux tripes, touche au plus profond de la chair, inonde d'émotions, pénètre au creux du cœur et de l'esprit. Une pure merveille, un grand, très, très grand livre !

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Sur la piste animale

L'auteur, maitre de conférence en philosophie, s'appuie sur ses expériences de terrain de pistage pour alimenter sa réflexion sur la relation entre êtres humains et autres vivants. Partant du principe que nul n'existe sans laisser de trace, et qu'il suffit de se pencher pour voir celles des animaux avec qui nous partageons justement notre environnement, l'auteur nous rappelle que l'homme n'est pas seul dans le monde. Ebréchant le tabou qui fonde de nombreuses sociétés, celui de l'homme qui est aussi une matière mangeable, l'auteur nous invite à faire l'expérience du cycle de la matière non pas en trek à l'autre bout du monde, mais dans nos jardins, avec les lombrics de nos composteurs.
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Sur la piste animale

Acheté en août lors d'une déambulation avec une amie (la Blonde pour me souvenir) dans les nouveaux locaux de la librairie Les mots Passants et lu en septembre 2022.

J'avais découvert Baptiste Morizot avec Manières d'être vivants qui a déjà obtenu la rare note de 5 étoiles dans ma liste. Je ne peux que récidiver.

Lire Sur la piste animale fut un ravissement, un dépaysement total et un retour au plus profond de moi -même.

Baptiste Morizot commence par la rencontre entre l'homme (l'auteur en personne) et le loup, aujourd'hui dans un milieu anthropisé, (le camp militaire de Canjuers) pour remonter jusqu'aux premières rencontres entre sapiens et l'animal, plus loin encore jusqu'à l'époque où nous ne formions qu'un seul être que l'évolution et les hasards ont ensuite séparés pour faire de nous ce que nous sommes, (des animaux pourvus d'une certaine forme d'intelligence) et de canis lupus ce qu'il est (un animal doté d'un flair puissant, d'un esprit social, d'une endurance puissante et de la vision nocturne).

De la France au fin fond du Kirghizistan en passant par les étendues escarpées et sauvages du Yellowstone, Baptiste Morizot piste spéculativement et philosophiquement, l'animal hors de lui et l'animal en lui.

Que nous reste-t-il de la patience de la panthère lorsque nous pistons la panthère sans la voir ?

Quelle densité la présence du grizzly éveille-t-elle dans les paysages américains ? Et notre peur de devenir à notre tour la proie ? D'où vient-elle ? Que dit-elle de nous, de notre rapport au monde, de ce que nous avons oublié en chemin ?

Baptiste Morizot en philosophe enforesté analyse notre rapport au monde, à la nature que nous avons séparée de nous.

Sur la piste animale m'a semblé aussi un traité sur la piste humaine (finalement c'est normal nous sommes des vivants parmi les autres).

En quoi notre passé de chasseurs cueilleurs pistant un être invisible à travers un réseau complexe de traces et de comportement a-t-il fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui ?

Einstein, Newton, Mozart, Michelange sont les descendants des pisteurs et l'analyse, la démarche scientifique, l'art et l'empathie sont peut-être juste issus de notre capacité à déchiffrer des empreintes d'herbivore dans la boue ou à imiter le comportement social et prédateur des meutes de loups pour nous nourrir et survivre.

Oui nous sommes des vivants parmi les autres, mais qu'en ferons-nous ?

Bravo Monsieur Morizot replonger aux origines de l'intelligence nous remet à notre place. Puissions-nous la garder à sa juste mesure.
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