Bashô Matsuo

Jour de l’an
je revois que je suis aussi seul
qu’un jour d’automne

Soleil rouge vif
impitoyable et déjà
le vent de l'automne

Pétale après pétale
tombent les roses jaunes -
le bruit du torrent

Les jours et les mois s’égrènent, passants fugaces. Les années qui surviennent et s’en vont voyagent elles aussi. Notre vie même est un voyage; quant à ceux qui la passent à naviguer, ou ceux dont les cheveux blanchissent à mener leur attelage, la route n’est-elle pas leur véritable demeure ? Sans oublier les poètes d’autrefois qui, nombreux trouvèrent la mort au cours d’une longue errance. Pour moi aussi un jour vint où la liberté des nuages chassés par le vent m’incita à partir pour aller vagabonder le long des côtes sauvages

L'automne s'en va --
Une bogue de châtaigne fendue
comme des mains entrouvertes

Ne me ressemblez pas
quand bien même nous serions
un melon fendu en deux

A l'est, à l'ouest
le même sens du beau --
Vent d'automne

Ayant profondément goûté
aux étamines de pivoine
l'abeille s'envole à regret

Herbes du souvenir
autour du mausolée
de quelles souffrances vous souvenez-vous ?

Que les couvertures superposées sont lourdes !
Il doit neiger ce soir
dans un lointain pays de montagne

Pour rêver de mochi
j'attache à mon oreiller d'herbes
des fougères pliées

Un chien boit dans la mare.
Les cloches tintent dans le soir.
L’image des fleurs dans l’eau.
Chose curieuse,
je vois un gotokou de pierre :
La rosée d’une glycine tombe, goutte à goutte

Un chien boit dans la mare.
Les cloches tintent dans le soir.
L’image des fleurs dans l’eau.
Chose curieuse,
je vois un gotokou de pierre :
La rosée d’une glycine tombe, goutte à goutte

Nuit brève –
Combien de jours
Encore à vivre.

Dans les jeunes herbes
Le vieux saule
Oublie ses racines.

Un vieil étang
Une grenouille qui plonge,
Le bruit de l’eau.

Assis tranquillement, sans rien faire,
le printemps arrive,
l’herbe pousse, par elle-même.

Le papillon
parfumant ses ailes
amoureux de l’orchidée

dans la bruine
les roses trémières
éclairent le ciel

après l'ondée
les chrysanthèmes
imperceptiblement se redressent