Citations de Bernard Chambaz (237)
la liberté pour un pou
« la liberté pour un pou,
Achetez des poux, je fais
Crédit, un franc la boîte,
Ils sont apprivoisés,
N’ayez pas peur qu’ils se sauvent,
La liberté pour un pou. »
//Kateb Yacine Algérie (02/08/1929 -2810/1989)
Nicolaï sent que les choses se gâtent. Malgré un sombre pressentiment, il ne voit son salut qu'en la personne du secrétaire général. Seule la naïveté peut le préserver par instants de l'effroi. II se répète : je ne comprends rien, je n'arriverai jamais plus à comprendre. À la limite, tout est devenu possible. Est-ce que le plus terrible est la démence du moustachu ou la démence du système qu'il a mis en place?
Au carrefour de deux routes, il s’assit sur une table de vénerie, posa sa planche à dessin contre le tronc incliné d’un frêne, fixa une première feuille de papier avec une pince, respira longuement et se lança. Une deuxième, une troisième feuille suivirent, il s’émerveillait qu’un simple coup de crayon fît surgir la lumière, il s’agaçait d’un geste loupé, recommençait, complètement absorbé par ce qui se tramait entre sa feuille de papier et les frondaisons qu’il avait sous les yeux, obéissant à sa main comme si elle était la providence.
Tout a changé et rien, bien sûr, n'a vraiment changé.
Et tandis qu’elle étudiait la distribution des pivoines dans un vase, il (Renoir) faisait son portrait, et il dit à Raoul ce que Raoul ne pouvait pas bien comprendre, que la peau de son dos “repoussait la lumière”.
Ut pictura poesis ; c'est le cœur du sujet, dans un va-et-vient permanent quand bien même éphémère entre les deux. Et si la peinture peut avoir vocation à raconter une histoire, ou pas, la littérature a vocation à rendre visible le réel, voire la peinture. A fortiori, c'est le paradoxe, pour des livres dépourvus d'images.
Pour l’exemple
extrait 5
Les pluies jouissaient dans l’herbe dénouée
Le ciel se changeait
et la fougère belle et claire
tu prenais tes repères dans le secret du village
la source vers le nord – fermée –
à l’est les tombeaux
au couchant d’autres sources, et la gare
tu vivais tu savais
vivre
dans les celliers l’odeur de lie ancienne
et dure
le trou de l’âtre.
L’horloge mesurait.
Le soir tu regardais l’unique étoile
sur la citerne vide et sonore
à gauche le mur, inutile, défait,
rien n’avait lieu
que le bonheur
et l’inquiétude des greniers
l’écorchure du vent
la plate lune et les nuages inévitables
la lenteur annulait paisiblement des jours...
janvier- février 1976
//Henri Droguet (29/10/1944 -)
Pour l’exemple
extrait 2
La belle averse bat la campagne
J’étais aux falaises à fougères
cœur barbelé, cœur vacant
mains nettes, perdues vides,
pèlerin d’insolite voyage
voyeur foulé de bonheurs étrangers
et j’ai laissé se dire un chant hors-venu
les oiseaux se taisaient le vent froissait
la mer et l’herbe à l’ordinaire
Saurez-vous qui je suis ?
Ni belle âme sensible, ni moi ni je
quelqu’un d’autre
dans le rut clandestin des aurores
et l’absence au petit malheur
J’entends la petite musique des nuits crues
et la dégoulinure du ciel, à six heures précises
j’ouvre le sac à maléfices
de la césure solitude
je me raconte des histoires
reviens demain à voile blanche
blanche
blanche...
comme les nuits
les jours qu’on marque, facilement, de pierres noires.
19 novembre 1972
//Henri Droguet (29/10/1944 -)
Les grands veilleurs
Extrait 7
Qu’est-ce que les embruns
et la pluie surtout
gardent spécialement pour eux
pour que leurs mousses soient parfois
si chevelues ?
Tout rigides qu’ils sont
ils on droit aux attentions
eux
et du vent
et de l’eau
Privilèges
// Yves Bergeret (1948 -)
Si vous n’aimez pas le chocolat, vous avez toujours la possibilité d’acheter un teeshirt à son effigie. Là encore, le choix est ardu: Poutine avec ses lunettes Ray-Ban, Poutine avec une longue-vue, Poutine avec ses yeux de phoque, Poutine avec son calot de pilote de chasse, et pour les enfants, Poutine avec un ours en peluche. VOVA EST GENTIL. Le président fait savoir qu’il est mécontent mais on suppose qu’il verrait davantage d’inconvénients à en interdire le commerce. Sans compter les modèles détour où il apparaît en Tortue Ninja ou en POUTINATOR.
Le lendemain, le petit Medvedev le nomme Premier ministre. L’intermède commence. Les réalités de l’exercice du pouvoir ne sont guère différentes et les lubies du dauphin n’entament pas la suprématie du vrai souverain. Vers la fin de son ma dat, il a même l’idée de tourner un clip pour la promotion d’un sport. Volodka redoute un instant que ce ne soit l’haltérophilie et qu’il lui faille décliner l’invitation ou endosser ce coquet justaucorps qui en fait le charme majeur, mais il ne s’agit que du badminton.
Enfin, il présente à la télévision ses vœux pour 2014, et sincèrement on l’a connu plus avisé. « Dans quelques minutes nous accomplirons un pas du passé dans l’avenir. »
"A présent, pour savoir ce qu'est la Russie d'aujourd'hui, il faut absolument y voyager soi-même."
Sur le seuil, il l'embrasse avec fougue. Elle ne se défend pas mais elle ne lui rend pas son baiser. Il lui dit son désir qu'elle devienne sa maîtresse. Elle lui répond qu'en tout cas elle ne veut pas qu'il devienne son maître.
Un soir d'août, tout bascule. Alors il lui adresse des lettres, vieille habitude avec les femmes qu'il aime vraiment, comme s'il fallait que l'amour passe aussi par des phrases, elle lui répond car elle aime écrire et elle touchée par son ardeur. Chaque jour, il attend sa lettre avec une impatience qui l'empêche de travailler. Elle est non seulement la femme mais le compagnon dont il a toujours rêvé. (p. 209)
Que la magie des noms propres nous fasse rêver et qu'elle contribue à nous mettre en route, les atlas et les livres le corroborent. Jack London n'est ni le premier ni le dernier. C'est comme ça depuis Homère, c'est reparti de plus belle avec Melville et Conrad. Jack n'est pas un ingrat et il ne manque pas de rendre à la géographie ce qu'il lui doit. (p. 167)
Emily
C'est Emma [Goldman ] qui lui a parlé la première d'Emily. d'un livre posthume de poèmes qui vous démontrent que la grâce est compatible avec l'ingratitude du monde. (...) Elle l'assure que Dickinson n'est pas davantage la dame blanche à quoi on la réduit que lui, London , n'est un écrivain pour enfants. (p. 101)
(...) il faut creuser, creuser, creuser, laver et tamiser les graviers, souvent les mains et les pieds gelés dans l'eau glacée, tout ça pour quelques traces de matière dorée, mais on ne sait jamais, c'est le principe de la ruée et aussi de la vie. (p.117)
D'ailleurs tu n'en reviens pas que ton nom soit donné à des lieux un peu partout dans le monde. Une rue de Gennevilliers (...). Une rue de Palerme à côté du cinéma Aurora. Jusqu'aux fins fonds de la Sibérie, puisqu'il y a un Jack London non loin du camp de la Kolyma. On t'a dit que tu devais ce privilège à Bilibine, le géologue qui aimait tes récits d'aventures dans le grand nord (...) (p; 79)
ANONYME
Sqq
Il nous reste aujourd'hui
4 milliards
et demi d'années et de ciel
(et combien de secondes
combien d'enfants de nuages et de cris ?
p.64
RUMEUR
KINDERTOTENLIEDER/LAUDATE PUERI
III
Feuilles neige. On émergeait
D'une phrase
Il fait extraordinairement beau
Tu vas mourir
Je dis n'importe quoi
IV
Légendes Fougères Étoiles
Crues et douces les lois : faire face
Limpides Rien Savoir
Je ne veux
p.57