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Citations de Bernard Chambaz (237)


C'est Obama qui vient gâcher la fête. À sa façon, il redéfinit les trois figures du Mal : Ebola, Etat islamique, Russie. Le compliment va droit au coeur de tous les citoyens russes.
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M.Barsot se racle la gorge , réclame le silence,et annonce avec des trémolos pour un tournoi internationale en Angleterre.
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Vous pouvez réussir à faire taire un homme mais les cris de protestation du monde entier retentiront à vos oreilles pendant le reste de votre vie.
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Un matin, le temps se suspendit un instant quand notre professeur de philosophie (Michel Deguy) employa un nouveau mot, « prolégomènes », qui visait à introduire les Prolégomènes à toute métaphysique future (qui pourra se présenter comme science). Le tout avait de quoi impressionner des garçons de seize ans et nous laisser dans l’embarras, avant de retrouver l’air libre et regarder le professeur repartir sur son deux-roues, un Solex, qui lui conférait une allure de maître du monde.
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Dans l'ordre : mes cuisses, amaigries, je le sens bien sous mon pantalon de serge qui fabrique toute un géométrie de mauvais plis ; ma main droite, ravinée, que j'a placée devant mes yeux pou les protéger d'un rayon de soleil entré dans ma ligne de mire et devenu plus ardent avec l'heure, la paume lui fait face, et mes veines, rendues saillantes par la position renversée du bras et de la main, m'apparaissent mauves comme à l'automne la Loire en aval de chez nous , le soleil donc égal à lui-même ; le cône oblique de lumière dorée où se suspendent les molécules de poussière qui flottent comme des navires sur la mer quand je les dissipe de la main ; le rectangle de dentelle à la fenêtre et le ruban d'étoffe verte qui lui permet de décrire une hypothénuse (géométrie deuxième année chapitre IV, vous avez le bonjour d'oncle Pierre) ; le ciel avec un seul nuage ; le dôme du chêne centenaire ; les arbres alignés sous le ciel le plus lointain à l'aplomb du nuage, un peu de guingois ; la cime qui frémit grâce à la brise (mouvement harmonieux qui compense l'amertume du premier plan) ; le mur du jardin ; le muret ; le jardin.
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Nuits blanches, troublées par le trop-plein d'images. J'essayais de rédiger un récit, sans grand succès ; j'installais la table devant la fenêtre, m'asseyais, me levais, les mots hésitaient, me glissaient des mains comme les couleuvres de mon enfance, la neige fondait ; j'amoncelais les repentirs et les points de suspension. Je voyais peu de monde
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D'autres finissent à l'hôpital (un grand mot), une tente, une auberge, un carré de fourgons où tu entends hurler les pauvres bougres et où la nuit ampute, hurler l'infirmier, les bras à droite les jambes à gauche, hurler l'aide-chirurgien (un gamin de vingt ans) brandissant sa quincaillerie, hémorragie, avant d'aviser qu'il ne voit plus la croix de craie où il faut couper, bon dieu, pas de linge, hurler encore, un soldat s'évanouissant sur Vive l'Empereur quand les dents de la scie touchent l'os.
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Grand-père poursuivait, imperturbable, passait du père au fils comme il aimait que la plupart de ses récits pût se dérouler, Pantagruel donc, lequel pissait encore, une urine chaude qui donnerait moult sources, à Néris, Bourbon-Lancy (future Saône-et-Loire), en Italie, et ne guérirait qu'après avoir avalé - entre autres remèdes - cinq tonnes de rhubarbe. Stupéfait par l'intrigue et les chiffres, je ne remarquais pas qu'il fût question d'une maladie, Grand-père esquivait avec discrétion cet aspect di sujet, nous en resterons là.
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Une feuille qui se déchire
  
  
  
  
Une feuille qui se déchire, trois
notes sur le silence, presque
rien, comme iles tôt,
c’est le matin peut-être ou
le soir, je ne sais
plus, j’ai marché si longtemps,
maintenant je
respire, je me repose, tout
est parfait, le ciel dure
à l’aplomb, je compte sept étoiles.


// Claude Esteban France (26/07/1935-14/04/2006)
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Un mot
  
  
  
  
Un mot, un autre
mot sur cette feuille verte,
une phrase peut-être qui va conclure
ce que je sais, ce que
je ne sais pas, le temps
est court à présent, quelle
importance, ce que j’écris
ne dure que pour moi et ce moi
se défait sur une page et c’est le vert
qui me regarde et qui me soutient.


// Claude Esteban France (26/07/1935-14/04/2006)
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Auzat est condamnée par des fonds de pension américains qui se plaignent de perdre cinquante millions d'euros mais qui versent cent millions de dividendes à ses actionnaires. Dès l'annonce de la suppression du site, l'action prend deux points.
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Macron, alors ministre juvénile de l'Economie, avait déjà donné le cap avec ce sens de la petite phrase discrètement herméneutique qui est chez lui d'un naturel confondant : l'entrepreneur était celui qui prenait tous les risques, "car il pouvait tout perdre, lui"; l'ouvrier, lui, perd simplement un bras, une jambe, parfois la vie.
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Sinon je souhaitais de toutes mes forces devenir navigateur solitaire (en double) et mettre le cap sur les antipodes. Alors la foudre était tombée. La foudre teintée de raillerie et accompagnée d'une touche d'incompréhension (mon père) et d'inquiétude (ma mère). ll ne faut pas prendre ses désirs nour des réalités. Ma messe a moi était dite. Toutefois je m'avise qu'ils m'interdisaient de faire ce qu'ils faisaient eux, qu'ils prenaient leur désir pour la réalité, le communisme pour l'avenir du monde et I'URSS pour un avant-poste, et si ce n'était pas le paradis du moins la voie qui y conduit tout droit, ou alors c'est ne pas donner aux mots le sens qu ils ont et il n'y a pas de plus grand piège.
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En chemin, ils passèrent devant un placard porteur d’un arrêté signé Raoul Rigault. L’article premier interdisait la vente des tabacs sur la voie publique, les attendus prétextaient le danger pour la santé publique à cause des produits frelatés et le manque à gagner pour les revenus de l’État. Le docteur Regnard alluma un panatella et se moqua de l’Académie de médecine qui prétendait que la fumée engourdissait les âmes et les spermatozoïdes, puisque la nicotine “c’était l’abaissement de l’homme vers l’état d’eunuque”. Sur le Boulevard, des cueilleurs d’orphelins ramassaient les mégots pour reconstituer des cibiches qu’ils revendaient à plus pauvres qu’eux.
Partie II - La rue de Jérusalem, chapitre 4
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Un jour, chevauchant dans la lande, il avait eu l’intuition qu’on peint comme on tient les rênes d’un cheval, une main souple, l’autre ferme, et qu’il faut alterner les moments où on tire les rênes et ceux où on les relâche. Un autre jour, un cuirassier alléguant que les chevaux blancs et noirs n’étaient pas tout blancs ou tout noirs mais gris clairs et bai brun car leur robe était mélangée, il avait repensé à Narcisse Diaz qui l’avait dissuadé de l’usage du noir bitumeux.
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                                     pour Anne
             janvier-décembre 2020

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4

seuls nous sommes – seul
je suis quand
j’entends la machine à café
et te vois
                       en pensée à nouveau assise
sur ton tabouret vermillon face à ton lot
de points-virgules ; toi et moi
dans l’indivision des jours ;
                                            seule
unique
prêt à me lever
malgré
l’air froid qui entre par la fenêre entrouverte
ton soutien-gorge vert absinthe qui me plaît
tant à l’abandon sur un bras
                                     du fauteuil
à chwal
ce réveil chinois à dix yuans
dont la sonnerie réveillerait les morts
tandis que je rêve
                        éveillé
aux yeux doux du buffle
qui se roule dans les herbes
et m’apprête – sans le comprendre encore –
                                                                       à repartir
personne ne sait bien où
ni comment

p.14
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Pour l’exemple



extrait 6

Le vent ça mange
la mort dodue le reste
ça mangera ton chant
la ville le bonheur et les larmes
le vent ça mange

la mer c’est la patiente
gourmande et chevelue
ça chantonne à l’heure connue
ça revient blanc trop tard
la mer c’est la patiente

le ciel c’est de l’épais
dans l’arbre qui fut sage
c’est de l’oiseau coupé
l’orge et le seigle
où s’occupe un nuage
passant
le ciel çà passe

l’homme
                ça jouit.

Puteaux, 27mars01976


//Henri Droguet (29/10/1944 -)
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C'est la langue, et non le langage, qui fait la "littérature".
Voilà pourquoi il n'y a pas davantage d'écrivains-cyclistes que d'écrivains-voyageurs. En effet, il y a des écrivains qui voyagent et qui écrivent des livres sur leurs voyages, d'autres pas. Que des écrivains fassent du vélo et que des types qui font du vélo soient écrivains sont deux assertions distinctes.
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Manteg
à Daniel Boukman



3

Homme sans âme, homme inhumain,
souche d’arbre sur un tapis de cendres
cadavre de rivière sur son lit de roches rondes
sable en grain ou en sable dans un rêve en béton armé
ravine d’ombres moisies, ravine de sources sèches
jouet d’argile dans une main de plomb
statue de chair dans une cathédrale de soufre
pantin égaré au milieu d’un carnaval de ferraille
maille de temps en chaîne, feuille de temps dans le vent
habit de loi sur les couleurs de l’arc-en-ciel
musique d’araignée sur les fils de sa toile
pipiri d’un seul jour : Profondeur d’une nuit immobile !
Fleur d’un seul amour : Profondeur de misères dressées !
Pagre en nasse dans un cercueil d’eau grise
Maître asservi à son propre pouvoir

Qu’as-tu fait de l’homme, Mort dévoreuse ?


//Monchoachi (1946 -)
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Manteg
à Daniel Boukman



2

La fleur s’est éclose avant le jour
et dans la clarté toute nue de l’aube
venue d’on ne sait où
mais à cheval sur les épaules des siècles
telle une croix, blotti dans les entrailles de l’homme,
dans son corps, sous sa misère,
– sous ses petites misères –
à la pointe de ses combats, dans toutes ses révoltes
au milieu de son rêve de liberté...

Coup de vague en coup de vague
tel un écueil qui reparait semblable à un innocent,
tel un vol d’oiseaux noirs qui étire son ombre sur la terre,
ou alors comme une mer de jours amers
au bord d’une nuit de flamboyants...
... Une colline de marbre dressée sur un horizon
de sueur et de sang !
Qui me dira de quelle mort ces malheureux
portent le deuil ?
Quelle malédiction les afflige ?
Quel masque, de la sorte, empèse leur visage ?

De joug en joug – dans un jour plus profond
que l’écho des cimetières, dans des pierres
plus épaisses que les jours étrangers –
une seule et même grand-roue folle
qui tourne folle
entourée d’une foule de démons prêts à vous bondir dessus
comme des chiens voraces
Qui sait ?
Car l’homme était à la mesure de l’homme,
même si son regard ne dépassait pas
les frontières de sa vie !
Car le temps ne comptait pas encore le temps
comme un défilé de petites tombes,
comme une procession de petites morts !

C’est l’homme de misère qui est le devenir de l’homme
avec sa couleur de terre brûlée, et dans ses yeux
une désolation infinie.

//Monchoachi (1946 -)
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Tant mieux ! Vous detestez ces petites bêtes

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