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Citations de Bernard Fauconnier (135)


(...) Neefe s’efface peu à peu. D’autres maîtres – et de quelle stature ! – vont bientôt prendre le relais.
Un nouvel ange gardien entre vers cette époque dans la vie de Ludwig : c’est un jeune homme de vingt et un ans, ami intime de l’électeur Maximilien Franz – son favori dit-on même… Il s’appelle Ferdinand, comte Waldstein-Wartemberg. Bon pianiste, familier, à Vienne, de Mozart et de Haydn, Waldstein est riche et généreux. Il rencontre le jeune Ludwig chez les Breuning qui reçoivent la bonne société. À quel moment ? Cela est incertain. Waldstein a rejoint l’Électeur à Bonn après une carrière militaire avortée. Passionné de musique, il est séduit pas les talents de pianiste du jeune Ludwig qu’il entend jouer dans les concerts privés et à la Cour.

Un jeune homme en cour
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Mais quelle humiliation quand quelqu'un à côté de moi entendait le son d'une flûte au loin et que je n'entendais rien, ou quand quelqu'un entendait chanter un berger, et que je n'entendais rien non plus. De tels événements me poussaient au seuil du désespoir, et il s'en fallait de peu que je ne mette fin moi-même à ma vie.
C'est l'art, et lui seul, qui m'a retenu. Ah ! Il me paraissait impossible de quitter le monde avant d'avoir donné ce que je sentais germer en moi, et ainsi j'ai prolongé cette vie misérable – vraiment misérable, un corps si sensible que tout changement un peu brusque peut me faire passer du meilleur état de santé au pire.
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Jack London l'a toujours affirmé: écrire lui est facile. Sa verve et son aisance à rédiger, son métier aussi, durement acquis, lui permettent de maintenir ce rythme de mille mots par jour. Mais il peine maintenant à trouver des sujets. Il est un visuel, ses récits se nourrissent de son expérience, mais la pure invention lui est souvent pénible car son "imagination", si l'on entend par ce mot la capacité à bâtir des intrigues, connaît parfois quelques passages à vide. Aussi cherche-t-il de nouvelles histoires à raconter.
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Le savoir est toujours autodidacte: nul ne peut lire à votre place les livres importants, ni construire entièrement les repères qui permettront d'affirmer une pensée personnelle et un jugement critique.
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J’avais acheté une vieille 4L dont les cardans exténués rendaient d’inquiétants sons de castagnettes et je roulais des journées entières sur des routes où la mort guettait à chaque virage.
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Pendant ces quelques semaines, il comprend dans sa chair ce qu'est l’aliénation au travail : un enfer qui détruit les corps, brise les volontés, mène les moins robustes à la folie, au désespoir et à une mort prématurée.
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C’est durant ce mois d’avril qu’il accepte de rencontrer un enfant dont on lui a dit merveille, un prodige, un virtuose, nommé Franz Liszt. Il a onze ans et donne déjà des concerts où ses dons d’improvisateur impressionnent. Il ne rêve que de rencontrer Beethoven. Il prie même Schindler d’intercéder auprès du maître pour qu’il lui donne un thème, scellé dans une enveloppe, qu’il ouvrira au prochain concert pour en tirer une improvisation. Beethoven ne va pas au concert – qu’y entendrait-il ? Mais quelques jours plus tard, le jeune Liszt frappe à sa porte, accompagné de son maître, Czerny. Un demi-siècle plus tard, Liszt a laissé le témoignage de cette rencontre, peut-être enjolivé par les années :

Il nous regarda un moment d’un air sombre, échangea quelques paroles rapides avec Czerny, puis resta silencieux, lorsque mon bon maître me fit signe de me mettre au piano. Je jouai d’abord un petit morceau de Ries. Lorsque j’eus fini, Beethoven me demanda si je pourrais jouer une fugue de Bach. Je choisis la fugue en ut mineur du Clavecin bien tempéré. « Pourrais-tu aussi la transposer dans un autre ton ? » me demanda Beethoven. Par bonheur, je pus le faire. Après le dernier accord, je le regardai. Perçant, le regard ardent et sombre du grand maître se posa sur moi. Mais soudain un bon sourire adoucit ses traits ; Beethoven s’approcha tout près, se pencha vers moi, posa sa main sur ma tête, et me caressant plusieurs fois les cheveux, il murmura : « Diable de gamin ! Voilà un drôle ! […] Va ! Tu es un heureux et tu rendras heureux d’autres hommes. Il n’y a rien de mieux, de plus beau. »

La neuvième symphonie
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Sur le plan de la composition, cette messe est le fruit de longues études entreprises dans les bibliothèques du prince Lobkowitz et de l’archiduc Rodolphe, à la recherche de partitions de musique ancienne et d’ouvrages sur la liturgie. Beethoven étudie les œuvres sacrées de Palestrina, de Haendel, de Bach. L’exemple du Messie de Haendel le conduit à considérer davantage sa messe comme un oratorio que comme une œuvre liturgique. Comme le note Élisabeth Brisson : « Il ne se posait plus en humble serviteur du culte catholique, mais en créateur dont la mission était de faire éprouver aux hommes la transcendance. »

Une messe pour l'humanité
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Il y a des romans pour romanciers, il y a aussi des musiques pour musiciens. Aujourd’hui encore, la sonate Hammerklavier déconcerte. Mais si l’on se donne le privilège, aisément accessible, d’en pénétrer les beautés vertigineuses, en particulier la profondeur recueillie de l’adagio, elle donne une idée de ce que peut être un absolu de la musique, à l’instar des Variations Goldberg de Bach ou de la Sonate en si mineur de Liszt : sensible et débarrassée de toute sensiblerie, cherchant la beauté et l’émotion dans une quête éperdue de la forme idéale.

Une messe pour l'humanité
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Tandis que Beethoven passait au milieu des ducs et soulevait à peine son chapeau. Ceux-ci, se séparant des deux côtés pour lui faire place, le saluèrent très amicalement. Lorsqu’ils furent passés, Beethoven s’arrêta et attendit Goethe, qui s’était rangé avec de profondes révérences. Il lui dit alors : « Je vous ai attendu parce que je vous honore et vous estime comme vous le méritez, mais vous leur avez fait trop d’honneur. »

L'Immortelle Bien-aimée
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Dans une enquête minutieuse, intellectuellement satisfaisante, ce qui est finalement le but de la résolution des énigmes comme des rébus, Maynard Solomon, à force de recoupements, d’éliminations et de déductions qui se lisent comme un roman policier de l’époque impériale, finit par retenir la seule solution vraisemblable à ses yeux : l’Immortelle Bien-Aimée est Antonie Brentano, née Antonie von Birkenstock, la belle-sœur de Bettina. Cette jeune femme mélancolique, fragile, souffrant du mal du pays, à qui Beethoven venait à Vienne dispenser les trésors de ses talents de pianiste en ami proche, attentif et discret, a joué dans sa vie sentimentale un rôle considérable. Dix ans plus tard, il lui dédiera ses 33 Variations pour piano sur une valse de Diabelli, monument de la littérature pianistique.

L'Immortelle Bien-aimée
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La tentative de résolution de l’énigme de « L’Immortelle Bien-Aimée » est devenue un passage obligé de l’exégèse beethovénienne. (...)
Reste à savoir qui est la femme à qui s’adresse cette prose incandescente. (...) pour Schindler, qui se voulait proche de Beethoven et son seul ami, qui fut son premier biographe et le responsable de l’holocauste de nombre de ses carnets, la rencontre se serait déroulée en 1806, voire en 1803, et l’Immortelle Bien-Aimée serait Giulietta Guicciardi. Thayer, le premier biographe sérieux de Beethoven, dont le livre a été repris et complété par Deiters puis par Elliot Forbes en 1964, ne se prononce pas. Pour d’autres biographes, la candidature se partage entre les deux sœurs Brunsvik, Thérèse et Joséphine. Mais à cette époque, les sœurs Brunsvik, et Joséphine en particulier, ne sont plus guère présentes dans la vie de Ludwig. Amalie Sebald a été évoquée. Et même cette nouvelle venue rencontrée à Teplice l’année précédente, Rahel Levin.


L'Immortelle Bien-aimée
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Sa première messe, en revanche, est composée en réponse à une commande du prince Esterházy, et elle est exécutée en septembre 1807 à Eisenstadt, là où Joseph Haydn a vécu pendant trente ans, et créé la plus grande partie de son œuvre immense. La messe de l’athée ? E.T.A. Hoffmann, le célèbre auteur des Contes, par ailleurs musicien et chef d’orchestre accompli, y voit tout sauf une messe, l’œuvre, dont il reconnaît le génie, n’étant pas conforme au « sévère style d’église» : aucune forme fuguée, une absence totale de ces « moments d’effroi » qui marquent ordinairement le style liturgique. Il semble que cette messe n’ait pas recueilli l’approbation du prince Esterházy lors de son exécution : « Qu’avez-vous donc fait là ? » demande-t-il au compositeur, question badine que Beethoven prend fort mal, d’autant que Hummel, l’un de ses rivaux, présent à côté du prince, esquisse servilement un sourire ironique. À son habitude, Beethoven quitte Eisenstadt dans l’heure.

Ruptures
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En mai 1802, Beethoven quitte Vienne pour s’installer dans un petit village voisin qu’il a rendu à jamais célèbre : Heiligenstadt. C’est aujourd’hui encore une résidence charmante, devenue une banlieue huppée de Vienne, bordée de vignes et de forêts. Luxe, calme, suavité, un lieu de solitude et de repos où il va chercher à recouvrer un peu de son équilibre et à panser ses blessures. Un lieu de silence où la nature est belle et accueillante. De la maison qu’il occupe la vue s’étend très loin, vers Vienne et le Danube ; au-delà, au fond de l’horizon, on distingue par temps clair la chaîne des Carpates.

Heiligenstadt
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Beethoven souffre. À quel moment adresse-t-il à Giulietta une demande en mariage qui sera rejetée ? Peut-être à la fin de cet été 1801, pendant lequel il compose des œuvres qui traduisent ses bouleversements intimes : deux sonates pour piano, la no 12 en la bémol majeur, sombre et tragique, dite Marche funèbre, et la fameuse Sonate au clair de lune (titre apocryphe), dédiée à Giulietta. On ne mesure pas toujours ce que cette œuvre trop entendue, ce « tube » de la musique classique parfois caricaturé, recèle de douleur. À la mélancolie profondément méditative du premier mouvement, massacré par tant de pianistes en herbe, répond la grâce d’un deuxième mouvement aérien qui est peut-être un portrait musical de Giulietta, Giulietta, comme il était à la mode d’en écrire alors – « une fleur entre deux abîmes », disait Franz Liszt.

Heiligenstadt
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Giulietta minaude. Elle aime bien Ludwig, elle sait que ses cousins Brunsvik en sont fous. Elle est flattée que ce génie s’intéresse à elle. Elle lui offre un portrait d’elle, qu’il gardera jusqu’à sa mort, comme une relique. Elle-même dessine Ludwig. Charmants échanges. Mais il y a loin de l’affection distraite au désir de partager ses jours et ses nuits avec un être si peu gracieux, malgré sa noblesse de caractère et la délicatesse de sentiments dont il sait se montrer capable. D’ailleurs, que sont les sentiments d’un « maître de musique » dans la tête d’une jeune écervelée ? Ces gens-là sont-ils capables d’en éprouver ? Un compositeur compose, c’est sa fonction. L’amour, cela se vit avec des gandins, des bellâtres, des gens de son rang, non avec des saltimbanques ou des artistes crasseux.

Heiligenstadt
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Que s’est-il passé entre eux ? Des promesses d’amour, un peu de flirt platonique : cela a suffi pour embraser Ludwig, comme s’il avait besoin d’ajouter à ses souffrances physiques la douleur d’un échec annoncé. Car dans la famille Guicciardi, pas plus que dans les autres familles aristocratiques, on n’épouse pas un musicien pauvre – et laid de surcroît –, une sorte de domestique de luxe à qui on passe, à la rigueur, quelques écarts. C’est bien ainsi que Beethoven est considéré, malgré ses emportements, ses sursauts de révolte, son refus obstiné d’assumer ce rôle.

Heiligenstadt
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Beethoven donne des leçons de piano à Giulietta. Il se montre, selon les dires de la belle elle-même bien des années plus tard5, un professeur exigeant, sinon colérique, qui jette la musique par terre et la piétine quand la donzelle ne joue pas à sa convenance, ce qui n’est pas le meilleur moyen de séduire une aristocrate capricieuse, adulée par tous les mâles des alentours.

Heiligenstadt
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"Ce changement, une fée, une jeune fille bien-aimée l’a accompli ; elle m’aime, et je l’aime ; de nouveau voici, depuis deux ans, quelques instants de bonheur, et c’est pour la première fois que je sens que le mariage peut rendre heureux ; malheureusement elle n’est pas de ma classe sociale – et maintenant – à dire vrai je ne pourrais pas me marier maintenant – je dois encore abattre une rude besogne".
 
Cette jeune fille dont Ludwig est éperdument amoureux, c’est Giulietta Guicciardi. La belle Italienne, qui fait des ravages dans les cercles viennois, est entrée dans son cœur, et cette fois encore, la cristallisation a opéré jusqu’à lui faire envisager sérieusement le mariage. Mais il est bien le seul, et la partie s’annonce difficile pour conquérir le cœur et la main de cette coquette qu’un témoin, Alfredo Colombani, décrit en ces termes : « Elle avait une démarche royale, les traits du visage admirables de pureté, les yeux grands et profonds d’un bleu sombre, les cheveux noirs et bouclés. »

Heiligenstadt
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Il s’appelle Karl-Ferdinand Amenda. Né en 1771, il a fait des études de théologie. Il deviendra pasteur en Courlande, ce pays fascinant de forêts, de lacs, de châteaux mystérieux, cette terre oubliée des confins de la Baltique, mais pour l’heure le démon de la musique l’a attiré à Vienne où il vit d’expédients : lecteur chez le prince Lobkowitz, et professeur de musique des enfants de Mozart, car il est un excellent violoniste. Depuis son arrivée à Vienne, il ne rêve que de rencontrer Beethoven.

Amours, amitiés
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