Citations de Bernard Friot (212)
Je t’aime passionnément…
Je t’aime
passionnément
gourmandement
Je t’aime
à la framboise
à la banane
à l’abricot
Je t’aime
à la vanille
à la cannelle
au gingembre confit
Je t’aime
à la moutarde
au vinaigre
et aux petits oignons
Je t’aime
en sauce ou sur du pain grillé
en papillote
ou à la croque-au-sel
oh oui jolie demoiselle
Je t’aime aussi nature
toute crue
toute nue !
Surtout
aimer
au risque de non-retour
aimer à fonds perdus
à coeur donnant
aimer midinette ou roméo
traviata ou hidalgo
aimer à mains ouvertes
et à regard troublé
aimer sans fin
même après la défaite
aimer encore à contretemps
aimer aveugle et vagabond
aimer sans droit et sans question
et puis recommencer
sans peur sans raison
aimer
Pour la faire courte: mon père a pris ses vacances en juillet et ma mère en
août !!!!!!!!!!!
Jasmine B-E
Je lis par paresse de vivre. Il faut si peu d'énergie pour lire, et il en faut tant pour vivre. je lis en tournant le dos, pour fuir les regards et disparaître entre les lignes.
buvez
buvez chaque matin
trois gouttes de rosée
cueillies sur une fleur d'oranger
( c'est mon secret
mon secret
pour naître au jour
sans peur des ombres ni du soir)
Je m'ennuie. J'avoue : je m'ennuie. Je m'ennuie même beaucoup. La preuve, je gribouille encore sur ce cahier. Il faut vraiment s'ennuyer à mort pour écrire sans y être obligé par un prof. Ou par ses parents, comme pour les cartes de vœux de fin d'année.
Laisse couler le sable entre tes doigts
surtout ne compte pas.
Heures secondes années
qu'importe le calendrier
ma montre est grippée
le passé se conjugue au futur
et le présent recomposé
confond aujourd'hui et toujours.
On pourrait tout recommencer
repeindre le monde en couleurs
changer la serrure
et mettre des rideaux noir et blanc
aux greniers de la mémoire.
Bon, je vais nettoyer tout ça dans mon bain.
Fermez la porte s'il vous plaît.
Et tournez la page.
MATHEMATIQUES. Problème.
Abandonnés par ses parents indignes, le jeune et sympathique Ben a dû parcourir en long et en large sa ville natale pour assurer diverses missions. Voici la liste de ses trajets :
80 m entre sa maison et celle de M. Demirel son (ancien) voisin
+ 400m de chez lui à la place du marché
…
+1345m de Superbrico à chez lui (en plus il est rentré trempé le pauvre Ben)
+2200m à tourner en rond dans la maison et le jardin.
Calcule le trajet total parcouru par cet enfant martyr, le nombre de calories perdues et le poids de céréales Chocoloulou qu’il devra avaler pour compenser.
"Il ne faut pas lire entre les lignes
car il se glisse
entre les lignes
des vérités à ignorer
car il se glisse
entre les lignes
de grands mensonges
à rallonge. »
Règle n°36 : votre journal doit être entièrement écrit. Collages et dessins sont interdits.
Mme Hélène a une grande maison : cuisine, salle à manger, salon, neuf chambres, une cave, un grenier. Et une girouette sur le toit.
M'été, Mme Hélène a des invités. Avant leur arrivée, elle repeint les chambres, les tapisse, les meuble, les décore.
Extrait de la nouvelle « Correspondance »
Lettre 3
Monsieur,
J'ai fini mes devoirs. Dans la chambre à côté, ma sœur joue de la flûte traversière. Les sons tremblent un peu, c'est beau.
Vous avez parlé de la musique aujourd'hui. A propos d’un poème d’Eluard, vous avez dit : « Tous les textes sont écrits sur une musique qu'on n’entend pas ». Vous avez ajouté : « Qu'on n’entend pas tout de suite, mais si on lit vraiment, peu à peu la musique revient sous les mots. » Vous vous êtes arrêté, vous nous avez regardés. Quelques secondes. Personne n’a posé de question. Alors vous avez souri. Et vous avez dit : « Je suis sûr que vous avez compris, même si vous ne comprenez pas. »
Je comprends maintenant, vraiment. Je sais que si vous lisiez cette lettre, vous entendriez la musique tremblée de la flute à côté.
Je vais relire le poème d'Eluard. Je veux entendre la musique, moi aussi.
Bonne nuit
Lise
Je précise (pour qui, je me demande bien): Ben est mon prénom unique et véritable, pas un diminutif. J'ai calculé un jour que j'économiserai 261 stylos à bille dans ma vie, grâce à la brièveté de mon prénom. A vrai dire, je ne suis pas très sûr de mes calculs.
[...]
J'ai descendu quatre à quatre les escaliers et j'ai bousculé M. Lebart qui allait promener son alligator. Et j'ai failli renverser une vieille dame qui marchait sur les mains.
En sortant de l'immeuble, j'ai dû prendre mon élan pour sauter par-dessus le ravin qui remplaçait le trottoir. Comme toujours, des gens distraits étaient tombés dedans et on les entendait hurler.
Et j'ai pensé : "Si ça continue comme ça, je vais mourir d'ennui. Pourquoi ne m'arrive-t-il jamais rien, à moi ?"
Mais juste à ce moment-là, quelqu'un m'a frappé sur l'épaule. C'était Marie. Elle m'a fait un clin d'oeil et elle a dit :"Salut !" Et puis elle a disparu dans la foule.
Je l'ai regardée s'éloigner et tout à coup, dans ma tête, ça s'est mis à chanter.
Et puis, après un contrôle écrit, Van Eyck a parlé de Vivaldi. De son surnom, "le prêtre roux". Tout d'abord, il n'a pas réagi, il n'avait pas fait le rapprochement. Mais quelqu'un derrière Yannick a ricané. Van Eyck a relevé la tête, s'est avancé dans la direction du rire. et il a vu Yannick. Son visage a pris la teinte rouge brique des colères sauvages. Il a saisi Yannick par les cheveux et l'a forcé à se lever. Yannick ne s'est pas débattu. Ça, au moins, il l'avait compris.
Il était une fois un enfant qui ne croyait pas aux histoires. Dès que sa mère commençait : “Il était une fois un ogre cruel…”, il l’interrompait.
- Ne me raconte pas d’histoires, disait-il, les ogres ça n’existe pas !
Une tarte sur un autobus transportait un cactus, « qu'il est beau votre crocus » dit galamment un pâtissier russe qui sentait l'eucalyptus. « Taisez-vous, espèce de minus ! » fit la tarte en serrant contre elle le cactus. Elle descendit de l'autobus sans même attendre le terminus.
(p. 27)
Un serpent sur un divan lit le journal en soupirant : attentats, crimes et accidents, vols, incendies, ouragans, franchement, c'est désespérant ! Et après ça on dit que les serpents sont cruels et méchants !
(p. 6)