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Citations de Bridget Page (75)


Elle a cent fois raison. Je n'ai fait que penser à la mettre dans mon lit, dès le premier jour, et quand j'ai réalisé que ça serait impossible, je me suis conduit comme le dernier des crétins.

- Annabelle, je reconnais que mon comportement n'a pas été très... adéquat.

- Adhéquat? Tu plaisantes, j'espère? Tu m'as transformé en princesse de contes de fées, pour m'amadouer, puis tu m'as abandonnée au milieu de la foule pour aller cueillir la première fille venue. Tu as scrupuleusement veillé à ce que je ne rate rien du spectacle, à ce que je voie parfaitement o tu l'emmenais, que la porte serait ouverte et tu l'as...

- Culbutée?

Elle me regarde en rougissant. Le simple verbe "culbuter" la met dans un émoi incroyable. Qui se trouble pour un tel mot, à vingt-deux ans de nos jour?

- Tu l'as... culbutée en sachant très bien que j'assisterais au spectacle et, pour finir, tu t'es présenté à moi, totalement nu, me mettant quasiment au défi de me joindre à vous! Non en effet, ce n'était pas "adéquat".

- Tu m'as regardé, Annabelle. Tu as détaillé chaque centimètre carré de mon anatomie. Peux-tu me dire, en me regardant dans les yeux, que tu as détesté ce que tu as vu?

- Le problème n'est pas là...

- Réponds à la question, lui dis-je fermement.

Elle semble totalement désemparée. Une fois de plus, je vais trop loin. Une fois encore, je la pousse dans ses retranchements. Elle rougit davantage, et je trouve cela adorable et émouvant. Une vierge rougissante. Sauf qu'elle m'a dit ne pas l'être. Alors qu'est-ce qui motive cet émoi?
Elle balbutie quelques mots incompréhensibles et tente d'échapper à mes mains. Enroulant mes doigts autour de sa nuque, je raffermis ma prise et rapproche son visage du mien, ne lâchant pas son regard un seul instant. Je lui dis d'une voix très douce :
- Réponds juste à ma question. Sois honnête, tu peux faire ça?

Elle me dévisage. Elle voudrait être honnête, je le sens. Elle me jauge, se demandant où est le piège. Et puis elle répond :
- Je ne ressens que de la peur et du dégoût face au corps d'un homme, Greg.

- Explique-moi pourquoi?

Mon ton reste doux comme du velours, je veux la mettre en confiance. Mais ses démons intérieurs luttent farouchement contre le désir, que je sens pointer au fond d'elle, de lâcher un peu de la pression qui pèse sur ses épaules depuis un temps ans doute infini.

- Quoi que tu aies à me dire; je te promets de ne pas me moquer. Je te promets de ne pas te juger. ce genre de chose n'arrivera plus.

- Elle hésite longuement, baisse les yeux, laisse échapper une fine larme, choisit de me faire confiance et lâche, lentement, en pesant chacun de ses mots.

- Le peu d'expérience que j'ai des hommes m'a montré que l'usage qu'ils font de leur corps est purement bestial, que leur seul objectif est d'avilir, de faire souffrir, de torturer les femmes, pour le seul aboutissement de leur plaisir animal. La majorité des femmes voient de la beauté dans le corps d'un homme ; moi je n'y vois qu'une bête prête à me déchiqueter. Je ne vois que de la sueur et des larmes. Et si, je l'imagine, les femmes s'extasient sur ton...

- ... sexe?

- ... sur ton sexe, moi je ne vois rien d'autre qu'une arme dont le but est de provoquer douleur et humiliation.

Elle expire subitement, comme si elle avait dit tout cela en apnée, ce qui est probablement le cas.

Sa vision des hommes est totalement altérée, et pour cause. Ce que je me refuse à envisager depuis quelques jours, cette hypothèse que je préfère ignorer pour ne pas lui donner corps, est hélas une vérité.
Le combat que mène Annabelle est un combat qui me dépasse. Je dois me rendre à l'évidence, mon père avait raison, je suis très exactement le contraire de l'homme qui pourra lui rendre vie. Qui que soit l'enfoiré qui lui a fait ça, je suis certainement plus proche de lui que du preux chevalier que la délivrera de ses démons.
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Je suis Greg Delcourt, de Delcourt Ingénierie. Je suis un homme respecté, craint, et il n’est jamais judicieux de vouloir me tenir tête. Il semblerait qu’Annabelle n’ait pas eu vent de cet état de choses, et je compte bien le lui rappeler.
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Gianna dit que je suis tout simplement jalouse, et que c’est humain. Que la jalousie fait partie intégrante de l’amour et que, si elle est correctement dosée, elle met du piment dans le couple. Alors, j’épice mon couple, régulièrement, à dose modérée, pour éviter à Greg un ulcère carabiné. 
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Je m’appelle Greg et ma vie semble soudain retrouver un semblant d’équilibre. J’ai des projets : un journal à pulvériser, une vipère à écraser et une fée à protéger. Vaste programme. 
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Je m’appelle Annabelle. Chaque jour depuis cinq ans, je combats mes démons en solitaire. Ce matin, je comprends enfin que je ne suis plus seule et que je fais désormais équipe avec un redoutable chasseur de dragons. 
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Il y a des jours comme ça où on maudit la Terre, ses ancêtres, le Pape et la crémière d’avoir pris une décision aussi hâtive qu’irréfléchie. 
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Mais ma mère ne le comprend pas. Elle pense, à l’instar de tout mon entourage, thérapeutes, famille, amis de la famille, amis d’amis, illustres inconnus, que je dois tourner la page et m’ouvrir au monde.
Mais le monde m’a avalée, découpée en petits morceaux et recrachée à l’état de puzzle, la chair à vif et l’âme tailladée. Le monde, ce monde, est mon pire cauchemar, et ma mère a pris la décision de m’y renvoyer, comme si les choses avaient changé. 
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Son tee-shirt, roulé en boule, gît sur l’oreiller. Il semble qu’il était sur le point de prendre une douche.
Totalement nu.
C’est généralement ainsi que tout un chacun prend une douche. Mes pensées juvéniles m’exaspèrent. Je suis ridicule. Pourquoi me fait-il cet effet ?
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Finalement, il est encore bien pire de le laisser faire sans combattre. J’y ai perdu mon honneur. La lutte entraîne la douleur, la terreur, le désespoir, mais elle signifie également que je refuse de me soumettre, gardant ainsi un minimum de respect pour moi-même. En cédant à ses désirs, en cherchant à éviter la souffrance, je me suis menti à moi-même, et j’ai jeté l’opprobre sur ma misérable personne. 
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L’unique endroit qui leur ait échappé était celui de la terreur, de l’humiliation et de la mort. Ils n’ont rien perçu des hurlements, des supplications, des insultes, pas plus que du bruit des coups dont il a martelé chacune des femmes qu’il a violées, torturées, poussées au summum du désespoir et de l’effroi. Ils n’ont pas non plus entendu les cris étouffés de la jeune stagiaire dont le crâne explosé tapait inlassablement contre les robinets et la faïence, tandis qu’un malade prenait son pied, profondément enfoncé en elle, encore bien après qu’elle ait rendu son dernier souffle. Ils ne sauront jamais, car ces choses ne se racontent pas. Elles se vivent. Et l’on en meurt. 
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— Bon, j’y vais.
— Tenue d’assaut, alors. La totale, y compris le casque en kevlar.
— Ça va être pratique pour communiquer…
— C’est mon dernier mot. Tu veux aller là-bas remettre la rançon, alors que ça n’entre absolument pas dans tes fonctions ? Très bien ! Mais à mes conditions ! Comme plan drague, c’est pas terrible, je te le concède. Le mieux que je puisse faire, c’est planter une rose rouge dans la visière.
Il y a un court silence où chacun s’observe, puis les rires fusent soudain, libérant la tension.
— T’es con. Je n’y vais pas pour draguer. Je veux juste savoir…
— … comment elle va. Ça va, mec, on a compris.
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— Pourquoi me défies-tu ? N’ai-je pas été assez clair tout à l’heure ?
— Vous avez été parfaitement clair. Vous allez me tuer. J’ai compris. Permettez-moi de vivre mes dernières heures comme un être humain, non comme un mouton que l’on mène à l’abattoir.
Je ne le vois pas, mais je sens qu’il sourit. Nos joutes verbales sont comme une bonne marinade dans laquelle la viande prend peu à peu de la saveur. Plus je lui résiste, plus je prends de la valeur. À moi de me montrer à la hauteur pour ne pas le bousculer dans le timing qu’il s’est fixé. 
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Je le fais parce que c’est bon, Emma.
Mon prénom, au bout de cette phrase, résonne comme une bombe de crème chantilly posée sur une ogive nucléaire. La prononciation suave pourrait même revêtir un côté sexy s’il ne s’agissait pas là d’un plaisir qui consiste à tuer des gens sans remords et sans raison. Cet homme est fou, et on ne discute pas avec un fou. 
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La tumeur qui me ronge le cerveau est-elle responsable de ce nouvel état de fait ? Difficile à dire et, soyons honnête, je me vois mal demander à l’oncologue qui m’a diagnostiqué s’il est normal que je ressente désormais le besoin de faire souffrir les gens que je tue. Il est fort probable qu’il me ferait interner dans les plus brefs délais, me laissant finir ma vie engoncé dans une camisole de force, shooté par les calmants les plus puissants, enfermé dans une cellule capitonnée. À moins de le tuer avant qu’il ne s’en charge. Mais si je dois tuer chaque médecin que je consulte, où va-t-on ? 
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L’homme est froid de nature, et, lorsque son regard croise le mien, je n’y décèle pas la moindre émotion. Pas une once de compassion face à la perte immense que je viens de subir. J’en viens même à me demander, à la manière dont il me dévisage, s’il n’est pas en train de se dire que je risque d’avoir du mal à rembourser l’emprunt, maintenant que je suis seule…
Un bref instant, mon esprit digresse. Avons-nous pris une assurance décès ? Celle-ci couvre-t-elle les assassinats ? Y a-t-il une prime spéciale lorsque le décès survient au sein même de la banque ? 
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Je crois que mon cerveau n’était plus en mesure d’analyser les faits, auquel cas j’aurais hurlé mon désespoir. Je n’en étais tout bonnement plus capable. J’étais comme anesthésiée.
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Dans la vie, on ne peut jamais faire confiance à personne.
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Je m’appelle Annabelle. Ces derniers jours, mon passé s'est invité dans mon présent d'une manière qui me glace jusqu'aux os. Je redoute le moment où ces deux parties de ma vie se télescoperont. Et plus que tout, je crains que ces retrouvailles avec mes bourreaux ne signe l'arrêt de mort de ceux que j'aime
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Je pleure mais je ne verse pas de larme. J'ai pleuré des milliers de fois ces cinq dernières années, mais sans extérioriser. Cinq ans que les larmes n'ont pas franchi le seuil de mes paupières, que leur traînées salées n'ont pas laissé de sillons sur mes joues, cinq ans que, lorsque je pleure, mes larmes se déversent directement dans mon âme et, lorsqu'elles dévalent avec force en moi, tel un torrent incontrôlable, je me noie.
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Plus de deux jours sans nouvelles d'Emma.
Elle n'a pas cherché à me contacter, ne m'a pas suivi. J'en nourris un manque inconcevable. Je n'ai pas su lire en elle. Je n'ai pas saisi ce qu'elle tentait de me faire comprendre. La psychologie de la jeune femme m'échappe. Son mal grandissant me dépasse.
Chaque nuit, il la viole et l'étrangle
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