Citations de Brigitte Aubert (288)
Sans même parler de la chambre ! Le papier peint à grosses fleurs bleu foncé a dû y être posé en 1930 et l'abat-jour ressemble à une lampe d'autopsie.
Et tout le reste est à l'avenant : un intérieur impeccablement tenu et impeccablement vétuste, qui n'a pas bougé d'un pouce depuis le décès de Maman. Boiseries marron foncé-plus sombre on ne trouve pas-, lino imitation parquet rayé, meubles imitation rustique, rideaux imitation dentelle, le genre de décor qui pousse à se pendre au lustre vénitien. Mais pas avec une imitation de corde.
– Oh ! Tu ne vas pas la ramener avec ça, grogne Géraud.
– Non, on ne s’en fout pas. Je ne suis pas juste le beur de service.
– Arrêtez de faire les idiots. Le temps passe, fait observer Gwendoline. Autrefois le temps était mesuré par les clepsydres, les horloges à eau. La plus ancienne que l’on ait retrouvée date d’Aménophis III, en Égypte, vers 1400 avant Jésus-Christ.
– Ta gueule, ordonne Géraud, tu nous gaves.
– Tu es moins intelligent qu’un ordinateur de dernière génération.
– Ça suffit, tranche Samir. Élise, à vous. Questions pour une championne.
Et ça glousse. Ils vont me tuer en rigolant.
Ici, dans la jungle, il y a d'autres créatures parlantes que nous, qui viennent d'un monde que je ne connais pas, derrière les montagnes. Ils ont de longs becs rouges et ils sifflent tout le temps. Je crois qu’eux aussi ont décidé un jour de quitter le monde des hommes tel qu'il est. Ce sont nos ennemis. Et nos proies.
Même le feu ne peut chasser la nuit qui se consume.
Comme c’était bon, parfois, d’être mauvais !
Et après tout, qu'est ce que je sais de tous ceux là ? N'importe lequel peut-être un traître.
Le destin n'est qu'un peu de sable qui nous file entre les doigts.
La nuit n'est jamais si noire que lorsqu'on allume une lampe.
La danseuse rousse continuait à se déhancher sur le rythme mélodique d'une suggestion orientale, ondulations appétissantes sur fond de croupe lascive, les plaisirs de la nuit au goût d'arabica, l'appel pressant du désir, le chant mortel de la sirène, le piège...
Elle, une voleuse, impossible ! tant de détresse... Non, une jeune femme acculée, obligée de se déguiser, certainement des hommes farouches et cruels à ses trousses, et cet imbécile prêt à alerter la police, pour quelques babioles, quand la vie d'une jeune femme exquise était peut-être en danger, il y avait là un mystère, un mystère fascinant au parfum de jasmin !
Je relis ton message ridicule. A qui crois-tu faire peur? Tu ne peux pas tuer quelqu'un qui n'existe pas. Tu ne peux pas tuer du papier, des mots, des glissements furtifs, mais tout ça, par contre, "ça" peut très bien te tuer.
Technologie vingt et unième siècle. Si vous avez plus de pile dans votre clé pour ouvrir les portières, savez clic clic, et ben la bagnole démarre pas.
Je ne sais pas pourquoi, dès que les gens se retrouvent seuls avec moi, ils se mettent à me faire des confidences. Ce doit être comme de parler à sa poupée…
Savez-vous pourquoi on trouve toujours la solution des énigmes ? Parce qu’il n’y a pas de serrure sans clé, ni de clé sans serrure. Pour concevoir une énigme, il faut connaître sa solution, elle fait partie de l’essence même de l’énigme. Il suffit de le savoir pour ne plus en avoir peur.
En tout cas, comme thérapeutique, la terreur, c’est efficace ! Si à chaque tentative de meurtre je récupère l’usage d’un membre, je vais demander qu’on me balade la nuit dans les coins malfamés.
Même si la vie est moche, triste, cruelle et injuste, je préfère la vivre.
La vie, c’est moins marrant que les romans.
Il faut dire qu’il ne lui rend pas la vie facile. Je sais bien qu’entre hommes on doit se soutenir, mais là…
Il existe généralement deux sortes d’assassins pathologiques : si tous sont mus par des pulsions irrésistibles, les uns savent pertinemment ce qu’ils font et prennent un grand plaisir à duper la police et leurs concitoyens tandis que les autres oublient leurs forfaits sitôt accomplis et peuvent en toute bonne foi jurer qu’ils sont innocents. C’est une autre partie d’eux-mêmes, une partie inconnue de leur conscience, qui a commis les meurtres.
Tout meurtrier a un mobile. Attention, je ne veux pas dire un mobile qui nous semble valable. Non, un mobile qui lui est personnel.