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Critiques de Budd Schulberg (21)
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Un homme dans la foule

Une histoire surprenante écrite dans les années 50 par un scénariste à succès de Hollywood, découverte hier grâce à une citation de Pecosa et lue illico.

Un type aux chaussures trouées, débarque un beau jour du fin fond de l’Arkansas, avec en main une guitare rafistolée, dans une petite station radio du Wyoming. Il cherche du travail, il prétend chanter de la musique folk. Engagé avec hésitation pour combler les heures creuses, cet individu, qui ne sait ni jouer, ni chanter, et malgré ses outrances et ses approximations, avec un show, où il se contente de pointer et bavasser sur tout ce qui lui passe par la tête, -« c’était ce que les gens avaient envie d’entendre. Il avait l’oreille populaire. Un homme du peuple. »-, va vite devenir le chouchou de l’audimat. Comme on peut l’imaginer, ça va vite lui prendre la tête, s’imaginant avoir un magnétisme, don de Dieu. La narratrice est Marshy, la responsable de la station radio qui malgré elle,va indirectement susciter cette fulgurante ascension et son passage au stade supérieur de sage politique. Voilà pour la petite histoire, entrevue dés les premières pages.....

Pour en arriver à la morale de la grande histoire....pour accéder au pouvoir, plus on est rusé et ignorant, mieux vaut, surtout si la masse qu’on veut diriger est majoritairement aussi ignorant que soi. Car de toute façon cette masse ne se donnerait jamais la peine de lire et de comprendre quoi que ce soit, si cette personne avait quelque chose d’intéressant et de concret à proposer. Sans aller loin, rien qu’à voir la situation dans le pays où je vis. Je n’entre pas dans les détails car c’est pathétique. Donc même si nous sommes hyper connectés, même si les conditions d’éducation et de vie ont progressé à une vitesse fulgurante, les peuples sont toujours au service d’individus de ce genre et qui si le système permet, deviennent vite des tyrans. Je pense que ça vous rappellera des figures de la scène politique internationale actuelle, bien qu’ici, il soit question d’une satire féroce de la société américaine, toujours valable. Inutile de vous dire, lisez ce petit livre plein d’humour, qui raconte très simplement une vérité de tous les temps.



« Le peuple sait jamais. Le peuple est comme moi, stupide comme une mule. C’est juste qu’on sent c’qui est juste. »

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Un homme dans la foule

Je pensais ne pas connaître Budd Schulberg, mais en fait j'ai aimé les films dont il fut le scénariste, Sur les quais, La forêt interdite et surtout Plus dure sera la chute avec Boogey.

Je n'ai pas vu l'adaptation d'Un homme dans la foule tournée par Elia Kazan en 1957, et la lecture de cette nouvelle publiée en 1953 sous le titre Your Arkansas Traveler, m'a laissée sur le fondement.

La note de l'éditeur s'ouvre sur une citation de Schulberg: "Les écrivains sont pratiquement les seuls, à l'exception de quelques politiques vraiment honnêtes, à pouvoir égratigner le système. J'ai tenté de le faire. Et cela m'a poursuivi toute ma vie. »

Avec Un homme dans la foule, Schulberg ne se contente pas d'égratigner, il joue plutôt les Pythonisses en décrivant par le menu l'inexorable ascension du « vagabond de l'Arkansas », Lonesome Rhodes, un white-trash de Riddle, qui débarque un beau matin dans la petite station radio de Fox Wyoming, agace la programmatrice, Marshy, mais tape dans l'oeil du propriétaire tant il exsude de l'américanité par tous les pores de sa carcasse. Très vite, une étoile est née. Grace à sa mythologie familiale, tonton, mémé, la ferme, son parler « vrai », l'authenticité de sa ruralité qui rassure les auditeurs terrorisés par les rouges, les étrangers et la guerre en Corée, Rhodes grimpe les échelons, acquiert une stature nationale, se pique de politique, et devient un leader d'opinion incontournable dans des domaines qui dépassent largement son champ de compétence.

Lonesome est un héros populiste comme l'Amérique les a toujours aimés, pas façon La vie est belle de Capra, mais plutôt façon Donald quelques décennies plus tard.

« J'ai essayé de lui dire: « Lonesome, tu es très bien tant que tu fais des plaisanteries sur le whisky de maïs et que tu racontes tes histoires du cousin Abernathy, à Riddle. Mais tu ne crois pas, qu'avant de faire des déclarations sur la Chine, tu devrais en savoir juste un petit peu plus sur le sujet?

Au nom du peuple, Lonesome a déclaré: « Le peuple sait jamais. Le peuple est comme moi, stupide comme une mule; c'est juste qu'on sent c'qui est juste. »



Ou plus loin : "Il avait envoyé une de ses Lettres Ouvertes aux VIP -celle qui était destinée à Churchill pour lui dire que la Grande -Bretagne devait cesser de se planquer derrière nous et l'avertir que lui, Lonesome, était prêt à larguer les Britanniques et à conseiller aux Américains de leur fermer les frontières, comme à n'importe quelle entreprise en faillite. L'Amérique se portait mieux, avait-il affirmé à ses trente millions d'auditeurs et de spectateurs, quand elle se tenait seule, « comme elle l'était à l'époque d'la guerre avec l'Angleterre, quand on a conquis notre indépendance. »



Un homme dans la foule nous ferait presque craindre un dénouement à la Impossible ici, de Lewis Sinclair. Avec Beaucoup d'acuité et de causticité -la piquante et lucide Marshy est la narratrice témoin longtemps passive des excès de Lonesome- Schulberg démonte en 90 pages l'horlogerie interne d'un dangereux crétin enfonceur de portes ouvertes qui croit pouvoir transposer au 20ème siècle une vision idyllique des Pères Fondateurs, et persuade des millions d'électeurs, grâce à son langage savamment calibré (un peu de régionalisme, un brin de vulgarité et de sexisme...) que la vox populi est détentrice d'un sens commun magique comme la baguette de la gentille fée. Un gars de la campagne authentique et rustique comme le camembert du même nom qui dort dans des palaces, s'enivre et roule en voitures de prestige... car si les classes les plus modestes font son succès, lui n'a pas perdu de vue la couleur verte des dollars et fait fructifier son capital. Lonesome fait son beurre sans état d'âme sur le dos de ceux qu'il prétend incarner. Quant à Marshy, elle symbolise la presse qui nourrit parfois une créature monstrueuse qui finit par tout dévorer.
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Sur les quais (BD)

New-York, années 50.



Terry Malloy aurait pu être un grand boxeur. Le meilleur même. Si on ne lui avait pas demandé de se « coucher »… Il devint docker.



Le père Barry, un prêtre courageux, proche de ces ouvriers du port. Une générosité à donner, un sacerdoce.



Le prêtre et le docker.



Souviens-toi, un film d’Elia Kazan. Et Marlon Brando.



Le scénario de Budd Schulberg mis sur papier et crayon. Du noir et blanc graphité comme un hommage à cet univers sombre et noir. Ambiance.



La mafia, les docks, malversation et meurtre. Lorsque Joey Doyle plonge d’un toit. Lorsque sortant du bar ils le découvrent baignant dans son sang. Lorsque le crime devient un de trop. Quelques ouailles, menées par le père Barry, se rebellent contre l’omerta, la loi de la mafia, les docks changent de camp. Les bars se vident, se remplissent mais la peur reste. Il est temps de changer, de lever le poing et de dire stop.



Un autre verre, mec !



« J’ai picolé toute la nuit ! Saloperie de whisky… J’ai la tête en vrac »



Un art difficile de mettre en scène en quelques planches cette histoire du panthéon cinématographique. Un pari presque réussi. L’ambiance, le dessin, l’univers, le scénario. J’étais sur ces docks, j’étais dans ces bars, j’étais sur ces toits. Mais la chute est trop rapide, tel le corps de Joey Doyle qui tombe…



« Sur les quais », pour me prendre pour Marlon Brando.
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Sur les quais (BD)

Terry ne boxe plus. Il aurait pu être le meilleur mais une nuit son frère Charley est venu le voir au vestiaire pour lui dire que lui et ses copains avaient tout misé sur ce toquard de Wilson.

Depuis, sur les quais, il rend de menus services au gang mafieux qui dirige le syndicat des dockers et qui est tenu d'une main de fer par Johnny Friendly et son bras droit Charley.

Les deux hommes contrôlent tout le coin, l'embauche, les comités, les attributions.

Joey Doyle, pour avoir voulu s'opposer à eux, est tombé de son immeuble.

Quelques voix s’élèvent alors pour dénoncer, haut et fort, les criminels et leur commanditaire. Katie, la soeur de Joey et le père Barry sont de ceux-là et le prêtre organise bientôt une réunion dans son église.

Terry envoyé pour les espionner ne tarde pas à se ranger de leur côté......

Crayonné de noir et blanc, cet album est superbe, sombre, triste et tragique.

Le pari d'adapter en bande-dessinée un tel monument cinématographique était périlleux, la qualité des dessins, la sobriété des dialogues, le format choisi font de ce récit une réussite.

Grâce à son talent, l'auteur de cet album rend un superbe hommage au scénario écrit, en1955, par Budd Schulberg.



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Un homme dans la foule

La nouvelle éponyme, écrite dans les années 50, est étonnante à lire à notre époque pleine de ce qu'on appelle des "influenceurs", et qui a vu un Trump devenir président des États-Unis : une femme raconte avec lucidité comment elle a accompagné la célébrité d'un homme de l'Arkansas basée sur un vide bien orchestré... Et c'est à la fois son portrait à elle, à lui, et celui d'une Amérique peu reluisante.

Les autres nouvelles font plus ternes mais au moment d'écrire la critique, je m'aperçois que c'est peut-être juste un peu daté (notamment plusieurs références culturelles qui ne disent plus grand-chose, encore plus pour une Française) : il y a le (devenu ?) classique Hollywood et ses mirages, traité une fois par le biais de l'ambition, une fois par le biais de l'enfance et Noël ; il y a des tournois de boxe ; il y a la cruauté gratuite dans une nouvelle en écho à Hemingway ; il y a l'impossibilité du mariage mixte noir - blanc ; il y a la question de la reconnaissance (ou non)... et beaucoup de fatalité. Le dernier drame, Notre cerf blanc, montre qu'en quelques pages, on peut partir dans une forêt de l'ouest américain avec deux enfants et s'émouvoir avec eux.
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Qu'est-ce qui fait courir Sammy ?

Budd Schulberg est surtout connu pour ses scénarios, notamment " Sur les quais " d'Elia Kazan, pour lequel il reçoit l'Oscar du meilleur scénario original et " Un homme dans la foule " également d'Elia Kazan.



Mais, Budd Schulberg mérite le détour pour ses romans " Plus dure sera la chute" (adapté au cinéma, le dernier film tourné par Humphrey Bogart) et " Qu'est-ce qui fait courir Sammy ? ".



Ce roman décrit l'univers d'Hollywood qui, pour son héros Jimmy Glick, commence comme un conte de fée.



Qu'est-ce qui fait courir Sammy ? est la question qui hante le narrateur dès les premières lignes du roman, quand le tout jeune Sammy n'est encore qu'un garçon de bureau s'agitant dans tous les sens.



Car, Sammy devient journaliste, chroniqueur radio, scénariste à succès, producteur de cinéma et, pour finir, patron de studio, grimpé au sommet des collines d'Hollywood.



Pour y planter son pouvoir, comme d'autres plantent leur drapeau sur le pic de la plus haute montagne du monde; il a triché, trahi, employé les moyens les plus vils, massacré des êtres et tordu des sentiments, prototype de l'arriviste pressé, poursuivant un but que personne ne connaît et écrasant tout sur son passage pour finir par dominer l'univers de toute sa pathétique solitude.



Qu'est-ce qui fait courir Sammy ?, il faudra aller jusque dans les tréfonds de son enfance pour espérer répondre enfin à cette question qui rythme, comme un battement de cœur frénétique, cette histoire d'une surprenante modernité.

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Un homme dans la foule

Merci aux éditions des Equateurs et à Babelio pour l'envoi du livre"Un homme dans la foule".

Ce livre nous conte en quelques pages l'ascencion d'un animateur radio qui va rapidement passer du statut d'humoriste local à celui de maitre à penser national en passant par la case "créateur de la publicité moderne".

Le populisme et les médias de masse y sont délicatement écorchés, mais au dela de cet aspect, c'est le portrait d'un homme adulé mais seul.



Je n'ai été que moyennement conquis par ce livre, je pense que cela est du au format assez court (une 100aine de pages). J'ai eu l'impression que les deux personnages principaux n'y étaient décrits que de très loin, on ne rentre jamais au fond de leurs personnes. C'est regrettable car je pense qu'il y avait matière à poser un personnage extravagant que l'on aurait eu autant envie d'aimer que de le détester.



A réserver aux amateurs de nouvelles et de romans courts

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Un homme dans la foule

Lonesome Rhodes, chanteur folk itinérant peu doué, inculte mais beau parleur débarque un beau jour dans une petite radio locale du Wyoming. Là, il est repéré par Marcia, une animatrice qui lui propose de faire un essai et d'animer une courte chronique. le succès va être immédiat et les auditeurs vont s'identifier à ce personnage truculent qui raconte des saynètes inspirées par la vie des gens simples et chante de vieilles chansons. Rapidement le succès va s'étendre et Lonesome Rhodes, galvanisé par cette notoriété incontrôlable, va se retrouver porte parole d'une certaine Amerique conservatrice. Mais plus dure sera la chute...

"Un homme dans la foule" c'est d'abord pour moi le souvenir du film d'Elia Kazan (l'auteur du roman a d'ailleurs eu, comme Kazan, une attitude peu glorieuse durant la période du maccarthysme ), vu enfant dans le cadre des légendaires "dossiers de l'écran" d'Antenne 2 et dont certaines scènes, notamment la dernière,m'ont durablement marqué. Merci donc à Babelio et à sa "masse critique" de m'avoir fait découvrir le texte qui en est à l'origine. Publié pour la première fois en 1957 , "un homme dans la foule" n'a pas vieilli (même si la retranscription de la façon de parler du héros peut parfois sembler datée malgré la nouvelle traduction) et cette charge féroce contre les médias peut aisément être transposée à notre époque où le succès du populiste Lonesome Rhodes serait même renforcé par les envahissants réseaux sociaux. Cette courte fable grinçante et angoissante reste donc très pertinente et sa lecture fortement conseillée en ces temps troublés.
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Le Désenchanté

Budd Schulberg vient de mourir à 95 ans,je crois.S'il fut l'un des grands auteurs à Hollywood Schulberg n'a pas attendu le cinéma pour savoir écrire romans et nouvelles dont les cinéphiles ont retenu notamment Un homme dans la foule,Plus dure sera la chute,Sur les quais.Fils d'un ponte de Paramount,élevé dans le sérail il a écrit sur ce sujet Qu'est-ce qui fait courir Sammy? et Le désenchanté.



Le désenchanté fut publié en 1950.S'il est inspiré de la chute de Scott Fitzgerald Budd Schulberg nous donne là une oeuvre follement romanesque dans le bon sens,peignant dans un même maelstrom les débuts de la folie de Zelda(ici nommée Jere) et la débandade boursièrede la fin des Roaring Twenties.Dans romanesque il y a roman et quel roman,quelle histoire fabuleuse de champagne et de gueules de bois,de parties dignes de Gatsby et de déchéances tôt venues.

Manley Halliday qui fut il y a presque vingt ans un écrivain adulé se voit contraint à faire le tacheron pour les producteurs d'Hollywood(attention,pas tous incultes).Cornaqué par un jeune espoir du scénario,fauché comme c'est pas permis, retrouvera-t-il le génie,ou simplement le talent,ou encore plus simplement la recette du retour en grâce?



Schulberg traite admirablement d'un univers qu'il connaît bien.De Manhattan à Paris,de Berlin aux Alpes enneigées, zébré de retours au passé parfaitement inclus dans la progresssion qui va vers l'ultime,Le désenchanté est un très grand livre pas seulement sur l'usine à rêves,mais plus sûrement sur la brûlure d'un talent phénix qui n'en finit pas de ne pas renaître.



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Qu'est-ce qui fait courir Sammy ?

Le narrateur offre au lecteur l'exposition des faits, des conversations, mais aussi et surtout des analyses de ce qu'il voit et entend et c'est ce qui est le plus intéressant.



Très drôle au début quand les entourloupes de Sammy n'ont que peu de conséquences, le roman se fait de plus en plus sérieux...



À tout moment, l'histoire est parfaitement crédible...



Et ce qui étonne le plus, au fur et à mesure que progresse la lecture, c'est que l'on ne se rend compte que ce livre a été publié en 1941 qu'à de très rares occasions (quelques paragraphes sur plus de 400 pages).



Le personnage de Sammy Glick nous montre les ravages que peuvent causer l'ambition et les effets produits par le plus hypocrite des bagouts, la peur qui motive le tout et la réussite sociale qui en résulte.



Le personnage du narrateur Al Mannheim révèle les conséquences du comportement opposé : droiture, scrupules, courage et leur sanction : l'absence de réussite sociale.



Ce que j'ai le plus aimé :

- L'opposition entre ces deux personnages.

- Le fait que Mannheim, en tant que narrateur-observateur-analyste du comportement de Glick aide vraiment le lecteur à décrypter les paroles de l'arriviste.

- Le style jamais ennuyeux, léger et subtil.

- Les description des lieux très bien rédigées.



En conclusion, un très bon livre que je conseille à tous.

Note : 9/10

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Le visage de Hollywood

Ce recueil de nouvelles rassemble des portraits de personnages "hors du commun".
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Un homme dans la foule

Je tiens, en premier lieu, à remercier sincèrement les éditions des Équateurs de m'avoir envoyé Un homme dans la foule dans le cadre de l'opération Masse Critique. J'ai lu ce petit livre avec plaisir.

Ce qui m'a le plus plu dans ce livre, c'est le ton plein de recul et de critique dont fait preuve la narratrice. Proche collaboratrice de Lonesome Rhodes, un présentateur radio, puis télé au succès fulgurant, celle-ci nous montre les coulisses de cette idole américaine des années cinquante. On peut ainsi voir que derrière les paillettes, la vie n'est pas si rose.

Lonesome Rhodes est un personnage inventé de toutes pièces. En effet, il ne correspond en rien à l'image de l'homme simple et à la philosophie de vie rurale qu'il veut donner de lui-même afin d'inspirer la sympathie du public. Il s'invente une famille aux valeurs profondément patriotiques et qui se veulent caractéristiques d'un certain mode de vie à l'américaine, alors qu'il est très loin d'appliquer ses propres préceptes. C'est un alcoolique, un menteur et un coureur de jupons, qui ne cesse de harceler son bras droit — la narratrice —, n'hésitant pas à user de chantage affectif ou en cherchant à l'appâter grâce à un mariage qui lui apportera fortune et renommée.

Cette dernière lui reconnaît toutefois une immense qualité : sa tchatche, grâce à laquelle il parvient à mettre toute l'Amérique à ses pieds. Malheureusement, non content de son incroyable popularité, son ego démesuré le pousse à aller toujours plus loin. Il commence ainsi à inciter la population à la consommation, ce qui marche admirablement bien, mais cela ne lui suffit pas, en éternel insatisfait qu'il est. Il souhaite se mêler également de politique locale, puis nationale et enfin, internationale.

Un homme dans la foule est la chronique d'un personnage icarien, dont la morale est lourde de sens : à trop vouloir s'approcher du soleil, on finit par se brûler les ailes. J'ai adoré détester ce personnage et la manière dont il est dépeint par la narratrice est, à mon sens, admirable. Les contradictions auxquelles ce « Pygmalion » au féminin se trouve confrontée, entre fierté d'avoir créé ce personnage, de l'avoir façonné, et rage de le détruire, sont très bien amenées.

Finalement, ce personnage antipathique et pourtant fascinant pour tous les défauts précédemment mentionnés n'est pas sans rappeler l'actuel président américain… Il est par ailleurs troublant de constater à quel point ils peuvent tous les deux se rassembler. C'est pour cela que j'ai trouvé ce portrait passionnant.
Lien : https://www.livraddict.com/b..
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Le Désenchanté

Il était tentant, ce petit bouquin. Très. Fitzgerald, Hollywood, les années 20, l’écriture… Faut avouer que ça fait envie ! Mais ça n’a pas fonctionné, en fait. Est-ce la concurrence de McDreamy (moi, au début, j’avais compris McCreamy, je trouvais ça drôle et irrespectueux, j’aimais bien) ou alors la fatigue et le mauvais temps, en tout cas je n’ai pas réussi à m’intéresse à fond à la rencontre de deux auteurs ratés autour d’un mauvais scénario. Pourtant, Dieu sait que j’ai essayé, particulièrement parce que j’ai adoré l’écriture de Schulberg et que j’ai pris un pied fou à ses descriptions et à ses changements de vocabulaire, mais ça n’a pas suffi à me fasciner et à me donner envie de continuer sur ma voie.



Je sais bien que j’avais dit que je ne parlerais plus des romans que je n’ai pas terminé, mais une personne dont je ne citerai pas le nom a essayé de me caresser dans le sens du poil en me disant que c’était tout aussi intéressant de savoir pourquoi je n’avais pas continué, alors je me suis dit que j’allais essayer et que si je trouvais le billet inintéressant je ne le publierais pas et puis c’est tout. Bon, ce billet n’est pas des plus passionnants, je vous l’accorde, mais au moins il a le mérite de vous annoncer cet énorme changement dans la politique éditoriale de ce blog.



Et puis, en fait, allez, essayez le Désenchanté. Je suis certaine que c’est un super bon bouquin, mais que je n’étais juste pas « in the mood ». Je vais peut-être bien le garder pour réessayer.
Lien : http://www.readingintherain...
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Le Désenchanté

Après Sammy (1938) et Plus dure sera la chute (1947), deux romans très réussis qui ont donné à Budd Schulberg un statut d’écrivain sublimant son travail de scénariste pour Hollywood, voici Le désenchanté (1950) qui retrace une expérience vécue par l’auteur en 1939 avec Francis Scott Fizgerald lors de la tentative de collaboration pour un scénario commun. Il est évidemment très intéressant de voir relater cette expérience hollywoodienne commune qui s’achèvera dans le chaos en raison de la dépression et de l’alcoolisme terrifiant de Fitzgerald : celui-ci détestait son travail « alimentaire » pour Hollywood et se méprisait de devoir en arriver là pour survivre après le succès de Gatsby (1924) et la pente descendante que Tendre est la nuit (1934) avait amorcé mais surtout par rapport à l’image (que l’histoire a confirmée) de génie littéraire qu’il avait de lui-même.

Le roman est fait en trois parties (non nommées) : une mise en place de la situation de collaboration entre Budd et Scott (ici nommé Shep et Manley), une série de 4 flash-back intitulés Histoire ancienne, et le dénouement dans le cadre du carnaval de l’université Webster où toute l’équipe s’est portée pour observer la réalité de ce qui devra servir au scénario du film.

C’est bien construit, mais sur ces 3 parties, je n’ai personnellement trouvé réussie que la partie centrale, celle qui décrit l’univers des années de gloire où Scott et Zelda vivent réellement sur une planète délirante et euphorique que l’alcool, les fêtes, les paillettes et la jeunesse contribuent à magnifier (surtout dans le contexte existentiel des souvenirs, comparaison autrefois-aujourd‘hui)

J’ai trouvé le début poussif et mal écrit – un comble pour Schulberg dont j’ai adoré le style des premiers romans. J’ai trouvé le final larmoyant et trop mélo, avec une tendance à accentuer le parler-alcoolo de Scott machant difficilement ses phrases pendant quasiment les 100 dernières pages (et difficile d’attribuer cela à la traduction de Georges Belmont qui a aussi traduit Sammy).

Enfin, la question n’est pas vraiment là. Le vrai problème est : qu’est-ce qui me pousse, moi, 60 ans, avec cette impression que les meilleures années sont derrière, à m’atteler à un roman dont le résumé m’a clairement fait comprendre qu’il s’agissait d’un homme qui sombre dans le regret de sa gloire passée et que dégoute son présent, tandis que le fantôme de sa femme d’autrefois un peu folle et romantique le dispute à la présence d’une femme réelle actuelle et terre à terre ? Et pourquoi lit-on en général ?

OK, passons, c’est ça le problème avec les alcoolos célestes…

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Un homme dans la foule

Texte bref et saisissant, Un homme dans la foule (1953, adapté au cinéma par Elia Kazan en 1957) est le récit impeccable de l’ascension d’un bonimenteur populiste dans une Amérique enlisée dans la guerre de Corée.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Sur les quais

Publié en 1952, 2 ans avant la sortie du film d'Elia Kazan qui l'a rendu célèbre, Sur les quais est éloigné de 14 ans de Sammy, son premier roman et le plus marquant. C'est peu dire que la confrontation entre les 2 est à l'avantage du premier tant les personnages de Sur les quais sont manichéens et caricaturaux, l'idylle entre Terry et Katie mièvre à souhait et le personnage du curé insipide et ridiculement associé à une expérience christique.

Il y a la qualité narrative de Budd Schulberg qui peut nous plonger dans un milieu social et nous faire croire à ses personnages. Mais bon sang, l'ensemble est quand même bien lourdingue et l'adaptation cinématographique ne dérogera pas à cette critique.
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Qu'est-ce qui fait courir Sammy ?

Je découvre un auteur des années 30-40 dont j'ignorais l'existence, même s‘il a travaillé comme scénariste dans des films célèbres à Hollywood. Ca tombe à pic, puisque le thème de ce bouquin vraiment formidable est l'ascension d'un jeune auteur arriviste, Sammy, depuis une enfance misérable dans l'East Side New Yorkais jusqu'à la direction d'une des plus grosses usines de production d'Hollywood, ascension qui se fera à coup d'arrivisme sans le moindre scrupule.

Le style d'écriture est fluide et limpide, un vrai régal ; la structure du récit est formidable, car, après les ¾ du roman consacré au suivi indirect de cette ascension par un narrateur partagé entre le dégout et la fascination, un plongeon quasi « ethnologique » nous amène à une « visite » du quartier d'enfance de sammy, Lower east side, un des quartiers les plus misérables de New York, ghetto des juifs d'Europe centrale ayant fui les pogroms de la russie tsariste au tournant du XXème siècle, et où l'enfance ordinaire se fait pieds nus à coups de règlement de comptes entre bandes rivales (rien à voir avec un conte de fées à la « guerre des boutons »).

Tant sur le plan scénaristique que sur quelques audaces littéraires de narration, ce livre est un « must-read » pour tous, un véritable point d'orgue qui met en relation un mythe hollywoodien avec le rêve de réussite américain tel qu'il est véhiculé dans l'historique de l'époque et qu'il sera totalement détruit dans les années 60. Les personnages sont très marquants et l'atmosphère véhiculée par l'auteur dans sa critique d'un système social dont Sammy Glick, l'arriviste sans scrupules dont il est question ici, n'est finalement qu'une victime, est tout à fait édifiant et exemplaire.

Note de 6/5 si c'était possible !

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Sanctuary V

Un plongée d’une rare justesse au cœur de l’asile politique à cuba sous Castro ! Passionnant ! Le seul défaut ce sont les 80 premières pages qui nous remettent à niveau sur la révolution, mais du coup un peu redondant. Sinon, c’est superbement bien écrit et le quotidien de l’enfermement au cœur de l’ambassade se partage de façon palpitante !Etonnamment ! Un peu trop d’éros aussi :)
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Sur les quais (BD)

Ce one-shot fait partie des quatre albums ("Pauvres Zhéros", "Pierre qui roule", "Sur les quais", "Nuit de fureur") venus inaugurer cette nouvelle collection chez Casterman, née de l’association des éditions Rivages et Casterman. Cette collection Rivages/Casterman/Noir dirigée par Matz se concentre sur l’adaptation de polars noirs par des auteurs de bandes dessinées de renommée tels que Lax, Matz, Baru ou Rodolphe, pour cette adaptation du roman éponyme de Budd Schulberg.



"Sur les Quais" se déroule sur les docks brumeux de New-York, contrôlés par la maffia. Le travail de Georges Van Linthout ("Falkenberg", "Lou Smog") au niveau des ambiances est remarquable et plonge le lecteur au sein d’un décor mafieux des fifties.



Mais, c’est au niveau du scénario que cette histoire, portée au cinéma par Elia Kazan, a du mal à convaincre. Cette adaptation de Rodolphe ("Kenya", "Les mondes d’Aldébaran", "Trent") n’offre pas de réel suspense. L’histoire est certes efficace, mais elle est beaucoup trop classique et manque cruellement d’originalité. De plus le dilemme auquel est confronté le personnage principal n’est pas suffisamment développé, comme c’est par exemple le cas dans le film «We own the night».



Bref, une excellente ambiance de polar sombre, mais une histoire un peu trop convenue.
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Un homme dans la foule

Un homme dans la foule se lit, six décennies plus tard, comme une parabole étonnamment contemporaine. Terriblement con­temporaine.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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