Camille Anseaume

La vérité c’est qu’elle est belle, et drôle. Aussi bien dans ses pompes que si elle avait été élevée par Françoise Dolto et Marcel Ruffo.
Pourtant sa mère c’est Marie et son père elle l’appelle « Papère ». « Un peu papa, un peu pas père. »
Je lui demande ce que ça fait d’être un bébé pas désiré. Elle hésite, a l’air de trouver ma question bizarre.
- Quand je l’ai su c’était trop tard.
- -Trop tard pour quoi ?
- - Pour me demander si c’est important d’être désirée ou pas. Je me sentais déjà trop aimée pour me poser la question.

Avant toi je ne mangeais que des pâtes au beurre. Pour obéir à mon médecin qui voulait que je varie mon alimentation, j'ai ajouté des lardons.

Les 12 commandements du rangement

3) Entre garder, donner, échanger ou jeter, tu trancheras

Plein de bonnes intentions, vous avez commencé votre tri en constituant deux piles : "à garder" et "à ne pas garder".
Problème : vous ne savez pas quoi faire de la deuxième. Alors vous remettez ce choix à plus tard, vous rangez tout dans les placards, merci, bonsoir.

Concernant les objets que vous ne souhaitez pas garder, considérez que vous avez quatre solutions :

1-JETEZ ce qui est cassé, abîmé, hors d'usage, inutile.
Respectez le tri sélectif, en mettant par exemple les magazines dans le même bac que les emballages.

2-DONNEZ ce qui est en bon état ou peut être retapé/réparé/recousu facilement :
- à des associations caritatives : www.emmaus-france.org
- ou à des particuliers : www.recupere.fr
www.donne.consoglobe.com
www.fr.freecycle.org

3-VENDEZ sur Internet, en soignant votre annonce et le choix de la photo, et précisez bien les modalités de transport pour les objets encombrants
www.ebay.fr
www.leboncoin.fr
www.paruvendu.fr
Vous pouvez aussi prendre un intermédiaire qui, moyennant une petite commission, se chargera du transport de l'objet, de la rédaction de l'annonce, et de vous offrir une bonne visibilité
www.troc.com
www.vendezmalin.fr

4-ENFIN pensez aussi au TROC
quelques bouquins contre un CD, un costume contre une jolie paire de chaussures, un service à café contre une table de chevet, un tapis contre une étagère, bref, vous voyez l'idée.
(Sinon on peut continuer pendant encore 7 paragraphes.)

Vous pouvez organiser des soirées troc entre amis (...)
Pour le même principe version web (...)
www.gchangetout.com
www.troczone.com

Les enfants, c'est comme les pets, on ne supporte que les siens.

Tous ces gens dans ma poitrine ça pèse un peu lourds, mais en même temps je suis en train de comprendre que grandir c'est avoir tous ses âges en même temps.

Hier j'étais enceinte. Aujourd'hui J'attends un bébé.
Avant toi je croyais que tout ça voulait dire la même chose.

16 mensonges que vous ferez effrontément à votre enfant :
[...]
6. "Bravo mon amour, tu as gagné" (À la course, au memory, aux 7 familles, il ne faudra pas vous étonner s'il développe simultanément un égo surdimensionné et une piètre opinion de sa mère)

C'est un fait, tout se passe comme si à l'instant même où il a été fécondé, votre ventre était entré dans le domaine de la propriété publique. Ne vous formalisez pas, c'est affectueux. Mais agaçant. Mais affectueux.

Tu as pleuré. C'est la première fois que la jeune fille te voyait pleuré de joie. Si tu savais comme elle regrette de t'avoir dit de sécher tes larmes. Si tu savais comme je regrette de ne pas t'avoir laissée les faire couler. C'est peut-être autant de larmes que tu n'aurais pas eu à pleurer après.

Je te cherche un petit nom.
J'hésite entre ma bosse, ma tumeur, mon erreur, mon accident, mon avorton, mon rien , mon tout, mon embryon, mon clandestin, mon sans-papiers, mon tout-petit, mon env ie, ma folie, mon amour.
P61

Tu m’expliques que ce matin, alors que tu sortais de la douche, tu t’es assise sur le lit, en proie à une nouvelle crise d’angoisse. Tu étais en sous-vêtements, incapable de te lever. Alors que tu tentais de retrouver une respiration normale, tu as eu froid, puis très chaud, tu t’es allongée sur le côté et au moment où tu fermais les yeux ton soutien-gorge s’est dégrafé.
– C’était lui. Je te jure, je l’ai senti, c’était lui.
On parle quelques instants, tu me demandes où j’étais.
– Chez le gynéco. Je me suis allongée, j’ai fermé les yeux et j’ai senti un doigt dans mon vagin, mais je crois pas que c’était lui.
Tu craches ton café dans un éclat de rire, j’essuie les gouttes échouées sur la table, comme on ramasse en secret les premières fleurs de printemps dans le jardin du voisin.

Elle sent tes réticences, et elle les aime aussi. Elle salue ta façon d’être au monde.
Tu vis comme tu respires, sans t’en apercevoir.

Je ne vois que le gâchis de ces heures perdues à ne pas y être avant l'été, et je me dis: voilà ce qu'à été ma vie. Une maison secondaire face à la mer, dont j'ai longtemps perdu les clés. Je me dis qu'on est tous des maisons secondaires pour soi-même et pour les autres. Que vous êtes mes maisons secondaires, que j'aurais aimé vous visiter plutôt que de me contenter d'écouter ce que vous hurliez au balcon, que j'aurais aimé vous connaître mieux, et vous laisser entrer chez moi. Que si on s'était laissé cette possibilité-là, alors sans doute on se serait aimés vraiment, et surtout mieux que ça.

On reçoit des coups de fil, les nouvelles vont vite, surtout quand elles sont tristes. On dit les mêmes choses au téléphone, quand on est côté à côté on emprunte même la phrase d'un autre pour la répéter en différé. On aimerait pouvoir apporter du nouveau mais il n'y a rien, rien d'autre à explorer que l'immensité du vide dans lequel on s'agglutine. C'est comme une longue gueule de bois ou une soirée qui ne prend pas.

On dit "réunis par le malheur", mais c'est un mensonge. Il n'y a pas un malheur, on a chacun le sien.

Vous êtes "meilleures amies", un point c'est tout. Des meilleures amies pour qui savoir que l'autre existe suffit. Vous vous voyez peu. Vous mettez tacitement à distance votre lien pour goûter à la liberté d'y revenir. Ce qui vous unit est singulier. Vous voulez le vivre comme une chance, pas comme un réflexe.

Pendant l'échographie:
- C'est un garçon!
- Oh oui dis donc, il tient de son père le petit!
- C'est la cuisse, Madame.

Je me souviens pendant cette semaine d'avoir pensé sans avoir oser l'avouer : on a hâte de partir au ski, puis on a hâte d'être arrivés, puis on a hâte d'être installés, puis on a hâte d'être sur les pistes, puis on a hâte d'être rentrés, puis on a hâte de boire un vin chaud, puis on a hâte de manger de la raclette, puis de ne plus jamais en manger.
Voilà, c'est fini. Et ça nous aura coûté 1 000 euros.

Figure-toi que vous veniez toutes les deux d’avoir une petite sœur qui s’appelait pareil, enfin « pareil » c’était pas son prénom, disons qu’elles avaient le même, de prénom, et aussi d’âge. Tu lui as dit que la tienne était trisomique, elle a répondu que la sienne était capricorne.

Elle feuillette l’album, et se voit grandir de page en page. Dormir, baver, ramper, marcher, jouer, vieillir, poser. Mais entre deux clichés, presque rien. Elle était ou, pendant tout ce temps ?