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Citations de Camille Kouchner (318)


Le jour où ma grand-ère s'est suicidée, c'est moi que ma mère a voulu tuer. L'existence de ses enfants lui interdisait de disparaître. Nous étions le rappel de sa vie obligée. J'étais sa contrainte, son impossibilité. Le jour où j'ai perdu ma grand-mère, j'ai perdu ma mère. A jamais.
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A l'enterrement de ma mère, le souvenir de ces gens au loin, qui ne se sont pas approchés. Ceux de l'enfance, du Sud, de la famille recomposée. La familia grande.
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La parole libérée, c'est pour mieux saisir l'autre, non ? Tout se dire, toujours parler; c'est la vérité, la proximité. Être plus proche de soi et de ceux que l'on aime. Si l'on se parle tant, si on refuse de s'enfermer dans des simagrées, c'est bien pour pouvoir dire la peur, la culpabilité, la tendresse ou la solitude et même, parfois, la tristesse, non ? Vus ne souffrez pas? Pourtant si, je le vois. Et moi, est-ce que j'en ai le droit ?
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Les mots, ces mots que Victor est en train d'entendre.
Les mots, ces mots que je n'ai eu de cesse d'aller chercher durant mes années de droit et qui n'ont pas suffi jusque-là;
Les mots, ces mots que j'attendais. Je ne suis plus la seule à les prononcer. Cette qualification juridique, si simple. Pas un jugement moral. Une infraction. Un crime puni par la loi.
etc;...
Les mots, ces mots, trente ans plus tard, qui, je l'espère, forgent la détermination de Victor, finissent par le convaincre qu'il a le droit de se plaindre.
page 179.
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Le sexe est un jeu, pas un enjeu!
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En rentrant de l’école, comme d’habitude, je rejoins Évelyne dans son bureau. Frapper, ouvrir la porte, surprendre le soleil. Le sourire de ma mère. Pour les câlins et le récit de la journée, pieds sur la poubelle. J’y trouve Gilles et Marie-France assis par terre. Ça va assez vite. « Qu’est-ce qui se passe ? – Rien. Notre père est mort. »
Ils boivent un coup. Marie-France et Évelyne fument une clope.
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La parole libérée, c’est pour mieux saisir l’autre, non ? Tout se dire, toujours se parler ; c’est pour la vérité, la proximité. Etre proche de soi et de ceux que l’on aime. Si l’on se parle tant, si on refuse de s’enfermer dans des simagrées, c’est bien pour pouvoir dire la peur, la culpabilité, la tendresse ou la solitude et même, parfois, la tristesse, non ? Et moi, est que j’en ai le droit ?
[…] Le choc du suicide. La violence du geste quand on a 10 ans. La peine, sans doute. J’apprends à me taire.
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Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde
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tout était dit, rien expliqué
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Bientôt, j'affrontais l'opprobre et peut-être la jalousie des enfants de mon âge, mais je faisais mine de m'en ficher :"Pas grave. L'indirect prix de la maturité. Je me suis renseignée : la liberté coûte cher, ce n'est pas une nouveauté."
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Ma mère, elle, fait des mots croisés, elle fume, et sent si bon. Elle dit : "Hé, Viouli ! Viens m'embrasser, Viouli." "Viouli" pour "I love you". Mon beau-père qu'elle aime plus que tout.
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Certains diront que tu fais partie de cette "génération" -là. Moi, je crois surtout que tu fais partie de ces "gens"-là.
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Quand un adolescent dit oui à celui qui l'élève, c'est de l'inceste. Il dit oui au moment de son désir naissant. Il dit oui parce qu'il a confiance en toi et en ton apprentissage à la con. Et la violence, ça consiste à décider d'en profiter, tu comprends ? Parce qu'en réalité, à ce moment-là, le jeune garçon ne saura pas dire te dire non. Il aura trop envie de te faire plaisir et de tout découvrir, sûrement.
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L'imbécilité, l'injustice, la maladie, l'enfance blessée lui retournent l'estomac. Il n'y a pas de calcul là-dedans, juste une insurrection.
Mon père m'a transmis son regard sur le monde. J'aurais préféré que ce soit au travers de sa tendresse plutôt que de sa colère, mais qu'importe.
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Les années qui ont suivi ont été des années de coupable adoration. (...)
Pendant toutes ces années, et longtemps après, j'ai protégé mon beau-père.
Pas parce que mon frère me le demandait mais parce que je l'aimais comme un père et que dans l'explosion de notre famille, face à la dérive de ma mère, il était tout ce qu'il me restait.
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Je suis interdite de passé. Quel chagrin d’être privée des souvenirs de son enfance, et des gens qu’on aimait.
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Et la contrainte, alors ? Comme une putain de contrainte morale ! Comme le fait qu’on t’ait tellement aimé, tu vois ? Comme le fait qu’on ait eu tellement confiance en toi et qu’on aurait pu te défendre jusqu’à la mort s’il l’avait fallu ! Comme le fait qu’on n’a même pas pu t’envoyer en taule tellement on avait peur pour toi. Comme le fait que c’était toi. Pas un autre. Toi. Toi qui as agressé mon frère pendant des mois, tu le vois, le problème ? Quasiment devant moi, en t’en foutant complètement, faisant de moi la complice de tes dérangements. Tu les vois, les angoisses qui nous hantent depuis ?
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Le monstre est pervers. Il diffuse des contre-vérités : « Ce n’est pas ton combat. Simple dépositaire d’un secret d’enfant, tu n’as pas le droit de te plaindre. À toi, il n’est rien arrivé. Tu n’as aucune légitimité. » Impossible de vaincre l’hydre tant qu’on ne se sait pas victime.
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«  Et mon cœur est soumis ,mais n’est pas résigné » ..


Victor Hugo «  À Villequier » .
Les Contemplations .
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Je dois tout faire seule, mais je sais que rien n’est laissé au hasard. Ma mère ne m’emmène pas au cinéma, ni au théâtre, mais se réjouit quand j’y vais. Elle me trouve ridicule de vouloir faire de la danse et du piano mais chérit l’idée que je trouve, sans l’aide de personne, des choses qui me passionnent. Nous sommes un duo et nous sommes chacune. Nulle ne doit imposer à l’autre sa vision du monde. Elle hait le patriarcat, les principes qui ne sont que des manières. Elle nous apprend à déceler les fausses intentions, la superficialité. Elle aime la politesse à condition qu’elle soit empreinte de générosité.
[...]
Elle me disait : « Fuis la famille. » Elle riait avec moi des simagrées de ceux qui, par convenance, singent l’amour. Dans son regard souvent : Celui-ci est un idiot, l’autre m’amuse. Viens, ma fille, courage, fuyons. Nous n’appartenons qu’aux groupes que nous choisissons.
[...]
Ma mère m’a tout simplement demandé de détester son père : « Il est resté en poste durant toute la période pétainiste, il a refusé de s’en excuser. Mon père était maurrassien. Un sale facho. Tu te rends compte ? »

À 7 ou 8 ans, je savais ce que la Collaboration signifiait. Mais Maurras ? Un salaud, sans doute. Je ressentais la violence et la honte. L’abjection et le rejet. Mais je ne comprenais pas la haine de ma mère, son intensité. Quel âge avait-elle quand elle a compris ce qu’avait fait son père ? Que s’est-il passé ? Bien sûr, j’avais le droit de demander. Pas d’interdiction : « Il est interdit d’interdire, mon Camillou ! » Mais je n’en faisais rien. J’étais galvanisée par l’insurrection maternelle. Pas question d’être infidèle à ses choix. J’étais si fière de notre complicité. « Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi ! »
[...]
La liberté, les femmes, le couple, l’infidélité joyeuse, la modernité intelligente. Petite, j’étais bercée par ces histoires. Ma mère, quand on était toutes les deux, insistait : « Quand Paula m’a expliqué comment avoir un orgasme à cheval ou à vélo, j’étais à peine pubère ! Elle élevait ses enfants à sa manière. Dans cette micro-société insulaire, elle passait pour une vraie dingo. Moi, je la trouvais incroyablement courageuse. »
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