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Citations de Carmen Posadas (79)


On lui avait donné une table dans un coin près de l'escalier en colimaçon, entourée d'une profusion de plantes. Une feuille de kentia lui chatouillait la nuque s'il se penchait du côté gauche, et par la spirale des marches montaient des odeurs mêmées de chili con carne, de gnocchis aux quatre fromages et de soufflé à la mandarine, mais, au moins, on ne l'avait pas condamné aux régions antarctiques, à la salle d'en bas soit, en d'autres termes, aux ténèbres où les maîtres d'hôtel relèguent les parias.
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Ils pourront dire ce qu'ils voudront, on a déjà raconté tellement sur mon compte...
Je ne regrette rien.
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– Olivia, pour l’amour de Dieu ! Programmer ton propre meurtre, mais quelle drôle d’idée ! Et puis, qui voudrait te tuer ? Tout le monde t’aime. Je sais que tu adores te donner des airs de tireuse de cartes et de prophétesse, mais là, malgré tous tes efforts, tu feras chou blanc parce que personne ne sait quand il va mourir. C’est une des rares consolations que nous ayons dans cette vallée de larmes. « Veillez donc, car nul ne connaît ni le jour ni l’heure. »
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L’impératrice ne laissait plus Nicolas prendre une seule décision politique sans avoir consulté Raspoutine au préalable, afin de savoir si la mesure en question était ou non conforme à la volonté de Dieu.
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La vie et ses mauvais tours laissent trop de cicatrices et, quand on en abuse, la chirurgie esthétique aussi.
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La curiosité est un trésor divin, telle a toujours été ma devise. Je suis convaincu que, en vieillissant, cette qualité, car c'en est une, soyez-en sûre, est une assurance-vie. On est fini dès lors qu'on ne se pose plus de questions.
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Ce que tu dois comprendre, c'est que les gonzesses, les petites jeunes, elles sont devenus cinglées. Question sexe, tu obtiendras tout ce que tu veux, mais pour qu'elles acceptent de te rouler un patin, il faut quasiment que tu passes devant le curé. Je te dis qu'elles ont perdu la boule. Pour moi, c'est parce qu'elles sont toutes allées voir cette connerie de Pretty Woman; alors, depuis, un baiser sur la bouche, ça veut dire "je t'aime à la vie à la mort, amen", et il y a de quoi se flinguer.
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Les mensonges nous révèlent bien des choses sur ceux qui les profèrent et finissent par les décrire plus justement que la réalité. Les mensonges parlent de désirs, de manques et, surtout, de "voeux non exaucés" de manière si éloquente qu'il me semble iumpossible de les ignorer sans dépouiller leur auteur d'une grande partie de son essence.
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Trente ans et quelques. Pendant deux longues décennies,
alors que sa soeur changeait de maris et d’initiales brodées,
Ágata avait changé de nutritionnistes et de psys. Bon, ce n’était
pas si terrible et il n’y avait pas de quoi en faire tout un plat.
Pour commencer, « nutritionniste » et « psy » sont peut- être
des termes très laids, mais qui ont leur utilité. Et puis, si sa
soeur avait une vie sentimentale jalonnée de succès, Ágata, elle,
avait réussi dans son travail. Pas dans la fonction que tous lui
connaissaient, car être professeur de langue et de littérature
dans une école privée n’est pas vraiment synonyme de triomphe
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La lettre était là, à côté d’autres plis que lui avait remis son
logeur en lui rappelant (sans ménagement) qu’elle lui devait
deux mois de loyer. Aucun examen prolongé n’était nécessaire
pour deviner qu’il ne s’agissait pas d’un relevé de banque ou
d’une publicité de vente par catalogue, de propagande électorale
ou de toute autre forme de correspondance non désirée.
C’était plutôt le genre d’enveloppe qu’on soupèse et qu’on
prend le temps d’admirer avant de l’ouvrir parce qu’elle est
écrite à la main, fait remonter des souvenirs d’une époque lointaine
où les lettres étaient personnelles, intéressantes et même
parfois, aïe, d’amour.
Ágata ne fit pourtant rien de tout cela. Elle n’en avait pas
besoin. Ces courbes appuyées et pleines de sous- entendus ; ces
voyelles ouvertes unies à des consonnes indécises en apparence,
mais qu’un graphologue aurait qualifiées de trompeuses ; ces
« i » exhibitionnistes avec des ronds à la place des points… bref,
ces informations sur la personnalité de l’expéditeur étaient on
ne peut plus claires pour qui savait les décrypter. Le problème,
c’est qu’Ágata était la seule à y être jamais parvenue.
Olivia Uriarte, avait- on écrit au dos. Depuis quand sa soeur
avait- elle renoncé à son exaspérante manie d’utiliser le nom de
son mari ? Qui sait ? Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait
pas eu de ses nouvelles…
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Cary Faithful consulte sa montre. Il est 6 h 30. Dans cinq petites heures sa tante, lady Daliah, arrivera par le train de 11 h 27 ; shitty hell, quelle plaie, il ne peut jamais être tranquille à la campagne sans que surgisse une tante barbante ou un parent éloigné. Il soupire, puis se dit que peut-être, avec un peu de chance, la lettre sur le plateau est de tante Daliah, qui a changé d’avis et repousse sa visite. Pourquoi pas ? Parfois les dieux sont miséricordieux, alors il vaudrait mieux, oh fuck, qu’il combatte sa grosse flemme et s’empare vite de cette lettre pour en déchirer l’enveloppe et savoir si la vie lui a réservé cette bonne surprise, bloody lazy, fuck, fuck.
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Ce jour-là, malgré son jeune âge, Ágata apprit deux choses intéressantes sur l’amour et ses mystères. D’une part, les actes généreux et les baisers ne valent rien en soi, tout dépend de qui en est l’auteur. De l’autre, si les jolies filles n’ont qu’à verser quelques larmes pour parvenir à leurs fins, elles ne le feraient pour rien au monde en certaines occasions. Quand d’autres jolies filles rient, par exemple.
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Adolescente, Ágata avait eu maintes fois l’occasion d’entendre sa sœur décrire à d’autres personnes leur passé commun. Voilà pourquoi elle imaginait sans peine ce qu’Olivia racontait à ses riches connaissances, à ses nombreux maris ou amants lors d’un premier rendez-vous :
– Tu sais, cuore, tu as devant toi une victime de la guerre froide. Je dirais même que, comme dans le roman de John le Carré, je suis l’espionne qui venait du froid.

Ágata sourit. Si sa sœur aînée servait toujours le même discours à ses amis et amants, elle allait devoir le réviser pour ne pas avoir l’air d’un fossile, car personne ne se rappelait plus de nos jours ce que pouvait bien être la guerre froide. Mais une fois remise au goût du jour et habilement placée (Olivia excellait dans l’art de l’à-propos), cette phrase éveillait probablement la curiosité.
– Une espionne ? s’étonnait son interlocuteur.
– Eh oui, répondait Olivia en se fendant d’un adorable sourire. En fait, l’espion, c’était plutôt mon père. Dans la Russie soviétique, tu me suis ? Un peu avant la perestroïka, dans les années 1980. « La capitale des ténèbres ». C’est comme ça qu’on appelait Moscou. Tu ne peux pas t’imaginer l’enfance in-croy-able que j’ai eue là-bas, entre une ambassade aux murs tendus de velours et l’école Maxime-Gorki, qui sentait le chou. Tu vois cette cicatrice près de mon sourcil ? Je me la suis faite en cours de guerre. Oui, trésor, c’est la vérité vraie. À l’époque, dans les écoles soviétiques, on apprenait aux élèves à armer et à désarmer une kalachnikov. Même les filles devaient être prêtes à défendre la Révolution.
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Trente ans et quelques. Pendant deux longues décennies, alors que sa sœur changeait de maris et d’initiales brodées, Ágata avait changé de nutritionnistes et de psys.
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Cependant, malgré sa résistance et bien qu’Ágata ne l’ait pas vue depuis longtemps, sa sœur n’était sans doute plus aussi extraordinairement belle que par le passé. « La vie et ses mauvais tours laissent trop de cicatrices et, quand on en abuse, la chirurgie esthétique aussi. Pourquoi Olivia ferait-elle exception à la règle ? »
– Sois sûre d’une chose, mon ange : les belles femmes vieillissent toujours plus mal que les laides et les filles enrobées dans ton genre. Le temps est un grand justicier, tu verras.
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« L’année prochaine, je serai belle et très mince », s’était alors juré Ágata et, dans l’attente du miracle, elle continua de s’amuser à chercher les tresses d’Olivia derrière les rideaux ou à contrarier ses yeux gris lorsqu’elle la surprenait dans l’armoire où l’on rangeait le linge de maison. Olivia était là, couchée sur le flanc, comme une Belle au Bois Dormant froissant les beaux draps que leur mère n’utilisait jamais. Alors Olivia se redressait et tâchait de s’extirper de sa cachette étroite, ses yeux clairs exaspérés rivés sur sa sœur :
– Arrête, bécasse, je ne joue plus. Viens m’aider, je ne sais pas comment me tirer de là.
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Aimer et haïr sont les deux faces d’une même médaille, n’est-ce pas une évidence ?
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Il y a quelques années, elle a entendu Ágata citer Oscar Wilde, qui disait qu’il faut trier ses amis sur le volet, mais qu’on n’est « jamais trop soigneux dans le choix de ses ennemis ». Sans avoir lu aucune de ses œuvres, Olivia est tout à fait d’accord avec lui. Il faut s’entourer de précautions, et c’est justement ce qu’elle a tenté de faire lorsqu’elle a préparé ces courriers : ne pas se tromper dans le choix de ses convives ou, en d’autres termes, inviter ceux qui la détestent le plus.
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Elle ouvre une enveloppe pour en extraire le carton et lit : Olivia Uriarte a le plaisir de vous inviter… Elle s’interrompt. Sur les pointillés qui suivent, elle n’a bien évidemment pas l’intention d’écrire à sa mort et encore moins à son assassinat. Ce serait absurde. Il est préférable d’avancer une autre raison. Son divorce récent, par exemple. Oui, pourquoi pas ? De nos jours, on fête presque autant les séparations que les mariages, on convie ses amis à une grande fête ou à un week-end. C’est le prétexte rêvé. Et qui sera invité ? Qui invite-t-on à un assassinat, sinon précisément ceux qui ont le plus envie d’en commettre un ? Sa sœur Ágata sera bien sûr de la partie et lèvera sans doute les bras au ciel en recevant ce pli.
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Que la vie imite l’art ou la littérature n’est pas nouveau, c’est même très fréquent. Pour que le plagiat soit bon, il faut cependant le coup de pouce d’un habile directeur artistique. « Autrement dit, tout dépend entièrement de moi », se dit Olivia, un grand sourire aux lèvres.
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