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Critiques de Catherine Dufour (395)
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Ada ou la beauté des nombres

Je ressors de cette biographie avec une sensation d’amertume… non pas parce que je suis déçu, mais parce que Catherine Dufour a trop bien fait son boulot.



Car oui, je l’avoue, j’aime bien avoir des époques passées une image romantique que j’aime à croire vraie. Et ma vision du 19ème siècle anglais était toute en positif, à tout le moins pour les hautes classes. Un effet Jane Austen, entre autres.

Catherine Dufour débarque et vous dit tout de go qu’il est temps d’arrêter de croire au Père Noël. Ces hautes classes au vernis impeccable ne sont qu’un cloaque d’hommes médiocres et de femmes traitées comme l’ombre de leurs chaussures, pour rester poli.

Avec son ton sarcastique si efficace – qu’elle avait déjà employé pour démol… biographier Alfred de Musset – elle nous joue un ballet des horreurs comportementales. Rares sont les hommes qui échappent à ses fourches caudines. Ces nobles gens du « monde » cherchent à marier des dots faites femmes, dépensent au-delà du possible au jeu, s’enfuient en Europe quand ils n’ont plus les moyens, trompent allègrement leurs épouses et ne s’intéressent guère aux enfants qu’ils créent. Lord Byron est rhabillé pour l’hiver (quel brave homme). Ceux qui en réchappent ne sont pas tous d’adorables canaris, comme le mathématicien Charles Babbage au caractère impossible.

Le sort des femmes est à pleurer. Oh on les éduque, mais juste pour que leur culture leur serve de robe. Faire carrière est une gageure. Celles qui y parviennent, comme Mary Somerville, ont une volonté d’adamantium. Elles doivent surtout être « ladylike ». Il leur arrive de prendre amant, mais surtout éviter le scandale. Le traitement de leurs époux, violent en parole et parfois en acte, en fait des êtres traumatisés qui propagent cela à leur descendance.



Et Ada Lovelace dans tout ça ? Elle entre bien dans ce canevas. Mais on découvre une femme aux grandes capacités mathématiques et au pouvoir d’extrapolation étonnant. A partir de la machine à différence de Babbage, elle va développer les concepts de base qui seront exploités au siècle suivant pour créer l’informatique. Sa contribution à cette science est cruciale ; Catherine Dufour le décrit très bien. Oh elle a aussi ses « défauts » comme une énorme confiance en ses capacités (elle a le melon quoi). Elle devient dépendante du jeu aussi. Et ce n’est pas la meilleure mère du monde (sa propre mère Annabella est infernale). Mais elle fait partie de ces gens du « monde » couverte de handicaps dès la naissance du fait d’être femme et qui va secouer le cocotier pour se faire un nom.



Cette biographie est courte et son ton est à l’opposé de la neutralité. Elle est profondément documentée, l’auteur employant des citations de lettres et d’autres biographies au sein de ses propres phrases, comme des munitions de mitraillette. Elle est drôle et accablante à la fois, et vous offre une peinture de ce 19ème siècle mondain et anglais que vous n’oublierez pas.

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Entends la nuit

Cela faisait un moment maintenant que je voulais découvrir Catherine Dufour, cette auteure française qui semble un peu touche à tout en littérature tant sur la forme que sur le fond cette dernière ayant écrit des nouvelles comme des romans, de la fantasy, de la SF, du fantastique de la vulgarisation historique, ainsi qu’au moins une biographie. Une diversité des genres qui m’a rendu curieux et cela d'autant plus qu’à chaque fois ou presque que je lis une chronique sur l’un de ces écrits c’est souvent un ressenti positif.



Fin bref, je me suis donc décidé à me procurer l’un de ces écrits pour me faire une idée de ce que pouvait proposer l’auteure, pour ce faire ne lisant presque jamais de nouvelle c’est vers un roman que mon choix s’est tourné, pour être tout à fait honnête je me suis contenté de choisir celui dont la couverture me plaisait le plus. Je trouve en effet la couverture d’Entends la nuit très jolie et je dois dire la trouvé assez bien pensé une fois le roman terminé.



Cela faisait longtemps que je ne m'étais plus plongé dans un roman sans en lire avant le résumé et j’ai donc été de découverte en découverte avec ce roman qui se laisse lire sans difficulté grâce à la plume agréable de l’auteur et un vocabulaire assez moderne. J’ai d’ailleurs appris quelques mots comme "stabilobosser", un verbe qui m’a fait sortir de ma lecture pour aller faire une rapide recherche sur la dégénérescence de la marque Stabilo. Mais je m’égare quelque peu là ou l’auteur nous emmène dans un récit tout en nuances dans la découverte de Paris et d’une catégorie d’êtres fantastiques issus des croyances de l’antiquité romaine.



Entends la nuit et je dirais une bonne lecture de saison, et d'autant plus en cette approche d’Halloween. On est parfaitement dans le thème et l’ambiance, il est difficile de parler de cette lecture sans en dire trop, c’est un livre qui pose ses bases lentement mais sûrement avec une première partie clairement fantastique avant de tomber dans de la fantasy. Je suis vraiment content de ne pas en avoir lu le résumé avant ma lecture car sinon je me serais arrêté à ce simple mot : romance, je n’aurais jamais lu ce roman.



Entends la nuit est une romance dans un cadre d’urban fantasy, une romance entre une jeune femme et un homme qui vous l’aurez compris n’en est pas vraiment un… Un homme qui n’est d’ailleurs pas n’importe qui pour cette dernière vu qu’il s’agit de son supérieur hiérarchique qui la surveille au travail via le logiciel de surveillance installé dans chaque ordinateur de l’entreprise. Un peu glauque déjà pour un début de relation, vous ne trouvez pas ? D’autant plus que dans ce roman et notamment toute sa première partie Catherine Dufour n’évoque pas le monde de l'entreprenariat sous son meilleur jour mettant en avant l'existence d’une misère sociale, d’une jeune femme sans emploi qui va prendre le premier poste venue pour aider sa mère qui ne parviens plus à payer ses factures même si le poste en question est payé une misère, que son bureau est plus que délabré pour ne pas dire insalubre, les salariés sous surveillances constantes et les supérieurs aussi aimables que des portes de prison et encore.



Il n’en demeure pas moins que c’est dans ce contexte que va se nouer une relation entre Myriam, cette jeune salariée et son supérieur hiérarchique. Une relation assez dérangeante et malsaine et ceux d'autant plus quand la nature fantastique de ce fameux supérieur est révélée après le premier tiers du récit. J’ai vraiment beaucoup aimé la première partie du roman, la mise en place de l’intrigue qui peu à peu glisse vers l’étrange, le fantastique, j’ai aimé très vite le ton, le style de Catherine Dufour qui parsème son histoire d’un humour assez cynique avec un personnage principal qui n’a pas sa langue dans sa poche. La mise en place de la romance est bien faite, j’ai trouvé aussi dérangeante que passionnante le développement de cette dernière. Le développement de l’univers de fantasy que nous propose l’auteur est lui aussi très intéressant et j’ai vraiment aimé voire développer cet aspect ne connaissait pas de nom les créatures fantastiques que met en scène ici l’auteure. Je ne désigne pas celle-ci à dessin mais je dirais juste que j’ai trouvé cela vraiment original et très bien réalisé.



Entends la nuit est un roman tout en nuances qui m’a vraiment surpris ou rien n’est tout blanc ou noir et ceux jusqu’à la fin. C’est un roman où tout est assez bien dosé est travaillé que cela soit le décor de la ville de Paris mis astucieusement en valeur tout au long de l’intrigue, l’ambiance que j’ai vraiment bien aimé en cette approche d’Halloween, et l’intrigue en elle-même qui se révèle intéressante et remplie de surprise tout en abordant l’air de rien une belle palette de sujet dans un style agréable et rempli d’un humour parfois corrosif que j’ai vraiment bien aimé.



Loin de ne constituer une romance d’urban fantasy mièvre et mal écrite pour adolescente, Entends la nuit fut vraiment une belle lecture et rencontre la plume de Catherine Dufour que je continuerai à découvrir avec très probablement son roman Au bal des absents sorti l’année dernière.
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Outrage et rébellion

Outrage et rébellion m’a parfois été présenté comme le meilleur roman de Catherine Dufour. Après l’avoir lu, j’abonde dans ce sens – mais si vous n’avez jamais lu cette autrice, je déconseille vivement de commencer par celui-là.



Nous sommes dans la Chine du 24e siècle, dans le même univers que Le goût de l’immortalité (l’histoire est indépendante, quoique les liens entre les deux œuvres soient bien présents). Dans une « pension’ », sorte de prison de luxe pour ados délaissé·es par leurs richissimes parents, les jeunes, à la fois très surveillé·es et complètement désoeuvré·es, finissent peu à peu par réinventer le punk, tant musicalement qu’idéologiquement.



La narration est très particulière, plus encore que dans Le goût de l’immortalité : l’histoire est contée sous formes de bribes d’interviews des protagonistes, sans aucun élément de contexte extérieur. L’immersion est brutale, ardue, on se noie dans cet univers âpre sans en avoir toutes les clés. Si vous parvenez à embarquer, ça donne une impression de réalité très saisissante et colorée, mais il y a des chances pour que de nombreux·ses lecteurices restent sur le carreau.



Peu à peu, on prend ses marques, même si de nombreux détails continuent à nous échapper. Pas grave, on a compris l’idée générale et on a envie de suivre les protagonistes jusqu’au bout de leur trashitude, dans un bizarre mélange d’attachement et de répulsion… Et puis, à la fin de la première partie arrive LA révélation : on comprend alors ce qu’est réellement cette « pension’ » et en quoi cette révolte adolescente n’a rien, mais alors rien à voir avec un simple ennui d’enfants de riches qui veulent meubler leur temps libre. Toute la première partie s’éclaire alors différemment, et c’est juste… wow.



Après cette révélation, l’histoire prend une autre direction, avec le parcours d’un des protagonistes de la pension’ dans la dictature futuriste de Shanghai (toujours avec la même narration). Les deuxième et troisième partie sont un peu moins fortes, du fait qu’on repart quasi-complètement avec un nouveau panel de personnages moins flamboyants que les premiers, mais on saisit toujours l’analogie/hommage au punk et son clash avec le pouvoir en place.



On est dans la pure dystopie, un sous-genre que j’ai peu à peu cessé de lire au fil des ans à force d’en voir fleurir partout (et rarement de manière intéressante, tant sur la forme que sur le fond). Mais là, Catherine Dufour prouve qu’on peut encore trouver des œuvres qui valent le détour dans ce courant littéraire. Bref, si vous êtes peu sensibles à la mode du hopepunk et que vous cherchez de bonnes dystopies, tournez-vous vers elle. Et les attentes concernant la fin sont brillamment balayées par l’autrice qui brouille les cartes et nous offre un dénouement magnifique d’ambiguïté.



Grandiose!
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Objectif Terre : Unicef

Un recueil de 15 nouvelles au profit de l'Unicef. On se fait plaisir en lisant tout en commettant une bonne action !



J'ai beaucoup aimé :

- La Projet POLLEN de Tatiana de Rosnay ;

- Un loup pour l'homme de Nicolas Lebel ;

- Vocabulaire impropre à la consommation de Jacques Expert ;

- Madame Matheson de Niko Tackian ;

- La Révolution Bienveillante de Ian Manook ;

- Sauver de Cécile Coulon ;

- Ouest de Franck Bouyse.



J'ai bien aimé :

- L'Entre-Deux de Pierre Bordage ;

- L'Arche de Bertrand de Sandrine Collette ;

- Monsieur Pierre de Adèle Bréau ;

- L'Écologie émotionnelle de Mathias Malzieu ;

- La Fierté des Centeno ;

- Tout est bien qui finit de manière étonnante de Bernard Werber.



J'ai moins aimé :

- Ne pas pleurer de Fabrice Colin ;

- Koï 2034 de Mona Le Bris-Leleux.



On n'hésite pas, on achète !
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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L'arithmétique terrible de la misère

Cyberpunkalypticodrolatique, ce recueil.



J’ai tout dit. Catherine nous plonge dans un futur si proche qu’il semble déjà ici, dans des ambiances d’environnement en colère et de technologies délivrées de leurs entraves éthiques. Vu depuis mon canapé, pas de doute : c’est dystopique. Je veux dire que je ne souhaiterais pas vivre dans ces univers.

Mais l’auteure est douée. Elle imagine bien que des gens qui sont nés dans ce bain de merde y sont complètement dans leur élément, nagent là-dedans comme des poissons même s’ils se font pêcher parfois. Ses héroïnes et héros sont dans leur époque comme nous dans la nôtre : au quotidien, on peut se marrer, être vénère, faire l’amour ou pester contre le proprio et les sales immigrés d’à côté qui nous prennent notre job. Une chose est sûre : c’est le retour du système D.

Ouais, enfin, souvent la fin des nouvelles ramène quand même au drame ; une façon pour Catherine Dufour de nous avertir de ce qui nous attend si on continue comme ça ; qu’elle a beau essayer de faire rire avec, ça risque plutôt de nous faire pleurer.



Mon top trois : l’émouvant documentaire sur l’étonnante appli d’un ado (Enemy Isinme), les nouvelles méthodos du commerce et ses risques (Fatwa) et les films multisensoriels qui provoquent des guilis dans le dos (Oreille amère).



Les avant-dernières nouvelles cessent d’être drôles (le monde inversé en comportement genré de Un temps chaud et lourd comme une paire de seins et La tête raclant la Lune), puis cessent même d’être de la SF (une bio « cul » d’Alfred de Musset qui vous fait hésiter à apprécier le bonhomme et un journal de serial killeuse misandre). J’avoue être resté sur le parfum des textes précédents. J’aime la façon qu’à Catherine Dufour de me faire marrer et réfléchir en même temps.

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Au bal des absents

Merci à l’équipe de Babelio pour la Masse Critique d’octobre et aux Editions du Seuil pour cette super surprise !



Claude a quarante ans, elle est chômage et va être expulsée de son appartement. Elle est contactée par un juriste américain qui lui demande d'enquêter sur la disparition d'une famille l’année précédente pendant leur séjour dans une villa " isolée en pleine campagne au fond d'une région dépeuplée”



Un roman trépidant où Claude affronte la précarité, le froid, la solitude ainsi que le rejet des villageois et du Manoir. Elle nous mène du rire à nos terreurs enfantines sans temps mort !



Quelle imagination fertile et quelle maîtrise de l'intrigue ! La fin est inattendue et je me demandais par quelle pirouette Catherine Dufour allait sortir son héroïne de la situation complexe où elle l’avait mise !



Un roman agréablement déjanté qui traite d’une façon improbable la vie d’une chômeuse désargentée mais pas dépourvue d'idées et de caractère !



CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020

CHALLENGE ABC 2020/2021

MASSE CRITIQUE OCTOBRE 2020
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Anthologie des Imaginales 2009 : Rois & Cap..

Je m’attaque enfin aux anthologies des Imaginales d’Épinal, régulières occasions de découvrir ou d’approfondir, par des nouvelles, les univers fantastiques imaginés par quelques-uns des meilleurs auteurs francophones en la matière. Stéphanie lance cette initiative pour les Imaginales 2009 avec le thème « Rois et capitaines », deux figures caractéristiques des récits de fantasy. Le but est ici de mettre en balance deux figures d’autorité et de commandement hiérarchique, les rois et les capitaines, et de considérer leurs interactions dans des univers de fantasy particulièrement divers au vu du sommaire proposé. La majorité des auteurs ont alors opté pour de la fantasy historique, soit comme grande inspiration soit comme véritable toile de fond pour leur nouvelle.



Jean-Philippe Jaworski, l’écrivain lorrain auréolé cette année-là du titre de « coup de cœur des Imaginales » et vainqueur du Prix Imaginales du roman francophone pour son premier roman Gagner la guerre, ouvre cette anthologie de bien belle façon en nous délivrant une nouvelle se déroulant dans le même univers que ce roman-ci et qui aurait pu également se situer dans son recueil Janua Vera. « Montefellòne » est la proie d’un siège dévastateur où se joue sûrement un moment important de la Guerre des Six-Duchés. L’issue vient amèrement conclure notre vision de la relation entre un jeune roi inconsidéré et son fidèle capitaine.

Rachel Tanner, quant à elle, tient à nous narrer l’histoire de « La Damoiselle et le roitelet », où elle s’inspire largement de la destinée de notre Pucelle nationale, Jeanne d’Arc, et de son cher roi, Charles VII, pour raconter une courte épopée guerrière pour son héroïne Catherine. C’est l’occasion pour elle de puiser dans sa connaissance historique du XVe siècle français tout en incorporant la difficile relation entre un roi faible et une capitaine courageuse.

Nous retrouvons ensuite le couple d’écrivains Claire et Robert Belmas, plus habitués à la science-fiction, misent fortement sur des inspirations celtiques pour nous plonger dans une Bretagne féérique mais violente, alors que le roi Artus est mort et que son royaume en proie aux pires tourments, tant guerriers que magiques. Par des chapitres très courts, nous suivons Florée qui, à la fleur de l’âge, fut violemment déflorée, et qui veut devenir capitanea sous l’enseignement du seigneur Bohor. Sa destinée semble alors la porter « Dans la main de l’orage ».

Maïa Mazaurette préfère tourner en ridicule la relation roi-capitaine dans « Sacre » où le très jeune roi Louis est continuellement accompagné de son capitaine Jones, alors qu’Avignon, défendue par sa mère Blanche de Castille, est assiégée par les Albigeois. Dans ce récit largement tendancieux, l’auteur nous narre la découverte du corps adolescent avec juste ce qu’il faut de pensées douteuses et de désirs inavoués. Elle maîtrise parfaitement son sujet et ses sous-entendus.

La glace qui chante, le froid qui prend aux tripes et le désespoir qui envahit esprits, Lionel Davoust opte pour un environnement hostile pour « L’impassible Armada ». Nous suivons une flotte en perdition face à des pirates tout aussi mal en point. L’amour de l’océan et de ses dangers conduit à des dérives meurtrières, mais belles avant tout, autant que le récit de Lionel Davoust.

Avec son décalage habituel, Catherine Dufour nous présente « Le Prince aux pucelles ». Atypique mais chevaleresque de temps en temps, celui-ci porte l’histoire à bout de bras, tout comme ses convictions. Que vaut la fadeur des plus belles entreprises devant la cruauté du quotidien ? C’est un petit peu le paradoxe de ce personnage censé être stéréotypé.

Thomas Day nous livre avec « La Reine sans nom » un récit mortifère, sombre et plutôt triste. L’écriture charismatique de l’auteur de L’Instinct de l’équarisseur et de Sept secondes pour devenir un aigle vaut toujours le détour évidemment, d’autant qu’il opte ici pour du concis, du « court mais probant ». C’est à la fois beau et pesant dès les premiers mots, rythmé et ciselé comme peu de novellistes savent le faire.

Armand Cabasson nous enjoint à suivre un chemin plus tortueux dans les steppes médiévales des peuples russes et ukrainiens. Devant l’assaut des Mongols, Mikhail se retrouve à battre la campagne pour rameuter des alliés, mais aussi pour se recentrer sur ses propres croyances, mises à mal par la situation dantesque et l’émergence d’un « Serpent-Bélier » bien mystérieux. Les religions locales et l’art de la guerre au Moyen Âge sont à l’honneur ici, dans cette longue nouvelle empreinte d’une violence sèche qui réduit la chute à un moment particulièrement rude mais tout aussi marquant.

Pierre Bordage, lui, nous emmène plutôt « Dans le cœur de l’Aaran » (ou plutôt Aaran, au vu de l’orthographe utilisée dans la nouvelle elle-même) au court du récit d’un vieux loup de mer au sujet d’une expédition à la recherche de « l’esgasse », créature fantastique aux pouvoirs bien étranges. Contre vents et marées, la ruée finale se veut à la fois mystérieuse et lançant la place à notre imagination.

Suivre les aventures rocambolesques de Cyrano et d’Artagnan sur la Lune, ça vous dit ? Tant mieux, car c’est du fameux Johan Héliot que nous trouvons perché « Au plus élevé Trône du monde ». Avec ses nombreuses références littéraires et historiques, il nous emmène dans un solide monde rabelaisien à tendance rostandienne. Dans ce contexte qui fleure bon le « cape et d’épée », les forts liens entre la Terre et la Lune renvoient à tellement d’idées romanesques qu’on se laisse facilement porter par cette petite histoire bien conclue. Les habitués de Johan Héliot seront servis à coup sûr.

Seul « petit nouveau » à participer à cette anthologie, Julien d’Hem s’en sort plutôt bien avec « Le Crépuscule de l’Ours ». Par un onirisme fou, nous revivons les souvenirs de ce capitaine-mercenaire, l’Ours, ayant vécu quantité de batailles ardues. Arrivé à la fin de sa carrière, il en revoit quelques-unes alors qu’il aborde un duel sanglant avec un jeune guerrier défendant sa cité.

Nous terminons cette anthologie avec une autre nouvelle pleine d’onirisme. Laurent Kloetzer parcourt pendant « L’Orage » les rêveries, rarement solitaires, de son héros fétiche, Jaël de Kherdan, déjà largement aperçu dans Mémoire vagabonde. On se perd dans son esprit tourmenté de toutes parts par ses anciennes et prochaines conquêtes, par ses précédentes et futures hantises.



La première anthologie des Imaginales comprend donc un « casting all-star » au sein de l’imaginaire français et c’est ce qui fait sa force, puisqu’en explorant des univers très variés, nous ne restons pas toujours sur la même idée de relations entre les figures du roi et du capitaine. Certains auteurs comme Pierre Bordage ou bien Armand Cabasson, et même Laurent Kloetzer, passent quand même à quelques encablures du thème « Rois et Capitaines », mais c’est finalement leur univers qui charme l’imaginaire du lecteur.



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L'Accroissement mathématique du plaisir

Catherine Dufour, c’est l’Arsène Lupin de la littérature.



Je ne veux pas dire par là qu’elle subtilise les idées des autres, naaan ! Je veux dire qu’elle est capable de s’installer dans le style de n’importe quel auteur et de faire aussi bien voire mieux que lui.

Ce recueil de nouvelles ne contient pas moins de 21 récits plus ou moins courts. Aucun n’est le bis repetita d’un autre. Chacun a son ton, son aura qui colle à son histoire. J’en suis déconfit ! Si j’avais dû lire ces nouvelles en aveugle, jamais je n’aurais trouvé qu’elles étaient du même auteur.



Forcément, avec cette diversité on ne trouve pas son compte à tous les coups. Mon ressenti s’est pris pour une boule de flipper qui roule, bousculée de tous côtés. Parfois j’ai carrément tilté de dépit, d’autres fois j’ai fait claquer des parties gratuites de plaisir.



Parmi les tilts, je compte « Confession d’un mort », superbement écrite dans le style d’Edgard Poe mais lui ressemblant trop (je ne suis pas fan de Poe). Les circonvolutions descriptives m’ont fatigué et je l’ai parcouru en diagonale. Pire encore, « Kurt Cobain contre Dr No » que j’ai lâché dès la deuxième page, beaucoup trop allumé pour moi. J’ai également un ressenti assez moyen sur les nouvelles qui ne possèdent pas une once d’Imaginaire comme « Le cygne de Bukowski » ou « Valaam ». Ben oui, quand je lis un recueil publié chez Folio SF, je veux de l’imaginaire. J’avais aussi reçu ces petites frustrations avec « Les pommes d’or du soleil » de Ray Bradbury. Ca n’empêche pas ces nouvelles d’êtres bien écrites, hein.



Parmi les réussites, il y a les histoires qui s’inscrivent dans des décors connus, marrantes et cependant un peu amères. Je pense à « Une troll d’histoire » qui est tellement dans le ton d’Alerston et Tarquin que je m’attendais à voir débouler Lanfeust ou Cixi ; à « La perruque du juge » qui nous plonge dans le monde de Peter Pan en proposant une filiation à vous faire tomber par terre avec un chanteur célèbre des années 1980 (Beat iiiiiiiiit !) ; ou au « Poème au carré » dont l’Alice rendrait des points de logique à Lewis Carroll et ferait marrer John Lennon.



Et puis il y a les deux claques. « L’immaculée conception » qui vous entraine dans le quotidien d’une femme atteinte d’une maladie non souhaitée que l’on nomme « maternité ». Au début c’est drôle, mais rapidement, sans changer de ton, ça tourne à l’aigre puis à l’horreur. Il faut avoir les nerfs bien accrochés là. Et « Mémoires Mortes », où dans un monde où toutes ses données personnelles appartiennent à des multinationales et où l’on n’a pas le droit de fermer les yeux devant les pubs (marrant, j’ai vu hier le 2ème épisode de la saison 1 de Black Mirror et c’est tout à fait pareil) une fille perd son frère dans un jeu en ligne, enquête et découvre l’horreur de l’enfance malmenée (du moins le croit-elle). Terrible !



Je crois que là où Catherine Dufour est la meilleure, c’est quand elle nous dépeint le futur proche avec un cynisme percutant. Je comprends pourquoi elle est pote avec Alain Damasio. Le cynisme, c’est son Magnum 357 à elle. Il vous achève.



J’ai beaucoup apprécié ces balades. J’en remercie boudicca, Siabelle et le fantôme Walktapus qui ont fait le chemin avant moi et l’avait bien balisé.

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Entends la nuit

Je me terrai dans mes murs pour une indispensable reconstruction. Aussi depuis un temps, je soigne mes priorités : repos, calme, sérénité, d'où mon absence prolongée sur Babelio. Ma dernière chronique date du 15 octobre sur L'amie, la mort, le fils, livre intime dont j'ai beaucoup apprécié l'écriture dans sa simplicité et sa pudeur. Récit plein d'humanité couvrant la mort d'Anne Dufourmantelle. Je n'aurais jamais eu l'occasion de rédiger cette chronique qui me tient tant à coeur n'eût été la masse critique de juin. A quoi bon revenir sur ce passé alors que mon billet autant que le livre de Jean-Philippe Domecq semblent voués à la confidentialité ?





Contraste saisissant qu'offrent les masses critiques dont je remercie Babelio pour l'organisation et les éditeurs. Je me suis aventuré dans celle intitulée mauvais genre et me suis vu attribuer dans ma petite sélection Entends la nuit. Il me reste deux jours pour honorer mon contrat ; voilà pourquoi, alors qu'il eût probablement été préférable que je reste muet comme une tombe, je m'extrais de mon sommeil du juste : dans cette nuit bien des nuages cachent les étoiles. Je n'en repère pour ma part que deux, et encore en cherchant bien.



Ceci ne veut trop rien dire quant au succès potentiel de ce produit parfaitement markété entre Cinquante nuances de Grey, Ange ou Démon et Tous ensembles (ou Ensemble c'est tout, je sais pus). De ma lucarne je peux même prédire, pour peu qu'il soit passablement poussé, un carton tel ses prédécesseurs en tête de gondoles des hyper-marchés. Vous m'excuserez de ne pas les nommer, mais je ne suis pas sponsorisé. Enfin vous trouverez, à défaut en librairie ou alors en vente en ligne, ce sera alors une déception que de ne pas le voir référencé par la grande distribution.





"Est-ce que j'ai 25 ans ou 5 ?"p.330 A cette question que se pose bien tardivement la narratrice, je réponds : 13. Les plus délurées ont leurs premiers ébats diablement jeunes dans les grandes ville comme Paris. Nulle trace de cette poésie propre à l'enfance chez cette post-adolescente immature perverse narcissique jusqu'au bout des seins. Y-a-t-il seulement un hashtag #balancematruie, pour dénoncer ces Bimbos sans foi, ni loi, prêtes à se vautrer dans la luxure et le stupre, le chantage et la trahison afin de devenir reine de Sodome et Gomorrhe ? Auto-apitoiement et adulation béate du luxe accompagnent tout du long cette guimauve déballant les omniprésents fantasmes sexuels d'adolescente attardée.





Si encore un lémure, un démolisseur ou tout simplement une bonne fée, malheureusement absente dans cette capitalistique Fantasy, avait fait disparaître les chapitres 23 à 52 soit 158 pages sur les 357, le récit aurait gagné en mystère et densité. Enfin puisqu'il est aussi question d'architecture, de sauvegarde des bâtiments, vous l'aurez compris aux frivolités alambiquées du style Rococo, je préfère la pureté simple du Roman.
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Le goût de l'immortalité

Il y a une ambiance très particulière dans ce roman ( cyberpunk somptueux .. un peu " gourmand " ?? ) .

Cela tient aux couleurs ... aux choix des mots ... à la solidité des personnages ... aux visuels que matérialise le style très au point de l'auteur ?

C'est une plongée dans un monde désespérément désespérant et dépaysant ( un mix culturel eurasiatique convainquant ) qui imprègne le lecteur avec force .

C'est donc très absorbant ,d'autant que l'éthique ainsi que la justice sont confrontés à l'épreuve des faits et à l'âpreté de cet univers .

Par ailleurs : c'est un beau texte de SF .

ce futur est crédible et cela ne fait pas l'ombre d'un doute ...

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Il est d'une facture assez classique en même temps il est ultra contemporain !

Résultat : il vaut vraiment son poids de moutarde !!

La couverture " colle " bien avec ce texte .

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Délires d'Orphée

Livre lu dans le cadre du challenge ABC 2015-2016.



Je l’ai découvert il y a peu grâce aux offres reconditionnées d’Amazon. Il y a souvent des petites pépites à prix modiques et très souvent en très bon état. Pour celui-ci, le titre ainsi que la couverture m’ont attirée. Le nom de la collection m’a également intriguée : « Club Van Helsing ». Le tout annonçait une bonne lecture en perspective.



Le Club Van Helsing réunit quelques uns des plus fameux auteurs français issus du polar ou de l’imaginaire. J'ai commencé par un auteur qui ne m'étais pas totalement inconnu même si ce court roman est ma première approche de son style. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai bien envie de continuer à découvrir ce fameux Club où, bien entendu, Van Helsing est un invité honoraire. Je n'en connaissais que le film, dont j'avais adoré l'atmosphère et l'histoire, et j'ai appris grâce à ce livre que le personnage de Van Helsing est librement inspiré de « Dracula » de Bram Stoker. Il va falloir que je le lise celui-là aussi.



Je dois bien avouer que l'univers créé par Mme Dufour pour ce court roman (150p en format poche) a de quoi déconcerté : mélange sombre et un brin bizarre, le tout dans le Londres de nos jours. Un univers étrange donc où se côtoient un Van Helsing avare en paroles et un marin ayant le mal de terre. L'auteur a joué avec les mots comme une vraie virtuose de la langue française dans un contexte bien sombre et bien complexe.



Notre marin, personnage principal, doit partir à la chasse aux objets volés pour le compte de Van Helsing qui ne donne que le strict minimum d'informations. Une chasse aux informations commence alors pour notre marin taciturne qui ne souhaite qu'une chose : retourner sur son bateau remis à neuf pour y mourir dignement. Les seules informations en sa possession sont : l'objet volé ressemble à une carapace de tortue et le voleur pourrait être frappé de désespoir. Le reste sera appris grâce à un petit livre envoyé par Van Helsing et à force de déduction. Nous naviguons donc entre univers sombre et mythologie grecque, accompagné de 2 personnages qui ont du mal à livrer leurs secrets. Par contre, en relisant le résumé, j'ai découvert qu'il dévoilait beaucoup trop d'informations et pas forcément exactes après lecture du roman.



Comme vous l'aurez compris, ce petit roman a été une agréable découverte (lu en 1 jour), que je compte renouveler avec les autres auteurs de ce Club. Dommage qu'il ne soit d'ailleurs pas plus connu, j'espère découvrir de nouveaux auteurs grâce à celui-ci. La particularité de ce Club est que la couverture est toujours dans la même teinte grise. Je vous recommande donc ce petit roman qui est un juste milieu entre le polar et le fantastique, le tout dans un univers sombre (mais pas glauque) et dans le Londres de nos jours. Cela m'a également permis d'avoir une nouvelle vision sur la mythologie grecque en compagnie de Morphée et d'Orphée. Pour ma part, je pense bientôt partir à la chasse des autres romans de ce Club si particulier.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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La Vie sexuelle de Lorenzaccio

C’est avec une impatience certaine que j’attendais la dernière publication de Catherine Dufour. Son recueil de nouvelles « Accroissement mathématique du plaisir », lu début septembre, était tout à fait réussi : différents genres, différents styles, réjouissant.

Donc me voici en face de « La vie sexuelle de Lorenzaccio », moi qui pensais lire un roman conséquent, je suis devant un demi-format poche de cinquante pages. Bon ce n’est pas grave, l’auteure excelle dans le texte court, le plaisir sera plus bref, c’est tout. Nouvelle déception, ce petit livre s’avère être un essai sur le « Lorenzaccio » de Musset. Il s’agit d’une relecture hardie de l’œuvre. Chaque propos, chaque geste du héros sont analysés comme étant des allusions sexuelles : « En fait, Lorenzaccio ne parle quasiment que de sexe. Et quand il ne parle pas de sexe, il parle de violence. Une violence désinvolte et cruelle de grand seigneur, ou une violence tempétueuse de jeune révolutionnaire idéaliste, bref, une violence érotisée. En clair : avec du sexe. » (p.9)



Je n’ai pas été particulièrement séduit par ce parti pris, on n'est pas loin de la blague de potache.

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Le goût de l'immortalité

Un petit temps d'adaptation est nécessaire pour entrer dans ce roman. Quelques efforts pour s'imprégner de ce style si particulier, cette manière d'écrire qui doit résonner dans notre esprit afin d'assurer une lecture fluide. Longues phrases, idées parfois complexes, mots inconnus et quelques difficultés à tout comprendre. La narratrice semble rédiger une lettre, ou un long message, ce qui réduit considérablement le nombre de dialogues et place l'ensemble sur un mode descriptif.



Puis il se passe quelque chose. Impossible de se détacher de cette écriture hypnotique, de ces personnages si étranges, et pour cause. Dans un monde post-apocalyptique, c'est la confrontation de la technologie la plus folle aux sciences les plus empiriques, dignes de la sorcellerie. Et ce n'est pas forcément celle qu'on croit qui prendra le dessus.



Il y a donc un mélange de genres toujours là pour nous surprendre, la barbarie confrontée à un monde plus idyllique des îles. Le haut niveau de narration contre la vie fangeuse des protagonistes. La mort, la survie, la vie, la sur-mort. Il y a bien évidemment des dizaines d'occasions de s'émerveiller, dans les intrigues politiques entre les puissances qui s'affrontent, dans l'enquête, les péripéties, certaines belles surprises (d'où le titre) et décors parfois déjantés.



Une excellente expérience de lecture qui en appelle d'autres de cette autrice qui a mon âge et semble avoir une vie extraordinaire. Un grand merci à Catherine Dufour d'avoir secoué mes neurones et bousculé les codes de l'écriture tout en respectant une règle à mes yeux fondamentale : rester lisible et raconter une histoire (non, je ne pointe personne). Néanmoins ce livre ne conviendra pas aux lecteurs prêts à se laisser transporter là où ils ne sont jamais allés.


Lien : https://www.patricedefreminv..
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Outrage et rébellion

La Chine des années 2320 n'a que peu à voir avec celle d'aujourd'hui. La Terre est en train de rendre l'âme, rongée par la pollution, mais certaines bonnes vieilles habitudes quant à l'organisation de la société, elles, perdurent : aux riches les tours et une longue vie dans le luxe ; aux pauvres, les caves et une existence misérable et souvent brève. Et puis il y a les pensions, ces espaces totalement déconnectés dans lesquels les nantis des tours envois leurs rejetons jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge adulte. Une bulle que Marquis et ses compagnons vont tentés de faire éclater grâce à leur musique. Une musique révolutionnaire, digne héritière du rock, du punk ou encore du métal à travers laquelle notre héros déverse sa colère et réveille celle des autres. L'idée est originale et j'ai toujours jusqu'à présent beaucoup apprécié les écrits de Catherine Dufour et sa plume souvent crue, seulement cette fois, cela ne passe pas. Oui il y a de bonnes idées, oui on ressent et comprend sans mal la rage des personnages, seulement à aucun moment je ne suis parvenue à me sentir concernée par l'histoire. Il faut dire que le procédé narratif choisi par l'auteur n'est pas vraiment d'une grande aide puisque le roman se compose de petits paragraphes, chacun donnant la parole à des personnages différents qui, en ce qui me concerne, auraient aussi bien pu être les mêmes tant j'ai peiné à distinguer leur personnalité.



Le second point négatif tient au côté « trash » trop accentué du roman. La crudité ne me choque d'ordinaire pas, mais ici certains passages semblent être là davantage pour ajouter plus de glauque à l'histoire et pour provoquer plutôt que pour servir l'intrigue (descriptions des malformations des personnages et leur manie de se faire greffer des parties génitales n'importe où sur le corps, habitude du protagoniste de vomir ou pisser sur son public en plein concert...). Le titre des chansons écrites par les personnages sont du même genre, de « sens mon doigt » à « pisse-moi sur la gueule » ou encore « chie-moi sur le ventre ». Très poétique... Mais je crois que ce qui m'a le plus gêné c'est en fait la musique en elle-même, dépeinte tout au long du roman par les personnages eux-mêmes comme d'une nullité affligeant et dont l'intérêt ne tient pas à la mélodie ni même aux paroles mais plutôt au comportement de ses créateurs. Comme le résume parfaitement l'un des personnages : « ce n'était pas que de la musique, c'était toute une attitude : « On est amoraux, on est sales, on est improductifs, on ne mérite pas de respirer et vos oreilles vont nous le payer. » » Un concept auquel je n'ai pas réussi à adhérer, d'autant plus que l'auteur nous noie de termes techniques sans aucune explication : plasma, structure du glucagon, mire musicale..., bref, encore une fois je me sentie totalement en retrait.



Catherine Dufour signe avec « Outrage et rébellion » un roman très atypique qui ne manquera pas de séduire certains lecteurs mais duquel je suis complètement passé à côté. Un aspect glauque trop exagéré, des personnages qui restent de parfaits étrangers tout au long du récit, une musique sans attraits..., bref, si l'idée d'origine est bonne, le roman, lui, ne m'aura pas convaincu. Dommage, car il s'agit pourtant d'une auteur que j'apprécie d'habitude énormément...
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Quand les Dieux buvaient - Intégrale 1 : Blan..

Désolée, Mme Dufour, mais j'ai eu beau faire, la mayonnaise n'a pas pris. Donc, dans mon cas, c'en fût un, de four...

Oui c'est amusant, oui c'est bizarre, c'est pas mal écrit, mais qu'est ce que j'ai galéré.

Là j'ai essayé de le reprendre, mais voyez-vous, à la page 200, j'overdose, je sature, j'suis soûlée ! Là ! C'est dit.



C'eût été amusant si ça avait été des nouvelles, variées, sur le même ton, mais au moins aux fonds différents. Mais là, tout un roman comme ça, qui part dans tous les sens, qui n'a, finalement aucun fil conducteur à part le délire dans tous les sens du terme, bah pour ma part, ça me gonfle. Je sens bien que vous vous êtes amusée en tant qu'auteure, ça m'a amusée aussi un temps en tant que lectrice, mais là, je ne peux plus, je lâche l'affaire.



Je ne pensais vraiment pas au vu des autres avis, mais perso, je peux plus. C'est ainsi.
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L'Accroissement mathématique du plaisir

De Catherine Dufour, je n'avais jusqu'à présent expérimenté que deux ou trois nouvelles disséminées ici et là dans quelques anthologies. L'auteur a pourtant su s'imposer depuis plusieurs années, au point de figurer aujourd'hui parmi les auteurs incontournables des littératures de l'imaginaire. J'ai donc entrepris il y a peu de combler mon ignorance grâce à cet « Accroissement mathématique du plaisir », et quelle lecture !



Le recueil propose un assortiment de vingt-et-une nouvelles relevant tour à tour de la fantasy, du fantastique et de la science-fiction, trois genres avec lesquels Catherine Dufour semble être parfaitement à l'aise. On se plonge avec délice dans chacun des récits qui regorgent tous d'idées plus originales ou farfelues les unes que les autres. Vous êtes vous par exemple déjà demandé ce que donnerait le procès de Peter Pan (« La perruque du juge ») ? Ou le sort que subirait Alice si elle poursuivait ses aventures au Pays des Merveilles une fois l'âge de raison atteint (« Le poème au carré ») ? Ou encore ce qu'il arriverait si, tel le héros de Richard Matheson, vous vous retrouviez être le dernier homme dans un monde peuplé de vampires (« Je ne suis pas une légende ») ?



Là où Mélanie Fazi entend dévoiler la face cachée de lieux ou personnages apparemment anodins avec beaucoup de poésie (« Serpentine » ; « Notre-Dame-aux-écailles »), Catherine Dufour, elle, opte en quelque sorte pour la stratégie inverse : un ton souvent cru, des ambiances oppressantes, et surtout une cruauté sous-jacente qui donnent chaque fois un petit côté glauque ou tragique à l'histoire. C'est le cas pour « Le sourire cruel des trois petits cochons », conte de fée déjanté pour lequel il faudra vous passer d'happy-end, mais aussi de « Mémoires mortes » mettant en scène une héroïne bouleversante, ou encore de « Un temps chaud et lourd comme une paire de seins », nouvelle remarquable dans laquelle l'auteur procède à une nouvelle distribution des rôles homme/femme.



Si aucune des nouvelles présentent au sommaire ne m'a déplu, certains textes volent évidemment malgré tout la vedette aux autres. C'est le cas ici pour quatre d'entre eux. « L'immaculée conception », nouvelle la plus longue de l'ouvrage récompensée en 2008 par le Grand Prix de l'Imaginaire, figure incontestablement parmi les meilleurs et nous relate le calvaire de Claude, vieille fille tout ce qu'il y a de plus ordinaire, qui se découvre enceinte. Miracle ou malédiction ? Phénomène surnaturel ou délire paranoïaque ? Catherine Dufour maintient jusqu'au bout l'ambiguïté et nous fait refermer cette nouvelle avec un certain malaise, le lecteur comme le personnage étant incapables de déterminer ou s'arrête le réel et ou commence le fantastique.



Parmi les bonnes surprises figure également « Le jardin de Charlith », petite nouvelle au doux parfum de nostalgie consacrée à la fascination de quelques garçons pour l'une des filles de leur groupe, la belle et triste Charlotte. Une jeune fille que l'on ne découvre que par les yeux d'un autre le temps de quelques pages mais qui parvient malgré tout à émouvoir le lecteur. Avec « Confession d'un mort », l'auteur rend également un vibrant hommage aux récits d'Edgard Allan Poe et réussit à merveille à retranscrire cette ambiance si particulière qui imprégnait tous les romans du maître du fantastique. Ma préférence se tourne cela dit vers « Mater Clamorosum », une nouvelle très courte consacrée à la tragédie vécue par une mère et son fils. A la fois touchant et glaçant.



« L'accroissement mathématique du plaisir » est un recueil qui ne manquera pas de ravir tous les amateurs de littérature de l'imaginaire. SF, fantasy, fantastique..., Catherine Dufour ne fait pas de jaloux et jongle avec habilité entre les trois genres. Voilà une auteur que je suis ravie d'avoir enfin découvert et dont j'entends bien, dès que possible, lire les autres ouvrages.
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Je ne suis pas une légende

Cette courte nouvelle de Catherine Dufour propose une variation du roman de Richard Matheson.



À Paris et Levallois, de nos jours, Malo est placardisé dans une entreprise où l’humain n’a plus de raison d’être. Rapidement, le monde autour de lui change : les humains sont transformés en vampires.



Même si l’histoire est connue et archiconnue, le plus intéressant ici est l’ambiance et le ton désabusé, qui rendent très vivant et réaliste l’univers de Malo. Ce très court récit est en réalité une critique acerbe de notre société matérialiste et individualiste, comme souvent dans la science-fiction.



Intéressant pour découvrir l’auteure.



NB : cette nouvelle a d’abord été publiée dans le recueil l’Accroissement Mathématique du Désir, puis en solo et gratuitement par les éditions Le Bélial’.


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Au bal des absents

Rien ne va plus pour Claude.

A 40 ans, elle se retrouve au RSA et doit quitter son studio.

Un message sur Linkedin lui sauve la mise : contre un chèque plus que confortable, elle est chargée d ’enquêter sur la disparition d’une famille américaine dans un coin perdu de France.

Sans aucune attache, elle accepte et se retrouve dans un charmant petit manoir mis à sa disposition.

Et là, c’est le début de l’horreur :

Une foule de fantômes s’acharne à lui pourrir la vie.

Mais……. elle n’a pas dit son dernier mot.

Ah oui, elle s’accroche Claude, mais le lecteur aussi doit s’accrocher, et avoir le cœur solide.

L’ambiance est tellement bien rendue qu-il faut lâcher le livre de temps en temps pour reprendre pied dans la vie réelle.

Catherine Dufour nous entraîne avec talent dans une aventure éprouvante pour les nerfs, et tout cela tambour battant, sans qu’on puisse bien reprendre notre souffle.

Mais ce n’est pas qu’une histoire d’horreur.

C’est aussi un tableau de la société où il est si facile de nos jours de perdre pied, comme Claude.

D’ailleurs elle identifie le plus virulent des fantômes de la maison à sa conseillère Pôle Emploi, qui se délecte à mettre à genoux ceux que le sort a abandonné.



Merci infiniment à Babelio, à Catherine Dufour et aux éditions du Seuil

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