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Critiques de Céline Minard (457)
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Bastard Battle

An de grâce 1437. La ville de Chaumont est menacés par le Bastard Bourbon, homme cruel et pillard. 7 "samouraïs" vont alors former les habitants à la défense de leur ville.

Racontée par l'un des samouraïs, la bataille se fait épique, visuelle. Dans le langage de François Villon, ce sont des images de manga et autres films de sabre qui apparaissent au lecteur. Si la lecture en vieux français est parfois fastidieuse, l'énergie de ce petit texte est communicative.

Une belle petite découverte.
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So Long, Luise

"Ma douce","sweet heart", "ma très chère femme","ma belle"...

Point de Poèmes à Lou, ni d' Apollinaire, mais une longue lettre d'amour testamentaire très poétique d'une femme écrivain à Luise, peintre qui a partagé sa vie cinquante ans durant.

Désir,érotisme, passion et connivence d'une artiste à une autre, entre plume et pinceau."L'air entre nous grésille".

"Aléa jacta est!" Que de jeux de mots entre "actions jactées" et "exercices de la jactance", surtout lorsque l'on est bilingue et auteur d'une oeuvre prolifique de 18 volumes et d'un bestseller "First days" salué par les grands.

Souvenirs d'enfance,de première fois,d'amis,de relations,de voyages entre Irlande "évasion fiscale",High-lands, Suisse et jardin digne de la Sido de Colette.

Et soudain, ça et là apparaissent quelques Pictes de contes écossais, des gnomes allemands, des pixies issus de mondes parrallèles, des fées; doux délire des mots couchés sur le papier qui transforment le récit en une fête merveilleuse mi-paradis perdu du Grand Meaulnes, mi-Fantasia où les faunes dansent sur La Symphonie pastorale de Beethoven (enfin voilà mon ressenti car j'avoue avoir été un peu perdue).

Nous avions pénétré sans doute dans l'imagination fertile des terres inconnues d'un célèbre écrivain!

Céline Minard, très littéraire, est connue pour son originalité. Elle est l'auteur entre autres, de Le dernier monde, Bastard Battle et Olimpia.
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Plasmas

Bon, ne pas se leurrer, Céline Minard, ça passe ou ça casse. Mais au moins à chaque fois elle se lance dans un univers inattendu. Et ça fait drôlement du bien au neurones, OK, ça les déboussole, aussi. Cette fois (pour ce que j'en ai capté) il s'agit de 'nouvelles' reliées par un fil genre 'cela se déroule dans le futur mais la Terre -si les humains y habitent encore- n'est plus franchement habitable et mieux vaut s'adapter.' C'est donc l'occasion de découvrir des formes de vie autres.



Alors au début j'ai eu du mal, j'aurais aimé plus d’explications, puis j'ai choisi de me laisser porter, parce que évocation et imagination plus écriture ciselée, là on est servi. Finalement on parfois à se créer des images, à croire qu'on a compris une histoire.



La présentation de l'éditeur ci-dessous a confirmé que j'avais quand même saisi quelques subtilités, alors je vais évoquer d'autres textes. Tiens, Grands singes, où Duane la primatologue observe un groupe, là mes lectures ont permis une accroche plus aisée, mais quelle fin magnifique! Dans Ricochets, où est-on? Plus sur la terre, c'est sûr, mais quel espace? Uiush, je ne sais pas ce que c'est, mais dans ma tête, c'est un paresseux. Grands fonds, où Rhif, lui, veut revenir à la surface et, pourquoi pas, explorer un peu la terre ferme hors milieu aquatique. Il est parfois fait allusion à des Ancêtres, des humains sans doute disparus il y a longtemps, présents dans des légendes. Ecologie et science fiction? En tout cas l'héroïne de la dernière nouvelle m'a complètement fait penser à Greta Thumberg, si, si!



Qu'en dit l'éditeur?



"Céline Minard nous plonge dans un univers renversant, où les espèces et les genres s’enchevêtrent, le réel et le virtuel communiquent par des fils ténus et invisibles. Qu’elle décrive les mesures sensorielles effectuées sur des acrobates dans un monde post-humain, la conservation de la mémoire de la Terre après son extinction, la chute d’un parallélépipède d’aluminium tombé des étoiles et du futur à travers un couloir du temps, ou bien encore la création accidentelle d’un monstre génétique dans une écurie de chevaux sibérienne, l’auteure dessine le tableau d’une fascinante cosmo-vision, dont les recombinaisons infinies forment un jeu permanent de métamorphoses. Fidèle à sa poétique des frontières, elle invente, ce faisant, un genre littéraire, forme éclatée et renouvelée du livre-monde."
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Plasmas

Plasmas, on ne sait pas bien si c'est un recueil de nouvelles, ou plutôt le roman du monde d'après, celui qui nous attend après les catastrophes écologiques vers lesquelles nous nous dirigeons. Chaque chapitre se suffit à lui seul, tout autant qu'il vient apporter sa pierre à l'édifice d'un univers futuriste dont nous découvrons peu à peu les lois, un univers post-apocalyptique. Dans ce monde, il y a des bots qui enregistrent les données humaines, de nombreuses créatures à l'intelligence bien supérieure à la nôtre, une Terre qui n'est plus habitable, une nature recréée de toute pièce, dans des bulles, puisque la nature telle que nous la connaissons a cessé d'exister. Vous l'aurez compris, dans ce livre il n'y a pas réellement d'intrigue linéaire, mais il y a, bien d'avantage, un message fort, celui de l'urgence écologique. Ce qui est dit, entre les lignes, mais avec suffisamment de puissance, c'est que si nous continuons ainsi, la tête dans le guidon, sans réfléchir, le monde tel que nous le connaissons court à sa perte. Alors certes, il y aura peut-être un autre monde, différent, qui viendra ensuite. Mais la nature à l'état libre n'y aura plus sa place, et les humains y seront détrônés.



Dès les premières lignes, on sent que ce livre va demeurer plutôt obscur. On peut toujours tenter de relier tous ces éléments entre eux, afin de chercher la ligne directrice de l'intrigue, mais c'est une entreprise vaine. En réalité, tout l'intérêt de cet ouvrage réside dans l'écriture. Une écriture d'une précision impeccable, fine et ciselée. Chaque mot est à sa juste place, qui nous entraîne dans un tourbillon de sensations, qui nous donne à voir chaque scène, chaque biotope comme s'ils étaient devant nos yeux. Céline Minard ne pose aucun mot au hasard, elle fait montre d'un vocabulaire technique adapté à chaque situation. Qu'elle nous parle de l'agilité des acrobates, de la robe des chevaux nains, de l'activité aérienne autour d'un arbre dans la jungle, d'expérimentations botaniques, ses mots sont toujours maîtrisés et choisis. Il y a des livres où la langue présente plus d'intérêt que l'intrigue elle-même. Celui-ci en fait partie. Pour le lire, il ne faut pas chercher à comprendre. Il suffit de se laisser porter par cette plume, de se laisser emporter dans le tourbillon, et d'assister, en tant que témoin émerveillé, aux scènes qui se déroulent sous nos yeux.



J'ai beaucoup aimé cette parenthèse de poésie dans laquelle cette lecture m'a entraînée. Céline Minard a en outre cette malice de faire de la science-fiction sans trop le dire, et j'aime ça ! Je suis convaincue que ce livre touchera plus d'un lecteur, alors pourquoi pas vous ? Si malgré tout mes arguments ne parviennent pas à vous convaincre, sachez que ce livre révèle bien des surprises, et qu'en allant au bout, vous assisterez à une scène de cosplay d'anthologie.
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Plasmas

Céline Minard est une auteure atypique dans le paysage littéraire français. Philosophe, elle triture la langue, magnifie les espaces. A chaque roman, elle nous surprend, nous désarçonne, nous désoriente. Il n’est souvent pas facile de trouver son chemin dans ses textes ambigus. J’y suis parvenue avec Le grand jeu. C’est un peu plus complexe ici.

Les chapitres sont plutôt des nouvelles centrées sur des expériences scientifiques dans un monde futuriste. aucune précision sur les lieux ou les dates. Nous sommes souvent sur terre mais parfois dans l’espace. L’auteure se joue des frontières entre les espèces, les époques, les espaces pour toujours faire triompher le vivant. Un vivant en éternelle adaptation dans des espaces dénaturés. Je me suis perdue dans l’espace, les lacs d’asphalte, les recherches biologiques, les jungles reconstituées, les tempêtes. Le vocabulaire est recherché. On le croirait inventé mais il est spécifique, technique à part quelques expressions imagées. Nous sommes bien loin du monde de ceux qu’elle nomme « les vieux ancêtres« , ces êtres mous mal adaptés dont la surpopulation a ruiné la Terre.

De cet éclatement, de ces histoires en suspension, l’auteur finit par créer un lien avec notre rapport au monde. Plantes ou animaux hybrides capables d’adaptation, minéral chutant de la stratosphère pour s’enliser dans la terre traversant et reliant les couches de l’espace. Avec l’histoire d’Uiusch, animal lent suspendu à une branche, l’arbre est le symbole du lien entre les épaisseurs de la terre. Il s’impose comme un élément de survie.



Dans ce roman, on glane quelques allusions à l’inéluctable destruction de l’environnement et de l’espèce humaine. Mais l’auteure semble vouloir y glisser le triomphe du Vivant malgré la chute inexorable.

En première lecture, un roman de Céline Minard est pour moi complètement abscons. Puis, il faut écouter l’auteur, en parler avec d’autres lecteurs, relire certains passages avec cet éclairage, dépouiller avec lenteur, Mais si vous n’avez jamais lu l’auteur, ne commencez pas avec ce roman qui est tout de même très spécial.
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Bacchantes

Céline Minard sait nous surprendre par les genres et les thèmes qu’elle aborde. Elle nous embarque ici dans un braquage, où trois femmes (la Bombe, le Clown et la Brune) totalement déjantées ont décidé de prendre en otage une cave de vin ultra-sécurisée (pas moins de 100 000 bouteilles d’une valeur de 350 millions de dollars). Ne cherchez pas le mobile sinon ce livre vous paraîtra inabouti. Céline Minard n’est ici ni dans un roman policier ni dans une analyse psychologique. Elle se positionne davantage dans la dénonciation de la superficialité et de l’absurdité du monde, les dérives de l’argent du monde capitaliste. Et si ces femmes étaient simplement venues sauver ces bouteilles de vin emprisonnées dans des bunkers ?! Dans l’antiquité, les bacchantes étaient en effet des femmes, intrépides, prêtresses de Bacchus.

En revanche, son style reste le même : incisif, corrosif, rythmé. Avec seulement 110 pages, Bacchantes se lit d’une seule gorgée.Outre la superficialité de l’analyse, les détracteurs de ce livre mettront en avant des situations certes farfelues et qui frôlent souvent le sensationnalisme. Peu importe pour moi : j’ai savouré ce livre, j’ai beaucoup ri, j’ai justement aimé le côté provocant de ces trois femmes, leur énergie, leur inventivité, et l’audace du propriétaire de la cave. Le bouquet final est particulièrement réussi !

Céline Minard est un auteur qui prend des risques, et c’est bien pour cela qu’elle ne fait pas l’unanimité. Elle n’est pas que dans l’exercice de style. Elle sait traiter de sujets de société souvent de façon détournée mais qui visent juste, et fait passer de vrais messages.Un livre à savourer goulûment !
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Bacchantes

De prime abord, j'ai été séduite. La plume est vive et enlevée, le maîtrisé et la langue habile et drôle. Mais, peu à peu, voyant la fin de l'ouvrage (très court, il faut le dire) arriver à grand pas, je me suis demandée si je n'allais pas être déçue... Et bingo. Déception. Frustration.



Si Céline Minard réussit à esquisser des portraits intéressants et originaux, j'aurais aimée qu'elle aille plus en profondeur dans son intrigue originale. En refermant cet ouvrage, je me suis dit "Tout ça pour ça ?!" Mais pourquoi n'a-t-elle pas exploré plus en profondeur la psychologie de ces personnages ? Pourquoi n'a-t-elle pas cherché à construire une intrigue plus touffue à partir de ce qui m'apparaît aujourd'hui comme une trame d'histoire, comme un premier jet inachevé...



Si le talent de Céline Minard m'a donnée envie d'aller lire ses précédents romans, ma seule crainte est d'être à nouveau déçue par cette sensation de survol, alors qu'il y a un potentiel magnifique dans ce bouquin...
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So Long, Luise

Ce livre est vraiment une œuvre d'écrivain, on y sent une impulsion qui pousse le texte avec brio et agilité. Volubile, adroit et aussi très secret, on entend sa voix et on se laisse couler dans son imaginaire bourré d'adjectifs choisis, d'images infusées, de scènes décalées et d'associations insolites de langage.

C'est un livre brillant et tout à fait à part, une fiction dans un monde parallèle, mais composée de personnalités très implantées dans la réalité et qui semblent ancrées dans leur indépendance. Tout en ayant un lien fort à l'autre, puisque les deux personnages principaux sont deux femmes amoureuses qui racontent toute une vie passée ensemble, à arnaquer parfois le beau monde, une morale d'amazones, esthètes et libres.

J'ai surtout aimé les passages réalistes, un peu moins les mondes parallèles, mais c'est un très bon livre, fait par quelqu'un qui aime prendre le temps des mots, le temps de les choisir, de s'y prélasser. Et qui est bon-vivant aussi d'ailleurs; quelqu'un qui aime les mots et qui aime vivre: plutôt pas mal, non ?!
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Faillir être flingué

J'ai adoré le début, les destins de ces braves bougres se déroulant dans un Far West admirablement rendu par l'écriture bienveillante de Céline Minard.



Bird un peu naïf se fait voler sa monture par Elie à son tour dépouillé de sa gamelle par un Zébulon en fuite mais qui, bon joueur propose de jouer le cheval aux dés...,

Le cri du coyote émis du fond du chariot par la mère mourante des frères McPherson capturés par les Dakotas, et dans lequel le chef croit reconnaître le cri de son frère disparu...

La jeune chamane sans peuple, Eau-qui-court-sur-la plaine, guidant par signes discrets le médecin fou de remords Gifford...



J'ai moins apprécié la ville, où dans un burlesque parfois un peu poussif, chacun essaye de faire fortune, ouvrant un salon de bains, une quincaillerie, un élevage de moutons...
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Faillir être flingué

"Doucement", m'exhortais-je, "prends ton temps... à te précipiter ainsi, tu vas t'emmêler les pinceaux. Tu le vois bien, quand même, que la Minard, elle fait débouler ses personnages dans son histoire comme des boules dans un jeu de quilles -et non pas comme des chiens, parce qu'ils y ont leur place, dans l'histoire-, tu commences déjà à ne plus savoir qui a fait quoi, qui connaît qui, qui vient d'où... Et puis mince, pose-toi, pour une fois, cesse de gober les phrases sans prendre à peine le temps de respirer, arrête d'engloutir les pages avec cette boulimie à mon avis pathologique, tu vas arriver à la fin avant même d'avoir eu le temps de sympathiser avec le beau Zébulon ou cette étrange petite sauvage. Bon sang, ça se déguste, un texte pareil, apprécie la façon dont toutes les circonvolutions finissent par se rejoindre, attarde-toi sur la beauté de son écriture"...



Je n'ai pas su me retenir, me raisonner, écouter les conseils de cette lectrice idéale qui sommeille en moi et ne se réveillera sans doute complètement jamais, celle qui relit trois fois le même paragraphe pour s'imprégner de la beauté du texte, qui peut de mémoire citer des passages entiers de ses romans préférés, ou qui se souvient de la manière dont se termine un livre lu quelques mois auparavant. J'ai dévalé "Faillir être flingué", à l'image de ses héros qui, à pieds ou à cheval (plus souvent à cheval, d'ailleurs, la plupart n'ont pas l'âme d'un piéton), cavalent à la poursuite de quelqu'un ou de quelque chose, à moins qu'ils ne cherchent eux-mêmes à fuir...



Mais je ne regrette rien.



Même si j'ai sans doute déjà oublié certaines subtilités de l'intrigue, je sais que je garderai encore longtemps en moi l'impression d'effrayante et grisante immensité qu'inspirent ces vastes plaines désertes fouettées par les vents, battues par des orages d'où émergent des visions, ainsi que le sentiment de la force du lien qui semble connecter les êtres avec une forme d'ancestralité, leur permettant par exemple d'apprivoiser des chevaux sauvages.



Je n'oublierai pas de sitôt ces héros à la gâchette facile et au poing prompt, à la fois vagabonds et bâtisseurs, capables de jouer leur vie aux cartes comme de pleurer au son d'une contrebasse ou de s'émouvoir du chuintement d'un ruisseau.



Je serai éternellement reconnaissante à Céline Minard d'avoir su satisfaire à la fois mon penchant nostalgique, peut-être même puéril, pour le western, et mon besoin de complexité et de poésie. D'avoir su exhumer, avec un naturel déroutant, de la virilité un peu tapageuse d'un monde de brutes, la sensibilité, la candeur des rêves que cache le cœur de tout homme.



Le roman de Céline Minard ne se résume pas... si je vous dis qu'il y est question d'indiens et de cow-boys, d'un saloon et de ses filles, de bagarres et d'amour, vous n'aurez pas l'once d'une idée de sa richesse. Épopée où se mêlent lyrisme et surnaturel, où chaque acte, chaque émotion semblent parés d'une intensité qui éveille instantanément des images à l'esprit, où la sorcellerie se fait bienveillante, source de connexion entre les individus, où la nature et les êtres semblent avoir trouvé un terrain d'entente, "Faillir être flingué" est un grand, grand moment de lecture, qui laisse longtemps incrusté en vous comme la réminiscence d'une musique qui vous emporte et vous bouleverse tout à la fois.


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Faillir être flingué

D'habitude, le western est plutôt un genre masculin, et un genre d'auteurs américains, mais cela ne veut pas dire qu'une auteur française ne peut pas s'en tirer avec les honneurs. Après avoir dévoré le merveilleux Lonesome Dove, c'est étonnant de voir comme deux oeuvres peuvent traiter d'un thème si proche et être si dissemblables, tout en étant toutes deux excellentes.

Faillir être flingué est , malgré son titre, bien plus contemplatif que beaucoup de westerns et la prairie prend des allures de voyage mystique sous les mots de Céline Minard. Les personnages se croisent les uns les autres, tous des classiques du western, du barbier à la tenancière de saloon, avant de tous se retrouver dans une minuscule ville récemment fondée, comme le prélude à un drame...ou à une communauté soudée face aux épreuves, allez savoir.

C'est une lecture à laquelle on se laisse prendre, même si je reconnais m'être bien moins attachée aux personnages que je ne l'avais fait avec ceux de Larry McMurtry, pour en revenir à Lonesome Dove.

Ce n'est pas ce qu'on pourrait appeler un roman le moins du monde réaliste, plus une respectueuse parodie du genre qui prouve la parfaite connaissance du sujet qu'a l'auteur, mais c'est un roman qui donnera à ceux assez curieux pour l'ouvrir quelques heures d'évasion fort agréables.



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Faillir être flingué

Je ne connais pas Céline Minard, mais alors quel souffle quasi épique!

Lorsque l'on commence cet ouvrage on a vraiment l'impression d'être constamment à cheval,lors d'une chevauchée symbolique dans la poudre des tirs et les relents d'alcool dans un saloon et la porte qui n'en finit point de battre!

Le début n'est pas facile à suivre:" le chariot s'élance,il n'en finissait pas d'avancer,la grand- mère à l'arrière criait de toutes ses forces contre la terre et les cahots,contre l'air qui remplissait ses poumons".



Nous sommes dans les prairies vierges du Far West , dans des contrées sauvages,au bord d'une ville naissante,quand les espaces n'avaient pas de frontière connue,,,,,un lieu mythique où convergent les pistes de tous les personnages de ce récit.

J'avoue que je ne suis pas familière avec le genre Western....

Nous suivons dans un style baroque ,virtuose,une narration riche de détails :Brad,son fils Josh,Jeffrey,l'autre fils de la vieille femme,les trois frères Mc Pherson qui accompagnent la grand- mère mourante sur le chariot,Zébulon,Orage Grondant......

Nous poursuivons à un rythme d'enfer des voleurs,une musicienne,des Indiens,des Chinois, des trafiquants,des chevaux,des trafiquants de chevaux....



Le personnage emblématique c'est Eau-qui- court- sur-la - plaine, une jeune indienne dont le clan fut décimé,qui exerce ses talents de guérisseuse ,pour les blancs aussi bien que pour les Indiens.

"Eau- qui- court- sur-la -plaine n'avait pas de peuple,elle en avait plusieurs.Son état de femme sans peuple la faisait à la fois craindre et désirer. Son pouvoir,depuis la mort violente des siens avait décuplé,elle voyait plus loin,elle soignait mieux,elle pouvait tuer sur trois points."

Nous côtoyons la vie,la mort,"un homme pouvait tirer six coups sans dégainer."





Les individus s'entraident,échangent,se saoulent,s'entretuent dans ce nouveau monde vierge,aux portes du saloon ou au cœur des grandes plaines,la nature est sauvage,belle,les hommes sont fébriles et déterminés.

Les relations humaines sont encore à inventer dans ces contrées où les bœufs tirent les chariots,où l'on entend le chant des coyotes,où le vivant ,homme et animal est à l'écoute de l'environnement .

L'auteur doit être une passionnée du western pour nous entraîner avec une telle force,pour bâtir et aborder avec une énergie talentueuse une telle narration très originale.

On pense à Louise Erdrich ou Cormac Mc Carthy! ...

Mais ce n'est que mon avis.
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Faillir être flingué

Céline Minard doit aimer les littératures de genre et plus encore quand elle peut s’affranchir de ses codes. Dans son nouveau roman, « Faillir être flingué », c’est le western qu’elle s’approprie. Cela donne un western contemplatif, chiche en action mais riche d’une galerie de personnages inattendus. Du cowboy – tel que produit par l’imaginaire collectif – il n’y a finalement peu de trace. Il y a certes des cowboys mais on a plutôt envie de les appeler vachers. Pas assez d’Ennio Morricone ou de Clint Eastwood en eux. Et puis, il y a les personnages originaux, Gifford en tête qui ne ressemble à rien de connu : un homme vêtu d’un simple pagne qui croque la nature sur des feuilles de papier… Il y en d’autres, aucun ne correspondant parfaitement aux attendus du western – même si quelques-uns s’en approchent (Bird, Zebulon).



Le roman est construit autour d’une dizaine de personnages qui se croisent et se rencontrent avant que naisse entre eux, une amitié solide. Singulièrement, aucun d’eux n’a d’image négative. Les « méchants » occupent une place périphérique dans ce roman où il n’y a d’ailleurs aucun duel. C’est d’ailleurs l’originalité de ce livre qui évoque plus la contemplation de la nature, le quotidien des travaux agricoles ou l’installation en ville d’un nouveau commerce.



Un autre aspect frappant est la sédentarisation des personnages qui s’implantent presque tous en ville. Céline Minard place son roman à ce moment charnière qui sonne comme la fin des grands espaces et de la conquête de l’ouest avec la naissance de l’urbanité et de la sédentarisation. Et c’est peut-être à rapprocher de l’histoire de Zébulon dont le père, milicien puis sherrif, incarnerait ce cowboy mythique, incarnation de la Loi, juge et bourreau. Un cowboy qui semble appartenir à un temps désormais révolu…



Ce roman est une réussite à saluer. Une littérature de genre qui parvient à se réinventer. Du tout bon en somme.

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Faillir être flingué

Imprégnée d'une forte addiction aux films de Westerns , la lecture de ce roman dans les plaines du Far West s'est rapidement enrichie par les images et le son , manquait l'odeur, quoique ... avec Zebulon dont l'extase suprême est le bain, on peut imaginer les parfums qui flottent dans le saloon de Sally !

Tranches de vie des hommes de l'Ouest, cow-boys, trappeurs, chasseurs de prime ou indiens racontés par petits chapîtres et qui se rejoignent pour faire vivre un nouveau village .

Parties de poker où on perd son cheval, voleurs de chevaux ou brigand de grand chemin, c'est dans un petit livre un condensé de tout ce qu'on s'attend à rencontrer.

Les méchants , bien sûr, également présents, quoique on a vu plus retors ,resserrent les liens de la petite communauté qui se serrent les coudes pour les affronter...

Les indiens et les chinois prennent le thé ensemble, non , je plaisante !

Quelques minois féminins , parité oblige, une petite chinoise, une indienne chamane, une contrebassiste et des putes bien sûr ...

Les paysages ne sont pas non plus oubliés et l'on aimerait accompagner Brad lorsqu'il trouve sa clairière , la Nature dans toute sa splendeur .



Céline Minard a une jolie plume, vive , elle apporte dans le paysage des écrivains français une touche originale, non nombriliste ni vulgaire.



Un plaisir de lecture avec pour moi un petit bémol qui ne fait pas de ce livre un coup de cœur, une intrigue un peu mince comme le livre , mais quand on veut que ça dure plus longtemps, c'est qu'on aime ...



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Plasmas

Dix pas de côté savoureusement insensés pour ouvrir et relier nos pensées du vivant. Magistral et essentiel.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/09/07/note-de-lecture-plasmas-celine-minard/



Une fois de plus, Céline Minard nous surprend et nous enchante, en créant toujours de nouveaux horizons diablement essentiels sans jamais céder un pouce de terrain quant à l’exigence littéraire et mentale de son travail;



Si la vision intime de formes de vie différentes fait partie de l’ADN de la science-fiction, dont on sait au moins depuis son premier roman, « Le dernier monde » (2007), et depuis maintes rencontres en librairie ou ailleurs, à quel point l’autrice en maîtrise les codes et les motifs, c’est toutefois sur le terrain d’une anthropologie radicale de la nature et du vivant, balisé par Philippe Descola ou Bruno Latour, et arpenté de près par le pisteur-diplomate et philosophe Baptiste Morizot, qu’elle a choisi de porter cet effort-ci. Laissant infuser la précision imaginative d’un Peter Watts (dont l’essentiel « Vision aveugle » va être réédité très prochainement) et les fulgurances impressionnantes du David Brin de « Marée stellaire » et d’« Élévation », en matière de conception d’intelligences résolument autres, elle nous offre dix scènes rares, dix hybridations, dix pas décisifs sur le côté, brouillant, inversant et mixant nos conceptions de ce qu’est le vivant – et notre prétendue souveraineté sur lui, de manière plus radicale, nécessairement, que le passionnant mais volontairement restreint « Défaite des maîtres et possesseurs » de Vincent Message, par exemple -, après un effondrement multiforme qui est ici, bien entendu, allé de soi, car saisi trop tard dans son ampleur et non corrigé par la puissance et l’avidité des intérêts dominants, on s’en doute, et qui ne sera ainsi évoqué que par touches minces (avec un superbe effet de rétro-analyse discrète), laissant la part belle aux floraisons inattendues, dans bien des directions différentes, d’une persistance de la vision vivante – quand bien même ses formes auraient radicalement changé. Là où l’Alain Damasio des « Furtifs » chemine dans ce domaine à sa manière méthodique et poétique, celle d’un romancier sachant progresser, lentement et sûrement, contre le vent dominant, Céline Minard use avec une suprême élégance de sa science joueuse des arts martiaux, celle farceuse de « Bastard Battle » (2008) – et le somptueux hommage qu’elle adresse dans « Plasmas » à l’énorme Vladimir Sorokine de « La tourmente » en est aussi un beau témoignage – comme celle, condensée et implacable de « KA TA » (2014), pour créer à notre intention, dans l’ascèse intellectuelle nécessaire et dans la joie paradoxale et toujours renouvelée du « Grand jeu » (2016) comme dans la lutte rusée et anti-obsidionale de « Bacchantes » (2019) – car là encore il s’agit bien d’ouvrir et de relier -, un texte essentiel pour mieux penser et ressentir nos futurs incertains – et échapper peut-être à nos sombres horizons déjà trop proches.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Bacchantes

Céline Minard, née à Rouen en 1969, est un écrivain français. Après avoir étudié la philosophie elle se lance dans l’écriture. On lui doit déjà plusieurs romans comme le très remarqué Faillir être flingué (2013) ou encore ce roman qui date de 2019.

Hong-Kong. La cave à vins hypersécurisée d’Ethan Coetzer, où sont précieusement conservés pour de richissimes propriétaires des milliers de bouteilles de vin millésimés dans des bunkers souterrains de l’armée britannique fait l’objet d’un braquage. Jackie Thran et sa brigade policière ont encerclé les lieux et tente de nouer un dialogue avec les braqueurs. A leurs côtés, Coetzer est effondré car il est en passe de voir disparaitre des années de travail, et Marwan Cherry son consultant stratégique.

Un roman qui démarre en fanfare mais qui va ne pas faillir d’être flingué finalement !

Le roman est tellement court qu’on peut le qualifier de novella. Et il est vachement bien. Tous les poncifs du genre des romans de braquages de banques sont réunis mais on y voit bien l’humour, le pastiche et c’est vraiment très réussi. Ici pas de lingots d’or ou de piles de biftons mais des bouteilles de pinard hors de prix, c’est original. Originale aussi, la personnalités des braqueurs, en fait trois nanas dont la tête pensante dépasse la soixantaine acoquinée avec deux délurées excentriques et last but not least, un rat ! Enfin, dernier détail, un typhon est à l’approche et dans quelques heures à peine ça va barder… C’est à peu près tout mais ça me plaisait bien ce truc-là, enlevé et plaisant à lire.

Les pages défilent, je commence à m’inquiéter car il ne reste que quelques pages à lire et je ne comprends toujours pas les motivations des nanas, comment Minard va-t-elle conclure son histoire de pinards ?

Je ne risque pas de vous divulgâcher la fin car je n’ai rien compris ! Rien de rien ! En faisant de très, très gros efforts, peut-être – je dis bien peut-être – que les trois femmes avaient décidé d’en finir avec la vie en beauté, partir sur un coup d’éclat, une apothéose finale ? Et si j’ai bien vu, peut-être qu’il faut y voir une portée philosophique ?

N’hésitez pas à m’expliquer le sens du roman, comme si j’étais un petit enfant, je ne suis pas susceptible de nature…

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Bacchantes

Quelque part entre Cat’s Eyes et La Casa de Papel, Céline Minard nous invite à assister au casse du siècle : celui de la réserve de vins la plus sécurisée au monde. Entre deux escarpins et un verre de grand cru, on négocie le temps qu’arrive le typhon… C’est drôle, vif et original, c’est immersif, c’est décalé et rondement mené !



Oui mais voilà, la mayonnaise retombe tout de suite quand on s’aperçoit qu’on a déjà tourné la dernière page, qu’on en est encore à s’interroger sur les motivations des protagonistes, qu’on n’est pas sûr d’avoir saisi le dénouement de ce braquage et qu’en fait, on ne sait pas vraiment quel en a été l’enjeu…



Ce court récit m’a sortie de ma zone de confort en me proposant une narration inventive aux scènes très cinématographiques. Néanmoins, je reste sur ma faim, confortée dans l’idée que je ne suis décidément pas faite pour apprécier les nouvelles à leur juste valeur.



Une chose est sûre, c’est que l’auteure de Faillir être flingué n’a pas fini de nous surprendre et qu’elle nous réserve encore bien des surprises !



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Faillir être flingué

Un western sous forme de roman c'est original ! Pourtant il nous rappelle que ce style souvent occulté par le cinéma, a d'abord été initiée par la littérature et notamment la littérature américaine.

Céline Minard tente un roman pour nous transporter dans les grands espaces du Far-West avec "Faillir être flingué" que j'ai trouvé un peu long vu le foisonnement de personnages.

Brad, Bird Boisverd, Zebulon, Elie et d'autres vont traverser les plaines, passer des rivières, le plus souvent à cheval et Colt à la ceinture pour se retrouver en ville, au saloon. Mais c'est une communauté qui va se former bien plus que des destins individuels. Avec une place pour chaque personne, homme ou femme, indien ou blanc, chamane ou contrebassiste...

On retrouve tous les ingrédients de l'histoire de l'ouest américain avec un certain suspense mais ce que j'ai préféré ce sont les rôles de femmes, Eau-qui-court-sur-la-plaine, Arcadia, Salie, Xiao Niù...

Et même si Céline Minard à tendance à aimer égarer son lecteur par moments, elle réussit les portraits de traînes la plaine attachants.



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Faillir être flingué

un roman qu'on ne peut que conseillé! Attention chef d'oeuvre, et pour plusieurs raisons:

D'abord, la manière dont l'auteur, au plus près de ses personnages, rend compte des conditions de vie dans le Far West, comment se nourrir, se protéger, s'allier à d'autres ou combattre ses ennemis... tout cela avec un style poétique et en évitant les stéréotypes sur les cow boys et les Indiens, qu'on voit plus souvent se venir en aide que se combattre. Ensuite, les personnages sont d'une grande richesse et chacun évolue, se révèle, au cours de la lecture: s'ils semblent solitaires au départ et errant sans but dans les plaines ( à part la famille regroupant les frères Brad et Jeff, leur mère et le fils de Brad), leurs trajets vont peu à peu converger vers une petite ville, et plus précisément le bar de Sally qui s'y trouve. Là, chacun va s'installer, trouver un rôle et souvent une partenaire. Les personnages se "civilisent", en somme! Enfin, l'auteure est maitresse dans l'organisation de la narration, puisqu'elle arrive à garder secrète une part du passé ou du but du personnage, pour nous révéler ces éléments au moment adéquat. C'est touchant, drôle par moment, sauvage, apparemment en désordre mais pas du tout... Génial!
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Le Grand Jeu

Je viens de finir ce livre, je me réjouissais de cette lecture en lisant la 4e de couverture. Je ne saurais pas définir réellement pourquoi j'ai eu tant de mal à rentrer dans cette aventure. J'adore les histoires de haute montagne, je vis en montagne depuis de nombreuses années, et j'aime ces récits liés à des expériences particulières de dépassement, expériences spirituelles... Et bien je doit dire que j'ai trouvé cette histoire assez déconcertante, sans pour autant rentrer dans la profondeur de ce que voulait nous montrer l'auteur. Quelque chose de trop abrupte, qui ne se laisse pas prendre dans la vérité du ressenti, fait que je l'ai laissé traîné et j'ai eu du mal à le terminer. L'écriture est riche, prolixe... Je suis perplexe en refermant, peut être avais je trop d'attente de cette histoire...
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