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Critiques de Chadia Chaïbi-Loueslati (67)
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Famille nombreuse

Quand, en 1966, « un individu d'origine française [qui] sillonnait le nord de la Tunisie à la recherche de main d'oeuvre bon marché » a proposé 'au daron' (sic) un boulot en France, le jeune homme, déjà marié et père d'un enfant, a accepté. « Comme tous les immigrés à cette époque, il se voyait déjà rentrer au pays. » Riche, évidemment (le dessin le montre à bord d'une Mercedes).

La suite, on l'imagine, on la connaît : il est resté à balayer les couloirs du métro parisien, sa femme n'a pu le rejoindre qu'en 1972, ils se sont alors entassés dans un petit studio vétuste avec leurs trois enfants. Ils ont fini par obtenir un logement HLM en 1977 grâce à la pugnacité d'Omi - la maman. Et la famille a continué à s'agrandir avec un bébé tous les deux ans, jusqu'à devenir nombreuse, TRÈS nombreuse (onze enfants !).



Cette histoire nous est racontée par la sixième de cette fratrie : Chadia Chaïbi.

Le trait rappelle celui de Marjane Satrapi, et le ton celui de Riad Sattouf (plus proche de la légèreté des 'Cahiers d'Esther' que de la gravité croissante de 'L'Arabe du futur').

Dans cette autobiographie dessinée, l'auteur évoque avec humour le quotidien de cette joyeuse tribu, et quelques anecdotes sur la vie à la maison et à l'école. Elle donne une image optimiste de l'intégration d'enfants qui partaient avec pas mal de handicaps pour cette époque - parents maghrébins, ne maîtrisant pas le français, nombreux frères et soeurs.

Chadia Chaïbi Loueslati signe là un bel hommage à sa famille, et surtout à sa 'Omi' (maman), organisée, déterminée, énergique, attentionnée et aimante, malgré sa tendance à distribuer des coups de savate…



Merci, L. ! 🙂🎂
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Oum Kalthoum : L'astre d'Orient

Qu’est-ce qui explique une telle ferveur ?

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Ce tome constitue une biographie tout public de la chanteuse Oum Klathoum. Sa première parution date de 2023. Il a été réalisé par Chadia Loueslati pour les dessins, et Nadia Hathroubi-Safsaf pour le scénario. Il se termine avec trois pages consacrées à la présentation de son entourage (Cheikh Aboul al Mohammed, Zakaria Amhmed, Ahmed Mohammed Rami, Sadik Ahmed, Gamal Abdel Nasser, Hassan el Hafnaoui), un arbre généalogique (ses parents, son frère, sa sœur), deux pages recensant les décorations et distinctions reçues à travers le monde arabe par la chanteuse), une page consacrée à une aperçu de sa discographie, une page de bibliographie, expositions et documentaires, huit pages croquis et de recherches graphiques.



Paris, le treize novembre 1967, la journaliste Diane Moulins se rend à un concert à l’Olympia. Elle remonte la longue file de spectateurs, canalisés par des barrières de police, qui attendent pour pouvoir accéder à la salle de spectacle. Elle n’en croit pas ses yeux, du nombre de personnes dans la queue. L’un d’eux lui adresse la parole, surpris qu’elle ne sache pas qui est Oum Kalthoum, car c’est la plus grande chanteuse du monde arabe. L’astre d’Orient, la diva égyptienne. Elle parvient à entrer dans le bâtiment. Elle explique qu’elle est journaliste et qu’elle a été invitée par Bruno Coquatrix. Un monsieur à l’accueil lui indique qu’il va l’en informer. Elle rejoint la salle et s’assoit. Les musiciens en costume entrent en scène. Les applaudissements retentissent, fournis. L’orchestre entame la première chanson, et Oum Kalthoum fait son apparition, rejoignant lentement le micro, son mouchoir à la main. Elle entame la mélopée, et dans les spectateurs sont en extase, en transe même pour certains.



La représentation se termine sous des applaudissements nourris. Quelle performance ! Tenir trois heures sur scène avec seulement trois chansons. Chaque récital est unique. C’est la signature d’une diva. Diane Moulins fait la connaissance de Bruno Coquatrix qui lui confie que la réussite de ce soir n’était pas gagnée d’avance. Il y a trois jours, il n’avait pas vendu la moitié des billets, et aujourd’hui c’est plein à craquer. L’idée de ce spectacle lui a été suggérée par Charles de Gaulle lui-même qui a beaucoup d’admiration pour elle. Alors que la chanteuse sort sous le crépitement des flashs, la journaliste demande au directeur s’il pourrait lui organiser un entretien avec elle avant son départ. Le lendemain, elle pénètre dans la suite de Kalthoum à l’hôtel George V. Elle fait la connaissance de Sadik Ahmed, son imprésario, puis d’Oum Kalthoum elle-même. Tout le monde prend place dans le salon, avec une tasse de thé, et l’entretien peut commencer. À la question sur son succès, la chanteuse répond qu’elle ne triche pas et que les spectateurs le sentent. Elle est à eux totalement à chaque récital. Elle ne se cache derrière aucun artifice. Ils la reconnaissent comme une des leurs. Une femme du peuple ! Elle continue : elle est née en Égypte, un soir de ramadan à Tmaé, un village du delta du Nil, au nord du Caire.



Le lecteur peut être intimidé par la couverture austère de l’ouvrage, capturant bien l’identité visuelle de la chanteuse. Il ouvre le tome et entame sa lecture : il se rend compte qu’il s’agit d’une narration tout public emprunte de gentillesse, sans aspérité ou critique sur l’artiste, avec un niveau basique d’information. Pour autant les autrices ne donnent pas dans l’hagiographie. Elles s’en tiennent aux informations essentielles, factuelles, sans jugement de valeur, sans louanges. Elles ont opté pour une tonalité qui montre le chemin parcouru depuis le petit village et l’absence d’éducation, jusqu’à devenir une chanteuse en arabe à la renommée internationale. En quelque sorte, il s’agit d’un ouvrage de vulgarisation sur la vie d’Oum Kalthoum. Le lecteur ne doit pas s’attendre à une analyse de ses chansons, de l’évolution de son orchestre au fil des décennies, ou de ses prises de position politiques. Pour autant, l’ouvrage s’appuie sur un véritable travail de recherche. Il suffit de découvrir la première scène pour pouvoir apprécier la maîtrise du sujet par les autrices. Elles ont choisi la première prestation d’Oum Kalthoum dans un pays occidental, sa première date à l’Olympia (elle s’y est produite également le 15 novembre 1967). Elles ne mentionnent pas qu’elle a exigé du directeur, d’être l’artiste la mieux payée à jouer à l’Olympia, ni qu’elle a fait don de son cachet au gouvernement égyptien.



Après la très belle couverture, le lecteur découvre la narration visuelle des pages intérieures. Cela commence par une magnifique case occupant les deux tiers de la page, et montrant les toits de Paris, avec la tour Eiffel en fond. L’effet est magnifique avec des dégradés de gris pour différencier les surfaces contigües. La journaliste remonte la file d’attente, et le lecteur apprécie à nouveau la qualité esthétique des cases, tout en s’interrogeant sur l’exactitude de ce qui est représenté. Il remarque qu’un fois à l’intérieur de l’Olympia, les fonds de case perdent en niveau de détail, même si l’usage de camaïeux à base de nuances de gris produit des fonds du plus bel effet. Le lecteur continue de regarder les paysages et les environnements : d’autres toits de Paris très, très propres sur eux, un peu plus conformes à la réalité, la salle de réception de la suite de de la chanteuse au George V, très propre sur elle, le village Tmaé et ses rues en terre battue, un champ de coton, les jardins d’une demeure luxueuse, le train qui emmène la jeune adolescente au Caire, les pyramides du plateau de Gizeh, etc. Tout baigne dans une douce lumière, avec une sensation aseptisée et apaisée. Le lecteur se dit que d’un côté il éprouve la sensation d’évoluer dans des décors tellement nets qu’ils en deviennent factices, et que de l’autre côté, il comprend bien où se déroule chaque scène. D’un côté, il voyage dans ce wagon de train bondé ; de l’autre côté la largeur intérieure du wagon est peu plausible. Juste auparavant, il effectue un voyage en cariole (page 75) dont les rayons des roues sont d’une perfection géométrique et d’une finesse impossibles. Et dans le même temps, le niveau de détails de certains environnements est d’une densité impressionnante.



Les personnages produisent une autre impression : ils sont tous souriants, ou au moins gentils, mais aussi avec des caractéristiques physiques ou vestimentaires bien différenciées, permettant de les distinguer facilement. La ressemblance d’Oum Kalthoum est rendue avec justesse, ainsi que celle des autres personnalités connues. Dans un premier temps, le lecteur peut se dire que ces individus bienveillants semblent sortir d’un manga pour filles, mais en avançant dans sa lecture, il se dit que ce mode de représentation se rapproche plus des caractéristiques des dessins animés tout public des grands studios américains. Cependant la narration visuelle n’en devient pas mièvre ou naïve pour autant. Cette approche tout public, avec des décors créés à l’infographie et une douce luminosité qui nimbe tout, rend les pages très agréables à l’œil et accentue les moments délicats. Le lecteur suspend sa lecture à plusieurs reprises pour apprécier un visuel marquant : les cinq pages (douze à seize) du concert parisien d’Oum Kalthoum (une vraie diva : sa présence, ses gestes, son absence de retenue pour être tout entière pour son public), la très jeune Oum essayant de convaincre ses parents de l’envoyer étudier au kouttab (école coranique) avec l’innocence de l’enfance, la récolte du coton dans les champs, la représentation du chant du rossignol sous la forme de calligraphies arabes superbes, la suite d’une dizaine de petites silhouettes pour montrer Oum s’habillant en garçon en page quatre-vingt-un, Oum et Hassen el Hafnaoui se donnant la main sur une berge du Nil alors qu’ils viennent de décider de se marier, etc. La dessinatrice apparaît d’une belle sincérité dans sa narration visuelle.



En fonction de sa familiarité avec la chanteuse, le lecteur peut trouver l’ouvrage très léger, une présentation très sommaire, ou au contraire apprécier d’avoir ainsi un premier contact avec une dame à la vie hors du commun. Entre les deux, il peut regretter que les autrices ne développent pas la dimension musicale de son œuvre, son inscription dans la tradition et son intégration d’éléments modernes, ou même tout simplement la qualité de sa voix et sa capacité à transmettre les émotions dans ses interprétations. Il aurait bien aimé également en savoir plus sur ses engagements politiques. Dans le même temps, à voir ainsi se dérouler la vie d’Oum Kalthoum, il mesure l’exemple qu’elle a donné d’une femme émancipée, respectable, pouvant faire elle-même ses choix de carrière, apportant son soutien à l’indépendance de l’Égypte. Il découvre une vie rendue un peu lisse par les choix narratifs, impressionnante par le talent de la chanteuse, et par son implication dans la société.



La superbe couverture quelque peu austère ne doit pas effrayer le lecteur : à l’intérieur, il découvre une narration tout public, un peu lisse, très plaisante à l’œil, quelque peu édulcorée. Pour autant l’ouvrage remplit son office : une forme de vulgarisation de la vie d’Oum Kalthoum, permettant de découvrir son parcours, l’ampleur grandissante de sa renommée, la singularité de ses chansons en arabe, son implication dans la vie de son pays. Un ouvrage qui donne envie d’en savoir beaucoup plus et d’écouter l’astre de l’Orient.
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Oum Kalthoum : L'astre d'Orient

Club N°52 : BD non sélectionnée

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Femme puissante et sensible, on connait son nom, voilà son histoire.



Morgane R.

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J'avais très envie de découvrir l'histoire de cette grande chanteuse, symbole de liberté et de l'émancipation des femmes.



La BD retrace son parcours mais le traitement est très lisse et linéaire, sans beaucoup de surprises.



Marine

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Rien à perdre

Je suis assez sensible aux personnes qui essayent un régime de manière désespérée. Avec l'âge, on gagne parfois quelques kilos trop superflus surtout en l'absence d'activités physiques et d'une alimentation déséquilibrée. Il est souvent difficile de s'en débarrasser. Toutes les expériences de personnes ayant été confronté à ce problème sont toujours intéressantes à découvrir.



Pour autant, le problème de cette femme Chadia était plutôt d'ordre assez intime à savoir avoir une trop forte poitrine qu'elle a voulu cacher en grossissant ce qui n'était sans doute pas la bonne solution. Il faut dire qu'elle a été la cible dès son plus jeune âge non seulement des remarques sexistes et obscènes des hommes mais également de la gente féminine en quête d'une norme. Samantha Fox ou Sabrina ne sont pas vraiment des modèles à adopter !



Fort heureusement, elle trouvera l'homme idéale et fondera une petite famille sympathique qui va la soutenir. Cependant, son combat va continuer sous un aspect que je ne connaissais pas vraiment. Cela va au-delà d'un quelconque régime et c'est là que cette œuvre devient singulière.



Bien entendu, le harcèlement sexuel et moral ainsi que la perte de confiance en soi seront abordés car c'est lié.



Le thème principal reste qu'il faut combattre les préjugés et le fait de nous ranger dans des cases. Je ne peux qu'approuver cette philosophie sociétale. Le tout est enrobé dans une bd plutôt intimiste mais non dénuée d'humour ce qui rend la lecture assez agréable.



Rien à perdre est un combat qu'il faut mener pour se sentir bien dans sa peau.

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Nos vacances au bled

On retrouve avec plaisir la famille (très) nombreuse de Chadia, son daron et surtout Omi, l'exceptionnelle maman de cette tribu.

Rêve de beaucoup d'exilés, les parents font construire une maison au bled, qui sera pour les vacances dans un premier temps, pour leur retraite à long terme.

Les vacances en Tunisie, longtemps fantasmées par les enfants, vont donc être l'occasion de surveiller l'avancée du chantier.

Mais aussi de retrouver la grand-mère, les oncles et tantes et cousins, et de vivre à la tunisienne pendant tout un été (par 47° à l'ombre).

La maison est petite, on est entassé, les W-C sont à la turque et on se lave dans une bassine, mais il y a tant d'affection dans les relations familiales et tant d'expériences à découvrir (monter sur la terrasse, s'épiler au sucre...) que ces vacances resteront pour tous et toutes inoubliables.

Un peu moins percutant que le premier album mais très touchant tout de même.

Challenge Bande dessinée 2023
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Famille nombreuse

MON RESSENTI

Un roman graphique de qualité que j'ai beaucoup aimé tant dans le graphisme et ses détails que dans l'histoire en elle-même qui est autobiographique. L'auteur est issue d'une famille tunisienne dont le père a quitté son pays pour venir travailler en France dans les années 60, plus tard il fait venir sa femme et ses enfants. C'est une histoire qui fait écho à celles de milliers d'émigrés magrebins et qui rappelera des situations, des événements à certains. C'est une famille nombreuse puisqu'il y a 11 enfants c'est la vie de cette famille que le lecteur est invité à découvrir. C'est tendre, c'est drôle, original, l'occasion de découvrir une autre culture.



Ce que j'ai aimé aussi c'est l'aspect positif du tout, c'est pas très commun actuellement, j'ai aimé les mots en arabe traduits, on suit l'histoire de cette famille sur une vingtaine d'année et chacun a sa place et sont bien décrits avec beaucoup d'humour et d'amour aussi. La place de la maman est très touchante et celle du père très drôle et tendre. On sent que Chadia est fière du parcours de ses parents, fière de la façon dont ils ont été tenaces et comment ils ont gérés leurs intégrations en ne renonçant pas à leurs traditions.



J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et j'espère qu'il y aura une suite. Un régal, une bouffée d'air frais dans la monotonie ambiante.



VERDICT



A lire d'urgence pour une grande dose de bonheur, de rire et de bienveillance.
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Rien à perdre

Tout commence au collège, quand Chadia doit subir les remarques de ses camarades quant à son physique. Chadia est une adolescente à forte poitrine et cela lui attire tous les commentaires les plus sexistes, les plus déplacés à fois des garçons (toujours très fins ...) mais aussi des filles. Elle rêverait d'avoir des seins normaux comme certaines de ses amies. Tout est compliqué pour elle : compliqué avec sa mère pour lui trouver des sous vêtements adaptés ou des vêtements qui atténuent sa protubérance mammaire, compliqué dans la vie de tous les jours, dans les transports mais aussi pour faire du sport. Cela sera aussi compliqué au travail où on ne la regarde pas mais on mate ses seins.



Chadia nous décrit son état dépressif et ses tentatives pour y échapper en se réfugiant dans la nourriture ou la mal bouffe. Elle choisit de se protéger, de s'envelopper, de couvrir son corps de graisse pour qu'il rattrape le volume de sa poitrine. Entre temps elle a rencontré l'homme de sa vie qu'elle a épousé et deux enfants sont venus complétés la famille.



Ne supportant plus son corps, Chadia va se tourner vers une diététicienne et va s'astreindre à changer d'alimentation. Cela va entraîner une perte de poids mais ne règle pas les problèmes de dos de Chadia.



Chadia va devoir passer par une mammoplastie de réduction, une réduction du volume de ses seins. Chadia va nous raconter son parcours et celui de sa famille. Elle nous retrace les différentes étapes qu'elle a dû franchir, les sacrifices, les doutes, les espoirs et enfin la délivrance.



Ce sera aussi la découverte d'un nouveau corps, de son nouveau corps. la découverte des vêtements qu'elle peut enfin s'autoriser à mettre. C'est surtout le changement du regard des autres qui va lui permettre de changer son propre regard sur elle-même et retrouver l'estime de soi et la force d'exister.



Chadia Loueslati nous apporte son témoignage. Elle passe en revue tous les clichés autour des fantasmes des hommes mais aussi des femmes sur les poitrines importantes. Elle passe aussi en revue ce que l'opération peut entraîner comme peur et les risques encourus. C'est une belle leçon de vie, de courage. C'est aussi un message lancé aux intolérants, aux moqueurs, aux harceleurs. C'est un message d'espoir pour celles qui sont dans son cas.



J'ai trouvé le graphisme, les couleurs, le découpage, la mise en page des cases en adéquation avec le thème. Le graphisme est simple, il n'y a pas plus de détails qu'il n'en faut, il est explicite.



Cette BD peut être lue par des adultes mais aussi par des adolescents, adolescentes. J'avoue que ce témoignage ne m'a laissé insensible et pas parce qu'il y avait de nombreuses poitrines mises en évidence. Je l'ai trouvé sincère et didactique. Je l'ai trouvé aussi courageux. J'en conseille donc la lecture.



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Oum Kalthoum : L'astre d'Orient

« La dame », « L’Astre d’Orient », « La Quatrième pyramide d’Egypte », « la Voix des Arabes ». Tous ces surnoms sont ceux d’une seule et même personne: Oum Kalthoum.



Cette BD retrace simplement mais de manière très instructive le fabuleux destin de celle qui hypnotisait les foules avec sa voix, amenant le public jusqu’à l’extase.



Le récit débute lors de son concert à l’Olympia (la France est le seul pays européen où elle se produisit) et dessine le parcours de la diva qui a marqué l’histoire de la musique égyptienne et du monde arabe. De sa naissance en 1898 dans un milieu pauvre à son statut de star mondiale, en passant par la femme politique proche de Nasser, on découvre plus qu’une chanteuse, une véritable icône, un symbole patriotique.



Chadia Louestali et Nadia Hathroubi-Safsaf font revivre un mythe. Le duo (une est illustratrice, l’autre journaliste et romancière) fonctionne à merveille. On perçoit leur tendresse et leur admiration pour cette femme extraordinaire que l’on peut aussi aborder comme une figure féministe.



Très synthétique, cet album n’apprendra sans doute pas grand chose aux admirateurs de Oum Kalthoum mais pour les autres, c’est une belle entrée en matière, même si rien ne remplace le plaisir d’écouter sa voix.
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Nos vacances au bled

Titre et dessin de couverture amusant. Les premières pages, avec des dialogues gras, m’ont donné envie de le fermer. Après l’arrivée au bled, cette bd m’a fait aller jusqu’au bout et là sans me forcer. Dessins tricolores (noir, blanc et orange) sont modernes et jolis. Parents et leurs dix enfants se rendent en Tunisie pour faire construire leur maison. Plage ? Pas trop. Maman va diriger les travaux d’une main de fer. Pas lu le premier tome (résumé au début).
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Famille nombreuse

Chadia Chaïbi-Loueslati raconte dans cet album le quotidien d’une famille de 12 enfants, dont elle est la sixième. Le père, le "daron", a été recruté en Tunisie pour venir travailler en France, comme cela se faisait à l’époque, dans les années 50-60, par cars entiers. Dès que possible sa femme, "Omi", l’a rejoint, la tête pleine de rêves : mais la réalité, ça va être de devoir vivre dans un minuscule studio, tandis que son mari balaie le métro… Comme il le dit lui-même, "il tient un balai dans le métro pour que ses enfants puissent tenir un crayon à l’école".

L’autrice dresse surtout le portrait d’une Mère Courage, capable d’élever ses enfants avec amour et beaucoup d'organisation, d’obtenir un logement social et de passer son permis de conduire, tout en étant perpétuellement enceinte et en allaitant les deux petits derniers…

Beaucoup d’humour dans ces histoires de famille, dans le dessin joyeux en noir, blanc et jaune pétant, dans les commentaires "off" : le frère pas encore né qui se plaint de ne pas figurer dans l’histoire ; le grand frère féru de maths qui calcule qu’Omi produit 550 litres de lait par an ; le "Décodaron" permettant de décrypter l’accent du papa…

Mais par petites touches, on sent bien les difficultés vécues au quotidien, revisitées par les yeux d’une petite fille pleine de candeur lorsque la maîtresse la fait asseoir au fond, près de l’autre Arabe… lorsque chez elle, le père Noël ne passe pas comme chez les autres élèves, et la petite souris non plus. Et la nostalgie de la famille restée au pays, qui fait exploser la facture dès qu’arrive au foyer le téléphone.

Cela m’a beaucoup rappelé l’album "Ramadan" de Farid Boudjellal, et toute sa série sur la famille, mais aussi "Le champ de personne" de Daniel Picouly pour l’ambiance années 60… et pour les remarques venimeuses du quartier sur les allocations familiales !

L’album "Nos vacances au bled" semble être une suite, que je lirai volontiers.

Challenge Bande dessinée 2023
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Nos vacances au bled

Agréable roman graphique que « Nos vacances au bled » qui raconte le retour au pays d’une (très) (grande) famille tunisienne vivant en région parisienne. Les souvenirs de vacances de l’auteur sont mis en valeur par des dessins tout en rondeur. Dans les premières pages, l’ajout d’un orange très opérateur téléphonique m’a un peu dérangé mais très vite je me suis habitué à cette couleur. Les anecdotes de la famille Chaibi sont souvent drôles, quelquefois émouvantes et, surtout, ressemblent à celles de nombreux maghrébins qui rentrent au pays. Cette remarque s’appuie sur l’expérience d’amis qui me racontèrent, à défaut de me les dessiner, leurs propres vacances à Blida ou Essaouira. Mon bled à moi se nommait La Souterraine en Creuse et ses deux nuances de trous, une autre forme d’exotisme en sorte. Nous n’allions pas « trouver le soleil », nous le laissions au contraire derrière nous. La GS, à l’aller, était moins chargée que la 504 des Chaibi mais, au retour, nous revenions avec le pâté aux pommes de terre, des légumes (surtout l’oseille) du jardin et quelques kilos de conserves maison. Là bas, nous n’étions pas dérangés par les moustiques mais, par contre, tout le monde nous mettait en garde contre les vipères, surtout celles de la Tour de Bridiers, véritables crotales sostraniens.

J’évoque mes souvenirs, car même si la Tunisie est loin du Limousin, cette BD a la vertu de vous projeter, pour un instant, vers vos vacances d’antan chargées de parfum, de musiques jolies mais aussi les lunettes à gros foyer du cousin, la moustache de Tata Camille, le sourire de Mémée.

Tentez l’expérience, vous verrez et peut-être que, comme moi, vous serez également soulagés que vos parents aient eu la bonne idée de ne pas se construire une maison… au bled.
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Oum Kalthoum : L'astre d'Orient

Découvrez, si vous ne la connaissiez pas, l'enfance et la détermination d'Oum Kalthoum, diva d'exception du monde arabe à travers le trait de Chadia Chïbi Loueslati. On y découvre une petite fille qui revendique son désir d'instruction, l'appui de sa mère et la compréhension de son père. On y voit comment sa voix d'exception s'impose à tous. Un destin que j'ai découvert pour ma part.

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Famille nombreuse

J'ai adoré cet album tendre qui raconte la vie d'une famille franco-tunisienne, nombreuse mais aimante.

Le personnage du Daron est touchant et la transcription de son parler est drôle sans être ridicule, on sent l'amour et le respect que sa fille lui porte.

Le personnage d'Omi est incroyable et c'est sans doute elle l'héroïne du livre en fait !!!!

J'ai aimé le graphisme noir et blanc avec des touches de jaune. Une très belle découverte à la médiathèque.
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Oum Kalthoum : L'astre d'Orient

J'ai découvert Oum Kalthoum grâce à Daniel Pennac il y a bien longtemps. La ferveur qu'elle suscitait et suscite encore est difficile à concevoir à une époque où un fait divers chasse une guerre à la vitesse d'un clic sur Internet.

Cette biographie dessinée retrace le parcours de ce Rossignol égyptien. J'aime le dessin, simple, sans fioritures, qui convient bien à cette grande dame. Par contre la narration est plate. La modernité d'Oum Kalthoum est avancée timidement, presque en s'excusant : en se mariant à 53 ans, elle a exigé un contrat de mariage et le droit de demander le divorce. Le contraste qui aurait pu être fait avec le destin de sa sœur qui n'est plus visible passé le moment où la carrière d'Oum Kalthoum décolle ou des autres femmes de sa génération est à peine suggéré. C'est bien dommage.
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Rien à perdre

C'est une histoire de lolo, alors n'allez pas croire que j'en sois obnubilé… quoi que…

Bref le calvaire vécu par ces femmes à forte poitrine nous est présenté avec humour et autodérision par l'autrice.

Elle nous conte son expérience personnelle… Outre le regard lubrique et pervers de certains hommes (pas tous hein, faut pas déconner non plus….), voire l'indélicatesse complète et sans vergogne du machiste beauf primaire, Chadia nous révèle ainsi la jalousie des copines à l'adolescence, sa galère pour trouver des beaux et jolis balconnets à la bonne taille sans payer une fortune, les maux de dos causés par le poids des attributs et/ou les brassières trop petites, etc… Bref tout un tas d' inconvénients poussant au mal-être et au complexe obsessionnel.

Mais Chadia a su réagir et ne pas basculer au delà des limites à ne pas dépasser pour son corps, mais avec un petit coup de pouce (sur le scalpel)… le dessin humoristique et travaillé apporte beaucoup à l'ambiance « d'allégresse » suggérée.

Les mises en scène et le découpage sont particulièrement originaux avec cette touche féminine fantaisiste et soignée évidente !

Le noir et blanc (et gris) avec des pointes de mauve régulières donnent de l'exotisme et une fraîcheur aux traits et rehausse ainsi aussi les aplats.



Bref, c'est marrant, c'est cru et didactique en même temps, et le genre masculin en prends pour son grade (mais pas tous encore une fois ! Ouf !!)


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Famille nombreuse

Chadia Loueslati nous livre ici un roman graphique autobiographique. Ses parents sont tunisiens et arrivés en France après la naissance du troisième dans les années 60. Chadia est la sixième d'une fratrie de onze enfants, elle nous raconte l'histoire de sa famille, l'arrivée de chaque enfant et leur quotidien. Cette grande famille apprend à vivre dans un pays tellement différent du leur, l'administration ne les ménage pas et la culture est parfois bizarre. Mais rien ne fait peur à ces parents courage, qui ne lâchent rien et donnent tout pour leur enfants.



J'ai adoré !! Coup de coeur pour cette BD tellement drôle ! Malgré les petites chamailleries entre frères et sœurs, l'auteur nous offre des moments de complicité, de tendresse et d'amour. Chacun trouve sa place dans cette grande famille. Chacun y va de son petit commentaire, souvent piquant mais tellement savoureux. J'adore le personnage de Omi, elle ne s'arrête jamais, omniprésente et omnisciente, rien n’échappe à son contrôle mais qu'il doit être bon de se faire consoler dans ses bras ! 



Le dessin est tout aussi succulent ! Tout en noir et blanc et épais, il rappelle le coup de main de Marjane Satrapi et son célèbre Persepolis. Les teintes de jaune en plus apportent la chaleur et la lumière. J'ai hâte de découvrir la suite !
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Famille nombreuse

Entre Persepolis et l'Arabe du Futur, ce roman graphique de Chadia Chaibi-Loueslati est un récit autobiographique de son enfance et l'arrivée de ses parents en France en banlieue parisienne .



Chadia est illustratrice et nous croque la vie quotidienne de sa famille franco-tunisienne avec l'arrivée régulière de ses nombreux frères et sœurs ... 10 frères et sœurs plus exactement, le tout dans un petit appartement de Sainte-Saint-Denis.



Chaque membre est présenté, les petits moments de la vie détaillés, c'est un retour tendre en enfance et dans les souvenirs de l'auteur, le tout avec une bonne dose d'humour !

On s'attache très vite aux membres de cette grande famille, en espérant tout au fond de nous qu'ils ne nous inviteront jamais à goûter le mloukhia.



C'est très réussi et j'ai hâte de lire la suite !
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Rien à perdre

Synopsis: Au collège, toutes les filles de sa classe commencent à avoir des seins. Pas elle. Pour Chadia, c'était une autre histoire... Elle avait d'énormes seins ! Le genre de poitrine qui propulse direct dans le monde des adultes, alors qu'elle n'était pas encore prête à y entrer.

Comment peut-elle alors se réconcilier avec ce corps qui suscite regards et commentaires dégradants, mal-être et tristesse, mais aussi douleurs physiques bien réelles ? Après des années de déni, elle prend la bonne décision. Après tout, elle n'avait rien à perdre !

Je remercie First Editions et son auteure Chadia LOUESLATI pour ce magnifique roman graphique et la justesse de ses propos.

Le poids des mots est toujours aussi fort et les regards portés aux femmes, à leurs courbes sont également forts présents et parfois destructeurs.

Chadia nous livre avec rage parfois, avec pudeur ses états d'âme, ses souffrances endurées de par sa forte poitrine et parfois ses kg en trop jusqu'à avoir trouvé La solution. Le soutien de sa famille l'a aidé aussi.

Ancienne grosse, j'ai vécu des expériences similaires, j'ai partagé les mêmes souffrances, les mêmes insultes. Chadia a réussi à mettre cela en images et en paroles avec respect, pudeur, finesse et vérité. Le graphisme en rondeur apporte une touche supplémentaire de réalisme...

Un beau roman graphique à découvrir ....
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Oum Kalthoum : L'astre d'Orient

Cette BD est absolument formidable, il suffit de quelques coups crayon pour se voir littéralement propulsé dans les années 60, puis dans l’enfance et la naissance de la Diva. Les illustrations sont magnifiques et poétiques. Cette BD est un chef d’œuvre à part entière !

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Famille nombreuse

(AK976) « Une famille nombreuse » est une bande dessinée très drôle et graphique (dessins épurés, choix des couleurs noir, blanc et jaune). C’est un recueil d’anecdotes sur l’immigration, les différences, la volonté, la modestie et la tolérance. Je recommande cet album pour la sélection BDz îles collège et lycée, car le lecteur peut facilement s’identifier à l’un des protagonistes et passe assurément un bon moment de lecture !

(MAD971) L'auteur relate avec beaucoup d'humour l'histoire de sa famille, venue de Tunisie pour s'installer en France dans les années 60. Elle évoque la découverte d'un nouveau pays, la force des liens familiaux. le récit est à la fois drôle et tendre. A recommander pour le prix, niveau lycée.

(IK971) Un album bidonnant. J'ai adoré l'humour de cette auteure, les commentaires de ses nombreux frères et soeurs et finalement le récit d'une immigration tunisienne avec ses hauts et ses bas à valeur universelle. La succession de Marjane Satrapi est assurée. Recommandation en lycée.

(SC971) Je suis d'accord avec ce qui a été dit plus haut. OK pour le niveau lycée

(LX971) Entièrement d'accord : une vraie réussite ! Un ton léger et subtil et un humour jouissif à la fois tendre et juste. J'espère que nos élèves seront aussi sensibles à cette BD que nous, adultes. Un incontournable cette année pour le Prix BD en lycée.
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